PARIS — LIBRAIRIE ARMAND COLIN — 1903.
LIVRE SIXIÈME. — La Chanson des Corsaires.CHAPITRE I. - La Course. — CHAPITRE II. - Les Contes Égyptiens. LIVRE SEPTIÈME. — Les Lotophages et les Kyklopes.CHAPITRE I. - Les Lotophages. — CHAPITRE II. - Les Kyklopes. LIVRE HUITIÈME. — Aiolos et les Lestrygons.CHAPITRE I. - L'Île Aioliè. — CHAPITRE II. - Les Lestrygons. LIVRE NEUVIÈME. — Kirkè et le Pays des Morts.CHAPITRE I. - L'Épervière. — CHAPITRE II. - La Nekyia. LIVRE DIXIÈME. — Les Sirènes. Charybde. Skylla. L'Île du Soleil.CHAPITRE I. - Les Sirènes. — CHAPITRE II. - Charybde et Skylla. — CHAPITRE III. - L'Île du Soleil. LIVRE ONZIÈME. — Ithaque.CHAPITRE I. - Le Royaume d'Ulysse. — CHAPITRE II. - Périples et Réalités. LIVRE DOUZIÈME. — Composition de l'Odyssée.CHAPITRE I. - Les Sources du Poème. — CHAPITRE II. - Procédés et Inventions. — CHAPITRE III. - Âge et Patrie du Poème. PRÉFACE.En ce second volume de l'ouvrage , le lecteur trouvera la fin des Aventures d'Ulysse et mes conclusions sur l'origine de l'Odyssée. Quand, au début da premier volume, j'indiquais déjà la tendance générale de ces conclusions, je ne pouvais pas espérer que, si tôt, il me viendrait d'aussi illustres alliés. M. Michel Bréal écrivait en février 1903 : Si l'on en croyait les continuateurs de Wolff, l'épopée homérique se présenterait en des conditions bien extraordinaires. Ce n'est pas une œuvre qui ait été conçue et exécutée : elle a pris naissance, elle a grandi naturellement. Ainsi s'exprime Frédéric Schlegel. Chacun des mots de cette phrase est clair en lui-même ; mais dans l'ensemble la pensée est difficile à saisir. Jacob Grimm va plus loin : La véritable épopée est celle qui se compose elle-même elle ne doit être écrite par aucun poète. Nous voyons ici érigé en maxime ce qui était précédemment donné comme un fait une fois arrivé. Vient ensuite le grand mot qui ne manque jamais quand l'idée cesse d'être claire. L'épopée grecque est une production organique. Et enfin (ceci est du philosophe Steinthal) : Elle est dynamique, c'est-à-dire sans doute qu'elle ne doit rien au dehors, elle a sa force de développement en elle-même. L'allemand se prête merveilleusement à ces formules qui, en leur obscurité, ont quelque chose d'impérieux. Les livres de Lachmann en sont pleins. L'histoire littéraire les a accueillies chez nous, depuis cinquante ans, et s'en est servie largement. Après qu'elles eurent étonné nos pères, la génération suivante les a répétées sans trop y penser. Les longues discussions qu'elles avaient soulevées se sont éteintes peu à peu en laissant les esprits à moitié convaincus[1]. Je pense, avec M. Michel Bréal, que les théories wolfiennes ont fait leur temps et qu'il faut revenir à une explication plus humaine de l'Odyssée. Ici, le lecteur retrouvera la vieille croyance en un poète, en un écrivain, auteur conscient de ce Retour d'Ulysse. En même temps, M. P. Jensen déclarait dans la Zeitschrift faür Assyriologie (XVI, I, p. 125-153) que l'Odyssée lui semblait proche parente des épopées assyriennes, en particulier du Retour de Gilgamesh; il promettait de donner bientôt les preuves détaillées de cette assertion, dont il indiquait seulement quelques vraisemblances. Je crois aussi que les littératures égyptienne et chaldéenne nous fourniront quelque jour les véritables sources de la poésie homérique : â l'origine de la littérature grecque, il faudra mettre en fin de compte les mêmes influences orientales qu'à l'origine des sciences et des arts plastiques ou industriels de la Grèce primitive. Ce second volume parait un peu plus tard que je ne l'avais prévu. J'ai pourtant rencontré des collaborateurs pleins de zèle, qui m'ont simplifié la tâche. En tète du premier volume, je nommais déjà les principaux. A chaque page du second, on retrouvera les œuvres de Mme Victor Bérard. Mes collègues, auditeurs élèves de l'École des Hautes Études m'ont aidé avec un dévouement que je ne pourrai jamais oublier. MM. Louis Bodin et Paul Mazon, que tous les hellénistes connaissent et qui comptent déjà parmi les maîtres de la philologie grecque en France, ont pris la peine de relire et de corriger ligne par ligne toutes les épreuves : leurs conseils et leurs objections m'ont servi presque à chaque page. MM. Edmond Esmonin et Louis Rosset ont dressé les Index : à cette besogne fastidieuse, ils ont donné leur temps et leur méticuleuse patience; depuis trois ans, leur attachement fidèle m'a rendu mille autres services. Mon collègue A. Moret m'a fourni tous les renseignements égyptologiques dont j'ai pu avoir besoin. Je dirai au cours de ce volume tout ce que je dois à d'autres Français : mes amis L. Matruchot et M. Caullery ont pour moi fait des recherches dans leurs laboratoires et leurs serres; M. Vélain m'a prêté les clichés de ses cartons géologiques. J'ai rencontré à l'étranger des dévouements auxquels je ne pouvais m'attendre. On verra- tout ce que je dois à MM. N. Paulatos (d'Ithaque), L. Lugeon (de Lausanne), F. Boissonnas (de Genève), N. Mansi (de Ravello), A. Mori (de Florence), etc. M. N. Paulatos a exploré et photographié certains parages d'Ithaque auxquels je n'avais pas eu le temps d'accéder. Mieux encore : M. F. Boissonnas, dont on connaît les admirables photographies de montagnes, s'est mis à ma disposition pour un voyage en Grèce ; il a entrepris le périple d'Ithaque suivant mes indications, à seule fin de m'envoyer les documents qui me faisaient faute. M. Attilio Mori a consulté pour moi les archives de l'Institut cartographique de Florence. M. Lugeon m'a donné la primeur de sa belle exploration de Stromboli. Dans un dernier voyage en Crète (avril 1905), j'ai pu mettre à profit l'obligeance de MM. Evans et Halbherr : ils constateront, je crois, en mes conclusions quel souvenir j'ai gardé de nos entretiens. Si Dœrpfeld, qui m'avait envoyé, sitôt composées, les épreuves de son article Das Homerische Ithaka, ne m'a pas converti à ses hypothèses, il pourra cependant mesurer le profit que j'ai tiré de son mémoire. La plupart des comptes rendus, au sujet du premier volume, ont loué l'exécution et la correction matérielles de cet ouvrage : me sera-t-il permis à mon tour de rendre justice au travail de mes imprimeurs et éditeurs ? Saint-Valéry-en-Caux, 7 septembre 1903. |