PARIS - LÉOPOLD CERF - 1886-1896.
PRÉFACECHAPITRE PREMIER. — LA DÉCLARATION DE GUERREI. Sentiments de l'Autriche. - Répugnance de Léopold et de Kaunitz à la guerre. - Démarches de Louis XVI et de Marie-Antoinette. - Fersen. - Breteuil. - Le congrès armé. — II. Choc inévitable. - Déclarations de Padoue et de Pillnitz. - Lettres de Kaunitz et de Mercy. - Irritation de la France contre l'Autriche. - La Gironde. - L'affaire des princes de l'Empire possessionnés en Alsace. - Les émigrés. - Echange de notes. - Chute de Delessart. - Dumouriez. - Réponse de Kaunitz. - Hostilité évidente de l'Autriche. - Mission de Goguelat. - Déclaration de guerre. — III. Négociations de Dumouriez avec la Prusse. - François de Custine. - Heymann et Benoît. - Sentiments de Frédéric- Guillaume. — IV. Les événements en France jusqu'à la journée du 10 août ou de la Saint-Laurent.CHAPITRE II. — L'ARMÉE FRANÇAISEI. Désorganisation de la France. - Les ministres. Les places fortes. — II. L'armée de ligne et les bataillons de volontaires. - Les premiers bataillons des régiments. - Ils ne sont pas au complet. - Augmentation des bataillons de volontaires. - Les quatre-vingt-trois bataillons de 1791. - Les levées de 1792 avant le 10 août. - Défaut de fusils. - Manque de temps. — III. Position des armées. - L'émigration. - Méfiance des troupes de ligne. - Leur indiscipline. - Désordres des volontaires. - L'habit blanc et l'habit bleu. - L'armée du Rhin. — IV. Déroute de Mons et de Tournay. — V. Mésintelligence des généraux. - Lafayette, Luckner, Dumouriez. - Le chassé-croisé. - Insubordination de Dumouriez. — VI. Le 10 août et Lafayette. - Lutte du général et de l'Assemblée. - Fuite de Lafayette. — VII. Dévouement de l'armée à la Révolution. - Les officiers et les soldats. - On ne pense qu'aux Prussiens. - Force du patriotisme. — VIII. Causes du succès final. - Délais de l'Autriche. - Discipline des armées du Nord et du Centre. - Hemptinne, Glisuelle, Mairieux. - Le grenadier Pie. - Le camp de Maulde. - Le règlement de 1791. - La classe des sous-officiers. - Les volontaires de 1791. - Il ne faut pas les confondre avec ceux de 1792. - Les futurs généraux. - Bon esprit et bravoure. - Embrigadement et commencement d'amalgame. - Stricte défensive. - La manière nouvelle de combattre. - La cavalerie. - L'artillerie. - Sa supériorité. - L'artillerie à cheval. - L'intendance. - L'unité de commandement.CHAPITRE III. — L'ARMÉE PRUSSIENNEI. L'armée prussienne. - Sa composition. - Etrangers et cantonistes. - Discipline rigide. - Rares désertions. - Perfections de l'armée. - L'infanterie. - La cavalerie. - Les sous-officiers. - Les officiers. - Les capitaines. - Culture d'esprit des officiers. - Sensibilité du XVIIIe siècle. — II. Orgueil de cette armée. - Vices et lacunes. - L'artillerie. - Le génie. - L'intendance. - Les magasins. - Les bagages. - Le service sanitaire. - Excès du soldat en campagne - Manœuvres pédantesques. - Officiers politiqueurs et critiqueurs. - Vieux généraux. - Comment se faisait la guerre. — III. L'armée d'invasion. - Ordre de bataille. - Courbière. - Kalkreuth. - Grawert. - Rüchel. - Frédéric-Guillaume. - Les émigrés: Roll, Caraman, Heymann. - Nassau-Siegen. - Charles-Ferdinand de Brunswick, son caractère, sa circonspection. ses pressentiments. - Le duc et le roi. — IV. Les généraux répugnent à la guerre. - Le prince Henri. - Goram. - Un parti français à Berlin. - Archenholz. Klopstock, Auguste de Gotha. — V. Politique de la Prusse et de l'Autriche à l'égard de la France. - La question de l'indemnisation. - Conférences de Mayence. — VI. La Russie. — VII. L'Empire. - Le landgrave de Hesse. — VIII. Couronnement de François II. - Fêtes. Forcer insuffisantes de l'Autriche. — IX. Le manifeste et ses conséquences.CHAPITRE IV. — FONTOYI. Marche des Prussiens. - Coblenz, Trêves, Montfort. - La frontière franchie à Redange. - La première nuit sur le sol français. - Sac de Tiercelet et de Bréhain. - Pillages et réquisitions. - Enlèvement de troupeaux. - Traites sur Louis XVI. — II. Succès des Prussiens. - Prise de Sierck, de Rodemack et d'Ottange. - Combat de Fontoy. - Les hussards de Wolfradt. — III. Irritation et résistance des paysans. - Le curé d'Aumetz. - Méfiance des Prussiens. - Courage de nos soldats à Sierck et à Fontoy. - Inquiétudes de Brunswick. - Les deux lettres de Gorani. - Lettre de Hohenlohe à Luckner et son entrevue avec Deprez-Crassier.CHAPITRE V. — LONGWYI. Investissement de Longwy. - La ville et ses fortifications en 1792. - La garnison. - Lavergne. - Sommation. — II. Bombardement. - Première démarche des corps administratifs. - Seconde démarche. - Conseil de défense. - Certificat donné au commandant par les officiers municipaux. - Capitulation. - Sortie de la garnison. — III. Causes de la reddition. - Lâcheté des habitants. - Faiblesse de Lavergne. - Son châtiment. - Dévouement de Victoire Resnier à son mari.CHAPITRE VI. — METZI. Luckner. - Son caractère. - Sa conduite au 10 août. - Sa faiblesse. - Mauvaises nouvelles — II. Les commissaires. - Ils demandent le maintien de Luckner. - Servan le destitue. — III. Kellermann. - Son arrivée à Metz. - Luckner généralissime. — IV. Rapport des commissaires. - Opinion de Kellermann. - Renforts d'Alsace. - Ordre de bataille. - L'avant-garde - La réserve de Valence. Linch. - Pully. - M. Chartres, prince français. - D'Aboville et Senarmont. - Berthier et Schauenburg. - Esprit de l'armée du Centre avant Valmy.CHAPITRE VII. — VERDUNI. Desseins de Brunswick. - Le camp de Praucourt. — II. Châtillon-l'Abbaye. - Aventures de Goethe. - Une marche du diable. — III. Situation de Verdun. - Galbaud. - Beaurepaire. — IV. Mesures de défense. - L'investissement. - La garnison de Verdun. - Pichon et Bousmard. — V. Le conseil défensif. - Tentative de secours. — VI. La première sommation. - Le bombardement. — VII. Manifestation des habitants. - Délibération du conseil défensif. — VIII. La seconde sommation. - Adresse des corps administratifs. - Suspension d'armes. — IX. Suicide de Beaurepaire. — X. Neyon. - Capitulation de Verdun. - Sortie de la garnison et entrée des Prussiens. - Désordres dans la ville. - Le meurtre de Henkel. - Accueil fait aux envahisseurs. - Le bal. - Les donneuses de bonbons. - Patriotisme de la population. - Causes de la reddition. — XI. Expédition de Saint-Mihiel. - Madame Sauce. - Le maire de Varennes, Georges. - Ternaux et Gossin.CHAPITRE VIII. — LES ÉMIGRÉSI. Rôle des émigrés. - Place que leur assignent Louis XVI et les coalisés. - Plaintes des princes. — II. L'armée du Centre. - Son indiscipline. - Ses espérances. — III. L'émigration à Coblenz. - Comment la jugent les Prussiens. - Ordre de Brunswick. - Orgueil des émigrés. - Leurs dépenses. - Leur ignorance de la situation. - Soif de représailles. - Patriotisme. — IV. Marche de l'armée des princes. - Grevenmaker. Roussy. - Entrée en France. — V. Calonne, gouverneur-général civil. - Ses mesures d'administration. - Manifestation de Longwy. - Entrée à Verdun. - Réaction. - Indulgence des Prussiens. — VI. Renvoi de Calonne. - Régence de Monsieur. - Projets de Breteuil. - Intrigues du baron et de Fersen. - Acloque. - Batz - Dumouriez. - La baronne d'Angel et Rivarol. - Sainte Foix. — VII. Mot de Bertrand de Molleville. - Désillusions.PRÉFACELa première des guerres de la Révolution, celle qu'on nomme d'ordinaire la campagne de l'Argonne, est une des moins connues. Elle a quelque chose d'archaïque et de légendaire. Les historiens l'ont esquissée à grands traits, et la rapidité de leur récit égale celle de la campagne. Et pourtant que de particularités curieuses il reste encore à apprendre sur cette invasion prussienne qui déchaîna la Révolution française et la précipita sur l'Europe ! Tous ces événements, disait Dumouriez, se sont passés en moins de six semaines et tiennent du merveilleux. N'est-il pas temps d'expliquer ce merveilleux, de l'analyser minutieusement, de le discuter — le merveilleux, écrit Voltaire, disparait dès qu'on le discute — et, par exemple, de montrer ce que valait l'armée royale qui devenait l'armée de la Révolution, et ce qu'était en réalité cette armée prussienne qui passait pour la première du monde ? On a voulu, dans le présent ouvrage, mettre en pleine lumière cette singulière et dramatique campagne : Les documents abondaient ; ils étaient de deux sortes : non seulement les documents inédits, mais les documents imprimés qu'on est trop porté de nos jours à négliger et qui, lorsqu'on prend la peine de les chercher et de les lire, en disent souvent plus que les archives. On a consulté, parmi les documents inédits, la correspondance des généraux et du ministre au dépôt de la guerre[1], les dossiers des capitulations de Longwy et de Verdun et les papiers du général Galbaud aux archives nationales et à la bibliothèque de Verdun ; parmi les documents imprimés, les ouvrages de Hausser, de MM. de Sybel et de Ranke, les articles de M. Sorel, les mémoires authentiques des contemporains, de Dumouriez, de Caraman et des autres émigrés, le Moniteur et les autres gazettes de l'époque, les journaux des officiers prussiens, comme Minutoli, Strantz, Valentini, le travail de l'Autrichien Gebler, le livre de Ditfurth sur l'armée hessoise pendant la Révolution, le récit de Gœthe et de l'officier anonyme qu'on nomme le témoin oculaire, l'autobiographie du soldat Laukhard, les Réminiscences du prince royal de Prusse, les souvenirs de l'Anglais Money, la Minerva d'Archenholz, la consciencieuse histoire de Sainte-Menehould de Buirette, le Compte-rendu d'Arthur Dillon, les Observations de Galbaud, l'extrait des Mémoires de Nassau-Siegen publiés par M. Feuillet de Conches, la correspondance de Fersen et celle du commissaire des guerres Brémont, les lettres du secrétaire royal Lombard, traduites récemment par M. Hüffer dans la Deutsche Revue, etc. En s'aidant de ces documents, l'auteur de ce volume a tenté de se faire le contemporain des combattants de 1792, de vivre au milieu d'eux et dans leurs camps, de se pénétrer de leurs idées et de leurs sentiments, de voir les événements comme les uns et les autres les ont vus. Il a suivi jour par jour et, pour ainsi dire, pas à pas, l'invasion prussienne et la défense française. Il a retracé les moindres incidents de l'expédition. On lui reprochera peut-être de tomber dans la minutie, de s'appesantir sur des riens, de trop viser à la précision. Mais la vérité historique est à ce prix. On ne peut connaître une époque et la faire revivre qu'en s'attachant à être complet. Trop d'historiens s'en tiennent à la surface des choses ; ils omettent les petits combats qui préparent la victoire et s'ils racontent une campagne, ils ne parlent que du général en chef, sans dire un mot des instruments dont il disposait, de ses lieutenants et de ses soldats. Mais ne peut on donner à tous les acteurs leur place et leur coin, à condition de laisser à chacun son importance ? Ne peut-on prodiguer les détails, pourvu qu'ils soient expressifs, significants et que leur grand nombre ne nuise pas à la clarté de l'ensemble ? Un mot encore sur ce volume. Avant d'entamer le récit de l'invasion, on a cru nécessaire d'exposer avec brièveté les événements non militaires qui précèdent et suivent la déclaration de guerre du 20 avril 1792. Ce chapitre est suivi d'un tableau de l'armée française ; le lecteur y trouvera, entre autres choses, une solution nouvelle de la question tant débattue des volontaires. Enfin, les pages consacrées à l'armée prussienne, aux émigrés, aux redditions du 23 août et du 2 septembre, au suicide de Beaurepaire, aux dispositions des populations de la Lorraine prouveront que l'auteur s'est efforcé de rester équitable, qu'il n'a pas fait une œuvre de parti, qu'il juge les événements et les hommes dans un esprit impartial et indépendant. |