LA TERREUR

ÉTUDES CRITIQUES SUR L'HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

TOME PREMIER

 

PAR HENRI WALLON

MEMBRE DE L'INSTITUT

PARIS - HACHETTE ET Cie - 1881

 

 

AVERTISSEMENT.

 

I. — LES PRÉLIMINAIRES DE LA TERREUR : LE 20 JUIN, LE 10 AOÛT, LES JOURNÉES DE SEPTEMBRE 1792, LE 21 JANVIER ; LES MONTAGNARDS ET LES GIRONDINS.

I. La période de la Terreur. — II. Le 20 juin. — III. Le 10 août. — IV. Les suites du 10 août. — V. Les journées de Septembre. — VI. L'avènement de la Convention et de la République. — VII. Le 21 janvier.

II. — LE GOUVERNEMENT, LA POLICE ET LES HABITANTS DE PARIS DANS LA RÉVOLUTION DU 31 MAI (1793).

I. Le ministre de l'intérieur et sa police. — Il. Les habitants de Paris en mai 1793. — III. Les préparatifs de l'insurrection. — IV. Le 31 mai et le 2 juin. — V. Les suites du 31 mai. — VI. Les résultats du 31 mai. - La Révolution et la liberté religieuse.

III. — UNE THÉORIE DE LA TERREUR : LA GUILLOTINE. LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE PENDANT LA RÉVOLUTION. LE VANDALISME RÉVOLUTIONNAIRE.

I. Une théorie de la Terreur. — II. La société française pendant la Révolution. — III. Le Vandalisme révolutionnaire.

IV. — LA DÉMAGOGIE À PARIS EN 1793.

I. Le règne de la Montagne — II. La mort de Marat. — III. L'anniversaire du 10 août. — IV. L'anniversaire des journées de Septembre. — V. L'an II. — VI. La Religion sous la Terreur. — VII. La loi du 14 frimaire. — VIII. Le Gouvernement révolutionnaire.

V. — PARIS EN 1794 : LA RUE, LE CLUB, LA FAMINE.

I. La famine. — II. Le Père Duchesne accapareur. — III. La rue. — IV. Les clubs et la police.

 

AVERTISSEMENT DE LA PREMIÈRE ÉDITION (1873)

 

Le livre que je publie a été commencé à propos de l'Histoire de la Terreur de M. Mortimer-Ternaux. Mais je ne pouvais faire un examen critique de cet ouvrage sans le comparer à d'autres qui traitaient de la même matière. De là une série d'études qui, à des points de vue divers, tout en suivant la marche des événements, embrassent le sujet tout entier. Elles étaient achevées dès la fin de 1869 et ont commencé à paraître dans le Correspondant en mars et avril 1870. La guerre qui a suivi et les tristes conséquences qu'elle a entraînées ont retardé la publication du reste et lui ont donné une opportunité que je n'avais point prévue. Les faits nous ont appris que la Terreur, dont on croyait l'empire à jamais relégué dans le domaine de l'histoire, ne demandait qu'un moment propice pour reparaître. La Commune de Paris en 1871 avait le tempérament de l'ancienne Commune de 1793. Elle aussi a eu ses suspects, ses emprisonnements et ses exécutions à titre de suspects. Elle a eu ses ruines, avec une surexcitation de rage dans la destruction et une immensité dans le désastre, que le vandalisme de la Terreur, dans ses plus mauvais jours, n'avait pas connues. Les personnages sinistres de l'époque de la Terreur ne sont donc pas des fantômes du passé. Ils ont vécu en 1871 ; les noms de plusieurs sont dans toutes les bouches. Ils revivraient sous d'autres noms, si cette union de tous les honnêtes gens qui a fait défaut en 1793, qui n'a pu se faire en 1871 dans Paris, venait encore à nous manquer.

Je fais appel à cette union en offrant au public ce tableau d'un passé toujours si menaçant pour l'avenir. Si ce n'est pas la pensée qui a inspiré ces études, c'est celle qui me porte à les rassembler sous cette forme nouvelle. Cette publication n'est point d'ailleurs une simple reproduction de ce qui a paru. En donnant à mon travail les proportions d'un livre, j'ai dû recourir moi-même aux sources originales, aux écrits, aux journaux, aux documents du temps. J'ai visité le dépôt des Archives, n'usant d'ailleurs pour le moment des trésors que j'y ai vus et touchés, que dans les limites du cadre où je m'étais renfermé d'abord. Ce livre n'a donc pas la prétention de dire le dernier mot sur le sujet. Il garde son caractère primitif. Il a pour objet de signaler ce qui m'a semblé le plus digne d'attention chez les autres. Mais en réunissant ces traits divers dans un cadre nouveau, je ne pouvais pas n'en pas tirer moi-même l'enseignement que j'y trouvais contenu ; et peut-être ce que j'ai eu la bonne fortune d'y ajouter par mes propres recherches ne paraîtra-t-il pas non plus dénué d'intérêt.

 

Si le lecteur est curieux de rattacher les diverses parties de cet ouvrage à leur date primitive, afin de rapporter aussi à leur temps les jugements qui y sont exprimés, je rappellerai que la première étude — Les Préliminaires de la Terreur — a été insérée dans le Correspondant le 10 mars 1870. La seconde — La Révolution du 31 mai — forme à cette première étude un complément qui n'a paru qu'au 10 avril dernier ; la troisième — Une Théorie de la Terreur, etc. — se retrouvera dans le numéro du 25 mars 1870 ; la quatrième — La Démagogie en 1793 — est pour la plus grande partie inédite : je n'avais touché à ce sujet que par une ou deux pages dans l'article, du 25 avril 1870. La cinquième — Paris en 1794 — était comprise dans ce même numéro du 25 avril 1870. Les deux études sur les Prisons et sur le Tribunal révolutionnaire de Paris dont se compose le second volume, écrites — ainsi que la conclusion — avant la guerre, n'ont paru qu'après. Elles ont été publiées dans le Correspondant des 25 décembre 1871, 10 février, 10 mars, 10 juillet et 25 août 1872.