PRÉFACE
INTRODUCTION
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CHAPITRE
PREMIER
CARACTÈRE GÉNÉRAL DE LA RELIGION R0MAINE
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I. De quelle manière les Italiens et les Romains
ont conçu la Divinité.
- Religion des Italiens. - Pauvreté de leurs légendes. - Religion des
Romains. - Les dieux des Indigimenta. - Caractère des dieux romains.
II. Le sentiment religieux chez les Romains. -
Pourquoi Rome n'est pas devenue une théocratie. - Importance du culte. -
Caractère minutieux et formaliste des pratiques. - La religion romaine se
méfie de la dévotion. - Elle diminue le rôle du prêtre. - Elle chercha à
calmer les âmes. - Façon dont les Romains comprennent les rapports de
l'homme avec Dieu. - Efforts tentés par les théologiens romains pour
rassurer les consciences et diminuer les scrupules. - Succès qu'obtinrent
les efforts.
III. Opinion favorable des Grecs sur religion
romaine. - Raisons de cette opinion : la religion romaine accoutume à la
discipline et à l'obéissance. - Elle est plus morale que celle des Grecs. -
Elle se prête mieux aux interprétations philosophiques.
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CHAPITRE
DEUXIÈME
LA RELIGION ROMAINE À LA
FIN DE LA RÉPUBLIQUE
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I. La religion romaine s'altère sous la république.
- Causes des changements qu'elle subit : son mélange avec la religion
grecque. - Indifférence ou hostilité des plébéiens. - Attaques des poètes.
- Résultat de ces attaques.
II. Tentatives pour arrêter la décadence de la
religion romaine. - Scipion Émilien et ses amis. - Leurs opinions religieuses.
- Séparation qu'on établit entre l'homme et la citoyen, entre les
sentiments qu'il est permis d'avoir dans la vie privée et ceux qu'il faut
exprimer dans la vie publique. - Conséquences de cette séparation. -
Opinions religieuses de Cicéron. - Indifférence ou incrédulité de la
société de Rome à la fin de la république.
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LIVRE PREMIER — LA RELIGION ROMAINE
PENDANT LE RÈGNE D'AUGUSTE
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CHAPITRE
PREMIER
RÉFORMES
RELIGIEUSES ET MORALES D'AUGUSTE
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I. Politique d'Auguste au sujet de la religion
romaine. - Était-il un croyant sincère ? - Il conçoit le projet
d'appuyer son gouvernement sur la religion. - Signification religieuse du
nom d'Auguste.
II. Ce qu'Auguste fit pour la religion romaine. -
Respect qu'il témoigne pour elle. - Il rebâtit les temples. - Il remet en
honneur les anciens usages. - Cultes nouveaux qu'il établit. - Vénus Mère.
- Mars Vengeur. - Apollon Palatin. - Ses réformes morales. - Lois
Juliennes. - Succès qu'obtinrent d'abord ses institutions morales et
religieuses. - Jeux séculaires.
III. Ce que la religion romaine a fait pour
Auguste. - L'empereur est associé à tous les sacerdoces. - Il est nommé
grand pontife. - Union de l'autorité civile et de la puissance religieuse.
- Dangers de cette union. - Fêtes nouvelles qu'on célèbre en l'honneur
d'Auguste. - Son nom est introduit dans les fêtes anciennes. - Ce que le
caractère religieux ajoute au pouvoir impérial. - Comment ce caractère fut
accepté du peuple et des gens éclairés.
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CHAPITRE
DEUXIÈME
L'APOTHÉOSE IMPÉRIALE
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I. Précédents de l'apothéose impériale. - En
Égypte. - En Grèce. - À Rome. - Croyance que les morts sont des dieux. - Opinion
des philosophes que les âmes des sages montent au ciel.
II. Naissance de l'apothéose impériale. - Honneurs
accordés à César pendant sa vie. - Ses funérailles. - Le peuple lui élève
un autel. - Sa divinité est officiellement reconnue par le sénat.
III. Effet produit par l'apothéose de César. -
Sextus Pompée et Antoine se font donner les honneurs divines. - Prudence
d'Octave. - Il permet aux provinces de lui élever des temples en compagnie
de la déesse Rome. - Il le tolère en Italie. - Il le défend à Rome. -
Efforts faits à Rome pour le décider à se laisser adorer. - Culte qu'on
rend à son génie. - Les Lares augusti.
- Politique d'Auguste au sujet de l'apothéose. - Caractère qu'elle prend chez
les Romains. - Auguste reçoit les honneurs divins après sa mort par un décret
du sénat.
IV. Conséquences politiques de l'apothéose
impériale. - Le culte des Césars dans les provinces. - Assemblées
provinciales qui se forment autour des temples de Rome et d'Auguste. - Prérogatives
qu'elles s'attribuent. - Caractère du culte de Rome et d'Auguste dans les
provinces. - Importance que prennent les prêtres de la province dans la
hiérarchie sacerdotale. - Le culte des Césars dans les municipes. - Dernier
échelon du culte impérial, les Augustales.
V. Caractère religieux de l'apothéose impériale. -
Les hommages que reçoivent les empereurs étaient-ils sincères ? - Les
provinciaux. - Les soldats. - La société éclairée de Rome. - De quelle
façon fut acceptée à Rome l'apothéose d'Auguste. - Apothéose de Claude. -
Discrédit de l'apothéose. - Sénèque et Lucain. – L’apothéose mieux accueillie
sous les Antonins. - Quel sens y attachent les gens éclairés. - Résistance
des Juifs et des Chrétiens au culte des Césars. - L'apothéose est conservée
sous Constantin et ses premiers successeurs. - Ce qui en reste dans les
sociétés modernes.
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CHAPITRE
TROISIÈME
LE SIÈCLE D'AUGUSTE
|
I. Admiration des contemporains pour les
institutions d'Auguste. - Était-elle sincère ? - Contradictions dans
lesquelles tombent les écrivains qui les célèbrent. - Tite-Live. - Les Odes d'Horace. - Raisons qui font
croire que les réformes d'Auguste n'ont pas eu de résultat.
II. Autre aspect du siècle d'Auguste. - Goût sérieux
pour la philosophie. - Les Épîtres d'Horace. - Admiration sincère du
passé du Rome. - Sentiment profond de la décadence. - Craintes pour
l'avenir et ennui du présent. - Dispositions favorables au succès des
réformes d'Auguste.
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CHAPITRE
QUATRIÈME
VIRGILE
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I. Virgile est, de tous les écrivains, celui qui a
le mieux servi les desseins d'Auguste. - Premières années de Virgile. - Ses
dispositions naturelles. - Influence d'Auguste sur lui. - Les Géorgiques.
II. L'Énéide. - En quoi elle servait les
desseins d'Auguste. - L'Énéide est un poème religieux. - Opinion des
critiques anciens. - Sujet véritable de l'Énéide. - Caractère d'Énée.
III. La religion de Virgile. - Elle est un mélange
d'éléments divers. - Éléments antiques : Plaisir qu'éprouve Virgile à
revenir aux plus anciennes croyances. - Éléments modernes : Modifications
qu'il fait subir à la mythologie d'Homère pour la rendre conforme aux idées
de son temps. - Virgile semble pressentir les croyances de l'avenir. -
Rapports de la religion de Virgile avec le Christianisme. - La quatrième églogue.
- En quel sens on peut dire que Virgile était pour le Christianisme une
sorte de précurseur.
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CHAPITRE
CINQUIÈME
LE SIXIÈME LIVRE DE
L'ÉNÉIDE
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I. Croyance des anciens Romains à la persistance de
la vie.- Comment ils se représentaient d'abord la vie future. -
Introduction à Rome des croyances étrangères. - Opinion des Étrusques. -
Légendes grecques. - Systèmes des philosophes. - L'épicurisme. - Raisons de
son succès. - Pourquoi il est en décadence au commencement de l'empire.
II. La sixième livre. - D'où viennent les
incohérences qu'on y remarque. - Entrée d'Énée dans les enfers. - Le
Tartare. - L'Élysée. - Le système du monde. - Difficulté d'accorder
ensemble les diverses parties du sixième livre.
III. Influence du sixième livre sur les
contemporains. - Lee Romains de l'empire croyaient-ils à la vie future ? -
Renseignements que nous donnent à cet égard les inscriptions. - Idée qu'on
se faisait de cette autre existence. - La prière pour les morts dans le
paganisme. - Ce qu'il y avait de nouveau dans la sixième livre. -
Rapprochements entre les opinions de Virgile et les doctrines chrétiennes.
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LIVRE SECOND — LA RELIGION APRÈS
AUGUSTE
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CHAPITRE
PREMIER
CE QUI RESTA DES RÉFORMES
D'AUGUSTE
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Politique des successeurs d'Auguste au sujet de la
religion.- Tibère et Claude. - Vespasien et la reconstruction du Capitole.
- Les Antonins. - Persistance des anciens rites dans les corporations
religieuses. - Les frères Arvales. - Leur dévouement dynastique. -
Célébration de la fête de mai. - Les éléments anciens et les éléments
nouveaux dans la religion romaine au IIe siècle.
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CHAPITRE
DEUXIÈME
LES RELIGIONS ÉTRANGÈRES
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I. Comment les Romains traitaient les dieux des
nations vaincues. - Les religions de l'antiquité n'ont pas connu le prosélytisme
et l'intolérance. - Tendance de tous les cultes anciens à s'unir entre eux.
II. Les religions étrangères à Rome. - De quelle
façon elles s'y propagent. - Facilités qu'elles trouvent à s'y établir. -
Lois promulguées contre elles. - Comment elles sont appliquées. - Politique
de l'empire à leur égard. - Quels étaient les cultes étrangers pratiqués à
Rome au IIe siècle.
III. Caractère commun de tous les cultes orientaux.
- Importance attribuée au prêtre. - Influence des femmes. - Recherche des
émotions religieuses. - Purifications et expiations. - Tauroboles. -
Mystères.
IV. Popularité des cultes étrangers sous l'empire.
- Raisons qui les firent bien accueillir. - Facilité qu'ils montrent pour
s'accorder entre eux. - Leurs prévenances envers la religion romaine. - Ce
qu'avaient au fond de commun la religion romaine et les cultes étrangers. -
Cultes intermédiaires qui servirent à les relier. - Comment les cultes
étrangers en pénétrant dans la religion romaine la modifièrent. - Changements
qu'ils subiront eux-mêmes à Rome. - Union de toutes les religions au IIe
siècle. - Le Judaïsme et la Christianisme restent seuls volontairement en
dehors de cette union.
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CHAPITRE
TROISIÈME
LA PHILOSOPHIE ROMAINE APRÈS AUGUSTE
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Impopularité de la philosophie pendant la république.
- Elle se rétablit définitivement à Rome qu'avec Cicéron. - Résumé des
doctrines religieuses et morales de Cicéron. - Elles sont le fond sur
lequel a vécu la philosophie romaine pendant le Ier siècle de l'empire. -
Caractère nouveau que prend l'enseignement philosophique à partir
d'Auguste. - La philosophie sous Tibère. - L'éducation de Sénèque.
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CHAPITRE
QUATRIÈME
L'ENSEIGNEMENT DE SÉNÈQUE
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I. Comment la situation politique de Sénèque a pu
servir au succès de son enseignement. - Il se concilie l'opinion publique
par ses premiers écrits. - Ce qu'il fait pour conserver sa popularité quand
il est au pouvoir. - Attaques dont il est l'objet et réponses qu'il y
oppose. - Sa disgrâce et sa mort.
II. Caractère de l'enseignement de Sénèque. - Il
préfère la direction à la prédication. - Il ne veut qu'un petit nombre de
disciples choisis. - Il les prend parmi les gens du monde. - Comment les
qualités de son esprit le rendaient propre à cette façon d'enseigner.
III. L'enseignement de Sénèque s'enferme dans la
morale. - Caractère de la morale de Sénèque. - Elle est moins sévère
qu'elle ne le paraît. - Affection qu'il inspire à ses disciples. - Résultat
de son enseignement.
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CHAPITRE
CINQUIÈME
SÉNÈQUE ET SAINT PAUL
|
I. Sénèque a-t-il connu saint Paul ? - Comment
a-t-on été amené à imaginer qu'ils ont eu des rapports ensemble ? - Leur
correspondance apocryphe. - Raisons qu'on donne pour supposer qu'ils ont
dal se connaître. - Réponses qu'on fait à ces raisons. - Le Christianisme
était-il aussi ignoré au Ier siècle qu'on le prétend ?
II. Sénèque a-t-il emprunté ses doctrines à saint
Paul ? - Éclectisme de Sénèque. - Ses irrésolutions sur la nature de Dieu
et de l'âme. - Conclusions qu'on en tire. - Réponse à ces conclusions. -
Peut-on voir dans les écrits de Sénèque à quel moment il a connu le
Christianisme ? - Les ressemblances qu'on signale entre ses doctrines et
celles de l'Église sont-elles aussi réelles qu'on le suppose ? - De quelle
manière on peut expliquer ces ressemblances.
III. Sénèque aurait-il été favorable au Christianisme
s'il avait connu ? - Services qu'il lui rend sans le savoir. - Impulsion
qu'il donne aux âmes. - Attaques contre la mythologie. - Il n'est pas
seulement l'ennemi des cultes populaires, il l'est aussi en général des
religions positives. - Quelles étaient les dispositions d'esprit qui
préparaient ordinairement à devenir chrétien ? - En quoi Sénèque cède et en
quoi il résiste aux influences religieuses de son temps.
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CHAPITRE
SIXIÈME
LA PHILOSOPHIE ROMAINE APRÈS SÉNÈQUE
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Popularité de la philosophie à Rome et dans les
provinces sous les Antonins. - Elle continue à s'occuper surtout de la
morale. - Importance qu'elle laisse prendre à la casuistique et à la
rhétorique. - Pourquoi elle parle plutôt grec que latin. - Elle se
rapproche de plus en plus des religions populaires. - Epictète. - Apulée.
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CHAPITRE
SEPTIÈME
LA THÉOLOGIE ROMAINE
|
I. Éloignement naturel des Romains pour la
théologie. - Comment ils furent amenés à s'en occuper. - Travaux accomplis
sur la religion romaine par les jurisconsultes et les grammairiens. -
L'école de Varron. - Caractère et importance de cette école.
II. Systèmes imaginés par les philosophes pour
interpréter les religions populaires. - L'évhémérisme. - Pourquoi il est
bien accueilli des Romains. - École stoïcienne. - Efforts qu'elle fait pour
se répandre. - De quelle manière elle accepte les dieux et les légendes de
la mythologie. - Affinités naturelles de la théologie des stoïciens et de
la religion romaine. - Son succès à Rome pendant tout l'empire.
III. La théologie platonicienne. - En quoi elle se
distingue de celle des autres écoles. - Doctrines d'Apulée, qui la
popularisa à Rome. - Les démons. - Comment leur intervention permet
d'accepter et d'expliquer toutes les fables de la mythologie. - Les Pères
de l'Église acceptent les données principales de la théologie
platonicienne.
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LIVRE TROISIÈME — LA SOCIÉTÉ ROMAINE
DU TEMPS DES ANTONINS
|
CHAPITRE
PREMIER
LES CLASSES ÉLEVÉES
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I. Jugements contradictoires que les écrivains de
cette époque portent sur leurs contemporains. - Difficulté qu'on éprouve à
apprécier son temps. - Opinion de Juvénal. - Ce qui doit la rendre
suspecte. - Opinion de Pline le Jeune. - Pourquoi il convient de la
préférer.
II. Défauts que la lecture de Pline fait découvrir
dans la haute société de ce temps. - Apathie politique. - Pédantisme
littéraire. - Croyance à l'astrologie et à la magie. - Qualités qu'il est
difficile de lui refuse. - Cette société est devenue plus religieuse et
plus simple.- Grand nombre d'honnêtes gens qu'on y trouve.
III. Idée élevée que les moralistes de ce siècle se
font du devoir et de la vertu. - Théories morales de Juvénal. -
Conséquences pratiques qu'ont eues ces théories. - Le sort de l'esclave est
adouci. -On se préoccupe de l'éducation des enfants. - Établissement
d'écoles publiques. - On prend souci des pauvres. - Les institutions
alimentaires de Trajan. - Comment on pratique alors la bienfaisance dans
les classes élevées.
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CHAPITRE
DEUXIÈME
LES FEMMES
|
I. La situation des femmes dans la société romaine
était-elle aussi mauvaise qu'on le suppose ? - Égards qu'on leur témoigne
dans la maison. - Importance qu'elles prennent dans la vie publique. - Sous
l'empire, elles ont part au gouvernement. - La philosophie continue à leur
être contraire. - Dans la pratique, leur condition devient presque égale à
celle des hommes. - Usage qu'elles font du droit d'association.
II. Attachement des femmes romaines à la religion
de leur pays. - Part que leur fait cette religion. - Cultes qui leur sont
réservée. - Services que la religion essaye de leur rendre. - Elle rend le
mariage plus solennel et plus sérieux. - Elle leur donne l'occasion d'être
plus libres et plus importantes. - Comment peut-on expliquer que les
Romaines, si attachées à leur religion nationale, aient embrassé avec tant
d'ardeur les cultes étrangers ?
III. Les Romaines de l'empire méritent-elles les
reproches que leur font les moralistes de leur temps ?. - Idée que les anciens
Romains se faisaient de la femme. - Éducation qu'ils lui donnaient. -
Conséquences de cette éducation. - Façon de vivre des Grecs dans leur
famille. - Les Romains commencent à imiter la facilité des mœurs grecques.
- Ce qui les arrêta dans cette imitation. - Changement dans l'éducation et
les habitudes des femmes sous l'empire. - Ce changement explique pourquoi les
moralistes leur sont si sévères. - Que faut-il penser des reproches qu'ils
leur adressent ? - Démentis que se donnent à eux-mêmes Sénèque et Tacite.
|
CHAPITRE
TROISIÈME
LES
CLASSES INFÉRIEURES ET LES ASSOCIATIONS POPULAIRES
|
I. Attachement du peuple à ses dieux. - Divinités
et fêtes populaires. - Comment et par qui les cultes étrangers se répandent
dans le peuple. - Caractère de la dévotion du peuple des campagnes.
II. Origine des associations romaines. - Elles sont
tolérées pendant la république. - Restrictions que l'empire apporte au
droit de s'associer. - Ces restrictions n'empêchent pas les associations de
devenir plus nombreuses. - Classifications qu'on peut établir entre elles.
- Associations ouvrières et industrielles. - En quoi elles diffèrent de nos
corporations. - Ressemblances que présentent toutes les associations
romaines.
III. Comment se formaient les associations. -
Règlements qu'elles se donnaient. - La loi du collège. - Élection des
chefs. - Rédaction de l'album. - Choix du lieu de réunion. - La
chapelle de la schola. - Caractère
religieux des associations romaines.
IV. Les associations romaines se rattachent à la
religion par le soin qu'elles prennent de la sépulture des associés. -
Collèges funéraires. - Les columbaria.
- Collèges dont les membres prennent la titre de cultores deorum. - Comment les collèges funéraires se
fondent. - La loi des adorateurs de Diane et d'Antinoüs. - Comment ils
finissent.
V. Les collèges funéraires sont autorisés par un
sénatus-consulte au Ier siècle. - Conséquences de cette autorisation. -
Réunions mensuelles des associés. - Réunions irrégulières pour motifs
religieux. - Les repas de corps. - De quelle manière les associations
subviennent aux dépenses de leurs repas communs. - Choix des pafroni. - Honneurs qu'on leur prodigue. -
Libéralités qu'ils font aux associés. - Devoirs qu'ils leur imposent envers
leur tombe et leur mémoire.
VI. L'habitude des repas communs resserre les liens
qui unissent les associés. - Fraternité qui règne dans les collèges. -
Services qu'ils ont rendus aux classes laborieuses et aux esclaves. -
Sont-ils jamais devenus de véritables sociétés de secours mutuels ? - Les
collèges formés par les soldats sont ceux qui paraissent se rapprocher le
plus de nos sociétés charitables. - Les associations païennes et le
Christianisme.
|
CHAPITRE
QUATRIÈME
LES ESCLAVES
|
I. Comment l'esclave entre dans la famille. -
Sources de l'esclavage à Rome. - Grand nombre des esclaves dans les maisons
romaines. - Comment on les faisait vivre. - A quoi on les employait. -
Conséquences pour le maître de ce grand nombre de serviteurs.
II. Rapports de l'esclave avec le maître. - La loi
donne au maître toute sorte de droite sur lui. - L'humanité corrige les
rigueurs de la loi. - La religion traite favorablement l'esclave. -
Dévotion des esclaves. - La philosophie et l'esclavage. - Adoucissement du
sort des esclaves sous les Antonins. - L'esclave des champs. - L'esclave de
la ville. - Comment il supporte son sort. - L'esclavage antique et
l'esclavage moderne.
III. Rapporte des esclaves attire eux. - Hiérarchie
entre les esclaves. - La maison d'un riche Romain ressemble à une cité. -
Le mariage de l'esclave. - L'esclave sa fait une famille. - Le mariage
entre les esclaves et les maîtres.
IV. Comment l'esclave sort de la famille. - Mort et
sépulture des esclaves. - Affranchissement payé. Affranchissement gratuit.
- Influence détestable de l'esclavage sur la société romaine. - Personne
dans l'antiquité n'a eu l'idée de l'abolition de l'esclavage.
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CONCLUSION — LA RELIGION ROMAINE
AU IIe SIÈCLE
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I. Réformes accomplies dans la religion romaine au
Ier siècle. - Elles n'atteignent pas les rites et les pratiques du culte. -
De quelle manière et par quelle influence la religion se modifie. - La
philosophie essaye de ramener la polythéisme à l'unité de Dieu. - Elle
travaille à rendre les religions populaires plus morales. - Elle introduit
des opinions nouvelles sur la nature de Dieu et la culte qu'il faut lui
rendre. - Les progrès religieux accomplis alors par la société païenne
doivent-ils être attribuée à l'influence du Christianisme ? - Comment ces
progrès ont permis aux gens éclairés de rester plus longtemps fidèles à
L'ancienne religion.
II. Ce qu'il y a d'imparfait et d'incomplet dans
toutes ces réformes religieuses. - On ne parvient pas tout à fait à
s'entendre sur l'unité de Dieu. - On ne corrige pas entièrement
l'immoralité des cultes antiques. - La dévotion populaire reste matérielle
et intéressée. - La philosophie ne fait pas assez d'efforts pour éclairer
le peuple. - L'enseignement des cyniques et le peu de résultats qu'il
obtient. - Dans les classes élevées, besoin de croyances précises et
certaines que la philosophie et la religion ne peuvent satisfaire.
III. Comment le Christianisme achève l'œuvre
commencée par la philosophie. - Services que lui rend le mouvement
philosophique et religieux du Ier siècle. - Conclusion.
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PRÉFACE
Un lecteur qui passerait brusquement de l’étude des
lettres de Cicéron à celle de la correspondance de Marc-Aurèle se trouverait
dans un monde nouveau. En deux siècles, la société romaine est entièrement
changée ; et de tous les changements qu’elle a subis, l’un des plus
remarquables et des moins attendus, c’est qu’elle a passé de l’incrédulité à
la dévotion.
La religion est tout à fait absente des lettres que
s’écrivent Cicéron et ses amis ; on n’y trouve pas un mot qui la rappelle.
Elle tenait sans doute une certaine place dans la vie de ces grands
personnages, qui appartenaient d’ordinaire à quelque collège de prêtres et
qui accomplissaient régulièrement leurs fonctions sacrées, mais elle n’en
avait pas dans leur cœur : ils étaient presque tous sceptiques ou
indifférents. Au contraire, quand Marc-Aurèle et son maître s’écrivent, le
nom des dieux revient à tout moment dans leurs lettres. Ils ne forment pas un
projet sans ajouter : si les dieux le veulent. Nous partirons de Rome avec l’aide des
dieux... Grâce aux dieux, nous nous portons bien[1]. La joie de
Fronton éclate quand il apprend que Verus, le frère de l’empereur, qui venait
d’être très malade, est guéri. A cette bonne
nouvelle, dit-il[2], je me suis rendu dans les chapelles, au pied de tous les
autels, et, comme j’étais à la campagne, j’ai visité tous les bois, j’ai fait
mes dévotions à tous les arbres consacrés aux dieux. Marc-Aurèle
partage les sentiments de son maître et s’exprime comme lui. La santé des
siens, qui le préoccupe toujours, amène sans cesse le nom des dieux sous sa
plume : Tous les matins je les prie pour Faustine
; nous dit-il[3].
Et ailleurs[4]
: La maladie de ma mère ne me laisse aucun repos,
et voici de plus que les couches de Faustine approchent ; mais il faut mettre
sa confiance dans les dieux, sed confidere dis debemus. Tout ce
que nous savons de la société de ce temps confirme l’opinion que nous en
donne cette correspondance. La religion s’y mêle à tout, même à ce qui lui
avait été d’abord le plus contraire. A l’époque de Cicéron, la philosophie
était en général incrédule, et l’on regardait comme une vérité démontrée que ceux qui s’en occupent ne croient pas à l’existence
des dieux[5]. Au IIe siècle, les
philosophes sont presque tous croyants et même superstitieux. Marc-Aurèle,
dans ses Pensées, remercie les dieux avec effusion de lui avoir communiqué en
songe des remèdes efficaces pour ses maladies[6].
Ainsi, de Cicéron à Marc-Aurèle, une sorte de révolution
s’est opérée dans la société romaine, et elle a suivi sous l’empire une route
tout à fait différente de celle qu’elle semblait prendre à la fin de la
république. Que s’est-il donc passé, durant cet intervalle, qui puisse
expliquer ce changement ? Quels événements et quelle influence ont poussé
Rome dans une voie doris elle semblait d’abord si éloignée ? Comment et par
quels progrès, d’incrédule est-elle ainsi devenue croyante ? C’est la
question à laquelle je vais essayer de répondre dans cet ouvrage.
Mais avant d’entreprendre cette étude, j’ai besoin
d’indiquer en quelques mots de quelle façon je la comprends et quelle étendue
je crois devoir lui donner. Si je m’enfermais étroitement dans l’histoire de
la religion romaine proprement dite, comme le titre de ce livre pourrait le
faire croire, je devrais me contenter de signaler les changements que le
temps apporta dans les pratiques du culte depuis le règne d’Auguste jusqu’à
celui de Marc-Aurèle. Ainsi conçu, le sujet serait de peu d’importance ; mais
je compte embrasser pendant ces deux siècles le mouvement religieux tout
entier. Je l’étudierai partout où il se manifeste, dans les écoles de
philosophie aussi bien que dans les temples. Je ne négligerai d’exposer ni
les systèmes imaginés alors par les philosophes pour résoudre les questions
religieuses, ni les efforts tentés par les moralistes pour corriger leur
temps. En réalité, ils rentrent dans le sujet que je traite, et j’espère
montrer que la religion romaine, quoiqu’elle se tienne en dehors de cette
activité philosophique, en a ressenti les atteintes.
Quant aux limites dans lesquelles j’ai circonscrit mon
travail, je crois qu’elles n’ont rien d’arbitraire. L’histoire du paganisme
romain, depuis Auguste jusqu’à ses derniers moments, me parait se diviser en
deux périodes distinctes, celle où il se développe lui-même, d’après son
principe et sa nature, et celle où il essaye de se réformer sur le modèle de
la religion qui le menace et qu’il combat. De ces deux périodes, je n’étudie
ici que la première. Je m’arrête à Marc-Aurèle, c’est-à-dire au moment où les
apologistes font connaître le Christianisme au monde[7]. Je ne voudrais
pourtant pas affirmer qu’avant ratte époque des communications n’aient pas eu
lieu d’une religion à l’autre par des voies secrètes et détournées, ni que
les doctrines chrétiennes n’aient exercé déjà une certaine influence sur le
paganisme ; mais s’il est permis de le soupçonner, je ne crois pas qu’il soit
possible de l’établir. Les Pères de l’Église eux-mêmes ne se prononcent pas
sur cette question d’une façon précise ; ce ne fut, dans tous les cas, qu’une
influence indirecte et indistincte, qui ne pouvait guère modifier la
direction que le paganisme suivait de lui-même et dans laquelle il s’était
engagé depuis Auguste, c’est-à-dire avant la naissance du Christ. Au
contraire, à partir du règne de Commode, et surtout de celui de Septime
Sévère, les rapports entre les deux cultes sont évidents ; ils rayonnent,
pour ainsi dire, l’un sur l’autre. Une période nouvelle tome mente alors pour
la religion romaine pendant laquelle, volontairement ou non, elle subit
l’action du Christianisme.
La première de ces deux époques, celle qui a précédé cette
influence directe et puissante dont je viens de parler, forme un ensemble
complet et peut être étudiée isolément. Je n’ai pas besoin de montrer qu’il
est très important de la connaître : il s’agit de savoir en présence de
quelles croyances le Christianisme naissant s’est rencontré, qu’était
véritablement ce culte qu’il avait à vaincre, et quelles facilités ou quelles
résistances il a trouvées dans l’état religieux et moral du monde romain au
ne siècle. Malheureusement, ce qui fait l’intérêt de ce sujet en fait aussi
le danger. Ces questions qui touchent de près ou de loin à l’histoire religieuse
sont toujours délicates à traiter, et il est rare qu’on les aborde avec une
entière liberté d’esprit. Dans celle qui va nous occuper, les préjugés ont
été si forts, qu’on a vu des historiens, suivant l’opinion à laquelle ils
appartenaient, tirer avec la meilleure foi du monde des mêmes documents des
conclusions tout d fait contraires. Les uns énumèrent avec complaisance tous
les crimes dont les écrivains de l’antiquité nous ont conservé le récit et en
viennent à nier entièrement les vertus de la société païenne, oubliant que
les Pères de l’Église en ont plus d’une fois rendu témoignage[8]. Les autres,
s’obstinant à ne voir que les grands principes proclamés par les philosophes,
sans chercher s’ils ont été appliqués, font de ce siècle des tableaux si séduisants
et mettent la sagesse ancienne si haut, que la révolution chrétienne devient
inutile, ou plutôt qu’il n’y a plus de révolution chrétienne, et que la
religion nouvelle se trouve être une sorte de continuation naturelle des
religions et des philosophies antiques. Ce sont là des exagérations
auxquelles le bon sens résiste et que l’histoire dément ; je puis promettre
qu’on ne les retrouvera pas dans cet ouvrage. Je n’y cherche que la vérité.
Ma seule préoccupation est de réunir le plus de faits possible, de les
transcrire sans les altérer, de leur conserver leur caractère et leur couleur
véritables, afin que chacun, en me lisant, puisse se former à lui-même sa
conviction.
On ne peut pas dire d’une manière absolue que le sujet de
ce travail soit nouveau. S’il a rarement été traité à part et avec les
développements que je lui donne, on l’a plus d’une fois abordé à propos
d’autres études. En France, des écrivains de talent y ont touché en racontant
l’histoire générale de ce temps[9], ou celle des
origines du Christianisme[10]. On s’apercevra
que je les ai lus avec soin et que j’ai profité de leurs recherches. Je me
suis aussi beaucoup servi des travaux savants de l’Allemagne, surtout de la Mythologie romaine de Preller[11], du Manuel
des antiquités de Becker, continué par M. Marquardt[12], de l’Histoire de la philosophie grecque de
M. Zeller[13]
et du Tableau des mœurs romaines de M. Friedlænder[14].
Je ne me suis pas contenté de dépouiller avec soin les
auteurs anciens ; on l’a fait si souvent avant moi que je ne pouvais guère
espérer y découvrir des faits inconnus. J’ai voulu aussi recueillir dans les
inscriptions les renseignements nouveaux qu’elles peuvent contenir et dont
quelques-uns n’avaient pas été encore mis à profit. Je les dois soit à la
grande collection des Inscriptions latines publiée par l’Académie de Berlin[15], soit au Recueil
d’Orelli, corrigé et achevé par M. Henzen[16], soit enfin aux
inscriptions du royaume de Naples de M. Mommsen[17], et à celles de
l’Algérie de M. Léon Renier[18]. Je tiens à
témoigner d’abord toute ma reconnaissance pour ces savants dont les ouvrages
nous rendent les recherches si faciles. J’ai cherché à ne faire des
renseignements que j’ai trouvés chez eux qu’un usage légitime ; si, malgré
tous mes soins, il m’est échappé des erreurs dans l’appréciation des faits ou
dans l’interprétation des textes, je remercie d’avance ceux qui, en me les
signalant, me permettront de les corriger.
Avant de finir, j’éprouve le besoin de rappeler encore une
fois dans quel esprit ce livre a été composé. Il n’a pas été entrepris avec
une idée préconçue ; j’ai fait tous mes efforts pour me tenir autant en garde
contre cette paresse d’esprit qui nous attache trop aux opinions revues que
contre la séduction qu’exercent sur nous les opinions nouvelles. Rien n’est
plus loin de ma pensée que d’écrire une œuvre de polémique : les ouvrages de
ce genre sont en général stériles ; ils ne font qu’enraciner chacun dans ses
préjugés et n’ont d’autre résultat que de rendre plus profondes encore les
divisions qui nous séparent. Il me semble au contraire qu’en traitant les
questions avec le calme et l’impartialité qui conviennent à la science, on a
plus de chance de s’entendre. C’est à mon sens un succès médiocre pour un
auteur que son livre devienne une arme de guerre dans la main des partis qui
se combattent ; ce qu’il doit plutôt désirer, ce que je souhaite avec passion
pour celui que je donne en ce moment au public, c’est de lui voir produire,
suivant la belle expression de M. de Rossi, des
fruits de paix et de vérité.
Novembre 1874.
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