RECHERCHES SUR LA XIVe DYNASTIE DE MANÉTHON

 

XIV. Examen de l’opinion de Champollion qui pense que la sortie d’Égypte est lieu sous Ramsès V. — Les découvertes nouvelles ont ruiné cette hypothèse.

 

 

Quant à Champollion, il dit dans sa lettre à M. Wiseman[1], que la captivité des Hébreux cessa au temps du roi Ramsés, père de Ramsès le Grand, et qu’il croyait avoir régné pendant un petit nombre d’années ; il ajoute que leurs courses dans le désert coïncidèrent avec les exploits du conquérant. Ce rapprochement résulte pour lui de la date commune de l’Exode (le commencement du 15e siècle) et de la chronologie égyptienne à laquelle on était réduit avant les découvertes faites de nos jours, c’est-à-dire telle qu’elle résulte des chiffres de Manéthon. Ce dernier terme du rapport se trouvent ruiné à la fois par les découvertes de M. Mariette et par celles de M. Biot, le rapport lui-même ne subsiste plus ; et j’ai expliqué plus haut comment il n’est pas nécessaire de supposer que les Hébreux lussent dans le désert à l’époque des conquêtes de Ramsès. Champollion ne pouvait d’ailleurs se préoccuper de l’époque d’anarchie qui précéda le temps des Ramsès et dont l’existence n’était pas soupçonnée alors : les détails de cette concordance doivent donc être abandonnés aujourd’hui ; mais il restera des vues exprimées dans cette lettre une idée qui doit être, selon moi, la clef du système à établir pour les synchronismes de cette époque et dont j’aurai à développer l’application avant de terminer ce travail.

 

 

 



[1] L’auteur des Discours sur les rapports de la science et de la religion révélée, aujourd’hui cardinal archevêque de Westminster. Cette lettre est citée dans les Annales de Philosophie, t. XIII, p. 305 (2e série).