PRÉFACECHAPITRE PREMIER — La fondation de Constantinople et les origines de l’empire romain d’Orient (330-518)I. - La fondation de Constantinople et les caractères du nouvel empire. — II. - La crise de l’invasion barbare. — III. - La crise religieuse. — IV. - L’Empire d’Orient a la fin du Ve et au commencement du VIe siècle. CHAPITRE II — Le règne de Justinien et l’empire grec au VIe siècle (518-610)I. - L’avènement de la dynastie justinienne. — II. - Le caractère, la politique et l’entourage de Justinien. — III. - La politique extérieure de Justinien. — IV. - Le gouvernement intérieur de Justinien. — V. - La civilisation byzantine au VIIe siècle. — VI. La liquidation de l’œuvre de Justinien (565-610). CHAPITRE III — La dynastie d’Héraclius. Le péril arabe et la transformation de l’empire au VIIe siècle (610-717)I. - La reconstitution de l’empire par Héraclius. — II. - Le péril arabe. — III. - La politique religieuse et l’Occident. — IV. - La transformation de l’empire au VIIe siècle. — V. - La fin de la dynastie d’Héraclius et la décadence de l’empire (685-717). CHAPITRE IV — Les empereurs isauriens et la querelle des images (717-867)I. - La reconstitution de l’empire sous les deux premiers empereurs isauriens (717-775). — II. - La querelle des images (726-780). — III. - Irène et la restauration des images (780-802). — IV. - La deuxième période de la querelle des images (802-842). — V. - La politique extérieure de l’empire et la reconstitution de la monarchie. CHAPITRE V — L’apogée de l’empire sous la dynastie de Macédoine (867-1081)I. - Les souverains de la maison de Macédoine et la consolidation de la dynastie (867-1025). — II. - La politique extérieure des empereurs macédoniens (867-1025). — III. - Le gouvernement intérieur de l’empire et la civilisation byzantine au Xe siècle. — IV. - Les causes de faiblesse de l’empire. — V. - La décadence de l’empire au XIe siècle (1025-1081). CHAPITRE VI — Le siècle des Comnènes (1081-1204)I. - Les souverains de la dynastie des Comnènes. — II. - La politique extérieure des Comnènes (1081-1180). — III. - Le gouvernement des Comnènes et la civilisation byzantine au XIIe siècle. — IV. - L’empire byzantin à la fin du XIIe siècle (1180-1204). CHAPITRE VII — L’empire latin de Constantinople et l’empire grec de Nicée (1204-1261)I. - La dislocation de l’empire byzantin. — II. - L’empire latin de Constantinople. — III. - L’empire grec de Nicée. — IV. - La reprise de Constantinople par les Grecs. — V. - La principauté d’Achaïe. CHAPITRE VIII — L’empire byzantin sous les Paléologues (1261-1453)I. - La situation de l’empire grec en 1261. - Le règne de Michel VIII Paléologue (1261-1282). — II. - L’empire grec sous les derniers Paléologues (1282-1453). — III. - La civilisation byzantine è l’époque des Paléologues.. APPENDICESI. - Liste des empereurs byzantine. — II. - Table chronologique des événements les plus importants de l’histoire byzantine. PRÉFACEL’histoire de l’empire byzantin, malgré les travaux qui, en ces cinquante dernières années, l’ont presque renouvelée, demeure toujours cependant, surtout en Occident, l’objet de tenaces préjugés. A beaucoup de nos contemporains, elle apparaît toujours, telle qu’elle apparaissait à Montesquieu et à Gibbon, comme la continuation et la décadence de l’empire romain. Par un inconscient effet de rancunes séculaires, par un obscur ressouvenir de passions religieuses évanouies, nous jugeons toujours les Grecs du moyen âge comme firent les croisés, qui ne les comprirent pas, et les papes, qui les excommunièrent. Et pareillement, l’art byzantin est considéré trop souvent encore comme un art immobile — on dit volontiers hiératique — impuissant à se renouveler et qui, sous la surveillance étroite de l’Église, borna son effort millénaire à répéter indéfiniment les créations de quelques artistes de génie. En fait, Byzance a été tout autre chose. Quoiqu’elle se soit volontiers proclamée l’héritière et la continuatrice de Rome, quoique ses empereurs, jusqu’au dernier jour, se soient intitulés basileis des Romains, quoiqu’ils n’aient jamais renoncé aux droits qu’ils réclamaient sur l’ancienne et glorieuse capitale de l’empire, en réalité pourtant Byzance devint très vite et fut essentiellement une monarchie d’Orient. Il ne faut point la juger par comparaison avec les souvenirs écrasants de Rome : selon le mot d’un des hommes qui ont le mieux compris son caractère et entrevu son, aspect véritable, elle fut un État du moyen âge, placé sur les extrêmes frontières de l’Europe, aux confins de la barbarie asiatique[1]. Cet État a eu ses défauts et ses vices, qu’il serait puéril de vouloir dissimuler. Il a connu trop fréquemment les révolutions de palais et les séditions militaires ; il a aimé furieusement les jeux du cirque et davantage encore les disputes théologiques ; malgré l’élégance de sa civilisation, ses moeurs ont été souvent cruelles et barbares, et il a produit enfin, avec trop d’abondance, des caractères médiocres et des âmes viles. Mais, tel qu’il fut, cet État a été grand. Il ne faut point, en effet, comme on le croit trop
volontiers, s’imaginer que, pendant les mille ans qu’elle survécut à la chute
de l’empire romain, Byzance descendit d’une marche ininterrompue vers la
ruine. Aux crises où elle a failli succomber, bien des fois ont succédé des
périodes d’incomparable splendeur, des renaissances imprévues où, selon le
mot d’un chroniqueur, l’empire, celle vieille
femme, apparaît comme une jeune fille, parée d’or et de pierres précieuses.
Au VIe siècle,
avec Justinien, la monarchie, une dernière fois, se reconstitue comme aux
beaux temps de Rome, et Ainsi, pendant mille ans, Byzance a vécu, et pas seulement
par l’effet de quelque hasard heureux : elle a vécu glorieusement, et il faut
bien, pour qu’il en ait été ainsi, qu’elle ait eu en elle autre chose que des
vices. Elle a eu, pour conduire ses affaires, de grands empereurs, des hommes
d’Étal illustres, des diplomates habiles, des généraux victorieux ; et par
eux, elle a accompli une grande oeuvre dans le monde. Elle a été, avant les
croisades, le champion de la chrétienté en Orient contre les infidèles et,
par sa valeur militaire, à plusieurs reprises elle a sauvé l’Europe. Elle a
été, en face de la barbarie, le centre d’une civilisation admirable, la plus
raffinée, la plus élégante qu’ait longtemps connue le moyen âge. Elle a été l’éducatrice
de l’Orient slave et asiatique, dont les peuples lui doivent leur religion,
leur langue littéraire, leur art, leur gouvernement ; son influence
toute-puissante s’est étendue jusque sur l’Occident, qui a reçu d’elle des
bienfaits intellectuels et artistiques inappréciables. C’est d’elle que
procèdent tous les peuples qui habitent aujourd’hui l’Orient de l’Europe, et C’est par tout cela, par ce qu’elle fit dans le passé
autant que par ce qu’elle a préparé pour l’avenir, que Byzance mérite encore
l’attention et l’intérêt. Si lointaine que semble son histoire, si mal connue
qu’elle soit de beaucoup de gens, ce n’est point une histoire morte et digne
d’oubli. Ducange le savait bien lorsque, au milieu du XVIe siècle, par ses éditions des historiens
byzantins, par les savants commentaires dont il les accompagnait, par tant de
travaux admirables, il posait les bases de l’histoire scientifique de Byzance
et ouvrait, dans ce domaine encore inexploré, de larges et lumineuses
percées. Depuis cinquante ans, au pays de Ducange, la tradition s’est renouée
des études dont il fut le fondateur ; et sans méconnaître ce qui s’est fait
ailleurs, en Russie et en Grèce, en Angleterre et en Allemagne, peut-être
pourtant est-il permis de dire que, si les recherches d’histoire byzantine
ont reconquis droit de cité dans le monde scientifique, c’est à On m’a demandé, avec une obligeante insistance, d’écrire un livre — qui, chez nous, manquait encore, — un manuel, sommaire et condensé, de l’histoire byzantine. Il ne m’a point semblé que ce fût là une tâche inutile. J’ai tenté récemment, dans un autre volume qui vient de paraître, de présenter le tableau synthétique de ce que fut Byzance, d’expliquer les causes profondes de sa grandeur et de sa décadence, de montrer les services éminents qu’a rendus sa civilisation[2]. Le petit livre que voici offrira au lecteur un exposé plus analytique de l’histoire millénaire de l’empire byzantin. Je me suis efforcé d’y mettre en lumière les idées maîtresses qui dominent l’évolution de cette histoire, de présenter les faits essentiels moins en m’astreignant au minutieux détail chronologique qu’en les groupant en assez larges périodes, plus compréhensives et qui rendront mieux compte peut-être du sens et de la portée des événements. Les tables placées à la fin du volume permettront aisément au lecteur de retrouver la concordance chronologique des faits les plus importants. Mais il m’a paru que je ferais œuvre plus utile, pour tous ceux qui souhaitent prendre une connaissance générale de ce monde disparu, en marquant dans ce livre, sans rien omettre de la précision des détails nécessaire, les grandes lignes, les traits caractéristiques et les idées directrices de l’histoire et de la civilisation de Byzance. Je tiens à remercier la maison Hachette, qui m’a autorisé à emprunter à l’Atlas de Géographie historique de Schrader deux des quatre cartes qui accompagnent ce livre. Les illustrations, qui permettront de prendre quelque idée de la vie et du costume byzantins et des monuments de l’art que Byzance vit naître, proviennent de mon Manuel d’Art byzantin (Picard, 1910). On trouvera à la fin du volume une bibliographie sommaire des principaux ouvrages à lire ou à consulter. Ch. Diehl - Juillet 1919. |