PARIS — 1900.
I. — Du fonds commun des religions antiques. II. — De la religion grecque considérée dans ses rapports avec les institutions politiques. III. — Des lois agraires dans l’antiquité. IV. — De l’idée de justice dans la démocratie athénienne. V. — Les institutions pédagogiques de la Grèce. VI. — La démocratie athénienne au IVe siècle. VII. — L’agonie de la République athénienne. VIII. — La Grèce sous la domination macédonienne. IX. — L’Orient sous les Séleucides. X. — Introduction à l’histoire des Lagides. XI. — Le culte dynastique en Égypte sous les Lagides. AVANT-PROPOS.Ce volume n’est pas un livre : ce n’est pas une série de chapitres découpés dans une histoire suivie, ou une série d’études qui, rapprochées après coup, se soudent en une tramé continue, sans répétitions et sans lacunes. Ce sont des leçons d’ouverture, c’est-à-dire des programmes de cours publics, dont on indique le sujet et esquisse le plan, avec l’intention de mettre en relief les idées générales qui trouveront leur démonstration dans les leçons suivantes, en s’appliquant au détail des faits. Chacune d’elles n’est donc pas une dissertation autonome, complète en soi et documentée à suffisance, mais une amorce, une entrée en matière. C’est, si l’on veut, une improvisation à la plume, substituée une fois l’an à l’improvisation orale, afin de mieux arrêter et coordonner les aperçus, soit rétrospectifs, soit anticipés, dont l’auditeur doit être muni pour s’intéresser à l’enseignement proprement dit, celui qui va commencer là où finit la leçon préparatoire. Les sujets traités dans les cours publics variant chaque année, ou même par semestre, de façon à faire alterner autant que possible l’histoire grecque et l’histoire romaine, et le professeur les choisissant à son gré, pour des auditeurs supposés libres de tout souci d’examens, il se trouve que l’ordre chronologique des sujets rapproche ici des leçons écrites à des intervalles parfois très distants. Le lecteur voudra bien s’en souvenir et regarder aux dates quand il constatera, dans des morceaux qui se font suite ou se superposent, en partie, le retour de certaines idées déjà débattues ou, en sens inverse, des nuances d’opinion qui à première vue — à première vue seulement — lui paraîtraient contradictoires. L’histoire est chose complexe, et, suivant le point de vue où l’on se place pour envisager les mêmes faits, tel aspect prédomine sur tel autre, qui ne se trouve pas pour cela supprimé. D’autre part, lé nombre des idées très générales, en histoire comme ailleurs, n’est pas illimité, et il y a chance, en vingt années d’enseignement, de rencontrer sur son chemin des sentiers déjà parcourus. Chaque leçon ayant été conçue isolément, en vue d’un auditoire sans cesse renouvelé, je ne me suis pas plus interdit de revenir sur des aperçus qui avaient pu m’être suggérés en un autre temps par des sujets analogues que je ne me suis préoccupé de raccorder ad unguem des parties qui n’étaient pas destinées à former un tout. De même, en livrant à la publicité ces feuilles volantes, dont bon nombre ont déjà un certain âge, je me suis abstenu de tout travail de réfection et d’adaptation. Montaigne dit quelque part : En mes escripts mêmes, je ne retrouve pas tousjours l’air de ma première imagination je ne sçay ce que j’ay voulu dire et m’eschaulde souvent à corriger et à y mettre un nouveau sens, pour avoir perdu. le premier, qui valoit mieulx. Si j’avais cru devoir m’eschaulder de la sorte, j’aurais reculé devant une pareille tâche : j’aurais laissé dans l’amas des copeaux d’atelier ces morceaux de circonstance qui n’ont pas été écrits pour être publiés et que je me décide à publier parce qu’ils étaient écrits. Qu’on me permette de compléter ici ma pensée. Mon but n’est pas d’ajouter, sans fatigue nouvelle, un numéro à la bibliographie des travaux universitaires qui vont être exposés au grand jour — c’est le mot, et même le mot d’ordre, de l’année — à titre de documents pédagogiques. Ce que je me propose, c’est de montrer, à des lecteurs plus nombreux que les auditeurs toujours assez clairsemés des cours d’Histoire Ancienne, que cette histoire n’est pas une antiquaille et qu’on y rencontre, plus peut-être qu’ailleurs, des enseignements applicables au temps présent. Sans doute, les leçons de l’histoire ne se dégagent pas toutes seules des faits : elles naissent de la réflexion s’exerçant sur un ensemble de faits. C’est là précisément l’utilité d’esquisses comme celles-ci. Il va sans dire que leur valeur est en raison de l’effort fait par l’auteur pour être exact et impartial. Exact dans l’énoncé des faits, je crois l’avoir été impartial dans leur appréciation, j’ai fermement voulu l’être, ce qui est la seule définition jusqu’ici connue de l’impartialité. 5 mars 1900. |