LA CIVILISATION DE LA GRÈCE ANTIQUE

 

MAURICE CROISET

Membre de l’Institut, Administrateur honoraire du Collège de France.

PARIS. — 1932

 

 

AVANT-PROPOS.

PREMIÈRE PARTIE. — FORMATION DE LA CIVILISATION GRECQUE.

CHAPITRE I. - La civilisation achéenne. — CHAPITRE II. - L’invasion dorienne. Émigration grecque en Asie. — CHAPITRE III. - Les suites de l’invasion dorienne dans la Grèce propre.

DEUXIÈME PARTIE. — L’APOGÉE DE LA CIVILISATION GRECQUE.

CHAPITRE IV. - La vie politiqué en Grèce aux Ve et IVe siècles. — CHAPITRE V. - La vie religieuse en Grèce aux Ve et IVe siècles. — CHAPITRE VI. - La vie intellectuelle et artistique au Ve siècle. — CHAPITRE VII. - La vie intellectuelle et artistique au IVe siècle. — CHAPITRE VIII. - La société et les mœurs.

TROISIÈME PARTIE. — DERNIÈRES ÉPOQUES DE LA CIVILISATION GRECQUE.

CHAPITRE IX. - Les royautés hellénistiques. — CHAPITRE X. - La civilisation grecque sous l’Empire romain. — CHAPITRE XI. - La fin de l’Hellénisme.

 

 

AVANT-PROPOS

 

Bien que ce volume porte à peu de choses près le même titre que l’ouvrage publié par moi sur la civilisation hellénique, en 1922, il en diffère cependant non seulement par l’étendue, mais aussi par le plan. En élargissant sensiblement le cadre qui m’avait été alors imposé, j’ai pu caractériser moins sommairement les époques de cette civilisation, et j’ai essayé d’en mieux montrer le rapport avec les événements qui les ont déterminées, je n’ai pas cru toutefois devoir donner à ces événements plus de place qu’il n’était strictement nécessaire ; car j’estime que l’exposé de la civilisation d’un peuple est tout autre chose que son histoire.

Ce qui me parait le trait essentiel d’une civilisation, c’est la façon dont elle réalise l’organisation sociale, celle-ci ayant pont but, à rues yeux, d’assurer à l’individu, dans la cité, le plus large développement possible de ses aptitudes et, simultanément, de faire en sorte que les valeurs individuelles ainsi développées concourent au bien commun. Double exigence idéale, à laquelle aucune des sociétés humaines n’a jamais pu satisfaire complètement. Les unes, par une organisation trop forte de l’autorité publique, compriment et paralysent l’essor des individus, tandis que les autres, relâchant à l’excès la discipline sociale, se défendent mal du désordre intérieur. La Grèce, à cet égard, ne fait pas exception. Divisée en cités qui étaient à proprement parler autant d’États, elle offre des exemples d’organisations sociales variées, qui, à divers degrés, nous font voir en action ces deux tendances opposées. Il y a eu donc, en fait, plusieurs civilisations grecques. Et il serait sans doute impossible d’en dégager une image d’ensemble, qui ne fût pas composée de traits contradictoires. Aussi bien n’est ce pas cette tâche irréalisable que j’ai ci u devoir me proposer. Ce qui nous attache à la Grèce antique, c’est ce qui, du milieu de cette diversité, a émergé de meilleur. Et c’est cela qui doit ressortit d’un tableau de sa civilisation. Il n’est pas douteux, dès lors, qu’Athènes ne doive en occuper le centre. Mais la civilisation athénienne a ses origines dans le passé commun de tout le peuple grec et, d’autre part, elle s’est approprié des éléments qui s’étaient développés en dehors d elle ; en outre, elle a besoin, pour être bien comprise, d’être éclairée par le contraste d’autres organisations sociales, considérées en elles-mêmes et dans ce qu’elles ont produit. Ces observations expliquent le plan de Let ouvrage. Elles rendent compte des saisons pour lesquelles l’ai passé vite sur certaines choses qui sont pourtant d’importance dans l’histoire, tandis que je me suis arrêté davantage sur d’autres qui m’ont paru être proprement de mon sujet. Celles-ci, d’ailleurs, n’ont pu elles-mêmes être traitées que brièvement. Il entre dans la civilisation d’un peuple, telle que je l’ai définie, tant d’éléments qu’il faudrait plusieurs volumes pour l’exposer en détail. Ce qu’on trouvera ici ne peut être considéré que comme un aperçu. C’est dans des ouvrages spéciaux qu’on doit se renseignez, si l’on veut tout connaître La raison d’être d’un raccourci tel que celui-ci est de présenter les choses sous un aspect relativement simple, qui permet d’en saisit l’ensemble plus facilement et qui d’ailleurs leur donne une signification particulière. Ce livre est essentiellement une œuvre de synthèse. Il s’adresse à ceux qui veulent pendre une vue générale de la civilisation de la Grèce antique, non à ceux qui ont le désir ou le besoin de ne rien ignorer de ce qu’on en peut savoir. S’il donne au lecteur une occasion de réfléchir, s’il l’aide à se former des jugements raisonnés sur le sujet ici traité, j’aurai atteint le but que je me suis proposé.

MAURICE CROISET.