DEUX JURÉS DU TRIBUNAL RÉVOLUTIONNAIRE

VILATE « LE PETIT MAÎTRE » — TRINCHARD « L'HOMME DE LA NATURE »

 

ALPHONSE DUNOYER

PARIS - PERRIN ET CIE - 1909

 

 

PRÉFACE.

 

PREMIÈRE PARTIE. — JOACHIM VILATE, LE « PETIT MAÎTRE ».

CHAPITRE PREMIER.

Origines de Vilate. — Son enfance ; sa jeunesse. — Son départ pour Paris en 1792 — Un admirateur passionné des Brutus et des Publicola. — Son « tendre cœur ». — Son « ivresse révolutionnaire ». — Sa « sensibilité ». — Il concourt à l'attaque des Tuileries, le 10 août. — Il est nommé secrétaire d'Ysabeau, envoyé en mission dans le Sud-Ouest. — Il sonde l'opinion à Bordeaux et n'échappe à la mort que grâce aux avertissements de l'acteur Laïs. — A son retour, Hérault-Séchelles, Couthon et Barère accueillent avec intérêt ses rapports sur la situation politique des départements parcourus. — Il est logé au pavillon de Flore. — Sa joie. — Le Comité du Salut public le met sur la liste des jurés du Tribunal révolutionnaire. — Sa répugnance pour de telles fonctions. — Première entrevue entre Vilate et Robespierre. — Le surnom de Sempronius Gracchus. — Relations de Vilate à Paris. — Clichy « séjour des jeux de l'amour ». — Portraits de Robespierre, de Barère, de Billaud-Varenne, de Collot d'Herbois — Influence de Vilate au Comité de Salut public.

CHAPITRE II.

Vilate siège comme juré au Tribunal révolutionnaire pour la première fois. — Une séance du Tribunal. — Les gens d'Hazebrouck. — L'instituteur Barbot. — Rémy Martin, bûcheron. — Le canonnier Janson. — « Un patriote est patriote même dans le vin ». — Vilate assiste à la dernière séance du procès des Girondins. — Son récit. — Le général Brunet. — La citoyenne Notaire, marchande de jouets — Deux cordonniers fournisseurs infidèles des armées républicaines. — Vilate juré au procès de Mme du Barry.

CHAPITRE III.

Vilate tombe malade. — Toujours sa sensibilité. — Robespierre contribue à « son retour vers la vie ». — Le dîner chez Vénus. — Le récit du procès de « l'Autrichienne ». — Mot de Robespierre contre Hébert. — Les ennemis de la Révolution. — Propos de table et de politique. — Les maîtresses de Vilate. — Un juré muscadin. — « Gentillesses » macabres de Barère. — La grande idée de Saint- Just — Les propriétaires sont les véritables oppresseurs du peuple. — Du pain ! — Affaires jugées par Vilate au Tribunal. — Raisons pour lesquelles il était utile et nécessaire d'examiner, une à une, ces affaires. — Vilate juge Euloge Schneider, le bourreau de l'Alsace.

CHAPITRE IV.

Raisons pour lesquelles Vilate reste dans le « tourbillon » révolutionnaire — Ses illusions, ses inquiétudes, sa méfiance. — « Etude d'observation » à laquelle il se borne momentanément — Ami de Camille Desmoulins, abandonnera-t-il ses fonctions après « l'holocauste sacrilège » des dantonistes ? — Il retombe malade. — Corvisart le guérit. — Coupes sombres que médite Dupin, terreur de la maltôte. — Mots de Barère. — Paris est trop grand. — Brûlons les bibliothèques. — Jalousies de femmes. — Les perruques blondes. — Deux inséparables. — Vilate est triste.

CHAPITRE V.

Propos d'Hérault de Séchelles et de Barère rapportés par Vilate. — Régénérer, tel est le mot d'ordre. — La vertu est à l'ordre du jour. — Le Comité de Salut public n'est « qu'un comité de village ». — Chaos. — Le discours de Robespierre sur la Divinité. — Vilate au Tribunal. — Le claveciniste Hermann, professeur de piano de Marie-Antoinette, de Barère et de Dupin — Les robustes convictions du sans-culotte Châtelet. — Il n'aime pas les muscadins. — Le luxe d'Hermann « en habits et en cabriolet ». — Il doit son salut à Vilate. — L'espionnage « incommode comme une nuée d'insectes ». — Vilate commence à devenir suspect. — Préparatifs de Paris pour la fête de l'Être Suprême.

CHAPITRE VI.

La fête de l'Être Suprême. — Vilate reçoit chez lui au pavillon de Flore, Robespierre et le Tribunal révolutionnaire. — Une jeune mère « folle de gaîté ». — Lendemain de fête. — Vilate se défie de Barère. — Les Mystères de la mère de Dieu. — Discours de Vadier à la Convention. — Catherine Théot. — Les dévotes de Robespierre.

CHAPITRE VII.

Robespierre ne parle que d'assassinat. — Chez Duplay, Vilate est suspect. — L'orage gronde sur la Montagne. — Ce que découvre Vilate. — Altitude inquiétante de Billaud-Varenne. — Barère est « saoul des hommes » ; il ne reconnaît plus « que Dieu et la nature ». — Nuit d'angoisse. — Où veut-on en venir ? — L'idée agrarienne. — Charlataneries. — Billaud-Varenne a peur d'être assassiné. Il dénonce Vilate aux comités. — Les « indiscrétions réfléchies » du jeune juré. — Scène violente au théâtre de la République entre Billaud-Varenne et Vilate. — Le 2 thermidor, il siège encore au Tribunal. — Le 3, il est arrêté. — La prison de la Force. — On lui donne pour cellule une chambre appelée les Tuileries. — Gaîté des prisonniers. — Leurs jeux. — L'Autel de la Liberté. — Fausse alerte. — Récit du comte Beugnot. — La nuit du 8 au 9 thermidor à la prison de la Force.

CHAPITRE VIII.

La nuit du 9 thermidor. — Vilate apprend la chute de Robespierre, l'arrestation de Fouquier-Tinville. — Il peut laisser toute espérance. — Il veut espérer. — Il occupe ses longues veilles de prisonnier à écrire trois Mémoires dans lesquels il se disculpe, il accuse, il dénonce. — Il doit au peuple sa justification. — Il pleure sa jeunesse « séduite et détrompée ». — Comme les jeunes Gracques, il a été victime de son inexpérience. — Les combats politiques sont des « combats à morts ». — Robespierre fut moins tyrannique que Barère, Collot d'Herbois, Billaud-Varenne. — Courage et énergie du peuple français. — L'humanité est en deuil. — Vilate dira toute la vérité. — Examen de ses actes. — Il s'absout lui-même et sent « son cœur soulagé ». — Il a eu le courage de faire son devoir. — Il est digne de la liberté. — Adresse à la Convention nationale.

CHAPITRE IX.

Vilate transféré à la prison du Luxembourg. — Continuation de ses Mémoires. — Il accuse. — Se méfier des perturbateurs ambitieux qui confisquent à leur profit la crise révolutionnaire. — Comment Vilate pouvait-il s'évader de l'imbroglio révolutionnaire ? — Il frémit à la pensée des désastres possibles. — Le Louvre aurait pu périr dans les flammes ! — Invocation à Voltaire. — Timoléon, tragédie de M. J. Chénier. — Rivalité littéraire de Chénier et de Billaud-Varenne. — Mot de David à propos de Chénier. — Barère ne croyait pas au talent de Chénier. — Une « première » mouvementée. — Colin d'Harleville, auteur de L'Optimiste, jugé par Vilate. — Il lit l'Esprit des Lois. — Les tyrans destructeurs des arts et des belles-lettres, sont des « génies infernaux ». — Il renie la Terreur. — Les décemvirs ont été coupables de « tyrannie nationale ». Ils ont enlevé aux défenseurs de la patrie la gloire de leurs triomphes. — La Révolution française doit avoir un terme.

CHAPITRE X.

Vilate change de prisons. — Il écrit son troisième Mémoire : les Mystères de la Mère de Dieu dévoilés. — Analyse de ce pamphlet. — L'auteur du rapport fait à la Convention sur Catherine Théot est, d'après Vilate, Barère et non Vadier. — Son opinion est suspecte. — Il s'acharne contre Barère qui l'a abandonné. — Anecdotes curieuses. — Robespierre et les femmes. — L'attitude de Maximilien à la fête de l'Être Suprême. — Robespierre est le Verbe divin. — Liturgies. — Vilate dévoile les Mystères.

CHAPITRE XI.

Procès de Fouquier-Tinville, des juges et des jurés du Tribunal de la Terreur. — Vilate au banc des accusés. — Témoignages produits contre lui. — Ses réponses. — Il est condamné à mort et exécuté en place de Grève.
 

DEUXIÈME PARTIE. — LE CITOYEN TRINCHARD, « HOMME DE LA NATURE ».

CHAPITRE PREMIER.

Un homme « pur », un homme « de la nature ». — Lettre de Montpellier. — Le menuisier Trinchard nommé juré au Tribunal révolutionnaire. — Lettre d'un canonnier. — Un solide. — Les affaires prospèrent. — Trinchard épouse une jeune et jolie femme. — Il condamne à mort Marie- Antoinette. — Sa lettre à son frère pour lui annoncer qu'il a jugé « la bête féroche ». — La « clique brissotine » expédiée à l'échafaud par Trinchard. — Il envoie à la mort Philippe-Egalité.

CHAPITRE II.

Un homme heureux. — La matinée d'un juré. — Fouquier-Tinville. — Les amis de Montpellier. — Autre lettre de Montpellier. — « L'Esprit est à la hauteur de la Révolution ». — Vénus, déesse de l'Amour. — Une dénonciation qui n'est pas anonyme. — Trinchard membre du club des Jacobins. — Lettres du citoyen Ploton au citoyen Trinchard. — Les vrais patriotes sont « au pas » et même « à la hauteur ». — Un million de supplices pour le père Duchêne. — De l'énergie ! — Soyez les Brutus des Français ! — Trinchard juré au procès d'Hébert.

CHAPITRE III.

Trinchard juré au procès de Danton. — Lettre de félicitations de Ploton à Trinchard. — Réponse de Trinchard. — Projets d'avenir. — Trinchard juré au procès Chaumette, Gobel, Dillon, etc. — Réquisitoire de Naulin. — Lettre de Montpellier. — Trinchard membre et président de la commission populaire du Muséum. — Distractions qu'il procure à son « épouge ». — Il est maintenu au jury par la loi du 22 prairial.

CHAPITRE IV.

Jugement porté par Trinchard sur les événements du 9 thermidor. — La clameur publique le dénonce. — Il est arrêté et incarcéré à la maison d'arrêt de Port-Libre. — Il est au secret. — Procès de Fouquier-Tinville et de ses co-accusés. — Trinchard est fort malmené par l'accusateur public. — Il se défend en niant. — Il n'a pas été un homme sanguinaire. — Si l'on regarde comme solides ceux qui ont servi la Patrie, il est solide. — Le greffier Paris, ami de Danton, le charge sans ménagements. — Son rôle au Tribunal est mis au jour — « Un juré révolutionnaire n'est pas un juré ordinaire ». — Il renie Lescot-Fleuriot, son protecteur. — Il sauve sa tête. — Son existence de détenu errant de prison en prison. — Ses suppliques. — Son frère ne l'abandonne pas ; ses amis non plus. — Il est rendu à la liberté et à la tendresse de sa jolie épouse « temple de Vénus, déesse de l'Amour ». — Sous le Directoire, il est agent de la police secrète.