HISTOIRE DE LA SECONDE RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

1848 - 1852

TOME SECOND

 

PAR PIERRE DE LA GORCE

DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE

PARIS - PLON ET NOURRIT ET Cie - 1914.

 

 

LIVRE ONZIÈME. — LE 29 JANVIER

SOMMAIRE

I. — Situation de Louis Bonaparte : comment la nécessité lui dicte le choix de ses conseillers : appel fait aux députés de l'ancienne opposition dynastique : M. Odilon Barrot, président du conseil ; ses antécédents, son caractère : M. Bixio, dans le cabinet, est le seul représentant de la politique républicaine ; un légitimiste, M. de Falloux, appelé au ministère de l'instruction publique : nominations aux grandes fonctions publiques : le général Changarnier ; le maréchal Bugeaud ; le colonel Rebillot ; M. Baroche. — Communication des dossiers de Boulogne : incident : retraite de M. de Malleville et de M. Bixio : comment cet incident révèle le caractère du prince.
II. — Le ministère en face de l'Assemblée : sages prévisions de M. Molé : mauvais vouloir de l'Assemblée vis-à-vis du gouvernement : cause de ce mauvais vouloir : guerre d'escarmouches : débats irritants : majorité précaire et contestée : tentatives pour séparer le président de ses conseillers : patriotique langage de M. Barrot. — Le conflit ne peut se terminer que par la dissolution de l'Assemblée : sentiment du pays : la proposition Rateau traduit ce sentiment : rapport de M. Grévy : discours de M. de Montalembert : vote de la prise en considération.
III. — Le ministère en face du parti démagogique : la Solidarité républicaine : les clubs : agitation : esprit de la garde mobile. — M. Léon Faucher, ministre de l'intérieur ; son caractère : mesures relatives à la Solidarité républicaine : arrêté concernant la garde mobile : projet de décret sur les clubs : objections que ce dernier décret soulève dans l'Assemblée : M. Sénard ; son rapport : rejet de l'urgence : demande de mise en accusation du ministère. — Dispositions menaçantes pour la tranquillité publique : attitude séditieuse de la garde mobile. — Le 29 janvier : formidable appareil militaire déployé dans Paris : cet appareil intimide les factieux : susceptibilité du président de l'Assemblée : explications de 31. Barrot : irritation de l'extrême gauche. — Vote de la proposition Rateau.

LIVRE DOUZIÈME. — LES AFFAIRES ITALIENNES

SOMMAIRE

I. — L'Italie sous la domination autrichienne : antipathie des races : l'Italie et la France : pour quelles raisons la France s'habitue à considérer l'Italie comme sa cliente. — Conspirations et complots. — Formation d'un parti libéral et national : Gioberti, César Balbo, d'Azeglio : le roi Charles-Albert ; son caractère : quelle sorte d'appui il prête au parti libéral.....
II. — Mort de Grégoire XVI : élection de Pie IX : popularité inouïe du nouveau pape : spectacle que présente la ville de Rome à la tin de l'année 1846 : réformes accomplies ou projetées par le Saint-Père : court moment où la cause libérale et modérée parait triomphante en Italie. — Sentiment de la France : M. Rossi : approbation mêlée de craintes pour l'avenir. — Sentiment de l'Autriche : M. de Metternich ; son dépit en présence du mouvement libéral : ses dépêches : amertume de ses jugements. — Les prévisions de M. de Metternich se justifient : premiers symptômes révolutionnaires : incidents qui compliquent la situation : occupation de Ferrare par les troupes autrichiennes : agitation dans les États sardes et en Toscane : Mazzini : lord Minto. — Ouverture de la consulte d'État (15 novembre 1847) : altération de plus en plus grande dans l'esprit public à Rome. — Révolte en Sicile : constitutions promulguées à Naples, à Florence, à Turin. — Attitude de l'Autriche au commencement de 1848 : ses craintes pour ses possessions italiennes : irritation et stupeur de M. de Metternich. — Attitude du cabinet français : il craint le triomphe de l'esprit révolutionnaire : langage de M. Guizot dans la discussion de l'adresse : troupes rassemblées à Port-Vendres et, à Toulon en vue d'une intervention.....
III. — Révolution à Vienne : soulèvement de la Lombardie et de la Vénétie. — Incertitude de Charles-Albert : il se décide à la guerre contre l'Autriche : soulèvement général en Italie. — Charles-Albert repousse le secours de la France : dépêches de M. Bixio et de M. de Lamartine : le cabinet français persiste à offrir son concours. — Les périls de l'Autriche accroissent la jactance italienne : soulèvement au cœur de l'Empire : l'Autriche se décide à solliciter une médiation : M. de Hummelauer à Londres : issu ?, de cette négociation. — La fortune de l'Empire, un instant désespérée, se relève : encyclique du Pape : le roi de Naples rappelle ses troupes : intervention française de moins en moins probable : mélange de succès et de revers : bientôt Radetzky l'emporte : retraite de l'armée piémontaise sur Milan. — Le Piémont se décide alors à réclamer le secours de la France : M. Ricci et M. Guerrieri à Paris : le cabinet français découragé refuse son intervention armée et propose sa médiation. — Sur ces entrefaites, capitulation de Milan : armistice Salasco. — Pour quelles raisons la médiation française est d'avance frappée d'impuissance : l'Autriche victorieuse ne s'y prête point : le Piémont vaincu ne s'y prête lui-même qu'à demi : la France ne dissimule pas qu'elle n'appuiera point ses négociations par les armes : langage de Cavaignac : dépêches de M. Bastide. — Situation de l'Autriche et du Piémont à la fin de 1848 : état qui n'est ni la paix ni la guerre : tous les regards se tournent vers Rome.
IV. — Rome en 1848 : encyclique du 29 avril : M. Mamiani ; son élévation et sa chute : anarchie. — Pie IX réclame le secours de la France : cette demande n'est point accueillie. — Appel fait par le Pontife à M. Rossi : situation de ce personnage ; ses hésitations. Il accepte de former un ministère (16 septembre). — Administration de M. Rossi : difficultés de tonte sorte ; ses mesures dans l'ordre politique, financier, militaire, administratif, économique : projet de ligue italienne. — Ouverture du Parlement fixée au 15 novembre : craintes et pressentiments : M. Rossi est assassiné sur les marches du palais de la Chancellerie : scènes honteuses qui suivirent : émeute du 16 novembre : le Saint-Père cède à la violence.
V. — Émotion produite en France par les événements de Rome ; mesures prises par la République française pour protéger la personne du Pape : le Pape à Gaëte. — Le Pape étant en sûreté, une seule question se pose, celle de savoir si l'on interviendra pour le rétablir dans ses Etats : quels obstacles rencontre la politique d'intervention : dispositions du président, des ministres, de l'Assemblée. — Anarchie dans Raine : crises successives : établissement de la République romaine. — Projet d'intervention par les armes piémontaises : M. Gioberti ; ses desseins : comment son plan est repoussé en Italie : pour quelles raisons il est accueilli par Bonaparte : chute de Gioberti. — État de Rome : mesures vexatoires : prédominance de l'élément italien et cosmopolite. — Le Saint-Père à Gaëte, son appel aux puissances : cousinent cet appel est entendu : dispositions favorables de l'Espagne, de Naples, de l'Autriche. Le gouvernement français craint d'être devancé par l'Autriche : langage de nos diplomates : la politique d'intervention gagne du terrain.
VI. — Reprise des hostilités entre le Piémont et l'Autriche. — Défaite des Piémontais à Novare. — Émotion que cet événement produit en France : langage belliqueux tenu à l'Élysée, dans le comité des affaires étrangères, à l'Assemblée nationale : sages conseils de M. Thiers : ordre du jour voté par l'Assemblée. La modération de l'Autriche ôte tout prétexte à la guerre. — Comment le cabinet français, pour éviter une intervention de l'Autriche victorieuse, se décide à intervenir lui-même dans les Etats romains.
VII. — Crédit de douze cent mille francs demandé à l'Assemblée pour l'entretien du corps expéditionnaire de la Méditerranée. Nomination de la commission : équivoque sur le caractère et le but de l'expédition. — Rapport de M. Jules Favre : débats : vote du crédit. — L'équivoque subsiste : comment des explications plus catégoriques auraient pu briser le faisceau de la majorité. — Nos représentants à Gaëte : ils annoncent l'intervention prochaine : effets de cette déclaration.
VIII. — Le corps expéditionnaire ; son effectif : le général Oudinot : on ne croit pas à la résistance des Romains : de là la faiblesse numérique des troupes, l'absence de matériel de guerre, l'insuffisance de l'artillerie et du génie. Départ pour Civita-Vecchia ; envoi de parlementaires : les autorités de Civita-Vecchia se décident à recevoir les troupes françaises. — Débarquement du général Oudinot ; sa conduite ambiguë ; sa proclamation ; ses mesures. — Rouie : elle est devenue le dernier refuge de la démagogie : triumvirat : influence croissante de Mazzini : nouvelle de l'arrivée des troupes françaises : la résistance est décidée. — Le colonel Leblanc est envoyé à Rome : entrevue avec les triumvirs : l'hostilité contre la France s'accentue. — Le général Oudinot à Civita-Vecchia : ses informations ; il espère une réaction à Rome. — Sa marche offensive : combat du 30 avril : échec des troupes françaises.
IX. — Impression très vive produite en France par l'attaque infructueuse de Rome : causes diverses qui grandissent cette impression : débats parlementaires ; Jules Favre, M. Barrot, M. Sénard : vote de Maine contre le cabinet. —Le ministère ne se retire pas : on décide de négocier et de temporiser jusqu'à la convocation de l'Assemblée nouvelle.
X. — M. de Lesseps ; sa mission ; instructions qui lui sont données ; son arrivée an camp français : il se rend à nome ; prodigieuse activité qu'il y déploie : premier projet de convention entre le gouvernement romain et les autorités françaises : l'Assemblée romaine repousse ce projet. — Persistance de M. de Lesseps à négocier ; ses dissentiments avec le quartier général, avec les diplomates réunis à Gaëte, avec M. d'Harcourt et M. de Rayneval. — Nouveau projet de convention : le général Oudinot se refuse à l'accepter. — Rupture de M. de Lesseps et du général en chef. — Rappel du négociateur. — Les élections nouvelles permettent de reprendre la politique d'action.

LIVRE TREIZIÈME. — LES ÉLECTIONS À L'ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE

SOMMAIRE

I. — L'Assemblée constituante après le vote de la proposition Rateau. — Loi sur le conseil d'état ; loi électorale ; budget.
II. — État de l'esprit public : deux courants extrêmes. — D'un côté, retour aux principes conservateurs : causes diverses qui favorisent ce retour : les procès et leurs enseignements ; procès des insurgés de Juin, des assassins du général Bréa, des insurgés de Limoges et de Rouen, des auteurs de l'attentat du 15 mai : comptes du gouvernement provisoire et rapport de M. Ducos : énergique impulsion imprimée au parti de l'ordre : le maréchal Bugeaud ; M. Léon Faucher ; le général Changarnier. — D'un autre côté, le parti socialiste grandit : transformation qu'il a subie depuis le 24 février : agents de propagande qu'il emploie : succès de cette propagande, principalement dans les départements les plus reculés ; appui que les socialistes trouvent à l'Assemblée constituante ; la Montagne et une portion de la gauche républicaine liguées contre le ministère.
III. — Période électorale : deux partis en présence. — Parti conservateur : le comité de la rue de Poitiers : son manifeste ; son esprit de conciliation ; incertitudes sur certaines candidatures ; souscription ; distribution de brochures. Parti socialiste : son action ; ses manœuvres. — Scrupuleuse neutralité du gouvernement ; comment s'explique cette réserve.
IV. — Les élections : au milieu de quelles préoccupations douloureuses elles s'accomplissent ; échec du général Oudinot devant Rome (30 avril) ; le choléra ; débats irritants à l'Assemblée et représailles du pouvoir.
V. — Résultat des élections : écrasement des hommes de Février et des républicains modérés ; succès relatif des républicains socialistes ; succès éclatant du parti de l'ordre. — Sentiments qui dominent parmi les conservateurs, à l'Élysée, parmi les républicains. — Dernières séances de la Constituante : récriminations et scandales ; discours de M. Armand Marrast au moment de la séparation de l'Assemblée. — Jugement sur la Constituante ; ses mérites et ses fautes. — Installation de l'Assemblée législative : M. Dupin nommé président : modifications ministérielles. — La majorité est désormais à droite : double conséquence de ce changement.

LIVRE QUATORZIÈME. — L'ÉMEUTE DU 13 JUIN ET L'EXPÉDITION DE ROME

SOMMAIRE

I. — Ordre de reprendre les hostilités contre nome. — Armée française ; ses forces, position qu'elle occupe, esprit qui l'anime, — Armée romaine ; sa force numérique et ses dispositions morales, garde civique, anciens corps pontificaux, troupes d'origine étrangère ; plan et description de Home ; ses fortifications ; commuent elles sont utilisées par les assiégés. — Choix du point d'attaque ; le général Vaillant se décide à attaquer par le Janicule : motifs de cette détermination. — Combat glu 3 juin : prise de la villa Pamphili, du couvent de Saint-Pancrace, des villas Valentini et Corsini ; résultat et pertes de la journée. — Quel fut, en France, le contre-coup de la journée du 3 juin.
II. — Dispositions du parti démagogique depuis les élections du 13 mai : comité des Vingt-Cinq ; comité de la Presse ; députés de la Montagne ; concours espéré parmi les électeurs de Ledru-Rollin, dans la garde nationale, au sein de l'armée. — On apprend l'ouverture des hostilités contre Home. — Prétexte fourni à l'émeute : langage des clubs, des journaux, conciliabules divers. Séance du 11 juin : interpellations sur les affaires de Rome ; Ledru-Rollin : la Constitution doit être défendue même par les armes ; émotion de l'Assemblée ; ordre du jour pur et simple. — Journée du 12 juin : adresses ; journaux ; dispositions des représentants de la Montagne ; demande de communication de pièces ; cette demande est repoussée, ainsi que la mise en accusation du ministère : réunion aux bureaux de la Démocratie pacifique et au manège Pellier ; appel aux armes rédigé ; préparatifs d'émeute pour le lendemain.
III. — Journée du 13 juin : rassemblements près du Château-d'Eau ; langage des factieux ; M. Lacrosse ; à midi, les manifestants se mettent en marche ; l'ordre du cortège : le sergent Terré ; indifférence du public. Mesures prises par le général Changarnier : une colonne de troupes est dirigée vers le boulevard, coupe la manifestation à la hauteur de la rue de la Paix et la disperse à droite et à gauche. — Pendant ce temps, les représentants de l'extrême gauche sont réunis rue du Hasard : ils décident de se rendre au Conservatoire des arts et métiers ; Guinard et la légion d'artillerie ; arrivée au Conservatoire ; M. Pouillet ; les représentants de la Montagne dans l'ancien amphithéâtre ; le Conservatoire mis en état de défense ; confusion et irrésolution. Arrivée de la force publique. Fuite des représentants et de leurs défenseurs : attitude de Guinard ; perquisition au Conservatoire ; l'ordre est partout rétabli. — Sentiments de la population et de l'Assemblée : discours mémorable de Cavaignac ; dévastations dans les bureaux de quelques journaux radicaux.
IV. — Contre-coup dans les départements : Strasbourg, Toulouse, Perpignan ; étrange agitation dans l'Allier. — A Lyon, une véritable insurrection éclate : dispositions des esprits dans cette ville depuis 1848 ; journée du 14 juin ; le 15, barricades à la Croix-Rousse ; combat sanglant ; répression complète de l'émeute
V. — L'opinion publique se prononce avec énergie contre les artisans de troubles : mesures prises par l'Assemblée et par le gouvernement ; élections complémentaires favorables à la cause de l'ordre. — La loi sur la presse : M. Thiers ; M. de Montalembert ; vote de la loi ; ses principales dispositions. — Bruits de coup d'État : comment ils sont démentis par le discours du président de la République à Ham et par le discours de M. Dufaure. — Prorogation de l'Assemblée : le pays parait plus calme, au moins à la surface.
VI. — Suite des opérations contre Rome : ouverture de la tranchée ; construction des premières batteries de brèche ; reconnaissances dans la campagne romaine. Arrivée de M. de Corcelles ; son esprit ; son langage. — Dernière sommation aux assiégés (13 juin) ; dommages causés par noire artillerie ; prise (21 juin) des bastions n° 6 et n° 7. — Malgré ce succès, quelques craintes se révèlent ; difficultés pour mener à bonne fin les opérations du siège ; causes diverses de préoccupations ; les rapports venus de Home montrent la situation critique de nos adversaires et font renaitre l'espoir d'une très prompte solution. — Combat d'artillerie (27 et 28 juin). — Prise du bastion n° 8 (30 juin). — Impossibilité pour les assiégés de continuer la résistance ; séance de l'Assemblée constituante romaine ; les délégués de la municipalité romaine au camp français ; premières négociations entre eux et le général Oudinot ; intervention de M. de Corcelles on ne parvient pas à s'entendre sur les ternies d'une capitulation ; il est tacitement convenu qu'on laissera les Français pénétrer dans la ville. — Entrée à Rome du général Oudinot (3 juillet). — La nouvelle de la fin du siège est annoncée à Paris : impression dans le parti démagogique, dans le parti de l'ordre, au sein du gouvernement. —Quelles causes ont retardé le dénouement : erreur générale qui, d'un bout à l'autre, a pesé sur l'expédition.
VII. — Les Français à Rome : mesures de police et de sûreté ; clubs, presse ; décisions à l'égard des troupes romaines et des légions étrangères ; organisation municipale. — Commission nommée pour évaluer les dégâts causés aux monuments par le siège : comment le rapport de cette commission répond victorieusement aux calomnies accréditées par les consuls étrangers ou par la presse radicale. — Admirable discipline des troupes françaises : leur modération dans la victoire.
VIII. — De la restauration du pouvoir pontifical ; le colonel Niel à Gaëte ; langage réservé du gouvernement français. — C'est seulement le 14, juillet que le général Oudinot annonce le rétablissement du Saint-Père ; fête du 15 juillet : heureuses dispositions de la majorité de la population romaine ; comment une seule chose manquait à cette fête, c'était la présence du Pape. — Nomination par le Pape d'une commission de trois cardinaux pour administrer en son absence : arrivée des cardinaux à Rome ; leurs proclamations ; leurs décrets intempestifs et maladroits : effet fâcheux produit sur la population romaine, sur l'armée française, sur le gouvernement français ; le général Oudinot remplacé par le général Rostolan. — La diplomatie française à Gaëte ; les trois évolutions de la cour de Gaëte ; comment, à la fin de juin, le Pape semble disposé à n'accorder à ses sujets que des institutions consultatives ; M. de Corcelles, M. de Rayneval, leurs entretiens avec le Souverain Pontife : leurs efforts pour sauver quelques épaves libérales du naufrage de 1848 ; note du 19 août.
IX. — Sentiments personnels du président de la République dans la question romaine : sors entretien, au commencement de juin 1S !k9, avec M. de Corcelles partant pour Rome ; son irritation croissante contre le gouvernement pontifical ; mot à M. Molé. — La Lettre à Edgar Ney : comment elle est communiquée au conseil des ministres ; M. de Tocqueville et M. de Falloux ; publicité qui est donnée à cette lettre contre l'attente du cabinet. — Texte de la lettre ; son caractère. — Effet produit en France, dans les pays étrangers, à la cour de Gaëte. — Cruel embarras des plénipotentiaires français accrédités auprès du Saint-Père : M. de Corcelles, secondé par M. de Rayneval, rend un mémorable service à la cause de la paix religieuse. — Ses efforts 1° à Rome, pour empêcher la publication officielle de la lettre à Edgar Ney ; 2° à Paris, pour calmer les susceptibilités du gouvernement français ; 3° auprès du Pape, pour bâter la publication de l'édit des réformes. — Apparition du Motu proprio.
X. — Le Motu proprio : son caractère ; franchises communales et provinciales ; institutions consultatives. Décret d'amnistie qui accompagne le Motu proprio : déplorable rédaction et apparente dureté de ce dernier décret. — Les actes pontificaux appréciés en France et à l'étranger : colère ou dédain des démagogues, désappointement de certains conservateurs. — Nos plénipotentiaires auprès du Pape : leur efforts pour élargir les concessions du Motu proprio et pour amender l'amnistie. En ce qui concerne l'amnistie, leur succès est complet. — La réflexion amène une appréciation plus bienveillante des actes du Saint-Père.
XI. — Réunion de l'Assemblée législative : demande de crédits pour l'expédition romaine ; occasion fournie aux représentants de porter un jugement solennel sur la politique du gouvernement français en Italie. — Commission nommée : M. Thiers désigné comme rapporteur. — Son rapport : approbation presque complète du Motu proprio ; la lettre à M. Edgar Ney passée sous silence. Discussion publique ; nouvelle lettre du président de la République ; incident évité ; discours de M. Barrot : comment il essaye de concilier la lettre à Edgar Ney et le Motu proprio. — Crédit voté.
XII. — État de l'Italie à la fin de 1849. — Naples, Florence, les duchés, Milan, Venise. — Rome : elle reprend, à peu de chose près, sa physionomie d'autrefois ; le gouvernement de Pie IX. — Le calme en Italie est plus apparent que réel : aspirations persistantes vers un état nouveau. — Le Piémont s'apprête à profiter de cette disposition des esprits ; funérailles de Charles-Albert ; d'Azeglio ; Camille de Cavour. La France et l'Italie, comment les enseignements de 1848 et 1849 furent perdus pour nous.

LIVRE QUINZIÈME. — LA LIBERTÉ D'ENSEIGNEMENT

SOMMAIRE

I. — Sentiments du président de la République après le vote des crédits de l'expédition romaine : défiance et irritation vis-à-vis de ses ministres. — Message du 31 octobre : impression produite : le nouveau cabinet. — Satisfait d'avoir montré sa force, Louis-Napoléon ne se sépare point de la majorité : l'union existe, mais précaire, non cordiale. — Deux partis commencent à apparaitre, le parti de l'Élysée et le parti de l'Assemblée. — On se prépare à aborder la loi d'enseignement.
II. — Établissements d'instruction publique sous l'ancien régime : époque révolutionnaire : désastreuse influence de la Révolution. — Le premier consul crée l'Université de France : caractère de cette institution : monopole qui lui est attribué. — Restauration : maintien du monopole universitaire. — Révolution de 1830.
III. — Mouvement de renaissance chrétienne : nouveaux membres du clergé : le Père de Ravignan, l'abbé Lacordaire, l'abbé Dupanloup. — Le journal l'Avenir : comment il échoue : dangers et avantages de cette tentative. — Le retour aux idées religieuses est surtout très marqué dans une portion de la jeunesse : fondation de la société de Saint-Vincent de Paul. — Prédications à Notre-Dame. Conversions ; restauration d'Ordres religieux ; œuvres de charité.
IV. — C'est dans ce groupe catholique que la liberté d'enseignement trouve ses champions. — Montalembert ; son caractère : procès de l'école libre. — C'est seulement vers 1840 que se pose la question de la liberté d'enseignement : incertitudes et divergences ; efforts de Montalembert pour réunir les catholiques dans une action commune : son mot d'ordre est l'abolition du monopole et la conquête du droit commun. — Attitude du gouvernement : les quatre projets successifs dus à l'initiative ministérielle : comment ils n'aboutissent pas : causes générales de ces échecs.
V. — Révolution de Février : mot de M. Cousin à M. de Rémusat : les idées religieuses, seule barrière contre les idées socialistes. — M. de Falloux, ministre de l'instruction publique : nomination de deux commissions pour préparer un projet sur l'instruction primaire et un projet sur l'instruction secondaire : composition de ces commissions. — Question de l'enseignement primaire. M. Thiers : étrange évolution qui s'est opérée dans son esprit ; il veut confier au clergé la direction de l'enseignement primaire. —Questions d'enseignement secondaire : débat très vif : M. Thiers et l'abbé Dupanloup. — Rédaction du projet ; ensemble de ses dispositions : il est déposé le 18 juin 1849 sur le bureau de l'Assemblée législative.
VI. — Double opposition que soulève le projet : objections des universitaires ; objections de certains catholiques. — Commission parlementaire : embarras et perplexités des membres de cette commission : M. de Montalembert : son découragement passager. — La commission termine son travail : M. Beugnot nommé rapporteur.
VII. — Nouveaux retards : le gouvernement un peu moins favorable aux catholiques : ministère du 31 octobre — Proposition de renvoi du projet au Conseil d'État : renvoi voté. — Abolition du certificat d'études loi sur les instituteurs. — On aborde enfin la discussion publique de la loi d'enseignement.
VIII. — La loi rencontre trois sortes d'adversaires : les Montagnards, les universitaires, certains catholiques : Victor Hugo, M. Barthélemy Saint-Hilaire, M. \Vallon, M. Parisis, l'abbé Cazalès. — Nécessité de l'union au sein de la majorité : déclarations de M. de Parieu : mémorables discours de M. de Montalembert et de M. Thiers. — Seconde délibération : amendements divers : amendement relatif aux congrégations religieuses : nouvelle intervention de M. Thiers. — Troisième délibération : vote définitif.
IX. — Avantages de la loi au point de vue religieux : comment les catholiques savent se servir de la liberté d'enseignement. Fondations nombreuses d'établissements. — Esprit de large équité qui règne dans le conseil supérieur et dans les conseils académiques. — Le comité de l'enseignement libre. — La loi du 15 mars 1850 est un véritable édit de pacification. — Justice imparfaite rendue par les catholiques aux auteurs de la loi. — Mot attristé de M. de Montalembert : comment cette parcimonie dans la reconnaissance peut être un sujet de regrets, non une occasion de récriminations ou de scandale.

LIVRE SEIZIÈME. — LA LOI DU 31 MAI

SOMMAIRE

I. — Le parti conservateur et le parti socialiste en présence. — Lo parti conservateur : épurations ; instructions ministérielles. — Enlèvement des arbres de la liberté : langage agressif dit général d'Hautpoul : cette attitude résolue est approuvée par la majorité parlementaire. — Le parti socialité : propagande dans les campagnes ; les transportés de Juin ; rixes au quartier Saint-Martin ; anniversaire du 24 février.
II. — Procès des accusés du 13 juin : comment, il la suite de ce procès, des élections complémentaires sont indispensables ; ces élections sont fixées au 10 mars ; importance que l'opinion publique y attache. — Candidats du parti de l'ordre : M. Foy, le général de la Hitte, M. Bonjean. — Candidats du parti socialiste : Vidal, de Flotte, Carnot : signification de chacun de ces noms. — Ardeur des deux partis : circulaire de M. Cartier ; réunions publiques. — Les candidats socialistes sont élus. — Émoi et colère des conservateurs ; audace croissante du parti démagogique.
III. — Comment les électeurs de la Seine sont de nouveau convoqués pour le 28 avril. —Comité démocratique socialiste : étrange conciliabule : Eugène Sue proclamé candidat du parti démagogique. — Parti de l'ordre : épisode du 23 juin 1848 : candidature de Leclerc. — Polémique entre les deux partis : terrible catastrophe du pont d'Angers : de quelle façon le parti révolutionnaire songe à exploiter cet accident. — Eugène Sue est élu.
IV. — Stupeur du parti conservateur : sa colère est plus grande encore que son affolement. —Diverses mesures de réaction sont proposées ; le vœu des hommes d'ordre se précise : il faut, dit-on, réglemente : le suffrage universel. — Note du Moniteur (2 mai) : création d'une commission de dix-sept membres, chargée de préparer la réforme de la loi électorale ; composition de cette commission. — Projet de loi déposé à l'Assemblée : économie du projet : il vise à diminuer et à épurer le corps électoral : 1° par l'extension des cas d'indignité ; 2° par des exigences extraordinaires en matière de domicile. — Commission parlementaire : elle ne fait subir au projet ministériel que peu de modifications. M. Léon Faucher nommé rapporteur. — Attitude du parti socialiste et des républicains modérés : sentiments qui règnent dans le parti conservateur.
V. — La discussion publique s'ouvre le 21 mai. — Les adversaires du projet : Cavaignac, Victor Hugo, M. Grévy. — Discours de Montalembert. — Intervention de Lamartine : étrangeté de cette intervention : paroles de conciliation peu écoutées. — Déclarations ministérielles. — M. Thiers ; son discours interrompu par les clameurs furieuses de la gauche ; la vile multitude. — Discussion des articles : rejet de tous les amendements, sauf ceux qui étendent les cas d'indignité. — Vote de la loi (31 mai).
VI. — Comment la succession des événements explique la loi du 31 mai. —Jugement sur cette loi : intentions loyales de ses auteurs ; légalité équivoque et efficacité douteuse. — Comment le parti démagogique accueille le résultat du scrutin : il se réserve pour 1852. Comment, dans la majorité parlementaire, quelques représentants semblent regretter leur victoire.

LIVRE DIX-SEPTIÈME. — LE CONFLIT

SOMMAIRE

I. — Depuis le 31 octobre, des dissentiments assez nombreux avaient surgi entre Louis-Napoléon et l'Assemblée. Le Napoléon ; le projet de loi sur les sous-officiers ; la transportation en Algérie ; la nomination des maires. Comment la loi du 31 mai, présentée et soutenue en commun, semble propre à rétablir et à resserrer l'alliance ; comment le résultat contraire se produit. Les différentes évolutions de la politique du président de la République. — On touche à la période des conflits entre les deux pouvoirs.
II. — La dotation du président, projet de loi qui augmente les frais de représentation du chef de l'État ; 'objections ; débat plein d'acrimonie ; intervention de Changarnier en faveur de la proposition gouvernementale ; vote du projet une faible majorité. — Lois de défense sociale : loi sur les clubs loi soir la déportation ; loi sur la presse ; la signature obligatoire. — Rivalité de plus en plus marquée entre Louis-Napoléon et l'Assemblée : affaire un journal le Pouvoir ; nomination de la commission de prorogation et choix peu favorable à l'Élysée Article du Moniteur du soir. — L'Assemblée se proroge jusqu'au 11 novembre : les partis dynastiques et le président de la République lui-même songent à utiliser pour leur propre cause le temps de la prorogation.
III. — Le comte de Chambord : attitude peu active du parti légitimiste pendant les dernières années du régime de Juillet ; les représentants royalistes sont nombreux à l'Assemblée constituante et plus nombreux à l'Assemblée — Le roi Louis-Philippe à Claremont : épreuves de la famille royale pendant les premiers temps de son exil. — La fusion : en quoi elle consiste. M. de Salvandy, M. Guizot. Sentiments du roi Louis-Philippe et de sa famille ; sentiments du comte de Chambord. — Le comte de Chambord à Wiesbaden en 1850 : réceptions ; condamnation de la doctrine de l'appel au peuple ; mort de Louis-Philippe ; touchant hommage rendu par l'opinion publique aux hautes qualités de ce monarque. — Les chances de la fusion : circonstances diverses qui semblent y aider : sur ces entrefaites, lettre de M. de Barthélemy et malencontreuse publicité qui lui est donnée ; efforts pour tempérer l'effet de cette lettre. M. de Saint-Priest. Note de M. Guizot ; discours de Berryer ; lettre du comte de Chambord à M. Berryer. Comment l'ajournement de la proposition Creton fait renaître les mésintelligences : les projets de fusion ne sont ni réalisés ni abandonnés.
IV. — Louis-Napoléon : comment il emploie le temps de la prorogation. — Son voyage dans l'Est : accueil en Bourgogne ; séjour à Lyon et discours à l'Hôtel de ville ; incidents de Besançon ; Strasbourg ; retour à Paris. — Voyage du président de la République en Normandie : discours de Caen ; discours de Cherbourg. — Résultat des voyages de Louis-Napoléon ; habileté calculée de son langage : comment il tend à grandir son rôle et continent les populations l'y encouragent.
V. — Louis-Napoléon de retour a Paris : comment, après avoir essayé de capter les masses, il cherche à conquérir l'année ; son affectation de sollicitude pour les choses militaires ; revue de Saint-Maur, incidents ; revue de Satory, incidents plus graves : cris poussés sous les armes, largesses faites aux troupes. La commission de permanence s'émeut : demande d'explications ; langage du général d'Hautpoul ; intervention de Changarnier. Après la revue de Satory, les appréhensions redoublent : résolutions diverses proposées ; modération de la commission. — Les agissements du parti bonapartiste : la société du Dix-Décembre ; l'Ère des Césars ; langage des journaux de l'Élysée. — Changarnier : sa situation exceptionnelle ; son attitude ; comment il fixe toua les regards et, dans le conflit qui s'accentue, devient le général du Parlement. — Projet du général d'Hautpoul ; comment il n'est pas accueilli. Le général Schramm, ministre de la guerre. Disgrâce du général Neumayer ; motif de cette disgrâce, et continent le général Changarnier est atteint par cette mesure. — Réunion de la commission de permanence ; ses inquiétudes. Ordre du jour de Changarnier. — L'agent de police Allais ; ses rapports au commissaire de police Von. Prétendu complot de la rue des Saussayes ; étrange mystification. Avec quelle habileté l'affaire Allais-Von est exploitée par la presse bonapartiste contre la commission de permanence.
VI. — Le message du 12 novembre ; son caractère conciliant. Trêve entre le président et l'Assemblée ; témoignages réciproques de bonne entente. — Coup d'œil sur l'œuvre économique de l'Assemblée législative. La commission d'assistance ; ses travaux ; heureuse influence de M. Armand de Melun. Rapport de M. Thiers. Lois et projets divers : logements insalubres ; caisses de retraite ; jeunes détenus ; mariage des indigents ; assistance judiciaire ; contrats (l'apprentissage. — De quelques modifications apportées au Coule civil. Objets divers : cours des billets de banque ; télégraphie privée, chemins de fer. — Comment, malgré quelques traces des anciennes querelles, on peut espérer un accord durable.
VII. — La guerre renaît au moment où l'on espérait la paix. Le journal la Patrie et les prétendues instructions du général Changarnier. Le prince Napoléon à l'Assemblée. Victorieuse réponse de Changarnier. — Démission du ministère ; surprise ; bruits divers ; quelle nouvelle domine toutes les autres. — Entrevues de Louis-Napoléon avec les chefs de la majorité ; son dessein arrêté de se débarrasser de Changarnier ; disgrâce du général. Formation d'un nouveau cabinet composé avec les débris de l'ancien.
VIII. — Impression produite par ces mesures ; extrême irritation dans la majorité parlementaire. Motion de M. de Rémusat, en quoi elle consiste. — Quel est l'embarras des commissaires nommés ; résolutions prises par la commission. — Débat public : M. Berryer, M. Thiers ; l'empire est fait. Comment toutes les colères et toutes les menaces de la majorité se réduisent à un ordre du jour de défiance contre le cabinet. — Quels sont les véritables vainqueurs et les véritables vaincus. — Création d'un ministère extraparlementaire.
IX. — Période de trouble et d'anarchie parlementaires. A quels périls de toute sorte l'Assemblée est exposée. — Continuation de la lutte entre Louis-Napoléon et la représentation nationale. Rejet d'une nouvelle demande de supplément de dotation. Incidents divers : morcellement des partis ; compétitions de plus en plus ardentes.

LIVRE DIX-HUITIÈME. — LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION

SOMMAIRE

I. — Vices de la Constitution du 4 novembre 1848 : renouvellement simultané du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif ; confusion entre les pouvoirs anciens et les pouvoirs nouveaux : la non-rééligibilité du président ; la loi du 31 mai. — La crise de 1852 ; comment le désir d'éviter cette crise fait naitre la pensée de remiser la Constitution ; conditions légales qui rendent cette révision presque impossible.
Il. — Louis-Napoléon et la révision ; comment il souhaite la révision en vue de se perpétuer au pouvoir ; nécessité pour lui de se rapprocher un peu de l'Assemblée ; pourparlers avec M. (Milon Barrot et échec de ces négociations. — Formation du ministère Léon Faucher ; comment ce nouveau cabinet a pour programme la révision de la Constitution et la prorogation des pouvoirs présidentiels.
III. — L'opinion publique, comme le prince, souhaite la révision ; elle la souhaite surtout pour permettre la réélection de Louis-Napoléon. — Vœux des conseils généraux. — Pétitions. — On atteint la dernière aimée de la législature, c'est-à-dire l'époque où la question de la révision pourra être posée devant l'Assemblée.
IV. — Dispositions de l'Assemblée. — Les représentants de la gauche et de l'extrême gauche sont généralement hostiles à la révision ; il en est de même des orléanistes purs. — Parti favorable à la révision : les amis de Louis-Napoléon ; les légitimistes ; les fusionnistes ; le groupe de la rue des Pyramides. — Tous les calculs démontrent que la majorité constitutionnelle des trois quarts ne sera pas atteint. ; les plus optimistes fondent encore un faible espoir sur les influences de la dernière heure, et sur la pression de l'opinion publique.
V. — Incident inattendu. Le prince Louis-Napoléon à Dijon (1er juin) : son discours offensant pour l'Assemblée ; vive émotion parmi les représentants. Paroles hautaines du général Changarnier.
VI. — Les pétitions révisionnistes affluent à l'Assemblée ; l'Assemblée décide qu'elles seront renvoyées à une commission unique. — Discussion dans les bureaux. — Nomination de la commission ; elle est en majorité favorable à la révision. M. de Tocqueville nommé rapporteur ; ses dispositions ; son rapport, chef-d'œuvre de précision, est à la fois clairvoyant et attristé.
VII. — Discussion publique : M. de Falloux. Le général Cavaignac et le droit divin de la République. M. Michel de Bourges. Admirable discours de Berryer. Victor Hugo, M. Dufaure, M. Odilon Barrot. — Vote : rejet de la demande de révision — L'Assemblée et le président reprennent leurs querelles un instant interrompues. Témoignages réciproques de malveillance. — L'Assemblée se proroge jusqu'au 4 novembre. Sentiments divers au moment de la prorogation.

LIVRE DIX-NEUVIÈME. — AVANT LE COUP D'ÉTAT

SOMMAIRE

I. — Louis-Napoléon après le rejet de la révision. Retraite prochaine ou coup d'État. — A quelles conditions le coup d'État peut réussir : efforts du prince : 1° pour rallier l'armée, 2° pour s'assurer un état-major civil, 3° pour conquérir la bourgeoisie en exploitant ses craintes, 4° pour attirer les masses par la perspective du suffrage universel rétabli.
II. — La nouvelle armée d'Afrique. Siège de Zaatcha (octobre-novembre 1840). Comment Louis-Napoléon cherche en Algérie des auxiliaires pour ses desseins. Motifs divers qui font accueillir ses avances. — Le général Leroy de Saint-Arnaud ; ses antécédents ; son caractère ; ses tendances ; ce qui le rapproche de Louis-Napoléon. — Le général Saint-Arnaud est chargé du commandement de l'expédition de la Petite Kabylie (mai-juillet 1851) ; péripéties de cette expédition ; comment elle a un but politique autant que militaire. Le général Saint-Arnaud, nommé général de division, est appelé à Paris ; il est, dès à présent, le ministre de la guerre désigné pour le futur coup d'État. — Le général Magnan est appelé au commandement de l'armée de Paris. — Mouvement de troupes ; mutations et avancements ; propagande dans l'armée.
III. — L'élément civil. Obscurité et petit nombre des amis dévoués à la personne du prince. — M. de Maupas ; ses antécédents ; comment il fixe l'attention du président, qui cherche à l'attirer à ses côtés. — M. de Morny ; sa vie ; son caractère ; comment Louis-Napoléon et M. de Morny sont attirés l'un vers l'autre.
IV. — La bourgeoisie. La crainte des périls de 1852 la rapproche de Louis-Napoléon. Vœux des conseils généraux en faveur de la révision (août 1851), sens réel de ces vœux. — Diverses candidatures à la présidence. L'opinion publique revient, de guerre lasse, à Louis Napoléon. — La presse de l'Élysée ; ses sombres prévisions. Le spectre rouge. — Le langage et les menaces de la Montagne contribuent à accroitre les appréhensions. Manifeste de l'extrême gauche ; procès du complot du Sud-Est ; trouilles dans l'Ardèche.
V. — Louis-Napoléon songe un instant à exécuter le coup d'État pendant la prorogation ; ses motifs pour agir de la sorte. Plans proposés par M. Carlier. — Considérations qui font ajourner ce dessein.
VI. — Le prince, pour achever ses préparatifs, devait s'assurer le concours ou, au moins, la neutralité des masses. — Il se décide à demander l'abrogation de la loi du 31 mai ; opposition des ministres ; leur retraite. — Vif émoi au sein de la commission de permanence. Langage railleur ou attristé de la presse conservatrice. — Le nouveau cabinet. Le général Saint-Arnaud, ministre de la guerre ; M. de Maupas, préfet de police.
VII. — Réunion de l'Assemblée (4 novembre) ; ses dispositions. — Le message du président ; dépôt d'un projet d'abrogation de la loi du 31 mai ; discussion dans les bureaux. La commission est hostile au projet ; quel expédient elle imagine pour tempérer cette hostilité. — Rejet de la proposition ministérielle ; faible chiffre de la majorité. Bruits de coup d'État imminent. — Louis-Napoléon devenu le champion du suffrage universel.
VIII. — Conciliabules des députés de la majorité. — Du droit de réquisition directe attribué au président et aux questeurs ; textes qui règlent la matière. La proposition des questeurs ; appréciation de cette proposition ; circonstances exceptionnelles qui la justifient. La commission d'initiative parlementaire cherche une transaction. Langage des ministres de l'intérieur et de la guerre. Espérances de conciliation ; ces espérances s'évanouissent. — Conférences entre les députés de la droite et ceux de la gauche. — Plan concerté parmi les amis de Louis-Napoléon. — Discussion publique (17 novembre). Le général Saint-Arnaud, le général Leflô. Imprévoyance de la Montagne. M. Crémieux, M. Michel de Bourges et la Sentinelle invisible. M. Charras. Tactique à suivre. Langage imprudent de M. Vitet. — Intervention de M. Thiers ; interruptions violentes ; intérêt dramatique de la séance. — Le général Bedeau ; question qu'il pose ; émotion extraordinaire. La proposition des questeurs est rejetée.
IX. — L'Assemblée, au moment du vote sur la proposition des questeurs. Confusion et impuissance. Émiettement de la majorité. — Louis-Napoléon. Dernières mesures pour s'assurer le concours de la force publique. Articles des journaux. Les deux dictatures. Discours du président aux exposants français de Londres. — A la veille même du coup d'État. L'Assemblée parait un peu moins effrayée. Derniers conciliabules à l'Élysée. Le coup d'État fixé au 2 décembre.

LIVRE VINGTIÈME. — LE COUP D'ÉTAT DU 2 DÉCEMBRE

SOMMAIRE

I. — La soirée du 1er décembre à l'Élysée. Dernier conciliabule. Quelles sont les mesures indispensables à la réussite du coup d'État. — Impression des décrets et proclamations. — Les arrestations. De quelle façon M. de Maupas en a réglé les moindres détails. Attitudes des représentants arrêtés. Incidents divers. — Occupation du palais de l'Assemblée ; cette opération est confiée au colonel Espinasse ; de quelle façon elle s'accomplit. — Le général Magnan. Mise sur pied des troupes de l'armée de Paris. — M. de Morny au ministère de l'intérieur. Étrange incident.
II. — Les décrets de Louis-Napoléon. Ses proclamations à l'armée et au peuple. Première impression ; l'approbation est plus vive que le blâme ; motifs divers qui expliquent cette sorte de faveur. — On se demande de toutes parts ce que fera l'Assemblée législative. Premières réunions rue Boursault, rue Blanche. Protestation signée chez M. Odilon Barrot. Réunion chez M. Daru. De quelle façon un certain nombre de représentants pénètrent dans l'enceinte du palais législatif ; ils sont expulsés. M. Dupin ; son attitude. La mairie du Xe arrondissement ; pour quels motifs les représentants la choisissent comme point de ralliement ; elle est le théâtre de la dernière séance de l'Assemblée législative. Influence dominante de Berryer. Vote de plusieurs décrets. Physionomie de la réunion. — Arrivée de quelques agents de la force publique et de quelques soldats. Ordres demandés. Le général Forey. L'Assemblée est dispersée par la force ; les représentants sont conduits à la caserne du quai d'Orsay. — La haute Cour ; comment elle est dissoute. — La résistance légale est partout impuissante.
III. — La résistance légale vaincue ; il ne reste plus que le recours a l'insurrection. — Caractère général des révolutions dans notre pays. Avantages de Louis-Napoléon ; comment il surprend ses adversaires, loin d'être surpris par eux La presse, la garde nationale, l'armée ; découragement ou incertitude des niasses. — Conciliabules de la gauche dans la journée du 2 décembre ; nouvelles défavorables à la résistance ; création d'un comité insurrectionnel ; rendez-vous pris pour le lendemain au faubourg Saint-Antoine. — Le 3 décembre : réunion à la salle Roysin, faubourg Saint-Antoine ; barricade élevée à l'angle des rues de Cotte et Sainte-Marguerite : la troupe survient ; coups de feu ; mort du représentant Baudin. — Physionomie de la capitale pendant la journée du 3 décembre. Torpeur et indifférence des faubourgs ; surexcitation très vive dans les quartiers du centre ; agitation sur les boulevards. Isolement autour de Louis-Napoléon ; dans l'après-midi, l'esprit de résistance s'affirme ; appel aux armes, rassemblements, barricades au faubourg du Temple détruites par le général Herbillon ; dans la soirée, nouvelles barricades rue Beaubourg ; combat et répression sanglante. — Le comité de résistance ; ses réunions successives ; ses espérances.
IV. — Plan du général Magnan ; il fait rentrer les troupes dans leurs casernes, se réservant d'écraser l'émeute le lendemain si elle reparaît. — Le 4 décembre ; liberté laissée à la sédition pour se développer. Proclamation du préfet de police. Aspect de la capitale : barricades, rumeurs, rassemblements, fausses nouvelles. — Mouvement concentrique des divisions Carrelet et Levasseur ; l'insurrection est débordée de toutes parts dans les quartiers du centre : le 4, dans la soirée, dernier combat rue Montorgueil. — Les boulevards pendant la journée du 4 décembre ; sanglant épisode.
V. — Aspect de la capitale le 5 décembre ; le calme se rétablit. — Morts et blessés ; arillée, population civile ; commuent des relevés peu concordants font naitre l'incertitude. — Arrestations nombreuses. Disparition du comité de résistance. — Proclamations du ministre de la guerre, du président de la République. — État de l'opinion. Premiers bruits d'insurrection socialiste en province ; comment ces bruits se continuent.

LIVRE VINGT ET UNIÈME. — LE SOCIALISME

SOMMAIRE

I. — Le parti démagogique ou socialiste depuis le 24 février. Trois phases distinctes. Caractère de la propagande socialiste, à partir de 1850 : son succès, surtout dans les départements du Centre et dans le bassin du Rhône ; cercles, chambrées, journaux, sociétés secrètes. — La Nouvelle Montagne ; arrestation de Gent (octobre 1850). — La propagande continue ; on se prépare pour 1852. Le socialisme et les populations rurales du Midi. — Le coup d'État ; comment il est accueilli ; dans quelles provinces et dans quelles villes éclate l'insurrection.
II. — La Nièvre et Clamecy. — Le parti démagogique à Clamecy. Nouvelle du coup d'État ; agitation ; dès le 5, l'insurrection éclate ; conflit sanglant entre les gendarmes et les insurgés ; les socialistes maîtres de la ville ; excès et crimes ; le village de Pousseaux ; meurtre de M. Bonneau ; meurtre du gendarme Ridan (6 décembre). — Les dépêches annoncent que Paris est calme. Indécision de quelques-uns des chefs ; ardeur d'Eugène Millelot. — Les troupes approchent de Clamecy (7 décembre). Essais de barricades ; les socialistes quittent la ville. — Le préfet et la force armée entrent dans Clamecy ; réaction.
III. — L'Hérault : causes générales qui entretiennent l'agitation ; sociétés secrètes. — Nouvelle du coup d'État. — Troubles graves à Béziers, à Capestang. — Bédarieux ; insurrection ; les socialistes maîtres de la ville (4 décembre) ; attaque de la caserne de gendarmerie ; scènes affreuses ; meurtre du gendarme Bruguière, du gendarme Lamm, du maréchal des logis Léotard ; ce qui suit les meurtres ; indifférence ou cruauté de la foule ; horribles détails. — Entrée du général Rostolan dans Bédarieux.
IV. — Caractère général de l'insurrection dans la Drôme, le Var, les Basses-Alpes.
V. — La Drôme : calme à Valence ; agitation à Crest et insurrection dans les communes environnantes. Arrivée des contingents ruraux et double combat dans la journée du 6 décembre. — Renforts arrivés de Valence ; nouveau combat (7 décembre). — Agitation à Loriol, à Rochegude, à Montélimar, dans le canton de Marsanne.
VI. — Le Var : État du département du Var ; symptômes nombreux d'effervescence. — Toulon, Hyères, Cuers. — L'insurrection éclate dans le centre du département. La Garde-Freynet, le Luc, Vidauban ; arrestations d'otages ; mesures révolutionnaires. — Réunion de tous les contingents socialistes à Vidauban ; dissentiments sur le plan à adopter ; arrivée de Duteil ; il est nommé général. Les insurgés aux Arcs, à Lorgnes, à Salernes. Marche vers les Basses-Alpes décidée ; arrivée à Aups (9 décembre). — Mesures prises par l'autorité ; le 50e de ligne ; sa marche de Toulon sur Draguignan (7-8 décembre), puis de Draguignan sur Gap (10 décembre). — Fausse sécurité de Duteil ; il passe le 10 en revue ses troupes avant de rétrograder derrière le Verdon. — Arrivée imprévue des troupes. Déroute presque sans combat. — Fin de l'insurrection ; réaction impitoyable ; jugement général sur le soulèvement du Var.
VII. — Les Basses-Alpes ; comment ce département, pauvre, sans grandes villes, presque sans population ouvrière, avait accueilli les idées socialistes. — Nouvelle du coup d'État. — Les contingents ruraux et surtout celui de Manosque arrivent à Forcalquier (5 décembre) ; énergie du sous-préfet, M. Paillard ; il est arrêté, insulté, blessé, et n'échappe que par miracle à la mort. Les socialistes maîtres de Forcalquier. — Soulèvement général à Sisteron et dans la vallée de la Durance ; l'insurrection s'étend dans les montagnes et jusqu'à Barcelonnette. — Digne. On y apprend le soulèvement du département ; anxiétés ; résolutions diverses ; retraite du préfet et des principales autorités. — Arrivée des insurgés à Digne (7 décembre), installation d'une commission révolutionnaire ; mesures diverses. — Marche de plusieurs colonnes de troupes vers les Basses-Alpes. — Engagement aux Mées. — L'armée socialiste se dissout. L'ordre est rétabli.
VIII. — Effet produit sur l'opinion publique par les insurrections socialistes. Sous l'empire de la crainte, la nation se rapproche de plus en plus de Louis Napoléon. — Politique du prince ; il affecte le dédain pour les parlementaires et frappe sans pitié les républicains ; en revanche, il multiplie ses efforts pour conquérir l'armée, le peuple, le clergé. — Plébiscite du 20 décembre ; ses résultats. — Le mot de M. Thiers se vérifie : l'Empire en fait.

CONCLUSION