HISTOIRE DES CLASSES PRIVILÉGIÉES DANS LES TEMPS ANCIENS

 

PAR LÉON DE GIVODAN

Chevalier et Juge d’Armes de l’Ordre de Malte, Directeur du Collège héraldique

PARIS. - 1861

 

 

PRÉFACE.

CHAPITRE I. — Les Hébreux, les Chaldéens et les Assyriens.

CHAPITRE II. — Les castes de l’Égypte.

CHAPITRE III. — L’Empire des Perses.

CHAPITRE IV. — Origines de l’aristocratie dans les États de la Grèce.

CHAPITRE V. — Les Révolutions de la Grèce.

CHAPITRE VI. — Les Macédoniens et l’empire d’Alexandre.

CHAPITRE VII. — Les Patriciens et les Plébéiens de Rome.

CHAPITRE VIII. — Le droit domestique à Rome.

CHAPITRE IX. — Organisation de la puissance romaine.

CHAPITRE X. — Le Sénat et les Chevaliers.

CHAPITRE XI. — Révolutions et Décadence de la République.

CHAPITRE XII. — De la Hiérarchie de l’Empire romain.

CHAPITRE XIII. — Les Peuples barbares.

CHAPITRE XIV. — Les Marques symboliques de la Noblesse et les noms de famille dans l’antiquité.

 

PRÉFACE

Nous avons entrepris d’écrire dans ce livre l’histoire des aristocraties du monde ancien, depuis les traditions les plus reculées de l’existence des sociétés jusqu’au grand bouleversement qui ruina l’empire romain et commença l’âge moderne. Notre but a été de suivre à travers tant de siècles ce grand fait de la présence constante dans les États anciens de classes aristocratiques et privilégiées, placées au-dessus des peuples comme les peuples étaient placés eux-mêmes au-dessus de ces milliers d’esclaves que possédait la moindre cité. Nous avons voulu faire connaître l’origine de ces classes et leur histoire, exposer les institutions qui ont fait leur puissance, étudier et apprécier les révolutions où elles ont péri.

Quand un fait apparaît dans l’histoire humaine qui domine ainsi l’existence des sociétés, une question se présente naturellement à l’esprit. Est-ce un fait de hasard, ou bien a-t-il une raison d’être plus élevée et plus morale ? Si la force, les chances de la fortune, le droit brutal de la guerre, l’abus d’une supériorité due ‘t la science, à l’habileté ou à la ruse, sont les seules causes qui ont donné naissance aux castes privilégiées de l’Orient et aux aristocraties de l’Occident, c’est un fait auquel il ne faut pas chercher d’autre explication que la part laissée dans le monde à la fatalité par la providence même du Créateur ; c’est un fait dont l’histoire ne peut pas nier l’importance, mais dont elle peut contester la légitimité. Si au contraire les peuples ne se sont pas soumis uniquement par aveuglement ou par impuissance à cette suprématie des classes d’élite, sorties de leur sein ou bientôt adoptées par eux, s’ils leur ont accordé des privilèges comme récompenses de services rendus, comme moyens d’en rendre de nouveau, et même comme un hommage de la faiblesse humaine à toute mission divine ; si enfin l’organisation sociale, née partout de ce fait répété, a contribué aux progrès de la civilisation, a conduit plus sûrement chaque peuple à sa destinée, non, ce n’est pas là un fait de hasard ; c’est plutôt, ce fut au moins longtemps la condition de l’existence des États et de leur développement.

L’humanité a eu besoin, plus longtemps qu’on ne l’avoue, de cette tutelle, dont toute chose qui naît et grandit ne peut être privée en ce monde sous peine de périr. Après la tutelle de Dieu, dont personne n’ose douter, et que les individus et les peuples invoquent également, à qui les hommes, au moins dans l’enfance des sociétés, pouvaient-ils mieux confier la conduite de leurs destinées qu’aux meilleurs d’entre eux ? C’est là que fut la légitimité des aristocraties. Nous ne prétendons pas que, dans les faits, les mats soient arrivés à cette perfection idéale des gouvernements. La perfection n’est pas de ce monde. Mais l’homme a été créé pour aspirer sans cesse à ce modèle divin, dont l’amour l’éloigne du mal et le rapproche du bien. Ainsi s’accomplit la civilisation. Si des castes de l’Orient aux aristocraties de l’Occident il y a eu progrès, si dans le monde, depuis son origine, la somme de bien s’est accrue, non pas malgré les classes privilégiées, mais grâce à leur concours, elles n’ont manqué ni aux desseins de la providence, ni à la confiance des peuples.

C’est assez de ce grand résultat pour justifier ce livre, s’il trouve des lecteurs, c’est-à-dire, comme le souhaité tout écrivain, des amis et des ennemis.