LIVRE IV — LE NOUVEAU TESTAMENT DANS LES CATACOMBES ET SUR LES MONUMENTS FIGURÉS DES PREMIERS SIÈCLES DE NOTRE ÈRE
Nous avons étudié ce que nous apprennent directement sur les Évangiles et les Actes des Apôtres les découvertes modernes ; il nous reste à rechercher ce que nous apprend l’archéologie chrétienne sur l’interprétation du Nouveau Testament aux premiers siècles de notre ère. Parmi les découvertes et les travaux de notre siècle, ceux qui se rapportent aux catacombes et aux monuments figurés du Christianisme primitif occupent une place d’honneur ; ils nous fournissent de plus des renseignements utiles et précieux ; à tous ces titres, nous devons nous en occuper ici. Les commentateurs et les interprètes des Livres Saints, depuis le moyen âge jusqu’à nos jours, ont mis à profit, pour expliquer la parole de Dieu, les couvres des premiers docteurs de l’Église, qui ont été leurs devanciers et leurs guides, mais ils n’ont pu puiser dans les trésors d’exégèse sacrée, enfouis dans les catacombes, et dont ils ignoraient l’importance ou même l’existence. Or ces trésors sont du plus grand prix. En effet, les anciens n’ont pas interprété la Sainte Écriture seulement de vive voix et par écrit, ils l’ont interprétée également par les monuments figurés. Ceux-ci nous disent à leur manière comment nos pères dans la foi ont compris la parole sainte, et si le langage des arts du dessin n’est pas toujours aussi clair ni aussi précis que celui des homélies ou des commentaires, en revanche, sur plus d’un point, il complète et explique l’enseignement des premiers écrivains chrétiens : les hypogées de Rome renferment un vrai commentaire pictural des Saintes Écritures, et nous pouvons aujourd’hui le lire avec certitude. Les Bosio, les Bottari avaient commencé à révéler les merveilles cachées dans les catacombes chrétiennes ; mais on peut bien dire que ce n’est que depuis les magnifiques travaux de J. B. de Rossi qu’elles nous sont pleinement connues et qu’elles nous ont livré tous leurs secrets[1]. Non seulement il a augmenté notablement les trouvailles de ses précurseurs, mais il a encore mieux compris et expliqué les monuments, de sorte que l’on peut ranger parmi les découvertes archéologiques modernes même la plupart de celles qui ont été faites autrefois dans les catacombes. Nous n’avons à considérer ici les peintures des catacombes que par rapport à nos Livres Saints et en particulier par rapport au Nouveau Testament. Nous rechercherons d’abord qu’elle est la place qu’occupe le Nouveau Testament dans l’art chrétien primitif ; nous examinerons ensuite d’après quelle méthode l’Écriture a été interprétée par les artistes chrétiens ; cela fait, nous recueillerons les renseignements que nous fournissent les monuments figurés sur le canon des Livres Saints ; nous étudierons enfin divers passages ou divers épisodes sur lesquels l’archéologie chrétienne primitive nous donne quelque lumière particulière. |
[1] Voir F. X. Kraus, Real-Encyklopädie der christlichen Alterthümer, 2 in-4°, Fribourg-en-Brisgau, 1880-1883, t. II, p. 98-100.