LA VIE DE MARGUERITE DE VALOIS

 

CHAPITRE XI. — MARGUERITE DE VALOIS ET LA LIGUE.

 

 

Chassaing, Mémoires de Jean Burel, bourgeois du Puy (1568-1623), Le Puy, 1875. Dom Félibien, Histoire de Paris, revue et mise au jour par D. Lobineau, Paris, 1725, 5 vol. Imberdis, Histoire des guerres religieuses en Auvergne pendant le XVIe siècle et le XVIIe siècle, Riom, 1846. Marquis de Lastic, Chroniques de la maison de Lastic, Montpellier, 3 vol., 1919-1921. Mémoires de Jehan de Vernyes, par Gonod ; 1er mémoire (1589), pp. 1 à 83 ; 2e mémoire écrit vers l'an 1593, P. 45-115, Clermont-Ferrand, 1838. Dans les Mémoires de l'Académie de Clermont, t. XXII, 1880, des Lettres missives de Marguerite et au t. VIII, 1866, une prétendue donation de la reine à Canillac.

 

ENFIN la voici libre par la grâce de la Ligue, et, pendant quelque temps, sous la protection de Canillac. De prisonnière elle devient châtelaine et puis souveraine maîtresse de cette forteresse où son frère avait pensé la détenir toujours. Après tant de courses, d'épreuves, de périls, elle avait trouvé le refuge. Bon gré, mal gré, elle y a vécu dix-neuf ans.

Au dehors tout était en désarroi. Les chefs de la Ligue réclamaient impérativement l'exécution de l'Edit d'octobre, qui révoquait tous les édits de tolérance. Catherine alla les trouver à Reims, mais après la conférence de Saint-Brice, où ils la soupçonnaient d'avoir voulu s'accommoder avec son gendre à leurs dépens, elle n'était plus qualifiée pour adoucir leurs exigences. Henri III, désespérant de la diplomatie maternelle, résolut de tirer avantage de l'effort qu'on lui imposait. Il lança Joyeuse contre le roi de Navarre, chargea Guise et le duc de Lorraine de barrer la route à l'armée de secours des protestants d'Allemagne, et s'établit lui-même sur la Loire pour défendre, s'il en était besoin, le passage du fleuve et s'opposer à la jonction des ennemis du dedans et du dehors. Il comptait que le favori refoulerait les huguenots du midi et que Guise, trop faible pour empêcher les reîtres de piller la Lorraine, ne laisserait pas de les harceler et de les affaiblir. Alors il interviendrait avec ses forces intactes et ferait la loi à tout le monde.

Mais Joyeuse fut mis en déroute par le roi de Navarre et tué à Coutras (20 oct. 1587), et Guise dispersa les envahisseurs à Auneau et Vimory. Le Roi, aussi humilié par les succès de l'un que par la défaite de l'autre, en fut réduit à faire sonner bien haut la retraite, qu'il avait obtenue à force d'argent, des Allemands et des Suisses. En réponse à ses vantardises, les ligueurs réunis à Nancy en janvier 1588 allongèrent outre mesure la liste de leurs revendications : octroi de nouvelles places de sûreté, destitution de d'Epernon, établissement de l'Inquisition au moins dans les bonnes villes du royaume ; confiscation et vente des biens des hérétiques, taxes énormes sur les suspects, mise à mort des huguenots qui seraient pris en combattant et refuseraient de vivre catholiquement à l'avenir (janvier 1588).

L'impuissance d'Henri III et la popularité croissante du parti catholique étaient la meilleure sauvegarde de Marguerite. Catherine commençait à la trouver trop protégée. Craignait-elle, à la veille de nouveaux troubles, que sa fille ne reprît les armes pour la Sainte Union ? Est-ce pour lui en ôter l'envie et le moyen qu'elle a voulu la retirer de cette province lointaine et la placer sous son regard et, l'on peut dire, sous sa main. A sa prière, le Roi aurait consenti à ce rapprochement, ayant lui-même intérêt à la défection de cette ligueuse de marque. Et pourquoi Marguerite, habituée à la vie de Cour, ne se serait-elle pas lassée de cette villégiature involontaire en marge de l'âpre Plateau Central. De cette tentative d'accord, il ne reste qu'un seul témoignage, mais qui en vaut plusieurs autres, c'est celui de Cavriana. Cee agent du grand duc de Toscane, successivement médecin du duc de Nevers, de la princesse de Lorraine, et de la Reine-mère, avait toute facilité d'information.

En 1588, le 8 mai, il écrit de Paris au secrétaire d'Etat à Florence : la reine de Navarre retourne en ces quartiers-ci (in queste parti), à Villers-Cotterêts ou bien à son domaine de La Fère ; et cela au contentement du Roi (Henri III) à la clémence de qui elle s'est remise sans réserve (del tutto)[1]. Mais le lendemain de cette dépêche, le duc de Guise, appelé par les ligueurs parisiens, survint à Paris, et ce fut la journée des Barricades, la fuite du Roi et le triomphe des ardents catholiques.

Catherine, restée à Paris, travailla de son mieux à réconcilier son fils et la Ligue. Ce n'était pas le moment pour Marguerite de quitter l'Auvergne. Où serait-elle allée ? Henri III voulait bien pardonner la révolte, mais il n'oubliait pas l'outrage, et il refusait de rentrer dans sa capitale après l'humiliation d'en être sorti. Il erra de Chartres à Rouen, et de Rouen à Chartres, avant de s'arrêter à Blois, où il avait convoqué les États généraux. La sœur risquait d'être mal accueillie par ce frère, à qui sa présence eût rappelé toutes les causes de ressentiment. La Reine-mère avait bien d'autres affaires que de s'embarrasser de sa fille. Il est possible aussi que Guise se soit opposé à un arrangement de famille, qui, pour première clause, restituerait au Roi la place forte d'Usson.

Dans l'insécurité du jour et l'incertitude du lendemain, il ne restait à Marguerite que cet asile. Encore lui fallait-il en être sûre. Elle commandait à Canillac qui y commandait ; elle était maîtresse de ses sentiments et par lui du château, une sorte d'occupation par contrecoup dont les devoirs ont pu lui être de bonne heure à charge. Comme à Agen, comme à Carlat, elle voulait être indépendante. Elle se défiait d'Henri III et peut-être était-elle lasse de Canillac. Le sieur de Vic, maître des requêtes ordinaires de l'hôtel, avait été expédié par le Roi à Usson pour se rendre compte de l'état de la forteresse et en dresser le plan (juillet 1588). A quelles fins, on ne sait. Mais Canillac crut que c'était à de mauvaises fins. Il chargea un Clermontois, Chappard, de voir et renforcer les défenses de la place. Quand il apprit que l'ingénieur avait raconté à Vernyes, président de la cour des aides de Montferrand, un zélé royaliste, et à d'autres, que la muraille était assise sur un sol de roche brisante et, par conséquent, facile à saper, il voulut tuer et poursuivit longtemps cet indiscret. Marguerite avait encore plus d'intérêt à se mettre à l'abri et à se garder elle-même.

Le Divorce satyrique rapporte à quelles conditions elle se libéra de son libérateur. Elle lui promit sa maison de Paris, l'hostel de Navarre, et une terre de valeur de plus de deux mil livres de rente, située en son duché de Valois, proche Senlis, et, pour joindre les effects aux paroles, elle luy fit expédier une donation en bonne forme de ces deux pièces.

Mais elle le trouvait probablement assez récompensé par le plaisir d'avoir reçu, en échange de son grand service, des remerciements et des sourires. Aussi en même temps qu'elle envoyait l'acte pour l'enregistrement à M. Hennequin, président en la cour de Parlement et l'un des chefs de son conseil, elle adressait une contrelettre audit sieur, luy mandant qu'il n'en fist rien et que tirant l'affaire en longueur, il tint toujours Canillac en haleine et esperance d'obtenir d'elle tout ce qu'il voudroit[2].

Cette histoire, pour se trouver dans un pamphlet, n'est pas nécessairement, sauf le dessous comique, une invention. Le don, si grand qu'il soit, n'excède pas les moyens de l'obligée. Vrai ou non, il a inspiré l'idée d'une transaction, celle-là tout à fait imaginaire. Un honnête érudit auvergnat, en mal de conception historique, ou un fabricant de fausses pièces, produit une donation, plus digne, comme le pensait l'auteur, de la générosité d'une reine et de l'importance du service rendu. Par un acte, daté du 8 septembre 1588[3], environ deux ans après sa délivrance, Marguerite, cède et transporte à lui (Canillac) et aux siens tous les droits qu'elle peut avoir sur le comté d'Auvergne et autres terres et seigneuries dudit pays d'Auvergne appartenant à la reine, sa très honorée dame et mère, Lesqueles Nous peuvet et doivet apartenir Tant pour Le partage et Legitime, qui nous est deue, Que pour Les Deux Sans mille frans[4], que Nre Dite Dame Mère Nous Donna par Contrat de mariage que Pour la Rrante Diceux quelle nous Constitua au denier douze Lan Mil Sinc Sans Soisante et Dix[5] par le Susdit Contrat de mariage, Desquels elle n'a despuis rien aquité. Elle promet encore à Canillac de lui bailler la somme de quarante mille écus poiable au plus tost qui nous sera possible ; de lui verser par chacun an, alors qu'elle jouira de son bien, la somme de dix mille écus de pension, et, en attendant que son domaine soit liquidé, elle lui en assure six mille, et en outre elle lui garantit des premiers bénéfices vacants dans ses terres jusqu'à concurrence de trente mille livres de rente.

C'est manifestement un faux. On n'y reconnaît ni le style, ni l'orthographe, ni l'écriture de Marguerite. Il suffit pour s'en convaincre de lire quelques autographes d'elle, ceux, par exemple, qu'a publiés Cohendy, dans les Mémoires de la même Académie, 1880[6]. Les partisans de l'authenticité n'ont pas même la ressource de prétendre que la rédaction n'est pas d'elle, mais du secrétaire de la main, car le faussaire, pour mieux certifier le document, fait dire à la donatrice que naiant voulu pour Certenes bonnes Considerations faire Paser Sesi par Noteres (notaires) Lavons voulu escrire et siner de nre main.

Le fond mène à la même conclusion que la forme. Marguerite abandonnait à Canillac et aux siens tous les droits et les domaines qu'elle tenait de sa mère en Auvergne ; elle s'engageait à lui payer en outre une grosse somme et une pension qui ne l'était pas moins. Mais comment pouvait-elle remplir ces engagements à longue ou courte échéance, puisqu'elle renonçait en faveur de son créancier à toute la succession maternelle, c'est-à-dire au moyen de s'acquitter ?

C'est à Usson, où, avec ou sans donation, elle ne dépendait plus de personne, que Marguerite apprit la tragédie de Blois, et, après l'assassinat des Guise, la mort de sa mère. Le testament que Catherine avait signé sous la pression de son fils la déshéritait complètement et ne lui faisait pas même l'aumône d'un souvenir ou d'un regret. Par lettres patentes de juin 1589, Henri III ratifia les dispositions de la défunte, c'est-à-dire l'exhérédation de sa sœur. En droit cette exclusion paraissait légitime, la reine de Navarre ayant lors de son mariage renoncé à toutes revendications sur les biens de son père et de sa mère. Catherine pouvait à la rigueur, sentiment mis à part, disposer de ses propres, comme elle le faisait, en faveur de sa petite-fille Christine de Lorraine, fiancée au grand duc de Toscane Ferdinand de Médicis, et de son petit-fils, Charles de Valois, bâtard de Charles IX, que son testament faisait comte d'Auvergne. Ah ! le bon billet qu'aurait eu Canillac sur l'héritage maternel ! La nouvelle du meurtre des Guise avait soulevé le peuple de Paris. La Ligue prit une allure nettement révolutionnaire. Elle nomma le duc d'Aumale, un cousin des morts, gouverneur de Paris, elle mit à la tête des seize quartiers de la capitale les plus violents de ses adhérents. Elle brisa les armoiries du Roi, et détruisit ses images. La Sorbonne délia les sujets du serment de fidélité. Les prédicateurs professaient en chaire que l'Eglise et le peuple avaient le droit de déposer un roi ennemi de la justice et de la religion. Mayenne, accouru de Lyon, fut nommé lieutenant général de l'Etat et couronne de France, comme si le trône avait été vacant. Presque toutes les grandes villes suivirent l'exemple de Paris. En Auvergne, Clermont resta fidèle au Roi, mais les Etats de la province, réunis à Billom contre l'aveu du Roi, arrêtèrent (22 avril) que serments et promesse seront faictes par tous les dits sieurs députés de vivre et mourir en la religion catholique apostolique et romaine, en l'Union des princes, parlements, villes, seigneurs, gentilshommes et tous autres qui ont faict ou feront semblable promesse soubs l'authorité dudict sieur comte de Randan, gouverneur de la province....[7] Ils délibérèrent de réduire par la force les villes qui refusaient d'adhérer à la Sainte Ligue, et en attendant, choisirent Riom à la place de Clermont pour siège du gouvernement. La noblesse se partagea. Curton, le plus grand terrien du pays, La Fin La Nocle, grand ennemi de Canillac, et d'autres seigneurs de moindre importance armèrent, comme Clermont, pour la défense de la cause royale. Dans le Discours de ce qui s'est passé entre les deux partis en Auvergne en 1589, il n'est pas question de Marguerite[8].

Cependant quelques historiens veulent qu'elle ait, du vivant même d'Henri III, pris les armes pour la Ligue et contre lui. Mais avec quels moyens aurait-elle pourvu aux frais d'une révolte, les villageois d'Usson n'étant point comme les bourgeois d'Agen une riche matière à exploiter. Allait-elle pour le plaisir de venger ses injures courir le risque d'un nouvel emprisonnement, d'une condamnation capitale peut-être, si le Roi venait à bout de la rébellion. Et d'autre part, que gagnerait-elle à la ruine de la dynastie ? Le plus sage était de ménager tout le monde et d'entretenir des intelligences dans les deux camps. C'est probablement la résolution où elle s'arrêta, comme on peut le conclure du silence du document cité plus haut et de son intervention au Puy, qu'on n'a pas assez remarquée. Le sénéchal royaliste, François de Chaste, était en guerre avec la municipalité ultra-ligueuse, qui, de sa propre autorité, s'était choisi pour sénéchal, Saint-Vidal, le chef de l'Union dans le Velay. Des médiateurs s'offrirent, que cite en son journal Jean Burel, bourgeois du Puy. La veille de la Pentecôte (21 mai 1589), arrivèrent, dit-il, ung gentilhomme de la part de la reine de Navarre, se tenant à Usson en Aulvergne, tenant contraire party du roi de Navarre son mary (remarquez qu'il ne dit pas du roi de France son frère) ; aultre homme de la ville de Lyon, gentilhomme, de la part des seigneurs d'Urfé (Anne d'Urfé) et de Chevrières (Jacques Mitte, comte de Chevrières et de Saint-Chamond), se dressant (s'adressant) tant à la ville que [au] sieur de Saint-Vidal, pour moienner quelque tresve et paix[9].

D'Urfé et Chevrières sont de bons catholiques et qui mèneront à la bataille les troupes de la Ligue, un peu plus tard. Mais ils hésitent à engager la lutte contre Henri III. Toujours sans doute par scrupule de loyalisme, ils s'efforcent d'accorder les gens du Puy avec le représentant du Roi, et à ce qu'il semble, sur la demande de ce représentant du Roi. Si Marguerite agit de concert avec eux, c'est qu'elle est dans les mêmes sentiments. Elle n'a pas rompu avec le roi de France, elle tient seulement contraire party du roy de Navarre son mary.

Mais la ville refusa de reconnaître Chaste, et Chaste se remit de plus belle à guerroyer. Henri III, désespéré par le soulèvement de presque toutes les grandes villes, et d'une partie de la noblesse et de l'aristocratie, appela au secours le chef du parti protestant. C'était le reconnaître pour héritier présomptif et annuler toutes les décisions que le pape, les Etats généraux et lui-même avaient prises. Le présent, l'avenir apparurent à Marguerite menaçants.

Les tractations de Saint-Brice n'étaient pas si lointaines. Et encore ne savait-elle pas qu'à la nouvelle de l'assassinat des Guise, le roi de Navarre avait écrit à la belle Corisande (1er janvier 1589) : Je n'attends que l'heure de ouïr dire que l'on aura étranglé la feue reine de Navarre. Cela avec la mort de sa mère (Catherine de Médicis mourut à quatre jours de là) me ferait bien chanter le cantique de Siméon. Après son entrevue avec Henri III, il lui écrivait encore (18 mai) : Le Roi (Henri III) m'a parlé de la Dame d'Auvergne ; je crois que je lui ferai faire un mauvais saut[10]. Il forçait peut-être l'expression de sa haine contre sa femme pour être agréable à sa maîtresse et la convaincre de sa fidélité, alors qu'elle avait beaucoup de raisons de n'y plus croire.

Henri III fut assassiné devant Paris qu'il assiégeait, et le roi de Navarre lui succéda.

Les ligueurs ne furent que plus ardents à combattre l'hérétique relaps, que la loi salique appelait au trône. Même les grands seigneurs catholiques de l'armée royale ne le proclamèrent que sous promesse de se faire instruire dans six mois, c'est-à-dire d'abjurer. Dans les deux camps le droit religieux contrebalançait le droit dynastique.

Marguerite avait de la peine à prendre un parti, si elle pesait les raisons pour et contre. A quoi lui servirait-il de reconnaître un roi qui ne l'avouait plus pour sa femme, ou de combattre un mari, dont l'avènement la faisait reine de France ? Les historiens qui ne tiennent compte que de sa haine et de son ressentiment concluent qu'elle a mené contre lui rude guerre. L'un, ému de rhétorique, la représente à la tête de la Ligue, promenant d'Usson au loin son œil d'aigle[11], sur tous ces seigneurs trop lents à se déclarer. Mais il ne cite aucune référence et pour cause. L'autre, panégyriste aussi imaginatif, se la figure à cheval, et il réfute, afin d'avoir occasion de le rapporter, le conte d'une course mystérieuse qu'elle aurait fait à Blois pour y réconforter le duc de Guise[12]. En ce parti pris d'enrôler Marguerite, il avance que Jean de Lastic, un des vaillants chefs catholiques de la Hte Auvergne, était un de ses serviteurs. Mais c'est une bien médiocre raison. Jean de Lastic, sieur de Sieujac, n'apparaît comme gentilhomme d'honneur de la reine qu'après les guerres civiles, dans une lettre de committimus du 12 décembre 1601[13]. Eût-il été attaché à sa suite et à sa personne une vingtaine d'années auparavant que cela ne prouverait guère. Le sieur de Frédeville, qui fut tué en défendant Issoire pour Henri IV et contre la Ligue était un des échansons, et sa femme Boisbenoit-Frédeville, une des dames de Marguerite. Des constatations de ce genre, il est impossible de tirer rien de précis. Marguerite ne s'est pas ralliée à son mari, qui d'ailleurs n'eût pas voulu d'elle à ce moment. L'heure de la réconciliation par l'annonce du divorce n'était pas encore venue. Vernyes, dans son premier mémoire, signale en 1589 parmi les châteaux forts et les villes d'Auvergne ennemis du nouveau roi Usson que tient la reine[14]. Mais elle n'avait pas les moyens de faire la guerre à son mari, et peut-être n'en avait-elle pas la volonté. On a l'impression qu'elle se terre dans la forteresse.

C'est à quelques kilomètres de son refuge, à Cros-Rolland au nord d'Issoire, que ligueurs et royaux d'Auvergne se disputèrent en bataille rangée la maîtrise de la province.

Si le temps et le vent étaient ce jour-là favorables, la châtelaine a pu voir du haut du donjon le mouvement des troupes et l'éclair des armes, et même entendre les arquebusades et les canonnades. Issoire, était l'enjeu de la bataille, un enjeu de très haut prix. En une guerre civile, quiconque en Auvergne est maistre de cette ville, donne la loy à une grande estendue du pays et lève partout à son plaisir les deniers des tailles[15]. Les royaux avaient surpris la place et assiégeaient la citadelle. Survint Randan pour dégager l'une et reprendre l'autre. A son tour Curton accourut avec toute sa clientèle de vassaux et la noblesse royaliste d'Auvergne et des provinces voisines.

Curton n'était qu'un brave soldat, comme aussi Randan, mais il avait pour lieutenant un habile homme de guerre, Rastignac, qui dirigea les opérations d'approche et manœuvra si bien qu'il fit abandonner à l'adversaire une première fois sa position devant Issoire, et une seconde fois, celle qu'il s'était hâté de prendre sur la hauteur de Cros-Rolland. La rencontre en plaine fut confuse et courte. L'incohérence du chef ligueur, le feu violent de l'artillerie et des arquebusiers royaux, et une mêlée furieuse de cavalerie décidèrent du succès. Randan et cent vingt gentilshommes de son parti furent tués ou blessés mortellement. Les vainqueurs ne perdirent que trois personnes de qualité. La garnison de la citadelle capitula[16].

La victoire de Cros-Rolland eut autant de retentissement que celle d'Ivry, qui est du même jour (14 mars 1590). La Ligue auvergnate ne se remit pas de cette effusion de sang noble et, pour vivre ou végéter, il lui fallut appeler les forces du dehors, quand elle ne profita pas du répit que lui laissaient les divisions des royalistes.

Du sentiment de la reine de Navarre sur le grand coup frappé à sa vue, et, pour ainsi dire, à sa porte, on ne sait rien. Mais le souci de sa conservation lui défendait d'exposer aux hasards de la lutte les quelques Suisses qui lui servaient à garder le château. Tout au plus peut-on supposer que la défaite de Randan l'a péniblement affectée. Issoire et sa citadelle lui barraient les approches de l'Allier et la route de la Limagne.

Les vaincus remplacèrent Randan par Canillac, le fils de l'ancien geôlier de Marguerite, un grand seigneur lui aussi, mais qui manquait d'autorité et d'argent. Le lieutenant-général de la Ligue en Forez, Anne d'Urfé, essaya de rétablir les affaires du parti dans toute la région du centre. C'était le chef d'une illustre maison du Forez, apparenté par sa mère à la dynastie de Savoie, et qui avait épousé une noble, belle et riche héritière, Diane de Châteaumorand, dont il était le mari honoraire à son corps défendant. Il marcha au secours du Puy que la garnison royaliste d'Espaly harcelait. Il prit le bourg, et, ne parvenant pas à s'emparer du château, garantit par un armistice la neutralité temporaire du Velay (15 juin 1590).

Alors il se tourna contre l'Auvergne, occupa Riom et Vichy (octobre 159o) et conclut aussi avec les royaux une trêve qui devait durer jusqu'en avril 1591.

C'est dans l'intervalle que se place le seul incident connu de la vie à Usson en ces premiers temps de troubles.

Usson était l'un des points de mire des partisans d'Henri IV ; la prise de ce château fort aurait élargi le champ d'action d'Issoire, et la capture de la châtelaine, débarrassé le nouveau Roi, d'une façon ou d'une autre, au besoin par contrainte, de ce lien conjugal qui l'empêchait de se remarier et d'avoir des fils légitimes. Vernyes, en 1589, estimait facile de surprendre Usson et la reine dedans, pourvu qu'on s'assurât du jeune Saint-Herem et de son oncle, le sieur de Châteauneuf, celui qui avait déjà une fois trahi Marguerite au bac de Pertus. A défaut d'eux, Vernyes ne connaissait pas d'homme plus propre à un coup de main que le sieur de la Grange, gouverneur du château de Nonette, à une lieue de distance d'Usson[17].

Il n'y a pas de rapport, semble-t-il, entre cette possibilité d'agression et un événement qui aurait pu avoir même résultat. Marguerite le raconte en termes généraux, longtemps après (1609), dans une supplique au pape Paul V pour obtenir de lui l'autorisation de dresser un autel, l'autel de la reconnaissance, comme avait fait Jacob, ses épreuves finies, à son retour en Chanaan, le pays de ses pères[18]. Elle aussi avait ses raisons de rendre à Dieu grâces perpétuelles d'une miraculeuse délivrance d'un très grand péril qu'il luy plust faire en moy lorsque j'estois à Usson au temps des plus grands troubles de ce royaume, où ma place ayant esté surprise par une révolte de soldats et ne me restant que le haut du donjon, il a plu à sa toute puissante bonté me rendre le soir victorieuse de mes ennemis, ma vie et place asseurée[19]. Sur l'époque et les circonstances de cette mutinerie militaire, elle ne dit rien de plus, mais il apparaît clairement que même si le complot a été tramé au dehors, il n'eut au dedans que la garnison du château pour exécutrice.

Le Divorce satyrique, qui, malgré son parti pris outrancier de dénigrement, est un témoignage à consulter, réserve faite des exagérations, raconte que Marguerite, débarrassée de Canillac, avait reçu d'Orléans une troupe d'hommes — pour remplacer les Suisses du Roi — et que ces soldats de la Ligue faillirent tost aprez à la traiter en fille de bonne maison[20], autant dire à la rançonner et pis encore. Le tost aprez du pamphlétaire est une erreur, comme aussi son hypothèse sur les mobiles de cette soldatesque. Ce fut seulement quatre ans après l'acte libérateur de Canillac que Marguerite courut le grand danger dont elle se sauva par miracle. La date en est connue, à un mois près, avec quelques détails, par une lettre de la municipalité ligueuse du Puy aux consuls de Lyon. Messieurs, leur écrit-elle le 15 janvier 1591, vous avez receu aucunes lettres que noz (nous) vous avons escrist puys deux jours en ça contennant l'estat des affaires de ce pays (le Velay), puys laquelle (depuis lesquelles), noz avons receu advertissement asseuré comme ceulx du party contrere avait fally de faire tuer la royne de Navarre d'ung coup de pistolle qu'on luy tira dans sa chambre au chasteau d'Usson, lequel donna dans les robbes de Sa Majesté et par mesme moyen falirent de prendre ledit chasteau d'Usson, la tragédie estant conduicte par le capitaine de sa garde. Voila comment Dieu n'abandonne jamais les siens et rand vaines et innutilz les desseins des hommes comme bon luy semble. Lesdits ennemys ont surprins ung autre chasteau proche d'Usson d'une lieu et demye qu'on appelle Sainct Babel. Il commencent fort à dresser les cornes tant audict Aulvergne qu'en ce pays (Velay). Dieu nous veuille assister de sa grace et noz garantir de leurs entreprises[21].

La nouvelle était parvenue au Puy à quelque soixante kilomètres d'Usson entre le 12 (ou 13) janvier et le 15. Même en tenant un large compte du mauvais état et du danger des chemins par ces temps de troubles, la sédition qu'elle signalait doit être des premiers jours de janvier 1591 ou des derniers jours de décembre 1590. C'était pendant la trêve conclue par Anne d'Urfé. Mais les partis n'observaient pas toujours les conventions de leurs chefs. Et ici, d'ailleurs, il s'agissait d'un conflit qui échappait aux règles du droit militaire, la châtelaine et les mutins suivant la même cause et s'entrebattant pour des raisons qu'on ne sait pas.

Peut-être est-ce l'activité des royaux, signalée par les gens du Puy, qui détermina les bons catholiques du centre à un grand effort. Les desseins du duc de Nemours allaient leur donner l'unité de direction et la force d'action qui leur manquaient. Ce jeune prince avait défendu avec succès Paris contre Henri IV et, n'ayant pas obtenu de Mayenne, son frère utérin, la récompense qu'il attendait, il s'était retiré dans son gouvernement du Lyonnais et méditait d'en faire le noyau d'une principauté indépendante.

Il s'intitulait dans un acte du 13 novembre 1590 gouverneur de la ville de Lion, païs de Lionnois, Forez, Beaujolois, du haut et bas Auvergne, Bourbonnois, haute et basse Marche et baillage de Saint-Pierre-le-Motier[22], en un mot du pays entre Rhône et Loire et d'une bonne partie du Plateau Central. C'était une bien grande tâche pour les ressources dont il disposait. Peu de temps après une apparition heureuse au Puy (26 août 1591), il signa une nouvelle trêve avec les royalistes du Velay, et, malgré toutes les instances, refusa de s'engager dans le Gévaudan. Il s'en revint à Riom.

Aux expéditions du duc de Nemours, comme à celles d'Anne d'Urfé, avait pris part le frère d'Anne, Honoré, le futur auteur de l'Astrée. Naturellement les historiens romanesques ne veulent pas que ce faiseur de roman ait pu passer même au large d'Usson sans avoir eu l'occasion de s'y arrêter. Ils imaginent donc que, blessé dans un combat aux environs du château, et recueilli et soigné par une royale infirmière, il acheva sa convalescence sur un duo d'amour.

Cette liaison même ne suffirait pas à prouver que Marguerite fit campagne avec lui. Tout ce qu'on peut conclure de la lettre des échevins du Puy, c'est qu'en janvier 1591 elle passait pour hostile à Henri IV. Mais où aurait-elle trouvé le moyen de lever et d'entretenir des troupes. Les revenus de la Châtellerie d'Usson, 15.000 francs, suffisaient à peine à son entretien et à celui d'une minime garnison. Du douaire que le roi de Navarre lui avait constitué par contrat en Picardie et Vendômois, elle ne touchait rien depuis sa rupture avec son mari et avec son frère. L'assignat de sa dot en terres (Agenois, Rouergue et Quercy, etc.) était aussi improductif et pour les mêmes raisons. Bien que cette place (Usson), dit le P. Hilarion de Coste, ne craigne que la cheute du ciel, que rien que le soleil n'y puisse entrer par force et que sa triple enceinte méprise les efforts des assaillants comme un roc élevé les flots et les vagues, la nécessité toutefois y entra.... Elle obligea la châtelaine, pour en éviter les outrages, d'engager ses pierreries à Venise, fondre sa vaisselle d'argent et n'avoir rien de libre que l'air, espérant peu et craignant tout, car tout était en désordre autour d'elle[23]. Sans les secours d'Elisabeth d'Autriche, veuve de Charles IX, qui lui versa généreusement jusqu'à sa mort (fév. 1592) la moitié des rentes de son douaire, elle aurait pâti de la misère. La garde d'Usson lui coûtait cher. Et encore elle n'y était pas en sûreté.

Aussi apparaît-il d'une haute fantaisie de supposer, comme un panégyriste de Marguerite, qu'une des formes particulières de la Ligue en Auvergne fut une revendication chevaleresque au nom d'une femme exclue par la loi salique. C'est prendre pour le programme politique d'un parti les arguments que la plume en main Brantôme, grand amoureux de Marguerite, développe contre la loi salique. Puisqu'il est juste qu'en Espaigne, Navarre, Angleterre, Escosse, Hongrie, Naples et Sicille, les filles règnent, pourquoy ne l'est-il juste tout de mesmes en France ? Car ce qui est juste, il est juste partout et en tous lieux et le lieu ne faict point que la loy soit juste.... Pourquoy le royaume de France n'appelle [t-il] à soy aussi bien les filles de France[24].

Au vrai nul autre que Brantôme ne s'est avisé de plaider la cause de Marguerite. Les ligueurs d'Auvergne n'y ont jamais pensé. Dans les trêves, les suspensions d'armes, les accords entre les partis, elle ne paraît jamais et ne donne ni une signature, ni une approbation. Il n'y avait pas dans cette rude province, s'il y en eut jamais en d'autres temps, comme le croit ce féministe, de Renaud, d'Ogier, d'Olivier, etc., desquels la profession estoit et la gloire de secourir les dames et les maintenir en leurs afflictions et traverses de leur vie, pour maintenant combattre (défendre) le droict de nostre reyne Marguerite. Curton, Randan, Rastignac, Lastic, Lignerac, La Fin, Canillac, sont de braves soldats, ligueurs ou royaux, mais ce ne sont pas des paladins, et quelques-uns n'oublient jamais leurs intérêts. Il ne leur serait pas venu à l'esprit d'élever au trône de France la dernière des Valois, que tous étaient habitués à se représenter plutôt en Armide qu'en Bradamante.

La Ligue même, par une sorte de compromis entre le droit dynastique et le droit religieux, avait proclamé roi un Bourbon catholique, le vieux cardinal, oncle germain d'Henri IV. Autant dire que l'hérésie était la seule cause de l'exclusion du roi de Navarre. Mais que serait-il advenu en cas d'abrogation de la loi salique ? Si l'on admettait les femmes à succéder, les enfants d'Elisabeth de Valois, reine d'Espagne, et de Claude de Valois duchesse de Lorraine, sœurs aînées de Marguerite, devaient en vertu du droit de représentation passer avant leur tante, comme aussi le duc de Savoie, fils d'une fille de François Pr. Tous ces ayants droit, et surtout la fille de Philippe II, l'infante Claire-Isabelle-Eugénie, avaient l'argent et les forces dont Marguerite manquait. Elle pouvait avoir plaisir, mais elle n'avait pas intérêt à la défaite de son mari. S'il était vaincu, elle aurait beaucoup de peine à se faire admettre au partage des dépouilles par le maître où les maîtres de la France. Victorieux, il chercherait sans doute à rompre son mariage avec elle, pour avoir d'une autre femme légitime des enfants qui assureraient l'avenir de la dynastie. Mais comment ? S'il faisait prononcer leur divorce par un consistoire et se remariait avec une princesse protestante, il s'aliénait à toujours même les catholiques qui n'étaient pas de la Ligue. Pour être sûre, elle et les siens, du lendemain, une catholique, fût-elle sa sujette et sa maîtresse, ne consentirait à l'épouser qu'après enquête et décision d'un tribunal ecclésiastique, Cour de Rome ou tout au moins officialité. C'est à ce tournant que Marguerite attendait son mari. La stérilité, l'adultère même n'étaient pas des causes dirimantes en droit canonique. Elle seule pouvait dire que sa mère et son frère l'avaient mariée de force, contre ses sentiments et sa conscience, au roi de Navarre, un huguenot ; elle ne le dirait que le jour où elle y aurait intérêt.

Il eût été imprudent de harceler le vainqueur possible de demain avec qui elle pouvait prévoir un accommodement. Tout son effort devait tendre à se prémunir contre un coup de main des royalistes et à échapper la prison où sa volonté pouvait être contrainte et sa vie en péril. En attendant l'heure des négociations, l'important était de rester libre.

C'est une résolution qu'elle avait déjà prise à l'époque où le mémorialiste du Puy, dans un classement simpliste, la comptait parmi les amis de la Ligue, comme n'étant pas l'amie du roi de Navarre. Dans une lettre à Brantôme qui avait été assez presumptueux, déclare-t-il humblement, d'envoyer sçavoir de ses nouvelles, elle le louait d'avoir lui aussi choisi la vie tranquille, à laquelle j'estime heureux qui s'y peut maintenir, comme Dieu m'en a faict la grace depuis cinq ans, m'ayant Dieu logée en ung arche de salut où les orages de ces troubles ne peuvent, mercy, me nuyre[25].

Cette lettre est insérée dans le Discours de Brantôme sur Marguerite, qui est antérieur à l'entrée d'Henri IV à Paris (22 mars 1594)[26] et postérieur de six ou sept ans à la mise en liberté par Canillac de sa royale captive (déc. 1586 ou janvier 1587)[27].

A l'aide de ces deux indications, et en les combinant, on aboutit à placer le début de la vie tranquille en 1589 et même en 1588. Une autre lettre de Marguerite, celle-là datée (14 octobre 1594) et adressée à Henri IV, un an après leur réconciliation, permet et même oblige de conclure que la châtelaine n'a jamais guerroyé hors d'Usson et pour la Ligue. Les ennemis de Vostre Majesté, affirme-t-elle à son mari, ont, quoique l'on luy ayt voulu persuader le contraire, esté tousjours les miens[28].

A quoi bon cet inutile mensonge, puisqu'elle avait obtenu de lui les avantages et les pensions qu'elle avait demandés pour prix de son consentement au divorce. Les politiques mentent (et c'est souvent le cas d'Henri IV), quand ils y ont intérêt. Veut-on croire que les femmes le font par plaisir ?

Marguerite visait d'ailleurs autant certains royalistes indociles que les ligueurs rebelles.

Aussitôt après la victoire de Cros-Rolland, et pour empêcher la réorganisation du parti ligueur, Henri IV délibéra de placer dans la même main toutes les forces royales du pays. Pour des raisons politiques, il ne voulut pas du vainqueur de Randan, le comte de Curton, allié à toute la noblesse d'Auvergne et seigneur de 400 seigneurs. Encore moins de François de Bourbon, duc de Montpensier, son cousin, déjà maître du Dauphiné d'Auvergne, à qui cette délégation royale constituerait au centre du royaume une puissance presque aussi redoutable que l'ancien Etat féodal du connétable de Bourbon. Montpensier lui était suspect aussi comme prince du sang catholique. Corton, gendre de Charlotte de Vienne, l'ancienne gouvernante de Marguerite, et frère consanguin de la marquise de Canillac, pouvait incliner aux mêmes complaisances que l'ancien libérateur de sa femme.

Sur le conseil de Vernyes, il choisit pour gouverneur de Haute et Basse Auvergne Charles de Valois, bâtard de Charles IX et de Marie Touchet, un jeune prince de dix-sept ans, — il était né le 28 avril 1573 — fils de l'amour et la séduction même. L'agent Florentin, Cavriana, avait signalé au secrétaire d'Etat, Belisario Vinia, — avec l'enthousiasme d'un esthète, — l'apparition de cet enfant à la cour d'Henri III, comme un événement capable d'affecter la politique étrangère. On a donné, lui écrivait-il le 12 août 1587, la grand Croix de Malte au bâtard du feu roi Charles IX, et il est tellement aimé de notre Roi (Henri III), que c'est chose extraordinaire ; il ne le perd pas de vue un seul moment, ce qui déplaît à M. d'Epernon, voyant ce jouvenceau de quinze (quatorze) ans, beau comme un ange, de manières gracieuses, et d'un esprit si vif qu'il dépasse l'ordinaire des hommes ; d'où il résulte qu'il apparaît à chacun comme une merveille, laissant en doute s'il est un dieu ou un nouvel ange venu du ciel ; il promet choses grandes de sa personne, s'il est dirigé comme on doit ; et si ce n'était qu'on en murmurerait dans le royaume, je crois que le Roi le légitimerait pour succéder à la couronne. Plaise à Dieu qu'un vase aussi précieux soit rempli par celui qui le dressera de vertu et non de vices. Je suis sûr que ses manières gracieuses chasseront au b... et hors de la bonne grâce du Roi les deux favoris (caccieranno al bordello e dalla grazia del Re), et on parlera de lui plus que de personne en France ; et les femmes qui le voient en deviennent amoureuses.... Le Roi l'élève comme son propre fils et légitime, non comme le bâtard de son frère. Votre Seigneurie entendra de grandes choses dans deux mois[29].

Catherine aimait ce petit-fils, le seul fils sorti de ses fils, et par obéissance aux rancunes d'Henri III contre sa sœur, comme par tendresse, elle lui avait légué en mourant ses terres et châteaux d'Auvergne à l'exclusion absolue de Marguerite. Il était brave et se battit si bien autour d'Arques qu'il gagna le cœur du nouveau Roi. Sans doute Henri IV, au début de son règne, alors qu'il avait de si justes motifs de se défier du ressentiment de sa femme, jugea-t-il habile de placer dans le voisinage d'Usson un lieutenant-général qui, plus que tout autre grand seigneur du pays, avait intérêt à surveiller la châtelaine. La crainte que ce légataire de Catherine pouvait avoir des revendications de sa tante répondait, de son zèle contre l'héritière naturelle. Le Roi, en l'élevant à de si hautes charges dans un âge aussi tendre, croyait s'assurer de sa fidélité par sa reconnaissance.

Un mois après sa nomination de gouverneur, il étendit ses pouvoirs au Lyonnais, Forez, Bourbonnais, Haute et Basse Marche... (5 mai 1590). C'était un commandement aussi considérable que celui que le duc de Nemours s'arrogeait à la même époque au nom de la Ligue. Il opposait force à force, prestige à prestige, un Valois illégitime au frère de Mayenne, mais ne risquait-il pas par cette concentration de pouvoir d'induire en appétit de grandeur et en tentation de désobéissance ce jeune favori de la fortune.

Avec l'aveuglement de la tendresse pour ce neveu de la main gauche, la bâtarde d'Henri II, Diane de France, négocia son mariage avec une fille de son beau-frère, Henri de Montmorency-Damville, le gouverneur du Languedoc, comme si elle ne le trouvait pas assez puissant et voulait le fortifier de cette grande alliance. Espérait-elle donner pour frein aux convoitises juvéniles, qu'un peu de sagesse lui eût permis de prévoir, l'expérience et la prudence de ce vétéran des guerres civiles ?

Autour de Charles de Valois le hasard des rencontres réunit quelques uns des anciens serviteurs du duc d'Anjou, le frère uniquement chéri de Marguerite. Le plus en vue était le fameux La Fin La Nocle, ce redoutable agent d'intrigues, mêlé aux agissements, aux complots, aux ambitions, en France, aux Pays-Bas et jusqu'en Italie, de ce Valois-Médicis à double nez et double face, et le digne serviteur d'un tel maître. Depuis la mort du Duc, il oscillait entre le roi de France et le roi de Navarre, jusqu'à leur union qui le dispensa de choisir. Grand propriétaire en Auvergne, ennemi des Canillac, La Fin s'attacha au jeune gouverneur dans l'espoir de le diriger.

Les négociations du mariage en Languedoc avaient mis le comte d'Auvergne en rapport avec le secrétaire du gouverneur, Chartier, lui aussi ancien serviteur du duc d'Anjou. C'était un parvenu intelligent, hardi, cynique, dont un jour la confession sans artifice ni repentir scandalisa l'honnête de Thou[30]. Breton de naissance, chassé de la maison paternelle pour son inconduite, domestique d'un vieux chanoine de Bordeaux, dont il caressait la servante maîtresse, et, grâce à elle, escroqua l'héritage, protonotaire apostolique chez l'évêque d'Aleth, Guillaume de Joyeuse, contrebandier et gendre d'un chef de bandouliers dans les Pyrénées, agent du maréchal de Bellegarde lors de sa révolte, diplomate et conseiller du duc d'Anjou en mal de conquête des Pays-Bas, secrétaire de Damville, ce prototype en haulte graisse d'un Gil Blas sans élégance ni scrupules, avait expérimenté tous les moyens de parvenir, sauf les valeurs morales qu'il avait rayées de son programme d'action.

Le sieur de Combelles était d'une tout autre espèce. Il connaissait mieux que personne les affaires de la province, avait de grands biens et désirait seulement de l'honneur. Le Roi pouvait compter sur son dévouement[31].

Marguerite avait intérêt à savoir les dispositions du nouveau gouverneur. Elle saisit la première occasion de renouer avec La Fin, que sa naissance élevait au-dessus des autres conseillers.

A titre de châtelain de Montboissier, il avait pour vassal le sieur de Frédeville, tué devant la citadelle d'Issoire, et qui laissait des enfants mineurs. La veuve, Mlle de Boisbenoist, au service de Marguerite, ne se pressait pas de lui rendre hommage pour le fief, et il la faisait poursuivre par son procureur. Elle s'excusa du retard dans une lettre du 4 avril et demanda un nouveau délai jusqu'après les pâques de la reine, offrant toutefois, s'il l'exigeait, d'aller le trouver plus tôt. Marguerite appuya la requête de sa suivante[32]. Ne croiant point quan lame dun honeste home la souvenanse de ses amis se puise james perdre ie ne craindere an cete calite et sous cete asurance de vous prier me vouloir obliger dune courtesie de quoi ie me revanchere an tout ce que me convoiteres propre a vous servir[33]. Elle le priait de surseoir aux poursuites contre mademoiselle de fredeville, qui, estimant que sa présence lui était non moins nesesaire quagreable avait différé, sans qu'elle l'eût retenue, d'aller rendre ses devoirs à son seigneur, aussitôt qu'il était arrivé.

La Fin accorda une dilation d'un mois. Dans sa réponse à Marguerite, il se disait honteux de la peine qu'il avait plu à Sa Majesté prendre de lui écrire sur un sujet que la moindre de ses ordonnances lui eut aussi tost faict obeir à ces (ses) volontez. Il s'excusait de ne pas laisser tirer son droit an plus de longueur à cause de la conséquence, mais il était sûr en ce point d'être approuvé de Sa Majesté, qui est douée de tant de verteus et esquité que antend le droit estre conservé à ung chacun notemment à vos serviteurs très humble comme je l'ai toujours esté...[34]

La conversation reprit sur le même ton, et cette fois ce fut de Marguerite elle-même et du comte d'Auvergne qu'il s'agit. Elle cherchait à se rapprocher de son neveu de la main gauche, et l'on a supposé, non sans vraisemblance, mais sans preuve, qu'elle l'aurait volontiers gratifié de tout l'héritage de la Reine-mère sous la réserve de quelque usufruit[35].

Charles de Valois avait été malade et cette bonne tante, qu'on n'aurait pas crue si sensible, écrivait à La Fin (17 juin 1591) qu'il l'avait tirée d'une extreme paine, en lui donnant des nouvelles, de bonnes nouvelles de la santé de ce que j'ai de plus cher an ce monde[36].

Elle exagérait sa tendresse comme aussi les compliments dont elle gratifiait La Fin.

Elle estimait le comte d'Auvergne infinimant heureux davoir aquis personne telle que lui ; il lan avoit besoin pour estre ceux qui sont près de lui hormis un (c'est La Fin qu'elle veut dire) qui est fait de la main d'un mestre tres habile (le duc d'Anjou) peu experimant des aferes du monde et lui estant june (jeune) ie (je) craignois infinimant que ceux qui sont plus ruses que lui et qui peut estre lanviet (l'envient) le voiant sans conseil ne lui fiset (fissent) resevoir beaucoup dindignites.

Elle s'assurait qu'étant bien né et de bon naturel, il estimerait fort les avis de La Fin et serait pour lui un mestre et un ami tel que pour nre (notre) trop grant malheur nous l'avons perdu, c'est-à-dire tel que son frère bien-aimé et l'ancien patron de La Fin, le duc d'Anjou. Il ma montre (il m'a montré), ajoute-t-elle, beaucoup d'amitié ie ne doute point combien vous le maintienderes (maintiendrez) an cete voulonté. Cela signifie simplement qu'il lui a écrit ou fait écrire des lettres polies et aimables, mais qu'il n'a pas voulu entendre à ce qu'elle désirait le plus.

Aussi s'explique-t-on qu'elle réclamât avec insistance les bons offices de l'intermédiaire : Ie (Je) me persuade an amitié que ie me promes de mon neveu navoir perdu mon frere et dautant plus pran ie (prends-je) cete consolation que iespere que demeuries opres de lui ou ie (je) vous souhete tout lhonneur et contantement que saries (sauriez) dessirer et que vre (votre) valeur mesrite croielle (Croyez-le) sil vous plait et vous assures quil ne sofrira (s'offrira) ocasion ou ie le vous puise tesmongner que ie ne vous an rande preuve de mesme afection que ie vous prie me tenir an esternité pour Vre (Vostre), plus affectionnee et fidelle amie[37].

Pour parler avec cette chaleur d'amitié, il fallait qu'elle eût grand besoin de lui. La Fin rendait protestation pour protestation. Sans doute, il ne méritait pas l'idée que la reine avait de son mérite, mais il ferait de son mieux pour justifier sa confiance. Sa Majesté se pouvait assurer de la très humble affection de mond seigneur son nepveu à lhonorer et servir eternellement. Suis asseuré qu'il ne se presentera jamais occasion de vous donner tesmoignage de sa fidelle servitude qu'il ne s'y employe autant qu'il pourra et devra....[38] Le Comte avait été touché de la peine qu'elle avait soufferte pour les faux bruits que l'on a fait courir de sa mort. Si ce malheur fut advenu, La Fin aurait désiré le suivre de très près, me representant dit-il, en sa vie et en sa bonne fortune le contantement et honneur que iay receu en servant mon bon maistre monseigneur vostre frère, son oncle, ayant oublié tout le mal que iay receu pres de luy ne me representant que l'honneur dont iay jouy au service d'un si grand, courageux et magnanime prince. Elle lui demandait s'il n'avait pas oublié son chiffre, probablement ses deux initiales entrelacées et encadrées de deux S fermées (entendre fermesse, synonyme de constance et de fidélité). Ah, certes non, il ne l'oubliait pas. Tout ce qui m'en travaille, c'est que le temps n'est aussi heureux que nous nous le promettions en ce temps la. Quoyqu'il en soye, je l'adoreraye (Marguerite) à toute eternité.... Et suplyray nostre Seigneur en adoucissant sa rigueur contre nous de nous donner le siècle bien heureux que je désire de tout mon cœur et à Vostre Magesté, Madame, en toute grandeur et prospérité très constante et très longue vie....

Mais La Fin, prolixe en ses effusions, était au contraire ménager de promesses et d'engagements. Il savait que Charles de Valois ne se dessaisirait pas de son héritage. Comme si Catherine de Médicis n'avait point disposé de ses biens en faveur de son petit-fils, Marguerite avait vendu, le 29 novembre 1590, à l'obligeante Bois-Benoist, pour un prix dérisoire, le château de Cremps et le domaine de Busséol. Mais elle n'avait pu mettre l'acheteuse en possession de ce qu'elle rie possédait pas, ni lui rembourser les 8.000 livres qu'elle en avait reçues. De là sans doute sa correspondance avec La Fin. Espérait-elle décider son neveu à céder sur Cremps et Busséol comme amorce à une transaction sur tout l'ensemble de l'héritage. En ce cas on a dû lui faire comprendre que l'affection d'une tante ne suffisait pas à payer un si riche cadeau. Le neveu garda Cremps et Busséol jusqu'au jour où le Parlement cassa le testament de Catherine de Médicis.

Le comte d'Auvergne aurait peut-être consenti à quelque sacrifice d'argent, si Marguerite avait voulu lui livrer Usson. Si largement pourvu qu'il eût été par sa grand'mère et par Henri IV, il trouvait que ce n'était pas assez. Il avait en 1591 dix-huit ans, et, grisé par son bonheur ou poussé par son entourage, il méditait de se rendre tout-puissant dans sa province. Clermont, la ville capitale du comté d'Auvergne, avait chassé son évêque, La Rochefoucauld, bon catholique et sujet factieux, et, comme beaucoup d'autres grandes villes de l'un et de l'autre parti, elle avait son Conseil dirigeant élu, sa milice et ses finances. Charles, comte de Clermont, partageait le pouvoir avec les gens de la commune et il n'avait pas la meilleure part. Il eût voulu tenir sous sa main ces bourgeois qui se battaient et se ruinaient pour la cause royale, mais qui dispensaient parcimonieusement les secours à leur seigneur. Il constatait avec dépit que le Roi, content de leurs services et de leur zèle, inclinait dans les différents qui surgissaient à prendre contre lui leur parti. Henri IV s'étonnait qu'il n'eût su en cette année 1591, ni arrêter les progrès du duc de Nemours en Auvergne, ni soutenir les royalistes en Provence contre les attaques du duc de Savoie. Il lui reprochait d'écouter quelques personnes mal intentionnées et de n'observer en son gouvernement les formes accoutumées tant au faict de la justice qu'aux finances.... Je vous cognois de si bon naturel, disait-il, que je veulx croire que vous ne manquerez jamais à ce qui est de votre debvoir. Mais je désire de vous que vous fasiez différence des conseils de ceulx qui sont près de vous pour vous servir, des gens de bien et qui aiment vostre honneur, et non de ceulx qui poussez de leur interest particulier abusent de vostre bonté. Vous aymant comme mon fils, je vous prie recevoir l'instruction que je vous donne de la mesme affection que je vous ayme. Suivez ce qui est de mon intention il vous en prendra bien et en recevrez contentement[39].

Trois fois en deux lettres, il répétait qu'il l'aimait comme un fils, et ce qu'on sait du caractère d'Henri IV incline à croire qu'il commençait à ne plus l'aimer du tout. Il lui annonçait l'arrivée prochaine du sieur de Rieux pour l'aller trouver et rester près de lui. C'était un surveillant qu'il lui donnait. Mais Charles de Valois continua d'intriguer ou de laisser intriguer autour de lui. Dans le mémoire que Vernyes adresse au Roi en 1593, après son abjuration, il énumère parmi les partis constitués en Auvergne celui du comte de Clermont, c'est-à-dire de Charles de Valois. Pour couper court à ces menées, Henri IV s'attacha La Fin et l'expédia en Auvergne, puis en Languedoc, pour prier le duc de Montmorency, créé connétable, de le rejoindre en compagnie de son gendre.

De cette querelle Marguerite jouissait en spectatrice intéressée. Ce fut aussi un bonheur pour elle que la rupture de son mari avec la belle Corisande, cette maîtresse ambitieuse et jalouse, qui avait achevé de ruiner son ménage, s'estimant d'assez grande maison pour faire une reine de Navarre. Henri IV l'aima longtemps, et même quand il la trompa, il continuait à lui écrire des lettres tendres. Je fais anuit (aujourd'hui) force depesches, lui mande-t-il le 9 décembre 1585. Demain à midi elles partiront et moi aussi pour vous aller manger les mains. Bonjour, mon souverain bien. Aimez Petiot. (Petiot, c'est lui)[40]. Il répète si souvent ses affirmations de constance — surtout à partir de 1586 — qu'on voit bien qu'il ne réussit pas à l'en persuader. Par exemple le 25 mai 1586 : Mon cœur, souvenez-vous toujours de Petiot. Certes sa fidélité est un miracle. Au vrai, elle eût pu dire comme Montaigne : Je ne crois les miracles qu'en foy. Elle sait et assurément pardonne les passades à cet homme d'intempérance amoureuse, mais elle sent qu'il se détache d'elle et qu'il a d'autres affaires que ce grand amour où elle avait vu la préface d'un mariage. A mesure que les événements l'éloignèrent du Midi et le retinrent loin d'elle, se vérifia chez cet infidèle-né la vérité de l'adage : Loin des yeux, loin du cœur. Elle ne se laissait pas abuser par ses insultes à sa femme. Les annotations qu'elle a glissées en interlignes dans la lettre qu'il lui avait écrite le 18 mai 1589 prouvent qu'elle ne le croyait plus et commençait à le mépriser pour son manque de sincérité. Je me porte très bien, Dieu merci, déclare-t-il, vous jurant avec vérité que je n'aime ni honore rien au monde comme vous.... Elle rectifie : Il n'y a rien qui y paroisse. Après : Je vous garderai fidélité jusques au tombeau, elle change fidélité en infidélité, et alors ajoute : Je le crois[41]. Et en effet cet amant si épris qui le 14 mai 1590 proteste de l'aimer plus qu'elle ne l'aime et conclut : Sur cette vérité, je te baiserai, mon cœur, un million de fois les mains, la bouche et les yeux, sollicite le 28 du même mois les faveurs d'Antoinette de Pons, marquise de Guercheville, une jeune veuve, à qui, sincèrement comme toujours, il offre de l'épouser, aussitôt après l'annulation de son mariage avec Marguerite. Puisqu'avez assurance de mes paroles, lui écrit-il, quelle difficulté combat votre résolution ? Qui l'empêche de me rendre heureux ? Ma fidélité mérite que vous ôtiez tous obstacles[42]. Il s'évertue sans succès à la conquérir, en même temps qu'il répète à l'autre pour la retenir la vieille et toujours agréable chanson.

Quand Corisande s'avisa un peu plus tard, peut-être par rancune, de marier Catherine de Navarre au comte de Soissons, le Roi qui, encore hérétique, pouvait redouter comme un nouveau ferment à l'esprit de faction cette alliance d'un Bourbon catholique avec une Bourbon protestante, lui signifia durement qu'il ne pardonnerait jamais à toutes personnes qui voudraient brouiller sa sœur avec lui (mars 1592)[43]. C'était la fin d'une liaison de dix ans. Marguerite était bien vengée.

 

 

 



[1] Desjardins, IV, p. 778.

[2] Réaume, II, p. 672.

[3] Acte publié par M. Blatin-Mazelier avec une introduction et un certificat d'origine, qui ne remonte pas très haut, Annales de l'Académie de Clermont-Ferrand, 1866, pp. 202-205.

[4] Le faussaire veut dire deux cent mille livres tournois ; les francs furent frappés sous Henri III.

[5] Marguerite aurait oublié la date de son mariage, août 1572.

[6] Pp. 193-208.

[7] Imberdis, p. 348.

[8] Bibliothèque de Lyon, Recueil Vert, t. XVII.

[9] Chassaing, Mémoires de Jean Burel, p. 13.

[10] Dussieux, p. 111.

[11] Imberdis, pp. 359-360.

[12] Saint-Poncy, II, p. 333.

[13] Mlle de Lastic, II, p. 147.

[14] Vernyes, p. 21.

[15] Palma Cayet, Chronologie novenaire, p. 239.

[16] Palma-Cayet, Chronologie novenaire, pp. 240-243.

[17] Vernyes, p. 53.

[18] Genèse, XXXIII, 19-20.

[19] Félibien, Histoire de Paris, IV (II des Pièces fugitives), p. 40.

[20] Réaume, II, p. 673.

[21] Archives municipales de Lyon. Correspondance consulaire, AA 74, 15 janvier 1591.

[22] C'est un appel au concours de Jean de Lastic, Mlle de Lastic, Chronique de la maison de Lastic, II, pp. 202-203.

[23] Hilarion de Coste, II, p. 302.

[24] Brantôme, VIII, p. 48.

[25] Brantôme, VIII, pp. 82-83.

[26] Brantôme, VIII, p. 57.

[27] Brantôme, VIII, p. 72.

[28] Guessard, p. 307.

[29] Desjardins, IV, p. 707.

[30] Mémoires, p. 605.

[31] Vernyes, p. 106.

[32] Cohendy, p. 196 dit que Mlle de Fredeville avait épousé M. N... de Boisbenoist. C'est le contraire qu'il faut dire.

[33] Cohendy, p. 196. Marguerite ignore la ponctuation, l'accentuation, les j, les y et les majuscules.

[34] Dumoulin, La Fin La Nocle, p. 54 et p. 55.

[35] Saint-Poncy, II, p. 396.

[36] Cohendy, p. 197, Dumoulin ne devine pas, tant il est ignorant de l'histoire générale, de quel neveu il est question ici.

[37] Cohendy, p. 198. Cohendy classe mal, chronologiquement, les lettres. Cette lettre VI, (p. 197-198) est certainement de beaucoup antérieure aux lettres II et III.

[38] Dumoulin, pp. 57-58.

[39] Darnetal, 29 mars 1592, lettre citée par Imberdis, App. pp. 590-591. Cf. une lettre du même ton, du 20 mars, pp. 589-590.

[40] Corisande était de belle taille, plus grande que le roi de Navarre. Il l'appelait ma grande et elle l'appelait Petiot.

[41] Dussieux, p. 117.

[42] Dussieux, p. 145 et 147.

[43] Dussieux, p. 168-169, mars 1592.