L'année du destin. — L'île de Corse et la France. — Reprise des hostilités. — Appel aux armes. - Paoli entraîne de nouveau Charles Bonaparte à la guerre de l'Indépendance. — La signora Letizia accompagne encore son mari, en portant leur premier-né dans ses bras et le second dans son sein. — Combat de Borgo et résistance des Corses. — Bataille de Ponte-Nuovo et la défaite. — Traits d'héroïsme des insulaires. — Courage de Madame Letizia Bonaparte. — La grotte des réfugiés au Monte-Rotondo. — Pacification de la Corse. — Retour de Charles Bonaparte et de sa vaillante femme à leur maison d'Ajaccio. — Naissance de Napoléon, le 15 août. — La nourrice Ilari et la gouvernante Saveria. — Songe de Frédéric le Grand.L'année 1769 réservait à l'lie de Corse une destinée nouvelle. Ce pays libre allait être livré par les Génois à la France, sinon par les paolistes à l'Angleterre ! La lutte inégale cesserait de se prolonger davantage et Paoli hésitait à la continuer. Les intrépides Corses, en soldats aguerris, ne pouvaient prévoir que leur chef abandonnerait la cause de l'indépendance. Les hostilités reprirent, dès le printemps, de plus fortes proportions. Le gouvernement royal de la France envoyait en Corse vingt mille hommes de troupes organisées, sous le commandement du général comte de Vaux, tandis que les insulaires étaient prêts à une résistance énergique. Parmi les plus ardents figurait Charles Bonaparte, dévoué à Pascal Paoli, qu'il admirait encore, sans le supposer capable de livrer l'île aux Anglais. Madame Bonaparte partageait moins les illusions de son mari, mais se montrait disposée à le suivre, dans cette seconde expédition, malgré son état de grossesse avancée qui lui prescrivait le repos. Elle était prête à entrer de nouveau en campagne. Paoli convoque ses lieutenants, les rassemble en conseil et leur représente la Corse menacée dans sa liberté, par une lutte inégale, et en danger d'une défaite dernière. Il transporte, le 30 avril, son quartier général dans la ... du Nebbio, riche contrée, dont les habitants restent attachés aux coutumes religieuses du pays et aux traditions d'assistance mutuelle. Le général de Vaux, chef de l'expédition française, ne tarde point à rencontrer le chef des partisans insulaires. Les deux armées sont en présence, et le 3 mai une décharge d'artillerie donne le signal du combat. Les Corses, malgré l'infériorité de leurs armes de guerre, opposent à cette attaque formidable une telle résistance, qu'ils parviennent à refouler l'ennemi. Mais les troupes françaises, sans fléchir, vont se renfermer dans leurs retranchements, pour y attendre des renforts nécessaires. Tel fut le premier combat auquel assistait, abrité dans le sein de sa mère, cet enfant prédestiné à commander en personne les plus terribles batailles des temps modernes. Après avoir donné ses derniers ordres, Paoli, à la tête d'un corps d'élite par la bravoure, marcha vers Lucciana, commune dominée, près de là, par le Monte-Borgo. Le commandant des insulaires avait à ses côtés Charles Bonaparte, sui vi de près par sa courageuse compagne, portant ainsi en elle le héros de l'avenir. Le lieu choisi était favorable aux combattants corses et, dès le lendemain matin de leur arrivée, près du Borgo, ils commencent une attaque générale. Elle est poussée vigoureusement contre les troupes royales obligées de nouveau de se reployer. Beaucoup de femmes corses prenaient part à l'action, les armes à la main, sous les yeux de la vaillante Letizia, qui, dans sa situation, pouvait seulement les encourager, avec l'enthousiasme de son patriotisme. On cite des traits d'héroïsme parmi les insulaires, à ce combat du Borgo, qui fut leur dernière victoire, à la guerre de l'Indépendance. Charles Bonaparte, en y prenant sa bonne part, justifia la noble origine de son nom, à la tête de la section territoriale, dite la piève de Talavo. Cette guerre multipliait les dangers pour la jeune femme entraînée par un double dévouement conjugal et materne], au service de la patrie. Elle supportait, sans se plaindre, la fatigue des courses pénibles, tantôt à pied, tantôt à cheval, ou à dos de mulet, poursuivant ou poursuivie, sur les flancs escarpés des montagnes, franchissant des rochers, traversant des forêts ou des rivières, bivouaquant sur le sol et par sa présence ranimant ceux de ses compagnons prêts à faiblir. Elle aurait voulu ne voir autour d'elle que des défenseurs du pays, en état de combattre. Leurs efforts suprêmes, disait Letizia, sont pour la Corse ; qu'ils se battent jusqu'au dernier, s'il le faut, et qu'ils triomphent, ou périssent avec nous ! Tel était le langage viril de cette jeune femme, épouse et mère, capable de tant d'héroïsme. Mais la lutte que Paoli et les défenseurs de la Corse avaient ouverte ne pouvait durer contre les forces supérieures et la tactique habile des troupes françaises. Une nouvelle action engagée à Murato fut une défaite. Madame Bonaparte, écartée brusquement des siens et de son mari, eut peine à le rejoindre, pour assister aux derniers efforts de ses compatriotes. Le 9 mai 1769, dit Jean de la Rocca[1], une action générale s'engagea, près de Ponte-Nuovo, et malgré la valeur et l'intrépidité des Corses, dans l'attaque et la défense, malgré le talent militaire de Paoli et des généraux Salicetti et Gaffori, écrasés par le nombre, ils durent abandonner le champ de bataille, après avoir montré aux soldats français l'exemple de l'héroïsme et de l'abnégation. De tous les témoins de cette fatale journée, la personne exposée à ces plus cruelles épreuves fut Madame Bonaparte, obligée de se soustraire à de nouveaux dangers, avec son précieux fardeau. Les Corses, accablés par le nombre, furent réduits à la fuite. Les plus intrépides refusèrent seuls de se rendre, et, réfugiés dans leurs montagnes ou dans leurs vallées, ils firent des prodiges de valeur, jusqu'à la dernière résistance, sans ressources pour soutenir leurs efforts, et sans secours pour sauver les blessés. La bataille de Ponte-Nuovo marquait la fin de la lutte inégale de la Corse contre la conquête française. Cette funèbre journée semblait devenue le tombeau de la nation insulaire. Madame Bonaparte en garda le souvenir avec un sentiment de profonde tristesse. Mais ce sentiment était dominé par l'enthousiasme maternel pour cet enfant prédestiné qui vivait de son sang et qui déjà, disait-elle, s'agitait fort, comme si, impatient d'être ballotté par sa mère, pendant les marches pénibles à travers tous les obstacles, Napoléon aspirait, avant de naître, aux luttes guerrières. La vaillante Letizia fut témoin d'actes sublimes de résignation pendant cette bataille de Ponte-Nuovo ! C'est à Ponte-Nuovo que l'un des combattants corses, atteint d'une blessure mortelle, auprès de Paoli, adressa cette supplique au général : Je serai, tout à l'heure, avec ceux qui sont morts pour la patrie, je vous recommande mon vieux père ! C'est à Ponte-Nuovo qu'un officier français, en aidant un soldat corse mutilé à se soutenir, lui demande : Où sont vos médecins ? — Nous n'en avons pas, répond simplement le blessé. — Mais alors, que devenez-vous ? — Nous mourons. Combien d'autres faits de ce genre on pourrait citer pour l'honneur de la Corse ! La sanglante défaite de Ponte-Nuovo marquait une séparation forcée entre les partisans de Paoli, attiré vers l'Angleterre, avec quelques-uns des siens. Le moment paraissait décisif à Charles Bonaparte, prêt à suivre la destinée du chef auquel il s'était dévoué. Madame Letizia fit appel, auprès de son mari, aux sentiments du devoir et de l'honneur, pour l'empêcher de perdre, comme un transfuge, le mérite de la résistance et l'avenir de son nom. Et Charles, malgré tout son dévouement à Paoli, malgré tout le courage dont il avait fait preuve, à ses côtés, dans les rencontres périlleuses, comprit bien que si le général abandonnait la Corse et la guerre sainte, pour passer en Angleterre, lui, Bonaparte ne pouvait l'y suivre et devait s'allier à la France. Il obéissait à l'inspiration de sa digne compagne, en voyant que, privé de ses parents les plus proches et de leurs conseils, il devait se soumettre à la tutelle du dévouement conjugal le plus vrai. Tous deux se dirigeaient vers le Monte-Rotondo. En
remontant le Tavignano, dit un excellent guide[2], on voit la grotte des réfugiés. Ce nom lui a été
donné, parce qu'en 1769 elle a servi de refuge à la mère de Napoléon, pendant
une pluie d'orage, lorsqu'après la bataille de Ponte-Nuovo, elle
cherchait un asile sur les hauteurs du Monte-Rotondo, avec ses
compagnons d'infortune. Ce fut là que Madame Bonaparte put constater sa grossesse avancée. Elle venait de subir de si violentes secousses, de si pénibles épreuves, que sa santé pouvait en souffrir gravement, et la maladie menacer sa vie. Une telle femme n'était pas destinée à périr, avant d'avoir accompli sa tâche entière. Elle dut se reposer, d'abord dans cette grotte des réfugiés, où son époux lui prodigua les soins possibles en pareil lieu. Et si, parmi les fugitifs prêts à leur délivrance, une voix prophétique avait pu se faire entendre de tous, leur disant : Reprenons confiance dans l'avenir : un homme s'élèvera parmi nous pour honorer la Corse, conquérir l'Italie et relever la France ! cette voix eût été celle de la mère illustre, portant dans son sein le prédestiné à un tel avenir. Charles et Letizia Bonaparte, en quittant la grotte des réfugiés, arrivaient sur les hauteurs du Monte-Rotondo. Situé au nord de Corte, à une altitude de 2764 mètres, le Monte-Rotondo offre de la cime, un vaste horizon, à travers la Méditerranée, découvrant de près les côtes de Sardaigne, plus loin les rivages italiens et du côté opposé, à plus grande distance, la terre française. L'héroïne du Monte-Rotondo, dit l'abbé Galetti[3], parvenue à une plate-forme élevée, porta ses regards tristes et mornes sur toute l'étendue de l'île. Ce fut là qu'elle entendit, en versant des larmes, les cris lamentables et déchirants des femmes corses, les voceri de vendetta, si terribles, à la vue de leurs parents tués par leurs semblables. Elle pensa enfin au vengeur demandé au ciel par ces femmes, pour puni r les oppresseurs. Ce vengeur, dit le pieux historien de la Corse, Letizia le portait dans son sein. Elle accoucha, deux mois après, de Napoléon qui devait se venger de la France, en faisant promener par le monde cette grande nation triomphante, depuis le berceau des Césars jusqu'au tombeau des Pharaons. Madame Bonaparte, parvenue déjà au cinquième mois de sa grossesse, n'avait plus aucun véhicule pour la transporter sans risques et périls. Elle dut voyager à dos de mulet, seule monture disponible alors en Corse, tous les chevaux indigènes ayant été mis en réquisition pour la guerre. La signora, sur cette monture, pouvait du moins suivre des sentiers étroits dans les maquis, ou traverser à gué des rivières sans ponts. Son mari, en tête de la colonne, la devançait, à petite distance, lorsqu'elle aborda un lac plus profond, près de Venaco. Le mulet, perdant pied, se trouvait entraîné par le courant et sur le point de se noyer, avec celle qui était exposée au plus grand danger, sous les yeux des siens, saisis d'effroi et déjà prêts à se jeter à l'eau pour la sauver, lorsque l'intrépide amazone parvient, sans s'émouvoir, à soutenir sa monture d'une main ferme, en l'encourageant de la voix ; elle se maintient en selle et réussit à gagner le rivage, en sauvant ainsi son enfant. Son mari, accouru à son aide, la prenait dans ses bras et l'embrassait avec la plus vive, la plus tendre sollicitude, au milieu des cris d'allégresse de leurs compagnons. Jamais peut-être la signora ne comprit mieux la signification heureuse de son double nom Letizia Bonaparte, qui semblait lui avoir inspiré tant de courage et assuré tant de bonheur, pour le salut de ses deux premiers enfants ! Cette inspiration maternelle lui faisait dire, dans sa pieuse humilité, qu'elle avait confiance en Dieu. Un sentiment si élevé de la foi chrétienne était l'égide de cette vertueuse mère, dont l'histoire nous révèle partout les nobles inspirations. Devenue Madame Mère, dit le chevalier de Beauterne[4], elle se plaisait à raconter ce souvenir, en ajoutant : Je portais dans mon sein mon Napoléon, avec la même joie, le même bonheur tranquille, la même sérénité que j'éprouvais, plus tard, à le tenir dans mes bras, à l'allaiter de mon lait. Je n'avais d'autre préoccupation que les dangers de son père et ceux de la Corse. Pour avoir des nouvelles de l'armée, je quittais les retraites les plus sûres de nos rochers escarpés, où l'on avait relégué les femmes, m'avançant jusque sur les champs de bataille : j'entendais les balles siffler à mes oreilles ; mais je ne craignais rien, sous la protection de la sainte Vierge, à qui j'avais voué mon Napoléon. — N'est-ce pas, dit l'auteur, le langage d'une femme de la Bible ? Et il ajoute, en note : Nous tenons ce récit de madame la baronne de B***[5]. Sauvée, par ce bonheur providentiel, du plus grand péril, la signora Letizia parvint, avec son mari, à rejoindre les réfugiés de la montagne. Leur situation critique aurait entraîné des conséquences graves, lorsqu'ils reçurent avis, au nom du général français, d'organiser entre eux une délégation de la Corse, appelée à pacifier l'île entière. Cette députation constituée avait à sa tête Charles Bonaparte, inspiré à la fois par ses propres sentiments, par les sages conseils de sa femme et par l'opinion de leurs amis. Le général commandant supérieur reçut la députation avec beaucoup d'égards et lui donna la garantie d'une véritable alliance entre les deux pays, pour ne plus faire qu'une seule nation. La signora Bonaparte s'en montrait satisfaite, en voyant là le présage d'une paix durable. Le 21 mai, le général comte de Vaux faisait son entrée militaire à Corte, reconnu le chef-lieu de l'île, pendant la campagne, et il envoyait aux réfugiés restants des officiers français porteurs du drapeau de la paix, leur annoncer l'alliance définitive de la Corse à la France et le prochain embarquement de Paoli pour l'Angleterre. Madame Letizia, par une généreuse abnégation, ne voulait pas être accompagnée plus loin, par son mari et croyait son assistance utile à Paoli, tant que Paoli ne quitterait pas le sol de la Corse. Allez, disait à Charles Bonaparte cette épouse désintéressée, allez retrouver Paoli, sans vous inquiéter de ma personne. Plus le danger s'accroît pour lui, moins il faut songer à vos affections de famille. Ne déposez l'épée qu'avec l'épée de votre général, et, s'il doit céder au nombre, tâchez d'adoucir l'amertume de sa défaite[6]. Charles Bonaparte suivit le conseil de la signora et se joignit à des amis fidèles, accompagnant Paoli jusqu'à Porto-Vecchio et veillant sur lui, jusqu'à son embarquement à bord d'un vaisseau anglais partant pour Livourne. Il se trouva bientôt hors de l'atteinte des Génois et de la vendetta corse. Paoli, dépossédé de son commandement, amoindri dans sa renommée, réduit à fuir, abandonné enfin de la plupart de ses compagnons, allait s'embarquer, dans la nuit du 12 au 13 juin, sur un navire anglais, faisant voile vers l'Angleterre. Charles Bonaparte lui fit ses adieux et reconnaissant que le devoir conjugal devait l'emporter sur l'entraînement de l'amitié, il revint auprès de sa jeune femme, déjà si éprouvée par les malheurs de la guerre. Honneur à elle d'avoir si bien su préserver son mari des remords d'un transfuge ou des regrets d'un émigré ! Que serait-il advenu, si, voulant le suivre, ou seulement l'accompagner en Angleterre, elle avait dû y séjourner, ne fût-ce que pour faire ses couches, tandis qu'elle aurait déserté la Corse, sa patrie du passé, en s'éloignant de la France, sa patrie de l'avenir ? quel eût été le sort de l'enfant ballotté dans son sein, pendant la lutte de l'indépendance nationale, s'il fût né sur le sol britannique, tandis qu'il devait naître sur le sol de la première colonie française ? Et ce fils de Charles et de Letizia Bonaparte, quel nom aurait-il reçu, au lieu de celui de Napoléon ? quel eût été son sort, en entrant dans la vie ? aurait-il eu la destinée de la gloire et des conquêtes, avant de subir les revers de la fortune, les hostilités de la coalition étrangère, l'oubli, l'abandon et l'ingratitude, non pas des siens, qui lui sont restés fidèles, mais de ceux qu'il avait comblés d'honneurs et de bienfaits ; si enfin le hasard d'une autre destinée l'eût fait naître en Angleterre, pour prolonger peut-être son existence et le faire mourir ailleurs qu'à Sainte-Hélène ? C'est là un impénétrable mystère, devant lequel madame Bonaparte pensait sans doute, comme les Orientaux, qu'il fallait s'incliner ! L'excursion de Charles, dès son retour de Porto-Vecchio, nécessita des précautions de sa part, afin de rejoindre sa digne compagne et de lui épargner un surcroît de fatigue. Elle était d'une constitution physique égale à son énergie morale et son état de grossesse avancée n'eut pas à en souffrir. Les autorités françaises, informées de la noble conduite de la signora Letizia, lui assurèrent les premiers avantages de l'armistice, en facilitant sa rentrée immédiate dans la maison d'Ajaccio, avec les égards inspirés par l'admiration et le respect. Dans une courte notice, les auteurs d'un livre sur les Femmes militaires de la France, s'expriment ainsi[7] : Nous avons rangé madame Bonaparte au nombre des femmes militaires, parce que l'héroïsme qu'elle a montré dès le début de son existence, s'est conservé en elle, sous une autre forme, jusqu'à son dernier jour. Et styles circonstances l'eussent commandé, il n'est pas douteux qu'elle eût montré le même patriotisme et la même intrépidité qu'au moment de la lutte de l'indépendance de la Corse, alors qu'elle allait donner à la France le héros qui fit trembler l'univers. Telle fut la seconde campagne de la courageuse Letizia Bonaparte, illustrée auprès de son mari, par les fatigues et les dangers qu'elle, sut partager avec lui, sans faiblir et sans se plaindre. L'amnistie de la pacification les protégea l'un et l'autre, lui, pour sa fidélité à son ancien général, elle, pour son union à la Corse, désormais jointe à la France. Une comète réputée historique, non pas dans les annales de l'astronomie, mais dans les chroniques de la Corse, avait été découverte à l'Observatoire de Paris, par l'astronome Missier, le 8 août 1769. Elle semblait, selon les croyances populaires, tracer tout autour du soleil, sa longue traînée lumineuse, pour annoncer au monde l'avènement d'un grand homme. Si le jour de la naissance, l'astre errant n'était pas encore aussi visible que l'annonçait la légende, il se développait les jours suivants et brillait, en septembre, d'un éclat magnifique. La queue de cette comète atteignait enfin 60° de longueur, vers l'époque annoncée où son rapprochement du soleil la fit disparaître dans la lumière du jour[8]. Le soleil du 15 août 1769 resplendissait, éclairant, de tous ses rayons, cette fête patronale de la France et de la Corse déclarée française, depuis une année, à pareille époque. La ville d'Ajaccio s'était éveillée, ce jour-là, dès la première heure, au son des cloches d'allégresse ; les églises se paraient de fleurs, les mai- sons se garnissaient de tentures et de feuillages ; les habitants de la cité, comme ceux des campagnes, en toilette des dimanches, affluaient, de toutes parts, aux offices de la sainte Vierge. La foule empressée, sortant de chaque issue, remplissait les places, et les carrefours et les rues, avec l'air de se fêter elle-même, dans un pêle-mêle de contentement général. La cathédrale d'Ajaccio[9] avait ouvert ses portes toutes grandes et, sous ses voûtes, retentissaient les cloches de la fête sainte. Une femme très jeune et très belle, reconnaissable à la mise de bon goût d'une bourgeoise de la ville, se rendait à l'église d'un pas ralenti par une grossesse avancée. C'était la signora Maria-Letizia Bonaparte, à peine remise des fatigues supportées par elle, avec tant de courage, en suivant son mari dans la récente campagne, appelée en Corse, guerre de la liberté. Mue par le pieux devoir qui la dirigeait, la signora comptait sur ses forces, pour assister à la grand'messe de l'Assomption. Elle sortait de sa demeure, voisine de là, et tenait par la main un enfant de six ans, le petit Joseph Fesch, son demi-frère et suivie de sa belle-sœur Gertrude ; elle était accompagnée par son oncle, archidiacre d'Ajaccio. Un domestique allait devant, afin de faciliter leur marche à travers la foule, s'écartant avec déférence devant la dame que chacun avait appris à admirer. Des voix sympathiques disaient autour d'elle : Place à la signora, place à Madame Bonaparte ! Ces témoignages d'honneur lui furent donnés jusqu'à l'église, par l'assistance formant son escorte, comme anciennement, à Rome, la population s'inclinait pour décerner un hommage public à la vertu des femmes épouses et mères. Madame Bonaparte, émue d'un tel accueil, est à peine arrivée à sa place, pour se mettre en prières, que, dès l'ouverture de la messe et sous l'influence de l'émotion, elle ressent les premières douleurs de l'enfantement. Elle essaye d'abord d'y résister, puis, cédant à une inquiétude croissante, elle se hâte de sortir de l'église. L'horloge allait sonner midi et le soleil brillait au ciel, dans tout son éclat. C'est à peine si la signora reconnaît, sur son passage, les personnes empressées de la saluer ; elle n'a que le temps de regagner sa demeure et de parvenir à son appartement, sans atteindre sa chambre à coucher. Elle est contrainte de se placer sur un canapé du salon où, assistée de sa belle-sœur Gertrude, et de ses deux servantes, dites Mammucia Caterina et Minana Saveria, elle est délivrée de son précieux fardeau que les femmes déposent à ses pieds. L'enfant était un garçon à grosse tête et à figure bien vivace, criant fort, s'agitant de même el bientôt tétant son pouce, selon la remarque de la plus vieille gouvernante Caterina, qui en augure un bon signe pour l'avenir. Elle a soin aussitôt de faire au nouveau-né sa première toilette, puis le prenant dans ses bras, le présente avec joie à sa mère, prête à l'allaiter. La légende s'est emparée d'un tapis sur lequel le nouveau-né aurait été momentanément déposé. On a cru voir sur ce tapis des personnages de l'Iliade, en égard à l'élévation future du second fils de Charles Bonaparte, à la hauteur des héros d'Homère, témoins de sa naissance. On a dit de même que ce tapis, orné de palmes guerrières, figurait César ou Alexandre victorieux. La mère répondait : C'est une fable ; le faire naître sur la tête de César ! avait-il besoin de cela ?[10] Elle disait vrai, dans son bon sens ; et si Napoléon n'avait pas reçu de son père une certaine noblesse, il la devait assez à sa mère, pour n'avoir pas besoin d'aïeux. Et d'ailleurs, ajoutait simplement madame Letizia, nous n'avons pas de tapis, dans nos maisons de Corse, encore moins, en plein été qu'en hiver. Elle a ainsi supprimé tout à fait la légende du tapis, racontée, embellie et commentée maintes fois. Faut-il redire que la date même de la naissance de Napoléon a été controversée, comme divers actes de sa vie entière ont été dénaturés par ses détracteurs ? Est-il besoin de fournir ici de nouvelles preuves de la naissance de Napoléon, à la date du 45 août 1769, date contestée par des biographes assez mal renseignés ou mal inspirés, en voulant la remplacer par celle du 5 février ou du 15 août 1768 ? L'époque précise et formelle a été attestée par l'acte de baptême de Napoléon du 21 juillet 1771, par la note officielle de l'école de Brienne, en 1783, par le bulletin de sortie du 17 octobre 1784, et enfin par le contrôle des états de service, classé au ministère de la guerre, constatant que Napoléon Bonaparte, fils de Charles-Marie Bonaparte et de dame Maria-Letizia Ramolino, est né le 15 août 1769, à Ajaccio. Cette date, en définitive, est postérieure à celle de la soumission de l'île de Corse à la France et le mois d'août 1769 sera le mois épique de l'histoire de Napoléon, suivant l'attestation de son extrait de naissance. Aussitôt la nouvelle répandue dans Ajaccio, les membres présents ou voisins de la famille Bonaparte, tels que les Ramolino, les Ornano, s'empressèrent d'apporter leurs hommages à la signora Letizia. Puis vinrent les parents et les amis des environs ou des villes voisines, nommés les Arrighi, les Paravicini, les Guibega et d'autres. Tous voulaient voir et contempler l'enfant de celle appelée par eux nostra donna, juger de sa ressemblance avec son frère Joseph ou avec quelqu'un des leurs et prédire sa destinée, d'après le jour solennel du 15 août 1769. Les chefs des premières familles d'Ajaccio dits les patriciens, venaient tous inscrire leurs noms chez la signora, tandis que des partisans de Paoli, dont Charles de Buonaparte avait voulu suivre la fortune adverse, arrivaient, de leur côté, prendre des nouvelles de l'héroïne, admirée par eux, auprès de son mari, pendant la guerre de l'indépendance. Le docteur J. Héreau, ancien chirurgien ordinaire de Madame Mère, dit, dans un livre peu connu sur Napoléon[11] : La naissance de l'empereur eut cela de particulier qu'elle ne causa à sa mère presqu'aucune des douleurs et des incommodités qui accompagnent d'ordinaire un enfantement. Si le nouveau-né ne fut point la cause de souffrances pour sa mère, dès son entrée dans le monde, il y fit aussitôt grand bruit, et sembla en prendre possession d'avance, en jetant des cris perçants. Mais ses cris s'apaisèrent, dès qu'il fut emmailloté. Il semblait s'être soumis à un pouvoir plus fort que le sien. Ce fait avait frappé l'attention de sa mère, qui le rappelait, en racontant ses souvenirs de cette journée mémorable. Elle eut d'heureuses suites de couches, devança le jour de ses relevailles et parvint à se rétablir assez tôt, pour céder au désir pieux d'en remercier la Vierge, dans l'église même où, quelques semaines auparavant, elle allait invoquer son assistance, si vite accomplie. La donna ne se contenta pas de l'offrande usitée du cierge, du petit pain et de la pièce de monnaie, selon la coutume des dames corses devenues mères. Elle fit vœu, suivant sa foi religieuse, de placer sous l'invocation de la Mère des Anges chacune des filles qu'elle pourrait mettre au monde, en les appelant du nom de Marie. Cette touchante offrande se réalisa trois fois dans là suite, et chacune des filles de Madame Maria-Letizia Bonaparte, reçut, ainsi qu'elle-même, ce premier prénom, comme auréole de son baptême, en mémoire de la naissance de son fils Napoléon et en souvenir de sa mère. La naissance des grands hommes de l'antiquité, dit un habile écrivain militaire[12], est environnée de prodiges ; celle de Napoléon sera divinisée, dans quelques siècles. Faisant allusion à l'enfant prédestiné, dès le sein de sa mère et aux événements de sa prodigieuse existence, le comte de Ségur a raison de dire : Tant d'émotions guerrières préparèrent l'enfant que cette noble femme portait si courageusement dans ses entrailles ; et s'il devint le plus grand capitaine des temps modernes, s'il se plut au terrible jeu des batailles, de tels commencements ont pu ne pas être sans influence[13]. A propos aussi de la naissance de Napoléon, un autre historien, déjà cité, a dit : Il ne faut pas, sans doute, courir après le merveilleux, toutes les fois qu'il s'agit d'illustres destinées. Mais n'y a-t-il pas quelque chose d'étrange à voir cet enfant jeté dans le feu des combats, dès les entrailles de sa mère, proscrit, avant sa naissance et prenant le jour, au moment où les malheurs mêmes de sa famille lui donnent le titre de Français ? Les historiens de l'antiquité auraient environné de présages les commencements d'une telle destinée[14]. Des pensées de cet ordre se multiplieraient sur la naissance de Napoléon, s'il fallait en citer davantage, en parlant de sa mère. Et sans tomber dans un fatalisme absurde, a dit un autre écrivain[15], n'est-il pas, au moins, digne de remarque que Napoléon, ce génie cosmopolite, suivant l'heureuse expression d'un penseur républicain[16], ait eu pour berceau et pour tombe une île ? que l'île de Corse, d'abord italienne, puis française (avant sa naissance), imprime sa double physionomie à celui qui devait être le plus grand représentant des races et de la civilisation latines ? Ainsi avait été engendré, ainsi avait été conçu Napoléon pendant la crise révolutionnaire de la Corse, ainsi avait-il été porté dans le sein maternel, durant la guerre de l'Indépendance, par une héroïne passionnée pour l'honneur de son époux et pour la liberté de sa patrie. Une pareille influence devait marquer son empreinte sur le caractère et la destinée de l'homme appelé à révolutionner le monde. La nourrice de Napoléon fut d'abord sa mère, selon les lois de la nature et suivant les préceptes de l'hygiène, selon aussi les coutumes de la Corse et d'après les instincts du nouveau-né, affaibli par les fatigues de cette gestation guerroyante. Madame Letizia Bonaparte, ce rare modèle des perfections de la femme, par Les épreuves de la mère, était faite pour accomplir son devoir avec un tel nourrisson. Elle a dit, longtemps après[17], avec quelle sollicitude elle s'était empressée de donner le sein à celui de ses huit enfants qui à sa naissance, et dans son plus bas âge, paraissait le plus délicat, sinon le plus affaibli. Craignant de ne pouvoir suffire à l'allaitement de son nouveau-né si débile, la donna voulut se faire seconder dans ce devoir, par une nourrice pourvue des qualités requises. Cette nourrice auxiliaire devait rester auprès de l'enfant, afin de le surveiller, sans cesse et d'assurer tous les soins de son allaitement, lorsque sa mère en serait empêchée. Une semblable nourrice ne pouvait être que d'origine, de sang et de lait corses, car elle n'eût pas été acceptée par la signora, sans cette condition première. Ladite nourrice s'appelait Camille Ilari, diminutif ou adjectif d'ilarita, signifiant par une singulière coïncidence, comme le nom de Letizia, joie, hilarité, allégresse, afin d'égayer son nourrisson, par le signe de joie communicative du rire. La figure d'Ilari, assez laide pourtant, semblait, sinon s'embellir, du moins s'animer et ne manquait pas d'une originalité expressive. Ses qualités premières étaient une belle carnation, une santé parfaite et un lait excellent. La nourrice avait donc, dans ses attributions secondaires, le soin de distraire et de bercer l'enfant dans ses bras, pour l'endormir. Elle réussit à se faire tant aimer de lui et apprécier de sa mère que, pendant longtemps, elle fut retenue auprès de lui et de la famille. On a confondu parfois Ilari, dans les récits biographiques, avec la seconde gouvernante, Saveria, celle-ci étant même signalée, par erreur répandue, plus tard, dans la famille, comme la nourrice de Napoléon. La vraie nourrice Ilari, toute dévouée à son nourrisson qu'elle appelait son petit, ne souffrait pas qu'on lui fît la moindre peine. La seule personne dont elle reçut des avis ou des ordres, sans réplique, était la signora Letizia, qu'elle aimait à l'adoration. Il n'en était plus de même entre Ilari et la première gouvernante Mammucia Caterina, femme dévote, personnelle, exigeante et voulant, de son chef, corriger l'enfant ou le faire obéir. Elle provoquait des scènes vives avec la nourrice, qui lui disait sans gêne : Allez prier le bon Dieu et ne vous mêlez pas de mon petit ; cela ne vous regarde point ! Ilari ne riait pas, dans ces moments-là et sa figure n'enlaidissait que vis-à-vis de la beauté invariable de la signora Letizia, destinée elle-même à devenir la nourrice maternelle de ses autres enfants. Telle avait été, anciennement, la tâche de la reine de Castille, mère de saint Louis, celle que l'histoire appela de ce seul nom la Mère. Ce fut aussi le nom donné en Corse, par sa famille à madame Letizia, la Mère, avant d'être appelée, officiellement sous l'empire, Madame Mère. On a, parfois, attribué à Camille Ilari, nourrice en titre de Napoléon, des défauts appartenant à Caterina Mammucia. Celle-ci ayant reçu le nouveau-né, au moment de sa naissance, aurait voulu, en sa qualité de gouvernante, régenter toute la maison. Napoléon, à Sainte-Hélène, s'entretenant avec le docteur
Antommarchi, lui disait : Je suis venu au monde dans
les bras de la vieille Mammucia Caterina. Jugez si je suis au fait. (La conversation avait trait au caractère corse.) Elle était têtue, pointilleuse, en guerre continuelle
avec tous ceux qui l'entouraient. Elle se querellait surtout avec ma
grand'mère, qu'elle aimait pourtant beaucoup et qui le lui rendait. Elles
contestaient, disputaient sans cesse ; c'étaient des débats interminables qui
nous amusaient beaucoup. Vous devenez sérieux, docteur ; le portrait vous
blesse, consolez-vous ; si votre compatriote était criarde, elle était bonne,
affectueuse ; elle nous promenait, nous soignait, nous faisait rire ; c'était
une sollicitude dont le souvenir n'est pas éteint...[18] puis, elle était
toute dévouée à la signora Letizia. La vieille gouvernante Caterina Mammucia, qui avait assisté madame Bonaparte, le jour de la naissance de Napoléon, fut un peu plus tard remplacée par Minana Saveria, aussi probe, aussi fidèle, aussi dévouée qu'elle à la famille. Mais Saveria prenait tellement à cœur les intérêts de sa maîtresse, qu'elle dépassait d'ordinaire les limites de l'économie la plus scrupuleuse. Ce fut ainsi qu'en mainte circonstance, Saveria ne craignait pas de compromettre, non seulement l'intérêt matériel, mais encore, sans le savoir, l'intérêt moral de la signora Letizia, trop souvent accusée d'avarice, par les excès d'économie de la nouvelle gouvernante qui vécut, auprès d'elle, jusque dans l'âge le plus avancé. Il fallait un dévouement à toute épreuve, pour faire pardonner à la servante, par sa maîtresse, le tort qu'elle lui faisait. Cette gouvernante Saveria était la veuve d'un marin aimé d'elle, à l'exclusion de tout autre homme, pendant le reste de son existence. Elle le regretta toujours. Sa fidélité conjugale n'eût pas été respectée, en Corse, comme une vertu exceptionnelle, car elle y était généralement pratiquée. La signora Letizia, qui en a été l'un des plus beaux modèles, parut satisfaite que son cher époux fût reçu docteur en droit, à l'université de Pise, le 30 novembre de l'année où elle avait mis au monde Napoléon. Charles Bonaparte a raconté lui-même, dans un récit en italien, les particularités de son admission au doctorat. Son diplôme avait été contresigné par un chanoine de Florence, nommé Jean-Baptiste et ce nom fut pour sa fidèle épouse d'un heureux présage. En fait de présage, il faut en citer un plus extraordinaire qui devait plaire à la signora Letizia. Il trouve ici sa place chronologique. On pourrait l'intituler : Un songe du Grand-Frédéric. Des biographes de Frédéric II, ou Frédéric le Grand, ont raconté, d'après sa propre narration, un songe étrange, comme l'un de ces prodiges attribués à la naissance de certains hommes illustres. Frédéric se trouvait à Breslau, lorsque, dans la matinée du 16 août 1769, et à peine réveillé, d'un sommeil agité, il dit à son aide de camp de service : Sauriez-vous expliquer un rêve dont je suis très préoccupé ? Je voyais l'étoile de mon royaume et de mon génie briller au ciel, lumineuse et resplendissante. J'admirais son éclat, sa hauteur, lorsqu'il parut, au-dessus de la mienne, une autre étoile qui l'éclipsa, en s'abaissant sur elle ; il y eut une lutte : Je les vis, un instant, confondre leurs rayons, et mon étoile, obscurcie, enveloppée par l'orbite de l'autre, descendit jusqu'à terre, comme opprimée sous une force qui semblait devoir l'éteindre et l'anéantir. La lutte fut longue et opiniâtre ; enfin mon étoile s'est dégagée, mais avec beaucoup de peine ; elle a repris sa place, et elle a continué de briller dans le firmament, tandis que l'autre s'est évanouie. Ce rêve, hélas ! ne s'est-il pas accompli, au bout d'un siècle ! |
[1] La Corse et son avenir, par Jean de la Rocca, 1857.
[2] Itinéraire de la Corse, par Léonard de Saint-Germain, 1869.
[3] Histoire illustrée de la Corse, par l'abbé Galetti, in-4°, 1863
[4] L'Enfance de Napoléon, 1846, in-18.
[5] Voir l'Appendice, au nom de madame de Bressieux.
[6] Histoire de Napoléon, par Émile Bégin.
[7] Les Femmes militaires, par Tranchant et Ladimir, 1866.
[8] Voir l'Appendice, au nom de M. Hervé Faye, de l'Institut.
[9] Notre-Dame d'Ajaccio, par Alex. Arman, brochure, 1844.
[10] Souvenirs dictés à Rome par Madame. V. l'Appendice.
[11] Napoléon à Sainte-Hélène, par le docteur J. Héreau, 1829.
[12] Bulletins de la Grande-Armée, publiés par Adrien Pascal, 1841.
[13] Histoire et Mémoires, par le comte de Ségur, t. Ier.
[14] Histoire de Napoléon, par Élias Regnault, t. Ier.
[15] Parallèle entre César, Charlemagne et Napoléon, par Hippolyte Castille, 1858.
[16] Napoléon, par Edgar Quinet.
[17] Souvenirs dictés par Madame Mère. V. l'Appendice.
[18] Mémoires du Dr Antommarchi, 2 vol. 1825.