AVERTISSEMENT.
CHAPITRE XXVII.
— L’Armée.
CHAPITRE XXXVIII.
— Le Droit.
CHAPITRE XXIX.
—
La Juridiction.
AVERTISSEMENT.
Il est rare qu’un ouvrage de longue haleine garde les
proportions que le plan préalable de l’auteur lui avait assignées. Celui-ci
ne fait pas exception à la règle. Je n’avais songé tout d’abord qu’à étudier
l’histoire des Ptolémées, sans me préoccuper autrement des institutions, dont
j’aurais donné un simple aperçu, en manière de hors-d’œuvre. Les publications
de documents papyrologiques, qui se succèdent avec une merveilleuse rapidité,
m’ont forcé à déplacer le centre de gravité de l’ouvrage. Ce qui devait être
un hors-d’œuvre est devenu partie intégrante et même la plus importante d’un
travail qui, réduit au plan primitif, eût paru tronqué et insuffisant. Je
puis bien avouer que, en présence de la masse de matériaux à cribler et à
mettre en œuvre, textes, commentaires et monographies provisoires, j’ai été
bien des fois tenté de m’arrêter dans ma tâche, qui me laissait des regrets
pour le chemin déjà parcouru et me menait par des sentiers encore moins
déblayés. Rencontrant, d’année en année, des renseignements nouveaux que je
n’avais pu utiliser en temps opportun, je sentais qu’il était trop tôt pour
faire œuvre durable, qui eût chance de ne pas vieillir même avant d’être
achevée.
On n’attend pas d’un auteur lassé par un travail si long
et si minutieux, portant sur des matières si dispersées, qu’il assume au
dernier moment la tâche impossible de condenser en quelques lignes les
résultats de ses recherches. Ces études m’ont rarement donné la satisfaction
d’ajouter des notions définitivement acquises à l’œuvre de mes devanciers ou
même de fixer à coup sûr l’état actuel de nos connaissances, état qui se
modifie du jour au lendemain. Atteint ou non, mon but a été d’exposer les
institutions de l’époque ptolémaïque sans y mêler celles des âges antérieur
et postérieur, et cependant sans lei considérer comme nées avec la nouvelle
dynastie ou comme ne devant pas lui survivre. L’esprit conservateur de la
race nous étant un sûr garant de la continuité des traditions et usages, il
m’a paru utile de n’emprunter aux documents de l’époque pharaonique que les
comparaisons indispensables et d’éliminer à peu près complètement les
inductions rétrospectives tirées des textes de l’époque romaine. En un mot,
j’ai entendu faire œuvre d’historien, volontairement asservi à la
chronologie, et non de juriste suivant révolution des principes jusqu’à leurs
dernières conséquences. On s’apercevra assez, du reste, que le Droit est un
domaine où je ne me suis pas introduit de mon plein gré. Là plus encore
qu’ailleurs, il me semblait marcher à tâtons, avec ou sans guide, cheminant
pour ainsi dire dans une galerie creusée entre un sous-sol sondé au hasard
par les égyptologues et une couche supérieure, alluvion de l’époque
impériale, que j’entendais laisser intacte. Comme la presque totalité des
monographies juridiques font état de l’ensemble des documents, cette
simplification, en m’obligeant à vérifier les dates de toutes les preuves
alléguées, a, en somme, compliqué ma tâche.
Je ne suis pas porté à m’exagérer mon mérite, et ce n’est
pas avec un sentiment de complaisance que j’ai passé en revue mes quatre
volumes avant d’y mettre le point final. Pour les gens scrupuleux, un examen
de conscience n’est jamais un plaisir. Il suffit de dire que j’ai fait de mon
mieux pour tenir le livre au courant, réparer les erreurs ou combler les
lacunes par des Additions et Corrections de la dernière heure, et pour en
rendre l’usage commode au moyen d’un Index général analytique. On trouvera
sans-doute ce répertoire assez copieur. Il eût pu l’are davantage. Pour y
faire entrer tout le nécessaire — un peu plus que l’indispensable — sans le
dilater outre mesure, j’ai dei l’alléger de la majeure partie des noms de
particuliers disséminés dans nos papyrus et me contenter aussi d’un choix
limité pour les fonctionnaires. Enfin, tel qu’il est, construit avec des
pierres d’attente, j’espère que l’ouvrage pourra rendre quelques services à
ceux qui le feront oublier. Mon ambition ne va pas plus. loin. Je me tiendrai
pour satisfait si les critiques compétents estiment que les années employées
à ce labeur n’ont pas été du temps perdu.
Juillet 1907.
A. BOUCHÉ-LECLERCQ.
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