LE NOUVEAU TESTAMENT ET LES DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES MODERNES

 

LIVRE IV — LE NOUVEAU TESTAMENT DANS LES CATACOMBES ET SUR LES MONUMENTS FIGURÉS DES PREMIERS SIÈCLES DE NOTRE ÈRE

CHAPITRE VI. — RENSEIGNEMENTS ARCHÉOLOGIQUES FOURNIS PAR LES PEINTURES DES CATACOMBES.

 

 

Après avoir exposé les preuves que l’on peut tirer des peintures des catacombes en faveur de l’authenticité des Évangiles, il ne nous reste plus qu’à recueillir les données archéologiques qu’elles offrent à notre étude.

Les monuments chrétiens des premiers siècles nous apprennent de quelle manière on comprenait alors certains faits bibliques et quelle était, à leur sujet, la tradition régnante. Ils nous fournissent ainsi quelques renseignements archéologiques et exégétiques qui ne sont pas sans valeur. Leur quantité est d’ailleurs assez peu considérable, à cause du petit nombre de sujets traités par les peintres des catacombes. Nous ne signalerons que ce qui nous paraît le plus digne d’intérêt : dans l’Ancien Testament[1], la scène de la tentation d’Adam et d’Ève, le sacrifice d’Isaac, l’histoire de Jonas, les compagnons de Daniel refusant d’adorer la statue élevée par Nabuchodonosor ; dans le Nouveau Testament, les Mages, le tombeau de Lazare, les portraits de Notre-Seigneur, de la Sainte Vierge, de saint Joseph, de saint Pierre et de saint Paul.

 

ARTICLE Ier. — SCÈNES DE L’ANCIEN TESTAMENT SUR LESQUELLES LES PEINTURES DES CATACOMBES FOURNISSENT DES RENSEIGNEMENTS ARCHÉOLOGIQUES.

Les premiers chrétiens voyaient dans le serpent qui tenta Ève, non ce reptile lui-même, mais le démon qui était entré dans le corps du serpent. Une fresque du cimetière de Sainte Agnès, publiée par M. Perret[2], nous le montre avec un buste humain que termine une queue de serpent. Il regarde d’un air plein de satisfaction maligne nos premiers parents, victimes de sa séduction.

Les innombrables scènes figurées de la tentation d’Adam et d’Ève montrent qu’il n’existait pas de tradition constante sur la nature de l’arbre qui portait le fruit défendu. Tantôt c’est un figuier[3], tantôt d’autres arbres dont la nature est difficile à déterminer[4].

Le sacrifice d’Isaac, qu’on rencontre souvent dans les monuments primitifs, est figuré de manières très diverses. Abraham et son fils ont des costumes et des attitudes différentes : quelquefois l’autel se compose de deux pierres debout et d’une troisième posée au-dessus en travers ; d’autres fois, il a la forme des autels profanes. On voit qu’il n’y avait non plus aucune tradition fixe et certaine pour cette représentation. Il en était de même pour celle de Moïse.

L’histoire de Jonas est au contraire toujours reproduite d’une manière uniforme.

C’est un des sujets les plus fréquemment représentés dans les catacombes et sur tous les monuments chrétiens de l’antiquité. Elle est divisée en quatre scènes. Jonas jeté à la mer et englouti par le poisson ; Jonas rejeté par le poisson ; Jonas assis sous un arbrisseau verdoyant ; Jonas reposant tristement sans aucun abri, ou bien sous l’arbrisseau desséché par les rayons brûlants du soleil. Le prophète est représenté nu dans toutes ces scènes. Le vaisseau qui l’emporte de Joppé n’a pas une forme consacrée ; cette forme varie selon les monuments ; mais le monstre marin et l’arbrisseau sont toujours les mêmes.

Le poisson qui est l’instrument de la vengeance divine et sur lequel on a tant discuté[5], est figuré avec un corps de grande dimension, replis comme un serpent ou un dragon dans la partie postérieure ; il a une tête énorme, un cou long et étroit ; de larges oreilles et deux pieds par devant[6]. Un pareil poisson n’a sans doute jamais vécu dans aucune mer, mais il a du moins l’avantage de prouver que, contrairement à la croyance vulgaire de nos jours, les premiers chrétiens ne croyaient pas que le poisson qui avait englouti Jonas fût une baleine. Le texte hébreu du prophète ne nomme pas le poisson ; il se contente de dire dâg gâdôl[7], piscem grandem, grand poisson ; saint Matthieu[8] l’appelle cetus. C’est ce mot du premier Évangile qui a porté les artistes chrétiens à figurer, comme ils l’ont fait, le dâg gâdôl. Le celas était chez les anciens le nom d’une constellation, et l’on représentait cette constellation exactement de la même manière que le poisson de Jonas dans les catacombes, comme on peut le voir sur un globe céleste antique conservé au Musée de Naples[9]. Ce monstre marin est également représenté dans l’arc de Titus, sur le pied du candélabre à sept branches du Temple de Jérusalem[10]. Cette circonstance put n’être pas étrangère à l’adoption de ce type dans les catacombes.

L’arbrisseau sous lequel se trouve Jonas est toujours la cucurbita ou citrouille. Les catacombes nous fournissent ainsi une preuve curieuse que l’Église se servait alors de la version Italique des Saintes Écritures. On sait que saint Jérôme, dans sa traduction du prophète Jonas, rend par le mot lierre le mot hébreu qiquion, qui désigne l’arbuste — probablement le ricin[11] — sous lequel le prophète, après sa prédication à Ninive, attendait l’accomplissement de ses menaces. Dans les nombreuses représentations de Jonas que nous offrent les premiers cimetières chrétiens, il est invariablement étendu sous une plante cucurbitacée, disposée en forme de berceau. C’est que l’ancienne version latine, connue sous le nom d’Italique, portait en effet cucurbita, au lieu de hedera (lierre).

Ce changement fut un de ceux qu’on reprocha le plus à saint Jérôme. Écrivons, disait Rufin dans ses Invectives contre saint Jérôme, en faisant allusion aux peintures des catacombes, écrivons même, sur les tombeaux des anciens, afin que ceux qui avaient lu autrement ce [passage du prophète] le sachent aussi : Jonas n’eut pas l’ombre d’une citrouille, mais d’un lierre[12]. Saint Augustin lui-même[13] blâma d’abord le traducteur de cette innovation, qui devait surprendre et qui avait surpris les fidèles, si accoutumés à voir la cucurbita. La fréquence de la représentation de la cucurbite dans les catacombes et sur les monuments funéraires nous explique l’émotion produite par la substitution du mot hedera ou lierre dans la prophétie de Jonas.

Si nous passons du livre de Jonas au livre de Daniel, nous trouverons dans les catacombes une représentation intéressante d’un épisode fort connu. Les interprètes ne s’entendent pas entre eux sur la question de savoir si la statue d’or que Nabuchodonosor voulut faire adorer aux trois compagnons de Daniel était simplement un buste placé au-dessus d’une colonne ou bien une statue gigantesque. Beaucoup de commentateurs modernes se rangent à la première opinion, à cause des dimensions de cette œuvre colossale, qui avait soixante coudées de hauteur et six de largeur[14]. Les artistes chrétiens avaient ainsi compris le texte de Daniel. Dans un arcosolium du cubiculum de Sainte Cécile, on voit, entre autres sujets, Nabuchodonosor voulant contraindre un jeune Hébreu à adorer la statue. Celle-ci consiste en un simple buste, placé sur une colonne d’une hauteur quatre à cinq fois plus grande que le buste lui-même[15]. Le buste paraît représenter le roi Nabuchodonosor, non une idole, car il ressemble au roi debout à côté de lui[16].

Les trois Jeunes Hébreux, qui refusent de trahir leur religion à Babylone, ont quelquefois pour pendant les trois Mages qui adorent le Messie nouveau-né à Bethléem. Nous allons nous occuper maintenant de ces derniers personnages et des autres scènes du Nouveau Testament sur lesquelles les peintures des catacombes nous fournissent quelques renseignements archéologiques.

 

ARTICLE II. — SCÈNES DU NOUVEAU TESTAMENT SUR LESQUELLES LES PEINTURES DES CATACOMBES FOURNISSENT DES RENSEIGNEMENTS ARCHÉOLOGIQUES.

La tradition artistique concernant les Mages n’était pas rigoureusement fixée sur certains points de détail, mais elle l’était sur d’autres, au sujet desquels les monuments figurés ne varient jamais. Le nombre des Mages est quelquefois de quatre, quelquefois de deux, le plus souvent de trois. S’il y a sous ce rapport des différences, qui tiennent sans doute à des raisons de symétrie, sous d’autres rapports l’uniformité règne dans tous les monuments. Par exemple, ils sont représentés comme étant de même rave, et non comme appartenant à trois races distinctes, ainsi qu’on les figure sur un grand nombre de tableaux plus récents.

Ce ne sont pas des rois, ainsi qu’on l’a souvent répété depuis, mais simplement de grands personnages. D’ordinaire ils sont coiffés du bonnet phrygien, de même que les trois Hébreux dans la fournaise[17]. Ils portent une tunique sur laquelle flotte quelquefois un manteau rejeté en arrière ; les reins sont ceints ; les jambes, nues ou recouvertes d’une sorte de pantalon collant. C’est là le costume des Perses, ce qui nous montre que la primitive Église croyait les Mages originaires de la Perse ou des pays limitrophes[18]. Cette croyance a une grande valeur, puisque les premiers artistes chrétiens étaient très rapprochés des événements dont ils perpétuaient le souvenir.

Les autres scènes reproduites dans les catacombes ne nous fournissent aucune lumière particulière pour l’interprétation archéologique du texte sacré, à part la résurrection de Lazare[19].

Les nombreuses représentations de ce miracle sont le commentaire du récit de saint Jean. Le mort est enveloppé de bandelettes à la manière égyptienne[20]. Il ressemble d’une manière si frappante à une momie que, lorsqu’on trouva, il y a quelques années, dans les catacombes, des statuettes représentant Lazare avec ses institæ, on crut d’abord que c’étaient des idoles égyptiennes[21]. Quelquefois le ressuscité est déjà à demi débarrassé de ses bandelettes. Elles sont, en général, de couleur blanche, comme en Égypte. Lazare est ordinairement debout. Sa tête est entourée d’un linge de telle façon que le visage reste découvert. Il est petit comme un enfant. Notre-Seigneur le rappelle à la vie, tantôt, et c’est le plus sauvent, en le touchant avec une verge, signe de puissance, tantôt en étendant simplement vers lui sa main droite. Cette verge est sans doute un pur symbole, emprunté à l’histoire de Moïse, produisant ses miracles en Égypte avec son bâton ; il ne faut y chercher aucune intention historique.

Le tombeau est apparemment reproduit, non seulement d’après le récit évangélique, mais aussi d’après les usages connus des Juifs. C’est une grotte taillée dans le roc[22], à laquelle on monte par quelques marches ou par une rampe. Il est parfois orné, parfois sans ornements[23].

Le tombeau de Lazare, tel qu’on le montre aujourd’hui, est une cavité taillée dans le roc, revêtue en partie de maçonnerie : on y descend par six degrés ; il était recouvert par une pierre placée horizontalement, qui en fermait l’entrée ce qui s’accorde parfaitement avec les paroles de l’Évangile : C’était une grotte et une pierre était placée dessus[24]. Quoiqu’il diffère de la forme ordinaire des sépulcres anciens, entre autres du Saint-Sépulcre, il ressemble cependant à quelques tombeaux qu’on trouve encore aujourd’hui, et où l’on ne mettait pas les morts dans des niches séparées, mais dans une grotte unique qui pouvait renfermer plusieurs corps[25].

On voit que la tradition de la Palestine n’est pas pleinement d’accord avec les monuments des catacombes sur la forme du tombeau de Lazare ; mais la peinture, pour présenter le miracle aux yeux, devait modifier les détails, car elle ne pouvait faire voir le mort au fond d’un caveau.

En dehors des points que nous venons de signaler, les catacombes ne nous donnent plus que des renseignements iconographiques sur Notre-Seigneur, la Sainte Vierge et les Apôtres.

Les Évangiles ne nous tracent nulle part le portrait de Notre-Seigneur. Les peintures des catacombes suppléent, mais imparfaitement à leur silence. Au premier siècle l’horreur de tout ce qui pouvait avoir la moindre apparence d’idolâtrie, dans des contrées où l’on faisait un si révoltant abus des images des dieux, empêcha les chrétiens de fixer par la peinture les traits sacrés de notre Rédempteur. Dès le second siècle, on disputa sur la beauté ou la laideur de son visage[26]. On peut conclure de ce que dit saint Irénée que tout le monde ignorait ce qu’il en était[27].

Cependant, dès le même second siècle, il s’introduisit une sorte de type traditionnel de Jésus-Christ. Nous en trouvons la source, ou du moins le premier exemple connu, dans une chapelle de la catacombe de Sainte Domitille[28]. Le Sauveur des hommes y est représenté en buste, à la manière des anciennes imagines clypeatæ des Romains ; il s’y montre avec le visage de forme ovale, légèrement allongée, la physionomie grave, douce et mélancolique, la barbe courte et rare, terminée en pointe, les cheveux séparés au milieu du front et retombant sur les deux épaules en deux longues masses bouclées[29]. Nous reproduisons ce monument précieux de l’art antique dans la Figure 45. C’est le type qui a inspiré Léonard de Vinci, Raphaël, Annibal Carrache. On le trouve pendant toute la période byzantine et dans les anciennes mosaïques de Rome et de Ravenne ; il se conserva pendant tout le moyen âge et passa ainsi aux premiers maîtres de la Renaissance[30].

Une autre représentation antique de Notre-Seigneur mérite seule d’être mentionnée à côté de celle dont nous venons de parler. C’est celle d’un sarcophage du IVe siècle, conservé au Musée chrétien de Latran[31]. Jésus-Christ est figuré guérissant l’hémorrhoïsse, mais il n’est pas, comme sur les autres monuments du même genre, jeune et imberbe ; il a plusieurs points de ressemblance avec le Christ de la catacombe de Sainte Domitille, et le groupe du bas-relief rappelle la description que nous a laissée Eusèbe[32] de la statue du Sauveur élevée, d’après son récit, par l’hémorrhoïsse reconnaissante, à Panéas ou Césarée de Philippe. [Le monument] est placé sur un haut piédestal, dit-il, devant la porte de la maison de cette femme ; une statue d’airain la représente à genoux, les mains tendues en avant, dans l’attitude d’une suppliante ; vis-à-vis d’elle est un homme debout, de même matière ; il est drapé dans un manteau gracieusement jeté autour de lui et tend sa main vers la femme... On dit que cette statue représente le portrait de Jésus. Elle s’est conservée jusqu’à nous. Le bas-relief du sarcophage ressemble d’une manière si frappante à la description d’Eusèbe, qu’on ne peut s’empêcher de croire que le sculpteur romain a reproduit l’original oriental.

La Très Sainte Vierge est représentée dans le cimetière de Sainte Priscille[33], de Saint Callixte[34], etc. Nous avons d’elle environ cinquante représentations antiques[35].

La peinture de Sainte Priscille est de l’époque la plus ancienne, du commencement au moins du IIe siècle[36]. Malheureusement les types de la Mère de Dieu reproduits par les artistes primitifs ne se ressemblent point entre eux, de sorte qu’ils ne peuvent nous servir à reconstituer le véritable portrait de Marie[37] et que nous sommes réduits à répéter le mot de saint Augustin : Neque enim novimus faciem Virginis Mariæ[38]. Nous ne connaissons point le portrait de la Vierge Marie.

La tradition des catacombes représente saint Joseph, dans les scènes évangéliques où il joue un rôle, comme la Nativité et la fuite en Égypte ; il n’apparaît jamais isolément. A partir du Ve siècle, sous l’influence sans doute des Évangiles apocryphes, on le figure sous les traits d’un homme mûr ou d’un vieillard ; mais dans les monuments des quatre premiers siècles, il est jeune et sans barbe. On ne saurait attacher à aucune de ces représentations une valeur historique.

Nous sommes plus favorisés pour saint Pierre et pour saint Paul, les deux seuls personnages du Nouveau Testament dont les catacombes nous fassent connaître le véritable portrait. D’après les juges les plus compétents, les peintures antiques, un célèbre médaillon de bronze du IIe ou IIIe siècle[39] et les verres dorés nous donnent les traits véritables des princes des Apôtres. Voici, d’après la comparaison de ces divers monuments, leur type traditionnel : Saint Pierre a la taille droite et haute, la tête et le menton fournis d’un poil épais et crépu, mais court, le visage rond et les traits un peu vulgaires, les sourcils arqués, le nez long et aplati à l’extrémité. Saint Paul, au contraire, est d’une stature basse et un peu courbée ; il a le front dénudé, la barbe longue et droite, le visage ovale, les sourcils bas, le nez droit et allongé ; dans tous les traits, ainsi que dans le teint, quelque chose de délicat qui caractérise ordinairement les gens d’une certaine condition[40], surtout quand ils sont d’une complexion peu robuste, comme saint Paul nous l’apprend de lui-même : Prisetttia corporis infirma[41]. Les Ménées des Grecs donnent un portrait à peu près identique, à cette seule différence près qu’ils attribuent la calvitie à saint Pierre comme à saint Paul... Il faut observer aussi que saint Paul est quelquefois représenté avec le front garni de cheveux. Ces derniers portraits sembleraient supposer qu’il y avait dans l’antiquité deux types de cet Apôtre, l’un exécuté au début de son apostolat, époque où il était encore assez jeune, et l’autre plus tard... Les portraits des deux Apôtres se trouvent à profusion sur les vases de verre à fond doré[42], qui, comme on sait, remontent en partie au temps des persécutions[43].

46. — Saint Pierre et saint Paul. Fond de verre chrétien.

Un de ces vases de verre représente la Sainte Vierge entre saint Pierre et saint Paul[44]. Les trois personnages sont désignés par les mots : MARIA, PETRUS, PAULUS. Dans le champ sont deux volumes, symboles de la loi divine, sans doute l’Ancien et le Nouveau Testament. L’artiste chrétien les a placés à côté des deux princes des Apôtres pour nous rappeler qu’ils ont été les hérauts, les interprètes et les gardiens de la parole de Dieu. Les disciples de Jésus-Christ prêchèrent la bonne nouvelle aux Romains ; ils leur firent connaître quels étaient les livres inspirés ; ils leur montrèrent comment l’Ancien Testament n’était que la préparation du Nouveau. Les peintres des catacombes se servirent de leurs pinceaux et de leurs couleurs pour rendre sensibles ces vérités eaux yeux des fidèles ; ils nous ont appris ainsi à nous-mêmes qu’ils vénéraient la Bible comme l’œuvre de Dieu, qu’ils recevaient les livres que nous recevons, qu’ils interprétaient l’Écriture comme les Pères et les docteurs, qu’ils croyaient, en un mot, ce que nous croyons : c’est l’enseignement constant que nous donnent les peintures des catacombes, ces monuments vénérables que nous a légués la piété de nos pères dans la foi. Ils confirment ainsi les traditions de l’Église catholique et les justifient contre les injustes attaques de l’hérésie et de l’incrédulité, de sorte que les découvertes archéologiques modernes rendent un éclatant hommage à nos Livres Saints et à la vérité que nous ont transmise les Papes et les Conciles.

 

 

 



[1] Voir plus haut, au sujet de ce que nous allons dire ici sur l’Ancien Testament.

[2] Perret, Catacombes de Rome, t. II, pl. 41.

[3] Perret, Catacombes de Rome, t. II, pl. 22.

[4] Voir les différents arbres dans R. Garrucci, Storia dell’arte, t. II, pl. 34, 5 ; 55, 2 ; 63 ; 64, 2 ; 96, 1. Cf. A. Breymann, Adam und Eva in der Kunst der christlichen Alterthums, in-8°, Wolfenbüttel, 1893.

[5] Jean L’heureux, Hagioglypta sine picturæ et sculpturæ sacræ antiquiores, p. 215-249, prétend que le poisson de Jonas représenté sur les monuments chrétiens est le πρίστης d’Aristote, le pistris des auteurs latins ; mais la forme du pistris ou scie n’est pas celle qu’on voit sur les monuments chrétiens.

[6] Voir Figure 32, au bas de la gravure.

[7] Jonas, II, 1.

[8] Matth., XII, 40.

[9] Jean L’heureux, Hagioglypta, p. 2t5 ; Real museo borbonico, 1829, t. V, pl. LII.

[10] Voir le chandelier à sept branches de l’arc de triomphe de Titus, reproduit dans La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. III, Figure 47, n° 1, n. 325.

[11] Voir les raisons dans le Manuel biblique, 9e édit., t. II, n° 1092, p. 814-815.

[12] Seribamus etiam in sepulcris veterum, ut sciant et ipsi qui hic (Jonas, IV) aliter legerant, quia Jonas non habuit umbram cucurbitæ, sed hederæ. Rufin, Invect., II, 35, t. XXI, col. 614. Cf. saint Jérôme, In Ezech., XL, 5-6, t. XXV, col. 375 ; Cont. Vigil., 9-12, t. XXIII, col. 347-349 ; In Jon., IV, 6, t. XXV, col. 1147. Saint Jérôme répète les mêmes choses dans sa lettre à saint Augustin, Epist. LXXV, VII, 22, t. XXII, col. 930, et t. XXXIII, col. 263.

[13] Saint Jérôme, Epist. CII ad Augustin., 22, t. XXII, col. 390. Cf. saint Augustin, Epist. LXXI, 15, t. XXXIII, col. 242-243.

[14] Daniel, III, 1. Environ 31 mètres 50 de hauteur et 3 mètres 15 de largeur.

[15] Bosio, Roma sotterranea, p. 279 ; Garrucci, Storia dell’arte cristiana, t. II, tav. 35, n° 2 ; texte, p. 41 ; Bottari, Sculture sagre, tav. LXXXII. — On voit une représentation semblable sur un sarcophage donné par G. Allegranza, Dissertazione IV sopra il gran sarcofago cristiano che esiste sotto il pulpito della Basilica di S. Ambrogio in Milano, dans ses Spiegazione e riflessioni sopra alcuni sacri Monumenti antichi di Milano, in-4°, Milan, 4737, IV, et p. 54 ; Bosio, Roma sotterranea, p. 63 ; et de Rossi, Bulletino di Archeologia cristiana, juillet et août 1866, p. 64.

[16] Voir cette représentation dans Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. V, Figure 152, p. 193. Voir aussi ibid., t. I, Figure 8, p. 234.

[17] Voir, Figure 44, les Mages offrant leurs présents. La Très Sainte Vierge, assise, tient sur ses genoux l’enfant Jésus. Garrucci, Storia dell’arte cristiana, pl. 55 (Cimitero dei SS. Marcellino e Pietro) ; Bottari, Sculture sagre, pl. CXXVI ; cf. CXXIV, Cubiculo XIV. Cf. J. Wilpert, Die Katakombengemälde und ihre alten Copien, in-fol., Fribourg-en-Brisgau, 1891, pl. XIII ; C. Noack, Die Geburt Christi in der bildenden Kunst, in-4°, Darmstadt, 1894.

[18] Cf. Fouard, La Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 20 édit., t. I, p. 81, 89.

[19] Joa., XI, 1-44.

[20] Voir Bosio, Roma sotterranea, p. 359, 383, 393 ; de Rossi, Roma sotterranea, t. II, tav. XXIV, et tous les recueils des monuments des catacombes. Dans la plus ancienne peinture connue, celle du Cimetière de Sainte Priscille, Lazare n’est pas enveloppé de bandelettes comme une momie ; L. Lefort, dans la Revue archéologique, septembre 1880, p. 160.

[21] Northcote et Brownlow, Roma sotterranea, t. II, p. 328. Cf. Joa., XI, 44. Les premiers chrétiens avaient une telle prédilection pour l’histoire de Lazare, qu’ils regardaient à bon droit comme un gage de leur résurrection future, ainsi que nous l’avons déjà remarqué, que lorsqu’ils ne pouvaient faire peindre ou sculpter ce sujet sur les tombeaux, ils attachaient à l’extérieur des statuettes de Lazare en métal ou en ivoire.

[22] Bosio, Roma sotterranea, p. 367.

[23] Voir dans les chapitres précédents, Figure 32, le médaillon à droite, et Figure 35, la scène à droite, au-dessous de l’arche de Noé et des orantes.

[24] Joa., XI, 38.

[25] Mislin, Les Saints Lieux, 2e édit., t. II, p. 483-484.

[26] Sur le débat que suscita entre les Pères grecs et les Pères latins la beauté ou la laideur de Jésus, voir Rio, L’art chrétien, Introd., 1874, t. I, p. 41-42 ; Landriot, Le Christ et la tradition, Paris, 1865, t, II, p. 214-221 ; cf. saint Jérôme, Epist. LXV ad Principiann Virginem, 8, t. XXII, col. 627 ; Suarez, De Incarna, q. 14, art. 4, disp. 32, t. XVIII, p. 173-174 ; Dictionnaire de la Bible, t. I, col. 1534.

[27] Saint Irénée, Contr. hær., I, 25, 6 ; III, 19, 2, t. VII, col. 685, 910-941.

[28] Voir Figure 45. Cf. Bosio, Roma sotterranea, p. 253 ; Bottari, Sculture e pitture sagre, t. II, pl. LXX ; Garrucci, Storia dell’arte cristiana, t. II, pl. 29, n° 5 (IIe siècle) ; Northcote et Brownlow, Roma sotterranea, t. II, p. 218 et 219. Le Musée d’Athènes possède le buste antique d’un Athénien qui, vu de face et de profil par un des côtés, représente d’une manière singulière le type reçu de Jésus-Christ.

[29] Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, p. 387. — On peut voir, sur les portraits de Notre-Seigneur, ce que disent Northcote et Brownlow, Roma sotterranea, t. n, p. 214, 215-225 ; Kügler, The Schools of painting in Italy, trad. Eastlake, 1851, t. I, p. 15-17 ; J. H. Friedlieb, Das Leben Jesu Christi, in-8°, Munster, 1887, p. 479 ; Frd. W. Farrar, The Life of Christ as represented in art, in-8° ; Londres, 1894 (les plus anciens portraits de Notre-Seigneur, au nombre de cinq, sont reproduits, p. 86-88). Cf. R. Lanciani, Pagan and Christian Rome, in-8°, Londres, 1892, p. 384. Voir aussi K. Pearson, Die Fronica, ein Beitrag zur Geschichte der Christusbilder in Mittelalter mit neunzehn Tafel, in-8°, Strasbourg, 1887.

[30] Nicéphore Callixte, moine et historien grec, mort vers 1350, trace dans les termes suivants le portrait de Notre-Seigneur, d’après la tradition byzantine : Voici, au témoignage des anciens et autant que l’imperfection du langage se prête à le reproduire, le portrait de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Sa figure était d’une exquise beauté et très expressive ; sa taille mesurait sept palmes. Sa chevelure était blonde, point très fournie et tendant quelque peu à friser. Les sourcils étaient noirs et d’une courbure peu sensible. Les yeux d’un fauve clair avaient une douceur infinie, en même temps que le regard pénétrant ; le nez était allongé, la barbe blonde et d’une longueur médiocre. Il portait au contraire les cheveux longs, car les ciseaux ne touchèrent jamais sa tête, non plus que la main d’aucune personne, si ce n’est celle de sa mère, quand il était enfant. Le cou était légèrement incliné, de façon qu’il n’y eût dans sa tenue rien de raide ni de hautain. Le visage n’était ni rond ni trop effilé, très ressemblant à celui de sa mère, un peu penché sur le devant. Le teint d’une rougeur modérée avait quelque chose qui rappelait la couleur des blés jaunissants. Sa physionomie respirait un mélange de gravité et de sagesse, de douceur et de bonté, sans aucune trace de violence. Pour résumer en un mot, il avait en toute chose une ressemblance frappante avec sa divine et très pure mère. Nicéphore, Hist. ecclés., I,40, t. CXLV. 748-749, trad. L. Gaillard, Le vrai portrait de Notre-Seigneur, dans les Études religieuses, août 1888, p. 536-537.

[31] Il est reproduit par M. de Grimouard de Saint-Laurent, Planche I du Guide de l’art chrétien, t. II, 1873, cf. p. 236 ; Northcote et Brownlow, Roma sotterranea, p. 221 ; cf. ibid., la note p. 361.

[32] Eusèbe, H. E., VII, 18, édit. Teubner, p. 315-316.

[33] Bottari, Sculture sagre, tav. 176. La Sainte Vierge porte l’enfant Jésus sur son sein ; une étoile brille au-dessus de sa tête ; Isaïe montre cette étoile. Voir Manuel biblique, 98 édit., t. II, n° 929, Figure 82, p. 637.

[34] Bottari, Sculture sagre, t. III, p. 218.

[35] V. Schulze, Archäologische Studien über altchristliche Monumente, VI, p. 176, 211-219.

[36] L. Lefort, dans la Revue archéologique, septembre 1880, p. 158.

[37] Northcote et Brownlow, Roma sotterranea, t. II, p. 224-225 ; Schultze, Archäologische Studien, p. 177.

[38] Saint Augustin, De Trinit., VIII, 5, 7, t. XLII, Col. 952. — Voir plus haut, Figure 44, une des représentations de la Sainte Vierge dans les catacombes. — Cf. J.-B. de Rossi, Immagini scelle della B. Pergine Maria, Rome, 1863 ; Rohault de Fleury, La Sainte Vierge, études archéologiques et iconographiques, in-4°, Paris, 1818 ; F. von Lehner, Die Marienverchrung in der ersten Jahrhunderten, 2e édit., in-8°, Stuttgart, 1886 ; H. Liell, Die Darstellungen der allerseligsten Jungfrau Maria auf den Kunstdenkmäler der Katakomben, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1887.

[39] De Rossi, Bulletino di Archeologia cristiana, 1864, p. 85. Cf. L. Polidori, Sulle immagini dei santi Pietro e Paolo, in-16, Milan, 1834.

[40] A Rome, on caractérise saint Paul en disant qu’il avait le type patricien.

[41] II Cor., X, 10.

[42] Voir, Figure 46, un de ces fonds de verre, d’après Bottari, Sculture sagre, t. III, pl. 197.

[43] Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, p. 647. Cf. Northcote et Brownlow, Roma sotterranea, t. II, p. 225, 285-312.

[44] En voir la reproduction dans F. von Lehner, Die Marienverehrung, Taf. VIII, n° 78 ; H. Liell, Die Darstellungen der allerseligsten Jungfrau, fig. 3, p. 180.