Le landgrave de Hesse et l'électeur de Saxe recouvrent la liberté. — L'Empereur se dispose à attaquer la France.- Siège de Metz. — Ruine de l'armée impériale et générosité des vainqueurs. — Violences commises par Albert de Brandebourg. — Mort de Maurice de Saxe. — Mort d'Albert. — Guerre dans les Pays-Bas. — Mariage de Philippe et de Marie, reine d'Angleterre. — Les Français s'emparent de Marienbourg. — Bataille de Renti. — Guerre d'Italie. — Bataille de Mariano. — Belle défense de Sienne par Montluc. — Diète d'Augsbourg. — Paix de la religion, — Marcel II élu pape. — Sa mort. — Paul IV lui succède. — Son traité avec la France. — Abdication de l'Empereur. — On conclut une trêve ; elle est presque aussitôt rompue en Italie. Dès que le traité de Passau fut signé, Maurice, pour remplir les engagements qu'il avait contractés avec Ferdinand, marcha vers la Hongrie à la tête de trente mille hommes ; mais les forces supérieures des Turcs et d'autres circonstances l'empêchèrent de rien exécuter qui fût digne de sa renommée ou avantageux au roi des Romains. Le landgrave de Hesse, rendu à la liberté, devint le plus timide et le plus circonspect des princes de l'Empire, comme il en avait été le plus hardi et le plus entreprenant. L'électeur de Saxe obtint aussi sa liberté et se retira dans cette partie de son territoire qui lui avait été réservée lorsque Maurice s'était emparé de son électorat. Cependant la perte de Toul, de Metz et de Verdun, affligeait vivement l'Empereur. Ces places allaient maintenant élever une barrière formidable entre l'Empire et la France, du côté par où il avait toujours envahi facilement ce royaume. Il regardait leur possession comme nécessaire à sa puissance et à son honneur, et il résolut de tenter de les reconquérir. Charles réunit donc une puissante armée, sous le prétexte de marcher en Hongrie ; mais les Français avaient trop appris à leurs dépens à se défier de ses artifices, pour ne pas épier avec soin tous ses mouvements. Henri devina bientôt le véritable objet de ces grands préparatifs, et résolut de défendre ses importantes conquêtes avec autant de vigueur qu'on pourrait en mettre pour les lui arracher. Prévoyant que tout le poids de la guerre tomberait d'abord sur Metz, et que du destin de cette ville dépendrait celui de Toul et de Verdun, il nomma pour y commander durant le siège François de Lorraine, duc de Guise, que la gloire et la sûreté de son propre pays engageaient à bien défendre cette place. On ne pouvait mieux choisir ; le duc accepta cette mission avec empressement, et le désir de se distinguer attira sous ses drapeaux une foule de gentilshommes et même des princes du sang. Un courage moins résolu que celui du duc eût reculé devant la difficulté de défendre une ville étendue, avec de grands faubourgs, des murailles faibles et sans fortifications, des fossés étroits, et de vieilles tours au lieu de bastions, trop éloignées entre elles pour défendre le mur qui les séparait. Tous ces défauts furent réparés aussi bien que le temps le permit ; les faubourgs furent rasés, sans même épargner les monastères et les églises. Les tombeaux des rois enterrés dans ces lieux saints, les vases sacrés et les reliques furent transportés dans la ville, accompagnés d'une procession à la tête de laquelle le duc marchait la tête nue et une torche à la main. On abattit les maisons trop voisines des murs à l'intérieur, on élargit les fossés ; le duc lui-même travailla de ses propres mains aux fortifications ; les officiers et les volontaires suivirent son exemple, et les soldats, voyant leurs chefs partager leurs travaux, supportaient gaiement les plus rudes fatigues. Les citoyens eux-mêmes ne mirent pas moins d'ardeur que les soldats à seconder le général. Cependant l'Empereur, après avoir rassemblé toutes ses forces, continua de marcher sur Metz, et donna le commandement des opérations au duc d'Albe, secondé par le marquis de Marignan. Ses généraux lui représentèrent vainement que la saison était trop avancée pour commencer une pareille entreprise ; il ordonna qu'on investît la ville. Tous les yeux se tournaient alors sur Albert de Brandebourg, seul chef protestant qui n'eût pas mis bas les armes après le traité de Passau, et qui tenait la campagne à la tête de vingt mille hommes, pillant indistinctement tous les pays qu'il traversait. Ce chef sans principes hésitait entre Henri et Charles, décidé à passer du côté où on lui offrirait les plus grands avantages ; tout à coup il tomba sur un corps français commandé par le duc d'Aumale, frère de Guise, le défit, s'empara du prince, et joignit l'Empereur devant Metz ; en considération de ce service, Charles lui pardonna le passé, et lui garantit la possession des territoires qu'il avait usurpés pendant la guerre. Le duc de Guise, quoique profondément affligé du malheur de son frère, ne ralentit en rien sa vigueur à défendre la ville. Il fatiguait les assiégeants par de fréquentes sorties, où ses officiers étaient si jaloux de se distinguer, que toute son autorité pouvait à peine contenir l'impétuosité de leur courage. Il se vit même obligé plus d'une fois de fermer les portes de la ville et d'en cacher les clefs pour empêcher les princes du sang et la haute noblesse d'aller insulter l'ennemi. Les Impériaux, de leur côté, attaquèrent la place par différents endroits à la fois. Mais l'art des sièges n'était pas encore parvenu à ce degré de perfection où il fut porté vers la fin du XVIe siècle, dans la longue guerre des Pays-Bas. Après des travaux sans relâche de plusieurs semaines, à peine les assiégeants pouvaient-ils se flatter d'avoir fait quelques progrès. Les brèches que leur artillerie avait faites durant le jour, se trouvaient réparées pendant la nuit, ou de nouvelles fortifications, s'élevant soudain sur les ruines des anciennes, les menaçaient de fatigues et de périls nouveaux. L'Empereur, outré de cette opiniâtre résistance, quitta Thionville, où la goutte l'avait retenu jusqu'alors, et, tout malade qu'il était encore, il se rendit en litière à son camp, afin d'animer les soldats par sa présence. En effet, on pressa le siège, et l'on redoubla d'efforts à son arrivée. Mais la rigueur de la saison se faisant déjà sentir, le camp était tantôt inondé de pluie, tantôt couvert de neige. Les vivres y devenaient d'autant plus rares, qu'un corps de cavalerie française, rôdant aux environs, interceptait les convois, ou du moins en troublait et en retardait l'arrivée. Les maladies commencèrent à gagner les soldats, surtout les Italiens et les Espagnols, peu accoutumés à ces intempéries. Cependant les brèches paraissant praticables, l'Empereur résolut de hasarder un assaut général. Ce fut encore contre l'avis de ses meilleurs officiers, qui se récriaient sur l'imprudence d'attaquer avec des troupes affaiblies et découragées une garnison nombreuse, commandée par tout ce qu'il y avait de plus brave dans la noblesse française. Le duc de Guise, jugeant du dessein des ennemis par le mouvement extraordinaire qu'il remarquait dans leur camp, disposa toutes ses troupes à les recevoir. Elles parurent aussitôt sur les murs et sur les brèches avec une contenance si assurée, et si bien disposées à repousser les assaillants, que ceux-ci, au lieu d'avancer au signal de la charge, demeurèrent immobiles, dans le silence et l'abattement. L'Empereur, qui s'aperçut du découragement de son armée, se retira brusquement dans sa tente, et se plaignit de se voir trahi par des soldats qui ne méritaient pas le nom d'hommes. Quoique vivement affligé et humilié de cet affront, Charles n'abandonna point le siège ; mais se contentant de changer son plan d'attaque, il fit cesser le feu de l'artillerie, résolu à employer la sape, dont la voie était plus lente, mais plus sûre. Cependant, la pluie et la neige continuant de tomber, ceux qu'on avait chargés de ce travail enduraient des fatigues incroyables ; le duc de Guise, aussi habile que brave, éventait et faisait manquer toutes les mines. Charles sentit qu'il était impossible de combattre plus longtemps et contre les rigueurs de la saison, et contre des ennemis qu'on ne pouvait vaincre ni par force ni par adresse. Il voyait d'ailleurs ses troupes en proie à une maladie contagieuse qui lui enlevait chaque jour un grand nombre d'officiers et de soldats ; enfin, obligé de céder aux sollicitations de ses généraux, qui le conjuraient de sauver les restes de son armée par une prompte retraite : La fortune, dit-il, est comme toutes les femmes, elle accorde ses faveurs à la jeunesse, et dédaigne les cheveux blancs. Aussitôt il donna des ordres pour lever le siège, qui lui avait coûté cinquante-six jours de travaux, pendant lesquels il avait perdu plus de trente mille hommes, tant par les maladies que par le fer des ennemis. A peine le duc de Guise se fut aperçu du dessein des Impériaux, qu'il prit de promptes mesures afin de les inquiéter dans leur retraite. Plusieurs corps de cavalerie et d'infanterie furent détachés pour harceler leur arrière-garde et pour enlever les traînards. La marche de l'armée se fit dans un tel désordre, qu'on pouvait l'attaquer sans risques et lui tuer beaucoup de monde. Mais, au moment où les Français sortaient de la ville, le spectacle le plus affreux changea toute leur furie en sentiments de compassion. Le camp des Impériaux était couvert de malades, de blessés, de morts et de mourants. On voyait toutes les routes jonchées de malheureux qui, ayant fait de vains efforts pour s'échapper, étaient retombés de faiblesse et périssaient faute de secours. Ils reçurent de leurs ennemis tous les bons offices que leurs amis ne pouvaient leur rendre. Le duc envoya des vivres pour ceux qui étaient tourmentés de la faim ; il chargea des chirurgiens de prendre soin des malades et des blessés. Les uns furent conduits dans les villages d'alentour, et les autres, hors d'état d'être transportés si loin, furent mis dans les hôpitaux de la ville préparés pour ses soldats. A mesure qu'ils se rétablissaient, il les renvoyait chez eux sous une bonne escorte, avec de l'argent pour les frais de leur voyage. Ces actes d'humanité, si rares dans un siècle où la guerre se faisait avec plus d'acharnement et de férocité que de nos jours, raient le comble à. la réputation que le duc de Guise avait si bien méritée dans la glorieuse défense de Metz, et les vaincus eux-mêmes exaltèrent ce héros à l'envi de ses compatriotes. Cette année fut. la plus malheureuse du règne de l'Empereur : il essuya encore d'autres pertes en Italie. Pour emprunter deux cent mille écus à Côme de Médicis, il fut obligé de lui céder la principauté de Piombino ; en même temps son ambition éprouvait un coup sensible dans la perte de Sienne, par suite d'une révolte occasionnée par l'orgueil et la dureté de don Diègue de Mendoza. Les côtes de la Calabre étaient au même instant ravagées par une flotte turque qui devait se joindre à une flotte française pour s'emparer de Naples ; mais les vaisseaux français n'ayant pas paru, les bâtiments turcs retournèrent à Constantinople. 1553 — Charles, accoutumé à une longue suite de prospérités, ressentit vivement ces revers, et se retira de Metz dans les Pays-Bas. Tourmenté par les douleurs de la goutte, il devint chagrin, d'un accès difficile, et souvent incapable d'application ; cependant il méditait toujours les moyens de se venger de la France, et ce besoin devint sa plus forte passion. L'ambition inquiète d'Albert de Brandebourg excita, cette année, de grands troubles en Allemagne. Secrètement favorisé par l'Empereur, qui voulait opposer un rival à Maurice, il avait réorganisé son armée et continuait de mettre à contribution les cantons catholiques. Ceux-ci portèrent plainte à la chambre impériale, qui condamna Albert ; une ligue se forma contre lui pour faire exécuter cette sentence, et Maurice fut mis à la tête des forces qu'elle réunit. Les deux armées, fortes chacune de vingt-quatre mille hommes, se rencontrèrent à Sieverhaussen, dans le duché de Lunebourg. Le combat se livra le 9 juillet, et fut des plus acharnés ; la victoire fut longtemps incertaine, mais enfin la cavalerie de Maurice détermina la victoire en sa faveur. Albert perdit quatre mille hommes, son camp, son bagage et son artillerie ; mais cet avantage fut chèrement acheté par la mort de plusieurs princes tués dans l'armée victorieuse, et surtout par celle de Maurice, qui, chargeant à la tête de ses cavaliers, reçut dans le ventre une balle de pistolet, et mourut de cette blessure deux jours après la bataille, dans la trente-deuxième année de son âge. Albert, que son courage impétueux et sa prodigalité rendaient l'idole d'un ramas d'aventuriers qui s'étaient attachés à sa fortune, eut bientôt rassemblé ses forces dispersées, et renouvela ses déprédations avec plus de fureur que jamais ; mais Henri de Brunswick, s'étant mis à la tête de l'armée des alliés, le défit de nouveau et le poursuivit jusqu'à ce qu'il se réfugiât en France, où il mourut dans l'indigence et dans le désespoir. Telle fut la fin déplorable d'Albert de Brandebourg, fondateur de la monarchie prussienne : il avait été grand maître de l'ordre Teutonique ; après avoir renversé tous les privilèges de son ordre, il s'attribua la meilleure partie du trésor des chevaliers, et s'empara de cette partie de la Prusse qui appartenait à son ordre. H prêta volontiers l'oreille aux principes relâchés de Luther. Agé de soixante-neuf ans, ce lubrique vieillard, violant la chasteté religieuse qu'il avait vouée solennellement, épousa Dorothée de Holstein. C'est ainsi qu'à la faveur des grands, dont il favorisait la cupidité et les passions, le protestantisme s'enracinait en Allemagne pour y perpétuer et entretenir la haine de la religion catholique, qui s'est souvent manifestée d'une manière particulière, surtout dans les successeurs d'Albert de Brandebourg. Tandis que tout cela se passait en Allemagne, la guerre se faisait avec vigueur dans les Pays-Bas. Thérouanne et Hesdin avaient été emportés par les Impériaux. Henri fut très-sensible à la perte de ces deux villes, et s'avança à la tête d'une puissante armée ; Charles quitta Bruxelles, où il s'était depuis longtemps enfermé ; mais les pluies continuelles interdirent aux deux monarques aucune entreprise digne d'eux. Les Français se soutinrent en Toscane, et s'emparèrent d'une partie de l'île de Corse, qui alors appartenait aux Génois. Les affaires de la maison d'Autriche ne prirent pas une meilleure allure dans la Hongrie. Isabelle, s'étant présentée aux nobles mécontents du meurtre de Martinuzzi, reconquit son ancien royaume, tandis que les troupes de Ferdinand, étant mal payées, refusaient de se battre contre les Turcs. Cependant Charles s'occupait avec ardeur d'un nouveau dessein qu'il avait formé pour l'agrandissement de sa famille. Édouard VI, roi d'Angleterre, était attaqué d'une maladie de langueur qui laissait peu d'espoir de conserver sa vie ; l'Empereur n'en fut pas plutôt instruit, qu'il imagina de joindre l'Angleterre à ses autres royaumes, par le mariage de Philippe, son fils, avec Marie, héritière de la couronne d'Édouard. Bien que cette princesse, âgée, de trente-huit ans, eût onze ans de plus que Philippe, ce prince consentit, sans hésiter, à ce mariage. Dès que le trône fut vacant, Charles envoya à Londres une pompeuse ambassade pour féliciter la nouvelle reine et lui offrir la main de son fils. Marie accueillit favorablement cette proposition, mais la nation anglaise, craignant la fierté castillane, ne montra pas les mêmes dispositions, et la chambre des communes présenta une requête très-forte contre cette alliance. 1544 — Marie n'eut égard à aucune observation, et le traité qui réglait les conditions de cette union fut conclu entre elle et Charles-Quint. Une révolte éclata, mais elle fut promptement comprimée ; Philippe débarqua en Angleterre, et célébra ses noces avec la plus grande pompe. Aussitôt après, Marie s'empressa de rétablir la religion catholique dans ses États ; l'Angleterre parut généralement s'applaudir d'être redevenue catholique ; elle le serait probablement encore, si la reine Marie n'était pas morte sans postérité. Cependant le roi de France avait vu avec une vive inquiétude un mariage qui devait accroître le crédit et les forces d'un ennemi déjà trop redoutable. N'ayant pu empêcher cette alliance, il conserva soigneusement la paix avec l'Angleterre, et résolut de pousser vigoureusement la guerre en Italie et dans les Pays-Bas, afin d'amener l'Empereur à un traité de paix avant qu'il eût le temps de tirer des forces d'Angleterre. La campagne s'ouvrit par la prise de Marienbourg, que les Français' enlevèrent en six jours ; ils prirent ensuite Bouvines, Dinant, puis pénétrèrent dans l'Artois. Philibert de Savoie eut le talent de les forcer à la retraite par le manque de vivres, et ils vinrent alors investir la ville de Renti. L'Empereur s'avança en personne pour dégager cette place, et il y parvint, bien que ses troupes eussent été repoussées dans leur attaque. Les Impériaux se précipitèrent alors dans la Picardie, qu'ils mirent à feu et à sang. Les affaires des Français allaient au plus mal en Italie. Côme de Médicis, voulant les chasser de Sienne, confia le commandement des forces qu'il avait réunies à Medecino, au marquis de Marignan, l'un des meilleurs capitaines de l'époque ; Henri II prit pour son général Strozzi, réfugié florentin, animé contre les Médicis par une ancienne haine de famille. Ce choix ne fut pas heureux pour la France, Strozzi, emporté par son ressentiment, agit sans circonspection. Tout l'avantage était pour lui s'il eût traîné la guerre en longueur ; mais son impatience compromit tout, et amena la déroute des Français près de Mariano. Medecino, vainqueur, porta ses troupes devant Sienne, sans crainte de voir ses opérations traversées ; mais Montluc, qui commandait la garnison française, secondé par les habitants de la ville, fit une résistance héroïque. Cependant le siège avait été converti en blocus, et toutes les ressources des habitants se trouvant épuisées, ils furent obligés de se rendre, et Medecino leur accorda les conditions les plus favorables qu'ils pussent attendre ; malheureusement Côme et l'Empereur ne se crurent pas liés par cette capitulation, et traitèrent les Siennois en peuple conquis. 1555 — L'Empereur avait nommé le duc d'Albe son généralissime en Italie, en lui donnant les pouvoirs les plus étendus. Ses succès ne répondirent pas d'abord à sa puissance et à ses efforts. Il se trouva opposé au maréchal de Brissac, qui commandait avec habileté des troupes valeureuses et accoutumées à faire la guerre dans ce pays. Le duc d'Albe, après s'être vanté, avec sou arrogance ordinaire, de chasser les Français d'Italie en quelques semaines, ne put pas même conserver entières les possessions dont son maître lui avait confié la défense. Charles, ne pouvant rien entreprendre de considérable, fut sur le point de voir réussir un stratagème hardi, dont le succès aurait pu lui valoir plusieurs victoires. Le Père Léonard, gardien d'un couvent de franciscain€ à Metz, avait montré un grand zèle pour la cause française, et avait ainsi capté la confiance du duc de Guise, et par suite celle de Villevieille, qui avait pris le commandement de la place. Il abusa de la faculté qu'on laissait de correspondre au dehors de la ville avec qui il voulait, pour proposer aux généraux de l'Empereur de s'emparer de Metz par surprise. Il convint avec eux qu'il introduirait dans son couvent un certain nombre de soldats impériaux, sous divers déguisements, et qu'à un moment fixé ils mettraient le feu dans la ville et attaqueraient la garnison, en même temps que des troupes parties de Thionville viendraient tenter l'escalade. Cependant Villevieille eut quelque éveil de cette conspiration, le jour même que le complot devait éclater ; il surprit les soldats cachés dans le couvent et arrêta le gardien ; il alla ensuite s'embusquer, surprit les troupes de Thionville qui marchaient sur Metz, et les tailla en pièces. L'Allemagne jouissait d'un calme profond, et Ferdinand avait ouvert la diète d'Augsbourg, en pressant cette assemblée de prendre des mesures définitives pour terminer les dissensions que les controverses religieuses avaient occasionnées. Ferdinand, à qui l'Empereur laissait le soin de gouverner l'Empire depuis le traité de Passau, avait le plus grand intérêt à se concilier la confiance des princes allemands et à maintenir la paix entre eux ; car, d'un côté, il avait besoin de leurs suffrages pour parvenir à la dignité impériale malgré les vues secrètes de son frère, et de l'autre il aurait voulu les réunir contre les Turcs, qui menaçaient la Hongrie. Il fit donc les plus grands efforts pour concilier les esprits, et parvint à faire adopter par les deux partis une convention aux termes de laquelle chaque province demeurait libre de suivre, sans aucun trouble, la religion catholique ou le système protestant ; et personne ne devait plus tenter de terminer les disputes de religion que par les voies pacifiques et persuasives des conférences. On reconnut à la puissance civile le droit d'établir dans chaque État le culte de la doctrine qu'elle jugerait convenable, et aux sujets le droit de se retirer avec leurs effets dans un autre État, s'ils ne voulaient pas se conformer à la religion adoptée par leur prince. Tel fut le fameux recez qui établit la paix religieuse en Allemagne et servit de lien d'union entre les États qui suivaient une doctrine différente. Pendant la tenue de cette diète, le pape Jules II était mort, et Marcel Cervino, cardinal de Sainte-Croix, avait été élu pape. A l'exemple d'Adrien, il ne changea point de nom, il se fit appeler Marcel II ; avec des intentions aussi pures que celles d'Adrien, il le surpassait dans la science du gouvernement ; niais ce respectable pontife ne parut qu'un instant sur la chaire de saint Pierre. La rigoureuse clôture du conclave avait commencé à altérer sa santé, et la fatigue des longues cérémonies de son exaltation épuisa tellement sa faible constitution, qu'il tomba malade le douzième jour après son élection, et mourut le vingtième. On lui donna pour successeur Jean-Pierre Caraffe, doyen du sacré collège, et d'une illustre famille du royaume de Naples. Par respect pour la mémoire de Paul qui l'avait fait cardinal, Caraffe prit le nom de Paul IV. Ce pontife, d'une science et d'une érudition rares, avait passé la plus grande partie de sa vie dans la retraite la plus austère chez les théatins, dont il avait fondé l'ordre. Son caractère semblait sévère ; il montra une vigueur tout à fait au-dessus de son âge, qui passait alors quatre-vingts ans. Il déploya une grande pompe à la cérémonie de son couronnement, et crut devoir s'entourer de l'appareil ordinaire à un prince puissant. Il fit venir auprès de lui ses deux neveux, fils du comte de Montorio, son frère ; l'aîné fut nommé gouverneur de Rome ; le cadet fut créé cardinal, puis légat de Bologne. Le nouveau pape regardait Charles-Quint comme le plus grand ennemi de l'indépendance des États d'Italie ; ses neveux n'eurent donc pas de peine à le déterminer à rechercher l'alliance et l'amitié du roi de France. L'issue de la diète d'Augsbourg, qui assurait aux protestants une tolérance sans bornes, devait encore jeter de la froideur entre le chef de l'Église et l'Empereur. Le cardinal de Lorraine, qui vint à Rome de la part du roi de France, réussit donc facilement à conclure avec le pape un traité d'alliance offensive, aux termes duquel les deux princes devaient unir leurs forces pour attaquer la Toscane et le royaume de Naples. Mais, pendant la négociation de ce traité, les alarmes qui en étaient le prétexte cessèrent tout à coup par un événement qui devait en rendre les mesures superflues. Ce fut la résignation que fit l'Empereur de ses États héréditaires en faveur de Philippe son fils, et sa résolution de renoncer pour jamais aux soins du monde, et de passer le reste de ses jours dans la retraite et la solitude. Il ne faut pas de profondes réflexions ni un grand discernement pour sentir que la royauté n'est pas exempte de soucis et de peines, et que la plupart des hommes élevés au trône achètent cette prééminence qu'on leur envie, au prix des inquiétudes, de la satiété et des dégoûts qui en sont inséparables. Mais descendre d'un rang suprême à un état de subordination, et renoncer au pouvoir pour chercher le repos, c'est un effort qui n'en paraît pas moins au-dessus de l'esprit humain. L'histoire offre cependant plus d'un exemple de princes qui ont quitté le trône pour finir leur vie dans la retraite ; mais ce furent ou des hommes faibles qui se repentirent promptement d'une détermination prise à la légère, ou d'illustres malheureux qui, dépouillés du sceptre par un rival, ne tombèrent qu'à regret dans une condition privée. L'abdication de Charles étonna toute l'Europe. Ses contemporains, ainsi que les historiens de son siècle, s'épuisèrent en conjectures pour en deviner les motifs. En effet, ou ne pouvait guère s'attendre à une résolution si singulière de la part d'un monarque dont la passion favorite avait toujours été l'amour de la domination, et qui, n'ayant encore que cinquante-six ans, était précisément dans l'âge où l'ambition, moins distraite et mieux concentrée, poursuit son objet avec le plus de volonté. Beaucoup d'auteurs ont imputé cette démarche à des causes frivoles et bizarres qui ne peuvent influer sur te cœur humain ; d'autres l'ont regardée comme le résultat de quelque profond mystère de politique. Mais des historiens plus pénétrants et mieux informés ont pensé qu'il était inutile de recourir à des caprices singuliers ou à des secrets d'État, quand des raisons simples ou sensibles pouvaient expliquer la conduite de l'Empereur. Charles avait été attaqué de la goutte dès sa jeunesse, et, malgré les soins des plus habiles médecins, la violence de ce mal croissant à mesure qu'il avançait en âge, les accès devenaient chaque année plus fréquents et plus insupportables. Ces souffrances, en détruisant la vigueur de son tempérament, avaient altéré les facultés de son âme. Incapable, dans ses attaques de goutte, de vaquer aux affaires, et n'ayant alors que des moments de relâche et de courts intervalles d'application sérieuse, il passait le reste du temps à des jeux ou à des amusements propres à reposer son esprit affaibli et comme épuisé par ses douloureuses infirmités. Dans cet état, le courant des affaires de ses royaumes était un fardeau trop pénible pour lui : encore moins pouvait-il poursuivre l'exécution des vastes projets qu'il avait formés dans la vigueur de l'âge, ou soutenir ce grand système politique dont la chaine embrassait toutes les nations de l'Europe et les intérêts compliqués de tant de cours différentes. Accoutumé depuis longtemps à porter ses regards vigilants sur toutes les branches de l'administration, et à décider lui seul de toutes les opérations, il voyait avec chagrin que les progrès de ses infirmités le forçait de remettre à ses Ministres la conduite des affaires ; aussi ne manquait-il pas d'attribuer les malheurs et les accidents qui lui survenaient, quels qu'ils fussent, à l'impossibilité où il était de gouverner par lui même. Il se plaignait du sort, qui, sur le déclin de sa vie, lui opposait un nival dans là vigueur de l'âge, maître dé concerter et d'exécuter, par lui-même ses projets, tandis qu'il se voyait réduit à se reposer sur d'autres du soin de ses desseins et de ses intérêts. Surpris, avant le temps, par les incommodités de la vieillesse, il crut qu'il devait, en homme sage, dérober sa faiblesse aux regards du public, et que ce serait exposer sa gloire et trahir sa renommée que de s'obstiner à conserver les rênes du gouvernement, qu'il ne pouvait plus tenir avec fermeté ni manier avec adresse. Mais plusieurs raisons avaient jusqu'alors empêché l'Empereur de suivre son projet, quoiqu'il s'en fût occupé depuis plusieurs années, et qu'il l'eût communiqué à ses sœurs, les reines douairières de France et de Hongrie, qui l'approuvèrent et qui offrirent même de l'accompagner dans le lieu de sa retraite. Il ne pouvait se résoudre à charger Philippe du gouvernement de ses États-avant qu'il eût l'âge et l'expérience nécessaires pour soutenir un si pesant fardeau. Mais comme ce prince avait atteint sa vingt-huitième année, et qu'habitué de bonne heure au travail, il y montrait autant d'inclination que de talent, on aurait pu attribuer à la prévention de la tendresse paternelle le parti qu'aurait pris Charles de résigner dès lobs à son fils un trône qu'il voulait quitter. Sa mère apportait un obstacle plus réel à son abdication. Quoique cette princesse vécût, renfermée depuis près de cinquante ans, dans le même égarement d'esprit où l'avait jetée la mort de son mari, elle était toujours censée gouverner l'Espagne conjointement avec l'Empereur. Son nom figurait dans toutes les ordonnances à côté de celui de son fils, et ses sujets avaient un si grand attachement pour elle, qu'ils se seraient fait scrupule de reconnaître Philippe pour leur souverain, à moins qu'elle n'eût consenti à l'associer au trône. Mais comment obtenir ce consentement ? Sa mort, qui arriva dans cette année, leva toutes les difficultés, en laissant Charles seul maître de la couronne d'Espagne et libre d'en disposer en faveur de son fils. Ainsi, dès qu'il crut avoir trouvé le moment favorable pour l'exécution de son premier dessein, il voulut y mettre une solennité conforme à l'importance de cet événement, et signaler son dernier acte de souveraineté par un éclat qui laissât une profonde impression dans l'âme de ses sujets et de son successeur. Il rappela donc Philippe de l'Angleterre, où le caractère chagrin de la reine, qui s'aigrissait encore de se voir sans postérité, le rendait très-malheureux, tandis que, d'un autre côté, la jalousie des Anglais ne lui laissait aucune espérance de pouvoir les gouverner un jour. Après avoir convoqué les états des Pays-Bas à Bruxelles pour le 25 octobre, l'Empereur vint y siéger pour la dernière fois sur son trône, ayant à Inn de ses côtés son fils, l'autre sa sœur, reine de Hongrie et régente des Pays-Bas, et derrière lui un cortège brillant de grands d'Espagne et de princes de l'Empire. Le président du conseil de Flandre expliqua en peu de mots l'intention du souverain dans la convocation extraordinaire de cette assemblée. Il lut ensuite l'acte de résignation par lequel l'Empereur abandonnait à Philippe, son fils, tous ses domaines, sa juridiction et son autorité dans les Pays-Bas, déchargeant ses sujets de l'obéissance qu'ils lui devaient, pour la transporter à Philippe, son légitime héritier, afin qu'ils le servissent avec le zèle et la fidélité qu'ils lui avaient montrés à lui-même. Alors Charles, s'appuyant sur l'épaule du prince d'Orange, à cause de sa faiblesse, se leva de son siège, et s'adressa lui-même à l'assemblée, tenant un papier à la main pour soulager sa mémoire : il rappela avec dignité, mais sans ostentation, tout ce qu'il avait entrepris et fait de grand depuis le commencement de son règne. Il dit que, dès l'âge de dix-sept ans, s'étant dévoué tout entier au soin du gouvernement, il n'avait donné que peu de temps au repos, encore moins aux plaisirs ; que soit en temps de paix, soit pour faire la guerre, il avait passé neuf fois en Allemagne, six fois en Espagne, quatre fois en France, sept fois en Italie, dix fois dans les Pays-Bas, deux fois en Angleterre, autant en Afrique, et qu'il avait traversé onze fois la mer ; que, tant que sa santé lui avait permis de remplir ses devoirs. et que ses forces avaient pu suffire a' u gouvernement de ses vastes États, jamais il n'avait craint le travail, ni ne s'était plaint de la fatigue ; mais que sa vigueur, épuisée par les crises douloureuses d'une maladie incurable, et ses infirmités, qui croissaient de jour en jour, l'avertissaient de quitter le monde ; qu'il n'était pas assez jaloux, de régner pour vouloir tenir le sceptre d'une main débile, quand il ne pouvait plus protéger ses sujets, ni veiller à leur bonheur ; qu'au lieu d'un souverain succombant sous le mal et ne conservant qu'un reste de vie, il leur donnait un prince qui joignait à la force de la jeunesse l'expérience de la maturité qu'amènent les années ; que si, durant le cours d'une longue administration, il avait commis quelque faute, ou si, dans l'embarras et sous le fardeau des grandes affaires qui absorbaient toute son attention, il avait fait injustice à quelques-uns de ses sujets, il leur en demandait pardon ; qu'il garderait à jamais une vive reconnaissance de leur fidélité et de leur attachement ; que ce souvenir le suivrait dans sa retraite comme sa plus douce consolation et comme la plus flatteuse récompense de tous ses travaux, et que ses derniers vœux au Tout- Puissant n'auraient pour objet que la prospérité de ses peuples. Ensuite, se tournant vers Philippe, qui s'était jeté à genoux et baisait la main de son père : Si je ne vous laissais, dit-il, par ma mort que ce riche héritage que j'ai si fort accru, vous devriez quelque tribut à ma mémoire ; mais, lorsque je vous résigne ce que j'aurais pu conserver encore, j'ai droit d'attendre de vous la plus grande reconnaissance. Je vous en dispense cependant, et je regarderai votre amour pour vos sujets et vos soins pour les rendre heureux, comme les plus fortes preuves de votre gratitude. C'est à vous de justifier la marque extraordinaire que je vous donne aujourd'hui de mon affection paternelle, et à vous montrer digne de la confiance que je mets en vous. Conservez un respect inviolable pour la religion, maintenez la foi catholique dans sa pureté, que les lois de votre pays vous soient sacrées ; n'attentez ni aux droits, ni aux privilèges de vos sujets ; et si jamais il vient un temps ou vous désiriez de jouir, comme moi, de la tranquillité d'une vie privée, puissiez-vous avoir un fils qui mérite, par ses vertus, que vous résigniez le sceptre dans ses mains avec autant de satisfaction que j'en goûte à vous le céder ! Dès que Charles eut fini ce discours, il se jeta sur son siège, près de tomber en faiblesse de la fatigue d'un si grand effort. Pendant qu'il parlait tout l'auditoire fondait en larmes, les uns admirant sa grandeur d'âme, les autres attendris par les vives expressions de son amour pour son fils, et pour ses peuples, tous pénétrés d'un profond regret de perdre un souverain qui avait toujours distingué son pays natal par des marques de bienveillance particulière. Philippe, qui était encore aux pieds de son père, se releva, et, d'une voix basse et soumise, il lui rendit grâces du don qu'il recevait de sa bonté sans exemple ; puis, s'adressant à l'assemblée, et lui témoignant du regret de ne pouvoir parler le flamand avec assez de facilité pour exprimer, dans une occasion si intéressante, tout ce qu'il croyait devoir à ses fidèles sujets des Pays-Bas, il pria qu'on permît à Granvelle, évêque d'Arras, de parler en son nom. Granvelle, dans un assez long discours, vanta le zèle de Philippe pour le bien de ses sujets, la résolution où il était de consacrer tout son temps et ses talents à faire leur bonheur et à imiter l'exemple de son père, en traitant les Flamands avec des égards distingués. Mes, homme ; de loi fort éloquent, répondit au nom des états par des protestations de fidélité et d'attachement pour leur nouveau souverain. Alors Marie, reine douairière de Hongrie, résigna la régence dont elle avait été chargée par son frère pendant l'espace de vingt-cinq ans. Le jour suivant, Philippe, en présence des états, fit le serment accoutumé de maintenir les droits et les privilèges de ses sujets ; et tous les membres de l'assemblée, soit en leur propre nom, soit au nom de ceux qu'ils représentaient, lui jurèrent obéissance. Quelques semaines après, dans une assemblée assez solennelle, Charles résigna à son fils les couronnes d'Espagne avec tous les territoires qui en dépendaient, soit dans l'ancien, soit dans le nouveau monde. De tant de vastes possessions il ne se réserva qu'une pension annuelle de cent mille écus pour les charges de sa maison et pour des œuvres de bienfaisance et de charité. Il avait choisi l'Espagne pour le lieu de sa résidence, se flattant que le bon air et la chaleur du climat calmeraient sa goutte, que l'humidité et les rudes hivers des Pays-Bas avaient beaucoup augmentée. Il était d'autant plus impatient de s'embarquer, qu'il sentait l'impossibilité de se débarrasser entièrement des affaires tandis qu'il demeurerait à Bruxelles. Mais ses médecins lui représentèrent si fortement le danger qu'il y aurait à se mettre en mer dans la saison la plus froide et la plus orageuse de l'année, qu'il consentit, quoique à regret, à différer son voyage de quelques mois. Il eut la satisfaction, avant de partir des Pays-Bas, de faire une démarche heureuse pour entamer la paix avec la France. C'était un événement qu'il désirait avec ardeur, pour la sûreté de son fils et pour avoir la gloire, en quittant le monde, de rendre à l'Europe une tranquillité dont il l'avait si longtemps privée. Des conférences qui avaient pour but des échanges de prisonniers firent naître le projet de conclure une longue trêve, pendant laquelle chacun garderait sa position. Henri n'aurait pas hésité un instant à accepter une trêve qui le laissait possesseur de riches conquêtes ; mais ses engagements avec le pape ne le laissaient pas maître d'acquiescer à cet arrangement. Il ratifia cependant la trêve ; mais le pape lui envoya son neveu, qui lui rappela ses promesses, et le roi, ébranlé, se montra disposé à recommencer la guerre. Aussitôt le pape commença à faire des démonstrations hostiles. Alors le duc d'Albe entra dans les États de l'Église avec une armée de douze mille hommes, et s'empara de plusieurs places. Le souverain pontife, effrayé de ses progrès, entama des négociations, et l'on conclut une trêve, d'abord de dix jours, ensuite de quarante ; mais Paul, assuré que le duc d'Albe n'avait pas envie d'en venir à un accommodement parfait, et animé par l'espérance de recevoir bientôt les troupes françaises qui marchaient à son secours, ne s'appliqua plus qu'à faire un bon usage du temps jusqu'à la fin de la trêve. |