HISTOIRE DE FRANCE

DEPUIS LES ORIGINES JUSQU'À LA RÉVOLUTION.

 

TOME PREMIER. — TABLEAU DE LA GÉOGRAPHIE DE LA FRANCE.

PAR P. VIDAL DE LA BLACHE.

PROFESSEUR À L'UNIVERSITÉ DE PARIS.

PARIS - LIBRAIRIE HACHETTE - 1903.

 

AVANT-PROPOS.

 

PREMIÈRE PARTIE. — PERSONNALITÉ GÉOGRAPHIQUE DE LA FRANCE. - EN QUEL SENS LA FRANCE EST UN ÊTRE GÉOGRAPHIQUE.

CHAPITRE I. FORME ET STRUCTURE DE LA FRANCE. — CHAPITRE II. LES INFLUENCES DU DEHORS. - LA MÉDITERRANÉE. — CHAPITRE III. LES INFLUENCES DU DEHORS (suite). - LE CONTINENT. — CHAPITRE IV. PHYSIONOMIE D'ENSEMBLE DE LA FRANCE. — CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE.

 

DEUXIÈME PARTIE. — DESCRIPTION RÉGIONALE.

LIVRE PREMIER. — LA FRANCE DU NORD.

I. — ARDENNE ET FLANDRE

CHAPITRE I. LE CONTACT POLITIQUE DE LA MER DU NORD. — CHAPITRE II. LE MASSIF PRIMAIRE DE BELGIQUE ET DE L'ARDENNE. — CHAPITRE III. LES FLANDRES.

II. — LE BASSIN PARISIEN.

CHAPITRE I. PARTIE SEPTENTRIONALE. — CHAPITRE II. LA RÉGION TERTIAIRE (partie septentrionale). — CHAPITRE III. LE BASSIN PARISIEN EN AMONT DE PARIS. — CHAPITRE IV. LES PAYS AUTOUR DE PARIS. — CHAPITRE V. PARIS. — CHAPITRE VI. LIEN DE PARIS AVEC LA LOIRE. - BEAUCE. — CHAPITRE VII. PARTIE MÉRIDIONALE DU BASSIN PARISIEN. — CHAPITRE VIII. PARTIE OCCIDENTALE DU BASSIN PARISIEN.

III. — LA RÉGION RHÉNANE.

CHAPITRE I. LES VOSGES. — CHAPITRE II. LA LORRAINE. — CHAPITRE III. LE PAYS MEUSIEN. — CHAPITRE IV. L'ALSACE.

LIVRE DEUXIÈME. — ENTRE LES ALPES ET L'OCÉAN.

I. — LE SILLON DE LA SAÔNE ET DU RHÔNE.

CHAPITRE I. LA BOURGOGNE. — CHAPITRE II. LA RÉGION LYONNAISE. — CHAPITRE III. LES ALPES FRANÇAISES. — CHAPITRE IV. LA VALLÉE DU RHÔNE ET LA TRANSITION VERS LE MIDI.

II. — LE MASSIF CENTRAL.

CHAPITRE I. L'ENSEMBLE DU MASSIF CENTRAL. — CHAPITRE II. DU LANGUEDOC À L'AUVERGNE. — CHAPITRE III. LES CONTRÉES VOLCANIQUES. — CHAPITRE IV. L'OUEST DU MASSIF CENTRAL ET LES ROUTES VERS L'AQUITAINE.

LIVRE TROISIÈME. — L'OUEST.

I.

CHAPITRE I. VUE GÉNÉRALE DE L'OUEST. — CHAPITRE II. POITOU. — CHAPITRE III. POSITION MARITIME ET ESTUAIRE DE LA LOIRE.

II.

CHAPITRE I. — LES CONFINS DE LA BRETAGNE. — CHAPITRE II. LA BRETAGNE.

LIVRE QUATRIÈME. — LE MIDI.

I. — LE MIDI MÉDITERRANÉEN.

CHAPITRE I. LA PROVENCE. — CHAPITRE II. LA PLAINE ET LES PASSAGES DU LANGUEDOC VERS L'OUEST.

II. — LE MIDI PYRÉNÉEN.

CHAPITRE I. LES PYRÉNÉES. — CHAPITRE II. LA PLAINE SUB-PYRÉNÉENNE.

III. — LE MIDI OCÉANIQUE.

CHAPITRE I. QUERCY ET PÉRIGORD. — CHAPITRE II. LA VIE MARITIME DU SUD-OUEST.

CONCLUSION.

LA CENTRALISATION ET LA VIE D'AUTREFOIS.

 

AVANT-PROPOS

L'histoire d'un peuple est inséparable de la contrée qu'il habite. On ne peut se représenter le peuple grec ailleurs qu'autour des mers helléniques, l'Anglais ailleurs que dans son île, l'Américain ailleurs que dans les vastes espaces des États-Unis. Comment en est-il de même du peuple dont l'histoire s'est incorporée au sol de la France, c'est ce qu'on a cherché à expliquer dans ces pages.

Les rapports entre le sol et l'homme sont empreints, en France, d'un caractère original d'ancienneté, de continuité. De bonne heure les établissements humains paraissent y avoir acquis de la fixité ; l'homme s'y est arrêté parce qu'il a trouvé, avec les moyens de subsistance, les matériaux de ses constructions et de ses industries. Pendant de longs siècles il a mené ainsi une vie locale, qui s'est imprégnée lentement des sucs de la terre. Une adaptation s'est opérée, grâce à des habitudes transmises et entretenues sur les lieux où elles avaient pris naissance. Il y a un fait que l'on a souvent l'occasion de remarquer en notre pays, c'est que les habitants se sont succédé de temps immémorial aux mêmes endroits. Les niveaux de sources, les roches calcaires propices à la construction et à la défense, ont été dès l'origine des nids d'attraction, qui n'ont guère été abandonnés dans la suite. On voit, à Loches, le château des Valois s'élever sur des substructions romaines, lesquelles surmontent la roche de tuffeau percée de grottes, qui ont pu être des habitations primitives.

L'homme a été, chez nous, le disciple longtemps fidèle du sol. L'étude de ce sol contribuera donc à nous éclairer sur le caractère, les mœurs et les tendances des habitants. Pour aboutir à des résultats précis, cette étude doit être raisonnée ; c'est-à-dire qu'elle doit mettre en rapport l'aspect que présente le sol actuel avec sa composition et son passé géologique. Ne craignons pas de nuire ainsi à l'impression qui s'exhale des lignes du paysage, des formes du relief, du contour des horizons, de l'aspect extérieur des choses. Tout au contraire. L'intelligence des causes en fait mieux goûter l'ordonnance et l'harmonie.

J'ai cherché à faire revivre, dans la partie descriptive de ce travail, une physionomie qui m'est apparue variée, aimable, accueillante. Je voudrais avoir réussi à fixer quelque chose des impressions que j'ai éprouvées en parcourant en tous sens cette contrée profondément humanisée, mais non abâtardie par les œuvres de la civilisation. L'esprit y est sollicité par la réflexion, mais c'est au spectacle tantôt riant, tantôt imposant de ces campagnes, de ces monts et de ces mers qu'il est sans cesse ramené comme à une source de causes.