Première partie
L’IRRUPTION en Italie de cette bande de Gaulois
transalpins dont nous avons raconté dans le chapitre précédent l’alliance
avec les Cisalpins et bientôt la destruction complète, se rattachait à de
nouveaux mouvements de peuples dont Nous ne savons rien des guerres que les Belges, avant de
rester possesseurs paisibles du pays qu’ils avaient envahi, soutinrent contre
les populations antérieures. L’histoire nous montre seulement les Tectosages,
vers l’année 281, faisant partir de Tolosa une émigration considérable, sur
les motifs de laquelle les écrivains ne sont pas d’accord. Les uns l’attribuent
à l’excès de population [Justin, 24, 4] qui de bonne heure se
serait fait sentir parmi les Volkes serrés étroitement de tout côté par les
anciennes peuplades galliques, aquitaniques et liguriennes ; d’autres
lui assignent pour cause des révoltes et des guerres intestines. Il s’éleva chez les Tectosages, disent -ils, de violentes
dissensions, par suite desquelles un grand nombre d’hommes furent chassés et
contraints d’aller chercher fortune au dehors [Strabon,
4. – Polybe, 2.]. Les émigrants, quel que fût le motif de leur
départ, sortirent de L’an 340 avant notre ère, Alexandre, fils de Philippe, roi de Macédoine, ayant fait une expédition, vers les bouches du Danube, contre les tribus scythiques ou teutoniques qui ravageaient la frontière de Thrace, quelques Galls se rendirent dans son camp, attirés soit par la curiosité du spectacle, soit par le désir de voir ce roi déjà fameux. Alexandre les reçut avec affabilité, les fit asseoir à sa table, au milieu de sa cour, et prit plaisir à les éblouir de cette magnificence dont il aimait à s’environner, jusque sur les champs de bataille. Tout en buvant, il causait avec eux par interprète : Quelle est la chose que vous craignez le plus au monde ? leur demanda-t-il, faisant allusion à la célébrité de son nom et au motif qu’il supposait à leur visite. Nous ne craignons, répliquèrent ceux-ci, rien que la chute du ciel. — Cependant, ajoutèrent-ils, nous estimons l’amitié d’un homme tel que toi [Strabon, 7]. Alexandre dissimula prudemment la mortification que cette réponse dut lui faire éprouver, et se tournant vers ses courtisans non moins surpris que lui, il se contenta de dire : Voilà un peuple bien fier ! [Arrien, Alex., 1, 6] Toutefois, avant de quitter ses hôtes, il conclut avec eux un traité d’amitié et d’alliance. Mais Alexandre mourut à la fleur de l’âge, au fort de ses
conquêtes, à mille lieues de sa patrie, et le vaste empire qu’il avait créé
fut dissous. Tandis que ses généraux prenaient les armes pour se disputer son
héritage, les républiques asservies par lui ou par son père s’armaient aussi
pour reconquérir leur indépendance. Tout présageait à Plus les affaires de Introduits au sein de cette Grèce déchirée par tant de
factions, les Galls sentirent bientôt sa faiblesse et leur force ; ils
se lassèrent de combattre à la solde d’un peuple qu’ils pouvaient dépouiller.
Un chef de bande, nommé Cambaules[6], entra pour son
propre compte dans Des régions de la haute Macédoine, comme d’un point
central, partent quatre grandes chaînes de montagnes. La plus considérable,
celle du mont Hémus, se dirige vers l’est, entoure Tandis que le Brenn bataillait contre les montagnards de l’Hémus,
l’aile droite arriva sans difficulté sur la frontière occidentale de De part et d’autre on fit ses dispositions pour la bataille. Ptolémée, suivant la tactique grecque, rangea sur les flancs son infanterie légère et sa cavalerie ; au centre, son infanterie pesante, armée de longues piques, se forma en phalange. Les Grecs appelaient de ce nom un bataillon carré de cinq cents hommes de front, sur seize de profondeur, tous tellement serrés les uns contre les autres que les piques du cinquième rang dépassaient de trois pieds la première ligne ; les rangs les plus intérieurs, ne pouvant se servir de leurs armes, appuyaient les premiers, soit pour augmenter la force de l’attaque, soit pour soutenir le choc des charges ennemies. La phalange était la gloire de l’armée macédonienne ; Philippe, Alexandre, et les successeurs de ce conquérant, lui avaient été redevables de leurs plus grands succès. Cependant ce corps si redoutable ne résista pas à l’audace impétueuse des Gaulois ; après un combat terrible, il fut enfoncé ; l’éléphant qui portait le roi tomba criblé de javelots ; lui-même, saisi vivant, fut mis en pièces, et sa tête promenée au bout d’une pique, à la vue des ailes macédoniennes qui tenaient encore[15]. Alors la déroute devint générale ; la plupart des chefs et des soldats périrent ou furent contraints de se rendre ; mais le sort des captifs fut plus horrible que celui des guerriers morts sur le champ de bataille ; Belg en fit égorger dans un sacrifice solennel les plus jeunes et les mieux faits ; les autres, garrottés à des arbres, servirent de but aux gais des Galls et aux matars des Kimris[16]. Cette défaite et les atrocités dont elle était suivie
jetèrent Un jeune Grec, nommé Sosthènes, de la classe du peuple [Justin,
24, 5], mais plein de patriotisme et d’énergie, entreprit enfin d’arrêter
ou du moins de troubler le cours de ces ravages. Il rassembla quelques jeunes
gens, comme lui plébéiens, et se mit à inquiéter par des sorties les
divisions gauloises séparées du gros de l’armée, à enlever les traîneurs et
les bagages, à intercepter les vivres. Peu à peu le nombre de ses compagnons
s’accrut ; et il se hasarda à tenir la campagne. L’armée macédonienne
accourut alors sous ses drapeaux, et, déposant son roi Antipater, vint offrir
à Sosthènes la couronne et le commandement ; le jeune patriote dédaigna
le titre de roi, et ne voulut accepter qu’un commandement temporaire [Justin,
24, 5]. Belg fut bientôt réduit à se tenir sur la défensive. Comme
ses bagages étaient chargés de dépouilles et de richesses de tout genre,
craignant d’aventurer ces fruits de sa campagne, il se soucia peu d’en venir
à une bataille rangée ; harcelé par Sosthènes, mais éludant toujours une
action décisive, il regagna les montagnes, non sans avoir perdu beaucoup de
monde [Justin, 24, 6 – Pausanias, 10]. Tels étaient les événements
qui arrêtèrent le Brenn et l’armée du centre au moment où, avant réduit les
peuplades de l’Hémus, ils allaient fondre sur Le Brenn sentit qu’il était nécessaire de remonter la
confiance de ses compatriotes un peu affaiblie par ce premier revers ; il
se mit à voyager de tribu en tribu, animant les jeunes gens par ses discours,
et appelant aux armes tout ce qu’il restait de guerriers. Il ne se borna pas
au territoire gallique ; il alla solliciter les Boïes, habitants du
fertile bassin situé entre le haut Danube et l’Oder, ainsi que les nations
teutoniques qui occupaient déjà une partie des vastes régions, au nord des
Kimris. Durant ce voyage, le Brenn traînait après lui des prisonniers
macédoniens qu’il avait choisis petits et de peu d’apparence, et dont il
avait fait raser la tête. Il les promenait dans les assemblées publiques, et
faisant paraître à côté d’eux de jeunes guerriers galls et kimris de haute
taille, parés de la chaîne d’or et de la longue chevelure : Voilà ce que nous sommes, disait-il, grands, forts et nombreux ; et voilà ce que sont nos
ennemis ! [Polyæn, Strat., 7, 35] Alors
avec ces images vives et poétiques qui formaient le caractère de l’éloquence
gauloise, le Brenn peignait la faiblesse de Le Brenn se choisit parmi les chefs un lieutenant ou collègue, dont le titre, en langue kymrique, était Kikhouïaour ou Akikhouïaour, mot que les Grecs orthographiaient Kikhorios et Akikhorios, et qu’ils prenaient pour un nom propre de personne[18]. L’armée réunie sous ses ordres se trouva composée : 1° de Galls ; 2° de Tectosages ; 3° de Boïes qui prenaient le nom de Tolisto-Boïes, c’est-à-dire, Boïes séparés[19] ; 4° d’un corps peu nombreux, levé chez les nations teutoniques, portant la dénomination de Teuto-Bold ou Teutobodes, les vaillants Teutons, et commandés par Lut-Her[20] ; 5° d’un corps d’Illyriens [Appien, de Bell. Illyr.]. Ces forces formaient en tout cent cinquante deux mille hommes d’infanterie et vingt mille quatre cents hommes de cavalerie, organisés de manière que leur nombre montait réellement à soixante et un mille deux cents. En effet chaque cavalier était suivi de deux domestiques ou écuyers montés et équipés, qui se tenaient derrière le corps d’armée ; lorsque la cavalerie engageait le combat. Le maître était-il démonté, ils lui donnaient sur-le-champ un cheval ; était-il tué, un d’eux montait son cheval et prenait son rang ; enfin, si le cheval et le cavalier étaient tués ensemble ou que le maître blessé fût emporté du champ de bataille par un des écuyers, l’autre occupait, dans l’escadron, la place que le cavalier laissait vacante. Ce mode de cavalerie s’appelait trimarkisia de deux mots qui, dans la langue des Galls, comme dans celle des Kimris, signifiaient trois chevaux[21]. Outre les guerriers sous les armes, une foule de vivandiers et de marchands forains de toute nation grossissait la suite du Brenn; deux mille chariots suivaient, destinés à transporter les vivres, les blessés et le butin [Diodore, 22]. Cette formidable armée se mit en marche ; mais au
moment où elle touchait la frontière de Macédoine, la division éclata parmi
ses chefs. Lut-Herr et ses Teutons se séparèrent du Brenn ; leur exemple
fut suivi par Léonor, chef d’une des bandes gauloises, et les deux troupes
formant environ vingt mille hommes prirent le chemin de Une seconde invasion bien plus terrible que la première
menaçait alors cette même Grèce, et déjà touchait à ces mêmes Thermopyles.
Les hellènes ne s’aveuglèrent point sur le péril de leur situation. Ce n’était plus, dit un ancien historien [Pausanias,
10], une guerre de liberté, comme celle
qu’ils avaient soutenue contre Darius et Xerxès ; c’était une guerre d’extermination.
Livrer l’eau et la terre n’eût point désarmé leurs farouches ennemis. Ce que savaient, à cette époque, les plus savants hommes
de Les républiques helléniques, autrefois si florissantes,
avaient été ruinées par la domination des rois de Macédoine depuis
Philippe ; de récentes et malheureuses tentatives d’affranchissement
leur avaient porté un dernier coup, dont elles n’avaient pu se relever
encore. Leur faiblesse et la gravité des circonstances auraient dû les
engager à se rapprocher, et ce fut précisément ce qui les désunit [Pausanias,
1]. Plusieurs d’entre elles, alléguant ces motifs mêmes, crurent
pouvoir sans honte se refuser à la commune défense. Les nations du Péloponnèse
se contentèrent de fortifier l’isthme de Corinthe par une muraille qui le
coupait d’une mer à l’autre, et d’attendre derrière ce rempart l’issue des événements
dont Sitôt qu’il apprit la marche des Gaulois, Callipus détacha mille hommes d’infanterie légère et autant de cavaliers pour rompre les ponts du Sperchius et en disputer le passage. Ils arrivèrent à temps, et les communications étaient complètement coupées lorsque le Brenn parvint au bord du fleuve. En cet endroit, comme dans presque toute l’étendue de son cours, le Sperchius était rapide, profond, encaissé entre deux rives à pic. Le chef gaulois n’eut garde de tenter ce passage dangereux, ayant en face l’ennemi posté sur l’autre bord ; il feignit pourtant de l’entreprendre ; mais tandis qu’il amusait les Grecs par des préparatifs simulés, il descendit précipitamment le fleuve avec dix mille hommes des plus robustes et des meilleurs nageurs de son armée, cherchant un lieu guéable. Il choisit celui où, près de se perdre dans la mer, le Sperchius déverse à droite et à gauche sur ses rives et y forme de larges étangs peu profonds ; ses soldats, profitant de l’obscurité de la nuit, traversèrent, les uns à la nage, les autres de pied ferme, plusieurs sur leurs boucliers qui, longs et plats, pouvaient servir de radeaux. Au point du jour, les Hellènes apprirent cette nouvelle, et, craignant d’être enveloppés, se retirèrent vers les Thermopyles [Ibid.]. Le Brenn, maître des deux rives du Sperchius, ordonna aux habitants des villages environnants d’établir un pont sur le fleuve, et ceux-ci, impatients de se délivrer du séjour des Gaulois, exécutèrent les travaux avec la plus grande promptitude ; bientôt les Kimro-Galls arrivèrent aux portes d’Héraclée. Ils commirent de grands ravages tout autour de cette ville, et tuèrent ceux des habitants qui étaient restés aux champs ; mais la ville, ils ne l’assiégèrent pas. Le Brenn s’inquiétait peu de s’en rendre maître ; ce qui lui tenait le plus à coeur, c’était de chasser promptement l’armée ennemie des défilés, afin de pénétrer par-delà les Thermopyles, dans cette Grèce méridionale si populeuse et si opulente. Lorsqu’il eut connu, par les rapports des transfuges, le dénombrement des troupes grecques, plein de mépris pour elles, il se porta en avant d’Héraclée, et attaqua les défilés, dès le lendemain, au lever du soleil, sans avoir consulté, sur le succès futur de la bataille, remarque un écrivain ancien [Pausanias, 10], aucun prêtre de sa nation, ni, à défaut de ceux-ci, aucun devin grec. Au moment où les Gaulois commencèrent à pénétrer dans les Thermopyles, les Hellènes marchèrent à leur rencontre, en bon ordre, et dans un grand silence. Au premier signal de l’engagement, leur grosse infanterie s’avança au pas de course, de manière pourtant à ne pas rompre sa phalange, tandis que l’infanterie légère, gardant aussi ses rangs, faisait pleuvoir une grêle de traits sur l’ennemi, et lui tuait beaucoup de monde, à coups de frondes et de flèches. De part et d’autre la cavalerie fut inutile, non seulement à cause du peu de largeur du défilé, mais encore parce que les roches naturellement polies étaient devenues très glissantes par l’effet des pluies du printemps. L’armure défensive des Gaulois était presque nulle, car ils n’avaient pour se couvrir qu’un mauvais bouclier ; et à ce désavantage se joignait une infériorité marquée dans le maniement des armes offensives et dans la tactique du combat. Ils se précipitaient eu masse, avec une impétuosité qui rappelait aux Hellènes la rage aveugle des bêtes féroces [Pausanias, 10]. Mais pourfendus à coups de hache, ou tout percés de coups d’épée, ils ne lâchaient point prise et ne quittaient point cet air terrible qui épouvantait leurs ennemis [Ibid.] ; ils ne faiblissaient point tant qu’il leur restait un souffle de vie. On les voyait arracher de leur blessure le dard qui les atteignait, pour le lancer de nouveau, ou pour en frapper quelque Grec qui se trouvait à leur portée. Cependant les galères d’Athènes, mouillées au large, en vue du défilé, s’approchèrent de la côte, non sans peine et sans danger, à cause de la vase dont cette partie du golfe était encombrée, et les Gaulois furent battus en flanc par une grêle de traits et de pierres qui partaient sans interruption des vaisseaux. La position n’était plus tenable, car le peu de largeur du passage les empêchait de déployer leurs forces coutre l’ennemi qu’ils avaient en front, et celui qu’ils avaient sur les flancs, sans rien souffrir d’eux, les accablait à coup sûr ; ils prirent le parti de la retraite. Mais cette retraite s’opéra sans ordre et avec trop de précipitation ; un grand nombre furent écrasés sous les pieds de leurs compagnons ; un plus grand nombre périrent abîmés dans la vase profonde des marais ; en tout, leur perte fut considérable. Les Hellènes n’eurent à pleurer, dit-on, que quarante des leurs. La gloire de la journée resta aux Athéniens, et parmi eux, au jeune Cydias qui faisait alors ses premières armes et resta sur le champ de bataille. En mémoire de son courage et de la victoire de l’armée hellène, le bouclier du jeune héros fut suspendu aux murailles du temple de Jupiter Libérateur, à Athènes, avec une inscription dont voici le sens : Ce bouclier consacré à Jupiter est celui d’un vaillant mortel, de Cydias ; il pleure encore son jeune maître. Pour la première fois, il chargeait son bras gauche, quand le redoutable Mars écrasa les Gaulois [Pausanias, 10]. Après le combat, les Grecs donnèrent la sépulture à leurs morts ; mais les Kimro-Galls n’envoyèrent aucun héraut redemander les leurs, s’inquiétant peu qu’ils fussent enterrés ou qu’ils servissent de pâture aux bêtes fauves et aux vautours. Cette indifférence pour un devoir sacré aux yeux des Hellènes, augmenta l’effroi que leur inspirait le nom gaulois ; toutefois, ils n’en furent que plus vigilants et plus déterminés à repousser de leurs foyers des hommes qui semblaient ignorer ou braver les plus communs sentiments de la nature humaine [Ibid.]. Sept jours s’étaient écoulés depuis la bataille des Thermopyles, lorsqu’un corps de Gaulois entreprit de gravir l’Œta au-dessus d’Héraclée, par un sentier étroit et escarpé, qui passait derrière les ruines de l’antique ville de Trachine. Non loin de cette ville, vers le haut de la montagne, était un temple de Minerve, où les peuples du pays avaient déposé d’assez riches offrandes ; les Gaulois en avaient été informés ; ils crurent que ce sentier dérobé les conduirait au sommet de l’Œta, et, chemin faisant, ils se proposaient de piller le temple. Mais les Grecs, chargés de garder les passages, tombèrent sur eux si à propos qu’ils les taillèrent en pièces et les culbutèrent de rochers en rochers. Cet échec et la défaite des Thermopyles ébranlèrent la confiance des chefs de l’armée, et préjugeant de l’avenir par le présent, ils commencèrent à désespérer du succès ; le Brenn seul ne perdit point courage. Son esprit, fertile en stratagèmes, lui suggéra le moyen de tenter, avec moins de désavantage, une seconde attaque sur les Thermopyles. Ce moyen consistait d’abord à enlever aux confédérés les guerriers étoliens qui en formaient la plus nombreuse et la meilleure infanterie pesante ; pour y parvenir, il médita une diversion terrible sur l’Etolie [Pausanias, 10]. D’après ses instructions, le chef gaulois Combutis partit accompagné d’un certain Orestorios, que la physionomie grecque de son nom pourrait faire regarder comme un transfuge, ou du moins comme un aventurier d’origine grecque établi parmi les Gaulois, et parvenu chez ce peuple à la dignité de commandant militaire. Tous les deux repassèrent le Sperchius à la tête de quarante mille fantassins et de huit cents chevaux, et se dirigeant à l’ouest vers les défilés du Pinde gui n’étaient point gardés, ils les franchirent ; puis ils tournèrent vers le midi, entre le pied occidental des montagnes et l’Achéloüs, et fondirent à l’improviste sur l’Étolie, qu’ils traitèrent avec la cruauté brutale de deux chefs de sauvages. Plusieurs villes, celle de Callion en particulier, furent le théâtre d’horreurs dont le souvenir effraya longtemps les peuples de ces contrées. Nous reproduirons ici le tableau de ces scènes affligeantes, telles que Pausanias les recueillit sans ses voyages, tableau touchant, mais empreint dans quelques détails de cette exagération qui s’attache ordinairement aux traditions populaires [Pausanias, 10]. Ce furent eux, dit-il (Combutis et Orestorios), qui saccagèrent la ville de Callion, et qui ensuite y autorisèrent des barbaries si horribles qu’il n’en existait, a que je sache, aucun exemple dans le monde… L’humanité est forcée de les désavouer, car elles rendraient croyable ce qu’on raconte des Cyclopes et des Lestrigons… Ils massacrèrent tout ce qui était du sexe masculin, sans épargner les vieillards, ni même les enfants, qu’ils arrachaient du sein de leurs mères pour les égorger. S’il y en avait qui parussent plus gras que les autres ou nourris d’un meilleur lait, les Gaulois buvaient leur sang et se rassasiaient de leur chair. Les femmes et les jeunes vierges qui avaient quelque pudeur se donnèrent elles-mêmes la mort ; les autres se virent livrées à tous les outrages, à toutes les indignités que peuvent imaginer des barbares aussi étrangers aux sentiments de l’amour qu’à ceux de la pitié. Celles donc qui pouvaient s’emparer d’une épée se la plongeaient dans le sein ; d’autres se laissaient mourir par le défaut de nourriture et de sommeil. Mais ces barbares impitoyables assouvissaient encore sur elles leur brutalité, lors même qu’elles rendaient l’âme, et, sur quelques-unes, lorsqu’elles étaient déjà mortes. Ou a vu plus haut que les milices étoliennes, dès le commencement de la campagne, s’étaient rendues au camp des Thermopyles. Le pays était donc presque entièrement désarmé. Au premier bruit de l’invasion de Combutis, la ville de Patras, située en face de la côte étolienne sur l’autre bord du détroit où commence le golfe Corinthiaque, envoya l’élite de ses jeunes gens secourir l’Étolie ; ce fut le seul peuple du Péloponnèse qui accomplit ce devoir d’humanité [Pausanias, 10 & 7] ; malheureusement il en fut mal récompensé par la fortune. Les Patréens étaient peu nombreux ; comptant sur la supériorité de leurs armes et sur leur adresse à les manier, ils osèrent pourtant attaquer de front les Gaulois. Dans ce combat si inégal, ils déployèrent une audace et une bravoure admirables ; mais ces qualités n’étaient pas moindres chez leurs adversaires, qui avaient pour eux la force du nombre ; les Patréens furent écrasés, et Patras ne se releva jamais de cette perte de toute sa jeunesse. Cependant les évènements de l’Étolie avaient produit au camp des Thermopyles l’effet que le Brenn en attendait ; les neuf ou dix mille Étoliens, altérés de vengeance, quittèrent sur-le-champ les confédérés pour retourner dans leur patrie. Alors Combutis battit en retraite, comme il en avait l’ordre, incendiant tout sur sa route ; mais la population accourut de toutes parts sur lui ; tout le monde s’arma jusqu’aux vieillards et aux femmes, celles-ci même montrèrent plus de résolution et de fureur que les hommes [Pausanias, 10]. Tandis que les troupes régulières poursuivaient l’armée ennemie, la population soulevée lui tombait sur ses flancs, et l’accablait sans interruption d’une grêle de pierres et de projectiles de tout genre. Les Gaulois s’arrêtaient-ils pour riposter, ces paysans, ces femmes se dispersaient dans les bois, dans les montagnes, dans les maisons des villages pour reparaître aussitôt que l’ennemi reprenait sa marche. La perte des Gaulois fut immense, et Combutis ramena à peine la moitié de ses troupes au camp d’Héraclée, mais le but était rempli [Ibid.]. Le Brenn, pendant ce temps, n’était pas resté oisif en Thessalie ; il accablait le pays de ravages et les habitants de mauvais traitements, principalement vers la lisière de l’Œta ; son but, en agissant ainsi, était de les contraindre à lui découvrir, pour se délivrer de sa présence, quelque chemin secret qui le conduisit de l’autre côté de leurs montagnes ; c’est à quoi ces malheureux consentirent enfin [Ibid.]. Ils promirent de guider une de ses divisions par un sentier assez praticable qui traversait le pays des Énianes. C’était précisément l’époque où les Étoliens venaient de quitter le camp des Hellènes ; une circonstance plus favorable ne pouvait se présenter au Brenn ; il résolut donc de tenter tout à la fois, dès le lendemain, les attaques simultanées des Thermopyles et du sentier des Énianes. Conduit par ses guides Héracléotes, lui-même, avant que la nuit fût dissipée, entra dans la montagne avec quarante mille guerriers d’élite. Le hasard voulut que ce jour-là le ciel fût couvert d’un brouillard si épais qu’on pouvait à peine apercevoir le soleil. Le passage du sentier était gardé par un corps de Phocidiens, mais l’obscurité les empêcha de découvrir les Gaulois avant que ceux-ci ne fussent déjà à portée du trait. L’engagement fut chaud et meurtrier ; les Grecs se conduisirent avec bravoure ; débusqués enfin de leur poste, ils arrivèrent à toutes jambes au camp des confédérés, criant qu’ils étaient tournés, que les barbares approchaient. Dans le même instant, le lieutenant du Brenn, informé de ce succès par un signal convenu, attaquait les Thermopyles. C’en était fait de l’armée grecque tout entière, si les Athéniens, approchant leurs navires en grande hâte, ne l’eussent recueillie ; encore y eut-il dans ces manœuvres beaucoup de fatigue et de péril, parce que les galères surchargées d’hommes, de chevaux et de bagages, faisaient eau, et ne pouvaient s’éloigner que très lentement, les rames s’embarrassant dans les eaux bourbeuses du golfe [Pausanias, 10]. Le Brenn ne voyait plus un seul ennemi devant lui dans
toute La ville de Delphes, bâtie sur le penchant d’un des pics
du Parnasse, au milieu d’une vaste excavation naturelle, et environnée de
précipices dans presque toute sa circonférence, n’était protégée ni par des
murailles, ni par des ouvrages fortifiés ; sa situation paraissait suffire à
sa sauvegarde. L’espèce d’amphithéâtre sur lequel elle posait possédait,
dit-on, la propriété de répercuter le moindre son grossis par cet écho et
multipliés par les nombreuses cavernes dont les environs du Parnasse étaient
remplis, le roulement du tonnerre, ou le bruit de la trompette, ou le cri de
la voix humaine, retentissaient et se prolongeaient longtemps avec une
intensité prodigieuse [Ibid.]. Ce phénomène, que le
vulgaire ne pouvait s’expliquer, joint à l’aspect sauvage du lieu, le
pénétrait d’une mystérieuse frayeur, et, suivant l’expression d’un ancien,
concourait à faire sentir plus puissamment la présence de Au-dessus de la ville, vers le nord, paraissait le temple
d’Apollon, magnifiquement construit et orné d’un frontispice en marbre blanc
de Paros. L’intérieur de l’édifice communiquait par des soupiraux à un
gouffre souterrain, d’où s’exhalaient des moffettes qui jetaient quiconque
les respirait dans un état d’extase et de délire[29] ; c’était
près d’une de ces bouches, d’autres disent même au-dessus, que la grande prêtresse
d’Apollon, assise sur le siège à trois pieds, dictait les réponses de son
dieu, au milieu des plus effroyables convulsions. Rien n’était plus révéré et
réputé plus infaillible que les paroles prophétiques descendues du trépied ;
les colonies grecques en avaient porté la célébrité dans toutes les parties
du monde connu , et jusque chez les nations les plus sauvages. Aussi
voyait-on en Grèce, comme hors de Du plus loin que le Brenn aperçut les milliers de monuments votifs qui garnissaient les alentours du temple, il se fit amener quelques pâtres que ses soldats avaient pris, et leur demanda en particulier si ces objets étaient d’or massif et sans alliage. Les captifs le détrompèrent. Ce n’est, lui répondirent-ils, que de l’airain légèrement couvert d’or à la superficie [Polyæn., Stratag., 7, 35]. Mais le Gaulois les menaça des plus grands supplices s’ils dévoilaient un tel secret à qui que ce fût dans son armée ; il voulut même qu’ils affirmassent publiquement le contraire ; et, convoquant sous sa tente ses principaux chefs, il interrogea à haute voix les prisonniers, qui déclarèrent, suivant ses instructions, que les monuments dont la colline était couverte ne contenaient que de l’or, de l’or pur et massif [Polyæn., Strat., l. c.]. Cette bonne nouvelle se répandit aussitôt parmi les soldats, et tous en conçurent un redoublement de courage. Le Brenn avait fait halte au pied de la montagne ; il y délibéra avec les chefs de son conseil s’il fallait laisser aux soldats la nuit pour se reposer des fatigues de la marche, ou entreprendre immédiatement l’escalade de Delphes. La forte situation de la place, qui n’était accessible que par un rocher étroit, et qu’il était si aisé de défendre avec une poignée d’hommes, l’intimidait ; il demandait la nuit pour reconnaître les lieux, pour disposer ses mesures, pour rafraîchir ses troupes [Justin, 24, 7]. Mais les autres chefs émirent un avis contraire ; deux surtouts, le Gall Eman[32] et Thessalorus, qui était vraisemblablement comme Orestorius un aventurier d’origine grecque, insistèrent pour que l’assaut fût tenté à l’instant même. Point de délai, dirent-ils, profitons du trouble de l’ennemi : demain, les Delphiens auront eu le temps de se rassurer, sans doute aussi de recevoir des secours et de fermer les passages que la surprise et la confusion nous laissent actuellement ouverts [Ibid.]. Les soldats mirent fin à ces hésitations en se débandant pour courir la campagne et piller. Depuis quelque temps, ils souffraient de la disette de
subsistances; car eux-mêmes avaient épuisé le pays au nord de l’Œta, et le
long séjour de l’armée grecque avait eu le même résultat dans les campagnes
situées au J’y saurai bien pourvoir avec les vierges blanches. [Pausanias, 10] Cette promesse leur rendit la confiance et ils firent avec activité leurs préparatifs. Durant cette nuit, Delphes reçut de tous côtés, par les sentiers des montagnes, de nombreux renforts des peuples voisins ; il s’y réunit successivement douze cents Étoliens bien armés, quatre cents hoplites d’Amphysse, un détachement de Phocidiens, ce qui, avec les citoyens de Delphes, forma un corps de quatre mille hommes. On apprit en même temps que la vaillante armée étolienne, après avoir chassé Combutis, s’était reportée sur le chemin d’Élatia, et, grossie de bandes phocidiennes et béotiennes, travaillait à empêcher la jonction de l’armée gauloise d’Héraclée avec la division qui assiégeait Delphes [Pausanias, 10]. Pendant cette même nuit, le camp des Gaulois fut le théâtre de la plus grossière débauche, et lorsque le jour parut, la plupart d’entre eux étaient encore ivres [Justin, 24, 8] ; cependant il fallait livrer l’assaut sans plus de délai, car le Brenn sentait déjà tout ce que lui coûtait le retard de quelques heures. Il rangea donc ses troupes en bataille, leur énumérant de nouveau tous les trésors qu’ils avaient sous les yeux, et ceux qui, les attendaient dans le temple [Ibid., 7], puis il donna le signal de l’escalade. L’attaque fut vive et soutenue par les Grecs avec fermeté. Du haut de la pente étroite et raide que les assaillants avaient à gravir pour approcher la ville, les assiégés faisaient pleuvoir une multitude de traits et de pierres dont aucun ne tombait à faux. Les Gaulois jonchèrent plusieurs fois la montée de leurs morts ; mais chaque fois ils revinrent à la charge avec audace, et forcèrent enfin le passage. Les assiégés, contraints de battre en retraite, se retirèrent dans les premières rues de la ville, laissant libre l’avenue qui conduisait au temple ; le flot des Gaulois s’y précipita ; bientôt toute cette multitude fut occupée à dépouiller les oratoires qui avoisinaient l’édifice, et enfin le temple lui-même[33]. On était alors en automne, et durant le combat il s’était
formé un de ces orages soudains si fréquents dans les hautes chaînes de A cette désastreuse journée succéda, pour les Kimro-Galls, une nuit non moins terrible ; le froid était très vif, et la neige tombait en abondance ; outre cela, des fragments de roc arrivaient sans interruption dans le camp situé trop près de la montagne, écrasaient les soldats non par un ou deux à la fois, mais par masses de trente et quarante, lorsqu’ils se rassemblaient ou pour faire la garde, ou pour prendre du repos [Pausanias, 10]. Le soleil ne fut pas plus tôt levé que les Grecs, qui se trouvaient dans la ville, firent une vigoureuse sortie, tandis que ceux de la campagne attaquaient l’ennemi par derrière. En même temps, les Phocidiens, descendus à travers les neiges par des sentiers qui n’étaient connus que d’eux, le prirent en flanc, et l’assaillirent de flèches et de pierres sans courir eux-mêmes le moindre danger. Cernés de toutes parts, découragés, et d’ailleurs fortement incommodés par le froid qui leur avait enlevé beaucoup de monde durant la nuit, les Gaulois commençaient à plier ; ils furent soutenus quelque temps par l’intrépidité des guerriers d’élite qui combattaient auprès du Brenn et lui servaient de garde. La force, la haute taille, le courage de cette garde frappèrent d’étonnement les Hellènes [Pausanias, 10] ; à la fin, le Brenn ayant été blessé dangereusement, ces vaillants hommes ne songèrent plus qu’à lui faire un rempart de leur corps et à l’emporter. Les chefs alors donnèrent le signal de la retraite, et, pour ne pas laisser leurs blessés entre les mains de l’ennemi, ils firent égorger tous ceux qui n’étaient pas en état de suivre ; l’armée s’arrêta où la nuit la surprit [Ibid.]. La première veille de cette seconde nuit était à peine commencée, lorsque des soldats, qui faisaient la garde, s’imaginèrent entendre le mouvement d’une marche nocturne et le pas lointain des chevaux. L’obscurité déjà profonde ne leur permettant pas de reconnaître leur méprise, ils jetèrent l’alarme, et crièrent qu’ils étaient surpris, que l’ennemi arrivait. La faim, les dangers et les événements extraordinaires qui s’étaient succédé depuis deux jours avaient ébranlé fortement toutes les imaginations. A ce cri, l’ennemi arrive ! les Gaulois, réveillés en sursaut, saisirent leurs armes, et croyant le camp déjà envahi, ils se jetaient les uns contre les autres, et s’entretuaient. Leur trouble était si grand qu’à chaque mot qui frappait leurs oreilles, ils s’imaginaient entendre parler le grec, comme s’ils eussent oublié leur propre langue. D’ailleurs l’obscurité ne leur permettait ni de se reconnaître, ni de distinguer la forme de leurs boucliers [Pausanias, 10]. Le jour finit fin à cette mêlée affreuse ; mais, pendant la nuit, les pâtres phocidiens qui étaient restés dans la campagne à la garde des troupeaux coururent informer les Hellènes du désordre qui se faisait remarquer dans le camp gaulois. Ceux-ci attribuèrent un événement aussi inattendu à l’intervention du dieu Pan [Ibid.], de qui provenaient, dans la croyance religieuse des Grecs, les terreurs sans fondement réel ; pleins d’ardeur et de confiance, ils se portèrent sur l’arrière-garde ennemie. Les Gaulois avaient déjà repris leur marche, mais avec langueur, comme des hommes découragés, épuisés par les maladies, la faim et les fatigues. Sur leur passage, la population faisait disparaître le bétail et les vivres, de sorte qu’ils ne pouvaient se procurer quelque subsistance qu’après des peines infinies et à la pointe de l’épée. Les historiens évaluent à dix mille le nombre de ceux qui succombèrent à ces souffrances ; le froid et le combat de la nuit en avaient enlevé tout autant, et six mille avaient péri à l’assaut de Delphes [Pausanias, 10] ; il ne restait donc plus au Brenn que trente-neuf mille hommes lorsqu’il rejoignit le gros de son armée dans les plaines que traverse le Céphisse, le quatrième jour depuis son départ des Thermopyles. On a vu plus haut qu’après la déroute des Hellènes dans ce
défilé fameux, le lieutenant du Brenn était rentré au camp d’Héraclée ;
il y avait cantonné une partie de ses forces pour le garantir d’une surprise
durant son absence, et il s’était remis en route sur les traces de son
général ; mais un seul jour avait bien changé la face des choses. L’armée
étolienne était arrivée dans Les blessures du Brenn n’étaient pas désespérées [Ibid.] ; cependant, soit crainte du ressentiment de ses compatriotes, soit douleur causée par le mauvais succès de l’entreprise, aussitôt qu’il vit sa division hors de danger, il résolut de quitter la vie. Ayant convoqué autour de lui les principaux chefs de l’armée, il remit son titre et son autorité entre les mains de son lieutenant, et s’adressant à ses compagnons : Débarrassez-vous, leur dit-il, de tous vos blessés sans exception, et brûlez vos chariots ; c’est le seul moyen de salut qui vous reste [Diodore de Sicile, 22]. Il demanda alors du vin, en but jusqu’à l’ivresse, et s’enfonça un poignard dans la poitrine[36]. Ses derniers avis furent suivis pour ce qui regardait les blessés, car le nouveau Brenn fit égorger dix mille hommes qui ne pouvaient soutenir la marche [Diodore de Sicile, 22] ; mais il conserva la plus grande partie des bagages. Comme il approchait des Thermopyles, les Grecs, sortant d’une
embuscade, se jetèrent sur son arrière-garde, qu’ils taillèrent en pièces. Ce
fut dans ce pitoyable état que les Gaulois gagnèrent le camp d’Héraclée. Ils
s’y reposèrent quelques jours avant de reprendre leur route vers le nord.
Tous les ponts du Sperchius avaient été rompus, et la rive gauche du fleuve
occupée par les Thessaliens accourus en masse ; néanmoins l’armée
gauloise effectua le passage [Pausanias, 10]. Ce fut au milieu d’une
population tout entière armée et altérée de vengeance qu’elle traversa d’une
extrémité à l’autre Ceux qui se résignèrent au repos choisirent un canton à
leur convenance au pied septentrional du mont Scardus ou Scordus sur la
frontière même de |
[1] Pour fixer, même d’une
manière approximative et vague, l’époque de l’arrivée des Belges en deçà du
Rhin, nous n’avons absolument aucune autre donnée que l’époque de leur
établissement dans la partie de
[2] Les Belges, dans les anciennes traditions irlandaises, sont désignés par le nom de Fir-Bholg (Ancient Irish hist. passim ). Ausone (de clar. urb. — Narbo.) témoigne que le nom primitif des Tectosages était Bolg. ... Tectosagos primævo nomine Bolgas.
Cicéron leur donne celui de Belgœ . Belgarum Allobrogumque testimoniis credere non timeris ?
(Pro Man. Fonteïo. Dom Bouquet, Recueil des hist., etc., p. 656.) - Les
manuscrits de César portent indifféremment Volgœ
et Volcœ. — Enfin saint Jérôme nous
apprend que l’idiome des Tectosages était le même que celui de Trèves, ville
capitale de
[3] Pausanias, Mess. Hanov, 1613. p. 269.
[4] Polyæn., Stratag., 4, 8. — Plutarque, Paral., p. 309. — Stob., Serm., 10.
[5] Un talent pouvait équivaloir à 5.500 fr.
[6] Cambaules, Camb, force ; baol, destruction.
[7] Strabon, 4. — Braw, en langue galloise, signifie terreur ; bras, en gaëlic, terrible.
[8] Ils étaient appelés par les Grecs Albani et aussi Albii (Strabon).
[9] Maltebrun, Géographie de l’Europe, vol. VI, p. 223.
[10] Certh, célèbre, remarquable ; Certhrwyz, gloire. Owen’s Welsh diction.
[11] Polyæn., Stratag., 7, 42. — Athen., 10, 12.
[12] Βόλτιος, Pausanias — Belgius, Justin.
[13] Offerentes pacem, si emere velit. Justin, 24, 5.
[14] Κεραινός ; Geraunus chez les historiens latins.
[15] Memnon, Hist. ap. Phot., 15. — Justin, 24, 5. — Pausanias, 10. — Polybe, 9. — Diodore Sicile, 22.
[16] Diodore de Sicile, excerp. Vales., p. 316.
[17] Cette saison est de quarante-cinq jours.
[18] Cyçwiawr et, avec l’addition de l’a augmentatif, Acyçwiawr, collègue, co-partageant. Owen’s Welsh. diction. — Diodore de Sicile écrit Κιχώριος, Pausanias, Áxιχώριος.
[19] Toli, séparer ; Deol, exiler. Owen’s Welsh. diction.
[20] Lut, glorieux ; her, guerrier. Lutarius. Tite-Live, 28, 41. – Memnon, ap. Phot., 20.
[21] Tri, trois ; marc, pluriel marcan, cheval. Owen’s Welsh. diction. Armstrong’s gael. dict. - Τριμαρxισία. Pausanias, 10. — Cet écrivain ajoute que les Gaulois appelaient les chevaux, marcan.
[22] Strabon — Maltebrun, Géographie de l’Europe, vol. VI, p. 224 et suiv.
[23] Heraclid. Pontic. ap. — Plutarque, in Camil.
[24] Antholog. II, s. 43, epigr. 14.
[25] Aristote, de Generat. animal, II, 25.
[26] Aristote, de Mirabil. auscultat., p. 1157,Paris, F° 1619.
[27] Heraclid. Pontic. ap. — Plutarque, in Camil.
[28] A l’exemple de M.
Maltebrun , nous avons adopté le mot de Phocidiens, pour désigner les habitants
de
[29] Justin. 24, 6.- Diodore de Sicile, 16. — Pausanias, 10, 5. — Plutarque, de Orac. def.
[30] Χρήματα Áφήτορος. Áφήτωρ, l’archer, un des surnoms d’Apollon.
[31] Diodore de Sicile (16) estime à dix mille talents, cinquante-cinq millions de notre monnaie, les matières d’or et d’argent que les Phocidiens firent fondre après le pillage du temple ; il s’y trouvait en outre des sommes considérables en argent monnayé.
[32] Aimhean, agréable, beau.
[33] Valère Maxime, 1, 1. — Tite-Live, 28, 47; 40, 58. — Diodore de Sicile, 5. — Justin, 32, 3. — Athenæ, bell. Illyric. — Scholiast. Callimach. hymn. in Del. v. 173.
[34] Pausanias, loc. cit. — Justin, 24, 8.
[35] Pausanias, 10, ut sup. et 1. —Justin, 24, 8.
[36] Diodore de Sicile, 22. — Justin, 24, 8. — Pausanias, 10.
[37] Βαθανάτος, Athen., 5, 5. — Baedhan, cochon mâle ; nat, gnat, fils. Baedhan fut aussi le nom d’un guerrier fameux du temps du roi Arthur. Cf. Owen’s Welsh. diction.
[38] Strabon, 4. — Justin, 32, 3. — César, 6, 24.