LA VIE D'UNE IMPÉRATRICE

EUGÉNIE DE MONTIJO

 

PAR FRÉDÉRIC LOLIÉE

D'APRÈS DES MEMOIRES DE COUR INEDITS

PARIS - FÉLIX JUVEN - 1907.

 

 

PRÉFACE

CHAPITRE PREMIER

En Espagne. — Ce que disait et conjecturait un célèbre écrivain français, aux environs de 1834, dans le salon de la comtesse de Montijo. — Les filles de don Cipriano de Montijo, Eugenia et Francesca. — Leur mère ; son portrait, au physique et au moral. — Détails de leur enfance et de leur éducation. — De Madrid à Paris ; fréquents voyages. — Mort du comte de Montijo. — Retour en France. — Un séjour aux Eaux-Bonnes ; quelques anecdotes non connues. — La préoccupation naissante des grandeurs dans l'âme d'Eugénie. — Premières vues jetées sur un avenir glorieux.

CHAPITRE II

Les premières aspirations d'Eugénie de Montijo. — Des projets antérieurs à la rencontre de Louis-Napoléon et de la comtesse de Teba. — Aux chasses de Compiègne. — Dans le monde. — Traits et anecdotes. — Les hésitations de l'empereur avant de prononcer le mot décisif. — Les vicissitudes et péripéties, jusqu'au dénouement de ce combat de l'ambition et de l'amour. — Déclaration officielle. — Les préliminaires et les cérémonies du mariage.

CHAPITRE III

Comment fut accueilli tout d'abord, dans l'opinion publique, le mariage de Louis-Napoléon et d'Eugénie de Montijo. — Critiques ouvertes et secrètes résistances. — Après une courte opposition. — Les premiers actes du nouveau règne. — Questions d'étiquette. — Organisation minutieuse du cérémonial de la Cour. — Répartition des litres et des dignités, dans le cortège. — La maison de l'empereur et de l'impératrice. — Services d'honneur ; dames du palais. — Apparente omission de la comtesse de Montijo, dans le partage des hautes faveurs. — Le rang fait aux Altesses impériales, à la suite des souverains. — Par contraste, le réel des sentiments intimes. — Jalousies, rivalités de famille. — Le prince Jérôme, la princesse Mathilde et la princesse Clotilde, dans leurs rapports avec l'impératrice. — Aspect général de la Cour. — Les splendeurs officielles des Tuileries.

CHAPITRE IV

Commencements de règne. — Le premier contact des grandeurs. — Prompte accoutumance à des satisfactions continuellement offertes. — L'ordre des grandes réceptions. — La présentation des dames. — Les bals officiels et leurs aspects brillants. — Quelques portraits des personnages en vue assistant à ces soirées de gala. — Après Pâques : la série des lundis de l'impératrice. — Détails curieux sur le caractère de ces réceptions plus intimes. — Dans les intermèdes du spectacle ; emploi des journées de l'impératrice. — Ses goûts, ses occupations. — Un moment d'extrême ferveur pour les mystères du spiritisme. — Ce que dura l'influence de l'Écossais Hume et la mode du table-moving. — Reprise des divertissements. — Leur prolongation pendant les années 1853 et 1831, et à travers les événements de la guerre de Crimée. — Histoires de bals, de représentations et d'étiquette. — Comment se montrait l'impératrice, en ses soirées, selon que prédominaient chez elle deux influences contraires : trop de fierté ou trop de laisser-aller insouciant. — Des premières tendances politiques, dans les conversations de l'impératrice, mais subordonnées encore à son rôle de grande dame, la plus grande dame de sa cour. — La place qu'y tenait l'élément aristocratique. — Des alliages trop sensibles dans la composition de la société féminine. — En dépit de l'étiquette. — Il faut fermer les yeux. — Période d'entraînement mondain. — Les plus belles heures du règne.

CHAPITRE V

Des jours filés d'or et d'azur. — Quelques nuages dans un beau ciel. — Un retour de mémoire sur la guerre de Crimée. — Les lendemains pacifiques. — De 1855 à 1836. — L'impératrice Eugénie et la reine Victoria ; celle-là au château de Windsor ; celle-ci au château de Saint-Cloud. — Réceptions royales et princières aux Tuileries. — Sur la fin de 1856 : Frédéric-Guillaume et le baron de Moltke, au pavillon de Marsan. — Un événement plus considérable, au cours de la même année. — Naissance du prince Louis-Napoléon. — Les Tuileries en fête ; réjouissances officielles et populaires. — La meilleure année du règne. — Une rencontre manquée : la tsarine Marie et Eugénie. — Dans la nuit du 14 janvier 1858 ; les bombes d'Orsini et leur répercussion multiple sur les événements intérieurs et extérieurs. — Exaltation passagère, dans le monde politique, de la personnalité d'Eugénie, à la suite de ces tragiques circonstances. — Perspectives de régence éventuelle ; et la régence effective. — Situation faite à l'impératrice, jusqu'au retour de l'empereur. — Au sujet de la guerre d'Italie. — Comment Eugénie put en abréger les maux et la durée. — Un témoignage inconnu : l'impératrice Élisabeth, l'abbé Bauer et l'impératrice des Français. — Après le traité de Villafranca ; heures de repos et de félicités intimes : Napoléon, Eugénie et le prince impérial, de nouveau réunis au château de Saint-Cloud.

CHAPITRE VI

Pendant la saison chaude. — Les déplacements de la Cour. — A Saint-Cloud : sentiments particuliers de l'impératrice pour cette résidence. — Seule, au château ; comment Eugénie y coulait les heures. — Animation accrue des réceptions de Saint-Cloud, avec la venue de l'empereur et de son cortège. — Des passe-temps variés ; les joyeusetés de Villeneuve-l'Étang, en mai 1853. — De Saint-Cloud à Fontainebleau. — Dans ce cadre majestueux ; réminiscences monarchiques. — Chasses et promenades en forêt. — Des excursions mouvementées, sous la conduite de l'impératrice. — Traits et anecdotes. — Dernière étape, entre Paris et Versailles. — Retour à Paris, pour la fête du 15 août. — Départ pour Biarritz. — Les douceurs de septembre, sur la frontière d'Espagne. — Comment Eugénie de Montijo avait inventé Biarritz. — Le ton qui régnait en la villa Eugénie. — Des visiteurs étrangers ; entre autres M. de Bismarck. — Goûts voyageurs de la cour napoléonienne. — A Compiègne. — Les fameuses séries. — Chasses, réceptions, bals, spectacles ; jours de soleil et jours de pluies : tableau complet de la vie de la cour à Compiègne ; au centre, la figure et le rôle de l'impératrice. — Fin de vacances et recommencement des fêtes officielles.

CHAPITRE VII

Après dix années de règne et de prospérité. — Un changement de direction morale. — Les premières visées politiques d'Eugénie. — Comment elle s'était portée peu à peu sur ce terrain nouveau, pour s'y affermir définitivement. — Les raisons sérieuses ou non qu'on en donnait. — Coup d'œil jeté dans l'intimité. — Les circonstances qui provoquèrent le départ d'Eugénie pour l'Ecosse, et trois ans plus tard pour la terre badoise. — Compensations d'amour-propre accordées à la souveraine en échange des dommages causés à l'épouse. — Pendant le voyage de l'empereur en Algérie. — Une seconde régence. — Eugénie prend l'habitude de gouverner. — Critiques soulevées par son rôle personnel et agissant. — L'impératrice et le prince Napoléon ; le discours d'Ajaccio ; opinions exprimées : refus de porter un toast en l'honneur de l'impératrice. — D'autres protestations. — Une lettre du duc de Persigny à l'empereur ; comment elle tomba directement sous les yeux de l'impératrice, qui en était l'objet, et quelles en furent les suites. — Influence grandissante d'Eugénie dans les affaires. — Ses deux grandes passions politiques. — La question romaine. — Le cléricalisme aux Tuileries et dans les sphères gouvernementales. — Voyage manqué en Italie et les effets de la mauvaise humeur qu'on en garda. — Un nouveau colloque avec le prince Napoléon. — Le rêve mexicain ; période de ferveur et d'enthousiasme. — Des traits curieux de cet enthousiasme, que tous ne partageaient pas. — Une conversation significative chez l'amiral Jurien de la Gravière. — Après les bulletins de victoire, les mauvaises nouvelles : l'impression que celles-ci produisent sur l'âme de l'impératrice. — Une période de retraite pieuse et d'oraisons ardentes. — Le dénouement. — Sentiment général du pays ; l'excès de sincérité d'un fonctionnaire : l'Autrichienne et l'Espagnole. — Quelques anecdotes inconnues. — La leçon des événements.

CHAPITRE VIII

Une heure d'arrêt sur la pente. — Mil huit cent soixante-sept et les splendeurs de l'Exposition. — Comment dans l'étourdissement des fêtes, on oubliait de causer politique entre rois et empereurs. — Les conséquences de cette distraction. — Alexandre II, la reine Augusta et l'impératrice. — Vers l'Autriche-Hongrie ; voyage à Salzbourg. — Les deux impératrices. — Un mot imprudent d'Eugénie sur le comte de Beust. — Les temps se sont assombris en France. — Une épreuve sensible au cœur maternel de L'impératrice ; l'épisode du 3 août 1869 à la Sorbonne, entre le jeune Cavaignac et le prince impérial. — L'impression ressentie à Fontainebleau ; violente crise de nerfs de l'impératrice. — Pour changer d'air et d'impressions. — Voyage en Corse. — Une plus longue promenade en Orient. — Eugénie se rend en Egypte pour l'inauguration solennelle du canal de Suez. — En cours de route ; une lettre à l'Empereur. — Digressions anecdotiques. — Ferdinand de Lesseps, l'impératrice et l'Angleterre. — Un diner chez Ismaïl. — Promenade au désert. — Rentrée en France ; les déceptions du retour. — Situation amoindrie de l'impératrice, sous le ministère libéral. — Un exemple frappant de cette diminution d'influence. — A l'intérieur et à l'étranger ; l'impératrice, Rome et l'alliance italienne. — Ce qu'il faut craindre des événements qui se préparent.

CHAPITRE IX

Derniers jours de sérénité. — Un coup de tonnerre dans le ciel pur. — Espagne, Prusse et France. — Du rôle véritable qu'a eu l'impératrice Eugénie dans ces excitations belliqueuses. — Vers les frontières du Rhin ; une anecdote ignorée bien caractéristique. — Témoignage oral d'Emile Ollivier. — Conseil extra-ministériel, à Saint-Cloud ; et ce qui résulta des instigations d'Eugénie. — Événements précipités. — Impression produite dans la société brillante de Saint-Cloud par la nouvelle de la guerre ; récit détaillé d'un témoin. — Il faut quitter ce séjour enchanteur. — L'empereur a Metz ; l'impératrice aux Tuileries. — Trois semaines de régence et d'angoisses quotidiennes. — Suprême catastrophe. — Les craintes du lendemain. — Pour venir en aide à l'impératrice ; touchant épisode. — La révolution gronde aux portes du Palais. — Départ d'Eugénie. — Sur le rôle de Metternich et de Nigra, dans ces circonstances ; doutes, suppositions. — Chez le docteur Evans. — Péripéties du voyage de Paris à Deauville et de Deauville en Angleterre. — A Chislehurst. — Les premiers moments d'une situation précaire. — Un déménagement nocturne des Tuileries, pour le bien de l'impératrice. — Expéditions successives à Camden-Place. — Description de cette propriété. — Ne sera-t-elle, pour les exilés, qu'un séjour temporaire.

CHAPITRE X

Comment on se retrouva à Chislehurst. — Départ et arrivée de Napoléon III. — Premières conversations entre soi. — Ce qu'on disait et projetait, à Camden-Place, dans l'entourage de l'ex-impératrice. — Un écho inédit de ces causeries familiales et politiques. — Les espérances d'une prochaine restauration bonapartiste. — Une véritable conjuration. — Quel eut été l'itinéraire d'un second retour de l'île d'Elbe. — Tous ces calculs déjoués par la catastrophe finale. — Mort de Napoléon III, dans les bras de l'impératrice. — Conséquences de cette disparition. — Entrevue d'Eugénie et du prince Jérôme. — Plaintes et doléances de ce dernier, sur des questions de documents et de testament qu'on ne trouva pas à leur place. — Retraite d'Eugénie à Arenenberg, dans les premiers temps de son deuil. — Description de cette résidence historique. — Récit d'un voyage cl d'une visite privée à la châtelaine d'Arenenberg. — Elle n'a pas abandonné les intérêts de son parti. — Rêves caressés et déceptions subies. — Comment elle se retira de la lutte pour se consacrer tout entière à l'éducation de son fils. — Des détails rétrospectifs, des anecdotes sur ce point. — Physionomie du prétendant, son caractère tout à l'image de la nature et des sentiments maternels ; ses visées ; ses illusions. — Dans l'énervement de l'attente ; une brusque résolution. — Départ du prince pour le Zoulouland. — Stupeur générale. — Quelles pouvaient être les causes d'une telle détermination ? — Raison de cœur ou d'amour-propre ? Désir d'aventure, ou besoin de rompre une tutelle, qui se prolongeait à l'excès ? Impressions particulières de l'impératrice. — Pendant les premiers jours d'absence ; état d'angoisse et d'isolement. — Comment elle était revenue à la confiance, à la sérénité, dans le moment même où allait lui parvenir la nouvelle de la mort de son fils. — Après cela. — Entier renoncement politique. — Une réconciliation tardive avec le prince Napoléon. — Trop court délai de ces rapports apaisés. — Mort de Jérôme Napoléon, cousin de Napoléon III. — Son portrait moral, quels avaient été son rôle, son caractère, ses facultés méconnues ou stérilisées. — Isolement de l'impératrice, à la suite de ces disparitions successives. — Dans sa nouvelle résidence de Farnborough. Tableau d'intérieur. — Déplacements et voyages. — Une rencontre sur la route de Menton. — Entrevues imposantes. — Dernières impressions, derniers souvenirs.

CONCLUSION