PARIS - PERROTIN - 1852.
PRÉFACE.
LIVRE PREMIER.Signes distinctifs des révolutions. — Caractère de la révolution de 1848. — Ses antécédents dans l'histoire. — Portrait du roi Louis Philippe. — Situation de la France en 1848. — Oligarchie parlementaire. — M. Thiers. — M. Odilon Barrot. — M. Guizot. — Inquiétude et défiance de l'opinion publique. — Revue du journalisme. — Le Journal des Débats. — La Presse et M. de Girardin. — Le Siècle et M. de Chambolle. — La Gazette de France et M. de Genoude. — Le National et M. Marrast. — La Réforme et M. Flocon. — Coalition des partis contre le ministère de M. Guizot. — Banquets politiques. — Alliance de l'opposition dynastique et du parti républicain. — Banquet offert par la ville de Mâcon à M. de Lamartine, après la publication de l'Histoire des Girondins. — Esprit et mission de ce livre. — Discours de M. de Lamartine au banquet de Mâcon. — Attaques de M. de Lamartine contre le banquet révolutionnaire de Dijon et le banquet communiste d'Autun. — Propagande et agitation des banquets dans le peuple.LIVRE DEUXIÈME.Ouverture de la session de 1848. — Provocation du discours de la couronne. — Discussion de l'adresse. — Discours de Lamartine. — Projet de banquet de l'opposition dans le 12e arrondissement de Paris. — Menaces du ministère. — Réunion de députés. — Discours de Lamartine. — Appel de troupes à Paris. — Journée du 22 février. — Attroupements. — Emeute autour de la Chambre des députés. — Premières tentatives de barricades. — Journée du 23 février. — Escarmouches de la révolution qui commence. — Convocation de la garde nationale. — Son indécision. — Lamartine à la Chambre. — Ses idées. — Sa politique. — Changement du ministère. — Enthousiasme de la population. — MM. Molé, Thiers et Odilon Barrot appelés aux Tuileries. — Incertitude du roi — Le parti républicain dans le quartier Saint-Méry. — Statistique politique des combattants. — Défilé des colonnes insurrectionnelles sur les boulevards. — Lagrange. — Fusillade du boulevard des Capucines. — Promenade des cadavres dans Paris. — Réveil de la révolution.LIVRE TROISIÈME.Nuit du 23 février. — Indécision du roi. — M. Thiers appelé aux Tuileries. — Il accepte le ministère. — Journée du 24 février. — Explosion de l'insurrection. — La famille royale aux Tuileries. — Prise du Palais-Royal par le peuple. — Le roi passe en revue les troupes et la garde nationale sur la place du Carrousel. — M. Barrot succède à M. Thiers. — Abdication du roi. — La régence. — Madame la duchesse d'Orléans. — Vains efforts de M. de Girardin et du maréchal Gérard pour arrêter le peuple. — Plan de défense du maréchal Bugeaud. — Son exécution arrêtée par les contre-ordres du roi. — Retraite des troupes devant le peuple. — Fuite du roi et de sa famille. — Départ de la duchesse d'Orléans pour la Chambre des députés.LIVRE QUATRIÈME.Conseils de républicains au Palais-Bourbon. — Question posée à Lamartine. — Sa réponse. — Physionomie de la Chambre des députés. — Entrée de la duchesse d'Orléans et de ses enfants. — Discours de MM. Dupin et Odilon Barrot en faveur de la régence. — MM. Marie et Crémieux demandent un gouvernement provisoire. — Invasion de la Chambre par le peuple. — M. Ledru-Rollin. — Lamartine entraîné à la tribune. — Puissance circonstancielle de sa parole. — Son discours. — Conscience et raison de ce discours. — Seconde invasion du peuple. — Fuite de la duchesse d'Orléans. — Scrutin populaire. — Nomination du gouvernement provisoire.LIVRE CINQUIÈME.Marche du Gouvernement provisoire à l'Hôtel de Ville. — Son droit et sa raison d'être. — Lamartine à la caserne du quai d'Orsay. — La place de Grève. — Résistance des combattants. — Lutte du Gouvernement provisoire pour entrer dans l'Hôtel de Ville. — Sa réunion. — Première séance. — Distribution des ministères: MM. Arago, Crémieux, Goudchaux, Carnot, Louis Blanc, Marrast, etc. — Premiers ordres d'urgence. — Proclamations au peuple et à l'armée. — Adhésion des principaux chefs de l'armée au Gouvernement provisoire.LIVRE SIXIÈME.Descente des faubourgs à l'Hôtel de Ville. — Angoisse et incertitude de l'heure. — Le Gouvernement provisoire assiégé par la foule. — Dévouement d'une femme du peuple à Dupont de l'Eure. — Le peuple demande la République. — Le Gouvernement la proclame. — Sens et nécessité de cette proclamation. — Luttes de la nuit. — Les factions à l'Hôtel de Ville. — Motions, accusations, révoltes contre le Gouvernement. — Lagrange, Louis Blanc, Albert. — Efforts et harangues de Lamartine. — Convention de la foule dans la salle Saint-Jean. — Le Gouvernement mandé à sa barre. — Lamartine à la salle Saint-Jean. — Aspect fantastique de l'auditoire. — Discours de Lamartine. — Apaisement et enthousiasme du peuple. — Décrets, ordres, mesures, prévoyances du Gouvernement. — Caussidière à la préfecture de police. — Inspiration et pensée de la garde mobile par Lamartine. — Sa création. — Résumé des travaux du Gouvernement pendant ces premières heures. — Physionomie de Paris dans la nuit du 24 février.LIVRE SEPTIÈME.Analyse des sectes socialistes et républicaines. — Les fouriéristes. — Les disciples de MM. Cabet, Pierre Leroux et Proudhon; etc. — Les terroristes. — Rassemblement nocturne à la Bastille. — Il envoie des délégués pour surveiller le nouveau pouvoir. — Le Gouvernement refuse de les reconnaître. — Invasion de l'Hôtel de Ville par l'armée socialiste et terroriste. — Apparition du drapeau rouge. — Harangues insurrectionnelles. — Le Gouvernement assiégé par la foule. — Son attitude devant l'émeute. — Irruption d'une bande armée dans la salle de ses délibérations. — Sommations et menaces de son orateur. — Réponse de Lamartine. — Apaisement de la foule. — Nouvelles luttes, nouvelles victoires. — Envahissement de l'Hôtel de Ville par l'arrière-garde des faubourgs. — Le drapeau rouge abattu. — Attaque d'une nouvelle colonne d'insurgés. — Fureur des assaillants. — Désespoir de la situation. — Intervention d'un prolétaire entre le peuple et Lamartine. — Discours de Lamartine. — Attendrissement et pacification de la foule. — Le drapeau rouge renversé par le peuple. — Triomphe du drapeau tricolore. — Conseil du Gouvernement. — Lamartine lui propose l'abolition de la peine de mort en matière politique.LIVRE HUITIÈME.Héroïsme et dévouement de la jeunesse pendant la révolution. — Délibération du gouvernement sur les ministres et sur la famille royale. — Reprise de la discussion sur l'abolition de la peine de mort. — Vote unanime. — Lamartine le proclame sur la place de l'Hôtel de Ville. — Enthousiasme religieux du peuple. — Lamartine reconduit en triomphe par le peuple. — Députation des socialistes à l'Hôtel de Ville. — Ils somment le gouvernement de décréter l'organisation du travail. — Résistance énergique de Lamartine. — Proclamation solennelle de la République sur la place de la Bastille.PIÈCES JUSTIFICATIVES.Note du livre II, fin du § XII. — Lettre du maréchal Bugeaud. - Lettre du général Bedeau. — Lettre de M. de LamartinePRÉFACE.J'ai peut-être eu tort d'appeler ceci une histoire. De si grands événements ne peuvent être regardés de si près : il faut plus de distance entre l'œil et l'objet. La perspective est une partie de la vérité dans l'histoire, la Révolution de Février ne sera en perspective que dans un quart de siècle. Il y a une autre difficulté, c'est l'appréciation des hommes qui ont joué un rôle dans l'événement et l'appréciation du rôle qu'on y a joué soi-même. On ne peut écrire cette appréciation ni avec convenance, ni avec justice, ni avec impartialité. On écrirait ses prédilections ou ses répugnances au lieu d'écrire des jugements; la postérité ne les accepterait pas et elle aurait raison. De si près, on peut aimer, on peut haïr ; on ne peut juger. Ceci n'est donc au fond que le récit de la part personnelle que j'ai prise dans les événements. C'est mon point de vue spécial dans le drame. L'histoire pourra se servir de mon livre ou le négliger un jour, selon qu'elle y prêtera plus ou moins de foi. Il est insuffisant, mais il est vrai. Il n'y a pas un détail de ce récit qui n'ait eu de dix à cent mille témoins. Mon autorité c'est leur mémoire. J'ai dans les mains des multitudes de ces témoignages écrits. La forme un peu littéraire et un peu épique de cette narration, où je parle de moi à la troisième personne, tient à l'idée que j'avais eue en commençant d'écrire l'histoire à la manière un peu solennelle de l'antiquité, dans le mode grec ou romain, style lapidaire et impersonnel, le seul qui convienne, selon moi, aux épopées vraies des nations. Quand je me suis aperçu de mon erreur, la moitié du premier volume était rédigée : il était trop tard pour revenir sur mes pas. J'ai continué dans la même forme de style tout en ayant changé de plan. C'est une faute de composition non de convenance. Je prie le lecteur de me la pardonner. |