Confirmation des chartes. — Henri III, devenu majeur, les annule. — Chute de Hubert de Burgh. — L'Angleterre livrée aux étrangers. — Insurrection des barons. — Chute de Pierre des Roches. — Mariage de Henri III. — Influence des Provençaux. — Nouvelle confirmation des chartes. — Tentative de révolution. — Le comte de Leicester. — Origine du parlement. — Provisions d'Oxford. — Arbitrage de saint Louis. — Mort de Henri III. L'exemple fait sur Falcaise, le plus détesté des routiers, cet éclatant châtiment d'un étranger et d'un pillard, ne fut ni offert à la nation anglaise ni accepté par elle comme une légitime satisfaction ; ce fut, avant tout, la péripétie longtemps attendue, sinon le dénouement d'une grande intrigue politique, le triomphe de Hubert de Burgh sur Pierre des Roches. Mais, comme le vainqueur n'inspirait pas aux défenseurs des libertés publiques moins de défiance que le vaincu, comme son énergie et son habileté le rendaient même à leurs yeux plus redoutable que son rival, ils ne songèrent pas à se réjouir, mais à rallier leurs forces pour une lutte prochaine. Déjà, l'année précédente, en 1223, arraché par le danger commun aux affaires religieuses dans lesquelles il s'était constamment renfermé depuis qu'il avait repris le gouvernement de son Église, Étienne Langton était venu, à la tête des barons, réclamer de Henri III une nouvelle confirmation des chartes qu'il avait juré d'observer et de faire observer par tout le monde : Les libertés que vous demandez, s'était écrié Guillaume Briwere, l'un des conseillers de la régence, on ne les doit pas observer en bonne justice ; elles ont été extorquées par force. Mais l'archevêque, indigné, lui avait vivement répondu : Guillaume, si vous aimiez le roi, vous ne mettriez pas obstacle à la paix du royaume. Enfin, pour calmer cette émotion, le roi avait mis fin au débat, en disant : Nous avons juré toutes ces libertés, et nous sommes tous tenus d'observer ce que nous avons juré. Mais il parait que, malgré ces belles promesses, l'influence du conseil avait encore prévalu, si bien que, dans l'enquête que le roi fit faire, par douze chevaliers, dans chaque comté d'Angleterre, il ne fut question que des libertés en usage sous le règne de Henri II, selon les uns, de Jean sans Terre, selon d'autres, avant les querelles du roi et des barons, c'est-à-dire à une époque où il n'y avait pas de libertés clairement et solennellement écrites. Cependant, deux ans après, comme le trésor était vide et qu'il fallait à tout prix le remplir, le roi et ses ministres, après avoir tenté d'effrayer les barons par l'épouvantail d'une invasion française, les trouvant incrédules, s'humilièrent jusqu'à leur vendre, au prix d'en subside sur tous les biens meubles, une solennelle confirmation des chartes. Malheureusement Henri, quoiqu'il ne fût ni aussi lâche ni aussi perfide que son père, avait les mêmes conseillers et les mêmes maximes de gouvernement : plier à l'occasion, baisser ou relever la tête selon les circonstances, et faire beaucoup de promesses, même beaucoup de serments, sans se mettre en peine de les, tenir. A peine eut-il atteint sa majorité, qu'en présence des barons réunis à Oxford il révoqua et biffa les chartes, sous prétexte qu'elles avaient été accordées et signées lorsqu'il n'était encore en possession ni de son corps ni de son sceau. L'émotion fût grande ; Pierre des hoches, devenu libéral par ambition, se joignit aux sincères amis des libertés publiques, pour attaquer le véritable auteur de cet attentat, Hubert de Burgh. La lette fut longue, acharnée ; mais enfin le coupable succomba. Convaincu d'avoir détourné à son profit les sommes énormes qu'il extorquait au nom du roi, Hubert tomba de la plus haute faveur dans la plus profonde disgrâce. Telle était la haine qu'il avait excitée dans Londres, que vingt mille hommes en sortirent un matin avec armes et bannières pour l'arracher du prieuré de Merton, où il s'était réfugié. Heureusement pour lui, le comte de Chester fit entendre au roi combien il était imprudent de soulever une populace insolente, qu'un premier succès enivre et à laquelle nul pouvoir humain ne peut dire, comme Dieu a dit à la mer : Tu n'iras pas plus loin. Ainsi la plèbe n'eut pas sa victime, au grand dépit de Pierre des Roches, qui sut bientôt rallumer la colère du roi. Comptant sur le délai qu'on lui avait accordé pour préparer sa défense, et muni d'un sauf-conduit qu'il croyait inviolable, Hubert de Burgh s'en allait à Saint-Edmundsbury voir sa femme et implorer dans ses tribulations. l'assistance du glorieux martyr. Une nuit qu'il était couché dans une maison qui appartenait à l'évêque de Norwich, il entendit un grand bruit de chevaux. C'étaient trais cents hommes d'armes que Godefroi de Cracumbe amenait, par ordre du roi, pour le prendre et l'enfermer dans la Tour de Londres. A peine avait-il eu le temps de se jeter presque nu dans l'église prochaine, tenant la croix d'une main et de l'autre une hostie consacrée, que ses persécuteurs l'assaillirent, l'arrachèrent du saint asile et le lièrent étroitement avec des cordes, parce qu'il ne se trouva pas de forgeron pour lui mettre les fers ; puis ils le hissèrent sur un cheval en lui attachant les pieds, sous le ventre de sa monture, et l'entrainèrent à Londres. Et le roi, dit la chronique, qui avait veillé toute la nuit pour guetter leur arrivée, s'en alla dormir tout joyeux. Cependant l'évêque de Londres ayant menacé d'excommunier tous ceux qui avaient participé au sacrilège, Hubert fut reconduit le lendemain dans l'église dont les gens du roi avaient violé les saints privilèges ; mais les précautions les plus minutieuses furent prises pour qu'il ne pût s'évader, ni recevoir du dehors aucune espèce de secours ou d'aliments : un fossé profond et large, une ligne de palissades, au delà une troupe nombreuse, veillant jour et nuit ; c'était un vrai blocus. Après quarante jours de souffrances et de désespoir, le malheureux se rendit, déclarant qu'il aimait mieux se remettre à la merci du roi que mourir de faim. Dépouillé de ses biens, il fut condamné à garder prison dans le château de Devizes, jusqu'à ce qu'il lui fût permis d'entrer dans la milice du Temple. Mais, par un remarquable effet des retours de la fortune, on le vit, délivré par ces mêmes barons qui l'avaient combattu naguère et vaincu, rentrer en faveur auprès du roi et retomber encore une fois dans la disgrâce. L'évêque de Winchester, son ennemi, n'eut pas d'ailleurs à se réjouir longtemps de son triomphe. A peine avait-il recouvré le pouvoir que, jetant le masque, répudiant l'alliance des barons, les libertés nationales et la nation elle-même, il avait appelé comme au pillage tous les Poitevins ses compatriotes, race besogneuse et avide. C'était comme aux plus mauvais jours du roi Jean ; quand ou opposait à ces gens-là les lois de l'Angleterre : Nous n'avons point souci de vos lois, disaient-ils ; qu'avons-nous de commun avec les assises et les coutumes de ce pays-ci ? Il en vint jusqu'à deux mille à la fois, chevaliers et autres, à qui l'évêque et son neveu, Pierre d'Orival, nommé trésorier et gouverneur général des châteaux, livrèrent presque toutes les forteresses du royaume. L'insolence de ces étrangers et l'indignation des Anglais en étaient venues à ce point que le fils du fameux comte de Pembroke, Richard, comte-maréchal lui-même, fit entendre au roi, dont son père avait sauvé la couronne et protégé le jeune âge, de menaçantes paroles. Des avertissements sérieux descendirent aussi de la chaire
évangélique. Un dominicain, Robert Bacon, prêchant en présence du roi et de
quelques évêques, osa lui dire avec une sainte liberté qu'il ne jouirait
jamais d'une paix de longue durée, s'il n'éloignait de son conseil Pierre,
évêque de Winchester. Les applaudissements qui éclatèrent dans l'assemblée
frappèrent le roi ; et, comme il paraissait réfléchir, un clerc de la cour,
nommé Roger Bacon, prit hardiment la parole et lui dit : Monseigneur le roi, qu'est-ce que redoutent le plus les
navigateurs ? — Ceux-là seuls peuvent le
savoir, répondit le roi, qui font la marchandise sur mer. — Eh bien ! monseigneur, reprit le clerc, je vous le dirai ;
ce sont les pierres et les roches. Il faisait allusion an nom de
l'évêque, Pierre des Roches. En même temps les barons, sommés par trois fois de comparaître devant leur suzerain, le sommèrent à leur tour de chasser an plus tôt tous ces Poitevins, le menaçant, au nom de la nation tout entière, de le chasser lui-même s'il hésitait, et de procéder sur-le-champ à l'élection d'un nouveau roi. Mais Pierre des Roches lui persuadait que ses fidèles Poitevins auraient facilement raison de ces traîtres Anglais. La guerre civile éclata sur les confins du pays de Galles et dans le Cornouailles ; partout, malgré la belle assurance de leur chef, les étrangers eurent le dessous. Instruit par l'exemple de son père, Henri ne voulut pas braver les foudres de l'Église ni pousser à bout la patience et la fidélité de ses sujets : il ordonna à l'évêque de Winchester de retourner dans son diocèse, de s'occuper du soin des âmes et de ne plus se mêler à l'avenir des affaires publiques ; à Pierre d'Orival, de rendre ses comptes et de remettre les châteaux dont il avait la garde ; aux Poitevins, de vider le royaume et de ne plus reparaître devant ses yeux. Le comte-maréchal ne vit gras le triomphe de la cause nationale : il mourut de ses blessures après un combat héroïque contre les Irlandais, soulevés par les intrigues et les mensonges de Pierre des Bodies et de ses complices ; le peuple anglais le vénéra comme un martyr. La tranquillité paraissait rétablie ; mais le mariage de Henri avec Éléonore, fille du comte de Provence, attira sur sa tête de nouveaux orages. Les Provençaux prirent la place des Poitevins ; l'évêché le Winchester, qui semblait inféodé aux étrangers et aux favoris du roi, fut donné à Guillaume, oncle de la reine, puis à Aymar, fils du comte de la Marche et de la reine Isabelle, veuve de Jean sans Terre ; et cependant les moines de cette Église avaient obtenu du pape une bulle spéciale pour rétablir un Anglais sur leur siège épiscopal. Deux autres oncles de la reine Éléonore, Pierre et Boniface de Savoie, succédèrent à Guillaume dans la faveur royale, lorsque le mécontentement des barons força Henri de l'éloigner du royaume ; Boniface devint même archevêque de Cantorbéry. La licence des étrangers avait pour l'Angleterre un résultat plus funeste que le scandale et le pillage : elle ébranlait dans les âmes le sentiment du juste et de l'honnête. Matthieu Pâris raconte qu'il entendait des Anglais, même des plus illustres et qu'il aurait honte de nommer, se dire en jurant : Il y a maintenant plusieurs rois et tyrans en Angleterre ; eh bien ! il faut régner et tyranniser avec les autres. Au milieu de tous ces désordres, le roi manquait d'argent ; les exactions sur lei particuliers, les emprunts forcés sur les couvents, les moyens arbitraires ne suffisant plus, il fut contraint par deux fois, en 1237 et en 1253, de s'adresser encore aux barons et de payer leurs subsides par une nouvelle confirmation des chartes. Là dernière cérémonie se fit avec un grand appareil. Comme le roi s'excusait des violences qu'il avait commises : Seigneur roi, lui dirent les évêques qui l'admonestaient, nous ne parlons plus du passé, mais nous parlons pour l'avenir. Puis tous les prélats, revêtus de leurs habits pontificaux et tenant des cierges allumés, prononcèrent solennellement l'anathème contre quiconque violerait les chartes royales, et, quand ils l'eurent prononcé, ils jetèrent les cierges éteints et fumants, en s'écriant : Qu'ainsi soient éteintes et fumantes dans l'enfer les âmes de ceux qui encourront Cette sentence. Lorsqu'on avait offert un cierge au roi, il l'avait refusé humblement : Il ne convient pas, avait-il dit, que je tienne ainsi un cierge, car je ne suis pas prêtre ; et mettant la main sur sa poitrine : Le cœur, avait-il ajouté, fournit un plus sûr témoignage. Après avoir écouté d'un air joyeux et serein la lecture des chartes, il y fit apposer le sceau royal et prêta le serment qui suit : Ainsi que Dieu me soit en aide ! J'observerai fidèlement tous les articles de ces chartes dans leur intégrité, aussi vrai que je suis un homme, un chrétien, un chevalier, un roi couronné et sacré. Quelques mois après, Henri s'était parjuré, et l'Angleterre tombait dans une crise plus longue et plus terrible qu'aucune de celles qu'elle eût encore traversées. Mais de ce laborieux et fécond enfantement sortit une institution vigoureuse, sœur puinée de la Grande Charte, sans laquelle toutefois la charte, perpétuellement renouvelée et violée, aurait fini par s'abîmer sous le poids des serments trahis, entre le désespoir des peuples et la malédiction des rois. A la place du grand conseil des barons, représentant des intérêts féodaux, on vit apparaître la vraie représentation nationale, le Parlement. Raconter dans ses détails la lutte dramatique qui fut le berceau de cette grande assemblée, ce serait entreprendre une œuvre intéressante à coup sûr, mais distincte, au fond et par le fait, de l'histoire des chartes. Cette distinction devient évidente si l'on compare entre eux les chefs de la féodalité anglaise sous le roi Jean et sous Henri III, leur caractère, leurs allures et les actes qui furent le résultat de leurs desseins. Sous le roi Jean, les barons qui lui arrachèrent la Grande Charte n'eurent point d'autre but que de faire constater, reconnaître et consacrer comme des droits les libertés publiques ; tout au plus essayèrent-ils d'organiser, pour se donner des garanties, la résistance légale. Sous Henri III, les conditions mêmes du gouvernement furent changées : non-seulement l'autorité royale fut contenue dans de plus étroites limites et la royauté n'eut plus entre les mains tout le pouvoir ; mais l'ambition des chefs de la révolte les poussa hors de toute mesure, et les intérêts légitimes de la nation se trouvèrent étrangement compromis par ceux-là mêmes qui s'en étaient portés les défenseurs. Ils tentèrent de confisquer le pouvoir pour eux seuls, tentative détestable, bien digne de cette assemblée que les vieux historiens ont flétrie du nom de mad parliament, parlement insensé, et qui, si elle avait réussi, aurait substitué pour l'Angleterre au despotisme monarchique le despotisme d'une oligarchie. Étienne Langton et Guillaume de Pembroke, pour n'en citer pas d'autres, furent de grands citoyens ; quand ils eurent ensemble négocié la Grande Charte, l'un retourna paisiblement à son église, l'autre défendit la dynastie nationale, et, lorsqu'il eut consolidé le trône, il n'usa de sa victorieuse influence que pour rapprocher le roi de son peuple, aussi soucieux d'assurer les nouveaux droits de la nation que de maintenir la prérogative royale. Que dire du comte de Leicester, sinon que ce fut un grand et hardi factieux, un usurpateur sous le masque d'un ami de la liberté ? Étranger à l'Angleterre, fils de ce fameux comte de Montfort, qui fit avec tant d'acharnement la guerre aux albigeois, frère d'un connétable de France, la fortune lui fit tomber entre les mains, dans l'héritage de sa mère Amicia, le comté de Leicester, et lui donna pour femme la sœur du roi Henri. Mardi, entreprenant et résolu devant un prince faible, timide et incertain, il convoita la couronne, et, pour l'obtenir, il se fit le chef de tous les mécontents, l'énergique champion de la noblesse, du clergé et du peuple. Sa popularité fut éclatante jusqu'au jour où, se croyant maitre du succès, il manifesta ses desseins ; mais, quand on le vit lui-même fouler aux pieds les chartes avec l'autorité royale, dépouiller et humilier les barons, affecter la tyrannie, alors les mêmes mains qui avaient élevé et soutenu jusque-là son pouvoir illégitime se retirèrent, et il tomba, mais il tomba sur un champ de bataille, fièrement et glorieusement, comme il avait vécu. Son nom, moins pur et moins honoré que ceux de Langton et de Pembroke, a mérité pourtant de rester dans la mémoire des Anglais ; car, si les uns ont posé les premières assises des libertés publiques, Leicester a fondé, volontairement ou non, à son profit ou au profit de la nation, le gouvernement représentatif. Quant aux chartes proprement dites, elles disparaissent dans ce grand conflit d'ambitions personnelles ; cependant il est dit, dans les fameux règlements connus sous le nom de Provisions d'Oxford, qu'elles seront confirmées. Elles le furent en effet en 1264, lorsque Henri III voulut obtenir des barons la liberté de son fils Édouard, qu'ils retenaient comme otage. Cette fois les rôles étaient changés ; on peut croire que le roi, éclairé par le danger, fut sincère dans ses promesses, tandis que les barons, subissant l'influence de Leicester, portaient bien au delà des chartes leurs vues et leurs espérances. Ce qui le prouve, c'est leur attitude respective dans une circonstance solennelle qui appartient aux plus glorieux et aux plus chers souvenirs de notre histoire nationale. La France avait alors un grand roi, un saint roi, Louis IX, dont la sagesse et l'équité avaient un tel renom que Henri III et sa noblesse résolurent de le prendre pour arbitre, magnifique hommage rendu à son intelligence et à ses vertus. Saint Louis tint donc sa cour à Amiens, au milieu d'une foule attentive et étonnée devant ce roi de France jugeant pacifiquement la cause d'un roi d'Angleterre. Henri était venu en personne ; mais Leicester, prétextant une maladie, s'était fait représenter par des procureurs. Quand de part et d'autre on eut produit tous les arguments, Louis, après avoir pris l'avis de son conseil, prononça un jugement par lequel il annulait les Provisions d'Oxford comme préjudiciables à la fois aux droits de la couronne et aux intérêts de la nation, prescrivait la restitution des châteaux royaux, et rendait à Henri le droit de nommer lui-même ses conseillers et officiers ; mais, en même temps, soigneux des droits du peuple anglais, il maintenait formellement tous les anciens privilèges, chartes et libertés de l'Angleterre. L'histoire a confirmé ce jugement mémorable ; mais jamais la voix de la raison a-t-elle pu se faire écouter dans les temps de trouble et de révolte ? Malgré leur serment, les barons refusèrent de se soumettre avant même que Louis IX eût achevé d'exercer sa médiation, le parti qui voulait pousser les choses à l'extrême avait repris le dessus. Sans égard pour le prince dont ils avaient eux-mêmes accepté l'arbitrage, sans prendre le temps d'examiner la sentence qu'il venait à peine de rendre, Leicester et ses partisans déclarèrent qu'elle était, au premier aperçu, contraire à la vérité et à la justice ; ils osèrent même accuser le roi de France d'avoir cédé aux suggestions de la reine, sa femme, sœur de Henri III. Aussitôt ils reprirent les armes, et leurs passions, à regret contenues, précipitèrent la guerre civile. Après bien des vicissitudes, ils succombèrent ; cependant il faut dire à l'honneur de Henri qu'il n'abusa, pas de sa victoire, et qu'un de ses premiers soins fut de confirmer librement et volontairement les chartes, en 1267. Cinq ans après, il mourut, mauvais roi d'abord et justement décrié, puis enfin terminant son règne avec une sérénité calme et par un acte de légitime réparation ; mais il avait subi les enseignements de la mauvaise fortune et l'influence de saint Louis. |