OPINION SUR LE MAXIMUM. 17 FRIMAIRE AN III.JE pense que ce projet de décret ne remplira pas les intentions de la Convention. Le commerce et l'industrie sont dans un tel état qu'il est moins question da créer que de détruire tout ce qui a été fait de mauvais. Le meilleur moyen de ranimer le commerce est de lui accorder la plus entière liberté. (Vifs applaudissements.) En vain vous créerez des corporations pour favoriser le commerce ; en vain vous les composeriez des premiers négociants, des hommes les plus habiles de l'Europe, vous n'obtiendrez jamais des résultats aussi avantageux que ceux que vous donneront les spéculations particulières de chaque citoyen. On n'a point encore abordé la seule, la véritable question, celle de savoir si la loi du maximum doit subsister. Je la regarde moi comme désastreuse, (vifs applaudissements), comme la source unique de tous les malheurs que nous avons éprouvés ; elle a ouvert une large carrière à tons les fripons, elle a couvert la France d'une foule de contrebandiers, et ruiné les hommes de bonne foi qui respectaient vos lois. (Applaudissements.) Une autre mesure qui a singulièrement nui à l'approvisionnement de la république, et quia porté les plus funestes coups au commerce, c'est l'acte de navigation qu'on a décrété dans le moment où tous les matelots du commerce étaient employés sur les vaisseaux de la république. Il était impossible que dans une pareille circonstance, nous pussions nous passer de la navigation étrangère pour faire le commerce et le cabotage De là point d'approvisionnements nouveaux ; de là la perte des prises faites sur nos ennemis, et qui se sont pourries dans les magasins, tandis que nous manquions de tout. (Applaudissements.) Je sais que la liberté indéfinie peut donner lieu aux plus grands inconvénients, mais je sais aussi que toutes les fois que vous violerez la liberté du commerce, vous tomberez dans des inconvénients encore plus grands ; je sais que toutes les fois que le gouvernement voudra tout réglementer, il perdra tout. Je demande que la Convention charge ses comités de lui présenter leurs vues sur le rapport ou modification de la loi du maximum. Je demande aussi l'impression du discours d'Eschasseriaux. Il contient des vues utiles ; et quoique je ne pense pas qu'il soit nécessaire de donner dès encouragements au commerce là où l'on lui laisse toute la liberté dont il a besoin, je crois que l'anéantissement où il a été plongé exige qu'on prenne des mesures extraordinaires pour le relever. Je termine en faisant observer que ce n'est pas la Convention qui a mis le commerce à deux doigts de sa ruine, mais, bien les conspirateurs qui méditaient celle de la France. |