MŒURS ROMAINES

 

LIVRE III — LES TROIS ORDRES

CHAPITRE I — Caractère général des distinctions sociales dans l’empire romain.

 

 

La séclusion rigoureusement maintenue à Rome, par l’ancien droit de cité, à l’égard des étrangers et de quiconque n’était pas né libre, les barrières qui y séparaient les classes et les conditions sociales, avaient déjà été partout fortement ébréchées, sinon complètement démolies, dans les dernières crises de la république. Plus la domination romaine devenait universelle, plus on vit augmenter l’affluence des éléments qui se portèrent d’abord des autres parties de l’Italie seulement, puis de toutes les provinces, vers la métropole commune, pendant que les vrais descendants des membres de la cité primitive disparaissaient. A mesure que leur postérité se fondait, le sang étranger se mélangea avec le sang des indigènes, les hommes des provinces et leur descendance, comme bientôt aussi les descendants d’hommes qui n’étaient pas libres de naissance, et même ces derniers, firent peu à peu intrusion dans les rangs des classes supérieures et conquirent une part dans les honneurs et les dignités suprêmes. L’influence nivelante de la monarchie absolue, vis-à-vis de laquelle tous les sujets étaient censés égaux jusqu’à un certain point, favorisa cette décomposition et les progrès du mélange. Mais, en dépit de ce mouvement de fusion, la conscience d’un droit antérieur ou supérieur à celui des autres, que chaque classe plus favorisée gardait vis-à-vis de celles qui l’étaient moins, ne s’affaiblit jamais au point de s’éteindre, mais tendit constamment à se ranimer, quoique sous bien des formes nouvelles. Les divers ordres de l’État, les classes, les nationalités, n’étaient plus, il est vrai, séparés par les mêmes lignes de démarcation qu’autrefois ; les conditions du passage d’une sphère de l’ordre social dans une autre subissaient de continuels changements qui, en somme, constituaient des facilités toujours croissantes ; mais, il était dans la nature des choses que tous ceux qui entraient dans une communauté nouvelle d’un degré supérieur ne tardaient pas à partager les idées d’orgueil de leurs nouveaux pairs, et à y joindre la prétention de valoir mieux que ceux des rangs desquels ils venaient de sortir. Ainsi, malgré le renversement des anciennes institutions, les distinctions sociales du passé se maintinrent en partie, et les inégalités de fait se multiplièrent même, par suite dû développement des nouvelles institutions monarchiques.

Bien que, depuis la fondation de l’empire, nombre d’affranchis fussent parvenus à de grandes positions, par l’ascendant du pouvoir et plus encore par celui de la richesse, et que la durée de la possession de ces avantages dût nécessairement faire monter en considération toute la classe, les membres de celle-ci, comme tels, ne réussirent pourtant jamais à se faire reconnaître pour égaux des hommes libres de naissance. Lors même que ceux-ci s’inclinaient le plus profondément devant ceux-là, rampaient à leurs pieds et les flagornaient, jamais l’homme né libre n’oubliait qu’il était réputé de condition meilleure que l’affranchi. Quand tu célèbres l’anniversaire de ta naissance, dit Martial (X, 27) en s’adressant à un riche affranchi, certes le sénat et nombre de chevaliers viennent dîner chez toi ; mais personne, Diodore, ne croit à ta naissance. Et ailleurs le même poète apostrophe ainsi un autre parvenu de la même classe :

Jus tibi natorum vel septem, Zoïle, detur,

Dura matrem nemo det tibi, nemo patrem (XI, 12).

Même le fils d’affranchi trouvait d’autant plus de difficulté à faire oublier son origine qu’il s’élevait davantage, quoique, en cela, il fût naturellement plus malaisé de maintenir la rigueur des anciens préjugés. Horace s’entendit traiter, sur le ton de l’insulte, de fils d’un père affranchi, par des jaloux qui lui enviaient l’amitié de Mécène, bien que Mécène lui-même eût l’esprit assez large pour déclarer que la condition du père d’un homme était chose indifférente, pourvu que le fils fût né libre[1]. Cinquante ou cent ans plus tard, après que maint fils d’affranchi fût devenu sénateur[2], cet esprit de jalousie aurait probablement cherché un autre prétexte pour attaquer, comme illégitime, la position si modeste de notre poète ; cependant, même au bout de deux siècles, quand Pertinax, le fils d’un affranchi[3], parvint, par son mérite militaire, à s’élever, en 178, au consulat, on ne manqua pas de faire circuler des mots dédaigneux à propos de son humble origine. Voilà, disait-on[4], ce que fait la maudite guerre.

Après ceux qui ne descendaient pas d’hommes libres, c’est les gens des provinces conquises que l’orgueil national romain considérait le moins. Le testament politique d’Auguste, dans les conseils qu’il renferme pour ses successeurs, leur recommande, entre autres, de conférer sobrement le droit de cité, pour maintenir la distance entre les citoyens et les provinciaux. Parmi ceux-ci, on faisait comparativement plus de cas des occidentaux que des orientaux, contre lesquels on éprouvait d’ailleurs en partie une répugnance fondée sur la diversité de race. Aux habitants des provinces de l’Occident même, on ne reconnut que tardivement, et après une très vive opposition, les droits que les Italiens possédaient de longue date.

César, en introduisant dans le sénat quelques Gaulois, à demi barbares, ne le put sans frapper en quelque sorte l’opinion publique au visage. Le Gaulois le plus cossu peut-il être comparé au dernier citoyen romain ? dit Cicéron[5] à propos d’un provincial de la Gaule narbonnaise, la partie la plus romanisée des Gaules pourtant. Dans un placard affiché aux murs, on invitait tout le monde à ne pas montrer le chemin de la curie aux nouveaux sénateurs, et ; dans les rues, le peuple s’en allait chantant : Les gens qu’en triomphe il traînait naguère à sa suite, il les introduit dans la curie ; tout à l’heure ils portaient des braies, les voilà maintenant avec la grosse bande de pourpre[6].

Il paraît qu’Auguste élimina plus tard ces sénateurs gaulois ; mais déjà, en l’an 40 avant J.-C., on avait vu un étranger arriver même au consulat, quoique seulement comme suppléant d’un autre titulaire. Nous voulons parler de l’Espagnol Balbus, de Gadès, qui s’était poussé pendant les guerres civiles, en tirant habilement parti des circonstances et de ses richesses[7]. Dès les premiers temps de l’empire aussi, nombre d’hommes de la Gaule narbonnaise parvinrent à des emplois sénatoriaux[8]. En 50, on permit aux sénateurs originaires de cette province d’y aller visiter leurs terres, sans avoir pour cela besoin de se munir d’un congé[9]. Valérius Asiaticus de Vienne, qui s’éleva à une hauteur que peu de sujets atteignaient cette époque, fut deux fois consul ; la seconde fois, cependant, en 46, il donna sa démission, dans le vain espoir de se soustraire par celle-ci aux embûches de ses nombreux ennemis et jaloux. Aussi quand, en 47, les chefs des nouvelles provinces des Gaules, romaines depuis un siècle pourtant, sollicitèrent l’admissibilité aux charges sénatoriales, ils rencontrèrent une vive résistance. L’Italie, disait-on, n’est pas encore tellement épuisée qu’elle ne puisse fournir un sénat à sa capitale. N’est-ce pas assez de l’intrusion de Vénètes et d’Insubres (Gaulois cisalpins) dans la curie ? Quel privilège resterait donc alors aux rejetons de l’ancienne noblesse ou aux pauvres sénateurs natifs du Latium 2 Ces richards, dont les ancêtres ont été vaincus par nos armées, ne tarderaient pas à prendre possession de toutes les places. Qu’on leur accorde le droit de cité, mais que l’on n’aille pas jusqu’à ravaler, en les prodiguant, les distinctions sénatoriales, les dignités des magistrats. La volonté positivement exprimée de l’empereur Claude réduisit cette opposition au silence. Il existe encore à Lyon, sa ville natale, un fragment, gravé sur de l’airain, du savant discours déjà mentionné qu’il tint à cette occasion. Les Éduens, qui habitaient le pays entre la Saône et la Loire, furent les premiers qui obtinrent alors le droit de fournir un contingent au sénat romain[10]. Des hommes originaires d’autres provinces ne peuvent encore y avoir figuré qu’en très petit nombre à cette époque, et ils y étaient certainement regardés de mauvais œil, comme des intrus.

Tacite parle d’une lettre écrite en 63 à Néron par Sénèque, né à Cordoue, dans laquelle ce dernier s’applique ù désarmer ses accusateurs par l’aveu qu’il fait lui-même de son indignité. Souvent, lui écrit-il[11], je me suis posé cette question. Puis-je, moi qui suis de descendance équestre et provincial, me compter parmi les premiers de l’État ? Me suis-je, moi, homme nouveau, élevé légitimement à une position si brillante, à côté des membres d’une noblesse dont la gloire est ancienne ?

Sous Vespasien, le sénat, de nouveau décimé par les guerres civiles, reçut le renfort d’un contingent plus considérable des provinces[12] ; depuis lors ce fut de celles-ci qu’il tira de plus en plus ses meilleurs éléments de force, et quand un Espagnol, Trajan, fut monté sur le trône impérial, il fallut bien que l’opposition des Romains exclusifs contre leurs concitoyens des autres pays d’Occident se tût, ou du moins se bornât à murmurer en cachette. Sous cet empereur, Q. Lusius Quietus, prince maure, qui s’était distingué, à la tête de sa cavalerie, dans les guerres contre les Daces et les Parthes, arriva en 115 au consulat[13]. Le chevalier romain que l’on peut regarder comme l’auteur de la maison de Septime Sévère était de Leptis[14] ; le grand-père maternel ou, suivant Casaubon, le bisaïeul de l’empereur Didius Julianus, le célèbre jurisconsulte Salvius Julianus, consul en 132, d’Adrumète[15] ; Plautien, enfin, le favori de Sévère, comme eux d’une province d’Afrique[16]. Les Grecs et les Orientaux, contre lesquels il y avait l’antipathie la plus forte, demeurèrent le plus longtemps frappés d’exclusion. Doit-il être permis qu’un homme venu à Rome avec le vent qui y apporte les prunes de Damas et les figues de Syrie, s’écrie dans Juvénal[17] un Romain de naissance, imprime devant moi son sceau sur un acte public, et occupe à table une place d’honneur ? N’est-ce donc rien d’avoir respiré dans notre enfance l’air du mont Aventin et mangé les fruits de la Sabine ? Et lui, le fils ou fils adoptif d’un affranchi d’Aquinum, toisait avec le plus profond mépris les chevaliers de la terre asiatique[18]. Cependant, le chevalier Védius Pollion, un des amis d’Auguste, était originaire de Césarée en Bithynie. Alexandre Sévère encore avait honte de son origine syrienne et s’attribuait fictivement une souche romaine[19]. Mais le ban était levé et il est certain que, depuis le commencement du deuxième siècle du moins, les hommes les plus considérés de ces provinces eurent également accès au sénat. Arrien administra la Cappadoce en qualité de légat consulaire, Cassius Apronianus, le père de Dion Cassius, né en 155, la Cilicie et la Dalmatie. Les Égyptiens ne parvinrent que les derniers aux mêmes honneurs, sous Caracalla[20]. Cependant il va sans dire, et le fait se trouve confirmé par des témoignages positifs, que, dans les siècles suivants encore, les Romains eurent la préférence sur les provinciaux dans le choix aux hauts emplois[21]. L’aversion pour les étrangers, les intrus des provinces, et la jalousie contre eux, le dédain dont avaient à souffrir tous les gens nés hors de l’enceinte du mur de la capitale, persistèrent à Rome jusque dans les derniers temps de l’empire, et, à cette époque encore, la populace y manifestait au spectacle, par des clameurs bruyantes, sa haine pour ce qu’il appelait les étrangers[22].

Les Italiens, les Latins eux-mêmes n’étaient pas acceptés comme frères par les Romains exclusifs, bien que placés plus haut dans leur esprit que les provinciaux. L’Italien, fût-il sénateur, restait un parvenu, et même ses enfants avaient encore de la peine à faire oublier leur origine. Marc-Antoine, qui descendait d’une race antique, avait reproché à Octave sa naissance d’une mère d’Aricie[23]. On croirait, dit Cicéron du premier, l’entendre parler d’une femme de Tralles ou d’Éphèse. Vous voyez le peu de cas qu’on fait de nous, qui sommes originaires de municipes, c’est-à-dire de nous tous, tant que nous sommes. Car en est-il beaucoup parmi nous qui n’en sortent pas ? On peut juger de la profondeur des racines que cet orgueil avait dans le sentiment romain, de la résistance opiniâtre qu’il trouvait moyen d’opposer à toutes les influences tendant à modifier et à détruire les anciens rapports de la société, par le fait qu’un siècle et demi plus tard encore, un Tacite ne faisait guère moins de différence entre Rome et les, autres villes d’Italie, et cela après les règnes des Flaviens, famille originaire de Reate (Rieti), ville d’Ombrie, et sous celui de Trajan, d’un empereur natif d’Espagne. Ce qu’il dit à ce sujet serait encore plus significatif, s’il avait été réellement d’origine équestre. Il accompagne le récit de l’adultère de Livie, femme de Drusus, avec Séjan, le chevalier de Volsinies (Bolsène), ville d’Étrurie, de cette observation : Et cette femme qui avait Auguste pour oncle, Tibère pour beau-père et des enfants de Drusus, déshonora sa personne, ses ancêtres et sa postérité par l’adultère avec un municipal ![24] Le mariage de la petite-fille de Tibère, Julie, en secondes noces, avec Rubellius Blandus, lui parut une telle mésalliance pour cette princesse, qu’il le désigna comme un sujet d’affliction publique ; beaucoup de personnes se souvenant encore du grand-père de Rubellius, simple chevalier de Tibur[25] ; et cependant Rubellius lui-même, ou du moins son père, avait été consul[26]. Si, cinquante ans après l’époque à laquelle écrivait Tacite, Marc-Aurèle donna sa fille Lucille au fils d’un chevalier romain d’origine antiochienne et d’une noblesse de peu d’éclat[27], cela s’explique sans doute moins par un changement dans les idées du temps, que par l’esprit cosmopolite de cet empereur philosophe, qui était plus que tous ses contemporains exempt des préjugés étroits d’un romanisme exclusif. Il ne choisit point, nous dit-on, pour gendres, les premiers du sénat, car il ne regardait pas à la vieille noblesse, ni à la richesse, mais uniquement à la valeur personnelle des hommes[28]. Du reste ni Lucille, ni sa mère Faustine, ne furent satisfaites de ce mariage, et il paraît que l’âge déjà avancé de l’élu ne fut pas la seule raison de leur mécontentement.

Les propos que nous venons de citer caractérisent en même temps l’esprit de caste des sénateurs, vis-à-vis de l’ordre équestre, d’autant mieux que la distance observée entre les deux ordres correspondait, en grande partie, à celle que maintenait aussi, d’autre part, la distinction entre l’origine municipale ou romaine de leurs membres respectifs. Nous aurons l’occasion de rapporter plus loin d’autres manifestations du même esprit[29].

Est-il besoin d’ajouter qu’il y avait entre le premier ordre et le troisième un abîme ? Bornons-nous à citer, pour ne laisser aucun doute à cet égard, un propos caractéristique.

Un sénateur de rang prétorien, accusé sous Domitien d’un délit problématique, préféra un exil volontaire à une condamnation certaine, et se trouva ainsi réduit à la nécessité de donner en Sicile des leçons de rhétorique, pour vivre. Paraissant un jour devant son auditoire, il commença par lui débiter cette phrase : Quel jeu cruel ne joues-tu pas avec nous, Ô fortune ! De sénateurs tu fais des professeurs ; de professeurs, des sénateurs ! Or, dans cette phrase, dit Pline le Jeune[30], il y a tant de fiel, tant d’amertume, qu’il ne s’est, je crois, fait professeur qu’afin de trouver à placer son mot ! Presque dans les mêmes termes que Pline le sénateur, Juvénal, qui appartenait au second ordre, présente aussi ces deux positions sociales comme les deux extrêmes. Si la fortune le veut bien, dit-il[31], elle fera de vous, rhéteur, un consul, ou bien encore, si elle le veut, d’un consul un rhéteur !

 

 

 

 



[1] Horace, Sat., 1, 6, 6, etc. ; 16, 45, etc.

[2] Pline le Jeune, Lettres, III, 14.

[3] Voir sa biographie, chap. I.

[4] Dion Cassius, LXXI, 22.

[5] Pro Fontejo, XII, sq.

[6] Suétone, César, chap. LXXVI et LXXX.

[7] Dion Cassius, XLVIII, 32. — Pline, Hist. nat., VII, 136, où il est dit de Balbus : Primas externorum atque etiam in Oceano genitorum usus illo honore, quem majores Latio quoque negaverant.

[8] Tacite, Annales, XI, 24: Num peenitet Balbos ex Hispania nec minus insignes virose Gallia Narbonensi transivisse ? (Est-on fâché que les Balbus soient venus d'Espagne, et d'autres familles non moins illustres, de la Gaule narbonnaise ?) Dans un discours prononcé par Claude au sujet du jus honorum des Gaulois, il y a de même : Ornatissima ecce coloria valentissimaque Viennensium quam longo jam tempore senatores huic curiæ confert.

[9] Ibid., XII, 23.

[10] Tacite, Annales, XI, 23-25.

[11] Tacite, Annales, XIV, 53.

[12] Suétone, Vespasien, chap. IX. — Voir aussi Tacite, Annales, III, 55.

[13] Dion Cassius, LXVIII, 32.

[14] Voir dans Stace, Silves, IV, 5, 29, etc., une poésie adressée à ce chevalier.

[15] Vie de Didius Julianus, chap. 1.

[16] Hérodien, XIII, 6.

[17] Juvénal, III, 81, etc. - Voir aussi I, 130, ces vers :

Nescio quis — Ægyptius atque Arabarches

Cujus ad effigiem non tantum mejere fas est.

[18] Ibid., VII, 14, et Martial, X, 76.

[19] Voir sa biographie, chap. XXVIII et LXIV.

[20] Dion Cassius, LI, 17 ; LXXVI, 5.

[21] Vie de Pescennius Niger, chap. VII : Il interdit également à quiconque d’être assesseur ou gouverneur dans sa province de naissance, sauf à Rome pour les Romains, c’est-à-dire les gens originaires de la ville.

[22] Ammien Marcellin, XIV, 6, 22 ; XXVIII, 4, 32.

[23] Cicéron, Philippiques, 3, 6, 15. - Suétone, Octave, chap. IV.

[24] Annales, IV, 3. - Voir aussi III, 29.

[25] Ibid., VI, 27.

[26] Ibid., III, 55.

[27] Vie de Marc-Antonin, chap. 20.

[28] Hérodien, I, 2, 2.

[29] Voici pourtant un récit trop caractéristique pour la différence que l’on faisait entre les deux ordres, pour que nous négligions de le reproduire ici, textuellement, d’après Suétone, qui, dans sa biographie de Vespasien, chap. IX, rapporte ce qui suit : Pour faire comprendre que ces deux ordres différaient moins par la liberté que par la dignité, il prononça dans la querelle d'un sénateur et d'un chevalier romain, qu'il n'était pas permis de dire des injures à un sénateur, mais qu'il était juste et légitime de rendre outrage pour outrage. — Des inscriptions avec les mots pater senatoris, avus senatoris, dans Muratori (516, 6, par exemple), témoignent aussi de l’importance qu’on attachait aux rapports de parenté avec des sénateurs.

[30] Pline le Jeune, Lettres, IV, 11.

[31] Juvénal, VII, 198. — On a pensé que Pline, dans le passage précité, avait voulu faire une allusion à Quintilien ; cela n’est point vraisemblable toutefois, ce dernier n’ayant obtenu que les ornements consulaires, qui ne donnaient point entrée au sénat. Mais on peut admettre l’intention dont il s’agit de la part de Juvénal, qui, ayant fait mention de Quintilien un peu plus haut, avait dans le choix de ses expressions plus de liberté, comme poète.