MŒURS ROMAINES — DU RÈGNE D'AUGUSTE A LA FIN DES ANTONINS

Par L. FRIEDLÆNDER

 Professeur à l'Université de Kœnigsberg

 

Traduction libre faite sur le texte de la deuxième édition allemande, avec des considérations générales et des remarques

Par CH. VOGEL

Membre de la Société d'économie politique de Paris, Membre correspondant de l'Académie royale des sciences de Lisbonne.

 

TABLE DES MATIÈRES

 

INTRODUCTION

Préface du traducteur. - Considérations générales du même. - Chronologie des empereurs romains.

LIVRE Ier. - LA VILLE DE ROME

CHAPITRE UNIQUE.

Grandeur et prestige de la Ville éternelle. - Influence de la Grèce sur la capitale de l'Italie et du monde romain. - Beaux-arts et architecture romaine. - Transformations de Rome. - Physionomie de la ville jusqu'à l'incendie de Néron. - Élévation des maisons. - Manque de rues spacieuses. - Bâtisses accolées aux maisons. - Étendue de Rome. - Places, promenades et constructions publiques. - Édifices et monuments. - Jardins et parcs. - Fontaines et châteaux d'eau. - Boutiques et magasins. - Affluence de nouvelles et de curiosités. - Exhibition de celles-ci. Grand concours d'étrangers. - Établissements d'instruction, de plaisir et d'agrément. - Population de Rome. - Ombres du tableau. - Cherté. - Agitation bruyante du jour et de la nuit. - Insécurité. - Usage des voitures. - Écroulements de maisons. - Incendies. - Tremblements de terre et inondations. - Disettes. - Insalubrité. - Épidémies.

LIVRE II. - LA COUR DES EMPEREURS

CHAPITRE Ier.

Influence de la cour sur la société romaine.

Caractère primitif de la cour impériale et transformation de celle-ci. - Influence de la personnalité des empereurs et des mœurs de la cour sur les habitudes et les formes sociales. - Exemples.

CHAPITRE II.

Les officiers, affranchis et esclaves de la cour impériale.

§ 1. Les principaux offices de la cour et de la maison des empereurs sont d'abord exclusivement confiés à des affranchis, puis en majeure partie conférés à des chevaliers. - Signification de ce changement. - La nouvelle pratique forme règle depuis Adrien. - Les empereurs continuent à choisir de préférence leurs grands camériers parmi les affranchis.

§ 2. Origine grecque ou orientale de la plupart des affranchis impériaux. - Grecs. - Syriens, Égyptiens. - Leurs antécédents. - Position des affranchis auprès dés empereurs du premier siècle et auprès de ceux du deuxième.

§ 3. Les affranchis viagèrement attachés au service de la cour. - Dangers de leur position. - Leur richesse et leur opulence. - Ils n'ont que de faibles distinctions extérieures. - Obséquiosité du sénat à leur égard. - Leurs alliances avec des familles nobles. - Leur orgueil.

§ 4. Des affranchis dans les emplois inférieurs de l'administration, ainsi que dans les trois plus hautes procurations de l'empire. - Le département des comptes, - Claude Etruscus. - Le département des pétitions et requêtes. - Polybe. - Le département de la correspondance. - Les grands camériers. - Hélicon. - Parthénius. - Les camériers de Commode. - Comédiens et danseurs de la cour. - Pages. - Affranchies. - Concubines. - Acté. - Cénide. - Panthée. - Marcie.

§ 5. Les esclaves de la maison impériale. - Dispensateurs.

§ 6. Les autres officiers de la cour. - Précepteurs des princes. - Médecins et astrologues de la cour.

CHAPITRE III.

Les amis et compagnons de l'empereur.

Les amis des hommes d'État de la république. - Les amis des empereurs. - Rapports de cette condition. - Ils s'établissent sur le modèle des cours de l'Orient. - Division des amis en trois classes. - Les deux premières. - La troisième. - Admission à la table impériale. - Suites des empereurs dans leurs voyages. - Gracieusetés du souverain pour ses amis. - Doléances de ceux-ci et dangers de leur position. - Disgrâces. - Conséquences d'un changement de règne. - Amis élevés à la cour depuis leur enfance.

CHAPITRE IV.

Le cérémonial.

§ 1. La salutation du matin. - Réception des amis, des sénateurs et des autres personnes. - Réceptions chez les impératrices. - Foule devant le palais. - Heure matinale de la réception. -Service de garde. - Visite des personnes admises à la réception. - Service des huissiers de la cour. - L'Empereur et ses visiteurs en toge. - Audiences particulières. - Baiser donné aux amis. - Civilités des empereurs envers les sénateurs.

§ 2. Les festins publics. - Nombre et condition des invités. Invitations spéciales adressées aux sénateurs. - Cas extraordinaire que l'on faisait de l'honneur d'une invitation. - Attitude des empereurs à table. - Leur manière de traiter les convives. - Service de tablé. - Livrée des domestiques. - Les convives tous en toge. - Suppression temporaire des festins publics.

LIVRE III. - LES TROIS ORDRES

CHAPITRE Ier.

Caractère général des distinctions sociales dans l'empire romain.

Les anciennes différences de classe et de condition dans l'échelle sociale persistent sous l'empire. - Affranchis. - Provinciaux. - Gaulois. - Autres occidentaux. - Grecs et orientaux. - Italiens et Latins. - Distance des Romains de naissance aux municipaux, ainsi que du premier ordre au troisième.

CHAPITRE II.

Le Sénat.

Position du sénat vis-à-vis de l'empereur. - Disparition des anciennes familles. - Hommes nouveaux sortis de l'ordre équestre, des provinces et du troisième ordre. - Considération dont jouissait encore l'ancienne noblesse. - Age des familles les plus anciennes. - Richesse des sénateurs. - Le cens sénatorial n'est que le minimum du revenu dont ils avaient à justifier. - Nécessité d'un état de maison conforme au rang des membres de cet ordre. - Dépenses qu'entraînaient les emplois sénatoriaux et les jeux. - La loi ne permet aux sénateurs de placer leur fortune qu'en terres et en prêts. - Des emplois lucratifs leur sont réservés. - Bénéfices de leurs fonctions d'avocats plaidant en justice. - Appauvrissement de beaucoup de familles sénatoriales, assistées par les empereurs et les autres membres de l'ordre. - Riches mariages des sénateurs. - Prix que l'on attachait à l'obtention de charges curules.- Caractère de la transformation qu'elles subissent dans la nouvelle hiérarchie.     - Insignes des sénateurs.

CHAPITRE III.

L'ordre équestre.

Le Sénat appartient exclusivement à Rome. - L'ordre équestre est le premier ordre hors de la capitale. - Historique de son développement' jusqu'au règne d'Adrien. - Chevaliers pourvus du cheval de l'État. - Chevaliers sénatoriaux. - Gradations dans l'ordre équestre. - Chevaliers titulaires. - Le poète Martial. - Grandes fortunes dans l'ordre équestre. - Noblesse de service.

CHAPITRE IV.

Le troisième ordre.

§ 1. Le troisième ordre. - Développement du prolétariat, - Classe aisée des gens d'affaires. - Commissaires-priseurs. - Artistes. - Professions savantes. - Maîtres et professeurs de grammaire et de rhétorique. - Avocats et hommes de loi. - Médecins. - Astrologues. - Autres professions. - Officiers subalternes et commis des magistrats. - L'état militaire.

§ 2. Patrons et clients. - La clientèle dans l'ancien temps. - La clientèle au premier siècle de l'empire. - Rémunération des clients. - Sportules. - Service des clients. - Visites du matin. - Autres obligations des clients. - Avanies auxquelles ils sont exposés. - Coutume de les régaler. - Condition des clients au deuxième siècle. - Le ponte Martial et l'auteur de l'apologie en vers de Pison. - Inconvénients de la clientèle pour les patrons.

§ 3. Grand mélange de population à Rome, formé des éléments les plus divers. - Nombre, richesse et orgueil des affranchis, dans le milieu social. - Traces d'honorabilité bourgeoise.

LIVRE IV. - LE COMMERCE DE SOCIÉTÉ

CHAPITRE UNIQUE.

Réception du matin dans les grandes maisons. - Autres devoirs de société. - Oisiveté affairée. - Les Ardélions. - Matérialisme et égoïsme. - Captations d'héritage. - Publicité du commerce de société. - Festins. - Conversations qui s'y tenaient. - Nature et importance de la conversation, sous un régime de compression générale de l'opinion publique. - Bruits et nouvelles. - Danger des conversations politiques. - Police secrète. - Agents provocateurs. - Délations. - Amour du scandale. - Sujets de conversations triviales. - Causeries dans les festins, entre gens bien élevés. - La conversation joue , à cette époque, comme moyen d'éducation, un rôle bien plus important que de nos jours. - Usage du mot domine, seigneur.

LIVRE V. - LES FEMMES

CHAPITRE UNIQUE.

Enfance et éducation des femmes. - Musique et danse. - Les jeunes filles se marient peu de temps après avoir atteint leur douzième année. - Fiançailles et noces. - Les filles passent sans transition de la chambre d'enfants, dans le monde réel. - Les femmes dans l'intérieur de la maison. - Procureurs. Position des femmes, dans le monde. - Distinctions,extérieures accordées aux femmes. - Impressions et perspectives nouvelles de la femme mariée. - Rapports des contemporains, sur les mœurs, dissolues des femmes. - Fréquence des divorces. - Influence de l'esclavage sur la violation de la fidélité conjugale. - Autres influences corruptrices. - Spectacles. - Rapports avec les hommes au théâtre. - Influence des spectacles. - Liaisons des femmes avec les artistes. - Festins. - Les femmes dans la société des hommes. - Présence des femmes dans les lieux ouverts au public. - Usage des litières. - Extravagances. - Ambition des femmes. - Leur participation à la politique. - Femmes occupées de littérature, de philosophie et de mathématiques. - Part des femmes dans le mouvement religieux. - Cultes de l'Orient. - Adoration d'Isis. - Judaïsme. - Christianisme. - Superstitions. - Astrologie. - Magie. - Rôle de celle-ci au deuxième siècle. - Vertus des femmes. - Exemples d'héroïsme. - La première Arrie et la seconde. - Épitaphes de femmes de condition moyenne ou inférieure.

LIVRE VI. - LES SPECTACLES

CHAPITRE Ier.

Des spectacles en général.

Devenus une nécessité à Rome; sous l'empire, les spectacles y remplacent en quelque sorte les anciennes assemblées du peuple. r- Présence et condescendance des empereurs au spectacle. - Le peuple 'y présente ses pétitions et ses griefs. - Les empereurs eux-mêmes n'y sont pas à l'abri de la moquerie et de l'outrage. - Démonstrations politiques. - Étiquette, notamment dans le costume.,- Dépenses pour les spectacles. - Charges qu'ils imposent à l'ordre sénatorial..-- Nombre de jours de spectacle dans l'année. - Les trois principaux genres de spectacles. - Représentations extraordinaires. - Illuminations de fête. - Manière de régaler le public. - On lui fait la libéralité de cadeaux et de jetons de loterie. - Grande affluence d'étrangers. – Influence démoralisante exercée par les spectacles et dont les effets ne s'arrêtent pas aux basses classes. - La manie de se produire en public dans les représentations, chez des personnes appartenant aux classes supérieures, peut être envisagée comme un des symptômes de la démoralisation générale

CHAPITRE II.

Le Cirque.

Situation et étendue du grand cirque. - Distribution des places et autres arrangements. - Animation dans l'enceinte et aux alentours du cirque. - Les jeux du cirque. - Courses de chars. - Conducteurs de chars. - Chevaux de course. - Partis et couleurs. - Histoire des factions. - Préparatifs pour les jeux du cirque. - Jeux donnés à l'occasion de la préture de Symmaque le Jeune. - Le public et ses émotions. - Affluence au cirque. - La procession du cirque. - Organisation des courses. - Chars et attelages. - Mise en scène des courses. - Les spectateurs. - Aspect actuel de l'emplacement du grand cirque.

CHAPITRE III.

L'amphithéâtre.

§ 1. - Origine et propagation des amphithéâtres. — Construction des premiers édifices de ce genre et succès des jeux auxquels ils sont affectés, dans tout le monde romain. - Ils se multiplient en Italie, d'où ils se répandent dans les autres provinces d'Occident, ainsi qu'en Grèce, en Asie mineure et dans tout l'Orient

§ 2. - Jeux de la gladiature. — Commencements et amplification successive de ces jeux. - Effectif numérique des gladiateurs. - Mise en scène. - Moyens extraordinaires employés pour augmenter l'intérêt du spectacle. - Les gladiateurs. - Emploi d'esclaves comme gladiateurs. - Affranchis. - Presse des gladiateurs. - Engagements volontaires. - Avantages de la profession de gladiateur. - Trafic de gladiateurs. - Écoles impériales de la gladiature à Rome et mode d'administration. - Gladiateurs impériaux en Italie et dans les provinces. - Nombre des gladiateurs impériaux à Rome. - Organisation des écoles. - Rigueur de la discipline. - Régime alimentaire. - Organisation du corps des gladiateurs. - Attachement à leur profession et fidélité à leurs maîtres. - Suicides et mutineries dans les écoles de gladiateurs. - Annonce des jeux de gladiateurs. - Le repas gratuit. - Défilé de parade dans l'arène. - Principaux genres de combats. - Les gladiateurs vaincus sont mis à mort ou congédiés. - Attitude des spectateurs prenant parti pour ou contre. – Combats en troupe

§ 3. - Combats d'animaux, bestiaires et pantomimes de l'amphithéâtre. — Origine de ces combats. - Bestiaires et chasseurs (venatores). - Les premières chasses d'animaux. - Les chasses au dernier siècle avant Jésus-Christ et sous l'empire. - Quantités d'animaux réunis pour ces spectacles. - Chasses dans les provinces. - Ménageries et parcs impériaux à Rome. - Manière dont on se procurait les animaux, tirés des provinces et de l'étranger. - Moyens de transport. - Toilette des animaux. - Manière de les apprivoiser et de les dresser. - Description des chasses dans l'arène. - Condamnés livrés aux bêtes féroces. - Mise en scène du spectacle. - Supplices et tortures, accompagnés de scènes de pantomime. - Pantomimes mythologiques d'un genre plus gai.

§ 4. - Naumachies. — Combats de navires dans l'arène inondée de l'amphithéâtre. - Naumachies de Jules César et d'Auguste. - Naumachie de Claude sur le lac Fucin. - Naumachies de Titus, de Domitien et de Philippe.

§ 5. - Considérations sur ces spectacles et suppression des jeux de l'amphithéâtre. — Jugements émis par des Romains distingués et d'un esprit cultivé sur les jeux de l'arène. - Sénèque est le seul qui les condamne. - Ce qui rendait, chez les Romains, l'opinion si favorable à ces jeux. - L'esclavage. - L'empire de la coutume. - La magnificence du spectacle. - L'homme, dans une foule agitée, cesse de s'appartenir individuellement. - Suppression des jeux de gladiateurs au commencement du cinquième siècle. - Les chasses d'animaux cependant continuent au sixième.

§ 6. - Ruines des principaux amphithéâtres. — Vicissitudes des amphithéâtres au moyen âge et dans les temps modernes. - Les amphithéâtres de Nîmes et d'Arles, celui de Vérone et le Colisée.

CHAPITRE IV.

Le théâtre.

Place des jeux scéniques à côté des autres spectacles. - Atellanes. - Farces mimiques. - Immoralité de ce genre de pièces. - Allusions qu'on y faisait au présent et notamment aux empereurs. - Le drame classique. - La comédie à sujets grecs (pallidia).- La tragédie. - Séparation du chant et de la danse dans la tragédie. - Décomposition de la tragédie en ses divers éléments. - Concerts à demi dramatisés des tragédiens. - La pantomime comme genre à part. - Textes des pantomimes. - Musique des pantomimes. - Danse des pantomimes. - Caractère expressif de cette danse. - Attrait qu'elle a pour les sens. - Obscénité et influence corruptrice de ce spectacle. - Genre tragique et satyrique. - Pylade et Bathylle. - Autres pièces à danses. - La pyrrhique. - Pyrrhiques dramatisées. - La pantomime domine sur la scène. - Dilettantisme dans l'art de la danse. - Déconsidération des acteurs. - Ils sont pour la plupart esclaves ou affranchis. - Position sociale des acteurs célèbres. - Honneurs et distinctions dont ils sont l'objet. - Récompenses. - Les acteurs de la cour sont souvent les favoris des empereurs. - Engouement du public pour les acteurs. - Partis au théâtre. - Tumultes au théâtre.

CHAPITRE V.

Le stade.

Combats d'athlètes à Rome antérieurement à l'empire. - Les jeux d'Actium à Nicopolis et à Rome. - Les jeux Néroniens. - Le concours du Capitole (Agon Capitolinus). - Concours ultérieurement institués. - Aversion des Romains pour la gymnastique et l'athlétique. - Ils prennent relativement peu de part aux combats d'athlètes. - Dilettantisme dans l'athlétique à Rome. - Position civile des athlètes. - Différence dans les idées des Grecs et des Romains sur l'athlétique.

ANNEXES AU LIVRE VI.

N° 1. - Costume et armement des gladiateurs.

N° 2. - Animaux montrés et employés par les Romains dans le cirque et l'amphithéâtre.

N° 3. - Amphithéâtres romains de l'Italie et des provinces.

N° 4. - De l'emploi fréquent de certains noms d'acteurs, d'autres artistes, etc.

N° 5. - Concours et prix de l'Agon Capitolinus.

LIVRE VII. - LES VOYAGES DANS L'EMPIRE ROMAIN

CHAPITRE Ier.

Moyens de communication et manière de voyager sur terre et sur mer.

La pacification du monde romain y amène la sécurité et la régularité des communications. - Développement grandiose du système des routes romaines. - Stations. - Organisation des transports et rapidité des voyages par terre. - Voyages sur mer. - Piraterie. - Rapidité des trajets maritimes.

CHAPITRE II.

Voyages de terre ferme, hôtelleries, douanes et brigandage.

Manières de voyager, avec simplicité ou fastueusement. - Hôtelleries. - Raison pour laquelle on y était mal. - Hôtels nombreux. - Enseignes. - Auberges communes. - Aubergistes, douaniers et brigands en Italie.

CHAPITRE III.

Mobiles principaux des voyages.

La vaste étendue de l'empire romain nécessite de fréquents déplacements, en particulier chez les fonctionnaires. - Voyages de commerce. - Voyages scientifiques. - Voyages d'étudiants, de professeurs, d'artistes et de virtuoses. - Voyages occasionnés par les fêtes religieuses et autres grandes solennités. - Voyages de santé et de récréation.

CHAPITRE IV.

Voyages des touristes dans le monde romain.

Fréquence de ces voyages. - Ils tournent dans le cercle ê es pays du monde connu des anciens. - Persistance des fables reçues sur tout ce qui était au delà. - Faible extension des voyages, même dans les limites du monde alors connu. - Contrées principalement visitées par les touristes de l'époque, dans les directions du Midi, et de l'Orient surtout.

1° Italie et Sicile. — Excursions en divers sens. - Villégiature. - Voyages sur la voie Appienne.- Voyages en Campanie. - Baïes. - La Sicile.

2° Grèce. — La Grèce est pour les Romains la terre du passé. - Dépopulation du pays.

- Athènes. - Corinthe. - Épidaure. - Rhodes. - Edepsus.

3° Asie Mineure. — Voyage de Germanicus. - Ilion. - L'Ionie. - Éphèse. - Smyrne.

4° Égypte. — Rareté des voyages en Orient. - Pouzzoles. - Navires de charge alexandrins. - Trajet de Pouzzoles à Alexandrie. - Attrait de l'Égypte pour les Grecs et les Romains. - Alexandrie. - Grandeur et beauté de cette ville. - Sa population. - Son immense commerce et son opulence. - Industrie. - Orgueil et licence des habitants. - Spectacles et musique. - Émeutes fréquentes. - Climat. - Science médicale. - Établissements d'instruction. - Culte de Sérapis. - Bains dans le voisinage d'Alexandrie. - Canope. - Le reste de l'Égypte. - Memphis et les pyramides. - Les ruines de Thèbes. - Statue vocale de Memnon. - Inscriptions provenant de voyageurs dans la Haute-Égypte et en Nubie. - Autres curiosités de l'Égypte.

CHAPITRE V.

De l'intérêt des voyages pour les Romains.

Généralités. - Les sept merveilles du monde.

1° L'intérêt de curiosité et l'intérêt des souvenirs historiques. — Les temples sont de véritables musées. - Collections d'objets d'art. - Curiosités naturelles, ethnographiques et historiques. - Reliques des temps héroïques. - Guides des étrangers. - Souvenirs des temps héroïques et des temps historiques.

2° L'intérêt des jouissances de l'art. — Cet intérêt, tout extérieur et superficiel chez les Romains, est dominé par celui des souvenirs historiques.

3° Le sentiment de la nature. — Différence dans le sentiment de la nature chez les anciens et les modernes. - Il a, dans l'antiquité, surtout un caractère religieux. - Intérêt pour les localités célèbres et décrites par des poètes. - Intérêt pour le phénoménal et le monstrueux dans la nature. - Plaisir qu'on trouvait aux beautés de la nature. - Les rivages de la mer. - Les rives des lacs et des fleuves. - Causes de la prédilection pour les sites riverains. - Plaisirs que l'on trouvait aux horizons étendus et sereins. - L'idée de la belle nature restreinte aux paysages gracieux et riants. - Défaut de sens pour les beautés de la nature alpestre. - Les ascensions de hautes montagnes sont rares. - Le sens pour l'élément sauvage et romantique dans la nature n'est devenu général, en Europe, que depuis le dernier siècle. - Caractère du sentiment de la nature chez les modernes. - Le sens pour le paysage et l'attention aux effets de lumière manquent dans l'antiquité. - Liaison entre ce qu'il y avait d'étroit et de borné dans le sentiment de la nature comme dans la direction même des voyages. - Manque d'excitations favorables aux voyages lointains. - L'Italie prête encore aujourd'hui a des observations semblables.

LIVRE VIII. - LE LUXE ROMAIN

CHAPITRE Ier.

Généralités.

Les idées reçues à cet égard ne sont en partie fondées que sur des exceptions et des anomalies. - Luxe d'empereurs tels que Caligula et Néron. - Les nababs des derniers temps de la république et leur luxe ; leurs immenses revenus et leurs énormes dépenses. - Médiocrité relative de leur avoir réel. - Les plus grandes fortunes privées de l'antiquité n'atteignent pas à celles des Crésus modernes. - Exemples d'un luxe excentrique, comme la gourmandise d'Apicius. - Le luxe de la destruction fantasque des choses de prix. - Rigorisme outré des écrivains rapporteurs de faits pareils, Varron, Sénèque et Pline l'Ancien, comme, par exemple, en ce qui concerne l'habitude de rafraîchir les mets et les boissons, avec de la neige, et l'usage des coussins de plumes. - Les déclamations contre la mollesse et la bonne chère devenues une manie des rhéteurs. - Combien il importe de bien distinguer dans l'appréciation des différents genres de luxe. - Le luxe romain à son apogée de l'an 31 avant Jésus-Christ à l'an 69 de notre ère.

CHAPITRE II.

Le luxe de la table et l'introduction de substances exotiques employées à l'alimentation.

§ 1. - Du luxe de la table en général. — Frugalité des méridionaux. - Modestes commencements du luxe de la table dans le siècle qui précéda la naissance du Christ. - Introduction de denrées alimentaires provenant de l'étranger, par suite des progrès de l'aisance et de l'extension du mouvement commercial. - Exagération sentencieuse du blâme jeté sur ce luxe. - Rareté positive de la consommation de denrées exotiques à Rome avant la bataille d'Actium. - Progrès du luxe de table, après la pacification du monde romain. - Observations à ce sujet et réserves qu'elles impliquent. - Ce n'est pas uniquement le luxe de la table qui rendait les grands festins si dispendieux. - Les hauts prix payés pour des friandises sont en partie des prix d'ostentation. - Comparaison du luxe de table des Romains avec celui du siècle où nous vivons. - L'usage des vomitifs après table en partie purement diététique. - Le luxe de la table du dix-huitième siècle.

§ 2. - De l'acclimatation d'espèces comestibles du. règne animal et du règne végétal. — Introduction d'animaux exotiques pour le luxe de la table. - Ce qu'en pensait Pline l'Ancien. - Propagation artificielle des huîtres. - Acclimatation de volailles. - Culture de diverses plantes introduites en Italie du temps de la république et sous l'empire. - Amélioration et multiplication des fruits et d'autres produits du règne végétal. - Comparaisons avec l'horticulture de notre temps. - D'Italie, la culture des plantes acclimatées se répand dans les provinces. - Extension de la culture de l'olivier, et de celle de la vigne.

CHAPITRE III.

Le luxe de l'habillement et de la parure.

Le luxe des étoffes riches est très restreint dans l'antiquité ; le luxe de l'habillement en général moindre que dans les temps postérieurs, à beaucoup d'égards. - Luxe d'un fréquent changement d'habits. - Luxe des couleurs : la pourpre. - Comparaison avec le luxe d'habillement des temps modernes. - Importation des articles de luxe de l'Orient. - Ce luxe, très faible si on y applique l'échelle moderne, reste borné à Rome et aux autres villes les plus importantes de l'empire. - Luxe des pierres précieuses. - Imitations de pierres précieuses. - Luxe des perles. - Richesse des conquistadores et des nababs modernes en joaillerie. - Le luxe des perles et des pierres précieuses dans les temps modernes en général. - Quel était le luxe de l'habillement dans les classes inférieures ? - Luxe des odeurs et de la parfumerie.

CHAPITRE IV.

Le luxe des bâtiments.

§ 1. - Palais urbains. — Le luxe du bâtiment ne se développe que très tard à Rome. - Ses progrès rapides de 78 à 44 avant Jésus-Christ. - Il va en augmentant depuis l'an 31 avant Jésus-Christ. - Ce que dit Horace à ce sujet. - Le progrès ne s'arrête qu'à l'an 69 de notre ère. - Grandeur des palais. - Luxe de l'ornementation architecturale. - On revêt les murailles de marbres et prodigue l'usage des pierres fines de toutes les couleurs. - Richesse de l'entrepôt de marbres du mont Aventin. - Emploi du verre, ainsi que des feuilles d'or et d'argent, à des usages décoratifs. - Soffites à panneaux mobiles. - Chambres dites d'indigents. - La Maison d'Or de Néron. – Le palais de Domitien.

§ 2. - Maisons de campagne et jardins. — Accroissement progressif du luxe des maisons de campagne depuis l'an 31 avant Jésus-Christ. - Difficultés de terrain surmontées. - Constructions sur le fond de la mer. - Les maisons de campagne de Pline le Jeune. - Les maisons de campagne décrites par Stace. - La villa tiburtine d'Adrien. - La villa des Gordiens.

Comparaison des maisons de campagne romaines avec les châteaux ruraux d'Angleterre. - Le luxe déployé par les Romains dans le bâtiment peut-être sans égal. - La passion de bâtir domine toutes les autres chez les riches et les grands de l'empire romain. - Les parcs et les jardins de cette époque uniformes et mesquins en comparaison de ceux de l'âge moderne. - Le luxe de fleurs des Romains comparé au nôtre.

CHAPITRE V.

Le luxe de l'ameublement et du ménage.

Caractère du luxe domestique dans l'antiquité romaine. - Cherté excessive des meubles et ustensiles de luxe. - L'élévation extraordinaire de certains prix contraste avec la modicité des prix courants ordinaires. - Les premiers, le plus souvent, ne sont que des prix d'amateur. - Comparaison avec le luxe domestique des modernes. - Le luxe de la vaisselle d'argent augmente beaucoup dans les derniers siècles de la république, par suite de l'accumulation du métal précieux. - Accroissement du luxe de l'argent depuis la découverte de l'Amérique. - Les grands vases d'argent des Romains. - Peut-être, comme ils étaient facilement transportables, jouaient-ils en même temps le rôle d'une réserve métallique. - Progrès du luxe de l'argent dans les classes moyennes et inférieures.

CHAPITRE VI.

Le luxe d'esclaves.

L'introduction par masses et les avantages que procure la possession des esclaves poussent à ce luxe. - L'extrême division du travail, ainsi que le manque de machines et d'instruments propres à le simplifier, fait que l'on y prodigue les bras. - Les maîtres se déchargent autant qu'ils peuvent de tout ce qui est travail sur leurs esclaves. - Esclaves appliqués même aux travaux d'étude. - Exagérations et excentricités poussées jusqu'au ridicule. - Esclaves de luxe. - Nains, géants, avortons.

CHAPITRE VII.

Conclusion.

Causes de la faiblesse relative du développement que prit le luxe romain. - Infériorité du monde connu des anciens en étendue comme en richesse. - Elle entraîne l'application d'une échelle moindre que la nôtre à l'appréciation de leur luxe. - Le grand luxe essentiellement borné à Rome. - Bons côtés du luxe romain. - L'esprit d'égalité et la simplicité caractérisent le costume et beaucoup d'habitudes de la vie antique. - Alliance du luxe avec l'esprit d'économie ; équivalents à bon marché suppléant au luxe, particulièrement en ce qui concernait le luxe des arts. - Luxe de la propreté. - Aqueducs et thermes universellement répandus. - Latrines et égouts. - Comment on jouissait de la nature. - Les classes inférieures. - Leur participation aux jouissances que procurait la fortune des riches. - Caractère démocratique du luxe des gouvernements et des communes. - Conclusion finale.

LIVRE IX. - LES BEAUX-ARTS DANS L'EMPIRE ROMAIN (Architecture, Sculpture, Peinture et Musique)

CHAPITRE PREMIER.

L'architecture, son but et ses emplois.

Les restes de l'architecture romaine sont aussi nombreux que grandioses. - Culture et bien-être du monde ancien dans les premiers temps de l'empire. - Grand nombre et beauté des villes. – Revue des villes de l'Italie, des Gaules, de l'Espagne, du nord de l'Afrique, de l'Égypte, de la Syrie, de l'Asie Mineure, de la Bithynie, de la Cappadoce, de la Grèce, de la Germanie, de la Bretagne et de la Dacie.

Constructions des communes. - Imitation de ce qui se faisait à Rome. - Constructions des villes de la Bithynie. - Revenus des communes affectés à ces constructions. - Édifices publics dus à la munificence des particuliers. - Constructions de sophistes grecs. - Hérode Atticus. - Constructions dues à des sénateurs, à des affranchis impériaux et à des princes étrangers. - Hérode de Judée. - Constructions des empereurs. - Assistance prêtée par eux, aux villes surtout, dans les cas d'incendies et de tremblements de terre. - Constructions des Césars et des Flaviens, de Trajan et d'Adrien (en Grèce surtout), ainsi que des Antonins. - Constructions des particuliers dans les provinces.

CHAPITRE II.

But et emplois de l'art plastique et de la peinture.

§ 1. - L'art décoratif. — Alliance des arts figuratifs avec l'architecture. - Décoration artistique des places et des édifices publics dans les villes de la Grèce et de l'Italie. - Statues de rois et de généraux. - Statues des génies protecteurs des villes. - Décoration artistique des maisons particulières, des parcs et des jardins, dans les derniers temps de la république et sous l'empire. - Usage général de cette décoration et universalité de l'art qui s'appliquait à la répandre.- Large emploi de matériaux à bon marché. - Application de l'art plastique à des substances molles. - Peintures appliquées au stuc. - L'usage général de la décoration artistique persiste jusque dans les derniers temps de l'antiquité. - Ornementation du mobilier et des monuments funèbres.

§ 2. - L'art monumental. — Monuments personnels. - Âge des statues honorifiques à Rome. - Images représentant des événements de l'histoire. - Images de circonstance. - Images concernant les marches triomphales, les bûchers impériaux, les débats judiciaires. - Images pour les naufragés. - Images votives. - Autres représentant des aventures personnelles. - Images peintes pour la durée. - Peinture de portraits. - Portraits des empereurs. - Portraits de princesses de l'Orient en quête d'un mari. - Portraits de particuliers. - Portraits dans les livres et dans les bibliothèques. - Emploi général de la peinture de portraits.

L'art plastique employé à figurer des personnes. - Bustes et statués des empereurs ; propagation universelle et culte de ces monuments. - Destruction des monuments d'empereurs tombés en abborration, de ceux de Domitien en particulier. - Conservation des monuments d'empereurs, assurée principalement par la consécration. - Rapidité avec laquelle on érige des monuments aux empereurs, dans tout l'empire romain. - Ils sont érigés tantôt par les soins des fonctionnaires, tantôt par ceux d'associations provinciales ou des communes, tantôt par des particuliers. - Statues d'Adrien en Grèce et d'Auguste à Rome. - La transformation de monuments anciens en monuments consacrés à des empereurs est presque sans exemple. - Monuments dédiés aux membres de la maison impériale, aux plus hauts fonctionnaires de l'État, aux gouverneurs des provinces, à des Romains considérés dans les provinces, ou même à des fonctionnaires subalternes. - Les honneurs de la statue dans les municipes. - Personnes honorées de plusieurs statues. - Érection de statues aux frais des personnes qui en étaient honorées. - Statues d'étrangers. - Vote de statues par les conseils communaux, de même que par le sénat à Rome. - Statues publiquement érigées à des défunts. - Lieux de l'érection à Rome. - Monuments privés. - Statues que l'on s'érigeait à soi même. - Monuments privés érigés à des défunts, particulièrement en guise de mausolées.

§ 3. - L'art religieux. — La mythologie multiplie les images des dieux. - Colonies d'artistes établies auprès des grands temples. - Le besoin d'œuvres d'art et de la production en grand de celles-ci gagne tout l'empire romain. - Herculanum et Pompéji offrent un spécimen de ce qu'était en moyenne la décoration artistique des villes d'Italie. - Données statistiques sur les œuvres d'art qui faisaient l'ornement de Rome.

CHAPITRE III.

L'industrie artistique.

Homogénéité de l'art et de l'industrie artistique dans toutes les partitas de l'empire, l'Égypte et la Palestine exceptées. - Exécution d'œuvres d'art pour les provinces à Rome. - Exécution dans les carrières. - Images confectionnées d'avance en vue des besoins du commerce. - Exécution sur les lieux de l'emploi par des artistes nomades ou sédentaires. - Uniformité générale dans les procédés de l'art et les moyens techniques. - Persistance dans la tradition. - Rome, sous ce rapport aussi, donne le ton et sert de modèle à tout l'empire. - La production a essentiellement le caractère d'une reproduction constante. - Perfection du développement de l'industrie artistique. - Son exploitation en fabrique. - Extrême division du travail dans ses diverses branches. - Les ouvrages procédant de l'art métier sont en grande partie exécutés par des esclaves. - Bon marché des ouvrages communs de l'espèce. - Honoraires payés aux artistes

ANNEXES AU CHAPITRE III.

N° 1. - Emploi du marbre et du bronze dans la statuaire.

N° 2. - Prix des statues.

CHAPITRE IV.

Les artistes.

Causes du dédain des Romains pour les artistes. - L'art plastique est dans les mains des Grecs, tandis que la peinture est également exercée par des Romains. - Femmes peintres. - Femmes servant de modèles aux sculpteurs. - Grand cas que les Romains font de architecture. - Les architectes romains sont nombreux.

CHAPITRE V.

Le sentiment artistique.

Raison du peu d'estime des Romains pour l'art. - Progrès des connaissances artistiques et de l'intérêt pour l'art à Rome. - L'importance de l'art est reconnue par les Romains. - Dilettantisme dans la sculpture et la peinture. - Contemplation de l'art dans les voyages. - Les collections d'œuvres d'art, principalement déterminées par l'amour du faste, consistaient surtout en œuvres anciennes. - Les collectionneurs sont trompés souvent avec des copies. - Œuvres d'art ayant appartenu à des personnes célèbres, particulièrement estimées. - Prétention des collectionneurs d'être connaisseurs. - Manque d'un sentiment vrai de l'art. - Il n'y a pas trace d'intérêt et d'intelligence pour l'art dans la littérature latine, tandis que la littérature grecque offre nombre de passages témoignant de l'un et de l'autre. - Les deux littératures peu attentives à l'art contemporain.

CHAPITRE VI.

La Musique.

La musique romaine est supplantée de bonne heure par la musique grecque. - Alliance étroite de la musique avec la poésie antique, la plupart des genres de celle-ci ne pouvant même guère s'en passer. - Dans la musique vocale, la mélodie est subordonnée au texte. - Manque d'harmonie dans la musique vocale. - Musique instrumentale. - La flûte. - Les instruments à cordes. - La cithare. - Concerts d'instruments. - Insuffisance de la musique instrumentale. - Musique de programme. - Renforcement et combinaison des moyens et des effets que comportait la musique à Rome. - Effets de masse et concerts d'instruments hétérogènes. - Influence des musiques autres que la grecque, de celle d'Alexandrie en Égypte surtout. - Orchestre des pantomimes. - Concerts monstres à Rome. - Décadence et abâtardissement de la musique. - La musique au service de la sensualité. - L'usage en devient commun à table. - Absence de toute distinction entre la musique sacrée et la profane. - La publicité des représentations favorise l'intérêt pour l'art musical. - Débit des citharèdes et des autres artistes. - Concours de musique à l'instar du principal, celui du Capitole. - Les musiciens souvent eux-mêmes compositeurs. - Virtuosité de l'époque. - Amour-propre, caprices et jalousies des artistes. - Leur attitude vis-à-vis du public. - Applaudissements payés. - Le dilettantisme en musique. - L'enseignement de la musique. - Chœurs de jeunes garçons et de jeunes filles chantant en public. - Femmes et hommes' faisant de la musique en amateurs. - Beaucoup d'empereurs marquent au nombre de ces derniers. - Les prétentions de Néron ne sont pas celles d'un simple amateur, mais celles d'un artiste.

État de la musique dans les derniers temps de l'antiquité. - La musique dans le culte chrétien. - La modalité de la musique grecque se transmet aux âges postérieurs.

LIVRE X. - LES BELLES-LETTRES (Poésie et rhétorique)

CHAPITRE UNIQUE.

Effets de l'enseignement donné à la jeunesse. - Il vise principalement à l'éloquence. - La lecture et l'explication des poètes, objet du premier enseignement. - Poètes grecs et latins lus à l'école dite des grammairiens. - Dans le premier siècle de l'empire cette lecture porte surtout sur les œuvres poétiques des vivants. - Réaction contre la littérature moderne du temps. - Introduction des poètes anciens dans l'enseignement scolaire. - La poésie du IIe siècle affecte l'archaïsme. - Effets de l'étude des poètes. - Les maîtres souvent poètes eux-mêmes. - Les poètes précoces sont fréquents.

École des rhéteurs. - Déclamations, plaidoyers et controverses. - École des rhéteurs grecs. - Effets de l'enseignement des rhéteurs. - Déclin dans l'instruction scolaire et dégénération de la langue au IIe siècle. - Efforts pour en rétablir la pureté.

Effets de la poésie classique du siècle d'Auguste. - Importance de cette poésie. - Création de la langue poétique. - Propagation de la poésie parmi les contemporains. - Popularité de Virgile et des autres poètes classiques. - Dilettantisme poétique provoqué par la poésie classique. - Influence de la situation politique créée par le régime impérial. - Participation des empereurs à la littérature et à la poésie. - Auguste et Mécène, Tibère, Néron, Titus, Domitien, Nerva, Adrien. - Le dilettantisme poétique disparaît de la cour des empereurs au IIe siècle. - Causes de cette disparition.

Conséquences de l'importance nouvelle que prennent la poésie et les lettres. - Origine de la librairie qui devient un commerce à part. - Fondation de bibliothèques publiques. - Introduction des récitations. - Couronnement des poètes, au Capitole en particulier. - Condition précaire des poètes sous le rapport matériel. - Leur dépendante de la libéralité des riches et des grands. - Rapports mutuels qui en dérivent. - Générosité des empereurs envers les poètes. - Générosité des grands. - Mécène. - Sa liaison avec Horace. - Attitude de clients des poètes postérieurs, vis-à-vis de leurs patrons. - Éloges poétiques de Messala et de Pison. - Efforts de Martial pour se procurer des protecteurs. - Protecteurs de Stace. - Pauvreté de ces deux poètes. - Bassesse de sentiments de Martial. - La poésie comme aliment de conversation et talent de société. - Attitude plus digne de Stace. - La poésie de circonstance, d'un ordre supérieur, supplée jusqu'à un certain point au journalisme. - Pluie de poésies de circonstance. - Mésintelligence entre Martial et Stace. - L'envie et la jalousie dominent dans les rapports entre les poètes. - Productivité excessive de la littérature poétique. - Prépondérance du genre épique, farci de mythologie. - Badinages poétiques. - La poésie n'est plus en majeure partie qu'une reproduction. - Imitations de Virgile et de Catulle. - Dilettantisme poétique de Pline le Jeune. - Ce dilettantisme apparaît surtout fréquemment dans les classes supérieures, ainsi qu'aux âges plus avancés de la vie.

Révolution, opérée du temps d'Adrien par les sophistes grecs. - Leur influence sur le monde hellénique et sur le monde romain. - Intérêt que les empereurs et les Romains en général prennent à l'art des sophistes. - Influence particulière de l'art sophistique des Grecs sur la littérature latine du IIe siècle. - Aulu-Gelle, - Fronton et Apulée.

Grande influence de la poésie sur le développement général de l'instruction et de la civilisation en Europe, depuis la Renaissance.

LIVRE XI. - LA SITUATION RELIGIEUSE

CHAPITRE 1er.

Le Polythéisme.

Différence entre les sources littéraires et celles qu'offrent les monuments. - On a jusqu'à présent trop exclusivement tenu compte des premières. - Tendances irréligieuses dans la dernière période qui précéda et la première qui suivit la venue du Christ. - Haine de la foi chez Lucrèce seul. - Point auquel en étaient les Romains sans éducation philosophique. - La foi représentée par Tacite, l'hésitation entre le polythéisme et le monothéisme, par Quintilien, la négation absolue des dieux, par Pline le Naturaliste. – Conciliation de la raison avec la foi dans la théologie du stoïcisme. - Restauration de la foi au IIe siècle. - Développement complet et autorité dogmatique de la théorie des démons ou génies. - Impression générale de la littérature latine et grecque du IIe siècle. - Lucien. - Les empereurs du IIe siècle. - Phénomènes caractéristiques du réveil de la vie religieuse. - L'orthodoxie et l'intolérance d'Élien. – Le mysticisme d'Aristide.

La foi populaire conserve toute sa force et se maintient sans altération. - Trois preuves à l'appui, savoir : 1° La puissance d'assimilation du polythéisme romain. - Admission d'éléments tirés des religions de l'Orient. - La promiscuité des dieux(théocratie), conséquence nécessaire du mélange des peuples. - L'idée de la superstition toute relative et variable. - Les incrédules seuls se moquent de la promiscuité des dieux ; elle ne choque pas les croyants. - Plutarque révérant les dieux de l'Égypte à côté de ceux de la Grèce. - Naturalisation des dieux de l'Orient et du monde barbare en Grèce. - 2° La productivité créatrice du polythéisme. - Divinités nouvelles. - Annone. - La croyance aux génies. - Déification d'hommes. - Le culte des empereurs. - L'Apothéose d'Antinoüs - 3° La force de résistance ou ténacité du polythéisme. - Son influence sur les chrétiens. - Témoignages directs de la force persistante des croyances populaires. - La foi aux miracles. - Apparition de dieux en chair et en os. - La foi aux miracles surexcitée par la lutte entre les religions. - Revendications du même miracle des deux parts. - La foi à la divination, forme de la croyance, aux miracles la plus répandue dans le monde des gens instruits. - Rapports des historiens sur des présages. - Tacite. - Suétone, au sujet d'Auguste. - Persistance de la foi aux méthodes de divination traditionnelles. - Les aruspices et les augures. - L'astrologie. - Les oracles. - Leur décadence temporaire causée par la prépondérance d'autorité de la divination italique. - Restauration des oracles, dont l'autorité se répand aussi hors des pays grecs. - L'oracle d'Alexandre d'Abonotique. - Croyance aux songes prophétiques. - Sa liaison avec la foi dans une providence. - Elle est généralement répandue. — L'interprétation des songes une science. - Le livre des songes d'Artémidore. - Guérison de maladies par des songes. - Pierres votives du sanctuaire de Minerve Mémor (qui se souvient). - Foi dans le pouvoir efficace des divinités locales, même hors de leur sphère d'action propre. - Foi dans les dieux regardés comme les dispensateurs de tous les biens. - La prière. - Inscriptions votives et autres monuments religieux. - Invocation de divinités nationales et locales. - Invocation des dieux pour l'exercice d'une action déterminée dans des lieux déterminés. - Invocation générale des dieux ayant une puissance déterminée, inférieurs ou supérieurs, mais surtout de Jupiter.

Manque de renseignements sur l'importance du nombre des incrédules et des indifférents. - Les athées en petite minorité.

Le culte et ses effets tendant à la conservation de la foi. - Conservation de cultes et de rites de la plus haute antiquité, en Italie. - Le rituel des frères Arvales. - Persistance de cultes remontant à la plus haute antiquité, en Grèce. - Persistance de la participation générale au service du culte. - La piété se manifeste par la construction de temples et d'autres fondations pour les besoins du culte, mais particulièrement d'images des dieux. - Culte des images. - Identification de l'image avec la divinité même.

CHAPITRE II.

Le Monothéisme.

§ 1. - Le monothéisme en général et le judaïsme. — Le monothéisme opposé au polythéisme. - Différence entre la situation du judaïsme et celle du christianisme à l'égard du polythéisme. - Dispersion des juifs dans l'ancien monde. - Établissements formés par eux dans les pays d'Orient, en Italie et dans les pays d'Occident. - Position des juifs dans l'État et dans la société. - La haine des juifs. - Puissance d'attraction du judaïsme. - Ils jouissent de la liberté religieuse sans être gênés dans leurs conversions jusqu'au règne d'Adrien.

§ 2. - Le Christianisme. — L'ardeur du prosélytisme chez les chrétiens. - Persécutions depuis Trajan. - Le nombre des martyrs relativement petit. - Causes principales de la propagation si rapide du christianisme. - Présence d'éléments impurs dans les communes chrétiennes. - Esprit de secte. - Le montanisme. - L'auteur de la Réfutation de toutes les hérésies. - Manière dont il raconte la carrière de l'évêque Calliste ou Calixte. - Progrès du christianisme (à Rome particulièrement), au premier siècle et au deuxième. - Proportion du nombre des chrétiens dans l'ensemble de la population. - Le christianisme ne commence à se répandre dans les classes supérieures que depuis le règne de Commode. - Il est rarement mentionné et très peu connu jusqu'au troisième siècle. - Païens des hautes classes convertis antérieurement au règne de Commode. - Les prétendus rapports de Sénèque avec l'apôtre saint Paul. - Dédains du monde païen pour le christianisme jusqu'au troisième siècle. - La longue durée de l'agonie du paganisme, preuve de son ancienne vitalité. - Éléments païens qui survécurent à la chute du paganisme.

LIVRE XII. - ÉDUCATION, DOCTRINES ET IDÉES PHILOSOPHIQUES

CHAPITRE PREMIER.

La philosophie éthique.

Du lien de la morale des Anciens arec la religion et des dangers dont on la prétendait menacée par l'anthropomorphisme.

Différence essentielle entre la morale antique et la morale chrétienne. - Manière des Anciens d'envisager la divinité et l'humanité. - La philosophie morale. - La science est le fondement de la félicité. - La félicité est dans la résignation.

Progrès de la philosophie grecque dans le monde romain. - Opposition contre la philosophie. - Antipathies fondées dans le caractère national des Romains. - La philosophie vue de mauvais œil par les gouvernants. - Persécutions dirigées contre les philosophes. - Revirement d'opinion après la mort de Domitien. - On s'applique à infirmer le reproche, fait à la philosophie, d'hostilité au gouvernement. - Aversion de la multitude pour la philosophie. - Inutilité de celle-ci dans l'opinion de la plupart des gens sans instruction et même dans celle de beaucoup d'hommes instruits. - Les rhéteurs opposés aux philosophes. - Sénèque l'Ancien. - Quintilien. - Fronton. - Lucien. - Aristide.

Les adversaires de la philosophie alléguant l'immoralité des philosophes. - Pseudo philosophes à Rome et en Grèce. - Les cyniques. - La philosophie reconnue par les Romains comme le flambeau de la moralisation. - Différences de vues sur la dose d'instruction philosophique nécessaire. - Participation des Romains aux études philosophiques. - L'école sextienne. - Progrès du stoïcisme, de l'épicurisme et des autres systèmes de philosophie, chez les Romains. - L'instruction philosophique commence d'ordinaire avec l'adolescence. - Logique et dialectique. - Physique. - Éthique. - Droit et devoir des maîtres de surveiller et de diriger en tout la conduite de leurs disciples.

Triple mission des philosophes enseignants. - 1° Les philosophés comme précepteurs et directeurs de conscience dans les grandes maisons. - Comment étaient traités, d'après Lucien, ces philosophes domestiques. - Philosophes à la cour. - 2° Philosophes directeurs d'écoles publiques. - Inconvénients des conditions de l'enseignement dans les écoles de philosophie. - Ce qui l'empêche de devenir profitable, par la faute des élèves ou par celle des maîtres. - L'amour des belles phrases et la soif d'applaudissements. - 3° Philosophes missionnaires et prêchant la morale au peuple, comme les cyniques. - Démétrius. - Démonax.

Conclusion. - Épuration des idées morales par suite du développement de la philosophie dans les premiers siècles de notre ère. - Manque de fondement de la supposition d'une décadence générale des mœurs à cette époque.

CHAPITRE II.

Croyance à l'immortalité de l'âme.

CROYANCE DES HOMMES INSTRUITS. - Négation de l'immortalité de l'âme par Pline l'Ancien. - Les épicuriens. - Épitaphes matérialistes. - Négation de l'immortalité dans d'autres systèmes. - Foi dans l'immortalité et preuve de celle-ci. - Pythagorisme et platonisme. - Les sceptiques parmi les gens instruits. - Galien, Quintilien et Tacite. - Cicéron comme représentant des croyants parmi les Romains instruits. - Les stoïciens. Sénèque. - Les platoniciens. Plutarque. - Apulée et Pausanias. - Allusions à la vie de l'autre monde sur des sarcophages et d'autres monuments funèbres.

CROYANCE DES GENS SANS INSTRUCTION. - Persistance de l'idée mythologique des enfers. - La croyance au nocher des enfers. - Témoignages relatifs à l'empire des idées qui avaient cours chez le peuple. - La foi populaire altérée par le mélange d'éléments orientaux. - Conception de l'existence d'âmes matérielles. - Idée matérielle des récompenses et des châtiments de l'autre monde.

CROYANCE AUX ESPRITS. - On y trouve la preuve que la croyance à l'immortalité de l'âme était généralement répandue. - L'évocation des morts. - La dévotion.

CONCLUSION. - Différences entre la foi des Anciens et celle des chrétiens à l'immortalité de l'âme. - La première est tournée du côté de la vie terrestre. - Désir de vivre dans la mémoire de la postérité. - La croyance à l'immortalité de l'âme n'est pas, dans l'antiquité, une consolation indispensable comme dans le christianisme, ni aussi fortement en opposition avec l'incrédulité que dans celui-ci. - La mélancolie et la résignation sont des traits dominants de la manière dont on considérait la vie dans l'antiquité.

ANNEXE.

Fable d'Amour et Psyché