HISTOIRE D'HÉRODE, ROI DES JUIFS

 

PAR FÉLICIEN DE SAULCY

MEMBRE DE L'INSTITUT

PARIS - 1867

 

 

AVANT-PROPOS.

PREMIÈRE PARTIE. — DEUXIÈME PARTIE. — TROISIÈME PARTIE. — QUATRIÈME PARTIE. — CINQUIÈME PARTIE. — SIXIÈME PARTIE.

 

AVANT-PROPOS.

L'accueil fait aux Derniers jours de Jérusalem m'a prouvé que le public français n'avait pas perdu le goût des livres purement historiques. Il m'a prouvé, du même coup, que j'avais découvert un filon précieux, trop longtemps inexploré.

Je me suis donc courageusement remis à l'œuvre.

Ils sont rares de nos jours, les curieux qui consentent à lire les écrits de Josèphe, dans l'idiome même où ils ont été composés. Je plains de tout mon cœur ceux qui se privent volontairement de ce plaisir ; car on en éprouve un très-grand, je le déclare, eu pénétrant, à travers un récit toujours conçu en beau langage, dans les replis les plus mystérieux du drame saisissant offert par l'histoire de la nation juive, depuis le retour de la captivité de Babylone, jusqu'à la chute de Jérusalem.

Pareille étude a tout le charme d'un voyage de découvertes, dans les régions les moins connues, et les plus merveilleuses.

Aussitôt que j'ai eu la conviction qu'on me saurait quelque gré si je débrouillais ce chaos abandonné, pour en tirer une histoire mise à la portée de tous les esprits, je n'ai plus hésité. Je me suis résigné à me faire, pour ainsi dire, le copiste de Josèphe, mais en me réservant de juger Josèphe lorsque l'occasion s'en présenterait, aussi bien que tous les personnages qu'il incitait en scène[1].

Je reconnais humblement qu'il n'y avait pas grand mérite à entreprendre un travail de celle nature ; mais encore fallait-il, pour s'en tirer convenablement, avoir une connaissance suffisante du théâtre sur lequel se sont déroulés les faits dont il s'agissait de coordonner le récit. Je crois pouvoir, sans vanité, dire que je possède cette connaissance, grâce aux voyages, parfois pénibles, qui m'ont fait pénétrer dans des recoins où depuis des siècles, peut-être, le pied d'un Européen ne s'était pas posé.

Ce n'est pas une joie médiocre pour moi, je l'avoue franchement, de penser que j'ai, en mettant toute timidité de côté, donné, l'un des premiers. un exemple que beaucoup de voyageurs d'un mérite incontestable ont bravement suivi depuis quinze ans.

Grâce à tous ces efforts, la Terre-Sainte commence à être mieux connue, et je ne doute pas que le jour ne soit proche où cette contrée si longtemps délaissée, malgré l'illustration que la Providence a voulu attacher à son nom, sera aussi souvent parcourue que les pays les plus facilement accessibles.

Cette fois c'est la vie d'Hérode que je me suis efforcé, de mettre en lumière ; j'ai voulu montrer que le surnom de Grand, dont la tradition a gratifié cet homme, était immérité, et je demeure convaincu que tous ceux qui auront la patience de lire ce livre jusqu'au bout, seront de mon avis.

Le règne d'Hérode embrasse une période de 37 ans, comprise entre les années 40 et 4 avant l'ère chrétienne. Il s'agit donc ici d'un morceau d'histoire important, puisqu'il expose la vie du peuple juif pendant un nombre d'années assez considérable.

Il n'était guère possible d'entrer immédiatement in medias res, en laissant de côté tout ce qui avait préparé l'accession au trône de la dynastie iduméenne. J'ai donc pensé devoir retracer à grands traits la triste chute des Asmonéens, de ces rois-pontifes issus de la famille illustre des Maccabées, afin de faire mieux comprendre les causes qui ont fatalement conduit la royauté judaïque à sa ruine.

J'ai raconté les derniers jours de Jérusalem ; je raconte aujourd'hui le règne de l'usurpateur qui livra aux Romains la nation qui l'avait adopté ; si Dieu me prête vie, je raconterai ensuite la lutte mémorable des Maccabées contre le despotisme grec.

J'aurai, en quelque sorte, tracé ainsi la vie de la nation juive, depuis le jour où elle recouvra son autonomie, grâce à la bienveillance du grand Alexandre, jusqu'à la destruction de Jérusalem par les légions de Titus.

FÉLICIEN DE SAULCY

19 février 1867.

 

 

 



[1] Je remplis un véritable devoir en exprimant hautement ici toute ma reconnaissance pour l'obligeance extrême avec laquelle MM. Derenbourg et Moyse Schwab m'ont aidé de leurs conseils et de leurs recherches dans les recueils talmudiques. C'est à leur amitié que je dois les curieux renseignements de ce genre que le lecteur trouvera disséminés dans ce livre.