PARIS — 1865.
INTRODUCTION.LIVRE PREMIER.État moral et politique de la France. — Richesse du clergé et puissance de la noblesse. — Lutte des grands et de la royauté. — Actes arbitraires de Louis XIII. — Despotisme de Louis XIV. — Fastes de Versailles. — Vieillesse du roi. — Malheurs qui accompagnent la fin de son règne. — La dette de Louis XIV augmentée par la régence. — Louis XV, et l'état des finances sous ce règne détesté. — Voltaire, J.-J. Rousseau. — Les philosophes. — L'encyclopédie. — Le pacte de famine. — Décadence de la monarchie et situation précaire de la nation au moment de l'avènement de Louis XVI au trône. — Caractère de ce roi. — Marie-Antoinette. — Maurepas. — Necker. — La guerre d'Amérique — Calonne. — Affaire du collier. — De Brienne. — Le parlement. — Le duc d'Orléans. — D'Esprémesnil. — Règne de Louis XVI jusqu'à la convocation des Etats-généraux.LIVRE DEUXIÈME.Elections des députés aux États-généraux. — Espérance de la nation. — Combinaisons de la cour. — Troubles en province. — Modération de Paris. — Cahiers des députés. — Pillage et incendie de la maison de Réveillon. — La messe du Saint-Esprit. — Accueil enthousiaste du peuple envers le tiers état et sa froideur pour les deux autres ordres et pour la reine. — Ouverture des États-généraux. — Discours de Louis XVI. — Impression de l'assemblée. — Mirabeau. — L'émancipation du peuple. — Dissidences entre les trois ordres. — Énergie et modération du tiers état, hésitation du clergé et obstination de la -noblesse. — Le roi pris pour arbitre. — La misère du peuple. — Dernière sommation aux deux ordres. — Appel des bailliages et vérification des pouvoirs. — Tumulte de l'assemblée. — Échec de Mirabeau. — Le tiers état se déclare Assemblée nationale. — Indivisibilité du corps législatif proclamée. — Comité des subsistances créé. — Joie et enthousiasme du peuple. — Craintes et projets de la cour. — La salle des États fermée. — Sieyès et Bailly. — Un autre local s'ouvre pour la réunion des députés. — Serment du Jeu de Paume. — Les ordres du roi enfreints par l'Assemblée. — Les trois ordres réunis et travaux de l'Assemblée nationale.LIVRE TROISIÈME.Sombres préoccupations de la cour. — Elle s'entoure de soldats étrangers. — Mandats impératif. — Agitation dans Paris. — Les troupes fraternisent au Palais-Royal avec le peuple. — Gardes françaises enfermées à la prison de l'Abbaye. — Elles sont délivrées par le peuple. — La famine. — Dispositions de l'armée. — Adresse de Mirabeau pour le renvoi des troupes. — Le roi refuse. — Necker est renvoyé. — Nouveau ministère. — Paris menacé. — La cour espère étouffer la révolution. — Le peuple s'agite. — Camille Desmoulins au Palais-Royal. — Des armes ! — Journée du 14 juillet. — Les prisons et les prisonniers. — La Bastille ! — Elle est attaquée et prise par le peuple. — Les vainqueurs et les vaincus. — Châtiments. — Mort de Delaunay, de Flesselles. — Clémence du peuple. — Louis XVI à l'Assemblée. — Sa présence à Paris.LIVRE QUATRIÈME.La famine. — Misère du peuple et sa vengeance s'exerçant sur Foulon et Berthier. — Enthousiasme des provinces. — Retour de Necker. — Clémence du peuple. — Physionomie de l'Assemblée. — Les partis en présence. — L'abbé Maury. — Cazalès. — Mounier, — Barnave. — Les deux Lameth. — Duport. — Sieyès. — Mirabeau. — Guerre aux châteaux, paix aux chaumières. — Trahison de l'aristocratie et complot de Brest. — Commission nommée par l'Assemblée sur la proposition de Duport. — Meurtre de Pinet, secrétaire du roi. — Les brigands. — Terreur des campagnes. — Erreur de la bourgeoisie. — Nuit du 4 août. — Abolition des droits féodaux et des privilèges. — Louis XVI proclamé restaurateur de la liberté française. — Réticences du lendemain. — Abolition des dîmes. — Le veto. — Déclaration des droits de l'homme. — Rapport de Necker sur les finances. — Emprunt de trente millions voté par l'Assemblée. — Décret qui assure le maintien de la tranquillité publique. — Résolution prise dans la nuit du 4 août formulée par un décret.LIVRE CINQUIÈME.Agitation de Paris pour la question du veto. — Troubles au Palais-Royal. — Mesures arbitraires de Lafayette, — Intrigues de la cour. — Complot divulgué. — Le peuple se prépare à la résistance. — Repas des gardes du corps à Versailles. — La cocarde tricolore foulée aux pieds. — Nuit du 4 octobre. — Journée du 5. — Les femmes envahissent l'Hôtel de ville. — Maillard se met à leur tête et les conduit à Versailles. — Hésitation de Lafayette. — Ordre du maire de Paris. — Lafayette à la tête du peuple se rend à Versailles. — Les femmes devant l'Assemblée, — Maillard expose la situation de Paris. — Attitude hostile du président Mounier. — L'Assemblée décrète que l'on ira chez le roi. — Émotion de Louison Chabry. — Fureur des femmes. — Indécision de la cour. — Attaque du château par le peuple et défense des gardes du corps. — Effroi de la reine. — Le roi prisonnier. — Réconciliation du roi avec son peuple. — Retour à Paris. — Nouvelle émigration. — Les biens du clergé. — Nécessité de secourir le peuple.LIVRE SIXIÈME.Le duc d'Orléans et Mirabeau. — Départ du duc. — L'Assemblée nationale à Paris. — Troubles dans Paris occasionnés par la famine. — Meurtre du boulanger François. — La loi martiale. — Énergique opposition de Robespierre. — Indignation de Marat. — Critique de Loustalot. — Le comité des recherches. — Le Châtelet. — Discussion sur les biens du clergé. — Ils sont déclarés nationaux. — Suppression des vœux monastiques. — Représentation de Charles XI, tragédie de J.-M. Chénier. — Son effet sur le peuple. — Les parlements. — Leur résistance. — Ils sont suspendus. — Nouvelle division territoriale de la France.LIVRE SEPTIÈME.L'ordre judiciaire est réformé. — Nouvelle organisation militaire. — Le Chatelet et Marat. — Intervention de Danton. — Conspiration de Favras. — Monsieur est compromis. — Sa démarche à l'Hôtel-de-Ville. — Louis XVI à l'Assemblée nationale. — Serment civique. — Négociation de Mirabeau avec la Cour. — Son entrevue avec le roi et la reine. — Son marché. — Bouillé. — Les puissances étrangères et la révolution. — Les émigrés à Turin. — Guerre aux châteaux. — Catholiques et protestants. — Vente des biens ecclésiastiques. — Création des assignats.LIVRE HUITIÈME.Efforts des prêtres pour faire dissoudre l'Assemblée nationale. — Serment de Mirabeau. — La motion de Maury est rejetée. — Constitution civile du clergé. — Discussion sur le droit de paix et de guerre. — Lutte de Mirabeau et de Barnave. — La grande trahison du comte de Mirabeau. — Vote de l'Assemblée. — L'opinion publique et la presse. — Le Livre Rouge. — Effet terrible produit par la publicité qui lui est donnée. — Abolition des titres de noblesse. — Mort de Franklin. — Fédération dans les provinces. — Anniversaire du 14 juillet et fête de la Fédération à Paris.INTRODUCTIONCe n'est pas sans inquiétude, ce n'est pas sans angoisses, que nous entreprenons d'écrire l'histoire d'un groupe d'hommes qui, à une époque de troubles, d'écroulement, de tempêtes, d'enfantement, de reconstruction, à travers les ruines et le sang, ont conduit, d'une main de fer, les destinées de la France. Leur nom signifia longtemps terreur, atrocité, exécration. La légende les enveloppa d'un voile d'horreur que l'histoire ne soulevait pas sans crainte. L'œil effaré n'osait se fixer sur ces physionomies terribles, qui lui apparaissaient comme des anges de destruction au milieu des décombres et des flammes. La raison déroutée, la conscience éperdue sentaient ces hommes au dessous ou au dessus, d'elles, et les réprouvaient sans pouvoir les juger. Leur souvenir luit à travers notre siècle, comme un éclair au loin dans la nue orageuse. Leur passage fut en effet celui de la nuée qui inonde et qui foudroie. Ils surgirent au milieu d'une révolution qu'ils n'avaient pas faite. Ils se jetèrent dans son tourbillon ; ils précipitèrent la marche des événements qu'ils n'avaient pas crées, mais qu'ils surmenaient par crainte d'être débordés ou de voir la révolution étouffée à ses premiers pas. Tout fut entraîné par le flot impétueux des idées nouvelles ; rien du passé ne résista au feu des passions déchaînées, passions sublimes, passions atroces, dont on n'écoute pas sans pâlir les lointains frémissements, mais à la force, à l'excès même desquelles la liberté, le peuple, la patrie durent un jour leur salut. La nation côtoyait deux abîmes : A l'intérieur, la guerre civile ; Aux frontières, toute l'Europe qui poussait contre nous ses innombrables bataillons ; Et pardessus tout cela, l'anxiété, le doute, la peur ! La peur ! Sauve qui peut ! Ils dirent : Sauvons la France ! Au milieu de la tourmente, pour fuir les écueils et gagner le large, un navire livre quelquefois à la tempête toutes ses voiles, au risque d'être englouti. Eux aussi prirent pour auxiliaire la tempête ! Ils jetèrent tout à la mer pour ne pas sombrer : Institutions, humanité, justice, vertu, leur cœur, leurs larmes, leur sang, leur honneur ! Ils-sacrifièrent tout au succès de la Révolution et au salut de la France ! Ces hommes n'étaient pas venus pour édifier ; la destinée les avait créés pour détruire. Époque étrange ! Lorsque rien ne resta debout de ce qui faisait la France féodale, lorsque la face de la patrie fut renouvelée, que partout gisaient les ruines fumantes du passé, en vain l'œil chercha les fiers démolisseurs qui avaient tout renversé : Ils s'étaient eux-mêmes ensevelis sous les décombres. La France tout entière appartenait à l'avenir ! Cet avenir, nous le verrons naître dans la gloire et grandir dans la liberté ! |