LA MORT DU ROI

21 JANVIER 1793

 

PAR PIERRE DE VAISSIÈRE

PARIS - PERRIN ET Cie - 1910.

 

 

AVANT-PROPOS.

CHAPITRE I. — Dernière soirée.

CHAPITRE II. — Dernière matinée.

CHAPITRE III. — Vers l'échafaud.

CHAPITRE IV. — Sur la place de la Révolution.

CHAPITRE V. — Le cimetière de la Madeleine.

CHAPITRE VI. — Après le meurtre.

CHAPITRE VII. — Reliquiæ.

APPENDICES.

I. Note sur le portrait de Louis XVI, par Ducreux. — II. Note sur les représentations peintes et gravées de l'exécution de Louis XVI. — III. Note relative à la gravure reproduite sur la couverture de ce livre.

 

 

AVANT-PROPOS

 

La mort de Louis XVI a été bien souvent racontée et notamment par deux historiens de talent, M. de Beauchesne, en 1852[1], et M. Chantelauze, en 1884[2], et leurs ouvrages sont si connus et si estimés, qu'il nie faut, avant tout, donner les raisons qui m'ont décidé à traiter après eux ce sujet.

La première est que, depuis Beauchesne et même Chantelauze, nombre de documents ont été mis au jour, que l'un et l'autre avaient ignorés. Il n'y a, pour s'en convaincre, qu'à parcourir les deux gros volumes où, en 1892, M. de Beaucourt réuni les textes relatifs à la captivité et à la mort de Louis XVI[3]. D'ailleurs, depuis 1892, beaucoup d'autres récits, lettres et pièces officielles, ont été exhumés que n'avait pas connus M. de Beaucourt, et qu'il n'avait pu connaître, le hasard seul des recherches devant, il faut bien le dire, amener désormais en pareille matière à des trouvailles fructueuses ou sensationnelles.

Ces documents inemployés jusqu'à ce jour m'ont fourni pour mon récit mille détails précieux. Mais ils ont eu aussi l'avantage de me permettre de faire des sources du sujet une critique beaucoup plus serrée et scientifique que celle de nies prédécesseurs. Pouvant contrôler les unes par les autres des relations très diverses, je suis arrivé à des précisions, je ne dirai pas définitives, mais dans tous les cas plus satisfaisantes que les leurs. En ce qui. concerne les deux récits d'Edgeworth et de Cléry, qui sont les évangiles synoptiques de cette nouvelle passion, je n'ai que la prétention d'en avoir été l'exégète plus rigoureux ; mais du rapprochement de ces deux récits et de tous ceux que j'ai utilisés pour la première fois, il nie semble que plus de lumière a jailli.

J'ai conçu et traité enfin mon sujet d'une façon particulière, m'interdisant, d'une part, tout commentaire personnel, laissant, d'autre part, le plus possible, purement et simplement parler les textes. J'ai estimé qu'en pareille matière, ces textes seraient plus éloquents que moi, et aussi que je ne devais rien avancer qui ne fût immédiatement appuyé par un document. C'est clone un récit sans art, volontairement sans art, que je présente au public ; mais, en revanche, on n'y trouvera pas un fait qui ne soit, je ne dirai même pas induit ou déduit des textes, mais formellement et positivement extrait de ces textes. Quelques-uns de nies lecteurs estimeront que j'ai abusé des guillemets et des références. Je l'ai fait à dessein, car il me semble que tel détail, même minime, peut prendre un relief saisissant, si on le voit affirmer par un contemporain et non par l'historien qui se substitue à lui et le rapporte d'après lui. On nous raille, nous, Chartistes, de notre documentation minutieuse, de notre annotation forcenée ; je les crois aussi évocatrices et aussi résurrectionnelles que toutes autres méthodes et que tous autres procédés.

 

Un frère, qui m'a donné une nouvelle preuve de sa tendre affection, en m'aidant de tous les avis que lui suggéraient son goût très sûr et sa parfaite connaissance des documents iconographiques de l'époque ; — un ami cher, M. Frédéric Sœhnée, archiviste aux Archives nationales, dont j'ai pu apprécier, une fois de plus, le sens historique éclairé et délicat et la compétence en ce qui touche le Paris d'autrefois, sont les deux personnes que je veux nommer les premières parmi toutes celles qui se sont intéressées à ce livre.

Mais combien d'autres aurais-je encore à remercier des encouragements qu'elles m'ont donnés, des renseignements qu'elles m'ont fournis, de la permission qu'elles m'ont accordée de contempler et de reproduire dans cet ouvrage maintes précieuses reliques ! Que du moins Mme Philippe Gille, Mme Lasne, Mme Dubuisson et Mme Marchand veuillent bien trouver ici l'hommage de ma respectueuse gratitude ; et que M. le baron de Batz, M. François Bruel, du Cabinet des Estampes, à la Bibliothèque nationale, M. Georges Cain, conservateur du musée Carnavalet, et M. Dorbec, attaché au même musée, M. l'abbé Charron, curé de Saint-Jean-Saint-François, M. Pierre Cottreau, M. Dumonthier, administrateur du Mobilier national, M. Victor Gille, M. E.-C. Lesserteur, directeur du séminaire des Missions étrangères, M. le vicomte de Reiset, M. le baron de Turgy, M. Jules Troubat et M. le baron de Vinck restent assurés du souvenir charmé et reconnaissant que je garde de l'accueil si bienveillant et si cordial qu'ils m'ont toujours fait, du concours qu'ils m'ont si constamment et si aimablement prêté.

 

 

 



[1] A. de Beauchesne, Louis XVII, 1re édition, 2 vol. in-8°, Paris, 1852.

[2] R. Chantelauze, Louis XVII, son enfance, sa mort au Temple, 1884, in-8°.

[3] Marquis de Beaucourt, Captivité et derniers moments de Louis XVI ; récits originaux et documents officiels recueillis et publiés pour la Société d'Histoire contemporaine, Paris, 1892, 2 vol. in-8°. — Ce travail, d'une érudition admirable et impeccable, m'a été, je n'ai pas besoin de le dire, du plus grand secours. On verra que j'y renvoie pour une foule de textes que l'on trouve édités et annotés là d'une façon définitive. J'ai estimé en effet qu'il serait plus facile à mes lecteurs de se reporter à cet ouvrage qu'à des livres et à des brochures dispersés et dont beaucoup sont très rares.