HISTOIRE DES GAULOIS

Deuxième partie

CHAPITRE II.

 

 

L’AN 154 avant notre ère, les empiètements des Massaliotes sur la rive droite du Var soulevèrent les Ligures Oxybes et Décéates à qui ce pays appartenait : ils investirent Antipolis et Nicæ ; et comme ils étaient en force, le siège marcha vivement. Les deux villes allaient succomber, lorsque Massalie envoya à Rome des ambassadeurs pour se plaindre des attaques des Ligures, exposer la détresse de ses colonies et demander du secours. Le sénat accueillit favorablement le message ; il fit partir aussitôt avec les ambassadeurs massaliotes trois commissaires romains, chargés d’examiner sur les lieux les causes de la guerre, et de décider entre les combattants. Le vaisseau qui les conduisait vint aborder au port d’Ægitna, ville oxybienne, très voisine d’Antipolis.

A peine le bruit se fut-il répandu dans Ægitna que des députés romains arrivaient pour forcer les Oxybes à mettre bas les armes, que tous les habitants coururent au port, afin d’empêcher leur débarquement : mais Flaminius, chef de la députation, était déjà à terre, occupé à faire descendre son bagage. Les Ægitniens lui ordonnèrent de se rembarquer et de sortir de leur port, il leur répondit avec mépris, et leur rendit menaces pour menaces. Pendant cette altercation, quelques hommes se jetèrent sur son bagage pour le piller ; ses esclaves voulurent le défendre et un combat s’engagea ; deux des Romains furent couchés sur la place, les autres, battus, firent retraite vers la mer. Flaminius tira son épée ; mais meurtri de coups, blessé même assez gravement, il remonta à grande peine dans son vaisseau, fit couper les câbles des ancres et s’éloigna de la ville à toutes voiles [Polybe, excerpt. Legat., CXXIV]. Il alla se faire guérir à Massalie, où rien sans doute ne fut négligé pour exagérer les torts des Ægitniens, les blessures du député et les soins donnés à sa guérison.

Le sénat jeta de grands cris à cette nouvelle ; il déclara que le droit des gens avait été indignement violé, et qu’une vengeance exemplaire devait être tirée des Oxybes et des Décéates, quoique le crime fût uniquement celui des habitants d’Ægitna. Les légions destinées à cette guerre se rassemblèrent en toute hâte à Placentia, sous la conduite du consul Q. Opimius, et de là, en suivant l’Apennin et le littoral du golfe, elles se rendirent dans le pays des Oxybes, sur les rives de l’Apron. Elles y attendirent l’armée ligurienne qui se réunissait dans les montagnes ; mais comme celle-ci tardait à paraître, le consul alla camper devant la ville d’Ægitna, la prit d’assaut, en réduisit la population à l’esclavage et envoya liés et garrottés à Rome les auteurs de l’insulte [Ibid.]. Il marcha ensuite au-devant de troupes ennemies.

Les Oxybes n’avaient sur pied que quatre mille hommes [Ibid.], les Décéates vraisemblablement pas davantage, et la jonction des deux peuples n’était point encore opérée, lorsque le consul arriva en présence des Oxybes. Malgré la disproportion du nombre, les Oxybes, irrités par le sac et la destruction de leur ville, se préparèrent à attaquer aussitôt sans attendre leurs alliés. Tant de hardiesse effraya d’abord le consul; puis réfléchissant qu’il avait de son côté, outre la supériorité numérique, celle de la tactique, il harangua les légions, fit sonner la charge et s’avança au petit pas. Le choc fut rude et soutenu vigoureusement; mais après une lutte opiniâtre, les Oxybes enfoncés commencèrent à se débander. Les Décéates survenant, dans l’instant même, arrêtèrent les fuyards et les ramenèrent au combat qui reprit avec un acharnement nouveau. Pour la seconde fois les Ligures furent vaincus; afin d’éviter â leurs malheureux villages la destinée d’Ægitna, ils demandèrent la paix et se mirent à la discrétion du peuple romain. Opimius octroya aux Massaliotes les terres qu’il venait de conquérir, et mit sous sa dépendance les peuplades qui venaient de se soumettre [Ibid.] ; pour plus de sûreté, il les désarma et régla qu’elles livreraient à perpétuité aux Massaliotes des otages qui seraient changés de temps à autre [Ibid.]. Tout en paraissant n’avoir vaincu que pour ses alliés, Rome n’avait point négligé son propre intérêt ; elle laissa des troupes en quartier d’hiver dans les villes principales ; elle occupa les principales positions militaires, enlevant sans doute aux Oxybes et aux Décéates, avec leurs armes et leur liberté, tout ce qu’ils ne pouvaient plus défendre.

La générosité de Rome releva les affaires des Massaliotes ; ils s’organisèrent dans le pays ; et les intrigues de la politique consolidèrent graduellement l’œuvre de la violence. Cet accroissement prodigieux de territoire autour de leurs colonies orientales, leur inspira un vif désir de s’agrandir pareillement autour de leur métropole ; ils convoitèrent les dépouilles des Salytes, leurs plus proches voisins, et, pour que les prétextes ne leur manquassent pas dans l’occasion, ils eurent soin d’aigrir ce peuple et de fomenter entre eux et lui de continuels sujets de brouillerie. Puis lorsqu’ils virent Rome à peu près débarrassée de ses guerres lointaines dans l’Orient, ils implorèrent de nouveau son assistance contre les Ligures saliens qui les harcelaient, disaient-ils, sans relâche, jaloux qu’ils étaient de cette prospérité que Massalie devait au peuple romain [Florus, III, 9].

Rome s’inquiéta peu si les plaintes des Massaliotes étaient bien ou mal fondées et si ses alliés, dans cette circonstance, étaient agresseurs ou provoqués : elle avait des armées disponibles, elle en envoya une en Ligurie. Le consul M. Fulvius Flaccus la conduisit. Il défit les Salytes dans une première campagne, il les défit encore dans une seconde ; puis il attaqua les Voconces, dont Massalie ne se plaignait pas[1]. Son successeur C. Sextius Calvinus écrasa, dans une troisième campagne, les restes des tribus saliennes, saccagea tout ce territoire et fit vendre à l’encan la population des villes[2]. Le roi de ce malheureux peuple, nommé Teutomal, pour avoir défendu son pays avec constance contre ces brigands étrangers, fut mis hors la loi des nations ; poursuivi de retraite en retraite par les armes et par les menaces des Romains, il ne trouva de refuge qu’au-delà de l’Isère, sur les terres des Allobroges. Sextius ne se borna pas à la conquête politique du pays salien. Promenant ses légions le long du littoral entre le Rhône et le Var, il en balaya la population dans les montagnes de l’intérieur, en lui défendant d’approcher à plus de quinze cents pas des lieux de débarquement et à plus de mille du reste de la côte. Ayant assuré ainsi d’Italie en Gaule les routes de terre et de mer, il concéda toute cette bande de terrain aux Massaliotes, qui la colonisèrent et l’exploitèrent à leur profit [Strabon, IV]. Sextius voulut outre cela essayer ses armes contre les Voconces; il les vainquit en bataille rangée [Fast. Capitol.].

Pendant l’un des hivers que le général romain passa en Gaule, il avait choisi, pour l’emplacement de ses quartiers, une colline située à quelques lieues au nord de Massalie, et baignée par la petite rivière que les Romains appelèrent Camus, et qui se nomme aujourd’hui l’Arc. L’abondance des sources d’eaux vives, et surtout d’eaux thermales[3], si recherchées des Romains, la pureté de l’air, la beauté du site entrecoupé de collines que revêtaient alors de vieilles forêts, tous ces agréments réunis charmèrent Sextius [Plutarque, Marius]. Il projeta d’y bâtir une ville à laquelle il donnerait son nom. Les palissades et les terrasses militaires firent donc place à des murailles [Solin, 2], des maisons s’élevèrent dans l’intérieur, et le camp retranché fut transformé en une petite ville, où successivement on construisit des aqueducs et des bains. Eaux-sextiennes, Aquœ sextiæ[4] (ce fut le nom qu’elle porta) embellie par toute la délicatesse italienne et grecque, devint un lieu de plaisance où les officiers romains et les riches Massaliotes se réunissaient, soit pendant les chaleurs de l’été, soit pendant les repos de la guerre. Telle fut la première fondation romaine sur le territoire transalpin.

Que l’argent et les troupes massaliotes aient coopéré puissamment à cette rapide conquête de la Ligurie gauloise, c’est ce qu’on peut raisonnablement supposer. Quelques faits donnent même à penser que des trahisons domestiques, dont les Massaliotes étaient les agents, firent en plus d’un lieu complice des armes romaines, et précipitèrent la ruine du pays. Dans une de ces villes saliennes, dont Sextius, assis sur son tribunal et entouré de marchands d’esclaves, vendait la population à l’enchère, un des captifs sortit de la foule et s’approchant de lui : J’attendais de toi, dit-il, et j’avais mérité une toute autre récompense ; moi, qui non seulement ai servi les Romains, mais qui ai souffert à cause d’eux ; car le zèle que j’ai déployé pour votre triomphe m’a attiré de la part de mes compatriotes bien des outrages et bien des dangers [Diod. Sic., Fragm. ap. Vides]. Cet homme se nommait Craton [Ibid.], et ce nom grec paraît désigner ou le fils bâtard de quelque Massaliote, ou du moins un Ligure gagné à la civilisation massaliote, et qui avait adopté l’amour de l’étranger en même temps que les moeurs étrangères et un nom étranger. Sextius ordonna que ses liens fussent rompus, il lui rendit son patrimoine et sa famille esclave comme lui. Il fit plus : il lui permit de délivrer à son choix plusieurs de ses compagnons d’infortune. Craton en désigna neuf cents [Ibid.] qui très probablement se recommandaient à la clémence du vainqueur par des sentiments et des services pareils.

Ce fut encore à la politique massaliote que Rome dut une alliance bien utile à son ambition, bien funeste à la liberté gauloise, l’alliance de la nation éduenne. Les Édues et les Allobroges étaient en guerre ; et ces derniers avaient pour eux les Arvernes, qui tenaient alors le sceptre parmi les peuples galliques. Profitant adroitement de ces circonstances, les Massaliotes se mirent à travailler la nation éduenne ; ils aigrirent ses ressentiments ; ils excitèrent sa jalousie ; ils lui firent espérer que, par l’assistance des Romains, elle pourrait écraser les Allobroges et arracher la suprématie des mains des Arvernes. Ces intrigues portèrent fruit; un traité fut conclu entre les magistrats éduens et le sénat de Rome, Les Édues reçurent le titre d’amis et alliés du peuple romain ; ils donnèrent en retour aux Romains celui de frères qui désignait, chez les Gaulois, comme nous l’avons dit, la plus intime des associations politiques. Ainsi furent prononcés pour la première fois, au milieu des nations gauloises, les mots d’alliés, d’amis, de frères du peuple romain, mots de discorde et de ruine ; puissances fatales qui devaient, durant un siècle entier, isoler, opposer, affaiblir ces nations, pour les réunir enfin, toutes, sans exception, sous une commune servitude.

A peine ce traité fut-il conclu, que le consul Domitius députa chez les Allobroges pour réclamer son ennemi, le roi Teutomal, auquel ils avaient donné asile, et pour leur enjoindre de respecter désormais le territoire des Édues ses alliés[5]. A ces ordres insolents les Allobroges ne répondirent que par de grands préparatifs d’armes. Tout faisait prévoir une guerre terrible. Le puissant roi des Arvernes, Bituit[6], essaya de la prévenir ; il abaissa sa fierté jusqu’à demander au consul, par une ambassade solennelle, le rétablissement de Teutomal, son ami et l’hôte de ses alliés.

Bituit était fils de ce Luern qui s’était rendu si célèbre par sa magnificence et sa générosité ; fils d’un tel père, Bituit se piquait de grandeur ; et l’ambassade qu’il adressa à Domitius étonna les Romains par sa pompe bizarre. On y voyait la meute royale composée d’énormes dogues tirés à grands frais de la Belgique et de la Bretagne ; l’ambassadeur, superbement vêtu, était environné d’une troupe de jeunes cavaliers éclatants d’or et de pourpre ; à son côté se tenait un barde, la rotte en main, chantant par intervalles la gloire du roi, celle de la nation arverne, et les exploits de l’ambassadeur [Appien. Fulv. Ursin.]. Mais l’enfant de l’harmonie perdit ses chalets, comme le politique ses discours : Teutomal ne fut point restauré dans son royaume envahi; et l’ambassade mécontente retourna vers Bituit plus humilié et plus irrité qu’elle.

Bituit fit un appel à toutes les nations de la ligue arverne : les tribus arvernes proprement dites et les Ruthènes [César, B. G., I, 45] leurs plus proches voisins prirent aussitôt les armes ; mais il fallut du temps pour réunir les autres et pour organiser ces masses levées à la hâte. Domitius cependant, retranché dans une position avantageuse, et attendant des secours de Rome, se préparait à soutenir l’attaque. Les Allobroges attribuèrent à la frayeur cette conduite prudente du consul, et crurent avoir bon marché de ses troupes et de lui. Sans attendre l’arrivée de Bituit, ils passent l’Isère et s’avancent à grandes journées vers le midi, en suivant la rive gauche du Rhône. C’était tout ce que pouvait souhaiter Domitius. Il part aussitôt et les rencontre au confluent du Rhône et de la Sorgue[7], près de la ville de Vindalium[8], un peu au-dessus d’Avénio. Les deux armées à peine en présence se précipitent l’une sur l’autre; mais les Allobroges enfoncés se débandent, laissant derrière eux vingt mille morts et trois mille captifs [P. Orose, V, 13]. Malgré cette victoire signalée, le consul n’osa pousser plus avant ; il retourna dans son camp fortifié, d’on il observa les mouvements des Arvernes. Ainsi se passa cette campagne [122 av. J.-C.]. Vers la fin de l’automne arriva le nouveau consul Q. Fabius Maximus avec deux légions, représentant à cette époque vingt mille hommes, ce qui, joint à l’armée de Domitius, formait environ quarante mille Romains, sans compter les auxiliaires massaliotes, et les Édues réunis probablement sur leur frontière afin de faire diversion.

Les Romains se crurent assez forts pour prendre l’offensive [-121]. Laissant dix mille hommes au camp, le consol Fabius et le proconsul Domitius, dès les premiers jours du printemps, se dirigèrent vers la frontière allobroge ; ils franchirent l’Isère, non sans quelque opposition ; Fabius fut même blessé assez grièvement dans une de ces escarmouches. Mais à peine furent-ils engagés sur le territoire allobroge que Bituit accourut pour leur couper la retraite. Les Romains, à cette nouvelle, rétrogradèrent en toute hâte ; et rencontrant déjà sur la rive gauche du Rhône l’armée arverne, qui achevait de traverser ; ils s’établirent sur une élévation qui dominait le lit du fleuve et la place du débarquement.

Les Arvernes, s’il faut en croire les écrivains romains, ne comptaient pas moins de deux cent mille hommes sous les armes ; le passage de toute cette multitude fut long et embarrassant. Bituit avait fait construire d’abord un pont en pilotis ; trouvant bientôt la marche de ses troupes trop lente, il en fit fabriquer un second avec des barques assujetties l’une à l’autre par des chaînes de fer et recouvertes d’un plancher. Les Arvernes achevaient de défiler et se formaient en colonnes dans une petite plaine sur le bord du fleuve, lorsque les enseignes romaines se montrèrent [P. Orose, V, 14]. De part et d’autre on fit ses préparatifs de combat.

Sur la pente et au milieu de la colline étaient rangés les Romains, dans leur ordonnance accoutumée : au centre, les légions tout étincelantes d’airain et de fer, divisées par petits bataillons dont les archers et les frondeurs occupaient les intervalles ; aux ailes, les auxiliaires et la cavalerie; et entre les ailes et le corps de bataille, les éléphants ; car l’emploi de ces énormes bêtes s’était introduit dans les armées de la république depuis ses guerres en Orient. Bien plus nombreuses, mais ordonnées avec moins d’art, les troupes gauloises se déployaient le long du fleuve. On y voyait les Arvernes avec leurs clients et leurs alliés, rangés séparément autour de leurs étendards divers, et diversement armés. Bituit, sur un char d’argent [Florus, 3, 2], parcourait le front de bataille ; une armure plus riche et une saie de couleurs plus brillantes le distinguaient des autres chefs. On remarquait aussi sa meute de combat, placée sur un coin de la ligne, et retenue par les lesses et les fouets des piqueurs. Un moment, le roi gaulois promena ses regards sur les faibles bataillons ennemis qui, formés en ordre serré, paraissaient plus faibles encore. Quoi ! s’écria-t-il avec mépris ; ce n’est pas un repas de mes chiens ! [P. Orose, V, 14]

La mêlée fut affreuse ; cavaliers contre cavaliers, fantassins contre fantassins luttèrent longtemps avec furie et avec un égal succès. Fabius, souffrant de sa blessure et en outre de la fièvre quarte [Pline, 7, 50], se faisait porter en litière à travers les rangs ; quelquefois il mettait pied à terre, et soutenu sur les bras de deux soldats, il s’approchait de la mêlée pour donner des ordres [V. Paterculus, 2, 10]. Quand il crut le moment propice, il fit charger les éléphants [Florus, 3, 4]. Les soldats de Bituit voyaient pour la première fois ces prodigieux animaux, qu’ils ne connaissaient que par les récits de leurs grands-pères, témoins du passage d’Annibal ; saisis de frayeur, ils n’osèrent pas les attendre. D’ailleurs ils ignoraient l’art de les combattre, et leurs chevaux, doublement effarouchés par la vue et par l’odeur, se cabraient et tournaient court. Bientôt la déroute fut générale, et les ponts se couvrirent de fuyards. Fabriqué à la hâte et peu solidement, le pont de bateaux s’affaissa, les chaînes se rompirent ; hommes et chevaux, engloutis avec les barques, roulèrent entraînés par le courant [P. Orose, V, 14]. Alors, la foule refluant vers l’autre pont, il se trouva complètement obstrué. Dans ce désordre épouvantable, l’épée romaine n’eut qu’à égorger. Cent vingt mille hommes périrent[9], et de ce nombre beaucoup de chefs. Bituit, assez heureux pour échapper au massacre, se sauva dans les montagnes, laissant entre les mains de l’ennemi son char et son manteau [Florus, 3, 2].

Durant plusieurs jours le roi fugitif parcourut les vallées des Allobroges, cherchant à former une nouvelle armée ; mais partout il ne rencontra que découragement et terreur. Dans cette situation désespérée, il résolut de demander la paix ; le message qu’il envoya au consul Fabius fut reçu avec assez de faveur, et les négociations s’entamèrent ; une honteuse perfidie les rompit. Ce nouveau succès du consul était un nouveau coup de poignard pour l’âme jalouse du proconsul Domitius. Hautain et envieux, cet homme ne pouvait supporter que, dans une seule campagne, Fabius eût terminé une guerre si importante ; que, dans l’espace de quelques jours, il eût vaincu et pacifié le plus puissant royaume de la Gaule ; tandis que lui, Domitius, mis à l’écart, ne serait cité que pour rendre témoignage des triomphes d’un rival. Plutôt que de subir cette humiliation, il résolut d’entraver à tout prix l’affaire commencée. Il invita Bituit à venir traiter en personne avec lui, à son quartier, probablement à Eaux-Sextiennes, lui promettant des conditions moins dures que celles qu’exigeait Fabius. L’espoir rentra au cœur du roi déchu ; s’abandonnant sans défiance à la parole du proconsul, il se rendit en secret à sa maison. Domitius, sorti pour le recevoir, l’accueillit, comme un hôte accueille son hôte ; mais à peine eurent-ils dépassé le seuil de la porte, que des soldats apostés se jetèrent sur le Gaulois et le chargèrent de chaînes. D’Eaux-Sextiennes on le transporta, sans perdre de temps, à la côte, où un navire était préparé ; et de là à Rome [V. Max., 6, 9, n 4]. En mettant Bituit à la discrétion du sénat, Domitius enlevait à son collègue l’honneur de conclure la paix.

La perfidie était trop criante pour que le sénat osât l’approuver ; mais tout en la blâmant, il en profita. Sous prétexte que Bituit, de retour dans son royaume, pourrait remuer et renouveler la guerre, il le relégua à Albe, en Italie. Ce roi laissait en Gaule un jeune fils nommé Congentiat [Tite-Live, epit. LXI], qui devait être son héritier ; le sénat le réclama, pour le faire instruire, disait-il, et le replacer ensuite sur le trône de son père. On ignore ce qu’il arriva de ce malheureux enfant, et s’il revint gouverner quelques années les Arvernes ; mais certes on ne s’aperçoit pas qu’il ait inspiré à son peuple ni un grand goût pour les mœurs, ni surtout un grand amour pour la domination romaines.

Pourtant la république traita les Arvernes avec des ménagements qui lui étaient peu ordinaires ; elle ne confisqua rien de leur territoire, elle ne leur imposa aucun tribut [César, B. G., I, 45]. Les Allobroges furent moins heureux ; leur position fit leur crime. Le sénat les déclara sujets du peuple romain [Tite-Live, epit. LXII] ; et les réunit, en cette qualité, aux peuplades liguriennes qu’il avait vaincues, et à d’autres auxquelles il n’avait pas même fait la guerre, mais qui se trouvaient enclavées dans le territoire qu’il convoitait : le tout fut déclaré province[10]. La province romaine au-delà des Alpes comprit donc en totalité le pays situé à l’orient du Rhône, depuis l’endroit où ce fleuve se jette dans le lac Léman jusqu’à son embouchure dans la Méditerranée. Rome dicta les lois qui devaient régir ses nouveaux sujets ; elles ne furent pas égales pour tous. Tandis que les Allobroges, pour avoir défendu leur indépendance avec courage, étaient traités en nation conquise, dans toute la rigueur du terme, de grands privilèges furent octroyés aux Cavares, dont la résistance avait été faible ou nulle, et les Voconces, sous le nom de fédérés ; eurent la liberté de conserver leurs anciennes coutumes [Pline, 3, 5]. Nous expliquerons tout à l’heure quelle était cette politique des Romains, à l’égard de leurs conquêtes, et comment ils proportionnaient l’état des peuples vaincus au plus ou moins d’obstacles que ceux-ci avaient opposés à leur défaite.

Ces opérations terminées, Fabius et Domitius, pour éterniser la mémoire de leurs succès, firent construire, chacun sur le champ de bataille où il s’était signalé, une tour en pierre blanche, et dresser au sommet un trophée des armes enlevées aux Gaulois[11] : chose inouïe jusqu’alors ! disent les historiens, car jamais encore le peuple romain n’avait reproché sa victoire aux nations subjuguées [Florus, l. c.]. Auprès de son trophée, Fabius éleva deux temples, l’un à Mars, l’autre à Hercule [Strabon, 4]. La vanité de Domitius ne fut pas tout à fait sans utilité pour le pays ; il prit soin de restaurer, afin d’y attacher son nom, la vieille route phénicienne qui traversait le littoral entre les Alpes et le Rhône, et qui en effet fut appelée depuis lors voie domitienne[12]. Il voulut aussi parcourir la Province, en grand appareil, à la tête de son armée, et monté sur un de ces éléphants à qui lui et son collègue devaient une bonne partie de leur gloire [Suet., Néron, 2]. Après ce premier triomphe qui il s’était décerné de son autorité privée, il se rendit à Rome, où il en briguait un second.

Il l’obtint sans peine. Fabius et lui triomphèrent le même jour, celui-ci des Allobroges, celui-là des Arvernes[13]. On fit venir d’Albe, pour cette humiliante solennité, l’infortuné Bituit ; on le revêtit de ses armes royales et de cette saie brillante qu’il avait portée à la fatale journée du Rhône ; on le fit monter sur son char d’argent [Florus, l. c.] ; et le monarque gaulois fut ainsi promené dans les carrefours de Rome, au milieu des huées de la populace, entre l’homme qui l’avait attaqué contré tout droit et l’infâme qui l’avait livré. Quand on l’eut abreuvé d’assez d’ignominie ; on le reconduisit dans sa prison d’Albe, où il ne tarda pas à finir ses jours. Fabius, pour avoir réuni le territoire allobroge, aux domaines de Rome y reçut du sénat le surnom d’allobrogique[14].

La province transalpine fut déclarée consulaire ; c’est-à-dire que tous les ans un des consuls dut s’y rendre avec son armée : honneur qui prouvait peu de confiance dans la soumission du peuple vaincu. Les consuls qui succédèrent à Q. Fabius, P. Manlius en 120 [av. J.-C.], Aurelius Cotta en 119 et Q. Marcius Rex en 118 continuèrent les conquêtes de leurs prédécesseurs ; ils agrandirent la Province de tout le pays situé au couchant du Rhône, entré ce fleuve, la frontière arverne et les Pyrénées ; ce qui comprenait les territoires des Helves, des Volkes arécomikes et des Sordes [118 av. J.-C.]. Cette nouvelle acquisition paraît leur avoir coûté peu de peine. Ils firent aussi une alliance étroite avec les Volkes Tectosages [Diod., Frag. ap. Vales.] et leur donnèrent le titre de fédérés, sans que ce peuple pourtant fût considéré comme sujet de Rome et eût son territoire enclavé dans les limites de la Province.

Les Romains possédaient donc au-delà des Alpes une province importante, mais ils n’étaient point maîtres des chemins qui pouvaient y conduire. Ils suivaient pour passer d’Italie en Gaule le sentier étroit et difficile qui longe le golfe Ligurien, entre la mer et les derniers escarpements des montagnes. Quant aux routes intérieures des Alpes; elles étaient au pouvoir de tribus gauloises et liguriennes qui les gardaient à main armée. Le sénat tourna son attention de ce côté; il donna ordre à ses généraux de s’emparer du passage des Alpes maritimes, et d’un autre passage, dans cette partie de la chaîne que les Gaulois appelaient Craig ou Crac[15] (région des rocs), mot que les Romains avaient altéré en ceux de Grœcœ et Graïœ[16].

C’était la petite tribu des Ligures Stœnes qui tenait le col des Alpes maritimes. Q. Marcius, entrant avec précaution dans la montagne, vint assaillir leur village à l’improviste. Les Stænes surpris essayèrent de se défendre, mais, se voyant enveloppés de tous côtés par les troupes romaines, et sans espoir de retraite, ils mirent le feu à leurs maisons, et, après avoir égorgé leurs femmes et leurs enfants, ils se précipitèrent au milieu des flammes. Ceux de ces hommes héroïques qui, saisis sur les routes, ou faits prisonniers pendant le combat, n’avaient pu suivre l’exemple de leurs frères, se donnèrent tous la mort par le fer, le feu ou le lacet ; quelques-uns à qui l’on enleva toutes les armes se laissèrent mourir de faim. Il ne s’en trouva aucun, dit un historien[17], même parmi les plus jeunes, chez qui l’amour de la vie fût assez fort pour leur faire supporter l’esclavage. La résistance ne fut guère moins belle dans les Alpes graies ; toutefois les passages, après des chances diverses, tombèrent au pouvoir des Romains[18].

En même temps qu’ils perçaient à l’ouest et au nord la chaîne des Alpes, ils la franchirent aussi à l’orient pour aller combattre sur les bords de la Save et du Margus une nation kimro-gallique, ces Scordisques qui, après le pillage du temple de Delphes, s’établirent au pied du mont Scordus et dominaient alors dans les Alpes illyriennes. Depuis vingt ans, ces peuplades turbulentes fatiguaient les gouverneurs romains de la Grèce par des guerres continuelles où elles avaient été tantôt vaincues et tantôt victorieuses. Pour y mettre un terme, le consul C. Porcius Caton alla les attaquer au cœur de leur pays ; mais s’étant laissé envelopper dans leurs forêts, il y périt avec toute son armée[19]. Fiers de ce succès, les Scordisques se mirent en route vers l’Italie, et descendirent comme un torrent sur la côte illyrienne de l’Adriatique. On rapporte qu’irrités à la vue de cette mer qui s’opposait à leur marche, ils l’insultèrent et déchargèrent dans ses flots leurs gais et les flèches de leurs carquois [Florus, 3, 4]. Ce peuple était sauvage et féroce ; il buvait dans le crâne de ses ennemis, il égorgeait ses prisonniers, il mutilait et défigurait les cadavres ; dans les villes prises d’assaut, il ouvrait les entrailles des femmes et en arrachait leur fruit, afin que toute créature humaine fut marquée à l’empreinte de sa vengeance. Les légions romaines accoururent pour garantir l’Italie de l’invasion de ces barbares ; mais elles n’en garantirent pas la Grèce, dont les parties septentrionales furent horriblement saccagées[20].

Cependant une question intéressante pour la province transalpine occupait vivement le sénat de Rome. Le jeune L. Licinius Crassus, déjà célèbre par son éloquence, avait proposé d’envoyer à Narbonne une colonie de citoyens romains et briguait l’honneur de l’y conduire : la mesure était grave non moins par sa nouveauté que par ses conséquences éventuelles, car une seule colonie de ce genre avait encore été fondée hors de l’Italie, et elle l’avait été sur les ruines de l’ancienne Carthage. On objectait surtout à Crassus l’imprudence d’exposer, en quelque sorte, des citoyens romains aux flots de la barbarie [Cicer., pro Flac.], dans un pays à peine conquis, à la merci de peuples farouches, qui n’étaient façonnés à aucun joug. L’orateur et ses partisans répondaient qu’une ville romaine pouvait seule adoucir ces peuples et les briser à l’obéissance, par sa prépondérance, par l’exemple de ses mœurs, par la communication de son langage ; qu’elle deviendrait pour la république un boulevard contre les dangers du dehors, et une sentinelle vigilante au sein de sa conquête ; ils firent valoir encore d’autres motifs, et entraînèrent à leur opinion la majorité du sénat. La colonie décrétée, Crassus eut mission de l’établir[21].

Mais, dans les prévisions profondes de la politique romaine, Narbonne n’était pas dirigée uniquement contre les indigènes de la Gaule ; on la plaçait, comme une surveillante et une rivale, auprès de Massalie, dont la puissance, devenue inutile, commençait à inspirer de l’ombrage. A peine la colonie fut-elle installée, que des travaux immenses révélèrent le secret de ses fondateurs. L’ancien port fut changé ; un bras de l’Aude, détourné de son lit par une chaussée de sept milles de long, contribua à former une rade plus sûre et plus vaste ; et des ponts furent jetés à grands frais dans une étendue de quatre milles sur les étangs et les ruisseaux, qui, très nombreux à l’est de la ville, inondaient fréquemment les alentours[22]. Narbonne vit s’élever dans son enceinte un capitole, une curie, lieu où se réunissait le sénat local, des temples magnifiques, des thermes, et plus tard une monnaie, un amphithéâtre et un cirque[23]. Elle devint le lieu de station de la flotte militaire qui observait ces parages. Le commerce de l’Italie, de l’Espagne, de l’Afrique, de la Sicile, oubliant le chemin de Massalie, vint s’y concentrer peu à peu ; le commerce intérieur de la Gaule y reflua aussi en partie : de la fondation de Narbonne Massalie put dater l’ère de sa ruine.

Une colonie romaine était une image ou, pour parler comme un écrivain ancien, un rejeton de la cité romaine transplanté sur le sol étranger[24]. A l’exception des droits politiques dont l’exercice exclusif appartenait à la métropole, le citoyen romain transportait dans la colonie dont il était membre toute la liberté, toutes les prérogatives dont il jouissait sur les bords du Tibre. Et même il ne perdait pas ses privilèges politiques ; pour les recouvrer, il lui suffisait de se rendre à Rome ; là il pouvait voter, dans les comices, sur les lois et sur la nomination des magistrats, rechercher et obtenir toutes les charges de la république. Dans l’intérieur de sa ville, dans son municipe, il faisait partie d’un petit gouvernement qui possédait ses magistratures, son autorité, ses revenus particuliers.

Les principales attributions du gouvernement municipal tétaient : 1° le culte, les cérémonies et fêtes religieuses ; 2° l’administration des biens et revenus communs, la construction et l’entretien des édifices publics d’utilité ou d’agrément ; 3° la police intérieure ; 4° l’exercice du pouvoir judiciaire, en certains cas qui ne sont pas bien définis[25].

Les municipes modelaient leur constitution sur celle de Rome. Tous avaient une curie qui représentait le sénat, et presque tous des duumvirs correspondant aux consuls; un petit nombre rem plaçaient les duumvirs par des triumvirs, des quartumvirs ou des sévirs. Des magistrats inférieurs, édiles, questeurs, préteurs, censeurs, exerçaient les mêmes fonctions que les magistrats du même nom à Rome. Les membres de la curie s’appelaient décurions. Ce n’était pas seulement par la constitution et les droits qu’une colonie romaine offrait une représentation vivante de sa métropole, c’était encore matériellement par la forme et le nom de ses monuments : chaque colonie renfermait un capitole, un forum, une curie, un amphithéâtre, et souvent ces édifices rivalisèrent de grandeur et de beauté avec ceux qui ornaient la cité mère.

Les colonies romaines tenaient le premier rang en privilèges et en honneur parmi les villes des provinces. Au second rang venaient les colonies composées d’habitants du Latium ; elles jouissaient du droit latin [Jus Latii], et portaient, comme les premières, le nom de municipes, parce qu’elles choisissaient comme elles leurs magistrats[26], et se gouvernaient par leurs propres lois; la différence des unes aux autres consistait surtout dans les droits politiques auxquels les villes latines ne pouvaient point prétendre. Il y avait outre cela des colonies italiques[27] dont la condition était moins favorable que celle des colonies latines, principalement sous le rapport des taxes.

Tels étaient les degrés d’hiérarchie établis par la république au sein de la population italienne qu’elle transplantait dans ses provinces. Quant à la race subjuguée, elle ne vivait pas non plus sous une domination uniforme. Les peuples que leur peu de résistance à la conquête et la servilité de leur soumission, quelquefois leur force et l’indépendance sauvage de leurs mœurs, recommandaient aux ménagements du vainqueur, recevaient les titres de peuples libres ou de cités fédérées[28] ; en cette qualité, ils conservaient leurs anciennes lois, et payaient seulement des redevances en terres, en argent, en hommes. Dans certaines villes, des préfets annuels étaient envoyés de Rome pour administrer la justice. Cette suspension de l’exercice de la justice était infligée d’ordinaire comme un châtiment aux colonies et autres villes privilégiées qui se montraient rebelles ou ingrates envers le peuple romain : descendues à la condition de préfectures [præfecture], elles ne jouissaient plus ni des droits des colonies, ni des droits des cités libres; leur état civil dépendait des édits absolus des préfets, et leur état politique du sénat romain, qui exigeait d’elles à son gré des contributions, des terres et des levées d’hommes. Mais la condition la plus dure de toutes était celle de sujets provinciaux [Jus provinciale].

Les proconsuls ou les préteurs à qui le gouvernement des pays provinciaux était confié, cumulaient tous les pouvoirs à la fois ; ils commandaient les armées, faisaient des lois, rendaient la justice, imposaient des taxes arbitrairement ; ils avaient pour adjoint un questeur chargé de la levée de ces taxes et du règlement des comptes. Jamais despotisme plus dur et plus illimité ne pesa sur les peuples. Les provinces accablées sous des charges de toute nature, tantôt étaient soumises à une capitation [Census capitis], tantôt se voyaient dépouillées de leurs meilleures terres, que la république affermait pour son compte à des agriculteurs et à des nourrisseurs de bestiaux [Pecuarii]. Quelquefois ÿ outre la dîme du produit des terres [Census soli], elles supportaient des droits considérables d’entrée et de sortie [Portoria scripturœ, decumœ, etc.], des réquisitions en froment, en bestiaux, en chevaux, des corvées, des impôts sur les voyageurs, des impôts pour le déplacement des cadavres, des impôts sur les mines d’or, d’argent, de cuivre, de fer, de marbre, et sur les salines.

Cette gradation dans l’état politique des habitant des provinces était un des procédés par lesquels Rome, si savante en despotisme, les enchaînait à l’obéissance ; les privilégiés redoutaient de perdre ce que les autres brûlaient d’obtenir ; la crainte et l’espérance contribuaient également à consolider la tyrannie. Mais, tandis que dans la province transalpine le sénat distribuait les gracies et les rigueurs, que les colons romains construisaient leur ville et se partageaient les campagnes des Arécomikes, que le questeur régularisait la spoliation du pays, une des invasions les plus terribles qui aient effrayé l’occident vint fondre tout à coup au midi du Rhin, et menacer d’une commune ruine les vaincus et les vainqueurs, la Gaule et l’Italie entière.

 

 

 



[1] Tite-Live, Epitom. LX. — Florus, III, c. 9. — Fast. Capit.

[2] Diodore de Sicile, Fragm. ap. Vales, p. 376. — Tite-Live, Epitom. LXI.

[3] Tite-Live, epit. LXI. — Strabon, loc. cit. — Solin, c. 2.

[4] Colonia aguensis. — Civitas aquensis. — Aujourd’hui Aix en Provence.

[5] Tite-Live, epit. LXI. — Florus. III, c. 2.

[6] Bituitus (epitom. Tite-Live — Florus — Paul Orose). Bittos et Bititos (Strabon), Betultus (Valère Max. et Inscript. Grut p. 298).

[7] Sulgas. — Strabon, IV, p. 191.

[8] Ad oppidum Vindalium. Tite-Live, epitom. LXI. — Strabon, IV, p, 185. — Paul. Orose, V, c. 13. — C’est la ville de Venasque, autrefois capitale du comtat Vénaissin auquel elle donna son nom.

[9] Tite-Live, epit. LXI. — Appien, Bell. Gall., p. 55. — 130.000, suivant Pline (VII, c. 50) ; 150.000, suivant Orose (V, c. 14).

[10] C’est ce que les Romains appelaient in Provinciœ formum ou formulam redigere.

[11] Strabon, IV, p. 185 — Florus, III, c. 2.

[12] Via Domitii ou Via Domitia.

[13] Marmor. Capit. Pigh., t. III, p. 74 et 78. — Vell. Paterculus, II, n. 10. — Florus, III, c. 2.

[14] Vell. Paterculus, l. c. — Valère Maxime, VI, c. 9, n. 4. — Juvenalis, etc.

[15] Craig (gaël.), carreg (cym.) roc. Crau, en patois savoyard, signifie encore aujourd’hui pierre, rocher.

[16] Graïœ, Alpes. Pline. Petron. — Virgil. Æn. X. — Grœœ, Serv. ad Virg. loc. cit. — Mons Graïus. Tacite, Hist. IV. — C’est aujourd’hui le passage du Petit-Saint-Bernard.

[17] Paul. Orose, V, c. 14. — Epit. Tite-Live, LXII. — Fast. Capit. Fragm. Pigh., t. III, p. 85.

[18] Dion Cassius, Fragm., p. 617. — Tite-Live, epit. LXIII. — Paul Orose, V, c. 4.

[19] Tite-Live, epit. LXIII. — Eutrope, IV, p. 524.

[20] Tite-Live, epit. LXIII. - Vell. Paterculus, II, c. 8. — Florus, III, c. 4. — Fast. Capitol.

[21] Cicéron, Brutus, p. 223. — Eutrope, IV.

[22] Marc. Hispan., p. 28 et sqq ; 33 et sqq. — Hist. générale du Languedoc, t. I, p. 54, 55.

[23] Auson. de Clar. urbib. p. 221. — Sidon. Apollinaire, carm. XXIII.

[24] Strabon, IV, p. 181. — Auson., loc. cit. — Sulpice Sévère, Dial., I, c. 1-2. — Sidon. Apollinaire, carm. XXIII.

[25] V. dans l’excellent ouvrage de M. Guizot, Essais sur l’Histoire de France, le morceau intitulé Du régime municipal dans l’empire romain.

[26] Municipia à muneribus capiendis.

[27] La législation qui les régissait portait le nom de Jus italicum.

[28] Populi liberi ; civitates fœderatœ.