DIXIÈME VOLUME
SERVANT À EXPLIQUER LE PLAN DE SYRACUSE, ET LES OPÉRATIONS PENDANT LE SIÈGE ATHÉNIEN
Dans la description que fait Thucydide de ce mémorable événement, il y a bien des choses qui ne sont expliquées que brièvement et imparfaitement. Il nous a certainement laissé diverses difficultés, dans la solution desquelles nous ne pouvons avancer au delà de conjectures plus ou moins plausibles ; mais il y en a quelques-unes qui me paraissent admettre une solution plus satisfaisante que celles qui ont été proposées jusqu’à ce jour. Le Dr Arnold, dans un appendice annexé au troisième volume de son Thucydide (p. 265 sqq.), avec deux plans, s’est donné beaucoup de peine pour élucider ces difficultés ; ainsi que le colonel Leake, dans ses excellentes remarques, sur la topographie de Syracuse — dont je dois la lecture à sa courtoisie, avant qu’elles parussent dans les Transactions of the Royal Society of Literature — : Serra di Falco, dans le quatrième, volume de ses Antichità di Sicilia ; et Saverio Cavallari — l’architecte employé en 1839, à l’examen et à l’excavation du terrain qui fournit des matériaux pour l’ouvrage de Serra di Falco — dans une brochure séparée, — Zur topographie von Syrakus, — imprimée dans les Goettinger Studien de 1845, et plus tard réimprimée à Goettingen. Avec l’aide que je tire de tous ces commentaires, j’arrive à des conclusions différant d’eux tous sur quelques points, et je vais me mettre en devoir de les exposer brièvement, — en me tenant étroitement et exclusivement à Thucydide et au siège athénien, sans vouloir m’occuper de Syracuse telle qu’elle fut plus tard. Les excavations de M. Cavallari (en 1839) déterminèrent un point de quelque importance qui n’était pas connu auparavant : la situation et la direction du mur occidental de la ville extérieure on Achradina. Ce mur n`est pas marqué sur le plan du Dr Arnold ni cité dans ses Remarques : mais il parait dans celles du colonel Leake et dans Serra di Falco aussi bien que dans Cavallari ; et on le verra indiqué sur le plan annexé à ce volume. Relativement à Achradina, le colonel Leake fait remarquer (p. 7) — qu’elle était distinctement divisée de sa nature en une partie supérieure au nord-est, adjacente à la mer extérieure, — et en une inférieure dans la direction opposée, adjacente aux deux ports de Syracuse. Or, M. Cavallari, dans sa Dissertation (p. 15 sqq.), présente de fortes raisons pour croire que le mur que nous venons d’indiquer ne renfermait que la première de ces deux parties, qu’il ne s’étendait pas depuis la tuer extérieure en travers jusqu’au Grand Port, mais qu’il tournait à l’est près des grandes carrières de pierres des Capucins et de Novanteris, laissant la u partie plus basse adjacente aux deux ports, u ouverte et non fortifiée. La ville intérieure et l’extérieure (Ortygia et Achradina) citaient ainsi, à cette époque, détachées l’une de l’autre, chacune ayant sa propre fortification séparée, et n’étant pas comprise dans un mur commun. Elles étaient séparées l’une de l’autre par ce terrain bas intermédiaire, qui est même aujourd’hui rempli de tombes et présente une Nekropolis étendue. Nous savons que c’était l’habitude, presque universelle, chez les Grecs, d’ensevelir leurs morts tout près de la ville, mais en dehors des murs : les remarques du colonel Leake (p. 6) tendent beaucoup à confirmer l’idée que le lieu de sépulture de la ville intérieure et de la ville extérieure de Syracuse a dû être, dans l’origine, en dehors des murs des deux ; bien qu’il ne semble pas avoir connu la Dissertation de M. Cavallari, et qu’il croie que le mur occidental primitif d’Achradina s’étendait en travers de tout l’espace jusqu’au Grand Port. Autant que nous pouvons nous fier ait langage de Diodore, qui est certainement vague, il décrit les fortifications d’Ortygia et d’Achradina comme complètement distinctes, pendant les troubles qui suivirent l’expulsion de la dynastie gélonienne (VI. 73). Ici Diodore semble concevoir Achradina et Ortygia comme constituant seulement une partie de Syracuse, ce qui était certainement vrai du temps du despote Denys et après lui, mais ne l’était ni à l’époque qui suivit immédiatement la dynastie gélonienne, ni à la période du siège athénien. On a admis sans preuve positive, parce que cela semblait naturel, qu’Ortygia et Achradina ont dû être réunies primitivement, et comprises dès le commencement dans une seule fortification commune. Mais cette présomption est surpassée en valeur par le fait que le terrain situé entre les deux constitue la Nekropolis, ce qui fait naître ainsi une contre présomption plus forte, à savoir que ce terrain n’a pu être renfermé primitivement dans l’intérieur des fortifications. Dans mon septième volume (chap. 4) je m’exprimais d’une manière inexacte sur ce sujet, ne connaissant alors ni les remarques du colonel Leake, ni la brochure de M. Cavallari. Je disais que dans la pacification qui s’établit après que les troubles, conséquence de l’expulsion de la dynastie gélonienne, eurent été apaisés, nous pouvons admettre comme certain que les fortifications séparées d’Ortygia et d’Achradina furent détruites, et que dorénavant il n’y eut plus qu’une seille ville fortifiée, jusqu’au temps du despote Denys, plus de cinquante ans après. Je crois maintenant qu’elles restaient séparées à l’époque où Nikias arriva pour la première fois en Sicile. Mais je ne puis aller avec M. Cavallari jusqu’à croire qu’elles continuèrent à l’être d’une manière permanente, même pendant et après le siège athénien. Il me semble évident que pendant ce siège elles ont dû être couvertes par une fortification commune, — le nouveau mur bâti par les Syracusains après l’arrivée de Nikias en Sicile. Les sentiments des Grecs relatifs à la convenance d’ensevelir les morts en dehors des murs de la ville, durent céder à la nécessité de se protéger contre un ennemi qui les assiégeait ; et cette nécessité se présenta à eux pour la première fois par la perspective d’un siège que ferait Athènes. S’étant familiarisés taie fois avec la protection d’un mur commun, s’étendant de la mer au port en travers de tout l’espace, et couvrant à la fois la ville intérieure et l’extérieure, ils ne furent pas disposés à l’abandonner plus tard. Nous pouvons ainsi établir que quand Nikias menaça Syracuse pour la première fois, et que la première bataille fut livrée près de l’Olympieion (octobre 115 av. J.-C.), les deux villes dont se composait Syracuse étaient encore distinctes et fortifiées séparément. En admettant que Nikias débarquât dans le Grand Port, et remportât une victoire le rendant maître du terrain, il devait être en état d’occuper l’espace ouvert entre elles, couper toute communication entre elles, et les bloquer toutes deux avec relativement peu de peine ; soit séparément par des murs distincts, — soit conjointement par un seul mur de blocus courant eu travers d’une mer à l’autre à l’ouest du mur d’Achradina, mais à l’est du Temenitês. Aussitôt que Nikias retourna à ses quartiers d’hiver à Katane, les Syracusains s’occupèrent à se mettre en garde contre ce danger. Ils construisirent pendant l’hiver un mur extérieur pour les protéger le long de tout l’espace faisant face à Epipolæ, comprenant le Temenitês, afin d’empêcher l’ennemi de mener son mur de circonvallation en travers d’un espace plus petit que celui qui était et fermé ainsi (VI, 75). Il me semble que ce mur ainsi décrit commençait probablement à la dernière ouverture de Santa-Bonagia, allait, dans une direction un peu sud-ouest, jusqu’au côté extérieur d’Apollon Temenitês, et de là descendait au Grand Port, — de manière à former le mur extérieur couvrant les deux villes, et à augmenter considérablement les difficultés contre lesquelles les assiégeants auraient à lutter. J’ai marqué sur le plan annexé par les lettres G, H, I, ce que j’imagine avoir été la direction. Les commentateurs, en marquant où ils supposaient qu’avait été situé ce nouveau mur, me semblent n’avoir fait attention qu’à une partie de la phrase de Thucydide, et non à l’ensemble : ils conçoivent un mur avancé mené des fortifications de la ville précisément en vue d’enfermer le Temenitês, — mais ils ne remarquent pas les autres mots de l’historien, que le nouveau mur fut mené le long de tout le devant du côté d’Epipolæ, clans le dessein spécial de rendre un blocus étendu et difficile indispensable aux assiégeants. Le mur, comme je me suis permis de le tracer, se borne à rendre le sens complet de tous ces mots pris ensemble, de la manière dont le projet syracusain pouvait être le plus facilement accompli. Le nouveau mur, partant de l’ouverture de Santa-Bonagia, ne rejoignait pas réellement l’ancien mur, mais néanmoins il servait à la ville de protection nouvelle, avancée et défendable, assurant à la fois et la ville intérieure (Ortygia) et la ville extérieure (Achradina). Probablement, à cette époque, les Syracusains redoutaient plus une seconde attaque du côté du Grand Port, puisque c’était l’endroit où Nikias avait débarqué récemment ; et le nouveau mur construit alors était une importante défense de plus de ce côté. Ils commencèrent ensuite à songer à se défendre du côté d’Epipolæ. Toutefois, dans ce dernier dessein ils furent prévenus par les Athéniens, qui partirent de Katane à leur insu, débarquèrent leurs troupes près d’une ville ou d’un endroit du nom de Leôn, et gagnèrent par une marche forcée le sommet d’Epipolæ appelé Euryalos, — auquel ils arrivèrent par la plaine de Thapsos, le côté le plus éloigné de Syracuse. Le colonel Leake, et Kiepert dans sa carte, placent Leôn sur le rivage de la mer, au sud de la péninsule de Thapsos, et presque à mi-chemin entre ce point et Achradina, — immédiatement au pied de la pente raide qui monte directement de la mer à Euryalos : et Kiepert tire une ligne droite de Leôn (placé ainsi) à l’Euryalos, comme s’il supposait que l’armée athénienne grimpa tout droit. Mais cela est difficile à supposer ; car Thucydide dit que l’armée athénienne courut vers l’Euryalos (VI, 97) : et il ne semble pas possible que des hoplites aient couru droit en gravissant la côte de la falaise telle qu’elle existe et qu’elle est marquée sur la carte. Je suis d’accord avec le Dr Arnold, qui dit (ad Thucyd., VI, 97) que les mots de Thucydide n’impliquent pas nécessairement que la ville appelée Leôn fût sur la mer, ni ne donnent à entendre à quelle distance elle était de la mer. Il semble plus probable que Leôn, aussi bien que l’endroit où Nikias débarqua, était un lieu situé un peu plus au nord de la péninsule de Thapsus, et que les troupes athéniennes, y étant venues de Katane sur les vaisseaux, furent débarquées avant que la flotte arrivât à cette péninsule. Il y avait probablement une route régulière ou sentier de montagne, montant de la plaine de Thapsos et atteignant Euryalos par le côté septentrional d’Epipolæ, — route assez bonne, dans sa plus grande partie, pour que les Athéniens pussent y passer en courant. Cette montée, vu qu’elle était la plus éloignée de Syracuse, était celle qu’ils pouvaient le plus naturellement choisir pour en accomplir l’ascension à l’insu des Syracusains. La position du fort de Labdalon, construit par Nikias, a été différemment marquée par différents auteurs. Le colonel Leake le place (Notes on Syracuse, p. 53) plus haut que Mongibellisi, entre ce point et le Belvédère. J’incline à croire que c’est plus haut qu’il ne l’était réellement. Il traduit les mots de Thucydide, — έπ̕ ακροις τοϊς κρημνοίς τών Έπιπολών όρών πρός τά Μέγαρα, — sur les plus hauts rochers d’Epipolæ, en regardant vers Megara ; — mais il me semble qu’ils signifient plutôt : à l’extrémité des falaises d’Epipolæ, en regardant vers Megara. La position fixée par le colonel Leake parait éloignée d’une manière incommode des principales opérations de Nikias plus bas sur Epipolæ ; au plus, si le fort de Labdalon avait été placé là, il aurait gardé le sentier du Belvédère à Epipolæ, et aurait arrêté Gylippos dans sa marche par ce sentier pour se rendre à Syracuse, ce que nous verrons ci-après qu’il ne fit pas. Je pense que le fort de Labdalon a dû être sur le bord de la falaise un peu à l’est de Mongibellisi, et plus à l’ouest qu’il n’est dans le plan de Goeller : Voyez une note de Goeller, ad VI, 97, et le plan annexé à son Thucydide, — ainsi que les remarques de M. Stanley et du Dr Arnold, — dans le Thucydide d’Arnold, p. 267-269. Il se présente ensuite deux problèmes. 1° La position de Sykê. 2° Qu’est-ce que le Cercle athénien ? Les Athéniens, après avoir terminé Labdalon et y avoir mis garnison, descendirent à Sykê, s’y établirent, et fortifièrent le Cercle en toute hâte. Plus d’un écrivain considère Sykê comme une corruption ou prononciation locale de Tychê, désignant le hameau ou faubourg qui touchait à Achradina à son extrémité nord-ouest, justement à l’extrémité plus basse de la falaise septentrionale d’Epipolæ. Le colonel Leake et autres placent Sykê sur le côté opposé de la pente d’Epipolæ, près de la falaise méridionale. Mais la raison qu’il donne pour placer Sykê près de cette falaise n’est pas suffisante. Il fonde son opinion sur nue explication d’un passage de Thucydide (VI, 99), qui me semble moins exacte et moins convenable que celle qu’a adoptée le Dr Arnold, dent j’approuve entièrement la note sur ce passage. Je crois qu’il u’y a pas lieu ici d’identifier l’endroit appelé Sykê avec le faubourg syracusain, cornu plus tard sons le nom de Tychê, à cause du Temple de la Fortune, et je suis d’accord avec le Dr Arnold (p. 270) en plaçant Sykê sur le milieu de la pente d’Epipolæ, exactement au sud de Targetta, — ou du moins presque au sud de ce point. C’est aussi là que le place M. Firmin Didot dans le plan mis en tête du quatrième volume de sa traduction française de Thucydide. Je suis également tout à fuit d’accord avec le Dr Arnold et avec M. Firmin Didot, qui croient que l’expression le Cercle — ό κύκλος — signifie — non le mur entier de circonvallation projetée par les Athéniens, mais — une enceinte séparée entourée de murs, destinée à servir de point central d’où le mur devait être mené au nord vers Tragilos, et au sud, — d’abord à la falaise méridionale d’Epipolæ, et ensuite au grand fort. M. Didot défend cette opinion dans une note détaillée (ad Thucyd., VI, 98). Le Dr Arnold donne aussi quelques raisons qui (à mon avis) ne sont pas aussi fortes qu’elles auraient pu l’être. Il regarde un passage de Thucydide comme lui étant contraire, passage qui, proprement expliqué, est en sa faveur ; et en conséquence il propose un double sens pour le mot κύκλος, — signifiant parfois la circonvallation entière, — parfois l’enceinte centrale entourée de murs séparément. Je crois que ό κύκλος a toujours le dernier sens, et qu’on ne peut trouver dans Thucydide le double sens supposé par le Dr Arnold. Le second doute est an sujet du premier contre-mur construit par les Syracusains pour couper et barrer la ligne projetée de blocus. Goeller, M. Didot et M. Dunbar supposent que ce contre-mur — έγκάρσιον τείχος — fut mené en travers d’Epipolæ, au nord du Cercle athénien, ou κύκλος. D’autre part, le colonel Leake (p. 56), le D* Arnold et le Dr Thirlwall, supposent qu’il fut mené au sud du Cercle athénien, mais le long de la plate-forme de Neapolis, au pied d’Epipolæ, et non du tout sur Epipolæ même. V. les remarques du Dr Arnold, p. 270, 271 ; et les plans de Goeller, de M. Didot et du colonel Leake. La première de ces suppositions est tout à fait inadmissible. Si on l’adoptait, le contre-mur aurait été mené exactement en travers du lieu où les Athéniens travaillaient alors réellement, et il en serait immédiatement résulté une bataille, chose surtout que ne désiraient pas les Syracusains. La grande raison qui semble avoir engagé Goeller et autres à adopter cette supposition, c’est une théorie au sujet du troisième ou dernier contre-mur — έγκάρσιον τείχος — construit par les Syracusains et sa jonction supposée avec le premier. Je montrerai ci-après que cette théorie que je viens de mentionner est erronée, quand j’arriverai à expliquer le troisième ou dernier contre-mur. La seconde supposition, qui représente ce premier contre-leur comme ayant été mené le long de la plate-forme de Neapolis, n’a pas contre elle d’argument positif aussi fort. Cependant elle me parait moins probable que celle que j’ai donnée dons le texte, et dans laquelle je décris ce contre-mur comme s’étant étendu et remontant le long de la pente d’Epipolæ, au sud du Cercle athénien, depuis un point du mur de la ville en bas, jusqu’au bord ou crête de la colline méridionale eu haut. Relativement à la nature et au projet et d’un contre-mur bâti par des personnes assiégées telles que les Syracusains, — il y a un point que les commentateurs sont disposés à oublier. Pour répondre au dessein que se proposent les assiégés, un tel contre-mur doit non seulement traverser la ligne de blocus projetée de l’ennemi, mais il doit avoir quelque chose pour appuyer ses deux extrémités. Il part naturellement du mur de la ville : conséquemment une de ses extrémités est parfaitement bien appuyée ; mais si l’autre extrémité ou la plus éloignée ne l’est pas également, les assiégeants pourront la tourner et passer derrière le mur sans prendre la peine de l’attaquer de front. Les assiégeants sont naturellement les plus forts en rase campagne, — autrement ils ne seraient pas amenés à construire un mur de circonvallation. Quel avantage gagneraient donc les assiégés à mener un contre-mur à travers la ligue de blocus qui les cerne, — si l’extrémité la plus éloignée de leur contre-mur ne reposait que sur un espace ouvert, de sorte que les assiégeants n’auraient qu’à marcher le long de son front et à passer par derrière ? Il est assez évident que le contre-mur construit alors par les Syracusains ne pouvait être tourné ainsi : autrement les Athéniens n’auraient pas couru le danger — ni pris la peine de l’attaquer de front. Il a dû conséquemment avoir quelque chose sur lequel s’appuyait son extrémité la plus éloignée. Or, dans la direction que, selon moi, il a prise, cette condition est remplie. La falaise méridionale escarpée formait son extrémité la plus éloignée, et empêchait les Athéniens de le tourner de sorte qu’ils furent obligés de l’attaquer de front, attaque dans laquelle ils eurent assez d’habileté et de bonheur pour réussir. Ce qui confirme encore plus mon idée, à savoir que la colline méridionale escarpée formait sur le flanc l’appui de ce premier contre-mur, c’est que les Athéniens, immédiatement après leur victoire, prirent possession de la falaise méridionale et la fortifièrent, pour empêcher que jamais les Syracusains s’en servissent de nouveau dans le même dessein : VI, 101, 1. Or, si nous adoptons la supposition du Dr Arnold et d’autres, à savoir que ce contre-mur courait le long de la plate-forme de Neapolis, sur quoi devons-nous Supposer que s’appuyât son extrémité la plus éloignée, ou qu’y avait-il pour empêcher les Athéniens de le tourner et de passer par derrière ? S’il leur avait été possible de le tourner, ils ne l’auraient pas attaqué de front. Dans la supposition que j’examine actuellement, on ne peut faire à cette question aucune réponse satisfaisante. Le colonel Leake et le Dr Arnold supposent que les Athéniens descendirent les ouvertures de la falaise méridionale d’Epipolæ, afin d’attaquer ce contre-mur qui était sur la plate-forme plus basse. Mais dans la description que Thucydide fait de l’attaque, il n’y a rien qui indique une telle descente de la part des assaillants ; rien du tout qui ressemble à ce qu’il dit en décrivant l’attaque dirigée sur le second contre ouvrage syracusain, ou il mentionne expressément les Athéniens comme descendant d’Epipolæ jusqu’au terrain uni (VI, 101), etc. Le colonel Leake (p. 56) fonde un argument sur les mots de Thucydide προκαταλαμβάνοντες τάς έφόδους, qui, selon lui, veulent dire les deux ou trois προσβάσεις ou les ouvertures praticables dans la falaise pour descendre. Mais j’ai déjà fait remarquer dans ma note que τάς έφόδους me semble signifier les attaques de l’ennemi, — et non les routes par lesquelles il pouvait attaquer. En outre, si l’attaque était faite comme on le suppose, — par les Athéniens venant de la falaise, contre le contre-mur syracusain courant le long du terrain plus bas, — cela impliquerait que les Athéniens possédaient ou occupaient antérieurement le bord méridional ou crête de la falaise ; tandis que Thucydide, dans son chapitre suivant, nous dit qu’ils n’y allèrent que plus tard, en venant du Cercle (VI, 101, 1). Les mots ύποτειχίζειν — κάτωθεν τοΰ κύκλου τών Άθηναίων — (VI, 100) n’impliquent pas nécessairement que ce nouveau contre-mur courût le long d’une plate-forme sur un niveau plais bas qu’Epipolæ. Ils impliquent seulement qu’il commençait à un point plus bas sur la rampe et en atteignait un plus haut ; la première moitié de sa course étant sur un niveau plus bas que le Cercle athénien. J’ajouterai que Thucydide, dans sa description, ne marque aucune connaissance de ce niveau intermédiaire, dont les commentateurs parlent, de la plate-forme de Neapolis. Il mentionne seulement la falaise en haut et le marais en bas. Relativement au second contre ouvrage des Syracusains, — la palissade et le fossé creusé en travers du marais, — il n’y a pas de difficulté considérable, si ce n’est qu’aucun des commentateurs ne nous dit sur quel appui reposait son extrémité la plus éloignée, ni ce qui l’empêchait d’être tourné. Que cela fût impossible, nous le savons, puisque les Athéniens l’attaquèrent de front ; et c’est pourquoi j’ai décrit la palissade et le fossé comme arrivant jusqu’au fleuve Anapos, qui empêchait les Athéniens de le tourner. Comme confirmation de cette idée, nous pouvons voir que Thucydide — décrivant la bataille qui s’ensuivit quand les Athéniens attaquèrent la palissade de front et lui donnèrent l’assaut — nous dit que les Syracusains défaits sur le flanc gauche prirent la fuite et se sauvèrent le long des rives de l’Anapos (VI, 101). Cela implique qu’ils étaient déjà postés tout près des rives du fleuve, et conséquemment que le contre ouvrage a dû aller jusqu’au fleuve. Après leur défaite, les Syracusains ne firent plus de nouvelle tentative pour construire de contre ouvrages. Les Athéniens poursuivirent leur double mur à travers le marais depuis Epipolæ jusqu’au Grand Port. Lorsque Gylippos arriva, ce mur était presque terminé, excepté une petite partie près du Port, qui fut achevée bientôt après. En outre, la partie méridionale du mur de blocus sur le terrain élevé d’Epipolæ fut exécutée aussi : de sorte que le mur athénien de circonvallation depuis le Cercle (sur le centre de la pente d’Epipolæ) au sud jusqu’au Grand Port, était complet. Mais la portion d’Epipolæ au nord du Cercle athénien n’était pas garnie de murs en travers, bien qu’il y eût eu quelques progrès faits de ce côté, et que des pierres eussent été placées le long de la plus grande partie de la ligne. C’est par cette route que Gylippos et son armée entrèrent dans Syracuse. Nous avons maintenant à suivre les opérations de Gylippos, — en particulier par rapport à son troisième contre-mur final, au sujet duquel il y a bien des points à éclaircir. Après qu’il eut regagné la supériorité en rase campagne, — au moins en apparence, en ce qu’il offrit aux Athéniens le combat qu’ils refusèrent d’accepter — et après qu’il eut surpris le fort de Labdalon et qu’il s’en fut emparé, — il commença la construction d’un nouveau contre-mur ou έγκάρσιον τεϊχος. Il construisit un mur simple à partir de la ville, traversant Epipolw et coupant la ligne de blocus (qui n’était pas encore complétée) au nord du Cercle athénien (VII, 4). Je suis d’accord- avec le docteur Arnold, le colonel Leake, et avec d’autres, pour expliquer πρός τό έγκάρσιον ici comme équivalent lui-même à un adjectif ou à un adverbe. D’autres expliquent la passage comme si τεϊχος était sous-entendu une seconde fois, et comme s’il était question de deux murs — άνω πρός τό έγκάρσιον τεϊχος, τεϊχος άπλοϋν, admettant ainsi que deux murs sont indiqués : — l’un, un έγκάρσιον τεϊχος existant déjà ; — l’autre, un τεϊχος άπλοΰν près d’être construit pour 10 rencontrer. Grammaticalement parlant, cette explication est au"moins forcée ; mais ceux qui l’adoptent ne sont pas en état d’expliquer ce que signifie cet έγκάρσιον τεϊχος qu’on admet comme préexistant. Didot et Goeller pensent que c’était le premier contre ouvrage construit parles Syracusains ; mais il y a contre cette opinion deux objections fatales : — d’abord, que les Athéniens avaient détruit ce contre ouvrage après leur victoire (VI, 100), — ensuite qu’il passait au sud et non au nord du Centre athénien, et que par conséquent jamais il n’aurait rejoint ce troisième contre ouvrage alors projeté. Gylippos poursuivit la construction de son nouveau contre-mur, et après avoir remporté une victoire sur Nikias, il réussit à le mener à travers la ligne athénienne de blocus entre le Cercle et Trogilos ; il employa en partis les mêmes pierres que les Athéniens avaient déposées sur cette ligne de leur propre mur projeté (VII, 6, 7). Il mena ce nouveau mur au delà de cette ligne athénienne jusqu’à la falaise septentrionale d’Epipolæ, qui servit d’appui par le flanc, et empêcha son nouveau mur d’être tourné. Après cette importante démarche, l’achèvement de la ligne projetée de blocus devenait impossible, à moins que les Athéniens : ne pussent attaquer son nouveau mur de front et le prendre _d’assaut : pour cela leurs forces actuelles étaient insuffisantes. Même une victoire en rase campagne gagnée alors par les Athéniens n’aurait pas suffi pour le succès du siège. Cf. VII, 6, et VII, 11. Ώστε μή εϊναι έπι περιτειχίσαι αύτούς, ήν μή τις τό παρατείχιομα τοΰτο πολλή στρατιά έπελθών έλη, — ce qui est l’expression de Nikias dans sa lettre aux Athéniens, et est un peu plus précis que l’expression de Thucydide lui-même, — έκείνους δέ (les Athéniens) καί παντάπασιν άπεστερηκέναι, εί καί κρατοϊεν, μή άν έτι σφάς άποτειχίσαι, — où nous devons expliquer κρατοϊεν comme faisant allusion simplement à une victoire gagnée en plaine, — en tant que distinguée d’une supériorité assez marquée pour permettre aux Athéniens de donner l’assaut au contre-mur. Mais les plans défensifs de Gylippos n’étaient pas encore complétés. Il savait que l’armée athénienne pouvait être considérablement renforcée, comme dans le fait elle le fut considérablement plus tard ; et comme il venait de recevoir un renfort de douze trirèmes corinthiennes, il les employa à aider à compléter le reste de son projet de fortifications jusqu’au (nouveau) contre-mur. Voici les mots de Thucydide : — Μετά δέ τοΰτο αϊ τε τών Κορινθίων νήες καί Άμπρακιωτών καί Λευκαδίων έσέπλευσαν αί ύπόλοιποι δώδεκα, λαθοΰσαι τήν τών Άθηναίων φυλακήν, καί ξυνετείχισαν τό λοιπόν τοϊς Συρακοσίοις μέχρι τοΰ έγκαρσίου τείχους (VII, 7). Ce passage a grandement embarrassé les commentateurs. On a proposé bien des interprétations différentes, dont aucune ne me semble satisfaisante. Et le docteur Arnold, après avoir rejeté diverses explications proposées par d’autres, et essayé vainement de l’élucider d’une manière qui le convainque lui-même, le déclare au moins inintelligible, sinon corrompu (Arnold, p. 274, 275). Le colonel Leake explique le passage en disant : — Le mur transversal syracusain fut alors réuni à l’enceinte du Temenitês, et étendit ainsi largement les dimensions de cet ouvrage extérieur d’Achradina (Notes on Syracuse, p. 67). Et le Dr Arnold (p. 275) incline à la même supposition. Plais, en premier lieu, il est difficile de dire ce que les Syracusains gagnaient en menant au dehors un mur de plus, de la manière décrite ici, qui ne leur donnait pas de sécurité nouvelle ; outre que le colonel Leake (dans son plan) représente le troisième contre ouvrage syracusain comme s’il s’élevait droit en montant la pente d’Epipolæ, ce qui n’est guère compatible avec les mots de Thucydide, διά τών Έπιπολών. De plus, Nikias, dans sa lettre écrite plus tard aux Athéniens, décrit le nouveau contre-mur par lequel Gylippos avait fait échouer son plan de blocus comme étant encore, même en octobre, et après que Gylippos avait tout fait pour l’améliorer, un mur seul ou simple (VII, 11). On ne peut soutenir que cette description s’applique au contre-mur tel qu’il est tracé dans le plan du colonel Leake. Il me semble que les mots de Thucydide — ξυνετείχισαν τό λοιπόν τοϊς Συρακοσίοις μέχρι τοΰ έγκαρσίου τείχους, — admettent une explication différente, qui, comme on le verra, est compatible avec toutes les circonstances existantes, et explique à la fois toutes celles qui suivent. Pour trouver ce que signifie τό λοιπόν, — ce reste que les Syracusains fortifièrent ainsi avec l’aide des Corinthiens et d’autres, — nous n’avons qu’à comparer les fortifications telles qu’elles étaient quand Gylippos entra dans Syracuse, avec les fortifications telles qu’elles étaient quelques mois après, quand Demosthenês et son second armement arrivèrent d’Athènes. Or, on mentionne comme existant à cette dernière période trois constructions distinctes, qui n’avaient pas existé il la première. 1° Un fort — τείχισμα (VII, 43, 3) — sur le terrain plus élevé d’Epipolæ, gardant l’accès d’Epipolæ par l’Euryalos. 2° Un mur transversal — παρατείχισμα VII, 42, 4 ; 43, 1-5) — qui rejoignait ce fret à une extrémité, et était mené en descendant sur la pente d’Epipolæ jusqu’à ce qu’il rejoignit le contre-mur ou έγκάρσιον τεϊχος. 3° Trois forts campements — προτειχίσματα — placés à différents points sur la pente d’Epipolæ, le long de ce mur transversal et sur son côté septentrional, c’est-à-dire derrière lui, par rapport au camp athénien. Ces campements étaient nécessaires pour loger ceux qui devaient défendre le mur transversal, aussi bien que secourir le fort (numéro 1) en cas qu’il fait attaqué par un l’ennemi venant de l’Euryalos. Car le mur transversal était seul (ou simple), et conséquemment n’avait pas de logement présent, si ce n’est pour un petit nombre de sentinelles nécessaires. Ces trois ouvrages se trouvent tous distinctement spécifiés par Thucydide, quand il décrit les opérations subséquentes de Demosthenês. Aucun d’eux n’existait encore quand Gylippos entra dans Syracuse ; la position supérieure d’Epipolæ était alors inoccupée, si ce n’est par le fort athénien de Labdalon. C’est ici donc que nous avons le reste que les Syracusains et les Corinthiens construisirent de concert, comme on le dit maintenant. Les mots μέχρι τοΰ έγκαρσίου τείχους ont ici un sens clair et instructif. D’abord les Syracusains construisirent le fort supérieur pour défendre l’accès d’Epipolæ par Euryalos ; ensuite ils menèrent le mur transversal ou παρατείχισμα continûment depuis le fort jusqu’à ce qu’il rejoignît le contre-mur ou έγκάρσιον τεϊχος qui avait déjà été étendu à travers la ligne athénienne de blocus. Le παρατείχισμα a et le έγκάρσιον τεϊχος, — le mur transversal et le contre-mur, furent faits ainsi pour former un seul mur continu, — non pas, il est vrai, dans la même ligne, car le premier faisait probablement un angle avec le second ; — cependant encore un seul mur continu, commençant au fort sur le terrain élevé d’Epipolæ, traversant la lime athénienne de blocus sur le côté septentrional de la pente et aboutissant au mur de Syracuse même. On en parle dans le fait comme d’un seul mur, et tous deux ensemble sont appelés le παρατείχισμα et le τείχος άπλοΰν (cf. XI, 11, 3 ; VII, 43, 1-5). Thucydide donne à entendre clairement que ce παρατείχισμα ou mur transversal rejoignait le fort supérieur sur le terrain élevé d’Epipolæ, quand il nous dit que les Athéniens sous Demosthenês, aussitôt qu’ils eurent réussi dans leur surprise nocturne dirigée sur le fort, se mirent en devoir d’abattre la partie adjacente du mur transversal avec ses créneaux (VII, 43, 5), C’est ici une des extrémités du mur transversal ou parateichisma ; et les mots actuellement en discussion — μέχρι τοΰ έγκαρσίου τείχους — nous apprennent ce qui arriva de l’autre extrémité. Le lecteur le verra marqué sur le plan annexé. Je sais qu’en interprétant les mots ainsi je m’éloigne de tous les commentateurs antérieurs ; mais j’ose affirmer que, si les mots sont très littéralement expliqués, il n’y a pas d’autre interprétation que l’on puisse rendre compatible avec le cours actuel des événements et leur marche subséquente. Gylippos avait mené son έγκάρσιον τείχος ou contre-mur en travers de la ligne projetée de circonvallation athénienne : Syracuse était en sûreté, tant que l’armée athénienne resterait sans renfort. Mais qu’arriverait-il si un renfort considérable venait d’Athènes, comme cela était très probable ? Dans cette supposition, Syracuse n’était pas en sûreté, puisque toute la position supérieure d’Epipolæ, en même temps que la route menant d’Euryalos à Epipolæ, restait inoccupée et sans défense. La première chose nécessaire était d’établir un fort qui défendît l’accès d’Epipolæ, par Euryalos, afin que ce point important ne pût être saisi par une nouvelle armée athénienne qui, si elle était maîtresse du terrain supérieur d’Epipolæ, bloquerait encore Syracuse, malgré l’insuccès récent de la ligne plus basse de blocus commencée par Nikias. Mais le fort placé sur le terrain supérieur d’Epipolæ ne pouvait jamais être conservé s’il n’était réuni par une ligne continue de défense à Syracuse elle-même. S’il ne l’avait pas été, Demosthenês avec son armée, supérieure en plaine, aurait quitté le camp athénien pour gravir la pente d’Epipolæ, aurait intercepté toute communication entre le fort supérieur et Syracuse, et aurait encore été en état d’accomplir le blocus effectif de cette dernière. Ce qui l’empêcha de le faire, ce fut le mur continu descendant la pente d’Epipolæ depuis le fort supérieur jusqu’à la ville en bas, qui divisait toute la pente d’Epipolæ en deux parties, confinant les Athéniens dans la moitié méridionale et les excluant de la partie la plus élevée. Si l’on ne reconnaît pas ce mur continu, on ne peut comprendre les opérations de Demosthenês, qui se trouva entièrement arrêté par lui, et qui après avoir essayé vainement de lui donner l’assaut et de le battre en brèche de front, n’eut aucune antre chose à faire que de le tourner par une marche de nuit sur l’Euryalos et l’attaquer le fort supérieur auquel le mur aboutissait. Au moyen de ce fort supérieur, gardant l’accès d’Epipolæ par Euryalos, — combiné avec le παρατείχισμα ou ligne continue de mur qui reliait le fort à la cille, — Gylippos donna pour la première fois à Syracuse un plan complet de défense ; plan qui fut poursuivi plus tard avec plus de travaux et de dépenses par le despote Denys, quand il construisit les lignes continues de murs le long de la falaise septentrionale et de la falaise méridionale d’Epipolæ, rencontrant son nouveau fort à Euryalos et y aboutissant, fort qui était comme le sommet du triangle dont le mur d’Achradina était la base. On ne peut pas faire d’objection à la phrase — ξυνετείχισαν τό λοιπόν τοΐς Συρακοσίοις μέχρι τοΰ έγκαρσίου τείχους — quand elle est expliquée suivant les suggestions données plus haut, — si ce n’est sa concision contrariante. Thucydide, qui a présent à l’esprit l’état complet de défense tel qu’il était quand Demosthenês arriva, présume malheureusement que le lecteur le connaît aussi ; et en conséquence il se contente de dire τό λοιπόν ou le reste, — qui, pour quiconque avait cette connaissance, présentait un sens clair. Le Dr Arnold dit — Τό λοιπόν est simplement obscur et suspect à mes yeux. Je ne puis m’empêcher de croire que le texte en cet endroit a subi quelque outrage, sinon que Thucydide a écrit d’une manière négligée et confuse (p. 275). Je suis le premier à reconnaître l’obscurité du passage, après avoir écrit une si longue note pour l’expliquer, et après avoir révoqué en doute les vites de tant d’autres commentateurs. Mais c’est une obscurité par malheur assez fréquente dans Thucydide, et provenant de cette extrême parcimonie de mots qu’il semble avoir considérée comme une qualité. Toutefois le passage s’explique bien, et il ne mérite nullement d’être appelé confus. Il n’y a pas non plus le plus petit motif à l’appui du soupçon que le docteur Arnold conçoit au sujet du texte. La phrase ξυνετείχισαν αί νήες, signifiant les hommes hors des vaisseaux, qu’il oppose comme n’étant pas la manière dont Thucydide écrit ordinairement (p. 275), peut être soutenus, eu égard à III, 121, où αί νήες se rencontre exactement avec la même signification. Siège de Syracuse avant l'arrivée de Gylippos [Agrandir l'image]
Syracuse, après les défenses additionnelles faites par Gylippos et avant l'arrivée de Demosthenês [Agrandir l'image] |