Livre premier
Un prince d’une naissance incertaine, nourri par une femme
prostituée, élevé par des bergers, et depuis devenu chef de brigands, jeta
les premiers fondements de la capitale du monde. Il la consacra au dieu de la
guerre dont il voulait qu’on le crût sorti ; il y admit pour habitants, des
gens de toutes conditions, et venus de différents endroits, grecs, latins,
albains et toscans, la plupart pâtres et bandits, mais tous d’une valeur
déterminée. Un asile qu’il ouvrit en faveur des esclaves et des fugitifs, y
en attira un grand nombre qu’il augmenta depuis des prisonniers de guerre, et
il sut de ses ennemis en faire ses premiers citoyens. Livre II
Les tribuns du peuple qui n’avaient été créés que pour
empêcher l’oppression des plébéiens, tâchent de détruire l’autorité du Sénat.
Origine des édiles plébéiens. De quelle manière les tribuns vinrent à bout de
se faire donner le droit de convoquer les assemblées du peuple. Coriolan se
déclare hautement contre les entreprises des tribuns. Caractère de ce
patricien. Les tribuns veulent l’obliger à rendre compte de sa conduite
devant l’assemblée du peuple. Coriolan refuse de reconnaître l’autorité de ce
tribunal. Le Sénat intervient d’abord en sa faveur, mais à la fin il l’abandonne,
et donne un arrêt qui renvoie la décision de ce différend à l’assemblée du
peuple. Coriolan est condamné à un exil perpétuel. Il se retire chez les
Volsques, à qui il vient à bout de faire prendre les armes contre les
romains. Il entre sur leurs terres à la tête d’une nombreuse armée. Tout plie
devant lui ; Rome même avait toute à craindre, lorsqu’elle se voit délivrée
de danger par la sagesse et la prudence de deux romaines, entre autres, dont
l’une était la femme, et l’autre la mère de Coriolan. Livre III
Sp Cassius Viscellinus patricien, conçoit l’espérance de
se faire reconnaître roi de Rome, à la faveur des divisions qui règnent dans
la ville. Pour mettre le peuple dans ses intérêts, il propose dans le Sénat
de faire faire le dénombrement des terres conquises, afin de les partager
également entre tous les citoyens. C’est ce qu’on a appelé la loi agraire.
Virginius collègue de Cassius dans le consulat, et C Rabuleïus tribun du
peuple, contribuent également à empêcher l’exécution de la proposition du
consul. Arrêt du Sénat qui autorise Q Fabius et C Cornelius consuls désignés
à nommer des commissaires pour le partage des terres. Cassius condamné à
mort. Menenius fils d’Agrippa, et Sp Servilius sont mis en justice par les
tribuns, pour s’être opposés pendant leur consulat à la nomination de ces
commissaires. Le premier est condamné à une amende, et s’enferme dans sa
maison où il se laisse mourir de faim : le second dissipe le danger par sa
fermeté. Volero. Loi qu’il propose pour les assemblées par tribus. Cette loi
passe malgré Appius. Les tribuns de concert avec les consuls demandent
l’exécution de l’arrêt du Sénat pour le partage des terres conquises. Appius
empêche l’effet de cette demande. La mort de ce consulaire donne moyen aux
tribuns de poursuivre cette affaire, mais sans succès. Livre IV
Le tribun C Terentillus Arsa propose qu’on établisse du
consentement du peuple un corps de lois pour servir de règle dans
l’administration de la justice. Ceson qui s’y oppose est obligé de s’enfuir
en Toscane pour se soustraire au jugement du peuple. Les tribuns forment le
dessein de faire périr tous les sénateurs et patriciens qui leur étaient
odieux. Le consul Claudius rend leurs projets inutiles. Appius Herdonius
s’empare du capitole. Les romains l’attaquent et l’obligent à se tuer.
Quintius Cincinnatus est tiré de la charrue pour commander les armées en
qualité de consul. Il refuse un second consulat, et retourne cultiver son
petit héritage. Il est rappelé pour aller en qualité de dictateur délivrer un
consul que les ennemis tenaient enfermé avec toute son armée. Il délivre le
consul et ses soldats, défait les ennemis, et rentre triomphant dans Rome.
Quintius Ceson son fils est rappelé de son exil. Le Sénat accorde au peuple
le pouvoir d’élire dix tribuns au lieu de cinq, à condition qu’il abandonnera
le projet de la loi terentilla. Le Mont Aventin cédé au peuple par un
sénatus-consulte. T Romilius et C Veturius consuls, remportent une victoire
complète sur les ennemis. Le peuple à la persuasion de Siccius, leur refuse
l’honneur du triomphe, et même les condamne à une amende, parce qu’ils
s’étaient opposés à la publication de la loi agraire. Livre V
On envoie des ambassadeurs à Athènes pour recueillir les
lois de Solon. Au retour de ces ambassadeurs, on choisit parmi les patriciens
dix commissaires ou décemvirs qui gouvernent souverainement. Appius chef du
collège des décemvirs, devient suspect à ses collègues. Pour empêcher qu’il
ne soit continué dans le décemvirat, ils le déclarent président de
l’assemblée où se devait faire la seconde élection. Mais il se nomme lui-même
pour premier décemvir, et le peuple ratifie cette nomination. Ces nouveaux
magistrats veulent rendre leur domination perpétuelle. Malgré l’opposition
des principaux sénateurs, ils viennent à bout de se faire donner le
commandement des armées pour marcher contre les Èques et les Sabins. Les
romains refusent de vaincre de peur d’augmenter leur puissance. La dureté de
leur domination, leur orgueil, leurs injustices, mais surtout la passion
d’Appius pour la jeune Virginie, sont cause de leur ruine. Virginius père de
cette fille infortunée, s’étant vu réduit à la triste nécessité de lui
enfoncer un poignard dans le sein pour la dérober à la brutalité du décemvir,
les armées se soulèvent et reviennent à Rome, où elles obtiennent la
cassation du décemvirat, et la punition des décemvirs. On rétablit les
consuls et les tribuns, et on rend au peuple tous ses privilèges. Livre VI
Les consuls Valerius et Horatius obtiennent du peuple
l’honneur du triomphe que le Sénat leur avait refusé. Les tribuns veulent se
rendre perpétuels. Un d’entre eux empêche l’exécution de leur dessein. On
voit pour la première fois deux patriciens au nombre des tribuns. Les Èques
et les Volsques à la faveur des divisions qui règnent dans Rome, viennent
piller jusqu’aux portes de cette ville. Ils sont taillés en pièces ou mis en
fuite par les consuls Quintius et Agrippa. Tribuns militaires. Censeurs. Sp
Melius aspire à l’autorité souveraine. Dans une disette publique il gagne le
petit peuple par des distributions de bled toutes gratuites, et quelques-uns
de ses tribuns par argent. Il fait porter de nuit dans sa maison une grande
quantité d’armes. Ses desseins sont découverts. Ayant refusé de comparaître
devant le dictateur Quintius, il est percé d’un coup d’épée au milieu d’une
troupe de ses partisans qu’il sollicitait à la révolte. Mamercus Emilius
étant dictateur, requiert qu’on fasse une loi qui restreigne la charge de
censeur à un an et demi. C Furius et M Geganius les censeurs de cette année,
s’en vengent sur le dictateur qu’ils tâchent de déshonorer. Le peuple se
déclare pour lui. Les consuls T Quintius et C Julius Mento sont battus par
les Èques et par les Volsques. Le Sénat a recours aux tribuns du peuple pour
les obliger à faire nommer un dictateur. C Sempronius Atratinus expose
l’armée romaine à être taillée en pièces. Un officier de cavalerie appelé
Tempanius, secourt le consul à propos, et empêche la déroute. Tempanius de
retour à Rome est élevé au tribunat. Il prend ouvertement la défense de
Sempronius, et engage son accusateur à se désister de l’action qu’il avait
intentée contre lui. Néanmoins peu de temps après ce consulaire est condamné
à une grosse amande par la brigue de quelques tribuns du peuple, piqués de ce
que dans l’élection des questeurs dont on avait augmenté le nombre, les
patriciens avaient été préférés aux plébéiens. Les Èques surprennent la ville
de Voles. Posthumius est chargé de les en chasser. Il manque de parole à ses
soldats, à qui il avait promis le pillage de la place dès qu’ils s’en
seraient rendus maîtres. Pour les dédommager, un tribun du peuple demande
qu’on établisse à Voles une colonie composée de ceux mêmes qui avaient
contribué à reprendre la ville. Paroles hautaines de Posthumius. Il est tué par
ses propres soldats. Questeurs plébéiens. Le Sénat ordonne que les soldats
qui jusque alors avaient servi à leurs dépens, seraient entretenus par la
république, et que pour fournir à cette dépense, il se ferait une imposition
dont personne ne serait exempt. Ce sénatus-consulte est confirmé par un
plébiscite malgré les plaintes et les protestations des tribuns. Livre VII
Les romains assiégent Véies qu’ils ne prennent qu’au bout
de dix ans. Un tribun du peuple propose de faire de cette ville une seconde
Rome, en y envoyant pour l’habiter la moitié du Sénat, des chevaliers, et du
peuple. Les sénateurs viennent à bout de faire tomber cette proposition.
Camille attaqué par les tribuns, sort de Rome, et se réfugie à Ardée. Une
armée de Gaulois commandés par Brennus, pénètre dans Livre VIII
L Manlius est accusé devant l’assemblée du peuple de
traiter durement T Manlius son fils. Stratagème de Titus pour délivrer son
père. Il tue un gaulois d’une taille extraordinaire, et est surnommé
Torquatus. Valerius Corvinus. Pourquoi ainsi appelé ? Les samnites déclarent
aux romains une guerre qui se termine à l’avantage de ces derniers. Première
guerre entre les carthaginois et les romains. Après différents succès de part
et d’autre, les carthaginois sont obligez de demander la paix, et ne
l’obtiennent qu’à des conditions très onéreuses. Ils réparent leurs pertes, et
recommencent la guerre. Annibal passe en Italie, et met Rome à deux doigts de
sa perte. Il est obligé de retourner en Afrique pour défendre sa patrie.
Scipion taille en pièces son armée, et prend Carthage. Les conquêtes des
romains en Grèce et en Asie. Tribunat de Tiberius Gracchus rempli de
troubles. Mort du tribun. Livre IX
C Gracchus, frère de Tiberius, obtient du peuple la charge
de tribun malgré les grands. Il propose différentes lois, et fait divers
changements dans le gouvernement, qui le rendent presque absolu dans Rome, et
dans toute l’Italie. L’année de son tribunat étant expirée, il est continué
dans la même charge, sans l’avoir briguée. De quelle manière les sénateurs
viennent à bout de diminuer son crédit. Scipion Émilien le destructeur de Carthage
et de Numance, s’oppose le plus ouvertement à l’établissement des lois
agraires. On le trouve mort dans son lit. Caïus est soupçonné d’avoir
contribué à le faire assassiner. Ses collègues jaloux de son autorité, lui
font manquer un troisième tribunat. Ses sénateurs voyant Caïus rentré dans
une condition privée, chargent le consul Opimius de casser toutes ses lois,
et surtout celle qui regardait le partage des terres. Opimius convoque une
assemblée générale pour terminer cette grande affaire. Un des licteurs du
consul mis à mort par les plébéiens malgré Caïus, est cause que le Sénat
donne pouvoir à Opimius de faire prendre les armes à ceux de son parti. Caïus
est tué ; et sa tête apportée au consul qui la paye dix-sept livres et demie
d’or. Les grands viennent à bout de se faire reconnaître pour légitimes
possesseurs des terres de conquêtes, en s’engageant à une redevance qu’ils ne
payent pas longtemps. Jugurtha. Qui il était : ses premières campagnes. Son
argent lui tient lieu de bon droit à Rome pendant quelque temps. Mais à la
fin sa cruauté oblige les romains à faire passer des troupes en Numidie.
Après avoir employé avec succès contre ces redoutables ennemis, l’argent, la
ruse, et la force, il est livré par Bocchus à ses ennemis, conduit à Rome, traîné
comme un esclave à la suite d’un char de triomphe ; et enfin poussé par un
bourreau dans le fond d’une basse fosse où il meurt de faim. Marius. Sylla.
Rome vit pour la première fois la guerre civile allumée dans l’enceinte même
de ses murailles. Toutes les séditions qui s’étaient émues jusqu’alors pour
l’abrogation des dettes, l’établissement du tribunat, la promulgation de
différentes lois, et la retraite même sur le mont Sacré, toutes ces
dissensions s’étaient toujours terminées par la voie d’accommodement, et sans
effusion du sang humain, tantôt par le respect du peuple pour le Sénat, et
plus souvent encore par la condescendance du Sénat pour le peuple. Mais dans
cette dernière occasion, la violence décida la querelle, et ce fut un tribun
même du peuple, qui sans respect pour sa dignité réputée sacrée, donna le
premier coup à son collègue. Livre X
Marius délivre les Gaules et l’Italie, de trois cens mille
barbares, connus sous le nom de Teutons et de Cimbres, qui avaient déjà
ravagé une grande étendue de pays, et défait plusieurs généraux romains.
Jaloux de la réputation et du crédit de Metellus, il songe à le perdre. Il
s’unit avec Saturninus et Glaucia, et vient à bout de le faire exiler. Ces
deux hommes les plus scélérats de la république, sont assommez à coups de
pierres et de bâtons. Metellus est rappelé. Habileté de Sylla dans le métier
de la guerre. La jalousie qu’en conçoit Marius, lui fait regarder Sylla comme
son ennemi. Rome se partage entre ces deux guerriers. Prête à se déchirer par
une guerre civile, elle se réunit contre des peuples du Latium, ligués
ensemble pour se faire accorder par la force des armes, la qualité et les
privilèges de citoyens romains. Sylla préféré à Marius pour aller faire la
guerre à Mithridate. Suites funestes de cette préférence. Détail de la guerre
civile dont elle fut cause. Mort de Marius. Livre XI
Après la mort de Marius, C Marius son fils s’unit
étroitement avec Cinna et Valerius Flaccus. Ce dernier ayant été créé consul,
passe en Asie à la tête d’une armée contre Mithridate, sous prétexte que la
guerre que lui faisait Sylla, était sans l’aveu du Sénat. Fimbria lieutenant
de Valerius Flaccus, tue son général. Sylla fait la paix avec Mithridate, et
marche contre Fimbria, qui abandonné de ses soldats, se passe son épée au
travers du corps. Sylla retourne en Italie, où il trouve des forces très
supérieures aux siennes, commandées par d’habiles officiers, à la tête
desquels étaient L Corn Scipion, et C Junius Norbanus, les consuls de cette
année. La ruse et l’argent le rendent maître de l’armée de Scipion : et il
triomphe de celle de Norbanus par sa valeur. Le jeune Marius est élu du
consul. Il présente la bataille à Sylla, et la perd. Il s’enferme dans Préneste
où son ennemi l’assiège. Après la défaite de son parti, Préneste est enfin
obligée d’ouvrir ses portes aux victorieux. Marius tâche de se sauver par des
conduits souterrains, avec un jeune samnite qui commandait les troupes de sa
nation dans la place : mais ayant trouvé toutes les issues fermées, ces deux
chefs se donnent mutuellement la mort. Sylla dictateur perpétuel, se défait
de ses ennemis par de cruelles proscriptions. Il abdique le pouvoir
souverain, et meurt simple particulier. M Æmilius Lepidus qui pendant la vie
de Sylla, avait été attaché au parti de la noblesse, devient le chef de celui
du peuple après la mort du dictateur. Ayant eu le gouvernement de Livre XII
Pompée passe en Asie pour se mettre à la tête des troupes
que commandait Lucullus. Entrevue de ces deux romains. Les reproches qu’ils
se font l’un à l’autre. Ils se séparent ennemis déclarez. Détail de la
conjuration de Catilina ; desseins ambitieux du tribun P Servius Rullus.
Cicéron par son habileté et son éloquence vient à bout de faire rejeter la
loi que proposait Rullus au sujet des terres de conquêtes, et de ruiner
entièrement le parti de Catilina. Livre XIII
César s’unit avec Pompée et Crassus, et est élevé au
consulat. Exil de Cicéron : son rappel. Le gouvernement des Gaules et de
l’Illyrie est décerné à César qui emploie les richesses de ces provinces à
s’attacher ses soldats, et à se faire des créatures à Rome. Le crédit que lui
donnent ses victoires et son argent, fait ombrage à Pompée qui en vient à une
rupture ouverte avec César. Rome et ses provinces se partagent entre ces deux
grands hommes qui décident leur querelle dans les plaines de Pharsale. César
devenu maître de l’empire est tué comme un tyran malgré sa clémence. Livre XIV
Après la mort de César, il se forme deux partis dans la
république. Les uns soutiennent les conjurés ; les autres demandent qu’on
venge la mort du dictateur. Le consul Marc Antoine se déclare pour l’un ou
l’autre parti, selon qu’il convient à ses vues particulières. Ses projets
d’élévation traversés par le jeune Octavius petit neveu et fils adoptif du
dictateur. Octavius fait autoriser son adoption par le préteur, et se déclare
hautement héritier de son grand oncle, dont il prend le nom. Il vient à bout
par le crédit de Cicéron de mettre le Sénat dans ses intérêts. Triumvirat de
César, d’Antoine, et de Lepidus : cruelles proscriptions. César se sert des
forces de Lepidus et d’Antoine pour faire périr les conjurés et leurs
partisans. Il se déclare ensuite contre Lepidus et Antoine mêmes, et reste
enfin maître de tout l’empire romain. |