PARIS — G. MARPON ET E. FLAMMARION — 1880
PRÉFACE.CHAPITRE PREMIER. — LOUIS-PHILIPPE ET SON RÈGNE.Apparence de vitalité qu'offrait le gouvernement de juillet, à la veille de la Révolution de février. — Sa chute comparée à celle du gouvernement de la Restauration. — Louis-Philippe. — Ses fortunes diverses. — Influence qu'elles eurent sur ses idées et sur son caractère. — Son amour-propre traditionnel. — Importance qu'il attachait aux choses d'étiquette. — Ses qualités privées. — Louis-Philippe, prince. — Son éducation. — Sa carrière militaire. — Sa vie pendant l'émigration. — Son attitude politique après 1815. — Rôle historique de la maison d'Orléans. — Louis-Philippe, roi. — Les fautes de son règne. — La cupidité devenue vertu publique. — Saint-Leu. — Blaye. — Quel rôle aurait pu jouer Louis-Philippe-après 1830. — Son intervention active et continue dans le gouvernement. — Incompatibilité du principe électif et du principe héréditaire. — Mouvement des esprits dans les classes populaires sous le gouvernement de Louis-Philippe. — Goritz et Claremont.CHAPITRE DEUXIÈME. — LE PEUPLE AUX TUILERIES.Symptômes précurseurs de la Révolution de février. — Les banquets de Dijon et de Lille. — Discours qui y furent prononcés. — La corruption, mot du moment. — Le banquet du 12e arrondissement. — Absence des convives. — MM. Odilon-Barrot et Thiers, d'Aragon et d'Alton-Shee. — La fille de Labbey de Pompières. — Confiance de Louis-Philippe. — Soulèvement populaire. — Fuite du roi et de la famille royale. — Prise de possession des Tuileries parle Peuple. — Aspects divers du drame révolutionnaire. — Générosité des combattants — Lord et lady Normanby aux Tuileries ; hommage rendu au peuple, alors ; oublié, depuis. — Dès le 24 février, les Tuileries gardées par des hommes en haillons. — Une anecdote apocryphe. — Justice sommaire. — Idée touchante. — Lis trésors des Tuileries sont remis intacts au garde-meuble. — Erreur volontaire de lord Normanby au sujet de la fuite de Louis-Philippe.CHAPITRE TROISIÈME. — ÉTABLISSEMENT DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE.Prépondérance du parti républicain, à Paris, au moment où éclata la Révolution. — Aveuglement de Louis-Philippe à cet égard. — Mot de M. Dupin. — Le National et la Réforme, organes de l'opinion démocratique. — Leurs tendances respectives. — Personnel de la Réforme ; son programme politique et social. — De la prétendue doctrine de l'anarchie inventée depuis. — Force qu'avait enlevée à' l'idée révolutionnaire la mort de Godefroy Cavaignac. — Entente pour l'action entre les deux journaux républicains. — Liste des membres du Gouvernement provisoire arrêtée par eux et sanctionnée par l'acclamation populaire. — La composition mixte de cette liste fut une nécessité du moment. — Adjonction d'Albert demandée par le peuple. — Impuissance radicale de la Chambre — Lord Normanby démenti par le Moniteur. — Étrange illusion de M. de Lamartine. — Aspect de l'Hôtel-de-Ville, le 24 février. — Assemblée populaire dans la salle Saint-Jean. — Déclaration de principes faite devant cette assemblée par chacun des membres du Gouvernement provisoire. — Le Gouvernement provisoire en séance. — Attitude de la portion parlementaire. — La validité des choix faits ailleurs qu'au Palais-Bourbon est un instant contestée. — Question des secrétaires. — Atticisme de lord Normanby.CHAPITRE QUATRIÈME. — LA RÉPUBLIQUE PROCLAMÉE.La République discutée au sein du Gouvernement provisoire. — Opinions produites pour et contre la proclamation immédiate. — Compromis présenté par M. de Lamartine. — Équivoque de la rédaction. — Amendement introduit par la minorité. — Des délégués du peuple viennent assister à la délibération du Conseil. — Proclamation de la République sur la place de l'Hôtel-de-Ville. — Enthousiasme populaire. — Le manifeste envoyé au Moniteur est de nouveau amendé sur l'épreuve. — Organisation des services publics. — M. de Lamartine désigné par lord Normanby comme président du Gouvernement provisoire. — Influence que le diplomate anglais lui attribue en raison de ce titre, qui appartint constamment à Dupont (de l'Eure). — Décrets rendus pendant la nuit du 24 au 25 février. — Premier repas des dictateurs. — Promenade nocturne à travers les barricades. — Déférence du peuple armé pour les membres du Gouvernement provisoire.CHAPITRE CINQUIÈME. — LA RÉPUBLIQUE UNIVERSELLEMENT RECONNUE.Elan de sympathie qui accueillit partout en France la Révolution de février. — Députations et adresses de toutes les classes de la population au Gouvernement provisoire. — Mandement de l'archevêque de Paris — Déclaration de l'Univers religieux. — Adhésions spontanées du Conseil d'État, de l'Université, de la Cour des comptes, de la Cour de cassation, des chefs de l'armée, etc. — Offres de services du maréchal Bugeaud et du général Changarnier. — M. de la Rochejacquelein au Luxembourg. — Circulaire électorale de M. de Montalembert. — Témoignage d'admiration de M. de Falloux pour le peuple de Paris. — Lettre de Louis Bonaparte au Gouvernement provisoire. — Obsèques des morts de Février. — Caractère imposant de cette cérémonie. — Récit du Moniteur. — Le prétendu gouvernement de surprise acclamé librement par tous les partis. — La République préS2ntée comme impossible en France. — Fausseté de cette assertion au point de vue historique et philosophique. — Parallèle entre l'esprit anglais et l'esprit français.CHAPITRE SIXIÈME. — CARACTÈRE GÉNÉREUX DE LA RÉVOLUTION DE FÉVRIER.Terreurs imaginaires de Louis-Philippe. — Des commissaires sont envoyés au Havre pour veiller à sa sûreté. — La duchesse de Montpensier et le duo de Nemours, restés dans Paris, le quittent sans avoir été inquiétés. — Fausse nouvelle de l'arrestation de la duchesse d'Orléans. — Un seul membre du Gouvernement provisoire demande le maintien de cette arrestation, si la nouvelle se confirme. — Décret abolissant la peine de mort en matière politique. — Circonstances dans lesquelles ce décret fut rendu. — Le drapeau rouge demandé par ceux-là mêmes qui avaient le plus contribué au renversement de l'échafaud politique. — Pourquoi les démocrates voulaient le drapeau rouge. — Maintien du drapeau tricolore par la majorité du Gouvernement provisoire. — La rosette rouge est adoptée comme signe de ralliement. — Étranges hallucinations de M. de Lamartine. — Son discours au peuple ameuté sur la place de Hôtel-de-Ville. — Erreur historique. — Les vrais sauveurs de l'ordre.CHAPITRE SEPTIÈME. — LE DROIT AU TRAVAIL.Sommation populaire faite au Gouvernement provisoire. — L'ouvrier Marche. — Décret reconnaissant le droit au travail. — Fausse interprétation donnée à ce décret. — Sa défense par l'économiste anglais John Stuart Mill. — Le principe et l'application. — Journée du 28 février. — Députation envoyée au Gouvernement provisoire pour demander la création d'un ministère du Travail. — J'appuie cette demande au sein du Conseil. — Opposition véhémente de M. de Lamartine. — J'offre ma démission : elle est repoussée. — Le Conseil institue, comme moyen terme, la Commission de gouvernement pour les travailleurs. — Motifs qui me firent accepter la présidence de cette Commission.CHAPITRE HUITIÈME. — LE LUXEMBOURG - LE SOCIALISME EN THÉORIE.Une visite au duc Decazes. — Les ouvriers sur les sièges des pairs de France. — Albert ; ses antécédents, son attitude au sein du Conseil, son abnégation et son dévouement. — Mes pressentiments en entrant au Luxembourg. — État précaire de l'industrie et de la production en France lors do la chute de Louis-Philippe. — Manufacturiers demandant eux-mêmes une enquête sur la question du travail. — La révolution de 1848 et la crise industrielle. — Travail socialiste antérieur à cette révolution et ignoré des hommes d'État de la monarchie. — Installation de la Commission de gouvernement pour les travailleurs. — Proclamation aux ouvriers. — Doctrines présentées comme but ultérieur ; mesures transitoires. — Le travail attrayant. — Exemple des effets qu'il est permis d'en attendre. — La colonie de Petit-Bourg. — L'égalité relative : autre exemple. — Définition de la liberté sociale par M. Thiers. — Conclusion à en tirer. — Émancipation du travail préparée par une intervention de l'État. — Solidarité entre les ateliers d'une même industrie, d'abord ; entre tontes les industries ensuite. — Projet de loi sur ces bases, présenté par la Commission du Luxembourg. — Opinion de M. John Stuart Mill.CHAPITRE NEUVIÈME. — LE LUXEMBOURG - LE SOCIALISME EN PRATIQUE.Première séance de la Commission de gouvernement pour les travailleurs. — Organisation immédiate de la représentation de la classe ouvrière. — Demande, par les délégués, de la réduction des heures de travail et de l'abolition du marchandage. — Objections faites à la réalisation immédiate de cette demande. — Intervention de M. François Arago. — Efficacité de ses paroles. — Assemblée de3 patrons et des ouvriers. — Mesures arrêtées dans cette assemblée. — Composition définitive de la Commission. — Principes généraux adoptés par elle. — Ouverture du parlement du travail. — Discours d'inauguration. — Ce qu'étaient les délégués du Luxembourg. — Leur touchante sollicitude pour Albert et pour moi. — Projet de création de cités ouvrières, etc. — Défaut de moyens d'exécution. — Complot pour faire avorter les efforts de la Commission, révélé, depuis, par M. Emile Thomas. — Décrets rendus successivement, a, la demande de la Commission : pour l'institution de bureaux officiels rapprochant l'offre et la demande de travail ; pour la résiliation des marchés affermant le travail des prisons ; contre l'expulsion des ouvriers étrangers, etc. — Arbitrage de la Commission réclamé parles patrons et les ouvriers. — Grèves arrêtées, différends conciliés, questions do salaire résolues.CHAPITRE DIXIÈME. — ASSOCIATIONS COOPÉRATIVES ÉTABLIES PAR LE LUXEMBOURG.Le délégué Bérard. — Association des ouvriers tailleurs. — Le Gouvernement lui accorde la fourniture de cent mille tuniques pour la Garde nationale. — La prison de Clichy transformée en Atelier. — Statuts et règlement de l'Association. — Résultats obtenus. — Désintéressement des associés. — Secours en travail donnés par eux à des ouvrières de divers corps d'état. —Associations des ouvriers selliers. — La confection d'une partie des selles militaires leur est adjugée par le Gouvernement. — Opposition du général Oudinot à cette mesure. — Associations des fileurs, des passementiers, etc., etc. — Efforts de la réaction pour empêcher qu'elles ne se consolident. — Opinion de M. William Conningham sur le système coopératif. — Les associations ouvrières à l'Exposition de l'industrie. — Manœuvres et persécutions dirigées contre elles. — L'union des associations se fonde, sur les bases indiquées par le Nouveau Monde. — M. Delbrouck, son organisateur, traduit en justice et condamné. —Associations aujourd'hui survivantes.CHAPITRE ONZIÈME. — ATELIERS NATIONAUX DE M. MARIE, ÉTABLIS CONTRE LE LUXEMBOURG.Persistance de la calomnie à. mon égard. —Décret du Gouvernement provisoire qui charge M. Marie, ministre des travaux publics, d'organiser les Ateliers nationaux. — Le nom et la chose. — M. Marie, adversaire déclaré du socialisme. — Décret constitutif des ateliers nationaux, signé de lui seul. — Par qui et sous quelle inspiration fut rédigé ce décret. — M. Emile Thomas, inconnu de moi et opposé à mes idées, est nommé directeur des Ateliers. — Preuve qu'il était chargé d'agir contre moi, résultant de ses dépositions devant la Commission d'enquête. — Déposition de M. François Arago. — Opposition complète entre le régime industriel exposé dans l'Organisation du Travail et le système établi dans les Ateliers nationaux. — Persécutions incessantes contre les délégués du Luxembourg et les associations fondées par eux. — Aveux de M. de Lamartine. — L'opinion publique trompée par les contre-révolutionnaires.CHAPITRE DOUZIÈME. — POLITIQUE EXTÉRIEURE DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE.Principe de l'intervention en faveur des peuples opprimés. — Comment l'entendaient la Convention et les Montagnards. — Article de la Constitution de 1793 consacrant ce principe. — Le manifeste à l'Europe, de M. de Lamartine. — Attitude de la République vis-à-vis les gouvernements étrangers. — Rôle historique de l'Angleterre en fait d'intervention. — Contradictions de lord Brougham. — Paragraphe du manifeste relatif aux traités de 1815. — Amendement introduit par la minorité du Conseil. — Indiscrétion de lord Normanby. — Le manifeste attaqué, à la fois, par les deux opinions extrêmes. — Que commandait la situation ? — Italia fara da se. — Protestation du gouvernement sarde contre la présence d'un corps d'armée français au pied des Alpes. — Lettre de Mazzini à M. Jules Bastide, repoussant l'intervention. — Ressources militaires de la France, le 24 février. — Conseil de généraux opposé à toute guerre immédiate. — Déclaration analogue du Comité de défense. — 1792 et 1848. — La force de l'exemple. — Réveil des nationalités.CHAPITRE TREIZIÈME. — LA CRISE FINANCIÈRE.Le dernier budget de la monarchie. — Le déficit. — Encaisse existant dans les coffres de l'État le 24 février. — M. Goudchaux, ministre des finances. — Sa panique et sa démission. — Fausse interprétation donnée à sa retraite. — M. Garnier-Pagès lui succède. — M. Duclerc, sous-secrétaire d'État. — Création des comptoirs d'escompte. — Prêts sur dépôts par l'État. — Insuffisance de ces mesures. — Émeute de négociants pour demander la prorogation à trois mois de toutes les échéances. — Indulgence de lord Normanby pour ces agitateurs en habit noir. — Situation commerciale de Paris. — Conspiration des capitalistes et des riches pour paralyser le crédit public. — Dévouement et offrandes des classes populaires. — Les dépôts des caisses d'épargne convertis par Louis-Philippe en bons du trésor. — Affluence des demandes de remboursement. — Impossibilité d'y pourvoir. — Le ministre des finances fait décréter un emprunt de 100 millions. — Un mauvais vouloir systématique fait échouer la souscription. — Intensité de la crise. — M. Delamarre propose un impôt forcé sur les riches. — Plan financier proposé par le Luxembourg. — Théorie des banques. — Avantages d'une banque d'Etat. — Il était possible d'en créer une en 1848. — Moyens d'exécution. — Opposition de la routine. — Décret du 15 mars donnant cours forcé aux billets de banque. — Cet expédient ne sauve que la Banque de France. — Impôt des 45 centimes. — Discussion de cette mesure, au sein du Conseil. — Elle est adoptée et décrétée. — Ses désastreux effets. — Appela l'équité de l'histoire.CHAPITRE QUATORZIÈME. — LA RÉVOLUTION EN TRAVAIL.M. Crémieux, ministre de la justice. — Principaux actes de son administration. — Sa réserve quant aux réformes à opérer dans la magistrature. — Ses votes dans le Conseil. — Intérim du ministère de la guerre. — Création de la Garde nationale mobile. — M. Arago, ministre de la marine. — Sous l'inspiration de M. Schœlcher, il fait décréter l'émancipation des esclaves et abolir les peines corporelles dans le code maritime. — M. Carnot, ministre de l'instruction publique. — Avec l'aide de MM. J. Reynaud et Charton, il prépare un plan d'éducation universelle et gratuite. — Interprétation perfide donnée à sa circulaire aux instituteurs. — M. Ledru-Rollin, ministre de l'intérieur. — Odieuses injures de lord Normanby à son adresse. — Les membres du Gouvernement présentés par Sa Seigneurie comme des bravi. — Les commissaires de la République. — Choix du personnel. — Instructions du ministre. — Terreur factice de la réaction. — Sollicitude de. M. Ledru-Rollin pour les beaux-arts. — Préjugés des artistes contre les gouvernements démocratiques. — M. Charles Blanc, directeur des beaux-arts. — Décret organisant des représentations nationales gratuites. — La préfecture de police. — Aspect qu'elle présentait le lendemain de la Révolution. — M. Marc Caussidière. — Ses services administratifs. — Défiance de la majorité du Conseil à son égard. — M. Sobrier. — Son club armé ; armé par qui ? — Société centrale républicaine. — M. Blanqui. — Club de la Révolution. — M. Barbès : ses antécédents, son caractère. — Club des Amis du Peuple. — M. Raspail. — Essor de la presse, affranchie de l'impôt du timbre. — Liberté extrême laissée par le Gouvernement provisoire à l'expression de la pensée publique.CHAPITRE QUINZIÈME. — MANIFESTATION POPULAIRE DU 17 MARS.Que devait être le Gouvernement provisoire ? que devait-il oser ? — Raisons qui lui commandaient de prendre l'initiative des réformes et d'en poursuivre l'application. —Erreur politique commise parla majorité de ses membres. — Question de l'ajournement des élections, agitée dans la classe ouvrière. — Manifestation populaire annoncée. — Craintes qu'elle inspirait aux plus dévoués amis du peuple. — Mes efforts et ceux d'Albert pour la prévenir, en faisant décider la question qui devait en être l'objet. — La majorité du Conseil repousse nos propositions. — Nous prenons le parti de nous retirer. — Intervention de M. Ledru-Rollin. — La question reste en suspens. — Démonstration des compagnies d'élite de la garde nationale, supprimées par un décret. — Journée du 17 mars. — Les corporations sur la place de Grève. — Leur attitude imposante et calme. — Les délégués du Peuple à l'Hôtel-de-Ville. — Responsabilité que la manifestation faisait peser sur moi. — Mon discours aux délégués, pour demander que le Gouvernement soit laissé libre dans ses délibérations. — Discours de MM. Ledru-Rollin et Lamartine. — Les corporations se retirent dans un ordre parfait. |