HISTOIRE DU PARLEMENT DE NORMANDIE

DEPUIS SA TRANSLATION À CAEN, AU MOIS DE JUIN 1589, JUSQU'À SON RETOUR À ROUEN, EN AVRIL 1594

 

PAR JULES LAIR

AVOCAT À LA COURS IMPÉRIALE DE PARIS, ANCIEN ÉLÈVE DE L'ÉCOLE DES CHARTES.

Ouvrage couronné par l'Académie impériale des sciences, arts et belles-lettres de Caen, le 26 novembre 1858.

CAEN - A. HARDEL - 1864.

 

 

PRÉAMBULE.

 

INTRODUCTION.

État de la France à la 6n du XVIe siècle. — État particulier de la Normandie (1562-1576). — Origine de la Ligue (1578). — Ses progrès en Normandie. — Opinion et conduite du Parlement. — Claude Groulart nommé premier président (1584). — Son caractère et ses principes. — Déplorable situation de la Normandie en 1576 et pendant les années suivantes. — Désordre et incurie de l'administration. — Le duc d'Épernon nommé gouverneur de la province. — Harangue menaçante du grand-pénitencier Dadré. — Séjour de Henri III à Rouen après sa fuite de Paris. — Soulèvement en Normandie. — Groulart se retire de Rouen. Journée des Barricades à Rouen. — Scission entre les membres royalistes et les membres ligueurs du Parlement.

 

HISTOIRE DU PARLEMENT DE NORMANDIE PENDANT SON SÉJOUR À CAEN. 1589-1594.

CHAPITRE PREMIER.

Destinée du Parlement pendant la Ligue. — Dispersion des conseillers royalistes du Parlement de Normandie. —Le roi transfère à Caen le Parlement de Rouen. — Situation de Caen en 1589. — Arrivée à Caen des membres de la Cour. — Le Parlement se constitue et s'établit aux Cordeliers. — Serment exigé de la noblesse par Montpensier, gouverneur de la province. — Serment exigé par le Parlement de tous les fonctionnaires. — Arrêt contre les ligueurs. — Les ligueurs de Bernay enlèvent l'original des lettres-patentes de translation. — Situation générale. — Le Parlement reçoit la nouvelle de l'assassinat de Henri III. — Indignation qu'elle soulève.

CHAPITRE II.

Situation de la France à la mort de Henri III. — Caractère et conduite du roi de Navarre. — Hésitation au sein du Parlement. — Henri de Navarre est reconnu roi de France. — Conduite des échevins de Caen, leurs lettres au roi. — Difficultés entre le Parlement et le Clergé. — Le Parlement censure l'administration municipale. — Conduite indécise du gouverneur de Caen, La Vérune ; craintes qu'il inspire au Parlement. — Plusieurs conseillers effrayés se retirent de Caen. — La Vérune vent occuper militairement le pont Saint-Pierre ; combat entre ses troupes et les bourgeois : La Vérune triomphe. — Représentations faites en vain par la Cour au gouverneur. — Hauteur avec laquelle le roi reçoit les supplications de la Cour.

CHAPITRE III.

La Saint-Martin d'hiver de 1589. — État de Caen au mois de novembre de la même année ; division parmi les habitants ; craintes d'une attaque des ligueurs. — Groulart appelle le roi en Normandie ; lui suggère un plan de campagne ; lui donne les moyens de l'exécuter. — Marche de l'armée du roi en Basse-Normandie ; prise d'Alençon, de Domfront, d'Argentan, de Falaise. — Groulart est mandé au camp royal ; on lui propose la place de chancelier ; brillant accueil qu'il reçoit du roi. — Conduite religieuse et politique tenue alors par Henri IV. — Mesures prises par le Parlement pour tirer parti des victoires de l'armée ; sa sévérité contre les ligueurs ; son hostilité aux mesures de clémence ordonnées par le roi. — Prise de Lisieux, de Honfleur, de Pont-Audemer, d'Évreux, de Verneuil ; les armées en présence à Ivry. — Efforts du Parlement pour grossir les rangs de l'armée royale ; procession qu'il ordonne à la veille de la bataille. — Te Deum d'actions de grâces et réjouissances publiques après la victoire d'Ivry.

CHAPITRE IV.

Résultats de la bataille d'Ivry et situation des partis. — Procédures du Parlement contre les nobles, déserteurs du champ de bataille. — Prédications séditieuses dans les églises de Caen. — Un jacobin est arrêté et mis en prison ; on est forcé de le relâcher, par crainte d'une sédition. — Arrêt du Parlement contre les ecclésiastiques. — Refus formel du curé de Saint-Jean de prêcher en faveur du roi. — Harangues séditieuses à l'Université ; serment que la Cour exige des professeurs. — Moyens employés Far le Parlement pour empêcher les prédications et les discours séditieux. — Guerre déclarée par le Parlement aux nobles qui, retirés dans leurs châteaux, n'en sortaient que pour ravager le pays. — Arrêt contre les pillards de Neuilly-l'Évêque ; prise du château, sa démolition. — Prise du château de Fauguernon et de plusieurs autres dans le Lieuvain. — Guerre entre les ligueurs et les royaux dans l'Avranchin ; part active qu'y prend le Parlement ; lettre qu'il écrit à Canisy. — Réponse de Canisy. — Mort du ligueur de Vicques au siège de Pontorson.

CHAPITRE V.

Situation du Parlement en 1590. — Retour de la plupart des conseillers partis l'année précédente. — Aventures du conseiller Piperay. — Sévérité de la Cour pour eux ; examen qu'elle leur fait subir. — Jugement porté sur le Parlement de Caen, par un contemporain. — Part que prend la Cour aux affaires générales. Esprit hostile d'une partie des habitants de Caen. — Opposition de La Vérune aux mesures de sûreté proposées par la Cour. — Soins apportés par le Parlement à la police municipale de Caen. — Arrêts remarquables sur la police des rues, — des marchés, — de la boucherie, — des pauvres. — Réorganisation administrative de la province par le Parlement. — Conseillers envoyés en mission dans les bailliages. — Tentative des ligueurs sur Lisieux. — Siège de Paris. — Remontrances eu Parlement au roi. — Conduite à la fois humble et héroïque du Parlement.

CHAPITRE VI.

Situation du Parlement au commencement de l'année 1591. — Conflit entre la Cour et la Chambre des comptes ; ses causes, ses développements, sa fin. — Continuation de la guerre en Normandie : les royalistes prennent Avranches et le Château-Gaillard ; les ligueurs, en revanche, s'emparent d'Honneur et de Verneuil. — Secours d'argent accordé au roi par le Parlement, pour qu'il puisse assiéger Rouen. — Élections du Corps de ville, à Caen (février 1591). — Troubles dans la ville. — Nouvelles démarches des échevins pour obtenir l'enregistrement des lettres-patentes. — Prise de Louviers par Henri IV. — L'évêque d'Évreux, Claude de Sainctes, est fait prisonnier ; son procès, sa condamnation, sa mort. — Condamnation des bulles du pape Grégoire XII par le Parlement de Caen. — Contre-arrêt du Parlement4igueur. — Prétention des protestants ; embarras qu'ils donnent â la Cour. — Déclaration du roi qui remet eu vigueur l'édit de tolérance de 1579 ; approbation du Parlement de Caen.

CHAPITRE VII.

Henri IV assiège Rouen (11 nov. 1591). — Groulart se rend auprès de lui. — On lui propose de nouveau la charge de chancelier. Ennuis de son séjour au camp. — Il se rend à Dieppe où il est retenu par les vents contraires. — Histoire du Parlement pendant l'absence de Groulart. — Procès entre la ville de Caen et l'Université. — Restauration du collège du Bois. — Le prince de Parme contraint Henri IV à lever le siège de Rouen. — Entrevue du roi et de Groulart à Saint-Aubin-le-Cauf. — Séjour de Groulart à Dieppe. — Son retour à Caen. — État des esprits au milieu de l'année 1592. —Les pamphlétaires politiques et religieux en Normandie pendant la Ligue. — Le Doux Satiric. — Le Francophile.

CHAPITRE VIII.

Caractère de la guerre civile en Normandie, à partir de 1592. — Surprise de Pont-Audemer par les ligueurs. — Travaux de fortification à Caen. — Achat de canons en Angleterre pour le compte de la ville. — Caen menacé du passage d'un corps d'armée anglaise. — La peste sévit en Normandie. — Multiplicité des assassinats politiques et privés ; assassinat de François du Halot par le marquis d'Alègre. — Création d'une charge de grand-prévôt pour réprimer les brigandages. — Convocation des États-Généraux de la Ligue ; députés élus en Normandie ; arrêt du Parlement relatif à cette convocation. — Procès devant le Parlement entre les habitants et des marchands anglais. — Situation des esprits dans la ville ; querelle entre les habitants et la Cour des aides. — Expédition du ligueur du Tourps dans le Val-de-Saire ; sa tentative sur Cherbourg. — Le duc de Montpensier vient à Caen ; incidents qui signalent sa réception ; il siège au Parlement ; discours de Groulart. — Le roi se décide à s'occuper de sa conversion ; Groulart est appelé à la Cour. — Il assiste à l'abjuration du roi ; détails qu'il rapporte dans ses Mémoires. — La nouvelle en arrive à Caen ; joie qu'elle y excite.

CHAPITRE IX.

Obstination des ligueurs fanatiques et des mauvais Français. — Le clergé se rallie à Henri IV, et prêche en sa faveur. — Résistance des gouverneurs de place, de Villars, de Médavi, de Grillon, etc., qui veulent se faire acheter. — Rancunes des Parlements contre les ligueurs. — Sully négocie avec Villars la soumission de Rouen. — A Caen, le Parlement est insulté à l'Université et au Présidial. — Pour faciliter la reddition de Rouen, la Cour se porte garante des obligations du roi. — Conditions auxquelles se rend Villars. — Rouen sollicite le retour du Parlement. —Lettres-patentes du roi, qui rétablissent le Parlement, la Cour des aides et la Chambre des comptes à Rouen. — Dernières réserves faites en secret par la Cour à l'amnistie accordée par le roi. — Retour triomphal du Parlement à son palais de Rouen. — Derniers troubles en Normandie. — Réduction de Honfleur et du Mont-Saint-Michel. — Pacification de la province.