MADAME MÈRE (NAPOLEONIS MATER)

 

ESSAI HISTORIQUE — TOME PREMIER

PAR LE BARON HIPPOLYTHE LARREY.

DE L'INSTITUT DE FRANCE

PARIS - DENTU - 1892.

 

 

Ma mère est digne de toutes les vénérations.

(NAPOLÉON à Sainte-Hélène.)

 

PRÉFACE.

AVANT 1750.

Origine italienne du prénom de Letizia, rattachée à l'orthographe latine de Laetitia. Les Généalogies : paternelle, de Maria-Letizia Ramolino ; maternelle, de Maria de Pietra-Santa ; conjugale, de Charles de Buonaparte.

DE 1736 À 1750.

Naissance de Letizia. - Recherches difficiles sur la date. - Résultats incertains par l'incendie des archives de la municipalité d'Ajaccio, en 1789. - Pièces et preuves à l'appui. - Dates présumées de la naissance de Letizia, depuis 1736 jusqu'à 1750.

DE 1750 À 1767.

Premières années de Letizia. - Renseignements encore difficiles sur le bas âge, l'enfance et une partie de sa jeunesse. - Beauté idéale de la jeune fille. - Fiançailles et mariage de Letizia Ramolino avec Charles Bonaparte. - Date rectifiée du mariage. - Cession de la Corse à la France.

1768.

Madame Charles Bonaparte donne naissance à Joseph, l'aîné de ses enfants survivants. - La jeune mère se retire à sa campagne des Milelli. - Charles Bonaparte attiré vers Paoli, à Corte. - Fête offerte par Paoli à l'ambassadeur de Tunis. Jalousies féminines envers la signora Letizia. – Anecdote du confessionnal. - La Corse annexée à la France. - Coalition des pièves et guerre de l'Indépendance. - Résidence retranchée de Paoli. - L'hôtel dit de Gaffori. - Héroïsme des femmes corses. - Letizia Bonaparte en campagne, aux côtés de son mari. - Suspension des hostilités. - Retour à Ajaccio.

1769.

L'année du destin. - L'île de Corse et la France. - Reprise des hostilités. - Paoli entraîne encore Charles Bonaparte à la guerre de l'Indépendance. - La signora Letizia suit de nouveau son mari, en portant leur premier-né dans ses bras et le second dans son sein. - Combat de Borgo et résistance des Corses. - Bataille de Ponte-Nuovo et la défaite. - Héroïsme des insulaires. Courage de Madame Letizia Bonaparte. - La grotte des réfugiés au Monte-Rotondo. - Pacification de la Corse. - Retour de Charles Bonaparte et de sa vaillante femme à leur maison d'Ajaccio. – Naissance de Napoléon, le 15 août. - La nourrice Ilari et la gouvernante Saveria. - Songe de Frédéric le Grand.

1770-1771.

Ordonnance royale intéressant la famille de Ch. de Buonaparte. - Temps de repos pour la signora Letizia. - Ajournement du baptême de Napoléon. - Le nouveau-né, pendant les deux premières années de son bas âge. - Relation du baptême. - Origine du prénom de Napoléon. - Le parrain et la marraine. - Une petite sœur, à peine née, est baptisée en même temps, et meurt bientôt après. - Acte du 21 juillet 1771.

DE 1772 À 1779.

Éloge de Madame Letizia Bonaparte, par Tissot, de l'Académie française. - Éducation maternelle de Napoléon. - Influence de la mère sur l'enfant. - Souvenirs de ses aptitudes naissantes. - Anecdotes sur ses premières années. - Ses instincts militaires. - Tact médical de la mère. - Observation de Stendhal (Beyle). - Naissance de Lucien en 1775. - La maison Bonaparte à Ajaccio et la campagne les Mitelli. - Le général comte de Marbeuf, gouverneur de la Corse, et la signora Letizia.

1777.

Naissance de Maria-Élisa Bonaparte. - Dépenses de la maison. - Une tante infirme de madame Letizia sollicite une inhumation de faveur dans les caveaux de la cathédrale. - Charles Bonaparte demande en vain l'admission de son fils Lucien à l'École de Brienne. - Il reçoit une nouvelle délégation à Versailles.

1778.

Les deux fils aînés de Charles et de Letizia Bonaparte admissibles aux Écoles du gouvernement. - Naissance de Louis. - Napoléon encore enfant, présenté par sa mère aux lazaristes d'Ajaccio. - Joséphine Tascher de la Pagerie arrivant de la Martinique en France. - Départ différé de Charles Bonaparte et de ses fils; les plus jeunes restent auprès de leur mère.

1779.

Charles Bonaparte dit adieu à sa femme, en quittant Ajaccio, pour conduire leurs deux fils aînés aux écoles d'Autun et de Brienne. - Le dossier héraldique de Charles et de Letizia de Buonaparte. - Entrée de Napoléon à l'École de Brienne. - Bon accueil des pères minimes. - L'enfant, outragé par une punition humiliante, évoque le souvenir de sa mère.

1780.

L'élève de l'École de Brienne exprime à sa mère ses impressions critiques sur le luxe qui l'entoure. - Lettre de Charles Bonaparte, au nom de Madame Letizia et au sien. - Naissance de Pauline. - Voyage de Madame Bonaparte en France, avec son mari. - Leur visite à Autun, en y conduisant Lucien; ils vont à Brienne. - Souvenir de Napoléon sur cette visite de sa mère.

1781.

Suite de la visite de Madame Letizia Bonaparte à Brienne. - L'aumônier de l'École et le souvenir reconnaissant de l'élève. - Le jour de la confirmation, présence d'esprit de l'élève Napoléon. - Il est couronné, à la distribution des prix, par le duc d'Orléans. - Lettre du fils à son père. - L'accent corse de la mère et du fils.

1782.

Situation précaire de Charles et de Letizia Bonaparte. - Lucien va rejoindre son frère à Brienne. - Ils s'efforcent d'alléger les dépenses de la maison. - Un religieux de Brienne, en danger de mort, est secouru et sauvé par Napoléon, improvisant un brancard d'ambulance. - Admission d'Élisa à Saint-Cyr. - Nouvelle épreuve de fortune adverse pour les Bonaparte.

1783.

Choix de la carrière de Napoléon. - Influence d'une visite de sa mère à Brienne, le détournant de la marine. - Lettre de Charles Bonaparte au comte de Mondion. - Inscription due à l'élève Napoléon, pour la fête de Saint-Louis. - Charles Bonaparte tombe malade. - Lettre touchante de son fils.

1784.

Nouvelles tribulations de l'élève de Brienne. - Ses plaintes dans une lettre irréfléchie à son père. - Réponse sévère de la signora Madre. - Examen de sortie, après cinq ans à Brienne. - Choix de la carrière dans l'armée. - Entrée de Napoléon à l'École militaire. - Son logement au quai Conti. - Charles Bonaparte fort malade à Montpellier. - Il exige que la nouvelle en soit cachée absolument à madame Bonaparte. - Elle accouche de Jérôme, leur dernier enfant.

1785.

Maladie et mort de Charles Bonaparte. - Sa dernière pensée pour sa femme et leurs enfants. - Allocution à Joseph, présent auprès de lui. - Appel à Napoléon éloigné. - Éloge de Charles Bonaparte par son troisième fils Lucien, par sa veuve, Madame Bonaparte, par une lettre de Napoléon à sa mère. - L'archidiacre Lucien, oncle de Madame Letizia, devient le tuteur des enfants. - Récit du captif de Sainte-Hélène sur son père. - Sa mère vivant, dès lors, dans le deuil le plus rigoureux.

1786.

Les deux fils aînés de Madame veuve Bonaparte réunis auprès de leur mère, à la maison paternelle d'Ajaccio. - Napoléon, lieutenant d'artillerie, attendu par la famille. - Le grand-oncle l'archidiacre et ses chèvres. - Mort de M. de Marbeuf. - Éducation des jeunes enfants de Charles Bonaparte par leurs aînés. - Louis devenu le pupille de Napoléon. - Études et travaux du lieutenant d'artillerie communiqués à sa mère. - Son Histoire de la Liberté corse. - Ses autres écrits. - Ses études d'économie politique, auprès de sa mère. - Joseph et Napoléon appréciés par elle et par sa famille.

1787.

Madame veuve Bonaparte trouve, dans son fils Napoléon, le surveillant des études de ses autres enfants. - Un tour de valse improvisé. - Il est malade d'excès de travail et doit sa guérison aux soins maternels. - Le jardin d'oliviers des Milelli. - La légende du vieux chêne. - Recherche de la solitude; mélancolie surveillée par la vigilance maternelle. - Lettre officielle écrite par Napoléon, ou mémoire rédigé, au nom de sa mère, sur la pépinière d'Ajaccio.

1788.

Lettres diverses de Madame Letizia Bonaparte à l'Intendant de la Corse, sur les mûriers de sa propriété; - au ministre de la guerre, pour l'admission de son fils Louis à l'une des Écoles militaires; - à l'Intendant de la Corse pour le même objet. - Lettre de Napoléon à sa mère, sur l'inaction de son régiment à Auxonne. - Insuccès des démarches pour Lucien. - Lettres de Madame veuve Bonaparte à l'intendant de la - Corse. Découragement de Napoléon, atteint de mélancolie. - Il est sauvé par sa mère d'un acte de désespoir.

1789.

Extrait des Mémoires de Lucien Bonaparte sur la situation des siens autour de leur mère, à l'avènement de la Révolution française. - Paoli reparaît gouverneur de la Corse, après vingt ans d'émigration en Angleterre. - Ses sentiments pour les fils aînés de Letizia et son admiration pour elle. - Napoléon, à vingt ans, exprime son enthousiasme à Paoli. - Il refuse d'émigrer, en préférant la recommandation de sa mère: Savoir attendre. - Sa velléité de mariage à Valence. - Il salue, avec les siens, l'avènement de 89.

1790.

Paoli traverse la France et rentre en Corse tout-puissant. - Il y est reçu avec éclat, tandis que le lieutenant Bonaparte en congé l'avait devancé sans bruit. - L'archidiacre gère la modique fortune épargnée par sa nièce Letizia, trop bien secondée à cet égard, par ses deux fidèles servantes. - Espièglerie de Pauline, découvrant la cachette pleine d'or du vieil oncle. - Il retrouve son or, mais ne recouvre pas la santé. - Temps malheureux pour Madame Bonaparte.

1791.

Les trois fils aînés de Madame Bonaparte atteints de fièvre grave. - Le lieutenant d'artillerie candidat au commandement de la garde nationale d'Ajaccio. - Dépenses nécessaires et difficiles. - Entretien de la mère et du fils, d'après des renseignements précis. - Arrivée de Paoli en Corse, comme gouverneur général. - Son accueil au jeune officier et à sa mère, prévoyant les projets du nouveau chef de l'île. - État de la famille Bonaparte. - Derniers moments du grand-oncle et scène des adieux.

1792.

Madame Bonaparte attend Napoléon à Ajaccio où il revient, pour commander la garde nationale. - Il n'habite pas la maison paternelle, pour ne point inquiéter sa mère. - Sa vie est en danger, ses ennemis personnels le menacent de près. - Sa mère le supplie de ne pas les braver. - Armistice favorable au jeune capitaine commandant. - Accueilli avec froideur par Paoli, il s'en inquiète, avec sa mère et ses frères. - Mission éloignée d'Ajaccio. - Atteint encore de mélancolie, il est sauvé de nouveau par sa mère. - Journée du 10 Août. - Sa lettre officielle pour faire sortir sa sœur Élisa de Saint-Cyr et la ramener en Corse. - Accusé de trahison, il est encore sauvé par l'intervention maternelle.

1793.

Paoli proscrivant la famille Bonaparte restée fidèle à la France. - Héroïsme de Letizia. - Son exemple suivi par ses trois fils aînés. - Souvenirs de Napoléon à Sainte-Hélène. - Extrait des Mémoires de Lucien. - La mère et ses plus jeunes enfants, poursuivis par les Paolistes. - La maison Bonaparte incendiée. - Sinistres événements. - Rencontre enfin de la famille à Calvi. - Embarquement pour la France. - Arrivée à Toulon. - Séjour de Madame Bonaparte et de ses enfants à Marseille. - Paoli accusé et condamné par la Convention. - Incidents divers. - Siège de Toulon, envahi par les Anglais et restitué à la France par Bonaparte commandant l'artillerie.

1794.

Marseille n'offre plus de sécurité à Madame Bonaparte pour ses enfants. - Napoléon, général de brigade, tâche de rapprocher de lui sa famille. - Mais il est poursuivi par l'hostilité de certains compatriotes. - Déclaré suspect, il est mis en prison. - Dévouement du brave Junot. - Nouveau découragement de Bonaparte, ramené encore à la confiance par sa mère. - Rencontre inattendue d'un ancien et généreux camarade d'artillerie. - Le 9 Thermidor change enfin le sort malheureux de Bonaparte et de sa famille. - Une supplique de Madame Letizia contribue à sauver ses fils aînés - Repos à la résidence de Château-Sallé, près d'Antibes.

1795.

Madame Bonaparte retourne à Marseille, avec ses trois filles et son plus jeune fils. - Lucien, arrêté, à son tour, comme suspect, est emprisonné à Aix. - Sa mère obtient, par d'instantes démarches, son élargissement. - Ses trois lettres à cet effet. - Napoléon songe à se marier. - Barras, s'adjoint le général Bonaparte. - Lui se montre assez autoritaire à l'égard des siens. - Il fait le meilleur accueil au fils du général de Beauharnais et ensuite à sa veuve. - Projet de mariage de Napoléon avec Joséphine. - Lettres de Madame Letizia.

1796.

Joséphine, veuve de Beauharnais, demandée en mariage par le général Bonaparte. - Il n'avait pas consulté sa mère sur cette union. - Un autre mariage espéré par Pauline, est refusé par sa mère et par son frère. - Entrevue, à Marseille, du général et de sa mère. - Lettre touchante de Madame Letizia, répondant à sa belle-fille. - Deux bonnes paroles de Bonaparte, l'une à sa femme, l'autre à sa mère. - Premières conquêtes de l'armée d'Italie. - Madame Bonaparte mère prolonge son séjour à Marseille. - Fête de la Victoire et de la Reconnaissance. - Extrait d'un journal de Marseille. - Encore la généalogie. - Joséphine rejoint son époux à Brescia. - Vieillesse et regrets de Paoli. - L'île de Corse restituée à la France. - Madame Letizia adresse à sa belle-fille une lettre de souvenir maternel.

1797.

Le général en chef de l'armée d'Italie, après ses premières victoires, attend à Montebello sa femme, sa mère et les siens. - Extrait des Mémoires de Napoléon Bonaparte sur sa mère. - Son assentiment au mariage de sa sœur Élisa avec Félix Bacciochi. - Ce mariage suivi de celui de Pauline avec le général Leclerc. - Madame Bonaparte mère, rentrée à Marseille, se rend en Corse, avec sa fille Élisa Bacciochi, pour les travaux nécessaires à la maison d'Ajaccio. - Lettre de Madame Letizia à madame Clary, de Marseille. - Elle est atteinte de fièvre intermittente et prolonge son séjour en Corse. - Retour du général Bonaparte à Paris, avec les inscriptions de sa gloire sur le drapeau national.

1798.

Madame Letizia Bonaparte prolonge son séjour en Corse, avec sa fille, madame Bacciochi. - Ses autres enfants lui écrivent pour la nouvelle année. - Lucien, chargé d'une mission en Espagne, s'inquiète de troubles survenus en Corse. - Sa mère, lui écrivant d'Ajaccio, ne lui en dit même rien. - Lettre de madame Letizia Bonaparte à son amie madame Clary, de Marseille, ne parlant ni des projets de Napoléon ni de son départ pour l'Égypte. - Sage réserve de Madame Letizia dans sa correspondance. - Son portrait, de cette époque, a été bien tracé. - Tandis que le général entreprend l'expédition d'Égypte et de Syrie, on cherche à inquiéter sa mère sur son sort. - Sa réponse exprime bien sa confiance. - Elle prolonge encore son séjour en Corse. - Lettre de l'oncle Fesch à Joseph sur la restauration de la maison d'Ajaccio.

1799.

Madame Bonaparte mère prolonge davantage son séjour en Corse pendant la campagne d'Égypte et de Syrie. - Le nom de Napoléon en Orient. - Deux faits mémorables pour le souvenir de sa mère. - 1° Le sang-froid du général en chef, impassible au milieu des pestiférés de Jaffa. - 2° La blessure grave de l'officier Arrighi au siège de Saint-Jean-d'Acre. - Retour en France du général Bonaparte. - Sa halte en Corse et sa nourrice Ilari à sa rencontre. - Son arrivée inattendue à Paris. - Il rapporte des souvenirs d'Orient à sa femme, à sa mère et à ses sœurs. - Mariage de Pauline avec le général Leclerc. - Madame Letizia en 1799. - Lucien de retour à Paris. - Le 18 Brumaire. - Tentative d'assassinat sur le général Bonaparte. - Sang-froid de sa mère et agitation de sa sœur Pauline. - Hostilités contre Lucien. - Napoléon proclamé premier consul. - Les nouveaux courtisans. - Noble attitude de Madame Bonaparte mère.

1800.

Situation nouvelle de la famille Bonaparte, depuis l'élection du premier consul. - Mariage de Caroline avec J. Murat. - Les préséances, au repas de noces. - Résidence des Tuileries. - Simplicité des habitudes de Madame Letizia. - La vie du premier consul encore menacée. - Scène de la tabatière cassée. - Rivalité entre les dames Bonaparte et Joséphine de Beauharnais. - Les habitués de la Malmaison. - Réserve du premier consul envers sa mère. - Victoire de Marengo. - Lucien veuf de sa première femme. - Joseph Bonaparte à Mortefontaine. - Autres préséances à table. - Situation de Joséphine. - Pressentiment de sa belle-mère. - Reproche de Napoléon à sa mère de lui préférer Lucien. - Complot de la machine infernale.

1801.

Secours aux victimes de l'attentat du 24 décembre. - Les conspirateurs découverts. - Lettres de Madame Bonaparte mère à ses enfants. - Ses actes de bienfaisance. - Le concordat de 1801. - Lettres de Madame à Lucien, à Louis. - Visites de Madame à ses fils Joseph et Lucien. - Elle recommande son neveu Arrighi. - Démarche pour élever un monument à Charles Bonaparte. - Lettre de Madame au ministre de la marine. - Rappel des sœurs dans les hôpitaux. - Pensions aux veuves et aux orphelins de la guerre - Réceptions de l'hiver. - Digne attitude de Madame Mère.

1802.

Mariage de Louis Bonaparte et d'Hortense de Beauharnais. - Invitation au bal du général Moreau. - Promulgation du concordat. - Anecdote de Roederer sur les petits soufflets maternels de maman Letizia. - Projet du consulat à vie, avec adoption d'Eugène de Beauharnais. - Napoléon ne semble pas accorder à sa mère la valeur qu'il lui reconnut trop tard. - Institution de la Légion d'honneur. - Retour de Lucien, en mission à Madrid. - Sa donation à sa mère. - Déférence de ses enfants pour elle. - Le premier consul lui annonce la nomination de Fesch au cardinalat. - Napoléon proclamé consul à vie. - Réunion de l'île d'Elbe à la France. - Naissance du premier fils de Louis. - Mort du général Leclerc. - Admiration de Letizia Bonaparte pour Jeanne d'Arc.

1803.

Témoignage de Madame Bonaparte mère, dans une causerie de Joseph et de Lucien auprès de Napoléon, sur ses excès de travail. - Napoléon reproche à sa mère de mal prononcer son nom. - Concession de la Louisiane aux États-Unis. - Nouvelle discussion à laquelle prend part Madame Bonaparte mère, avec Joseph et Lucien contre Napoléon. - Débats intimes et sérieux sur le mariage de Lucien et sur d'autres de la famille. - Extrait des Mémoires de Lucien. - Le pape et le concordat. - Madame à Saint-Chamant. - Lucien et Béranger - Voyage à Plombières. - Pauline, veuve du général Leclerc, épouse le prince Borghèse. - Mariage de Jérôme encore mineur. - Autres mariages, etc.

1804.

Conspiration contre le premier consul. - Prévisions de sa mère. - Arrestation des conjurés. - Sort funeste du duc d'Enghien. - Reproches sévères de Madame Bonaparte à son fils. - Le premier-né de Louis. - Second mariage de Lucien. - Mécontentement de Napoléon blâmé par leur mère. - Dernière soirée de Lucien à Paris. - Son départ pour l'Italie. - Sa mère le rejoint à Rome. - Elle s'inquiète de l'ambition du premier consul à la couronne de France. - Napoléon remercie le pape de lui avoir donné des nouvelles de sa mère. - Retour de Madame Bonaparte mère à Paris, après le sacre et le couronnement de l'empereur. - Elle attend le nom ou le titre qu'elle devra porter. - La nourrice de l'empereur à Paris. - Madame Letizia reçoit de son fils souverain le meilleur accueil et le titre d'Altesse Impériale, avec un million de revenu.

1805.

Les fêtes de l'hiver aux Tuileries en éloignent Madame Mère. - Faits relatifs à la présence du pape à Paris. - Demande et refus d'une canonisation. - Premier mariage de Jérôme annulé. - Travaux à Trianon pour Madame Mère. - Lettres de la famille pour rapprocher Lucien de l'empereur. - Intervention de leur mère. - Sa maison organisée. - Titre de Protectrice générale des établissements de bienfaisance. - Documents communiqués par le duc Decazes. - Situation de Lucien. - Le château de Pont donné par l'empereur à sa mère. - Lettre de remerciements. - Œuvres de charité. - Souvenirs de madame d'Abrantès. - Anecdotes. - Le jeu du reversi. - Encore la généalogie. - Correspondance. - Napoléon chez la vieille Marguerite, à Brienne. - Lettre de M. de Beaumont à Madame Mère sur la bataille d'Austerlitz. - Mariage du prince Eugène.

1806.

Chant guerrier d'Austerlitz dédié à Madame Mère. - Le prince Eugène proclamé fils adoptif de l'empereur. - Décret sur la fête du 15 août. - Encore les préséances à table. - Déception d'un cousin germain de Madame Mère. - Murat et Junot anoblis. - Joseph, roi des Deux-Siciles. - Lucien à Rome, puis à Ruffinella. - Œuvres de charité de Madame Mère. - État de fortune de Son Altesse Impériale. - Lettre de la nourrice Ilari sur l'héritage de la maison d'Ajaccio. - Réclamation développée de Madame Mère à l'empereur. - Il lui donne des tapisseries des Gobelins, et fait demander à Ajaccio un registre des actes de propriété. - Madame Mère à un dîner de famille. - Invitation à déjeuner au Raincy. - Louis, roi de Hollande. - Madame Mère et ses fils. - Joseph et Louis. - Statue de Madame Mère par Canova. - Lettre à Lucien sur un tremblement de terre. - Inquiétude maternelle sur la campagne de Prusse.

1807.

Nouvelles inquiétudes de la mère pour son fils, affrontant de nouveaux dangers, en Pologne et en Prusse. - Diverses lettres familiales n'en expriment rien. - Lettres: de l'empereur à Madame, sur toute autre chose que la guerre, en lui recommandant les dîners de famille; - de Joseph, roi de Naples à la reine Julie; - de Madame au cardinal, sur un double malheur de famille; - de la princesse Élisa à Lucien, le suppliant de céder à l'empereur; - de Madame, au nom de tous les siens. - Elle confie à M. Decazes le soin de réconcilier le roi et la reine de Hollande. - Traité de paix avec la Russie et la Prusse. - Fête du 15 août. - Jérôme épouse la princesse de Wurtemberg. - Fête de la Paix. - Œuvres de bienfaisance de Madame Mère. - Le curé de village Bonaparte. - Entrevue de Mantoue (Napoléon et Lucien).- Lettre de Madame, sans espoir de réconciliation entre ses deux fils.

1808.

Après la paix conclue avec la Russie et la Prusse, l'empereur écrit à Madame Mère, au sujet des sœurs et des maisons de charité. - Tendresse et sévérité de la mère pour Pauline. - Souvenirs de Nice. - Dédicace d'une comédie. - Napoléon parrain d'un fils de Junot. - Lettres: de Madame Mère à Lucien; - du pape Pie VII à Son Altesse. - Fiction sur l'Impératrice mère. - Lettres: de Joséphine à Madame; - de Madame à Élisa; - de Madame à Lucien. - Conversation de l'empereur avec madame Junot. - Lucien voudrait s'expatrier en Amérique. - Sa mère l'en détourne. - Convocation à Paris des souverains alliés à la France. - Louis vient chez sa mère. - Lettre de Lucien. - Fêtes de l'hiver de 1808 à 1809. - Saison des œuvres de charité. - Tendresse maternelle de S. A. I. - Intimité de Napoléon et de sa famille. - Son étoile. - Sa bonté.- Caractère de Madame Mère.

1809.

Nouvelle année partagée entre la guerre et la charité. - Napoléon atteint, à Ratisbonne, d'une blessure légère au pied. - Il envoie de l'argent à sa mère pour les pauvres. - Le maréchal Lannes blessé mortellement à la bataille d'Essling. - La nouvelle officielle en parvient à Madame Mère. - Traité de paix, après la bataille de Wagram. - Premier indice du divorce. - Inquiétude de Son Altesse. - Le pape obligé de quitter Rome. - Madame s'en plaint à l'empereur et se rend à Aix-la-Chapelle. - Là, elle reçoit quelques-uns des siens. - Lettre de la reine Catherine. - M. Beugnot chez Madame Mère. - Récit de M. de Girardin. - Les sœurs de charité. - L'empereur menacé de mort par l'étudiant Stabs. - Proclamation de la paix avec l'Autriche. - Préliminaires du divorce. - Conversation de l'impératrice avec madame Junot. - Espionnage d'un étranger aux Tuileries. - Visite de l'empereur à sa mère.- Certitude du divorce. - Anniversaire du couronnement. - Madame Mère au banquet. - Sa lettre à Lucien. - Scène du divorce.

1810.

Choix d'une nouvelle, impératrice. - Avis de Madame Mère. - La fille aînée de Lucien amenée auprès d'elle. - Lettres  de Pauline à Lucien ; - de la même au cardinal ; - de Madame Mère à l'épouse de Lucien, nom de l'empereur ; - de la même à Lucien. - L'archiduchesse Marie-Louise désignée pour impératrice. - Madame Mère invitée par l'empereur à Saint-Cloud. - Annonce officielle du mariage. - Napoléon en informe sa mère. - L'empereur d'Autriche renouvelant l'exhibition généalogique des Bonaparte. - Discussion des princesses chez leur mère. - Collection de tableaux du cardinal. - Spécimen des lettres officielles de Madame Mère. - Le cardinal Fesch à Jérôme, au nom de Madame. - Lettres de dames de la charité à Son Altesse Impériale. - Abdication de Louis, venu à Paris, chez sa mère et se retirant à Tœplitz. - Nouvelles fêtes - Madame retourne à Aix-la-Chapelle. - La reine Catherine l'y rejoint. - Lettre de l'empereur à sa mère ; - de Madame au baron Bourgoin. - Lucien, embarqué pour l'Amérique, est pris par les Anglais. - Lettre de Louis à Madame Mère. - Déférence de ses pour elle. - Entrée dans un salon d'un préfet fourvoyé.

1811.

Année des vœux accomplis. - Étrennes impériales. - Marie-Louise, la veille de ses couches. - Le célèbre chirurgien accoucheur Antoine Dubois. - Présence de Madame Mère. - Naissance du roi de Rome. - Joseph, roi d'Espagne et Louis, roi de Hollande, presque malgré eux. - Louis écrit de Graëtz à sa mère. - Madame et les princesses. - Lettre de l'impératrice à sa belle-mère. - Le jour des relevailles. - Le baptême et le banquet. - Œuvre de charité maternelle. - Plus d'éclat donné à la maison de Madame Mère, qui ne recherchait pas l'étiquette de cour. - Mystère conjugal d'une dame de sa maison au château de ***. - La veuve et la fille d'un général vendéen. - La Corse et son chef-lieu. - Maisons d'éducation religieuse. - Décret sur l'éducation universitaire de la jeunesse (Sage réserve de Madame Mère). - Son titre de mère vis-à-vis de l'empereur. - Anecdote sur le baisemain. - Lettre de la reine Catherine à son père. - S. A. I. Madame Mère et la beauté de ses filles. - Les deux impératrices. - Adulation des courtisans.

 

PRÉFACE.

 

Aucun livre d'histoire n'a été publié, jusqu'à nos jours, sur la mère trop méconnue de Napoléon. Son existence avait cependant traversé l'ancienne Monarchie et la République française, le Consulat et l'Empire, la Restauration et la Royauté dernière. Cette lacune dans l'origine de la famille Bonaparte est regrettable pour la femme qui, ayant donné le jour au grand homme des temps modernes, semble avoir été soustraite à l'attention publique, par l'isolement et l'abandon. Comment la ranimer ?

La recherche des documents relatifs à la vie de Madame Bonaparte mère restait à faire et eût été difficile, sinon impossible, sans recourir à Madame en personne. Il m'importait, avant tout, d'obtenir la faveur de lui être présenté, de la voir, de lui parler, de l'entendre, de la connaître enfin, pour m'entretenir d'elle avec des membres de sa famille, disséminés en France, en Italie, en Angleterre et en Amérique. Il fallait, dans ce but, faire le voyage de Rome. Le désir de m'y rendre me fut suggéré, dès le commencement de ma carrière médicale dans l'armée.

En arrivant de l'Ecole préparatoire de Strasbourg à Paris, j'avais été attaché, à l'hôpital de la Garde, au Gros-Caillou, lorsque la révolution de 1830 éclata. Je fus encouragé par mon père, chef de la chirurgie de cet hôpital et par l'illustre maître de l'Hôtel-Dieu, le professeur Dupuytren, à publier la relation des blessures de ces journées[1].

L'impression générale de tels événements en France fut très manifeste en Italie et, quant aux nouvelles privées, on s'entretenait de la profonde émotion ressentie par Madame Mère, à Rome. Son petit-fils (le petit roi, pour elle), en portait toujours le nom, quoiqu'il fût appelé en Autriche le duc de Reichstadt. Les enfants de Madame et ses amis partageaient une pareille inquiétude. Je n'avais aucun titre à y prendre part, mais, à dater de cette époque, j'eus le vague espoir d'être présenté, un jour, à Son Altesse, si l'occasion m'en était offerte, malgré mon jeune âge, et je continuai mes études avec activité.

L'année suivante, à l'automne de 1831, il me fut permis d'accompagner mon père en Belgique, dans une mission spéciale. Le roi Léopold désirait le voir, d'après l'avis du général Belliard, ambassadeur de France, à l'effet de le consulter sur l'organisation du service de santé de l'armée belge.

Dans cette occurrence, j'eus l'honneur d'être présenté à la princesse Charlotte Napoléon, seconde fille du comte de Survilliers (ex-roi Joseph) et veuve récemment du fils aîné du comte de Saint-Leu (ex-roi Louis). La princesse voulut bien me parler longuement de Madame Mère qu'elle aimait avec la plus tendre vénération et appelait bonne maman.

Elle encouragea mon projet de faire le voyage de Rome, assez tôt pour y voir Son Altesse, déjà plus qu'octogénaire. La princesse ajoutait que si mon père pouvait me présenter lui-même à Madame, il serait, le bienvenu des bienvenus, en m'assurant, par cette seule démarche, le moyen le plus garanti d'obtenir les renseignements nécessaires à mes recherches historiques[2].

Près de trois années se passèrent, en devoirs officiels, dans l'attente du voyage qui devait enfin s'accomplir, selon mes vœux, aux vacances de 1834.

Telle est l'origine de cet ouvrage sur Madame Mère, ayant pour but de la faire connaître, afin de remplir une lacune dans les annales de sa famille.

S'il est, en effet, une femme digne de figurer à une place d'honneur, parmi les plus glorieuses de la France moderne, par le courage civique et l'amour de la patrie, par l'abnégation d'elle-même en faveur de ses enfants, par une inépuisable charité pour les pauvres, par la prévision des jours néfastes, durant les jours plus heureux, et enfin par une résignation constante aux épreuves rigoureuses de la destinée, c'est assurément l'épouse trop ignorée, aujourd'hui, de Charles Bonaparte, de ce gentilhomme corse qui lui donna son nom et le transmit au plus grand de ses fils, ainsi qu'aux rois ou princes issus de ce mariage, oui, c'est bien l'humble mère que tant de splendeur ne put jamais éblouir.

Il faudrait un historien de l'école de Plutarque, pour retracer la vie de cette femme illustre, presque malgré elle. Puisse, à défaut d'une telle origine, cet Essai historique sur Madame Mère rappeler son passé au présent qui semble ne point le connaître comme à l'avenir qui ne saurait plus l'oublier.

Mariée, à peine adolescente, à Charles Bonaparte, sa femme eut de lui, plusieurs enfants ; les premiers sont morts vers leur naissance, mais huit autres ont survécu dans de hautes destinées. Elle avait suivi bravement son époux à la guerre de l'indépendance et en avait supporté les fatigues et les dangers, en se dévouant, à l'alliance de la Corse, son pays natal avec la France, sa patrie nouvelle et en se résignant à la persécution que lui infligea Paoli.

C'est durant cette dernière épreuve que Madame Charles Bonaparte portait Napoléon dans son sein.

Elle l'allaita d'abord elle-même, et se voua ensuite aux soins de son enfance, au milieu des conditions les plus difficiles, en lui inspirant, dès son bas âge, l'intuition de quelques-uns des sentiments de son génie futur.

Les biographies classiques ou les dictionnaires d'histoire les plus estimés, notamment la Biographie universelle de Michaud, celle de Didot et le Grand Dictionnaire universel de Larousse, donnent des renseignements analogues les uns aux autres, mais incomplets sur la mère des Bonaparte. Les biographies secondaires sont écourtées, plus ou moins et c'est à peine si dans plusieurs, trop abrégées, quelques mots sont réservés à sa mémoire.

Divers ouvrages contemporains doivent être cités au contraire et dans le nombre, au premier rang, les Mémoires de la duchesse d'Abrantès, qui n'oublie point Madame Mère, en rappelant son admiration pour elle. A propos, par exemple, de la rapsodie intitulée : La Vie de Napoléon, par le premier des romanciers anglais, madame d'Abrantès n'hésite pas à dire : De toutes les biographies qui ont été faites sur la famille de l'Empereur, aucune peut-être n'est plus ridiculement menteuse que celle de Madame Mère par sir Walter Scott. Je l'ai non seulement connue, pendant le temps où j'étais auprès d'elle, mais antérieurement à cette époque ; je puis donc parler de Madame et la faire juger, d'après une ressemblance positive.

Il y a moins de citations à extraire des autres ouvrages contemporains, y compris les Mémoires d'une contemporaine (nommée Ida Saint-Edme), racontant toutefois, avec esprit, son étrange visite à Madame Mère. Telles sont, de même, diverses publications spéciales sur l'impératrice Joséphine et la reine Hortense, sur la reine Catherine, sur Marie-Louise et d'autres[3].

Les livres les plus sérieux de son temps parlent de Madame encore moins. Les ouvrages sur l'histoire générale du Consulat et de l'Empire, chacun en plusieurs volumes, mentionnent à peine son nom.

Thibaudeau, Capefigue et Lacretelle, le citent en peu de mots et après eux, Thiers lui-même, dans les vingt volumes de son grand ouvrage, n'a peut-être pas écrit une page entière sur la mère effacée de Napoléon.

C'est à lui enfin, c'est à Napoléon en personne, que l'on doit recourir, non dans la période ascendante de sa fortune, mais dans la période descendante de son adversité, pour retrouver les souvenirs de son enfance, inséparable des souvenirs de sa mère. C'est dans son dernier exil, prolongé jusqu'à sa mort, que Napoléon semblait se reprocher de ne s'être point assez préoccupé d'elle, lorsqu'il en avait le pouvoir.

L'influence exercée par la mère sur le fils, durant son enfance et sa jeunesse, est rappelée par les citations du prisonnier de Sainte-Hélène, dans ses entretiens avec les compagnons de sa captivité.

Les ouvrages publiés par le comte de Las Cases, par les généraux Bertrand et Montholon, par les docteurs O'Meara et Antommarchi, sans oublier Marchand, le plus fidèle de ses serviteurs, tels sont les témoignages qu'il faut citer, d'après Napoléon. Leurs Mémoires, analysés dans les Récits de la captivité[4], ont devancé d'autres livres, qui en parlant de sa famille, ont rappelé le nom de Madame Mère.

J'aurai soin de désigner chacun d'eux, en temps utile, et, dès à présent, je signalerai un écrivain de talent, M. de Lescure, auteur d'un beau livre sur les Mères illustres, réservant une notice digne d'elle à la mère auguste de Napoléon.

A part ces publications partielles, déjà anciennes, j'ai pu recueillir bon nombre de documents inédits ou nouveaux, dont la place est marquée dans cet ouvrage, à leur date correspondante.

Les lettres ou les copies de lettres de Madame Mère qu'il m'a été permis de produire, avec toute confiance dans leur garantie d'authenticité, proviennent, par héritage, des diverses branches de la famille. Le nombre total de ces lettres s'élève au delà de cent cinquante et m'ont été communiquées ou offertes avec une parfaite obligeance par les descendants de cette aïeule vénérée.

J'ai essayé, enfin, de rattacher, le plus possible, la longue existence de Madame Mère à la grande histoire de Napoléon, depuis la naissance de l'enfant prédestiné, jusqu'à la mort de ce glorieux fils.

Sa mère l'avait suivi jusqu'à l'île d'Elbe, comme elle aurait voulu le rejoindre à Sainte-Hélène, après avoir assisté aux principales phases de sa vie, en lui survivant quinze années, à Rome, où elle porta noblement son deuil perpétuel.

 

 

 



[1] Relation chirurgicale des événements de juillet 1830, à l'hôpital militaire du Gros-Caillou, par H. Larrey.

[2] Voir l'Appendice, fin du second volume.

[3] Ces divers ouvrages sont précisés à leur place.

[4] Suite de la Correspondance de Napoléon Ier, 1869, t. XXXII.