L’ANNEAU DE CÉSAR - Souvenirs d’un soldat de Vercingétorix

 

LES AIGLES

CHAPITRE XII — Le mont d’Alésia.

 

 

De nouveau, cette fois en plein été comme naguère en plein hiver, nous nous retrouvions occuper les pentes d’une montagne, au pied des murailles d’un oppidum.

Seulement c’était après une défaite. Les espérances qui nous soutenaient à Gergovie s’étaient évanouies. Nos coeurs étaient découragés et tristes. Outre les pertes essuyées dans le combat de cavalerie près de la Vingeanne, trois mille hommes de notre arrière-garde avaient été taillés en pièces par les légions.

Sur le plateau d’Alésia rien n’était préparé pour recevoir une aussi grande armée, car le hasard, l’instinct aveugle, le mot d’ordre de l’épouvante, et non le calcul des chefs, nous avaient amenés là.

Ce plateau d’Alésia est à peu près aussi vaste que celui de Gergovie ; mais il est deux fois moins élevé, ne présente pas des flancs aussi abrupts et n’est point aussi bien défendu contre l’escalade.

Les collines, qui de toutes parts s’élevaient autour du plateau et atteignaient à peu près la même hauteur, formaient autour de nous comme une enceinte presque continue, bornant partout l’horizon. Alésia était donc située sur une colline surgissant comme du fond d’une cuvette, dont toutes les autres hauteurs formeraient le rebord. Elles étaient très rapprochées de nous, sauf du côté de l’ouest où elles s’écartaient, un peu pour dégager la plaine où l’Ose et l’Oserain se réunissent à la Brenne.

C’était là une situation assez défavorable pour nous. Comme nous ne pouvions occuper toutes ces hauteurs, il était trop évident que les Romains les occuperaient, plaçant partout leurs camps juste à la hauteur de notre oppidum, nous enserrant de tous côtés ; surveillant toutes les issues, dominant tous les champs de bataille que nous pourrions être tentés de choisir.

Quant à notre oppidum, à peine s’il pouvait contenir en son enceinte, outre ses habitants mandubiens, les multitudes d’hommes, qui des campagnes voisines, avec leurs bannes d’osier, leurs chariots à échelles et leurs troupeaux, étaient accourues pour s’y réfugier. Du moins, nous avions l’eau à discrétion : non seulement celle de l’Ose et de l’Oserain, mais deux sources qui jaillissent de l’angle nord-ouest de la colline d’Alésia. L’une donne de l’eau froide, l’autre de l’eau chaude. Toutes deux étaient l’objet d’un culte de la part, des Mandubiens : elles étaient adorées au même titre que le dieu Moristag, qui règne sur les marais de cette localité ; elles étaient réputées saintes et miraculeuses, et la source chaude surtout était célèbre à trente lieues li la ronde pour les guérisons qui s’y opéraient. Au commencement, nous partagions pour ces fontaines la vénération des indigènes et nous n’osions y puiser. Mais la nécessité est plus forte que tout ; avec ces eaux miraculeuses, à la source froide, nous lavions nos chevaux, et à la source chaude, nous faisions mijoter notre soupe de soldats.

Toute l’armée dut camper hors des murs de l’oppidum, sur les pentes de la montagne, comme naguère à Gergovie, rangée par nations, distribuée en des camps, se fortifiant du côté de l’ennemi par un autre mur de six pieds.

Vercingétorix employa d’abord sa cavalerie à courir le pays, à ramener des grains et des fourrages ; car on n’avait pas prévu qu’Alésia serait le refuge d’une telle masse d’hommes ; et les approvisionnements étaient insuffisants pour un siège un peu long.

Nos chefs espérèrent un moment que César ferait comme Labienus sous Lutèce. Content de s’être ouvert le chemin de la retraite, satisfait de ce coup de boutoir donné en passant, sans doute il continuerait sa marche sur la Province Romaine.

Mais César avait maintenant onze légions rassemblées sous sa main, ce qui lui faisait au moins cinquante-cinq mille hommes d’infanterie ; il avait huit mille cavaliers, en y comprenant les Germains, et près de vingt mille auxiliaires numides, crétois, baléares et gaulois. Une infinité de calones et de lixæ suivait cette formidable armée.

Rentrer dans la Province Romaine, c’était, pour lui, perdre son prestige, se dépouiller de ses victoires, se livrer aux mains de ses ennemis domestiques, soulever Rome tout entière d’une colère mêlée d’épouvante.

Nous sûmes tout de suite à quoi nous en tenir.

Sans s’inquiéter un instant de ces masses de guerriers dont les pentes de l’oppidum étaient couvertes, il disposa ses camps tout autour de nous : ceux de la cavalerie sur les cours d’eau ; ceux de l’infanterie sur les collines. D’Alésia, nos regards plongeaient dans les camps de cavalerie romaine ; mais les remparts des camps d’infanterie s’élevaient, par delà les vallées, juste au niveau des murailles de l’oppidum.

César est-il fou ? demandait-on. Il disperse ses camps. Nous allons les lui enlever l’un après l’autre. Ceux du nord ne verront même pas ce qui se passera dans ceux du sud, ni ceux qui sont en haut ce qui se passera dans ceux d’en bas.

Le lendemain, au lever du soleil, nous nous aperçûmes que des levées de terre avaient surgi presque partout dans les intervalles des camps, et que les assiégeants pouvaient passer de l’un à l’autre par des tranchées protégées de gabionnages.

D’abord, ridée d’enfermer dans des lignes de gabions soixante mille guerriers d’élite retranchés sur une hauteur, nous parut extravagante. Ensuite elle nous épouvanta. Quel était donc cet homme qui essayait de prendre une armée dans les mailles d’un filet comme on y prend un sanglier ?

Veux-tu donc nous laisser affamer par ces gens-là ? demandait Vergassilaun au Pen-tiern.

Vercingétorix ne répondait rien. Tout à coup il fit sonner le boute-selle. Toute notre cavalerie descendit dans la plaine de l’ouest, celle qu’arrose la Brenne.

Elle chargea si vivement les travailleurs romains qu’ils furent culbutés avec leurs gabions et leurs fascines. Mais la trompe d’alarme retentit dans leurs camps. Nous fûmes chargés à notre tour par les cavaliers romains, les cavaliers espagnols, les cavaliers numides, les cavaliers germains.

Cette fois, les Teutons n’étaient plus une surprise pour nous. On était aguerri contre leurs hurlements, leur aspect sauvage, leur odeur, et contre les piétons qui combattaient mêlés aux cavaliers, une main à la crinière des chevaux. Ces Germains peuvent surprendre par leur élan, mais leurs armes ne valent pas les nôtres et nos chevaliers sont plus forts qu’eux à l’escrime du glaive. Pendant qu’ils levaient bien haut le bras et la latte, découvrant leur vaste flanc, ouvrant une bouche hurlante, on leur poussait tout droit la pointe entre deux côtes. Dans ces grands corps nus les blessures n’en étaient que plus larges.

Pendant près d’une heure on se chargea escadron par escadron, et la plaine se couvrait de casques vides, de chevaux abattus, de cavaliers traînés par le pied dans la poussière.

L’arrivée des légions fit tourner le combat contre nous, et du haut de l’oppidum la sonnerie de rappel retentit. Ce fut à grand’peine que nous pûmes regagner l’abri de nos camps, poursuivis par les volées de pila. Parmi nos cavaliers, beaucoup furent pris en essayant de franchir d’un seul bond le mur de six pieds, dont la crête arrêtait et déchirait le ventre de leur coursier. D’autres furent étouffés dans l’encombrement aux portes des camps.

La bataille avait été plus chaudement soutenue que là-bas, sur les rives maudites de la Vingeanne, mais c’était encore une bataille perdue. Si lé carnage avait été moins grand, c’est que le Pen-tiern s’était refusé à risquer son infanterie.

Le soir, il réunit les chefs en conseil de guerre et nous dit :

Vous vous êtes bien battus aujourd’hui ; beaucoup mieux qu’il y a deux jours. Mais vous voyez ! Dix mille cavaliers gaulois sont à peine do force contre huit mille de César. Quant à notre infanterie, il faut nous résigner à ne la faire combattre que dans la proportion de trois contre un. Nous sommes aussi braves, plus braves même, que les Italiens ; mais nous ne sommes pas rompus comme eux aux manœuvres et à l’obéissance passive. Regardez ces camps, regardez ces lignes de retranchements qui s’allongent dans la plaine. D’ici à peu de jours nous serons ici enfermés comme des prisonniers dans leur geôle. Il ne nous restera même plus d’espace pour déployer la cavalerie. Il nous sera impossible de la nourrir, car ce n’est pas ici comme à Gergovie, où trois cent mille Romains n’auraient pas suffi à nous investir, où nous avions à notre disposition de vastes plaines, où nos camps étaient chaque jour ravitaillés tandis que ceux de l’ennemi restaient privés de tout. Partez donc, cavaliers gaulois. Profitez de ce que les lignes romaines ne sont pas encore fermées. Passez en silence, à la faveur de la nuit. Il n’est déjà plus temps pour nos piétons : ils seraient tous détruits avant d’avoir parcouru cinq cents pas. De retour chez vous que chacun appelle aux armes son peuple. Il faut que tout homme valide saisisse l’épieu ou l’arc. C’est une levée en masse de la Gaule que je vous demande. Songez que nous restons ici soixante mille hommes d’élite, sans compter une nombreuse population. Si vous ressentez quelque gratitude pour les services que j’ai pu rendre à la cause commune, hâtez-vous. Tout compte fait, en réduisant les rations à ce qui est indispensable pour ne pas mourir de faim, nous avons des vivres pour trente jours. Si vous tardez, c’est cent mille cadavres que vous trouverez entre les murs de l’oppidum. Et l’on dira partout que vous avez abandonné votre général.

J’avais eu la jambe froissée par le choc d’un cavalier germain. Je pouvais à peine me tenir à cheval. Je confiai donc le commandement de mes hommes à Carmanno ; j’embrassai le sénateur Verjugodumno, le conjurant avec larmes de ne pas nous abandonner et de revenir promptement avec la levée en masse des Parises.

Nous sommes ici, lui disais-je, comme un appât vivant pour y retenir la bête féroce. Que le chasseur se hâte ! Souviens-toi que tu nous laisses dans la gueule du loup.

Vers le milieu de la nuit, comme la lune s’était voilée de nuages, toute la cavalerie descendit en silence les pentes de l’oppidum, marchant dans la direction de la Brenne. Nulle trompette ne sonna le boute-selle ni le départ. Il fallait glisser inaperçu dans les ombres de la nuit.

Du haut des remparts de l’oppidum nous prêtions l’oreille. On tremblait que le bruit sourd des sabots, le hennissement d’un cheval ne trahit les fugitifs. A tout instant nous nous attendions à entendre éclater les clairons de réveil et les trompes d’alarme dans les camps romains. Rien ne remua.

Quand la pleine lune reparut, nous crûmes distinguer au loin des reflets d’armes, des lignes qui allaient décroissant. Et nous pensions tristement que quand l’astre de Bélisana, après avoir décru, puis s’être éclipsé, brillerait encore une fois de tout son éclat, ce serait fait de nous, à moins que la Gaule ne nous sauvât par un effort suprême.

Le Pen-tiern avait compris qu’un jour de plus ou de moins, c’était pour nous la vie ou la mort.

Il fit donc rechercher partout, dans les huttes des habitants, dans les silos de la montagne, dans les chariots des réfugiés, jusque dans le bissac des soldats, tout ce qui pouvait exister de blé ou d’autres choses propres à nourrir son homme. Un paysan fut pendu pour avoir creusé un trou dans la terre et y avoir caché son avoir.

Tout fut enfermé dans des magasins, aux portes desquels on plaça des sentinelles le glaive au clair. Tous les matins chaque combattant recevait sa ration de la journée ; les non combattants n’avaient que demi-part.

Que ces trente jours s’écoulèrent donc lentement ! On souffrait de la faim, de la chaleur du jour, de l’angoisse croissante. Et si ces trente jours s’écoulaient sans qu’on vit rien venir ?

De l’oppidum d’Alésia nous n’avions plus les larges horizons que nous avaient offerts celui de Gergovie ou celui de Bibracte. Partout la vue se heurtait aux collines prochaines et s’attristait à l’aspect détesté des camps italiens. Ce ne sont plus, comme lobas, les dômes et les puys de l’Arvernie, et dans le lointain les sommets âpres des Cévennes et les glaciers roses des Alpes. Cependant ces belles collines du pays édue aux flancs arrondis, aux pentes verdoyantes, aux lignes harmonieuses nous offraient une nature souriante qui semblait ne pas comprendre les tourments de nos coeurs. Deux petites rivières, l’Ose, au nord d’Alésia, l’Oserain, au sud, baignent les racines de sa montagne, coulent sous l’ombrage grêle des aulnes et des saules. Du côté de l’ouest, la Brenne, oh elles vont se jeter, arrose une vaste plaine, toute verdoyante le pâtures, celle-là même où nous avions livré notre dernier combat de cavalerie.

Mais déjà ces prés verts, ces vallons frais, ces collines boisées s’enlaidissaient, éventrés, troués ; bouleversés par les pelles et les pioches des soldats romains, creusés en tranchées, soulevés en parapets, dont la blancheur sordide éclatait au soleil de juin. Chaque nuit, nous entendions ce sourd travail de rongeurs et comme le grignotement d’une armée de taupes. Parfois, le fer des outils sonnait sur les pierres, arrachait des étincelles aux silex.

Chaque matin, c’était une redoute nouvelle qui étalait ses flancs nus, sinistre champignon poussé dans les ténèbres ; c’étaient des tranchées qui dessinaient sur le sol un réseau de lignes, si confus d’abord qu’on avait peine à deviner lé plan de l’ennemi. Ces lignes filaient et viraient comme au hasard. On eût dit un grimoire écrit par un magicien, et dont les caractères infernaux nous enveloppaient d’une énigme indéchiffrable, d’une formule de perdition.

Ce n’est pas que nous les avions laissés travailler en paix, les fossoyeurs d’Italie !

A toute heure du jour, on les harcelait ; à toute heure de la nuit, les officiers passaient dans les campements, sans bruit de trompette, touchant les hommes à l’épaule pour les réveiller. Quelques instants après, par la pente du nord, ou de l’ouest, ou du midi, ou de l’est, bref du côté où nous comptions être le moins attendus, nous dévalions sur les ouvrages romains.

Alors dans l’ombre ronflaient leurs boulets de pierre, sifflaient les javelines et les viretons de leurs balistes ; et des combats sanglants s’engageaient à tâtons parmi les gabionnages bouleversés.

Une nuit, un peu avant l’aube, comme nous allions nous ruer sur les travailleurs, tout à coup le sol manqua sous nos pas, nos têtes de colonnes roulèrent : dans un fossé qui venait tout juste d’être taillé ; il avait six pieds de profondeur, seize d’évasement et ses deux pentes se coupaient à angle aigu.

La nuit Suivante, nous n’allâmes pas si loin ; car plus, près encore de notre oppidum ; un autre fossé s’ouvrait béant, tout aussi profond que l’autre et aussi large à l’évasement, mais dont le fond était plat comme celui d’une cuvette et dans lequel on avait fait entrer l’eau des rivières.

Il nous, fallait maintenant franchir deux fossés avant de pouvoir seulement nous attaquer au rempart en terre des camps, haut de six pieds, et surmonté d’une palissade. A la base de cette palissade se projetaient des cervi, ainsi que les appellent les Romains, c’est-à-dire des arbres enfoncés horizontalement, dont les branches aiguisées, tournant leurs pointes vers l’assaillant, lui opposaient comme des ramures de cerf ou les cornes baissées d’un taureau.

Contre leur palissade les Romains appliquèrent ces grands carrés d’osier vanné qu’ils appellent plutei ou loricæ avec des meurtrières et des créneaux, d’où partaient des volées de traits.

Sur leur rempart, de distance en distance, s’élevèrent des tours de bois à quatre étages et cuirassées également de loricæ.

Bientôt même l’accès du fossé le plus rapproché d’Alésia nous fut interdit.

Tout le terrain dont nous avions encore le parcours se hérissa de cippi, c’est-à-dire de ramures d’arbres assez semblables aux cervi. Plus près de nous encore, se creusèrent des scrobes ou trous de loup, profonds de cinq pieds, au fond desquels, comme le pistil dans la corolle d’un lys, se dressaient des pieux aiguisés. Nous les appelions même des fleurs de lys et les Romains donnaient aussi le nom de lilia à ces trous de loup. Plus près de nous enfin, le sol se parsema de stimuli ou chausse-trapes, c’est-à-dire de piquets garnis d’énormes hameçons de fer, mais dissimulés sous des pelletées de terre ou des paquets de broussaille.

Ainsi notre prison se resserrait chaque jour davantage ; une sextuple ligne de pièges, de fossés, de remparts, enveloppait complètement l’oppidum.

Nous ne pouvions même plus aller puiser de l’eau dans l’Ose et l’Oserain, sans recevoir une grêle de flèches et de balles, et là, nous étions si près des Romains que, par-dessus les ruisseaux, on pouvait échanger des coups de lance.

Pour assaillir les camps, il nous fallait d’abord sauter le ruisseau, nous déchirer les jambes aux stimuli, risquer de nous empaler sur les pieux des trous de loup ou de nous éventrer aux pointes des cippi, enfin franchir un fossé rempli d’eau, puis un autre.

Nos colonnes d’assaut étaient donc rompues et décimées avant de pouvoir s’attaquer aux cervi du parapet, aux loricæ d’osier, aux tours pleines d’archers, aux masses d’hommes et aux machines qu’un coup de trompette rassemblait aussitôt sur le point menacé.

Ce qui nous causait le plus de pertes, c’étaient les onagres, qui lançaient des blocs et des boulets de pierre, renversant des files d’hommes, broyant les membres, les crânes et les poitrines. Des scorpions, des catapultes, des balistes, partaient en sifflant des traits gros comme un brin de bouleau, avec des ailerons de bronze et des pointes d’acier : à ces viretons pas de bouclier, pas de corselet qui pût résister. C’était assez d’un seul pour embrocher trois hommes à la file.

Après chacun de nos combats de nuit, nous avions pendant tout le jour, tout un long jour d’été, le spectacle de nos morts abandonnés et bientôt dépouillés, de nos blessés qui tendaient vers nous leurs mains, ou bien, sur leurs membres mutilés, se traînaient vers le ruisseau, torturés par une soif ardente, ou bien essayaient de s’arracher aux pointes des pieux, aux griffes des stimuli, qui les retenaient par les jambes ou par le ventre. Ils périssaient lentement sous nos yeux, dans ces supplices aussi cruels que celui de la croix.

C’était un pervers génie qui avait dissimulé dans la brousse ces engins perfides, tapis dans leurs trous comme des bêtes venimeuses et qui, invisibles, silencieux, sournoisement nous guettaient.

Jamais nous ne parviendrions à franchir ces lignes maudites, tant de fois rougies du sang des nôtres. Jamais, jamais !