HISTOIRE DES GAULOIS

Troisième partie

CHAPITRE II.

 

 

C’ÉTAIT en Bretagne, nous l’avons déjà dit, que devaient être frappés au coeur le druidisme et ce que les Romains appelaient la barbarie gauloise. Auguste l’avait compris ; mais au moment où il allait s’engager dans cette grande entreprise, le souvenir des revers de César, l’état inquiétant de la Gaule, et la nouveauté de sa propre puissance non encore consolidée, l’en détournèrent. Caïus en eut quelques instants l’idée. Admine ou Adminius, prince breton, chassé de l’île par son père, le roi Cynobellin étant venu implorer son assistance, il jugea la circonstance propice, et fit les préparatifs d’une expédition : le projet s’évanouit ridiculement comme tout ce que bâtissait cette imagination bizarre et malade[1]. Claude y mit plus de sérieux et de suite ; et un autre fugitif, traître à son pays, Véric, lui servit d’introducteur, de prétexte et d’instrument [Dion Cass., 60].

Cynobellin[2], qui avait réuni sous sa domination presque tout le sud de la Bretagne, venait d’expirer, et ses deux fils Togodumne et Caractac, plus correctement Caradawg, s’étaient partagé sa succession : Admine, le troisième, était vraisemblablement mort dans l’exil. A cette division qui affaiblissait le royaume, se mêlaient des querelles intestines entre plusieurs tribus au sujet de transfuges non livrés[3], lorsque les légions romaines abordèrent. l’île. Leur départ de la Gaule avait été triste et tumultueux ; c’était malgré elles, par l’autorité de leur général, qu’elles avaient monté dans les navires d’embarquement, disant qu’on les envoyait périr dans un autre monde ; mais quand elles virent solitaire et sans défense cette côte si redoutée, elles reprirent courage et pénétrèrent avec confiance dans l’intérieur du pays. Elles cherchèrent longtemps l’ennemi qui semblait reculer et disparaître à mesure qu’elles avançaient. Les indigènes, instruits, par la tradition, des guerres soutenues par leurs pères coutre César, se proposaient de suivre la tactique qui avait donné la victoire aux Bretons, et obligé le proconsul de fuir honteusement deux fois ils voulaient se borner à fatiguer les Romains, à leur intercepter les vivres, à les détruire par des combats de détail. Mais les circonstances avaient bien changé : César laissait derrière lui la Gaule troublée et hostile ; les soldats de Claude ne redoutaient rien de pareil ; la Gaule leur appartenait ; ils en tiraient des troupes, des subsistances, et ils étaient maîtres de la mer[4].

Aulus Plautius qui les commandait, et dont l’armée se composait de légions, d’auxiliaires gaulois et germains et de quelques éléphants, s’engagea donc hardiment à travers les marais et les bois jusqu’à ce qu’il eût rencontré l’ennemi ; il battit successivement Togodumne et Caractac. Des peuplades jusqu’alors dépendantes de ces deux chefs se soumirent volontairement. Plautius poussa jusqu’à un fleuve situé fort avant à l’intérieur, et que sa profondeur empêchait de traverser à gué[5] ; arrêté là, il eut à soutenir une bataille qui dura deux jours entiers et dont il sortit vainqueur. Ce désastre et la mort de Togodumne n’empêcha point les Bretons de tenter un nouvel effort ; ralliés sous le commandement de Caractac, ils firent éprouver quelques échecs aux Romains. Claude alors se décida à se rendre lui-même dans l’île. Sa présence aiguillonna les légions ; il marcha en personne vers la Tamise avec l’élite de son armée et les éléphants, franchit le fleuve, écrasa l’ennemi, et s’empara de Camulodunum [Colchester], capitale des états de Cynobellin. Tout cela fut achevé en seize jours, après lesquels, repassant le détroit, il courut en Italie joug d’une gloire que la fortune avait refusée au grand César[6]. Plautius resta encore quatre années à étendre et affermir les conquêtes de Rome. La politique ne le servit pas moins que la force ; il divisa ces petits rois, ces petits peuples rivaux, il les déchaîna les uns contre les autres, et en séduisit autant par l’artifice ou par l’or qu’il en dompta par l’épée. Plautius déclara province romaine le territoires subjugué, qui embrassait une partie des pays limitrophes de la Tamise au sud et au nord.

On a vu, dans l’histoire de la Gaule quel rôle jouait une province romaine dans la conquête de toute une contrée ; de quelles intrigues elle était le foyer, de quelle guerre perpétuelle et progressive elle était le centre et le boulevard. Les armes et la politique marchèrent sans relâche tout autour de la province britannique, et Rome ne compta bientôt plus d’ennemis déclarés que les peuples montagnards habitants des grandes chaînes à l’occident de l’île, les Dumnones [Dumnonii. Cornouailles], les Silures[7], les Démètes[8], les Ordovikes[9], les Cornaves[10], les Canges[11], et quelques autres. Par les sollicitations des Silures, ces vaillantes peuplades se coalisèrent. Tout ce qu’il y avait dans le reste de la Bretagne d’hommes généreux décidés à ne point servir, à ne point transiger avec la tyrannie étrangère, accourut sous les drapeaux des Silures ; le roi Caractac, un de ces réfugiés, homme d’une activité infatigable, nommé commandant suprême de la ligue défensive, se mit à diriger des attaques journalières tantôt contre la Province, tantôt contre les nations bretonnes amies de la Province.

Le successeur de Plautius, Ostoritts Scapula, trouva donc l’île pleine d’agitation : les peuples indépendants avaient jeté. sur les terres des alliés de Rome quelques divisions de troupes qui les mettaient à feu et à sang. Le nouveau général défit une partie de ces troupes, dispersa les autres, ordonna le désarmement des cantons suspects dans le voisinage de, la Province, et établit une double chaîne de, postes sur l’Avon et sur la Saverne [Aufona et Sabrina]. Mais cette mesure alarma les Icènes[12], limitrophes de la Province au nord, le long de la côte orientale ; nation puissante qu’aucune défaite n’avait affaiblie parce qu’elle était entrée dès le commencement, de son plein gré, dans l’alliance romaine. Ils prirent les armes et entraînèrent quelques tribus voisines ? il ne paraît point cependant qu’ils se missent en rapport avec l’insurrection de l’ouest. Les coalisés orientaux se choisirent un champ de bataille entouré d’un rempart irrégulier, dans une gorge étroite qui fermait passage à la cavalerie, et ils y attendirent l’ennemi. Cette position forte et vaillamment défendue fut néanmoins emportée par les Romains. La défaite des Icènes contint dans l’est, pour le moment, ceux qui balançaient entre la paix et la guerre, et Ostorius rassuré sur la tranquillité de la Province, crut pouvoir s’enfoncer dans les montagnes de l’ouest pour attaquer les Canges. Il touchait presque à la mer Hibernienne, lorsqu’un soulèvement des Brigantes[13] le ramena sur ses pas ; par des mesures combinées de rigueur et d’indulgence, il parvint à pacifier ces troubles ; mais pour les prévenir désormais, il fonda à Camulodunum une colonie nombreuse de vétérans choisis dans ses légions  [Tacite, Ann., 7, 31-32].

Après avoir installé ses colons militaires, Ostorius marcha contre les Silures : là il se trouva en face d’un ennemi redoutable. Caractac, plus rusé que lui, et profitant plus habilement des ressources du terrain, mais commandant à des soldats inférieurs en tactique et en discipline [Tacite, Ann., 3, 33], se hâta de transporter la guerre dans les âpres montagnes des Ordovikes. Renforcé successivement par tous ceux qui redoutaient la paix des Romains, il se décida enfin à une affaire générale que, cherchait Ostarius. Il choisit un champ de bataille dont l’entrée et la sortie étaient aussi favorables aux siens que défavorables à l’ennemi : des monts escarpés s’étendaient en cercle à l’entour ; et là où la pente plus douce permettait un accès plus libre, des pierres entassées de main d’homme formaient une sorte de rempart ; au-devant coulait une rivière dont les gués étaient dangereux. Son infanterie nombreuse et d’armure variée se rangea en bon ordre et borda le retranchement [Tacite, Ann., 12, 33]. Chefs et soldats étaient pleins d’ardeur et de confiance.

Les chefs des différentes nations haranguaient chacun leurs troupes, les aiguillonnant par l’émulation, atténuant le péril et exagérant les espérances. Caractac volait de rang en rang ; il proclamait ce jour un jour de liberté ou de servitude éternelle ; il rappelait les noms de ces vieux Bretons qui avaient chassé le dictateur César, qui par leur valeur avaient préservé leur postérité des tributs et des haches, et conservé pur l’honneur de leurs femmes et de leurs enfants [Tacite, Ann., 12, 34]. Chacune de ses paroles excitait un frémissement universel ; chaque soldat jurait par les dieux que ni traits ni blessures ne le ferait reculer d’un seul pas.

Les transports qui éclataient dans le camp breton tinrent en suspens le général romain : d’ailleurs cette rivière, ce rempart ajouté, ces moins à pic, toute l’horreur de ce lieu et de cette multitude sauvage l’épouvantait. Mais les légions demandèrent la bataille ; les soldats criaient que rien n’était insurmontable au courage, et les préfets, les tribuns, tenant les mêmes discours, augmentaient encore l’enthousiasme de l’armée. Ostorius, voyant cette vive ardeur, fit sonner la charge, passa la rivière sans difficulté, et arriva au pied du rempart : l’échange mutuel de flèches et de traits commença. Tant qu’on se battit ainsi à distance, les blessés et les morts furent presque tous du côté des Romains. Mais sitôt qu’à l’aide de la tortue, ils eurent renversé cet amas de pierres assemblées sans art, et que le combat se fût engagé de près sur un même niveau, les Bretons furent obligés de se replier sur le sommet des montagnes. L’ennemi les y poursuivit, non seulement les troupes légères, ruais jusqu’aux légionnaires même, malgré le poids de leurs armes ; les uns pressaient les fugitifs par l’agilité de leur course et par leurs traits, les autres par leur marche serrée ; tandis qu’au contraire la confusion s’était mise dans les rangs des Bretons, qui n’avaient ni casques ni cuirasses. S’ils faisaient face aux auxiliaires, ils tombaient sous l’épée, et sous le javelot des légionnaires ; s’ils tenaient tête à ceux-ci, le sabre et les javelines des auxiliaires les écrasaient : Ce fut pour les romains une victoire signalée ; ils prirent la femme et la fille de Caractac, ses frères se rendirent à discrétion [Tacite, Ann., 12, 35].

Lui échappa â la mort des braves, mais pour ne rencontrer partout dans sa retraite que pièges et que trahison. Il avait cru trouver un asile et l’hospitalité chez Cartismandua, reine des Brigantes ; il fut honteusement livré par elle et traîné, chargé de chaînes, au camp romain. C’était la neuvième année depuis que la guerre avait commencé en Bretagne : la renommée de Caractac avait franchi l’île, et pénétré en Italie. Rome était impatiente de voir le guerrier qui depuis tant de temps bravait sa puissance ; et Claude, en voulant rehausser sa gloire, augmenta celle de son captif. Il prépara, pour l’arrivée du Breton à Rome, une fête pompeuse ; le peuple y fut invité comme à un spectacle extraordinaire ; les prétoriens, sous les armes, prirent place dans une plaine qui bordait leur camp. Les clients du roi insulaire, les harnais, les colliers et tous les trophées de ses victoires sur les étrangers, puis ses frères, sa femme et sa fille furent étalés d’abord aux regards de la multitude : enfin il parut lui-même. La crainte dicta aux autres prisonniers des prières pusillanimes : Caractac, sans humilier ses regards, sans dire un mot qui provoquât la pitié, arrivé près du tribunal, s’adressa à l’empereur en ces termes [Tacite, Ann., 12, 36] : Si, avec ma naissance et mes succès, j’eusse gardé de la modération dans la prospérité, je serais venu ici l’ami des Romains, non leur captif ; et tu n’aurais point dédaigné l’alliance d’un chef issu d’aïeux illustres et commandant à plusieurs nations. Maintenant le sort m’avilit autant qu’il t’élève. J’avais des chevaux, des armes, des soldats, des richesses ; est-il étonnant que je voulusse conserver ces biens [Tacite, Ann., 12, 37] ? Si votre ambition, Romains, veut donner des fers à tous, est-ce une raison pour que tous les acceptent ? Au reste, ma soumission prompte n’eût illustré ni mon nom ni ta victoire. Si tu ordonnes mon supplice, on m’oubliera bientôt ; si tu me sauves la vie, mon nom rappellera éternellement ta clémence.

Chez les Romains, les vaincus étaient toujours coupables, et c’était un acte de générosité que de leur laisser la vie : Claude l’accorda à Caractac et à sa famille. On leur ôta leurs chaînes, et ils allèrent rendre à Agrippine, femme de l’empereur, les mêmes honneurs qu’ils avaient rendus au Prince. En visitant Rome, et les palais magnifiques dont cette capitale du monde était remplie, le noble Breton fut frappé d’étonnement. Quoi ! dit-il aux Romains qui l’accompagnaient, vous possédez de si belles choses, et vous convoitez nos pauvres cabanes ? [Zonare, Hist.]

Cependant la fortune, jusque-là constante à Ostorius, sembla peu à peu l’abandonner. Soit que, délivré de Caractac, il se relâchât de sa vigilance habituelle et de la sévérité de la discipline, soit que la catastrophe d’un chef si grand et si malheureux eût allumé dans le cœur de tous les Bretons le désir de le venger, la guerre recommença avec plus de vigueur qu’auparavant. Des cohortes légionnaires, laissées avec un préfet de camp chez les Silures pour y construire des forts, furent enveloppées : si des postes les plus voisins les Romains n’étaient accourus en diligence, ces cohortes périssaient jusqu’au dernier homme, et elles perdirent encore le préfet, huit centurions et leurs plus braves soldats. A quelques jours de là les Silures attaquèrent de nouveau les fourrageurs ennemis ; un détachement de cavalerie romaine, arrivé pour les soutenir, fut mis en fuite. Ostorius envoya des troupes légères, repoussées également ; enfin, il fallut toute la masse des légions pour arrêter le désordre et remettre de l’égalité dans le combat. Le général romain, exaspéré de voir ces petits échecs de chaque jour ternir sa gloire passée, disait publiquement qu’il traiterait les Silures comme Tibère avait traité les Sicambres ; qu’il les exterminerait ou les transplanterait dans la Gaule [Tacite, Ann., 12, 39]. Ces discours mettaient la rage dans l’âme des Silures ; ils firent des prodiges d’audace et d’activité, et par leur exemple, par leurs sollicitations, par leurs largesses, ils entraînèrent dans le mouvement la plupart des autres nations. 4storius, accablé de dégoûts et de chagrins, mourut au grand contentement de tous les amis de l’indépendance bretonne [Tacite, Ann., 12, 38-39]. Aulus Didius, qui lui succéda, se borna à défendre les frontières de la province romaine.

Sur ces entrefaites, une guerre civile éclata chers les Brigantes, ces fidèles amis de l’étranger. Leur reine, Cartismandua, qui avait trahi et vendu l’infortuné Caractac, fière d’avoir procuré un grand triomphe à Claude [Tacite, Hist., 3, 45], s’abandonnait à tous les excès d’une autorité absolue. Son royaume et ses trésors accrus par les Romains l’enivrèrent d’orgueil et firent germer en elle l’amour du luxe et la corruption des mœurs. Elle avait pour mari Vénuse ou Vénusius, le plus renommé des chefs bretons depuis la chute de Caractac, elle s’en dégoûta, le répudia et partagea son lit et son trône avec Vellocat, son écuyer. Cet acte honteux agita tout le royaume. Vénuse avait pour lui la nation, Vellocat la passion indomptable et les fureurs de la reine : Cartismandua s’empara par artifice du frère et des parents de son premier mari, ce qui irrita les Bretons, qui d’ailleurs s’indignaient d’obéir à une femme [Tacite, Ann., 12, 40]. Les peuples voisins accoururent au secours de Vénuse, et les Brigantes se soulevèrent. Cartismandua aux abois appela les Romains ; ils vinrent ; la lutte fut longue, cruelle, indécise ; la vie de Cartismandua fut sauvée, mais le royaume resta à Vénuse et la guerre aux Romains [ibid.] : pourtant elle se termina à leur avantage.

Dix années s’écoulèrent pendant lesquelles les généraux romains continuèrent à batailler contre les vaillants peuples de l’ouest sans les pouvoir dompter. A la constance patriotique se mêlait chez ces montagnards le fanatisme de la religion. La loi de Claude qui abolissait le culte druidique et ordonnait l’extermination de ses prêtres avait été transportée dans la Bretagne et appliquée avec toute l’humanité romaine par les gouverneurs et leurs soldats ; partout où pénétraient les légions, les temples étaient profanés, les autels renversés, les prêtres égorgés, les collèges de femmes consacrées, livrés à tous les, outrages de la soldatesque, et les vieilles forêts, sanctuaire des mystères d’Hésus, tombaient l’une après l’autre sous la hache. Les druides fuyaient devant la persécution. De proche en proche, ils reculaient vers l’ouest à mesure que s’avançaient les conquêtes de Rome et les limites de sa province. Les montagnes des Silures et des Ordovikes leur prêtèrent asile comme aux patriotes exilés.

A l’occident des Ordovikes, et très près de la côte, était située la petite île de Mona. Âpre, inculte, d’un aspect lugubre et affreux[14], Mona avait été choisie depuis des siècles par les druides pour le siège lé plus secret de leur culte. Le haut collège du sacerdoce y résidait, et les collèges inférieurs des prêtres et des prêtresses, échappés aux massacres de la Gaule et à ceux de l’est et du midi de la Bretagne, accouraient de toutes parts s’y grouper autour de leurs pontifes[15] ; ils formaient un conseil suprême, en rapport avec les peuples confédérés de l’ouest et dirigeant leurs opérations. De là partaient des ordres, des prédictions, des encouragements, des menaces, tout ce que le fanatisme de la croyance peut ajouter à celui de la patrie et de la liberté. Là sous de vieux chênes consacrés, sur d’informes autels le sang humain ruisselait chaque jour, là étaient conduits et gardés tous les prisonniers romains pour y périr l’un après l’autre par le couteau des devins, par la flamme, on dans de plus douloureuses tortures [Tacite, Ann., 14, 30]. Voilà quelle était la situation de la Bretagne libre.

Dans la province le dégoût et l’irritation du peuple contre les Romains commençait à se manifester fortement. Les Bretons se soumettaient sans trop de murmures aux enrôlements, aux tributs, aux autres charges de l’empire, pourvu qu’on s’abstînt de les maltraiter. Ce dernier point, ils le supportaient difficilement : assez soumis pour être sujets, ils ne l’étaient point assez pour être esclaves [Tacite, Agricola, 13]. Ils conféraient secrètement entre eux sur les malheurs de leur servitude : ils se racontaient leurs griefs, ils les envenimaient par mille réflexions. Ils ne gagnaient rien par la patience, disaient-ils, que d’aggraver leurs charges, en persuadant qu’ils les supportaient volontiers. Jadis ils n’avaient qu’un roi, aujourd’hui on leur en imposait deux, le lieutenant de l’empereur et son procurateur, dont l’un épuisait leur sang, l’autre leurs biens. La discorde et la concorde des préposés étaient également funestes aux misérables qui en dépendaient ; les satellites de l’un, les centurions de l’autre joignaient l’insulte à la violence : il n’y avait plus rien de sacré pour leur avarice, rien pour leurs débauches. Dans les combats au moins c’était le plus brave qui dépouillait ; ici c’étaient des lâches pour la plupart qui, n’ayant jamais vu l’ennemi, venaient leur enlever leurs maisons, leur arracher leurs enfants, qui les traînaient à la guerre, comme si c’était pour sa patrie seulement que le Breton ne sût pas mourir ; et en effet pourrait il redouter cette poignée de soldats s’il daignait les compter ! Les Germains avaient bien secoué le joug, et pourtant ils n’avaient qu’un fleuve, et non l’Océan pour rempart. Ce qui devait animer le courage des Bretons, c’était le salut de leur patrie, de leurs femmes, de leurs mères ; tandis que les Romains n’avaient de motifs de guerre que la cupidité et leurs vices : ils repartiraient bientôt, comme était reparti leur dieu Jules César, pourvu que les Bretons imitassent les vertus de leurs ancêtres [Tacite, Agricola, 15].

Chez les alliés des Romains le mécontentement n’était pas moindre que parmi leurs sujets, un incident vint le porter à son comble. Prasutag, roi des Icènes, dont les trésors étaient immenses, avait institué l’empereur Néron son héritier conjointement avec ses deux filles, espérant que cette marque de soumission affectueuse mettrait son royaume et sa famille hors d’insulte [Tacite, Ann., 14, 31] : il se trompa. Son royaume fut saccagé par les centurions, son palais parles esclaves de l’empereur, avec tous les excès d’une prise d’assaut. On commença par battre de verges sa femme, Boudicéa[16], et par violer ses filles [Tacite, Ann., 17, 31] ; puis, comme si la contrée entière eût été comprise dans l’héritage, tous les chefs Icéniens se virent dépouillés des biens de leurs pères, et les parents même du roi furent portés sur la liste des esclaves.

Ces atroces exécutions étaient â peine achevées, lorsque, de nouveaux mouvements des insurgés de l’ouest inquiétant plus vivement Suétonius Paullinus, lieutenant de Néron dans la Province, il forma le projet de percer jusqu’à Mona, et d’y anéantir le foyer du fanatisme religieux `et de la. guerre. Après avoir mis en état les forteresses de la Province et s’être assuré de places importantes chez quelques-uns de ses alliés, il partit avec la presque totalité de ses troupes[17].

Des bords de l’Avon, Suétonius marcha à grandes journées, se dirigeant en masse serrée vers la côte des Ordovikes, qu’il atteignit presque à l’improviste, sans s’arrêter à chasser les montagnards, sans vouloir livrer de bataille. Arrivé sur la plage en face de Mona, il fit construire des bateaux plats, tels qu’il en fallait pour une mer entrecoupée de bas-fonds ; il y mit son infanterie sa cavalerie se jeta à la nage, ou prit au gué où les chevaux se trouvèrent avoir pied. Le rivage bordé par l’armée bretonne présentait comme une forêt d’armes et de soldats. Çà et là couraient des troupes de femmes, en appareil funèbre, les cheveux épars, portant dans leurs mains des torches enflammées ; et tout autour, des druides, immobiles, les bras levés au ciel, prononçaient avec solennité d’horribles imprécations [Tacite, Ann., 14, 30].

L’étrangeté de ce spectacle frappa les soldats romains ; à les voir glacés par la peur, sans mouvement, se livrant sans défense aux coups, on les eût dit cloués sur leurs vaisseaux [ibid.] ; mais bientôt se ranimant à la voix de leurs chefs, s’aiguillonnant eux-mêmes, et honteux de trembler devant unie troupe de femmes et de prêtres, ils débarquent, marchent en avant, culbutent les Bretons, et les enveloppent dans leurs propres feux [ibid.]. Tout ce qui tomba entre les mains du vainqueur, druides, prêtresses, soldats, fart égorgé ou brûlé sur les bûchers préparés par eux-mêmes, et la hache romaine commença à faire jour, dans ces vieilles forêts si longtemps inaccessibles, et sous lesquelles tant de sang humain avait coulé [ibid.]. Suétonius jeta les fondements d’une forteresse destinée à garder le pays ; mais il n’eut point le temps de la terminer, car il apprit dans le moment même que tout l’est de la Bretagne était en combustion.

Les malheureux Icènes, profitant de l’absence de Suétonius, avaient pris les armes ; ils avaient entraîné dans leur soulèvement les Trinobantes[18], et d’autres nations provinciales que le joug romain n’avait point encore façonnées. Tous ces peuples étaient ulcérés contre les vétérans. Ceux-ci, nouvellement établis dans la colonie de Camulodunum, chassaient les Bretons de leurs maisons, et les dépouillaient de leurs terres, en les traitant de captifs et d’esclaves ; de concert avec les jeunes soldats, qui soutenaient les violences des vétérans par une conformité de moeurs et dans l’espoir d’une licence pareille. Le temple que les Romains avaient élevé à Claude, divinisé depuis sa mort, était regardé encore par les indigènes comme un boulevard fait pour éterniser leur oppression [Tacite, Ann., 14, 31] ; et les prêtres de ce nouveau culte, sous le prétexte de la religion, épuisaient, toutes les fortunes. D’ails leurs, il ne paraissait pas difficile de détruire une colonie qui n’avait pas la moindre fortification : objet dont les généraux romains s’étaient mis peu en peine, se fiant à l’obéissance des peuples, et ayant cherché l’agrément avant l’utilité.

Dans ces conjonctures, une statue de la Victoire tomba dans le temple, sans cause apparente, et se renversa en arrière, comme si elle fuyait devant l’ennemi. Des femmes, dans des accès de fureur prophétique, annonçaient une destruction prochaine ; et ce qu’on disait de cris barbares qu’on avait entendus dans la curie de Camulodunum, du théâtre qui avait retenti de hurlements, puis de l’océan, dont les eaux s’étaient teintes de sang, de simulacres de maisons renversées vus à l’embouchure de la Tamise, et de cadavres humains que le reflux avait laissés sur le rivage : tous ces bruits superstitieux étaient à la fois autant de motifs d’espérance pour les Bretons, de crainte pour les vétérans. Comme Suétonius était absent et éloigné, les vétérans firent demander du secours au procurateur Décianus : lui, n’envoya que deux cents hommes mal armés, et les vétérans étaient en petit nombre. Se fiant sur les fortifications du temple, et traversés par ceux des provinciaux qui, complices secrets de l’insurrection, mettaient du trouble dans les conseils, ils ne s’entourèrent ni d’un fossé, ni d’un rempart : ils né renvoyèrent point les vieillards et les femmes pour ne garder que les personnes en état de combattre : endormis comme s’ils eussent été en pleine paix, ils furent enveloppés par la multitude des Bretons. Tout fut pillé, et réduit en cendres : il n’y eut que le temple, où les soldats s’étaient entassés, qui tint un jour, et fut emporté le second. De là, les insurgés victorieux marchèrent au-devant de Pétilius Cérialis, lieutenant de la neuvième légion, qui accourait au secours ; la légion fut battue, et ce qu’il y avait d’infanterie taillé en pièces. Cérialis avec la cavalerie s’enfuit dans le camp, dont les fortifications le sauvèrent. Effrayé parce désastre, et par les ressentiments de la Province, que son avarice avait poussée à la guerre, Décianus repassa précipitamment en Gaule[19].

Cependant Suétonius, par un effort hardi, quittant aussitôt Mona, se fit jour et perça jusqu’à Londinium[20] : cette ville, sans être colonie, était l’entrepôt d’un très grand commerce un nombre considérable de trafiquants et de banquiers italiens et d’étrangers de toute nation y vivait sous la protection romaine. Suétonius voulait d’abord y placer le siège de la guerre ; mais, envisageant la faiblesse de son armée, et éclairé par le mauvais succès de Cérialis, il se résolut à sacrifier une ville pour sauver la Province. La ville eut beau l’implorer ; insensible aux gémissements et aux larmes, il donna le signal du départ : seulement il emmena tous les habitants qui voulurent le suivre. Les autres, que retinrent la faiblesse du sexe eu de l’âge, ou l’amour du pays, furent la proie des insurgés. Vérulam [dans le Hertfortshire], municipe romain, eut aussi le même sort ; car les Bretons, avides de reconquérir d’abord l’argent enlevé sur eux par tant de vexations, laissaient les places fortes pour s’attacher aux lieux opulents et ouverts. Il périt, dans les divers cantons soixante-dix mille hommes [Tacite, Ann., 14, 33], tant citoyens romains, qu’étrangers et provinciaux restés fidèles aux Romains. Les Bretons ne voulaient ni faire ni vendre de prisonniers, ni entendre parler d’aucun échange ; ils tuaient, pendaient, brûlaient, crucifiaient tout : dans l’idée que l’ennemi leur rendrait bientôt ces supplices, ils se hâtaient de prendre les devants, et ils précipitaient leurs vengeances[21].

Déjà Suétonius, avec la quatorzième légion, les vexillaires de la vingtième, les auxiliaires des environs, avait formé un corps d’à peu près dix mille hommes, lorsque, sans différer, il se disposa à livrer bataille. Il se posta à l’entrée d’une gorge étroite, dont les derrières étaient fermés par un bois, bien sûr de n’avoir d’ennemis qu’en front, sur une plaine découverte où il n’y avait point de surprise à craindre. Les légionnaires, en masse compacte, furent placés au centre ; tout autour les, troupes légères : la cavalerie se resserra sur les ailes. Les Bretons ait contraire couraient tumultuairement, les bataillons se confondant au hasard avec les escadrons ; jamais ils n’avaient rassemblé de si grandes forces ; et tel fut l’excès de leur confiance, que, voulant avoir leurs femmes pour témoins de leur victoire, ils les traînèrent aussi avec eux, et les placèrent sur les chariots, dont ils avaient bordé les extrémités de la plaine [Tacite, Ann., 14, 34].

Boudicéa avait ses deux filles en face d’elle sur son char ; à mesure qu’elle passait devant les différentes nations, elle leur disait, que ce n’était pas sans doute une nouveauté pour les Bretons de marcher au combat sous les ordres de leurs reines ; mais que, dans ce moment-ci, oubliant tous les droits de ses aïeux, elle ne venait point réclamer son royaume et sa puissance ; qu’elle venait, comme la moindre, des femmes, venger sa liberté ravie, son corps déchiré de verges, ses filles déshonorées ; que l’insolence romaine en était venue au point de se jouer de leurs corps, de ne pas même respecter l’enfance ni la vieillesse ; que les dieux enfin, secondant une juste vengeance, avaient détruit la légion qui avait osé combattre ; que les autres qui restaient cachées dans leur camp, ou ne songeaient qu’à fuir, ne soutiendraient pas même la voix et les cris, encore moins le choc et les coups de tant de milliers de combattants : qu’avec une cause et une armée pareilles, il s’agissait de vaincre ou de périr ; que, femme, telle était sa résolution irrévocable ; quant aux hommes, ils pouvaient, s’ils l’aimaient mieux, accepter la vie et l’esclavage [Tacite, Ann., 14, 35].

Suétonius, dans un moment si hasardeux, ne gardait pas non plus le silence ; quoique plein de confiance dans la valeur de ses troupes, il entremêlait aussi les exhortations et les promesses. Il disait à ses soldats de mépriser le vain fracas de tous ces barbares, et des menaces sans effet ; qu’on apercevait chez l’ennemi plus de femmes que de soldats ; que mal armés, n’ayant jamais fait la guerre, ils s’enfuiraient aussitôt qu’ils auraient reconnu la valeur et le fer du vainqueur qui les a avait battus tant de fois ; que dans les plus grandes armées, c’était le petit nombre qui gagnait les batailles, et que ce serait pour eux un surcroît d’honneur de réunir sur une petite troupe toute la gloire d’une armée entière ; qu’il fallait seulement se tenir bien serrés, et les javelots lancés une fois, frapper avec le pommeau du bouclier, avec l’épée, massacrer sans relâche, et ne pas s’occuper du butin ; après la victoire, on le retrouverait [Tacite, Ann., 14, 36]. Ce discours fut reçu avec des acclamations, et Suétonius donna le signal du combat.

D’abord, les légionnaires se tenant immobiles à leur place, et se resserrant dans cette gorge étroite qui leur servait de rempart, laissèrent l’ennemi s’approcher de très près ; alors, épuisant tous leurs traits à coup sûr, ils s’élancent, et, comme un coin, enfoncent les barbares. Les auxiliaires ne mettent pas moins de vigueur dans leur attaque, et la cavalerie, avec de longues lances, achève de briser Ies bataillons qui tenaient encore. Les autres tournèrent le dos, embarrassés dans leur fuite par cette enceinte de chariots qui fermaient toutes les issues. Le vainqueur n’épargna pas même le sang des femmes ; il tua jusqu’aux chevaux, dont il grossit les monceaux de morts. Les historiens romains font monter le nombre des Bretons tués à près de quatre-vingt mille ; celui des Romains à quatre cents, avec autant de blessés [Tacite, Ann., 14, 37]. Boudicéa désespérée s’empoisonna.

Suétonius, rassemblant ensuite toute son armée, la retint longtemps sous la tente, afin d’extirper jusqu’aux derniers restes de la révolte. Néron envoya des renforts de la Germanie, deux mille légionnaires, huit cohortes d’auxiliaires et mille chevaux, et tous les cantons ennemis ou suspects furent mis à feu et à sang. A ces calamités se joignait la famine : les esprits s’étant tournés uniquement vers la guerre, les Bretons avaient négligé d’ensemencer leurs champs, comptant d’ailleurs sur les approvisionnements romains ; et néanmoins ces nations indomptables tardèrent encore quelque temps à se soumettre [Tacite, Ann., 14, 38].

Les successeurs de Suétonius agrandirent successivement la Province. P. Cérialis, devenu lieutenant impérial, porta la guerre vers le nord dans le pays des Brigantes ; il livra plusieurs batailles, quelques-unes sanglantes ; et une grande partie de la contrée fut enveloppée dans la conquête ou dans la dévastation. J. Frontinus fit plus, il réduisit les Silures, et fonda la domination romaine autant qu’elle pouvait l’être parmi ces hommes indépendants, et sur un territoire si difficile à garder [Tacite, Agricola, 17]. Agricola, qui gouverna la Bretagne romaine après lui, dompta les Ordovikes ; et pénétra jusqu’à Mona, qui était restée libre depuis le départ précipité ale Suétonius ; les habitants demandèrent la paix, et l’île fut ajoutée à la Province [ibid., 18]. II porta aussi ses armes dans le nord, et, dépassant la frontière des peuples kimris, il alla attaquer la race gallique au pied des monts grampiens. Il la vainquit malgré l’héroïsme de ses tribus, et malgré le génie de son chef, l’illustre et malheureux Galgac[22]. Toutefois, les si. Galls ne furent point soumis ; et la frontière de la Province, marquée par une ligne de forts, puis par une muraille construite entre l’embouchure de la Tyne et le golfe du Solway, ne fut que plus tard reculée jusqu’au Forth et à la Clyde. Mais les Galls des monts Grampiens, les Calédoniens et les Albans ne reconnurent jamais de maîtres, et ne courbèrent point la tête sous les faisceaux de l’empire ; l’Hibernie aussi resta libre.

Les mesures tour à tour violentes et douces appliquées par Auguste et par Claude à la Gaule, la Bretagne les éprouva, et en sortit telle que Rome la voulait. Les prédécesseurs d’Agricola avaient épuisé la rigueur ; la part des mesures humaines lui restait, et elle convenait à son caractère. Les Bretons vivaient dispersés, dans l’état de sauvages, toujours voisin de l’état de guerre ; pour les accoutumer à la paix et au repos par les plaisirs, il les engagea à construire des temples, des places publiques, des maisons ; et il y réussit par des exhortations particulières, par quelques avances de deniers publics, en louant l’activité des uns, en reprochant aux autres leur inaction. Les rivalités de gloire lui tenaient lieu de contrainte. Il ne manqua pas non plus de faire instruire dans les beaux-arts les enfants des chefs, leur insinuant qu’il préférait aux talents acquis des Gaulois l’esprit naturel des Bretons. Ceux-ci répugnaient d’abord à étudier la langue latine, bientôt ils se piquèrent de la parler avec grâce. Ils adoptèrent ensuite les manières romaines : la toge devint à la mode. Insensiblement, dit l’historien [Tacite, Agricola, 21] de ce grand général, les Bretons en vinrent à rechercher tout ce qui à la longue insinue le vice, nos portiques, nos bains, nos somptueux banquets : ce que leur inexpérience appelait civilisation, et ce qui faisait partie de leur servitude. A tout cela, Agricola mit d’autant plus de zèle qu’il enchaînait à la fois deux vastes pays, et que les fers de la Bretagne servaient à river ceux de la Gaule.

 

 

 



[1] Caligula se borna, dit-on, à faire ramasser par ses légions des coquillages, et à construire sur le rivage un phare, monument de sa victoire sur l’Océan. Suétone, C. Caligula, n. 45. — Dion LIX. — Tacite, Agricola, c. 13.

[2] Il existe plusieurs médailles bretonnes qui portent ce nom.

[3] Suétone, Claude, n. 17. — Dion Cassius, loc. cit.

[4] Dion Cassius, ub. sup.

[5] Probablement la Saverne.

[6] Dion Cassius, LX. — Suétone prétend que tout était fini lorsque l’empereur arriva en Bretagne, et qu’il n’eut qu’à recevoir les soumissions des tribus domptées par son lieutenant. Plautius sans doute était trop bon courtisan pour ne pas laisser au prince de quoi motiver un triomphe.

[7] Silures. Tacite les soupçonnait originaires d’Ibérie (Agricola, c. 11) : leur territoire est représenté par les comtés de Glamorgan, de Monmouth, de Breknok, de Hereford et de Radnor.

[8] Demetæ. Pembrok, Carmarton, Cardigan.

[9] Ordovices. Flint, Dembigh, Carnavon, Merioneth, Montgomery.

[10] Cornavii ; leur chef-lieu était Diva, aujourd’hui Chester.

[11] Cangi. Partie des comtés de Chester et de Lancastre.

[12] Iceni. Aujourd’hui les comtés de Suffolk, Norfolk, Cambridge et Huntingdon.

[13] Les comtés d’York, de Lancastre, de Durham, de Westmoreland et de Camberland.

[14] Cambr. ap. Camd. Britan. p. 723.

[15] Tacite, Annales, XIV, c. 29 ; Agricola, c. 14.

[16] Boudicea, Bonduica, Boadica. — Ce nom paraît dérivé de Buddig qui, en langue kimrique, signifie victoire.

[17] Tacite, Annales, XIV, c. 29 ; Agricola, c. 14.

[18] Tacite, Annales, XIV, c. 30. — Aujourd’hui Essex et Middlesex.

[19] Tacite, Annales, XIV, c. 32 ; Agricola, c. 16. — Dion Cassius.

[20] Londin on Llundain, la ville des vaisseaux.

[21] Tacite, Annales, XIV, 33. — Agricola, c. 16.

[22] Galgacus. V. Tacite, Agricola, c. 29-39.