EXPÉDITION DE PUBLIUS SERVILIUS ISAURICUS CONTRE LES PIRATESLe Sénat comprit enfin qu’il fallait agir et briser le blocus qui anéantissait l’Italie. Murena et C. Dolabella essayèrent de réunir dans les ports de l’Asie-Mineure une flotte de combat contre les pirates, mais ils ne firent rien de mémorable. Publius Servilius fut alors désigné pour diriger une nouvelle expédition. A la tète d’une escadre, composée de gros vaisseaux de guerre, il dissipa les brigantins légers et les barques-souris des pirates, après un combat sanglant. Non content de cette victoire, il aborde en Asie-Mineure et se met à raser successivement toutes les villes devant lesquelles les pirates allaient d’ordinaire jeter l’ancre et où ils déposaient leur butin. Ainsi tombent les citadelles de Zénicétus, puissant roi de mer, Corycus, Olympus, Phasélis, en Lycie orientale, Attalia, en Pamphylie. A l’attaque de Phasélis, Zénicétus, voyant l’armée romaine maîtresse des abords de la ville, fait mettre le feu aux principaux édifices et se précipite dans les flammes avec tous ses compagnons. Encouragé par ses succès, Servilius franchit le Taurus et marche contre les Isauriens qui étaient cantonnés dans un labyrinthe de montagnes escarpées, de rochers suspendus et de vallées profondes. Là étaient les repaires des pirates, là les brigands se sont toujours maintenus, et, de nos jours encore, cette région, l’ancienne Cilicie Trachée, n’a pas changé d’aspect, et le voyageur ne peut la parcourir en sécurité. Servilius s’empare des forteresses de l’ennemi, d’Oroanda,
d’Isaura même, le boulevard de Appien est injuste envers Servilius Isauricus en se
bornant à dire de lui qu’il ne fit rien de
mémorable[3] ; grand nombre de
corsaires avec leurs vaisseaux étaient tombés au pouvoir des Romains ;
Servilius avait dévasté |