AU LECTEUR
Cet essai n'aura pas de préface, ami lecteur. Ce sera là
un de ses défauts, ou, si tu veux, un de ses mérites. Et, si tu me demandes
pourquoi, le voici : Toute préface est, à mes yeux, une conclusion plus ou
moins déguisée sur le temps présent, ou elle n'est qu'un hors-d'œuvre et une
mystification. Or, le temps présent n'est pas favorable aux préfaces. Notre
très-glorieux siècle est d'humeur peu endurante et ne souffre guère qu'on lui
dise ses vérités. Il a, selon moi, ses raisons pour cela. En attendant que le
libre avenir fasse entendre sa voix, prête l'oreille, ô lecteur ! à celle du
passé. L'histoire est toujours une leçon. A de certaines époques, elle est un
jugement.
P. LANFREY.
Octobre 1854.
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