PARIS - PLON-NOURRIT ET Cie - 1910.
AVANT-PROPOS.TALLEYRAND ÉMIGRÉ.LE MARIAGE DE TALLEYRAND.TALLEYRAND DANS LA RETRAITE.LA CONVERSION ET LA MORT DE TALLEYRAND.APPENDICE. — RÉCIT FAIT PAR L'ABBÉ DUPANLOUP DE SES RELATIONS AVEC TALLEYRAND.AVANT-PROPOSOn connaît Talleyrand évêque, Talleyrand député de la Constituante, Talleyrand diplomate, grand chambellan, ministre, chef du Gouvernement provisoire, Talleyrand homme de Cour et homme d'État ; on connaît moins Talleyrand homme privé. Et cependant n'y eût-il que le contraste des sentiments qu'il suscita — il serait curieux de pénétrer dans l'intimité du personnage qui sut inspirer à ses amis, à ses proches, à ses serviteurs, des affections aussi fidèles que furent acerbes les haines dont font poursuivi, même outre-tombe, plusieurs de ses partenaires politiques. Dans les études que je réunis aujourd'hui en volume, j'ai essayé de jeter un regard sur la vie privée de Talleyrand. Je l'ai suivi en Angleterre et en Amérique, pendant qu'il était émigré ; j'ai raconté ses efforts pour dépouiller le caractère épiscopal et redevenir un simple laïque ; j'ai tâché de démêler l'imbroglio de son mariage avec la belle Mme Grand ; puis, après avoir pénétré dans l'intérieur du grand dignitaire de l'Empire et de la Restauration, j'ai voulu montrer le Prince vieilli, malade, revenu des ambitions du monde, dans la retraite de ses quatre dernières années ; et enfin examiner de près ce qu'on a appelé sa conversion. assister à sa mort, bénie par l'abbé Dupanloup. J'ai laissé, le plus possible, parler les documents : on les fausse ou on les dénature quand on cherche trop à les interpréter. Et je serai heureux si, à travers les ombres qui l'enveloppent et que lui-même n'a rien fait pour dissiper, j'ai pu projeter un peu de lumière sur sa ligure énigmatique. Au fur et à mesure des pages qui suivent, j'indiquerai les sources — archives publiques et archives privées — où j'ai puisé mes renseignements. Mais je tiens à signaler tout de suite la plus importante : les quatorze registres où Mgr Dupanloup avait rassemblé sur son célèbre pénitent des documents de toutes sortes, et qu'il légua à mon père. Parmi les pièces qui s'y trouent, la plus précieuse, sans aucun cloute, est le récit que l'abbé Dupanloup écrivit, en 1839, de ses relations avec Talle rand : il était resté inédit jusqu'à ce jour, quoique Mgr Lagrange, dans sa vie de l'illustre évêque d'Orléans, lui ait fait de nombreux emprunts : je le publie in extenso à la fin de ce volume. Octobre 1909. |