HISTOIRE LA TERREUR 1792-1794

D'APRÈS DES DOCUMENTS AUTHENTIQUES

TOME HUITIÈME

 

PAR LOUIS MORTIMER-TERNAUX

MEMBRE DE L'INSTITUT

PARIS-MICHEL LÉVY FRÈRES 1862-1881

 

 

AVERTISSEMENT.

 

LIVRE XLI. — LA CONVENTION APRÈS LE 2 JUIN.

I. Embarras dos Montagnards au lendemain de leur victoire. — II. Lettre de Vergniaud dénonçant les auteurs du coup d’État. — III. Velléités de résistance du Comité de salut public aux exigences de la Commune. — IV. Robespierre et Danton s’opposent à la dissolution des Comités de surveillance et à l’envoi d’otages aux départements dont la représentation a été mutilée. — V. Henriot nommé commandant de la garde nationale parisienne. — VI. Arrivée des premières protestations des départements. — VII. Vernier réclame vainement le dépôt du rapport relatif aux accusations portées contre les députés arrêtés. — VIII. Vote de remerciements à la Commune pour sa participation aux journées des 31 mai, 1er et 2 juin.

LIVRE XLII. — LA CONSTITUTION MONTAGNARDE.

I. Caractère général de la discussion. — II. Les lois soumises à la ratification populaire. — III. Opinions contradictoires sur le droit de paix et de guerre. — IV. Le pouvoir exécutif confié à un conseil de vingt-quatre membres. — V. Hérault-Séchelles propose la création d’un grand jury national destiné à garantir les citoyens de l’oppression. — VI. La liberté des cultes assimilée à la liberté des opinions. — VII. Adoption de la Constitution et Jugement de l’œuvre.

LIVRE XLIII. — LA RÉSISTANCE DES DÉPARTEMENTS.

I. Un soulèvement local contre la tyrannie Jacobine précède à Lyon l’adhésion au mouvement général de résistance. — II. Vivacité des protestations de Marseille et de Bordeaux : lenteur de leurs préparatifs. — III. La Convention, de son côté, temporise avec l’insurrection du Calvados. — IV. Le représentant Coubey détenu à l’Abbaye pour avoir applaudi une adresse fédéraliste. — V. Déroute réciproque des forces républicaines et départementales devant Pacy. — VI. Fin de l’insurrection normande et causes de son échec.

LIVRE XLIV. — CHARLOTTE CORDAY.

I. Charlotte Corday à Caen : ses sentiments, son caractère. — II. Elle part pour Paris décidée à frapper Marat. — III. La mort de Marat. — IV. Charlotte Corday devant le Tribunal révolutionnaire. — V. Ses derniers moments et son supplice. — VI. Le culte de Marat. — VII. Les apologistes de Charlotte Corday : Adam Lux et André Chénier.

LIVRE XLV. — LA RÉSISTANCE RÉPRIMÉE.

I. Alternatives de succès et de revers en Vendée. — II. Rossignol et Ronsin chargés de l’exécution du décret du 1er août 1793, sur la dévastation de la Vendée. — Conflit entre Rossignol et les représentants Bourdon et Goupilleau. — IV. La garnison de Mayence refoule les Vendéens au delà de la Loire. — V. Soumission de Bordeaux sans combat. — VI. Défaites successives des Marseillais et prise de leur ville. — VII. Toulon appelle les Anglais à son secours. — VIII. Siège et reddition de Lyon.

LIVRE XLVI. — LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC ET LES GÉNÉRAUX.

I. Houchard et Chancel condamnés à mort, à l’armée du Nord. — II. La garnison de Mayence soupçonnée à l’occasion de sa capitulation ; Beauharnais obligé de se retirer ; Landremont et Schauenbourg suspendus, aux armées du Rhin et de la Moselle. — III. De Flers, Puget de Barbantane, Dagobert et Turreau impuissants ou révoqués, à l’armée des Pyrénées-Orientales. — IV. La nomination du général en chef annulée par les représentants en mission à l’armée dos Pyrénées-Orientales. - Kellermann arrêté à l’armée des Alpes. — V. Procès et condamnation de Custine. — VI. Biron sacrifié en Vendée aux rancunes jacobines. — VII. Brunet puni de mort pour avoir résisté aux réquisitions illégales des représentants délégués près l’armée d’Italie. — VIII. Beysser et sa mission en Bretagne terminée par son renvoi au Tribunal révolutionnaire. — IX. Conséquences de cette politique de rigueur et de défiance.

LIVRE XLVII. — L’ORGANISATION DE LA TERREUR.

I. Tentative d’intimidation des Enragés conduits par Jacques Roux. — II. Mesures impolitiques de rigueur contre l’accaparement et l’agiotage. — III. Démonétisation des assignats à face royale. — IV. Établissement d’un emprunt forcé sur les riches. — V. Discussion du projet posthume de Lepelletier sur l’éducation nationale. — I. La police des théâtres confiée aux municipalités. — VII. La fête du 10 août et la levée en masse. — VIII. Décrets révolutionnaires de la séance du 5 septembre. — IX. Organisation de l’armée révolutionnaire. — X. Vote de la loi des suspects : Merlin et Chaumette.

LIVRE XLVIII. — LES INSTRUMENTS DU GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE.

I. Réorganisation du Comité de salut public. — II. Rigueurs qui signalent rentrée de Robespierre au Comité. — III. Attaques impuissantes des Dantonistes. — IV. Renouvellements successifs du Comité de sûreté générale. — V. Règlement de ses attributions. — VI. Extension des pouvoirs des Comités de surveillance. — VII. Premiers arrêts du Tribunal révolutionnaire et manière de procéder devant lui. — VIII. Augmentation du nombre des Juges et arrestation du président Montané. — IX. Intervention de la Convention dans le procès de Custine. — X. Division du Tribunal en quatre sections avec 10 juges et 60 jurés. — XI. Décret du 29 octobre, qui lui confère le titre officiel de Tribunal révolutionnaire.

 

NOTES, ÉCLAIRCISSEMENTS ET PIÈCES INÉDITES.

I. Le Comité révolutionnaire de l’Évêché et le secret des lettres. — II. Le coup d’État du 2 juin jugé par les représentants en mission. — III. Documents relatifs d la résistance du Calvados et de l’Eure. — IV. Deux victimes de l’insurrection Lyonnaise. — V. Soulèvement de Marseille. — VI. La mort de Marat. — VII. Hoche au siège de Dunkerque. — VIII. Les conflits de l’armée des Pyrénées. — IX. Custine et son confesseur. — X. Biron en Vendée. — XI. Le général Brunet en lutte avec le représentant Fréron. — XII. Les représentants pourvus de grades militaires. — XIII. L’organisation intérieure du Comité de salut public.

 

AVERTISSEMENT.

 

En rattachant les excès de 1793 aux désordres qui avaient précédé le renversement de la monarchie, M. Mortimer Ternaux a ouvert une voie nouvelle aux études sur la Révolution française. Quand le premier volume de son ouvrage parut, en 1862, la tentative semblait téméraire, et nous nous rappelons encore les critiques soulevées par la généralité du titre adopté par Fauteur. Après les preuves produites, à la suite surtout du récit des massacres organisés dans les prisons de Paris le 2 septembre 1792, le doute n’était plus possible, et la responsabilité de ceux que le consciencieux historien avait saisis les pieds dans le sang et la main dans le sac se trouvait définitivement engagée devant la postérité. L’exemple une fois donné, d’autres écrivains ont repris à leur tour l’idée qui avait fait la for-lune de l’œuvre de M. Mortimer Ternaux, et ont demandé à la province la confirmation des crimes commis à Paris. Le succès a été le même, et il n’est que juste d’en revendiquer une part pour celui dont l’initiative avait su découvrir le chemin à suivre.

Pendant que M. Mortimer Ternaux employait ainsi de la façon la plus utile au pays les loisirs que lui avait faits la politique, l’invasion étrangère se préparait. Il voulut en souffrir personnellement et, au lieu de fuir devant elle, il l’attendit de pied ferme dans sa propriété d’Eure-et-Loir, non loin de l’héroïque cité de Châteaudun, au milieu d’une contrée désolée par l’occupation allemande. C’est là que les habitants des Ardennes qu’il avait longtemps représentés vinrent le chercher pour l’envoyer à l’Assemblée nationale, sans qu’il l’eût désiré, sans qu’il eût fait la moindre démarche. Ses forces minées par une maladie lente depuis plusieurs années semblaient lui faire une loi impérieuse du repos. Il accepta pourtant, persuadé à juste titre que, dans d’aussi graves circonstances, personne n’avait le droit de refuser son concours à la patrie.

Lorsque M. Mortimer Ternaux arriva à la Chambre, des difficultés de toute nature réclamaient une prompte solution. Jamais responsabilité plus lourde n’avait pesé sur les membres d’une assemblée souveraine. Il fallait à la fois signer avec l’étranger une paix onéreuse, rétablir l’ordre à l’intérieur, reconstituer l’armée, refaire les finances, concilier les intérêts les plus opposés. Sur toutes ces questions M. Mortimer Ternaux se montra digne de son passé parlementaire ; il eut surtout une heure de grand courage en attaquant de front les révolutionnaires que sa plume avait si souvent démasqués. L’un des plus graves embarras du moment était le règne de la Commune à Paris. Au lieu de la réduire par la force, on parlait de traiter avec elle, et le gouvernement lui-même paraissait disposé à prêter les mains à des transactions occultes. Avec sa double compétence d’homme politique et d’historien, M. Mortimer Ternaux devina l’intrigue et n’hésita pas à la dénoncer. Brisant d’anciennes relations, il monta à la tribune[1] pour signaler le danger de pareilles compromissions et provoquer un démenti officiel. Ce désaveu ne put être obtenu et beaucoup, comme au premier volume de l’Histoire de la Terreur, crièrent à l’exagération. Deux ans plus tard, la transaction dénoncée était formellement reconnue par celui-là même qui l’avait primitivement déniée, et nous assistons aujourd’hui à la réhabilitation de doctrines et d’attentats qui paraissaient à jamais condamnés.

Au milieu de ces orages, M. Mortimer Ternaux continuait ses travaux historiques ; mais il était à bout de forces ; il ne se soutenait plus que par un prodige de volonté, et la mort l’a frappé debout, avant l’achèvement du volume que nous éditons dans une pensée de respect pour sa mémoire.

Un autre motif nous a également déterminé à cette publication.

M. Mortimer Ternaux avait voulu démontrer que la Terreur avait commencé longtemps avant l’époque acceptée d’habitude comme l’ouverture de l’ère révolutionnaire. Cette preuve n’avait pas exigé moins de sept volumes, mais elle était complète quand la plume est tombée des mains de l’historien. Il le sentait lui-même, et combien de fois ne lui ai-je pas entendu répéter que l’œuvre à laquelle il avait voué sa vie était accomplie et qu’il risquait, en la poursuivant plus loin, de se heurter à des faits trop publics pour amener des révélations nouvelles.

La modestie de M. Mortimer Ternaux le trompait certainement. Rien de ce qu’il a raconté n’était caché, mais bien peu avant lui avaient consenti à remonter sérieusement aux sources et, faute de recherches suffisantes, le véritable caractère d’événements importants avait échappé à ses devanciers. Dans cette mine inépuisable de la Révolution il y a, quelle que soit l^époque, bien des découvertes encore à faire, et nous ne doutons pas, qu’avec sa sagacité et sa persévérance exceptionnelles, l’historien de la Terreur n’eût produit une seconde partie digne de la première.

Au point où M. Mortimer Ternaux avait conduit son ouvrage il ne restait plus qu’à tirer les conséquences d’actes révolutionnaires acceptés comme tels par tous, et à faire pressentir les sanglantes horreurs qui devaient en découler. C’est ce que nous avons essayé de faire. Des huit chapitres contenus dans le volume que nous publions, les quatre premiers avaient été laissés par M. Mortimer Ternaux dans un état d’achèvement presque complet. Le lecteur jugera si, en acceptant sa succession et en mettant en œuvre les matériaux rassemblés pour les quatre derniers, nous avons fidèlement rempli notre rôle de légataire.

 

Baron de Layre.

Ce 15 décembre 1880.

 

 

 



[1] Séance du 11 mai 1871.