MARSEILLE — MARIUS OLIVE — 1871.
I. — QUI A VOULU LA GUERRE ?II. — POURQUOI A-T-ON VOULU LA GUERRE ?III. — INSUFFISANCE DES PRÉPARATIFS.IV. — INSUFFISANCE DU GOUVERNEMENT.V. — SEDAN.VI. — APRÈS SEDAN.CONCLUSION.L'ouvrage qu'on va lire est achevé depuis quelque temps. Par un scrupule facile à comprendre, je n'ai pas voulu le faire paraître avant la cessation des hostilités. Depuis qu'il a été écrit, certains détails ont perdu leur actualité, le cours rapide des événements a modifié certaines situations : j'ai cru devoir cependant le laisser tel qu'il était. Le but que je me suis proposé, je tiens à l'indiquer dès cette page, afin d'éviter toute surprise au lecteur : J'ai voulu m'inscrire en faux contre la plupart des jugements portés sur les faits qui se sont accomplis entre le jour où est née la question Hohenzollern et le jour où Sedan capitula ; protester avec énergie contre ce que j'estime une immense erreur et une immense injustice. Je n'ai pas la prétention de réagir efficacement contre le préjugé populaire. Je suis certain que la lumière se fera. Mais je sais qu'il lui faudra des mois, peut-être des années pour percer l'épais nuage de passions qui l'enveloppe. Je m'estimerais heureux si j'avais, d'un jour seulement, hâté son apparition. En disant ce que je sais, ce que, sur certains points, mes fonctions m'ont permis d'apprendre, je ne crois pas seulement accomplir un devoir de conscience et remplir, pour ma modeste part, ma tâche de témoin devant le tribunal de l'histoire : je crois faire un acte de patriotisme. Les pires ennemis du pays, sont ceux qui le flattent, lui persuadent qu'il est innocent de ses malheurs, l'empêchent de reconnaître ses défauts, c'est-à-dire de s'en corriger. Si les cruelles épreuves que la France vient de traverser contiennent un enseignement, notre premier devoir n'est-il pas de l'aider à le découvrir ? telle est la pensée qui m'a mis la plume à la main. Cette pensée sera dénaturée. Je m'y attends et m'y résigne. J'appartiens en effet à cette catégorie de mauvais citoyens qui ne veulent prêter, du cœur ou des lèvres, qu'un seul serment ; préfèrent l'inaction, la retraite à la palinodie et ne se croient pas tenus de renier le Pouvoir qu'ils ont loyalement servi, parce qu'il est tombé : je suis suspect ! J'ose pourtant espérer que le lecteur sincère reconnaîtra dans ces pages, une œuvre inspirée par la conscience et non par la passion. Il comprendra que l'auteur aime par-dessus tout la justice, et que, s'il s'est parfois trompé — ce qui est probable, car son sujet l'a conduit sur un terrain qui lui était peu familier —, du moins ne s'est-il jamais trompé volontairement. FERNAND GIRAUDEAU. Marseille, le 15 février 1874. |