HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

TOME DIXIÈME

LIVRE ONZIÈME

 

PAR M. LOUIS BLANC

PARIS - FURNE ET Cie – PAGNERRE - 1869

 

 

LIVRE ONZIÈME.

CHAPITRE PREMIER. — Régime do la Terreur.

La Terreur ne fui pas un système. — Elle naquit de la situation même. — Ce furent les assemblées primaires qui prirent l’initiative de la Terreur. — Les terroristes, les modérantistes, les hommes de la fermeté sans fureur. — Comité de sûreté générale : les gens d’expédition, les écouteurs, les gens de contrepoids. — Jagot, Amar, Vadier, Voulland, Louis (du Bas-Rhin), tous terroristes et ennemis de Robespierre. — Le Comité de sûreté générale opposé tout entier à Robespierre, à l’exception de David et de Lebas. — Guerre sourde du Comité de sûreté générale contre Robespierre. — Héron, bras de Vadier. — Comités révolutionnaires. — Chaumette essaye vainement de s’en séparer. — Physionomie du Tribunal révolutionnaire ; son personnel. — Hermann ; il n’était pas l’homme de Robespierre. — Dumas et Coffinhal. — Fouquier-Tinville ; sa cruauté, son éloignement pour Robespierre ; ses rapports avec le Comité de salut public. — Jurés farouches. — Jurés humains. — Caractère atroce de Vilate. — Le menuisier Duplay. — La buvette du Tribunal révolutionnaire. — Calomnies réfutées. — Indemnité assurée aux accusés qu’on acquittait. —Scènes d’audiences caractéristiques. — Série de condamnations. — Exécutions de Manuel, des généraux Brunet, Houchard et Lamarlière, de Girey-Dupré, de Barnave, de Duport-Dutertre, de Kersaint, de Rabaud-Saint-Etienne, de madame du Barry. — Le Rougyff. — Les plus violents terroristes opposés à Robespierre. — Politique sévère, mais juste, recommandée par ce dernier. — Différence entre son langage et celui soit de Collot-d’Herbois, soit de Parère. — Mots de Chamfort, à propos du régime de la Terreur. — Hommages à l’innocence, une fois reconnue. — La Révolution inexorable, mais sincère.

CHAPITRE II. — Agonie et mort de l’armée catholique.

Emigration militante des Vendéens. — La Rochejaquelein général en chef. — Westermann les attaque à Laval ; il est repoussé. — La faction des Mayençais. — Kléber âme du parti frondeur — Défaite d’Entrames. — Ses véritables causes. — Accusations injustes dirigées contre l’Échelle — Il est consolé et approuvé par le Comité de salut public ; il se retire à Nantes et y meurt de chagrin. — Dissolution du corps des Mayençais. — — Mort de Lescure. — Madame de la Rochejaquelein fait passer son cheval sur les corps des républicains égorgés. — Les Anglais appellent les Vendéens à Granville. — Étrange message envoyé au prince de Talmont. — Les Vendéens sont repoussés de Granville. — Découragement des soldats vendéens ; ils ne croient plus ni à leurs chefs ni à leurs prêtres ; marche rétrograde vers la Loire. — Rossignol nommé au commandement en chef des deux armées réunies de l'Ouest et de Brest. — Son autorité minée par la faction militaire des Mayençais. —Politique profonde du Comité de salut public dans le choix des généraux. — Revers dus à des mésintelligences d’état major. — Double désastre à Dol, né du défaut d'ensemble dans les mouvements et du défaut d’harmonie dans les vues. — Cruautés commises à Fougères ; trait d’humanité. — Courage île Rossignol, sa modestie magnanime. — Mot remarquable de Prieur. — Marceau élevé au commandement intérimaire de l’armée de l’Ouest. — Les Vendéens marchent sur Angers ; siège de cette ville ; les Vendéens sont repoussés. — Maîtres du Mans, ils en sont chassés ; horrible carnage. — L’année vendéenne, errante et décimée, arrive à Ancenis. — Impossibilité pour elle de repasser la Loire. — La Rochejaquelein et Stofflet la traversent seuls dans une barque, et se trouvent pour jamais séparés des leurs. — Le prince de Talmont quitte l’armée vendéenne. — Déplorable situation de cette armée, sa démoralisation. — Elle est anéantie à Savenay. — Conclusion philosophique.

CHAPITRE III. — L’ennemi repoussé du territoire.

Les Anglais veulent garder Toulon. — Insultes adressées à la France par les agents diplomatiques de Pitt. — Atrocités commises à Toulon par les royalistes. — Indignation générale contre les alliés et complices de l’étranger. — Lettre de Couthon. — Les républicains mettent le siège devant Toulon. — Carteaux ; Salicetti ; Napoléon Bonaparte ; Lapoype. — Carteaux remplacé par Dugommier. — Robespierre jeune et Ricord à Toulon — Intimité de Robespierre jeune et de Bonaparte. — Ils dirigent avec Ricord les opérations du siège. — Charlotte Robespierre et madame Ricord ; trait caractéristique. — Plan adopté au conseil de guerre. — Combat des Arènes ; O’Hara prisonnier. — La redoute anglaise emportée ; irrésistible élan des Français ; bravoure des représentants du peuple. — Les Anglais abandonnent Toulon, à la lueur de l'incendie qu'ils y allument. —Jugement porté par des Anglais sur la conduite de sir Sidney Smith. — Patriotisme des forçats de Toulon. — Scènes lamentables ; désespoir de la population livrée par l'étranger aux vengeances du vainqueur. — Ce que furent ces vengeances ; réfutation d’une calomnie historique. — Rapport de Barère. — Campagne sur Je Rhin. — Saint-Just à l’armée. — Lacoste anime Hoche contre Saint-Just. — Ardeur héroïque de Hoche. — Il est repoussé par le duc de Brunswick à Kaiserslautern. — Le Comité de salut public l’encourage. — Jonction de l’armée de Hoche et de celle de Pichegru. — Nomination de Hoche au commandement suprême, par Lacoste et-Baudot. — Mécontentement de Saint-Just. — Victoire de Geisberg. — L’ennemi repasse le Rhin. — Rivalité entre Hoche et Pichegru. — Conduite hautaine de Hoche à l’égard du Comité de salut public et de Saint-Just. — Ses formes de langage peu en rapport, à celte époque, avec la grandeur de son âme ; reproduction du style de Hébert. — Préventions du Comité contre Hoche. — Il offense Carnot par l’indépendance de ses allures. — Son arrestation, par arrêté signé seulement de Carnot et de Collot-d’Herbois. — L’armée du Nord en quartier d’hiver. — Jourdan rappelé. — Événements militaires à la frontière des Pyrénées orientales.

CHAPITRE IV. — Les Proconsuls.

Saint-Just et Lebas à Strasbourg. — Leur énergie, leur désintéressement. — Caractère tout romain de leurs arrêtés. — Respect qu’ils inspirent. — Schneider. — La Propagande, Monet, Edelmann, Jung. — Lutte du parti allemand et du parti français. — Destitution des autorités constituées. — Saint-Just délivre la contrée de l'oppression de Schneider. — C’est Robespierre qui fait juger Schneider, — Saint-Just sauve l’Alsace sans verser une goutte de sang. — La Teneur blanche bien plus terrible que la Terreur rouge. — Ysabeau et Tallien à Bordeaux. — Tallien terroriste. — Le régime de la Terreur installé à Bordeaux sans nécessité. — Mesures d’humanité bientôt suivies d’exécutions sanglantes. — Nombre des victimes. — Ordres barbares ; le refus de Brune empêche qu’il y soit donné suite. — Faste étalé par Ysabeau et Tallien dans Bordeaux affamé. — Mépris que celte conduite leur attire de la part des révolutionnaires. — Perrens d’Herval et le Comité de surveillance. — L’autorité des deux commissaires bravée. — Ils destituent le Comité de surveillance, qui est maintenu par le Comité de salut public. — Amours de Tallien et de la tille du banquier espagnol Cabarrus ; leur influence sur la conduite ultérieure de Tallien. — Source de la richesse de Tallien. — L’intégrité de Robespierre lui fait peur. — Fréron et Barras terroristes. — Lettres odieuses de Fréron à Moyse Bayle. —Régime de sang qu’il établit à Marseille ; ses dévastations. — Fréron et Barras joignent les exactions aux barbaries. — Ils deviennent les ennemis de Robespierre, parce que celui-ci dénonce leurs excès. — Belle lettre de Robespierre jeune à son frère. — Fouché et Collot-d’Herbois à Lyon. — Contraste entre leur politique et la politique modérée de Couthon. — Ils établissent à Lyon le régime de la Terreur. — Orgies hébertistes. — Instruction adressée au peuple. — Comité de séquestre. — Comité de démolition. —Commission révolutionnaire de sept juges. — La guerre aux maisons. — Arrivée de Ronsin. — Collot-d'Herbois et Fouché méditent un système d’extermination. — Collot cherche à conjurer d’avance l’indignation de Robespierre. — Étranges lettres qu’il lui écrit, sans obtenir de réponse. — Il s’adresse à Duplay, mais en vain.— Le canon employé contre les condamnés. — Scènes affreuses. — Physionomie du tribunal révolutionnaire institué par Fouché et Collot-d’Herbois. — Leur tyrannie soulève contre eux Robespierre. — Projet de mariage entre Fouché et la sœur de Robespierre manqué. — Carrier à Nantes. — Abominables cruautés commises par les Vendéens. — Goullin, Bachelier, Gliaux, le cloutier Proust et sa femme. — Histoire détaillée de la tyrannie de Carrier. — Noyades. — Ce fut Robespierre qui fit rappeler Carrier. — Rapprochement historique.

CHAPITRE V. — Effort contre la Terreur.

Développement de la Terreur. — Parti de la Terreur. — Les Robespierristes. — Les Dantonistes. — Ces deux derniers partis unis, d'abord, contre le premier. — Système de la Justice. — Système de la Clémence. — Danton à la barre des Jacobins. — Robespierre prend sa défense. — Camille Desmoulins publie le premier numéro du Vieux Cordelier. — Dans le deuxième, il attaque les Hébertistes. — Ces deux premiers numéros montrés à Robespierre avant la publication. — Épuration de Clootz ; son interrogatoire ; accusations injustes et absurdes dirigées par Robespierre contre lui. — Camille devant les Jacobins. — Robespierre le protège. — Troisième numéro du Vieux Cordelier. — Portée funeste des éloquentes hyperboles de Camille Desmoulins. — Opposition au Comité de salut public dans l’Assemblée. — Renouvellement des pouvoirs du Comité. — Propositions importantes de Robespierre repoussées. — Décret de la Convention ordonnant l’arrestation de Ronsin et de Vincent ; véritable signification de ce décret. — Robespierre fait décréter un Comité de justice, chargé de rechercher les personnes injustement arrêtées. — La politique de la modération compromise par Philippeaux et Camille Desmoulins. — Attaques injustes et assertions erronées de Philippeaux. — Protestations éloquentes et inconsidérées de Camille Desmoulins ; il demande l’institution d’un Comité de clémence ; comme quoi le quatrième numéro du Vieux Cordelier semblait tendre à désarmer la Révolution. — Immense parti que les Hébertistes tirent de cette imprudence de Camille. — Son invocation à Robespierre, autre faute. — Bravade des Cordeliers. — Retour de Collot-d’Herbois à Paris ; le géant a paru ; joie des Hébertistes ; fêle funéraire de Chalier. — Collot-d'Herbois souffle ses fureurs aux Jacobins. — Il attaque Camille. — Dénonciation barbare de Nicolas. — Collot-d’Herbois annonce aux Jacobins le suicide de Gaillard ; serment terrible. — Sortie violente de Levasseur contre Philippeaux. — Philippeaux, abandonné par Danton, est défendu par Robespierre. — Le parti des Hébertistes triomphant. — Situation difficile faite à Robespierre par Camille Desmoulins. — Il trace la route de la Révolution entre le système qui tend à la désarmer et celui qui tend à la rendre odieuse. — La majorité des Comités contre lui. — Billaud-Varenne fait annuler le Comité de justice.

CHAPITRE VI. — Hiver de 1794.

Disette de la viande. — Les garçons bouchers. — Ressources diminuées. — Besoins augmentés. — Perspective effrayante. — Pourvoyeurs de l’armée révolutionnaire. — Aspect de la Halle aux boucheries. — Admirable dévouement civique. — Carême civique ; Legendre propose de le décréter. — Jeûne universel et volontaire. — Abominables manœuvres de la contre-révolution pour faire hausser le prix du pain. — Consommation momentanée de volailles dans Paris. — Paris réduit à se nourrir d’herbages. — Queues à la porte des boulangers. — Influence funeste exercée par les attroupements d’affamés sur la moralité publique et la pudeur des femmes. — Divers remèdes proposés. — Cri général contre l’accaparement. — Le pain à deux sous, par Dubois-Crancé. — Brochure sur les subsistances, par Momoro. — Tableau du maximum. — Nouveauté et importance de ce grand travail. — L’excès du froid se joint à la famine. — Tous les fléaux coalisés. — Héroïsme du peuple de Paris.

CHAPITRE VII. — Le Prétoire des Jacobins.

Numéro cinq du Vieux Cordelier ; acte de contrition et satire. — Camille et Hébert devant les Jacobins ; Robespierre et Danton s’élèvent contre les querelles purement personnelles. — Dénonciations de Philippeaux contre Ronsin, Rossignol et les autres agents du ministère. — Démenti terrible de Choudieu. — Opposition voilée de Bourdon (de l'Oise) au Comité de salut public ; attaques prudentes de Danton. — Camille cité devant les Jacobins. — Robespierre prend sa défense. — Brûler n'est pas répondre. — Irritation de Robespierre ; sa réplique au cri de Camille. — Intervention conciliante de Danton. — On lit, aux Jacobins, les numéros du Vieux Cordelier. — Robespierre, aux Jacobins, interpelle Fabre d’Eglantine. — Portrait de Fabre. — Ce qu’on lui reproche. — Sa réponse aux accusations. — Robespierre protège Camille Desmoulins. — Situation embarrassante que cette protection lui crée. — Manœuvre des Hébertistes pour rejeter sur lui la responsabilité des opinions émises par Camille. — Camille rayé de la liste des Jacobins. — Robespierre demande que cet arrêté soit regardé comme non avenu ; les Jacobins y consentent. — Camille maintenu dans la société jacobine.

CHAPITRE VIII. — Complot financier.

Arrestation de Fabre d’Églantine comme faussaire. — Dénonciation de Chabot, relative v à la falsification d’un décret de l’Assemblée. — Le baron de Batz et ses complices. — Les agioteurs. — Delaunay demande la suppression de la Compagnie des Indes ; ses vues secrètes. — Fabre d’Églantine les combat. — Chabot, agent de corruption ; il est envoyé pour gagner Fabre ; il le sonde et désespère de le corrompre. — Histoire de la falsification du décret relatif à la Compagnie des Indes. — Preuves de l’innocence de Fabre d'Églantine. — Explication de l’audace déployée par le faussaire. — Evasion de Batz, Benoit (d’Angers) et Julien (de Toulouse), compromis par la dénonciation de Chabot. — Chabot et Bazire mis en état d’arrestation provisoire. — Emprisonnement de Delaunay ; il signale une pièce qui, dit-il, révélera- le vrai coupable. — Que celte pièce ne prouvait rien contre Fabre. — Rien n’indique que Robespierre et Saint-Just regardassent Fabre comme ayant réellement trempé dans l’affaire de la supposition du décret. — Rapport d’Amar sur celte intrigue ; ce qu'il avait de louche. — Ce rapport est condamné par Billaud-Varenne et Robespierre ; dans quel sens et dans quel but.

CHAPITRE IX. — Fin de l'Hébertisme.

La Convention face à face avec la guillotine. — Danton ne soutient pas Camille. — Esprit de corps parmi les Hébertistes. — Fureurs de Vincent. — Pourquoi Robespierre ne contredit pas à la mise en liberté de Ronsin et de Vincent. — Les Dantonistes attaquent Ronsin et Vincent avec violence ; ils sont vivement défendus par Danton, qui fait décréter leur mise en liberté. — Discours de Robespierre sur la morale publique. — Les Hébertistes marchent le front haut ; leurs emportements ; leurs projets. — Arrivée de Carrier. — Maladie de Robespierre. — Apparition de Saint-Just à la tribune. — Avec une éloquence sinistre, il menace les Indulgents et frappe sur les Terroristes — Collot-d’Herbois cherche à entraîner les Jacobins dans une alliance avec les Cordeliers. — Les Cordeliers se bâtent de proclamer l’insurrection ; séance tragique. — Immobilité de Paris. — Les Hébertistes, déconcertés, essayent d’attirer à eux la Commune ; ils échouent. — Collot-d’Herbois les abandonne. — Rapport de Saint-Just contre eux. — Ils sont arrêtés. — Billaud-Varenne explique les causes de leur arrestation aux Jacobins.— Attitude du club des Cordeliers. — Robespierre défend Boulanger. — Arrestation de Hérault de Séchelles et de Simond ; motifs de celte arrestation. — Les Hébertistes partout reniés. — Arrestation de Chaumette et de Clootz. — Horrible injustice commise à l’égard de Clootz. — Manœuvres des Dantonistes pour profiter de la victoire du Comité de salut public. — La conduite de Danton opposée à celle des Dantonistes ; scène touchante entre lui et Rühl. — L’arrestation de Héron poursuivie par Bourdon (de l’Oise) ; portée de cette attaque ; pourquoi Couthon et Robespierre interviennent. — Procès des Hébertistes. — Leur mort. — Lâcheté d’Hébert. — Fermeté de Ronsin. — Courage admirable et sang-froid philosophique de Clootz. — Conséquences immédiates de l’exécution des Hébertistes.

CHAPITRE X. — Procès et mort des Dantonistes.

Opposition Dantoniste. — Les royalistes l’encouragent. — Sages avertissements donnés à Camille par ses amis ; lettre de Fréron ; Brune à déjeuner chez Camille. — Numéro sept du Vieux Cordelier ; violentes attaquer qu’il contient. — Doctrines contraires de Saint-Just et de Camille Desmoulins, relativement à l'idéal révolutionnaire. — Tendances épicuriennes de Camille ; ascétisme de Saint-Just ; rigorisme plus mitigé de Robespierre. — Mauvais livre prêté par Camille à la sœur de la fiancée de Robespierre. — Puritanisme excessif de Robespierre ; laisser-aller cynique de Danton. — Causes d’éloignement entre eux ; on cherche à les rapprocher : leur entrevue diversement racontée. — C’est Billaud-Varenne qui propose de faire mourir Danton ; fureur et cri de Robespierre, à cette idée. — L'exécution d’Hébert saluée avec joie par les Dantonistes ; leur aveuglement sur ce point ; mot cruel de Camille. — Le Dantonisme devenu, par la fatalité même de la situation, l’avant-garde du royalisme. — Progrès et danger de l’opposition Dantoniste ; le Comité de salut public s’en émeut. — Saint-Just pousse Robespierre à abandonner Danton. — Griefs contre Danton tirés de ses anciens rapports avec Dumouriez ; ce qu’il y eut de louche dans ces rapports ; soupçons admis comme preuves ; là fut l’iniquité. — Robespierre consent à abandonner Danton. — Ilotes fournies à Saint-Just. — Indices alarmants.— On avertit Danton. — Son engourdissement. — Il se répand en bravades, au lieu d’agir. — Arrestation de Danton, de Camille Desmoulins, de Philippeaux.— Lettre de ce dernier à sa femme, — Les Dantonistes en prison. — Stupeur dans Paris. — Protestation de Legendre ; réponse de Robespierre ; Legendre recule. — Rapport de Saint Just contre les Dantonistes ; vote de f Assemblée. — Mot de Danton à Lacroix : Il faut tâcher d'émouvoir le peuple. — Lettre touchante de Camille Desmoulins à sa femme. — Désespoir de Lucile ; ce que son désespoir lui conseille ; noble attitude de la jeune femme de Danton. — Lettre de Lucile à Robespierre, inachevée et non envoyée. — Admirables adieux. — Langage de Danton dans sa prison ; Fabre d'Eglantine ne s’occupe que d’une comédie qu’il craint que Billaud-Varenne ne lui vole. — Chabot s’empoisonne ; on le rappelle à la vie ; mot touchant de lui à propos de Bazire. — Les accusés devant le Tribunal révolutionnaire. — Le greffe composé de Dantonistes. — Dispositions de Fouquier-Tinville. — Physionomie du jury. — Y eut-il triage des jurés ? — Demande de Fabre injustement repoussée ; sa défense. — Discours véhément de Danton ; impression produite. — Interrogatoire de Camille, de Lacroix, de Philippeaux, de Westermann. — Belle réponse de Philippeaux. — Refus d’entendre comme témoins seize membres de la Convention ; iniquité de ce refus. — Audience orageuse du 15 germinal. — Hommage rendu par Canton à l’honnêteté d’Hermann. — Lettre d’Hermann et de Fouquier au Comité de salut public. — Dénonciation de Laflotte. — Saint-Just trompe la Convention sur l’attitude des accusés devant le Tribunal. — Décret ordonnant la mise hors des débats des accusés qui résisteront ou insulteront à la justice. — La femme de Philippeaux demande à paraître à la barre. — Pourquoi Billaud-Varenne veut qu’elle paraisse ; pourquoi Robespierre s’y oppose. — Les jurés se déclarent suffisamment éclairés. — Indignation des accusés ; on les fait sortir. — Ce qui détermina les jurés. — Mot furieux de Trinchard. — Condamnation et mort des Dantonistes. — Note critique.

CHAPITRE XI. — Fête de l’Être suprême.

Le Comité de salut public, triomphant. — Mort de Condorcet. — Procès de Chaumette. — Efforts de Robespierre pour sauver madame Elizabeth. — Mesures de sûreté. — Rapport de Saint-Just sur la police générale : de Billaud-Varenne, sur la politique du Comité. — Mort de Duval d’Eprémesnil, de Le Chapelier, de Thouret, de Malesherbes. de Lavoisier, de madame Elizabeth. — Vues de Robespierre ; son discours du 18 floréal ; décret par lequel la Convention reconnaît l’existence de l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme. — Tentative d’assassinat sur la personne de Collot-d’Herbois et sur celle de Robespierre. — Discours de Robespierre, du 7 prairial. — Fête de l’Etre suprême.

CHAPITRE XII. — Loi du 22 prairial.

Comment sortir de la Terreur ? obstacles. — Horribles conflits dans le Midi. — Faux révolutionnaires ; leur avidité. — Gaspillage des domaines nationaux — Rapines à l’ombre de la guillotine. — Jourdan Coupe-tête et Rovère. — Maignet dénonce Jourdan Coupe-tête ; Robespierre le fait traduire au Tribunal révolutionnaire ; sa condamnation. — Destruction du village de Bédouin. — Etablissement de la Commission populaire d’Orange. — Instructions rédigées par Robespierre. — Il voulait tuer la Terreur par la Terreur. — But de la loi du 22 prairial sur la réorganisation du Tribunal révolutionnaire. — Déclaration importante de Fouquier-Tinville. — Adoption de la loi du 22 prairial, sur un rapport présenté par Couthon. — Monstrueux sophismes sur lesquels Robespierre et Couthon appuyèrent cette loi néfaste. — Que les articles 10 et 20 n’avaient pas le sens qu’on leur a prêté. — Interprétation alarmante pour la Convention que leur donne Bourdon (de l’Oise) ; décret en conséquence. — Scène violente dans l’intérieur du Comité de salut public. — Séance du 21 prairial ; Couthon traite les commentaires de Bourdon (de l’Oise) de calomnieux, et demande qu’on annule le vote de la veille ; discours de Robespierre ; effroi de Bourdon (de l’Oise) ; Tallien accusé de mensonge ; lettre de lui à Robespierre ; conclusions de Couthon adoptées. — Robespierre décidé à se tenir à l’écart du Comité de salut public ; pourquoi. — Exemple mémorable des dangers qu’entraîne l’adoption de cette doctrine : Le but justifie les moyens.