LA GRANDE CHARTE D’ANGLETERRE

OU L'ÉTABLISSEMENT DU RÉGIME CONSTITUTIONNEL EN ANGLETERRE

 

PAR M. CAMILLE ROUSSET

OUTRAGE REVU  PAR M. GUIZOT

PARIS - HACHETTE ET Cie - 1853

 

 

AVERTISSEMENT.

CHAPITRE PREMIER. — Origines de la Grande Charte.

CHAPITRE II. — Commencements de Jean sans Terre.

CHAPITRE III. — Parabole du roi Richard contre les ingrats.

CHAPITRE IV. — Jean, roi d'Angleterre.

CHAPITRE V. — Affaires ecclésiastiques.

CHAPITRE VI. — Violences de Jean contre les barons.

CHAPITRE VII. — Impiété de Jean sans Terre.

CHAPITRE VIII. — Destruction de la flotte française.

CHAPITRE IX. — Triomphe des barons.

CHAPITRE X. — Guerre d'extermination.

CHAPITRE XI. — Couronnement de Henri III.

CHAPITRE XII. — Confirmation des chartes.

CHAPITRE XIII. — Édouard Ier.

ÉPILOGUE.

 

AVERTISSEMENT.

 

Dans son cours sur l'Histoire des origines du gouvernement représentatif, M. Guizot a consacré quatre leçons à l'exposition des origines et de l'établissement des chartes anglaises. Nous avons essayé de reproduire ici le drame historique dont ces leçons sont le commentaire politique et philosophique. Nous apportons les faits, avec leurs détails, comme preuves justificatives à l'appui des idées.

Nous nous sommes en même temps appliqué à conserver la physionomie particulière du XIIIe siècle, avec ses luttes politiques et religieuses, ses rivalités nationales, sa foi chevaleresque et ses légendes, ses opinions mêmes et ses passions. Jean sans Terre n'est sans doute pas le type de cet âge héroïque ; bien loin de là : mais c'est précisément le contraste de son scepticisme et de sa lâcheté avec l'esprit et les sentiments de ses contemporains, qu'il nous a paru utile et intéressant de faire ressortir, en ne négligeant aucun des incidents, même vulgaires, qui peuvent donner plus de relief au portrait d'un prince dont les folies et les vices, dit un éminent historien, M. Macaulay, ont été le salut de l'Angleterre.

Nous avons donc beaucoup emprunté aux chroniqueurs, surtout au plus riche et au plus libéral d'entre eux, Matthieu Pâris. Quoi que l'on pense de son exactitude et de sa critique, c'est toujours à lui qu'il faut revenir, quand on agite autre chose que des questions de dates, quand on veut voir agir, parler et se mouvoir les hommes du XIIIe siècle. Le moine de Saint-Albans n'est ni un érudit ni un philosophe ; mais c'est une âme intelligente et honnête, pénétrée de l'esprit du droit et de la justice, et qui porte, dans le récit des événements, une sûreté d'appréciation, une indépendance de vues, souvent même un élan dont l'audace nous a plus d'une fois étonné et touché.

Il y a de Matthieu Pâris une remarquable traduction, faite par M. Huillard-Bréholles, sous les auspices de M. le duc de Luynes. Bien que nous nous soyons toujours imposé la tâche de traduire nous-même, c'est pour nous un devoir de dire que, surtout dans nos études préparatoires, le travail de M. Huillard-Bréholles nous a été d'un utile secours.