LA VIE DE MARGUERITE DE VALOIS

REINE DE NAVARRE ET DE FRANCE (1553-1615)

 

JEAN-HIPPOLYTE MARIÉJOL.

Professeur à la Faculté des Lettres de l'Université de Lyon.

PARIS - HACHETTE - 1928

 

 

INTRODUCTION.

BIBLIOGRAPHIE.

CHAPITRE I. — JEUNESSE ET PROJETS DE MARIAGE.

CHAPITRE II. — LES NOCES VERMEILLES.

CHAPITRE III. — FIN DU RÈGNE DE CHARLES IX. - PREMIÈRES INTRIGUES DE MARGUERITE.

CHAPITRE IV. — ENTRE HENRI III ET LE DUC D'ALENÇON.

CHAPITRE V. — LE VOYAGE DES PAYS-BAS.

CHAPITRE VI. — LA PACIFICATION DU MIDI.

CHAPITRE VII. — LA COUR DE NÉRAC.

CHAPITRE VIII. — DE GASCOGNE EN GASCOGNE.

CHAPITRE IX. — EN RÉVOLTE CONTRE LES DEUX ROIS.

CHAPITRE X. — DE CARLAT À USSON.

CHAPITRE XI. — MARGUERITE DE VALOIS ET LA LIGUE.

CHAPITRE XII. — LE DIVORCE ET LE REMARIAGE D'HENRI IV.

CHAPITRE XIII. — LA VIE À USSON.

CHAPITRE XIV. — LE RETOUR À PARIS ET LES DERNIÈRES ANNÉES DE LA REINE.

CONCLUSION.

 

INTRODUCTION.

Marguerite de Valois, reine de Navarre et de France, dont je me propose de raconter la vie, toute la vie, était fille d'Henri II et de Catherine de Médicis, petite-fille de François Ier par son père, et descendante par sa mère de Laurent le Magnifique. Cette double origine, la Cour de France où elle passa son enfance et sa jeunesse, et en fin son siècle, l'ardent XVIe siècle, ont contribué, comme les hasards de son histoire, à former sa personnalité et à faire d'elle une Valois-Médicis de belle marque.

A qui veut la bien comprendre, une aide est nécessaire, c'est l'esquisse, une simple esquisse, du milieu où elle a grandi.

Elle est née dans le plein éclat de la puissance française. Son père, Henri II, rompant au début avec la politique de ses prédécesseurs, porta son principal effort, non plus en Italie, mais à l'est, vers le Rhin, cette frontière naturelle du royaume. Allié aux princes luthériens allemands, qui appréhendaient en Charles-Quint un nouveau Charlemagne, il occupa, comme prix de son concours, les Trois Evêchés, Metz, Toul et Verdun, pays de langue française qui relevaient du Saint-Empire romain germanique. Après un effort infructueux de son redoutable adversaire pour reprendre Metz que défendit' François de Lorraine, duc de Guise, il obtint, à la trêve de Vaucelles, de garder provisoirement ses conquêtes d'Austrasie.

Ce fut le moment glorieux du règne et de la dynastie, une première partie gagnée dans la lutte contre la Maison d'Autriche. Le vieil Empereur vaincu abandonna son dessein de soumettre la Chrétienté à son hégémonie et l'Allemagne à sa domination. Le fils de François Ier avait réussi mieux que son père à consolider les libertés germaniques et à délivrer le monde d'un cauchemar opprimant d'unité.

Les succès du roi de France au dehors sont en partie le résultat de son autorité au dedans. Il concentre tous les pouvoirs en son Conseil, où il arrête ses ordres, choisit des agents d'exécution, fait et défait les lois. Il est le suprême juge comme l'unique législateur. Il permet les remontrances aux Parlements, mais leur interdit de récalcitrer. Il ne réunit plus les Etats généraux, ces assemblées consultatives des trois ordres de la nation ; il laisse mourir ou végéter les Etats provinciaux. Il taxe les villes à merci, intervient dans les élections, remanie en cas de révolte les constitutions municipales. Il exploite les biens d'église dans l'intérêt de ses affaires et quelquefois de ses plaisirs. Il domestique la noblesse et l'aristocratie. A sa Cour affluent tous ceux qui briguent un gouvernement, une charge, un bénéfice, une pension.

Il n'y a plus de grand vassal que dans la région lointaine du Midi. Là, s'était constitué sous la dynastie des d'Albret un Etat fait de plateaux, de plaines et de montagnes, qui s'allongeait vers la Garonne, presque jusqu'à la toucher, entre les provinces royales de la Guyenne et du Languedoc et qui, par delà le fleuve, avait dans la région de la Charente un poste avancé, le comté de Périgord (sans Périgueux).

De la Navarre, la plus grosse part avec la capitale Pampelune avait été ravie en 1513 par Ferdinand d'Aragon à Jean d'Albret, allié de Louis XII, mais le lambeau que le souverain dépouillé gardait au nord des Pyrénées et le Béarn, qui y était contigu, si petits qu'ils fussent, formaient une principauté indépendante. Les d'Albret, partout ailleurs vassaux du roi de France, étaient là rois par la grâce de Dieu. Ils tenaient les ports (passages) qui relient l'Espagne et la France, exposés à la tentation de les ouvrir au plus haut prix à l'une ou l'autre de ces grandes puissances rivales.

Aussi Louis XII, quoique Jean d'Albret eût souffert de l'avoir servi, et après lui François Ier et Henri II ne montrèrent aucun zèle, dans les traités avec Ferdinand d'Aragon et Charles-Quint, à faire rendre au possesseur légitime la Navarre au sud des Pyrénées. Ils pensaient avoir plus à perdre qu'à gagner à la consolidation de ce Piémont pyrénéen. Ils intervinrent dans leurs affaires de famille comme si ces princes souverains n'avaient été que les premiers de leurs sujets. ils rompirent leurs velléités matrimoniales avec la Maison d'Autriche. François Ier, qui avait marié sa sœur Marguerite d'Angoulême à Henri d'Albret, le successeur du roi Jean, fiança d'autorité leur fille, Jeanne d'Albret, malgré eux et malgré elle, au duc de Gueldre, et, quand ce prince allemand se fut retiré de son alliance et réconcilié avec Charles-Quint, il la donna au duc de Vendôme, Antoine, chef de la maison de Bourbon.

Ce n'est pas qu'Antoine lui fût agréable ; mais à défaut d'un prince d'Empire, il ne pouvait imposer à la reine de Navarre, qui souhaitait pour gendre le fils de Charles-Quint, que le premier prince du sang. Depuis la révolte du Connétable, lui et Henri II tenaient en suspicion les Bourbons, qui descendaient comme eux de saint Louis. Ils affectaient de préférer à ces cousins, leurs héritiers possibles, des cadets de grandes familles étrangères, les Guise de Lorraine, les Nemours de Savoie, les Clèves-Nevers, les Gonzague de Mantoue, qui n'ayant point de droits à la couronne n'y pouvaient avoir de prétentions. Ils gratifièrent ces naturalisés de gouvernements, de faveurs, de bénéfices et les marièrent aux plus riches héritières du royaume et même à des princesses du sang. Ils érigèrent leurs terres en duchés-pairies. Ils leur donnèrent le pas sur les princes du sang qui n'étaient pas ducs et pairs, et, même quand ceux-ci l'étaient, ils réglèrent la préséance dans les cérémonies sur l'ancienneté des pairies, comme si le choix du souverain devait l'emporter sur le privilège de la naissance.

Au sacre d'Henri II, un simple gentilhomme, Anne de Montmorency, qui était, il est vrai, d'aussi vieille race que les Capétiens, créé duc et pair par François Ier en même temps que connétable, passa lui aussi comme les princes étrangers avant les princes du sang. Les Valois-Angoulême pensaient en avoir fini avec les puissances du passé, sans réfléchir qu'ils en suscitaient d'autres.

Mais ils se croyaient sûrs de l'avenir, ayant pour eux les forces intellectuelles. L'antiquité retrouvée les révérait comme ses protecteurs et ses Mécènes. François /er avait institué en Collège de France des lecteurs royaux de langues grecque et hébraïque, ces véhicules d'hérésie, au dire des théologiens, et il protégeait les humanistes, tant qu'il pouvait, contre l'intolérance dogmatique de la Sorbonne et les poursuites des Parlements.

L'imagination, émue par le miracle du génie grec et latin, ne se contentait pas d'une stérile admiration. Après l'ère des érudits, qui d'ailleurs se continua, s'ouvrit celle des imitateurs. L'ambition de la Pléiade fut de substituer à la littérature étriquée, mièvre ou pédante de l'âge précédent, les grands genres poétiques, où avaient triomphé Rome et Athènes : Epopée, Ode et Drame.

Le règne d'Henri II est la belle époque, de cette évolution. Deux ans après son avènement, Joachim Du Bellay proclama l'aptitude de la France à égaler les chefs-d'œuvre antiques (1549). Ronsard, qui avait inspiré le manifeste, se vouait à en faire la preuve. Il reprenait vivement ses contemporains, qui s'obstinaient à écrire en latin. C'est luy, dit d'Aubigné, qui a coupé le filet que la France avoit soubs la langue. Les Odes commencèrent à paraître en 1550 et les Amours en 1552. L'Ode première du livre III — où il annonce le dessein et trace le plan de la Franciade, cette épopée qu'il médita si longtemps, — est de l'année même où naquit Marguerite. Du vivant d'Henri II, il publia encore la Continuation des Amours, les Hymnes, et immédiatement après une grande partie des Poèmes. Son exemple incita la Pléiade, et d'autres poètes en dehors de cette constellation, à le suppléer dans un effort universel d'adaptation auquel il n'aurait pu suffire seul, et, nouveau gain, à remettre en scène, vêtues à la grecque et à la romaine, mais parlant français, la tragédie et la comédie. Il célébrait en chants pindariques les campagnes et les victoires du souverain. Il ambitionnait d'être le chantre national et de donner à sa patrie, comme Homère et Virgile, l'Epopée, dont, ignorant le moyen âge, il la croyait totalement dépourvue. Aussi s'explique-t-On que les contemporains aient exalté un pareil chef de chœur jusqu'à le placer — il est vrai que c'était dans une oraison funèbre — au-dessus d'Homère, de Pindare et de Virgile, ces glorieux favoris d'Apollon. Lui, le grand poète, se défendait de prétendre même à l'égalité. Mais, pour humble qu'il fat devant les anciens, il avait de son génie l'idée la plus haute. Même quand il quémande les grâces royales, il se pose en bienfaiteur. Que sont quelques pensions et bénéfices ecclésiastiques, en comparaison de l'immortalité qu'il offre à Henri II ?

Ce n'est rien (mon grand Roy) d'avoir Bolongne prise,

D'avoir jusques au Rhin l'Allemagne soumise.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Sans les Muses deux fois les Rois ne vivent pas !

Du même air, il enseigne aux jeunes filles du Roi, parmi lesquelles Marguerite, alors toute petite, l'unique moyen de vivre éternellement :

Peu de temps la beauté dure,

Et le sang qui des Rois sort,

Si de l'esprit on n'a cure,

Autant vaut quelque peinture....

Mais le sçavoir de la Muse

Plus que la richesse est fort ;

Car jamais rouillé ne s'use

Et maugré les ans refuse

De donner place à la mort[1].

Les souverains n'y contredisaient pas. Tous ces Valois-Angoulême et Valois-Médicis aimaient les lettres pour elles-mêmes et les lettrés à cause d'elles, si différents sur ce point du premier Bourbon, leur successeur, qui affectait, peut-être par avarice, de n'apprécier que les hommes d'action.

Vainqueur de la Maison d'Autriche, célébré par les poètes, maître obéi de tous, grands et petits, Henri II faisait figure de Roi. Il était beau, sain et vigoureux, adroit à tous les exercices du corps, cavalier sans pair, constant dans ses affections. Jusqu'à sa mort, il garda au connétable de Montmorency l'attachement voué à ce mentor, qui avait guidé ses premiers pas dans la carrière des armes. Il resta fidèle, de cœur s'entend, à Diane de Poitiers, dont la différence d'âge — dix-neuf ans — allait toujours s'accentuant. Homme de tempérament amoureux, et qui aimait, dit Brantôme, aller au change, bon mari en un certain sens, plein d'égards et de déférence pour sa femme, il n'a jamais aimé d'amour que cette favorite qui l'avait initié à l'amour-passion et par là, croyait-il, aux nobles idées et aux grands sentiments. Jeune, il se plaisait à faire sa partie dans les concerts spirituels et à chanter et faire chanter les psaumes de David dans la traduction de Marot, laquelle ne passait pas encore pour hérétique, avec lues (luths), violes, espinettes, fleustes, les voix de ses chantres parmy. Du temps où il n'était encore que Dauphin, il avait projeté avec sa femme et sa sœur, Marguerite de France, d'écrire un recueil de nouvelles sur le modèle de Boccace, mais qui à la différence de celles du Décameron devaient être de véritables histoires. Il a fait quelques vers, de mauvais vers, pour Diane.

Marguerite était, de tous ses enfants, garçons ou filles, celle qui lui ressemblait le plus, dit-on, physiquement. Moralement aussi. Mais c'est assurément de sa mère que Marguerite tient sa passion pour la lecture et pour l'étude.

Catherine de Médicis appartenait à cette glorieuse famille des Médicis, qui, avant même d'usurper à Florence le pouvoir politique, s'y était arrogé un principat intellectuel et artistique.

Deux Papes, deux oncles, Léon X, patron éponyme du XVIe siècle, et Clément VII, un Mécène lui aussi, veillèrent sur son berceau ou son éducation. Elle quitta l'Italie à quatorze ans, et, déjà, mi-française par sa mère Madeleine de la Tour d'Auvergne, elle passa le reste de sa vie en France, où s'acheva la fusion de deux races, dans le creuset de la Cour et de la vie.

Elle connaissait à fond les deux littératures néo-latines, alors les premières de la chrétienté, la française et la toscane. Elle savait du latin et, pour complaire à sa belle-sœur, Marguerite de France, elle se mit à l'étude du grec.

Entre toutes les princesses de la Renaissance française, qui sont de pures lettrées, elle se distinguait par son goût pour les sciences, les mathématiques, la physique, l'astronomie, qu'on confondait alors avec l'astrologie. C'est une singularité dont sa fille hérita.

Jamais la Cour, cette manifestation de la puissance royale, ne fut jusqu'à Louis XIV aussi brillante et aussi belle. Elle l'emportait sur toutes celles de la Chrétienté par le nombre et l'importance des dames. Anne de Bretagne, duchesse et reine, y avait attiré les gentilshommes et les gentilles femmes que la disparition des maisons féodales laissait sans emploi. Par même politique attractive et par goût personnel, François Ier accrut encore cet entourage féminin. Henri II, mari aussi aimable qu'infidèle, avait à son avènement retenu au service de la nouvelle Reine (Catherine), rapporte l'ambassadeur impérial, trop plus de femmes qu'il n'y en avoit du vivant du feu Roy, que l'on dit excéder d'un tiers. La présence de tant de dames, dont beaucoup étaient belles, intelligentes et cultivées, fit d'une réunion d'hommes d'État et d'hommes d'épée le lieu d'élection des fêtes et des plaisirs. Les divertissements prirent une large place dans les rites du cérémonial. Bals, concerts, assemblées chez la Reine, banquets, défilés et cortèges, furent autant d'occasions d'étaler le luxe des vêtements et la splendeur de la chair.

L'humanisme avait révélé au monde étroit du moyen âge le nouveau monde de l'antiquité, élargi l'horizon de l'esprit humain, brisé les liens du dogmatisme. Ce fut comme une initiation aux mystères de la science, de la raison, du sentiment. A, cette coupe sacrée les fidèles burent jusqu'à l'ivresse. La nature leur apparut, non telle que le christianisme la représentait, une ennemie perfide, acharnée en sa grâce souriante à perdre l'âme avec le corps, mais comme la divinité bienfaisante qui créait, pour le bonheur des hommes, de la beauté, de l'amour, du plaisir. La joie de vivre cessa de paraître un péché, et la passion de savoir, une curiosité criminelle. On osa jouir sans remords et penser sans scrupules. L'abbaye de Thélème, cette vision de Rabelais, est l'image idéale d'une société d'élite, intellectuelle et mondaine, libre des entraves du passé, abandonnée aux biens du présent et qui n'avait d'autre souci que de s'épanouir en son vouloir et franc arbitre.

Les châteaux des rois et des grands ne sont plus des forteresses, étroitement closes de remparts, isolées par des fossés et des douves, mais, comme en Italie, des palais de ville et des maisons des champs, baignés d'air et de lumière, aux nobles façades, à l'abord facile, sans autre défense que la paix royale, salas autre fin que l'agrément des séjours et des villégiatures. Amboise, Blois, Anet, Chambord, Chenonceau, Chaumont, Azay-le-Rideau, Fontainebleau, etc., que la fantaisie des princes ou des particuliers édifie ou réédifie, autant de témoins de cette conception nouvelle de la vie.

En plein Paris, François Ier commence et ses successeurs continuent à jeter bas tout un côté du vieux Louvre de Charles V, le long de la Seine, pour élever à la place de ce château fort un autre Louvre sans enceinte, ni tours, ni tourelles, dans le goût et le style de la Renaissance.

Qui pouvait en ce temps de prospérité et de grandeur imaginer la décadence prochaine et l'arrêt, comme parle Brantôme, de cette bombance ?

C'est qu'en une monarchie absolue, tant valent les gouvernants, tant vaut la politique. Pour ce monarque de trente-sept ans, infatué de sa fortune et disposant d'une armée aguerrie, la tentation devait être forte de changer la trêve de Vaucelles en une paix plus glorieuse encore. Il écouta les voix du passé et les sollicitations du présent qui l'appelaient au delà des Alpes. Le chef de la maison de Guise avait épousé Anne d'Este, fille du duc de Ferrare, et s'intéressait à son beau-père en conflit avec l'Empereur. Catherine regardait Florence comme son héritage et méditait d'en chasser un Médicis d'une branche cadette, qui, après l'assassinat de son frère bâtard, le dernier mâle de la branche aînée, s'était fait élire par le peuple et nommer par Charles-Quint chef héréditaire de la Cité. Le pape Paul IV Carafa, ennemi furieux des Espagnols, offrait au roi de France pour ses fils cadets Naples et Milan, à charge de les prendre à Philippe II.

Mais, obligée de conquérir l'Italie du sud et de faire front au nord aux Impériaux et aux Anglais, la force française fléchit. L'armée qui marchait sur Naples n'alla pas plus loin que Rome, où le vieux Pape, pris de peur à l'approche des Espagnols, demandait grâce. Le connétable de Montmorency fut battu à Saint-Quentin et Paris menacé d'un siège. Guise, rappelé en toute hâte, rétablit les affaires ; il s'empara de Calais et de Thionville.

Mais l'argent manquait Pour continuer la lutte. Henri II, dégoûté des aventures italiennes, consentit, au traité du Cateau-Cambrésis (avril 1559), à rétrocéder au possesseur légitime le Piémont, que la France occupait depuis vingt-trois ans. Il ne garda de ses anciennes et récentes conquêtes que Calais et Metz, Toul et Verdun.

Le mariage de sa fille Élisabeth avec Philippe II et de sa sœur, Marguerite, avec le duc de Savoie, Emmanuel-Philibert, réintégré dans ses Etats, était une maigre compensation à la revanche des Habsbourg.

On a dit, non sans apparence, que la pullulation de l'hérésie dans son royaume aurait décidé le roi de France à cette paix onéreuse. Contre les luthériens, sacramentaires, anabaptistes, Vaudois, en rupture avec l'Eglise traditionnelle, François Ier, par politique ou par humanité, n'avait sévi que par à-coups, passant de sursauts de rigueur mais quels sursauts ! — à des relâches de tolérance. Henri II, poussé par Diane de Poitiers et les Guise, organisa la persécution, érigea la terreur en système, rêva d'extermination. Mais les dissidents à qui il eût affaire, ce n'était plus des individus isolés, ou des groupes épars, ou des Vaudois cantonnés dans quelques villages de Provence, mais un bloc nombreux et compact de fidèles unis par un même Credo et qui voulaient ramener la religion à la doctrine et la pureté des temps apostoliques.

Leur chef était un Picard, Calvin, qui, chassé de France par la persécution, s'était, après bien des traverses, fixé à Genève, une petite république, alliée aux cantons suisses, qu'affaiblissaient ses discordes intestines et que guettait l'ambition du duc de Savoie. Appelé à réformer l'Eglise et l'Etat, il leur imposa l'Evangile pour règle de la vie religieuse et politique. Président du Conseil des pasteurs, sorte de théologien consultant de la Cité, il en fut de 1541 à sa mort l'inspirateur et le maître.

Esprit rigoureusement logique, il rejeta — ce que Luther n'avait point osé — les pratiques et les croyances que l'Ecriture ne commande pas expressément. Son Institution de la religion chrétienne est la première et la plus forte synthèse d'un Evangélisme plus radical-que celui de Luther, et il est sorti de là une nouvelle forme d'église.

Le modèle qu'à Genève il en a donné est marqué de son empreinte austère. La hiérarchie que Luther maintenait a disparu : point d'évêques, des pasteurs

tous égaux entre eux. Le temple aux murs nus, sans autels, sans images, est fait pour un culte dont les cérémonies ordinaires sont le chant des psaumes et le prêche. Aucune pompe, aucun spectacle qui puisse solliciter les yeux et distraire l'âme de son véritable objet, l'adoration intérieure.

Le point de doctrine sur lequel Calvin revient sans cesse, c'est le péché originel et l'impuissance de l'homme déchu à faire son salut. Les œuvres, un néant au prix de la grandeur et de la bonté de Dieu, n'ont de mérite que par sa grâce, et celle-ci ne peut-être qu'arbitraire.

Mais ce cruel dogme de la prédestination, où Calvin se complaît, et qui semblerait devoir décourager l'effort, échauffa le zèle et trempa les énergies.

Les réformés firent, par amour de Dieu, plus qu'ils n'auraient fait par amour de leur salut. Le martyre même, accepté, non comme un titre de la créature à la faveur du Créateur, mais comme la rançon de sa reconnaissance, fut pour des âmes passionnées la plus puissante des séductions elle mobile le plus ardent du prosélytisme.

La doctrine de Calvin s'était répandue en Allemagne, en Angleterre, et dans les Pays-Bas. Elle conquit l'Écosse. En France, quoique le génie national répugnât à cette simplification du culte, elle absorba les dissidents de toute origine et entama les masses catholiques. L'Eglise de Genève fut la mère des églises réformées, et son enseignement reçu comme l'interprétation la plus pure de la parole divine.

L'effort d'Henri II se brisa contre cette unité de foi et cette passion de vérité. Au cours du règne, malgré tous les supplices et peut-être à cause d'eux, le nombre des convertis alla croissant. Mais le fait capital de la fin, ce fut l'adhésion ouverte d'une partie de l'aristocratie. Sans doute, il n'y avait pas eu jusque-là que des fols de petite condition qui se hasardassent de dire, faire et parler en public de ladite hérésie et religion prétendue réformée. Mais les officiers du Roi, les seigneurs et les grandes dames favorables à ces nouveautés, ne faisaient pas éclat de leurs opinions et le gouvernement fermait les yeux par crainte du scandale.

Les temps et les hommes changèrent. Parmi les grands fidèles à l'ancienne foi, les Guise se distinguèrent par un zèle où ils avaient un particulier intérêt. Le frère du duc de Guise, Charles, cardinal de Lorraine, archevêque de Reims à quatorze ans, abbé de Saint-Denis, de Cluny, etc., tirait de ses bénéfices ecclésiastiques un revenu de 300.000 livres. Un autre frère, Louis, fut évêque, archevêque, cardinal. Cette dynastie princière où les prélats étaient aussi richement pourvus que les chefs de guerre ne pouvait qu'être hostile à l'établissement d'une église démocratique et pauvre, sans hiérarchie de richesses, d'autorité et d'honneurs.

Il est remarquable que le connétable de Montmorency ait oublié ou dédaigné de rechercher pour ses fils les dignités ecclésiastiques et qu'il se soit contenté de mettre une de ses filles en religion. Il était bon catholique, et mourut tel, mais dans sa famille bien des défections s'annonçaient. Ses trois neveux, Coligny, amiral de France, d'Andelot, colonel général de l'infanterie française, et le cardinal de Châtillon inclinaient ouvertement ou non à la Réforme.

D'Andelot se déclara le premier. Il cessa d'aller à la messe, et fit prêcher l'Evangile dans ses terres de Bretagne, par un pasteur de Genève. Henri II, irrité qu'un officier de la Couronne favorisât les progrès de l'hérésie, manda le coupable à Monceaux (mai 1558), l'interrogea, et sur sa réponse le fit emprisonner. Mais de peur d'aggraver le mal par la contagion de l'exemple, et le crédit du Connétable aidant, il lui pardonna, à condition de laisser dire la messe, par forme de rétractation, dans la chambre où il était détenu.

Autre manifestation et plus caractéristique encore. Le premier prince du sang, Antoine de Bourbon, roi de Navarre, de passage à Paris pendant une absence du Roi, se joignit aux réformés qui se promenaient dans le Pré aux Clercs en chantant des psaumes. Henri II lui fit regagner bien vite son royaume pyrénéen.

Inquiet de tant d'audace, il était résolu à sévir. Mais quelques magistrats du Parlement, et non des moindres, Séguier, Harlay, de Thou, etc., se lassaient d'une répression inefficace et qu'ils commençaient à trouver inhumaine. Quand ils le pouvaient, ils acquittaient. Les zélés, qui dominaient dans la Grand'Chambre, provoquèrent la tenue d'une mercuriale pour condamner cette jurisprudence généreuse.

Devant le Roi, qui était venu assister aux débats pour peser sur les opinions, quelques conseillers, Anne Du Bourg, Louis Du Faur, Du Ferrier, Fumée, etc., ne craignirent point de s'élever contre la persécution et les persécuteurs. Le Roi, qui se crut visé, fit arrêter les officiers infidèles, et, les soustrayant à la juridiction de leurs collègues, nomma des commissaires pour les juger.

Mais quelques jours après (30 juin 1559), il fut blessé grièvement dans un tournoi, donné à l'occasion des épousailles de sa fille et de sa sœur, et le 10 juillet il expira.

Sa mort ouvrit l'ère de la désobéissance. Ce ne fut pas seulement une fin de règne avec les troubles inévitables d'une minorité, c'est le début d'une réaction violente et durable contre l'œuvre d'absolutisme que son père et lui poursuivaient.

Les réformés donnèrent l'exemple, que les catholiques suivirent, d'opposer la loi de Dieu à celle des hommes et de battre en brèche les pouvoirs établis ou en train de s'établir. Malgré la défaveur royale, la nation ne cessait pas de révérer les sires des fleurs de lis, descendants de saint Louis et rois en expectative en cas d'extinction des mâles de la dynastie régnante, comme il s'était vu deux fois en moins de vingt ans à la mort de Charles VIII et de Louis XII. Le greffier en chef du Parlement de Paris, Jean du Tillet, interprète des Cours suprêmes de justice, professait une sorte de culte pour ces grands personnages issus de la plus noble et ancienne maison du monde.

De cette nébuleuse de sympathie et de respect les novateurs religieux dégagèrent la théorie que les princes du sang, propriétaires éventuels de la couronne, devaient être, en cas de minorité, appelés au gouvernement de l'Etat, à l'exclusion de tous autres, et même des reines-mères, mais c'était évidemment à condition qu'ils fussent de leur église ou dévoués à la cause de leur église.

Sans distinction de croyances et de partis, toujours sous le courant galvanique des passions du temps, les forces du passé contenues ou même comprimées par la monarchie : autonomie communale, décentralisation féodale, privilèges des ordres, des personnes, des pays et des villes, en un mot toutes les cc puissances secondes » se relevèrent et reprirent vigueur. La dernière moitié du XVIe siècle fut le réveil et la suprême manifestation du moyen âge, un long soubresaut avant la fin suprême.

A Henri II succéda un roi mineur de volonté et d'intelligence, quoique majeur d'âge (15 ans), François II, qui, sous l'inspiration de sa femme, la belle Marie Stuart, appela les oncles de la Reine, le duc de Guise et le cardinal de Lorraine, au gouvernement de l'Etat. Le premier prince du sang, Antoine de Bourbon, y prétendait aussi. Catherine de Médicis pensait avoir comme reine-mère plus de droits que les Guise et les Bourbon à la direction des affaires. Sa fille cadette, Claude, était mariée au duc de Lorraine, et sa fille aînée Élisabeth, au roi d'Espagne, Philippe II, mais elle avait encore à établir quatre petits enfants, trois fils, le duc d'Orléans (Charles-Maximilien), le duc d'Anjou (Edouard-Alexandre), le duc d'Alençon (François) et une fille (Marguerite). Leur intérêt eût suffi à expliquer son ambition, mais elle était ambitieuse. Epouse docile et soumise, résignée, sinon consentante, au partage avec Diane de Poitiers, elle n'avait paru jusque-là jalouse que de régir la famille royale avec une impérieuse autorité. L'opinion s'était faite à l'idée de son effacement, mais l'opinion se trompait. Dès l'avènement de François II, pour signifier qu'elle ne se désintéressait plus de l'exercice du pouvoir, elle laissa le corps de son mari aux Tournelles et, contrairement à la coutume des reines-veuves de demeurer quarante jours dans le même logis que le roi mort, elle alla s'installer près du roi vivant au Louvre.

Elle ne se posa pas en adversaire des Guise, qui d'ailleurs la ménageaient beaucoup, mais elle entra en relations secrètes avec les réformés, qu'ils s'acharnaient à persécuter. Leur politique violente répugnait à sa douceur, et inquiétait sa prudence. Une opposition s'organisait que l'adhésion des gens d'épée convertis rendait dangereuse. Ces derniers venus n'avaient pas embrassé avec la nouvelle foi l'esprit de résignation évangélique, et, au lieu de consentir à l'épreuve du martyre, ils s'apprêtaient à rendre coup pour coup.

La conjuration d'Amboise fut la première riposte de cette église militante ; l'histoire du parti protestant commençait. Catherine persuada au Roi, son fils, de réunir à Fontainebleau une assemblée de notables, où furent entendus des conseils et arrêtées, trop tard, des mesures de tolérance. Les proscrits de la veille réclamaient maintenant la liberté de conscience et de culte, et en certains endroits les armes à la main. Catherine, tremblant pour la dynastie et pour elle, aida les ministres à emprisonner le prince de Condé, frère d'Antoine de Bourbon, un cadet ardent et besogneux, qui préparait une insurrection. Mais après qu'il eut été condamné à la peine capitale, elle retarda tant qu'il fallut l'exécution pour ne pas s'aliéner la clientèle politique et religieuse des Bourbons et rester seule sans contrepoids en face des Guise. La mort de François II sauva le prisonnier. La Reine-mère recueillit le bénéfice de ses calculs. Elle éloigna les oncles de Marie Stuart des affaires et, par promesses et par menaces, décida le roi de Navarre à lui abandonner les droits qu'il pouvait prétendre à la Régence comme premier prince du sang.

Mère du roi mineur, Charles IX, elle fut libre et se crut capable de trouver -un remède aux dissensions intestines. Elle inaugura la politique de tolérance ; elle ouvrit les prisons. Elle rêva la réconciliation des églises ennemies (Synode de Poissy). Ce n'est pas qu'elle fût gagnée à la foi nouvelle. Catholique de naissance et d'éducation, elle pratiquait par habitude, et par goût, un culte dont le cérémonial, la grandeur, et l'éclat émouvaient son imagination. Mais elle avait constaté que la persécution accroissait le prestige, le nombre et l'audace des persécutés. Par malheur elle réagit si imprudemment qu'elle souleva les inquiétudes des catholiques du dedans et du dehors. Les deux favoris d'Henri II, Montmorency et le maréchal de Saint-André, s'unirent contre elle avec le duc de Guise. Le versatile Antoine de Bourbon, après avoir beaucoup varié, déserta lui-même la cause de la Réforme et de la régente. Au contraire, sa femme, Jeanne d'Albret, s'attacha et pour toujours à la nouvelle église avec l'ardeur d'une âme passionnée, et son frère prit le commandement des forces du parti. Mais, après le massacre de Vassy, Condé ne sut ou n'osa pas intervenir à temps avec les bandes huguenotes, pour soustraire la Reine-mère à la pression des chefs catholiques. Ainsi fut-elle obligée de subir la loi du plus fort, et, pour rester au pouvoir, de changer de politique et de donner des gages aux maîtres de l'heure. Ce n'était pas le moyen — mais y en avait-il un ? — de prévenir la guerre civile. Elle dura longtemps, et fut sanglante (juillet 1562-mars 1563). La Paix de Saint-Germain, ce compromis de la fatigue mutuelle, laissa les consciences libres dans tout le royaume et n'accorda la liberté du culte qu'aux chefs de la noblesse huguenote dans leurs fiefs, et à l'ensemble des religionnaires que dans une ville par bailliage.

Catherine sortit plus puissante du conflit que ses généreuses imprudences, le prosélytisme des dissidents, l'inquiétude et la haine des catholiques avaient provoqué. Antoine de Bourbon et Guise avaient péri, l'un sous les murs de Rouen, l'autre de la main d'un huguenot fanatique, laissant pour chefs de leur maison deux fils, Henri de Lorraine et Henri de Bourbon, celui-ci âgé de neuf ans et celui-là de treize. Le connétable de Montmorency, fait prisonnier à la bataille de Dreux et assagi par sa mésaventure, n'était plus d'âge, ni d'humeur à se remettre à la tête d'une opposition. Condé, las de faire campagne, se flattait d'occuper à la Cour la place d'Antoine de Bourbon. La Reine-mère, forte de l'affaiblissement des partis, gouverna le royaume pendant quatre ans (1563-1567) avec une pleine autorité, non sans troubles, mais sans révoltes. Elle revint à ses pratiques de modération, mais elle ne croyait plus aux chances de la Réforme. Elle avait éprouvé l'attachement des masses et des grands corps de l'Etat à l'Eglise traditionnelle. Aussi traita-t-elle les protestants en minorité dissidente, sans les complaisances qui avaient compromis sa fortune et l'avenir de la dynastie.

Ce fut pendant cette expérience de politique modérée — une trêve entre de nouvelles et plus terribles guerres civiles — que Marguerite rejoignit sa mère et commença, toute jeune encore, son apprentissage de la vie de Cour.

  

BIBLIOGRAPHIE

I. — LES ÉCRITS DE MARGUERITE

Ses Mémoires : quatre manuscrits dont trois à la Bibliothèque Nationale (Collection Dupuy 237 ; Nouvelles acquisitions françaises 7264,1e 295 de l'ancien fonds Brienne ; Ancien fonds français, 1521, au lieu de 7576 2.2) ; et le quatrième à l'Arsenal (Recueil de pièces manuscrites, 18 vol., in-fol°, t. V, pp. 795 à 925).

Aucun de ces manuscrits ne parait antérieur à la première édition des Mémoires, parue en 1628 et qui fut suivie depuis de tant d'autres. La meilleure à tout prendre, au XIXe siècle — ce qui ne veut pas dire qu'elle soit parfaite, — c'est celle de la Société de l'Histoire de France, 1842. Guessard, qui en fut chargé, a collationné les quatre manuscrits et révisé quelques éditions, en particulier celle de J. Godefroy (1713). Pour plus de commodité je citerai toujours le texte et la pagination de Guessard.

C'est à Brantôme que Marguerite adressa ses Mémoires (qui s'arrêtent en 1582), à l'occasion du Discours qu'il lui a consacré et pour en rectifier certaines inexactitudes. (Voir le Discours dans les Œuvres complètes de Brantôme, éd. Lalanne, Soc. Hist. de France, t. VIII, pp. 22-85.)

Guessard a joint aux Mémoires un Mémoire justificatif dressé par la Reine pour son mari le roi de Navarre en 1574, et près de 150 lettres, dont 36 inédites, tirées de divers fonds de la Bibliothèque Nationale et de l'Arsenal, et qui lui ont paru dignes de voir le jour.

Mais il y en a beaucoup d'autres et qui sont intéressantes aussi. On en pourra faire, comme le comte Baguenault de Puchesse et moi, le relèvement très long dans les Catalogues.

Le lecteur me saura gré de lui indiquer du moins les principaux recueils de lettres imprimées :

MICHEL COHENDY (archiviste du Puy-de-Dôme), Lettres missives, la plupart autographes, inédites, de la Reine Marguerite de Valois, Mémoires de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Clermont-Ferrand, t. XXII, 1880.

PHILIPPE LAUZUN, Lettres inédites de Marguerite de Valois, tirées de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg (1579-1606), Fascicule XI des Archives historiques de la Gascogne, tirage à part, Paris et Auch, 1886. Id., Lettres inédites (1580)... tirées des Archives de la ville de Condom, Revue de Gascogne, t. XXII, tirage à part, Auch, 1881.

TAMIZEY DE LARROQUE, Lettres inédites de Marguerite de Valois à Pomponne de Bellièvre, Annales du Midi, t. IX, 1897.

On trouve aussi quelques lettres, quelquefois une ou deux lettres, dans le Bulletin du Bibliophile (abbé Ch. Urbain, 1891-92), les Lettres de Catherine de Médicis, les Lettres Missives de Henri IV, les Mémoires et Correspondance de Duplessis-Mornay (Paris, 1824-1825), Le Mercure françois, les Œconomies royales de Sully, la Revue rétrospective, XVIII, la Revue des Questions historiques (Tamizey de Larroque, 1er janvier 1870), etc.

La Ruelle mal assortie, ou Dialogue d'amour entre Marguerite de Valois et sa bête de somme, a été rééditée par Guessard, par Lalanne, et enfin par Jean-H. Mariéjol, avec une Introduction et des notes, Paris, La Sirène, 1922.

Le Discours docte et subtil de la Reine Marguerite, en réponse à une attaque du P. Loryot, S. J., contre les femmes (Les Secrets moraux, 1614) fut publié par le Père en tête d'une seconde édition (Les Fleurs des Secretz moraux, 1614). C'est un manifeste féministe.

II. — DOCUMENTS SUR MARGUERITE

Je ne citerai que la Trésorerie et récepte générale des finances et maison de la reine de Navarre, Archives Nationales, K K 158 à 181 (1572-1615), et je renvoie pour information sur les dettes, les domaines, les quatre Jugeries, les parties casuelles et documents de même sorte à l'Etat sommaire des Documents des Archives Nationales

III — ÉTUDES SUR MARGUERITE

PHILIPPE LAUZUN, Itinéraire raisonné de Marguerite de Valois en Gascogne, d'après ses livres de comptes (1578-1586), Paris, Picard, 1902.

CHARLES MERKI, La Reine Margot et la fin des Valois (1553-1615), 2e édit., Plon, 1905. [Mongez], Histoire de la Reine Marguerite de Valois, par le chanoine Mongez, Paris, 1777.

LE COMTE LÉO DE SAINT-PONCY, Marguerite de Valois reine de France et de Navarre, Paris, Gaume, 1887, 2 vol.

NOËL WILLIAMS, Queen Margot wite of Henry de Navarre, Londres, 1907.

On trouvera en tête de chaque chapitre et au bas des pages les autres références nécessaires.

 

 

 



[1] Vaganay, III, pp. 175, 176.