LE MARÉCHAL BUGEAUD — 1784-1849

D'APRÈS SA CORRESPONDANCE INTIME ET DES DOCUMENTS INÉDITS

 

PAR LE COMTE HENRY D'IDEVILLE

ANCIEN PRÉFET D'ALGER

PARIS - FIRMIN-DIDOT ET Cie - 1885

 

 

PRÉFACE.

LIVRE PREMIER — 1784-1808.

La famille et l'enfant (octobre 1784). - Le vélite de la garde (1804). - Fontainebleau. - Courbevoie. - Boulogne. - Le caporal d'Austerlitz (1805). - La campagne d'Allemagne. - Le lieutenant blessé. - Pultusck (1806). - Varsovie. - Berlin.

LIVRE DEUXIÈME — 1808-1815.

Campagnes d'Espagne (1808). - Le capitaine. - Saragosse (1809). - Lerida (1810). - Ordal (1813). - Les Cent-jours (1814). - Le colonel du 14e de ligne (1814). - Orléans. - La Savoie. - Bataille sous Conflans. - Waterloo (1815).

LIVRE TROISIÈME — 1815-1834.

Le brigand de la Loire. - Le soldat-laboureur. - Retraite à Excideuil ; les comices agricoles (1830). - Le général député (1831). - Le gouverneur de Blaye et la duchesse de Berry (1833). - Le duel (1834). - La guerre des rues.

LIVRE QUATRIÈME — 1836-1840.

Débuts en Afrique. - La Sickack (1836). - Le traité de la Tafna (mai 1837). - Procès Brossard (1838-1839). - Système de guerre défendu au parlement. - Bugeaud, orateur politique, orateur militaire.

LIVRE CINQUIÈME — 1841-1844.

Bugeaud, gouverneur général (février 1841). - Medeah et Milianah. - Tackdempt ; Saïda (1841). - Chélif et Ouarensènis (1842-43). - Tenès et Orléansville. - La smalah (mai 1843).

LIVRE SIXIÈME — 1844-1845.

Dellys et Biskra. - La bataille d'Isly (16 août 1844). - Le maréchal de France. - Retour triomphal en France. - Le parlement. - Le banquet de la Bourse à Paris (mars 1845).

LIVRE SEPTIÈME — 1845-1847.

Retour à Alger. - Bou-Maza et le Dahra (1845). - Sidi-Brahim. - La campagne de cinq mois (fév. 1846). - Massacre de la Deïra. - La Kabylie (1847). - Départ définitif. - Les adieux (5 juin 1847).

LIVRE HUITIÈME — 1847.

La Durantie. - Le duc d'Aumale, gouverneur (sept. 1847). - Reddition d'Abdel-Kader. - La Révolution de 1848. - Le départ des princes. - Les circulaires du maréchal ; les bureaux arabes. - Le colonisateur. - Les Trappistes de Staouéli, les Jésuites en Algérie.

LIVRE NEUVIÈME — 1848-1849.

Révolution de 1848. - La place du Carrousel. - Abdication du Roi. - La République ; Lamartine. - Les Veillées d'une chaumière. - Bugeaud, candidat à la présidence de la République. - Le Prince-Président, 10 décembre 1848. - Commandant en chef de l'armée des Alpes. - L'Assemblée législative. - La séance du 30 mai 1849. - Les funérailles. - Conclusion.

 

PRÉFACE.

 

Après la figure de Napoléon Ier, la plus grande figure militaire de ce siècle, la plus complète est celle du maréchal Bugeaud. Nos désastres et nos fautes nous ont placés aujourd'hui à un tel rang en Europe, qu'il nous a paru bon de remettre en lumière la physionomie d'un des plus illustres soldats de la France, qui fut en même temps un de ses meilleurs citoyens. — Une telle existence peut à tous servir d'enseignement : ce n'est point, en effet, seulement l'homme de guerre, le grand administrateur, le patriote dont la présence d'esprit, la loyauté, l'éloquence un peu brutale, stupéfiaient ses adversaires à la tribune, c'est aussi l'écrivain militaire hors ligne, l'agriculteur consommé, et enfin l'homme du foyer, austère, tendre, désintéressé, que nous nous sommes proposé de faire connaître[1].

S'il est pour la famille du maréchal, si orgueilleuse, à juste droit, de son héros, un sujet de consolation et de fierté, c'est la pensée que nos ennemis eux-mêmes ont conservé religieusement la mémoire du vainqueur d'Isly, du conquérant, de l'organisateur de nos possessions africaines. — Au mois de septembre 1870, un jeune Français, frappé mortellement sur le champ de bataille, allait expirer dans l'hôpital de Haguenau. Appelée en toute hâte, sa mère survint pour arracher à la mort son cher mutilé. Lorsque l'état-major allemand apprit que cette noble femme, veuve d'un général, était la fille du maréchal Bugeaud, tous les fronts s'inclinèrent : Ce fut pour moi, nous dit la comtesse Feray d'Isly, une joie bien douce d'entendre de la bouche des officiers prussiens le récit enthousiaste des campagnes de mon père et de voir de quel respect son nom était entouré. La plupart de ses livres, de ses Instructions au soldat, sont traduits en allemand, répandus dans les écoles militaires et, faut-il l'avouer ? plus populaires peut-être au delà du Rhin que dans son propre pays.

Une seule pensée nous a préoccupé en écrivant ce livre : c'est l'ardent désir que cette œuvre, qui sera d'autant plus intéressante que nous parviendrons à nous effacer davantage, puisse apporter à la figure si pure et si originale de ce grand soldat, homme de bien, un juste regain d'admiration et de popularité.

 

Henry d'IDEVILLE.

 

 

 



[1] Le présent ouvrage n'est point une analyse des trois volumes in-8° publiés sous le même titre. C'est l'ouvrage même, duquel on a seulement retranché, avec un soin judicieux, des pièces et documents officiels, des notes et commentaires auxquels les lecteurs pourront, s'ils le désirent, se reporter facilement, en consultant, dans l'édition première, les passages supprimés.

Telle qu'elle paraît aujourd'hui, l'étude sur la vie du maréchal Bugeaud est aussi complète qu'elle peut l'être : nous nous sommes attaché à conserver avec respect les lettres du grand soldat, et parmi les documents émanés de lui ceux qui pouvaient mettre le plus en relief la physionomie si puissante de notre héros.