ÉTUDE SUR PLINE LE JEUNE

 

PREMIÈRE PARTIE. — CHRONOLOGIE DES LETTRES DE PLINE.

 

 

A. CHRONOLOGIE DU RECUEIL PRINCIPAL.

Livre I.

Le premier livre parait avoir été écrit en 97, peut-être déjà à la fin de 96, et publié en 97. Il est a peu -près certain que, dans tout le recueil, il ne se trouve pas une lettre qui ait été écrite avant la mort de Domitien (18 septembre 96) ; et cela se comprend : le ton des lettres de cette époque ne pouvait être de nature à en permettre plus tard la publication. La cinquième lettre du premier livre est antérieure au retour d’exil de Junius Mauricus, retour qui eut lieu certainement après le 1er janvier 97[1], mais du vivant de Nerva (IV, 22, 4), et probablement peu après l’avènement de ce prince. — La mort de Corellius Rufus (lettre 12) paraît aussi postérieure de peu de temps à la chute de Domitien[2], mais ce personnage vivait encore lorsque Pline, en 97, parla au Sénat contre Publicius Certus, accusateur d’Helvidius[3].

Tout, dans le reste du livre, s’accorde avec la date que nous lui avons assigne. L’empereur qui autorisa Titinius Capito (ep. 17) à élever une statue à L. Silanus serait donc Nerva, et rien ne s’y oppose, car, d’après une inscription bien connue[4], Capito fut secrétaire du cabinet impérial sous Domitien, Nerva et Trajan. — Lorsque fut écrite la dixième lettre de ce livre Pline était revêtu d’une fonction publique : distringor officio, ut maximo, sic molestissimo ; sedeo pro tribunati, subnoto libellos, conficio tabulas, scribo plurimas, sed inlitteratissimas litteras ; et il ajoute qu’il est chargé de agere negotium publicum, cognoscere, judicare. Ces expressions peuvent se rapporter soit à la préfecture de l’ærarium militare, fonction que Pline exerça probablement, de 94 à 96 ou de 95 à 97, soit à celle de l’ærarium Saturni à laquelle il fut appelé au mois de janvier 98, comme nous le montrerons plus loin. Mais la première alternative doit être préférée comme s’accordant mieux avec l’ordre chronologique des lettres[5]. Je ne trouve pas d’autres indices chronologiques dans ce livre ; on ne peut déterminer la date à laquelle un Gallus administra la Bétique, comme semblerait l’indiquer un passage de la lettre 7.

 

Livre II.

Le second livre comprend des lettres écrites de l’an 97 à l’an 100, et parait avoir été publié vers le commencement de cette dernière année. La première lettre, concernant la mort de Verginius Rufus, est certainement de la fin de 97 ou du commencement de 98 : on sait en effet que Rufus fut consul pour la troisième fois en 97 avec Nerva. Il avait alors quatre-vingt-trois ans ; il mourut des suites d’une chute qu’il fit dans la séance d’ouverture du Sénat, au moment où il se levait pour prononcer, selon l’usage, le discours de remerciements à l’empereur. Mais il ne mourut qu’après de longues souffrances[6], et même, après l’accident, il avait été question de le nommer membre d’une commission de finances qui venait d’être instituée[7] ; d’air l’on peut conclure que, s’il mourut avant Nerva, ce ne fut guère qu’à la fin de 97 ; en sorte que Tacite, qui prononça comme consul son oraison funèbre, doit avoir été consul pendant le dernier ou l’avant-dernier nundinum de l’an 97[8]. — Dans la lettre 13, on trouve une allusion à la mort récente de Nerva (janvier 98[9]). Le commandement de Priscus, qui y est aussi mentionné, a été rapporté, par Borghesi, avec raison semble-t-il, à la légation de Pannonie de L. Neratius Priscus, que rien n’empêche de placer en 98 ou 99[10]. — La date des lettres 11 et 12 est également certaine, puisque le procès de Marius Priscus, qui y est mentionné comme l’événement du jour, fut jugé en l’an 100 par le Sénat présidé par Trajan, qui était alors consul pour la troisième fois[11]. Dans la lettre 7 nous voyons l’empereur faire voter par le sénat une statue triomphale à Vestricius Spurina, pour ses victoires en Germanie. L’empereur dont il est ici question doit être Nerva et non pas Trajan. EA effet, l’événement qui donna lieu à l’érection de cette statue fut la réinstallation du roi des Bructères dans son royaume par Spurinna, légat de Germanie Inférieure, avec l’aide d’une armée romaine, à laquelle les Bructères ne purent résister. Gr cet événement est probablement le même que Tacite, dans son livre sur la Germanie (ch. 33), publié à la même époque (en 98), rapporte comme une chose toute récente, mais dans des termes un peu différents. Selon cet historien les peuples voisins avaient fait invasion chez les Bructères et en avaient massacré 60.000 sous les yeux des troupes romaines, en suite de quoi l’ancien territoire des Bructères avait été occupé par les Chamaves et les Angrivariens. Pour mettre d’accord ce récit avec celui de Pline, on peut supposer que, des troubles ayant éclaté chez les Bructères, un de leurs princes ou un prétendant y avait été ramené avec l’aide des peuples voisins et des Romains, et que ces derniers, selon leur habitude, avaient laissé les Germains se battre entre eux, restant simples spectateurs de la lutte ; enfin qu’après sa victoire le prétendant avait distribué des terres de son territoire à un grand nombre des étrangers qui l’avaient aidé à reconquérir son trône. Si cette explication est exacte, Spurinna, qui était à Rome à la fin de 96[12], dut être envoyé dans la Germanie Inférieure probablement par Nerva, en 97, et sa légation dut coïncider avec celle de Trajan dans la Germanie supérieure[13]. — D’autres faits mentionne dans ce livre, par exemple les débuts à Rome du rhéteur Isæus (lettre 3), qui n’est d’ailleurs pas inconnu, sont fixés chronologiquement par ce que nous venons de dire, mais ne nous apportent pas de renseignements utiles pour l’objet de nos recherches.

 

Livre III.

Le troisième livre est de l’an 101, peut-être en partie de 102. Les deux lettres 13 et 18 accompagnaient l’envoi à Voconius Rufus et à Curius Severus du discours remanié et augmenté[14] que Pline avait prononcé peu de temps auparavant, le far septembre de l’an 100, pour remercier l’empereur du consulat qu’il lui avait conféré (Panégyrique de Trajan). Ces deux lettres sont donc incontestablement de 101. — On peut déterminer avec une exactitude encore plus grande la date des lettres 5 et 9 relatives au protes de Classicus ; elles doivent avoir été écrites dans l’automne de l’an 101. Il en est de même des deux lettres 8 et 9 de la correspondance avec Trajan ; elles sont antérieures de peu de temps à la lettre 5 du recueil principal, qui est du mois d’août de la même année. Cependant cette détermination demande à être justifiée[15]. Pline a porte la parole dans cinq procès devant le Sénat : pour les habitants de la Bétique contre le procurateur Bæbius Massa ; pour les Africains contre le proconsul Marius Priscus ; pour les habitants de la Bétique contre le proconsul Cæcilius Classicus ; contre les Bithyniens pour le proconsul Aulius Bassus, enfin contre les mêmes pour le proconsul Varenus Rufus. Ces cinq discours sont énumérés par lui-même livre VI, lettre 29. Le premier fut prononcé du vivant de Domitien ; l’accusation existait déjà en août 93, à la mort d’Agricola[16]. Pline soutint les deux accusations suivantes pendant qu’il était préfet de l’ærarium Saturni[17] ; l’accusation contre Priscus indubitablement en 99, puisque le Sénat rendit la sentence définitive en janvier de l’an 100. Ce fut plus tard seulement que la cause de la Bétique contre Classicus lui fut confiée ; cela résulte d’abord d’une allusion formelle à l’affaire de Priscus, qui se trouve dans le récit du procès de Classicus, lequel venait de recevoir une solution[18], ensuite de ce que Pline mentionne ce procès comme étant la troisième des affaires dans lesquelles il avait plaidé, en exprimant l’espoir qu’il pourrait à l’avenir se récuser[19] ; enfin, ce qui est plus décisif encore, nous noyons Pline, sollicité par le Sénat de plaider pour les habitants de l’Afrique contre Priscus, écrire à l’empereur que, depuis qu’il administre le trésor de l’État, il a cru convenable de s’abstenir de tout plaidoyer (advocationes), mais que, dans ce cas, il ne pense pas pouvoir se refuser à la demande du Sénat ; et l’empereur lui donne son approbation. Il est donc tout à fait évident qu’on ne peut admettre l’antériorité du procès de Classicus et que Pline n’a pas pu se charger en 99 de soutenir l’accusation contre ce dernier. Mais il n’a pu davantage le faire en l’an 100, car nous savons qu’au moment où il accepta l’affaire il était en villégiature en Etrurie pendant le mois de septembre[20]. Or, au mois de septembre de l’an 100, il était consul en fonctions à Rome, et, le 18, il y célébra l’anniversaire de l’empereur. Il ne nous reste donc qu’à fixer à l’automne de l’an 101 les débuts de ce procès et à prolonger jusqu’à cette date la durée de la préfecture de Pline ; et en effet dans le troisième livre des lettres, il se désigne encore lui-même comme exerçant des fonctions publiques[21]. — Enfin la huitième lettre, adressée à Suétone, annonce à ce dernier que rien n’empêche de transférer à un de ses parents le tribunat militaire que Neratius Marcellus avait obtenu pour lui ; et la date de ce fait peut être assez exactement déterminée à l’aide d’un diplôme militaire[22], où l’on voit que L. Neratius Marcellus était gouverneur de Bretagne le 19 janvier 103. Mais il ne faut pas perdre de vue que les privilèges mentionnés dans ce diplôme ont pli être accordés à la fin du gouvernement de Marcellus, tandis que la collation des grades militaires dans son armée eut lieu selon toute vraisemblance aux débuts de ce gouvernement, et même avant que Marcellus ne partit de Rome[23]. Or, la durée de la légation de Bretagne étant ordinairement de trois ans[24], cette lettre peut très bien dater de l’an 101.

Cela nous fournit des renseignements utiles pour la biographie de divers personnages ; d’abord sur Suétone : nous y voyons en effet qu’en 101 il avait l’âge auquel les personnages appartenant à l’ordre équestre recevaient ordinairement le tribunat militaire. En admettant que cet âge fut celui de 25 ans environ[25], il était né vers l’an 77 et avait 15 ans de moins que Pline. Cela concorde avec ce que nous savons de ses débuta comme avocat, qui eurent lieu en 96[26], avec ses débuts comme écrivain vers l’an 105[27], et enfin avec le fait qu’en 112 il était marié, sans enfants, et regrettait de n’avoir pas le jus liberorum[28]. — La mort de Martial, dont il est parlé dans la lettre 21, pourra être placée, avec plus de certitude que jusqu’ici, à l’année 101 ; car la publication de ses œuvres ne va pas au delà de cette date (voyez l’appendice C.). — Il en est de même de la mort de Silius Italicus (lettre 7), qui fut consul ordinaire en 68 et mourut aussi en 101, à l’âge de 75 ans ; et si l’on raconte qu’il ne put se décider à quitter sa villa pour assister à l’entrée de l’empereur à Rome, ce fait ne peut se rapporter qu’au retour de Pannonie en 99.

 

Livre IV.

Le quatrième livre contient une lettre (IV, 29, 2) où est mentionné le préteur Licinius Nepos[29]. Le même personnage est cité souvent, toujours comme préteur, dans le livre suivant, où il est nommé en compagnie d’Afranius Dexter alors consul[30]. Un diplôme militaire découvert il y a quelques années[31] a montré que C. Julius Basas et Cn. Afranius Dexter étaient consuls le 13 mai 105. D’après les règles alors en vigueur, et que nous exposerons plus loin, ils av aient été désignés le 9 janvier de cette année, et Nepos doit par conséquent avoir été préteur eu 105 ; d’où il suit que le quatrième livre a été publié la même année et qu’entre la publication de ce livre et celle du précédent il s’était écoulé un laps de temps assez considérable. Les autres données s’accordent bien avec cette estimation. Ainsi Pline n’est plus préfet de l’ærarium[32] mais consulaire[33], et il reçoit de l’empereur la dignité d’augure, vacante par la mort de Sex. Julius Frontinus[34]. Cela se rapporte à l’an 103 ou 104, soit parce que la collation d’un des quatre grands sacerdoces avait lieu, pour ceux qui n’étaient pas nobles, peu de temps après le consulat[35], soit parce que la mort de Frontinus, déjà préteur en 70[36] et qui n’est plus nommé après son troisième consulat (en 100)[37], doit se placer, selon toute vraisemblance en 102 ou 103. — Toutes les lettres de ce livre supposent la présence de Trajan à Rome[38], ce qui convient, également aux années 103 et 104, puisque l’empereur revint de la première guerre de Dacie à la fin de 102 et partit pour la seconde en 105.

Il faut donc placer en 103 ou en 104 le procès de Bassus, qui, poursuivi sur la plainte des habitants de la Bithynie au sujet de l’administration de cette province, dont il avait été proconsul, fut défendu avec suces par Pline[39]. C’est probablement le même C. Julius Bassus qui, comme nous venons de le voir, fut consul en louai 105, de sorte que le procès qui lui fut intenté ne peut l’avoir été cette année-là. On trouve cités dans Pline, comme consuls désignés de l’année où Bassus fut accusé, Bæbius Macer, C. Cæcilius Strabo et Cæpio Hispo[40], auxquels il faut ajouter encore Rubrius Gallus, qui, on en a la preuve, fut consul avec Cæpio Hispo[41]. Mais jusqu’ici on n’a pu déterminer plus exactement les dates de leurs consulats. — Nous pouvons encore moins indiquer l’année du deuxième consulat d’Arrius Antoninus, grand père d’Antonin le Pieux, qui fut consul pour la première fois en 69, et qui est mentionné dans la troisième lettre de notre livre comme un homme fort âgé, qui avait été deux fois consul et proconsul d’Asie[42]. — Q. Sosius Senecio est cité dans la lettre 4 comme gouverneur d’une province ; la date de ce gouvernement ne peut non plus être déterminée exactement ; mais si elle se rapporte aux années 103 ou 104, elle se place, conformément à l’usage, entre les deux consulats.

Un seul passage semblerait s’opposer à l’admission de l’année 105 comme étant celle où fut publié ce livre ; dans la lettre 15, Pline prie C. Minicius Fundanus[43] si, comme il le suppose, ce dernier est nominé consul pour l’année suivante[44], de prendre pour questeur Asinius Bassus, qui était déjà questeur désigné. Or Fundanus fut en effet consul, mais seulement, selon toute apparence, en juillet et août 107 ou 108, avec C. Vettennius Severus[45]. Mais cela n’empêche pas d’admettre que Pline ait écrit sa lettre en 104 et se soit attendu à la nomination de Fundanus pour l’an 105. Lorsqu’il l’écrivit, les questeurs étaient déjà nommés, mais non pas des consuls qui devaient être en fonctions en même temps qu’eux ; et cela est conforme aux règles générales : en effet, les questeurs qui devaient fonctionner en 104-105 étaient désignés dés le mois de janvier 104, tandis que les consuls de 145, abstraction faite des ordinarii, ne le furent que le 9 janvier 105. Ainsi, de janvier 104 jusqu’en janvier 105, c’est-à-dire pendant près d’une année entière, on connaissait les questeurs de 104-105, mais non pas les consuls de 105 ; c’est dans cet intervalle que devra se placer la rédaction de la lettre en question et la publication du quatrième livre. Pline a sans doute annoncé, parce qu’il la croyait certaine, une nomination qui n’eut lieu réellement que quelques années après.

 

Livre V.

Le cinquième livre comprend une lettre (13) mentionnant Afranius Dexter comme consul désigné, ce qui la fait remonter aux premiers mois de 105, et deux lettres (4 et 9) auxquelles la préture de Licinius Nepos assigne également, comme nous l’avons vu, la date de 105. Ce livre parait avoir été publié une année après le précédent, en 106. En général, tandis que la publication des livres I, II, III, IV a eu lieu à des intervalles assez éloignés, les cinq derniers se suivent très rapidement ; on peut le constater en suivant les récits concernant les procès de Bassus et de Varenus et le proconsulat de Tiro. — Les autres détails contenus dans le livre V viennent à l’appui de notre opinion qu’il a été publié en 106 ; ainsi, nous trouvons de nouveau Pline investi d’une fonction publique qu’il ne précise pas et, peu après, Cornutus recevant un emploi analogue, à savoir celui de curateur de la voie Emilienne[46]. La fonction de Pline était donc évidemment celle de curator alvei Tiberis et riparum et cloacarum Urbis, mentionnée dans ses inscriptions, d’autant mieux que cette cura était régulièrement confiée à des consulaires[47], et que Cornutus a aussi administré la sienne sans aucun doute en qualité de consulaire[48]. Dans le cursus honorum de Pline cette charge prend place entre le consulat et le gouvernement de la Bithynie ; elle convient donc parfaitement aux années 105, 106 et suivantes[49]. — Il n’est jamais question de Trajan comme étant à Rome[50] ; c’est en effet l’époque de la seconde guerre de Dacie, qui commença probablement en 105 et fut terminée en 107, peut-être déjà en 106. — A la même époque commença le procès de Varenus Rufus, qui avait administré la Bithynie comme proconsul et qui, ayant été accusé devant le Sénat, fut défendu par Pline ; le Sénat décida que la faculté, accordée par la loi au plaignant seul, de forcer des témoins à comparaître, devait appartenir également à l’accusé. On n’a pas d’indications précises sur la date de ce procès[51] ; mais on voit qu’il dut avoir lieu peu après la fin de celui de Bassus, ce qui concorde assez bien avec les déterminations que nous avons obtenues jusqu’ici. Le consul désigné Acilius Rufus[52], qui est cité à propos du premier vote sur la question, aurait donc été consul en 106 ; je ne connais d’ailleurs aucun autre moyen de fixer la date de ce consulat[53].

 

Livre VI.

Le sixième livre contient la lettre (10) dans laquelle Pline se plaint que le monument de Verginius Rufus ne soit pas encore achevé post decimum mortis annum ; comme Rufus mourut à la fin de l’an 97, cette lettre fut écrite en 106 — Nous n’apprenons rien sur les affaires personnelles de Pline ; sa position officielle parait avoir été la même que dans le livre précédent[54]. — Par contre Trajan est mentionné d’abord comme étant absent, en Dacie, puis comme étant de retour à Rome après avoir accompli de grandes actions[55]. Cela se rapporte évidemment à la seconde guerre de Dacie, d’où l’empereur revint en 106 ou 107[56]. Il est question aussi des ports construits à l’embouchure du Tibre[57]. — Le procès de Varenus continue, et dans ce livre in discute en divers sens sur la validité de la décision du Sénat concernant les témoins à citer[58]. Ainsi la préture de Juventius Celsus doit se placer en 106 ou 107 ; il s’agit du plus jeune des deux célèbres jurisconsultes dont le nom complet était P. Juventius Celsus T. Aufidius Hœnius Severianus[59] ; il figure pour la première fois dans l’histoire comme ayant pris part, vers l’an 93[60], à une conjuration contre Domitien, et, pour la dernière fois, comme consul iterum, en 129. — Le consul désigné, Severus, à qui, selon la lettre 27, le discours de remerciements qu’il devait prononcer au Sénat selon l’usage, fournit l’occasion de célébrer les récentes victoires de l’empereur, pourrait bien être le même C. Vettennius Severus qui obtint les faisceaux en juillet et en août 107 et 108, en même temps que Minicius Fundanus ; dans ce cas leur consulat se placerait définitivement en 107 et la lettre en question serait du commencement de cette année. Cependant, vu la fréquence extrême du nom de Severus, il ne faudrait pas attacher trop d’importance à cette coïncidence. — Calestrius Tiro est mentionné (lettre 22) comme ayant été désigné par le sort pour le proconsulat de Bétique[61].

 

Les trois derniers livres ont un caractère qui diffère un peu de celui des six précédents : ils parlent moins des affaires publiques du jour, en sorte que nous manquons de points d’appui suffisants pour en établir la suite chronologique d’une manière aussi positive que nous avons pu le faire jusqu’à présent[62]. Nous avons déjà fait observer que ces livres se suivent rapidement.

 

Livre VII.

Le septième pourrait bien remonter à l’an 147. Pline est toujours en fonctions et collègue de Cornutus[63], c’est-à-dire curator du Tibre, et l’empereur est toujours à Rome. Le procès de Varonus reçoit une solution, au moins devant le Sénat, la plaints ayant été retirée par la province ; mais les représentants de la Bithynie, chargés è l’origine de suivre l’affaire, contestent les pouvoirs des nouveaux envoyés et l’empereur évoque l’affaire à lui[64]. — Calestrius Tiro passe par Côme en se rendant dans la Bétique, dont il va prendre le gouvernement[65]. — Le Falco, gouverneur de province, auprès de qui Pline sollicite un tribunat militaire pour un de ses amis, est le même Pompeius Falca que nous trou-vous mentionné dans le premier livre (lettre 23), c’est-à-dire vers 97, comme tribun du peuple désigné, et qui, d’après les inscriptions que nous avons de lui, administra sous Trajan les provinces de Lycie et Pamphylie, de Judée et de Mésie-Inférieure, sous Hadrien celles de Bretagne et d’Asie[66]. Comme, en qualité de gouverneur de Lycie et Pamphylie, il n’avait pas de troupes sous ses ordres et ne pouvait en conséquence proposer la nomination d’aucun officier, il est probable que la province qu’il gouvernait vers l’an 107 était la Judée.

 

Livre VIII.

Dans le huitième livre nous rencontrons une lettre qui ne peut avoir été écrite avant l’an 108 ; c’est la 230, dans laquelle Pline déplore la mort prématurée d’Avitus, édile désigné. Ce personnage ne peut guère être différent du Junius Avitus, à qui Dasumius fit, par son testament[67], un legs, de même qu’à Pline, à Tacite et à plusieurs hommes marquants de cette époque ; ce testament est daté du consulat d’Hadrien et de Priscus, c’est-à-dire de l’été de 108. Il en résulte qu’Avitus ne peut être mort avant la première moitié de 108 et que la publication du huitième livre ne peut être antérieure à l’an 109, — Ce livre ne contient pas d’autres renseignements bien utiles pour la chronologie. Les poètes apprêtent leurs lyres pour chanter en hexamètres grecs lés victoires de Trajan, si toutefois les noms par trop barbares des vaincus le permettent[68] ; le double triomphe de l’empereur est formellement mentionné ; mais nous n’avons aucune indication sur ce que faisait Trajan à cette époque. Rien non plus sur des fonctions que Pline aurait remplies. — Afranius Dexter, dont le consulat est mentionné au cinquième livre, a péri d’une mort violente, soit de sa propre main, soit sous les coups de quelques-uns de ses affranchis, et le Sénat rend un jugement définitif sur le crime et le châtiment de ces derniers[69]. Cette mort semble remonter au consulat même de Dexter, c’est-à-dire au mois de mai ou de juin 105[70] ; mais il est facile d’expliquer pourquoi, dans ce cas, la sentence définitive n’a été rendue que plusieurs années après ; car, pour en arriver la, il avait fallu faire non seulement une enquête préalable assez longue, mais encore une modification de la loi relativement au meurtre d’un maître, afin que la question, qui n’était appliquée qu’aux esclaves et aux affranchis par testament, pût l’être aussi aux esclaves affranchis du vivant du maître. Il est certain que ce changement eut lieu sous Trajan[71] et que la loi, ainsi modifiée, fut appliquée dans ce procès[72]. Il est donc très probable qu’elle fut rendue précisément è propos du cas fort compliqué dont il s’agit. — Si cette décision du Sénat ne peut être rapportée à une année précise, il est encore plus difficile de fixer la date à laquelle le prétorien Maximus[73] fut chargé d’une mission extraordinaire auprès des villes libres d’Achaïe, et celle de la mort du vieux Domitius Tullus[74].

 

Livre IX.

Le livre neuvième et dernier est peut-être le plus pauvre en données chronologiques. Il ne nous apprend absolument rien ni sur les actes de Trajan, ni sur le rôle politique de Pline. La simple mention de Plotine[75] ne nous avance pas à grand chose. On peut en dire autant de la mention d’un gouverneur Sabinus[76] et d’un consul Paulinus[77], car on ne peut même pas déterminer avec certitude leurs autres noms. Si Pline s’appelle encore un novice en poésie[78], cela prouve simplement qu’il n’y a pas un grand intervalle entre ce livre et le quatrième. Si, par contre, Tiro figure encore dans ce livre avec le titre de gouverneur de Bétique[79], cela peut donner è penser que la lettre qui le mentionne a été écrite dans le courant de 108, car les proconsulats étaient, dans la règle, annuels, et Tiro était arrivé dans sa province au milieu ou è la fin de l’an 107. — Après cela on peut encore se demander si les deux derniers livres n’auraient point été publiés ensemble. Toutefois, en l’absence d’autres preuves[80], nous devons nous contenter de la conclusion qu’ils n’ont pas été écrits avant 108 ou 109, et qu’ils ont probablement vu le jour vers cette époque.

 

B. CHRONOLOGIE DE LA CORRESPONDANCE AVEC TRAJAN.

On sait que la correspondance avec Trajan est indépendante du recueil principal qui n’a jamais compté plus de neuf livres[81]. Les lettres y sont rangées à peu prés dans l’ordre chronologique, c’est ce qui est devenu évident depuis que Keil[82] a rétabli l’ordre anciennement suivi, tel qu’il était dans les éditions d’Avancius et d’Alde.

La première lettre, écrite peu après la mort de Nerva, contient Ies félicitations de Pline à Trajan à l’occasion de son avènement. La seconde est postérieure de peu de temps, à en juger d’après les mots : inter initia felicissimi principatus tui.

Les lettres 3 à 11 forment entre elles un groupe. Dans la troisième Pline annonce à l’empereur que le Sénat l’a désigné comme avocat de la Bétique dans le procès de Marius Priscus, et demande de pouvoir, quoique préfet du trésor, accepter ce mandat. Ce procès ne fut terminé, après mainte péripétie, qu’au mois de janvier de l’an 100. La lettre peut donc avoir été écrite vers le milieu de 99. — La quatrième a pour but d’obtenir de Trajan une élévation de rang qui avait été accordée en principe par Nerva ; elle est donc écrite peu après la mort de ce dernier. — Les lettres 5, 6, 7, 10, 11, sont en connexion plus intime : la 5e parle de la maladie de l’an dernier ; la 11e de la maladie qui avait mis quelque temps auparavant en danger les jours de Pline ; ce doit être celle dont il souffrait peu de temps ayant la dernière maladie de Nerva, c’est-à-dire en 97. Ces lettres, la cinquième surtout, remontent donc à l’an 98. Ceci nous donne aussi la date, jusqu’ici inconnue, de la préfecture d’Égypte de Pompeius Planta[83].

Dans la sixième lettre, Pline adresse à l’empereur la prière de pouvoir aller au devant de lui lorsqu’il ferait son entrée à Rome. On sait en effet que Trajan ne vint pas à Rome immédiatement après la mort de Nerva et qu’il resta en Germanie et en Pannonie jusqu’au milieu ou à la fin de 99. — Les lettres 8 et 9 en revanche, dont noua avons parlé plus haut et qui ont trait au procréa de Classicus, appartiennent à l’été de 101. — Ainsi les lettres 3-11 ont gela de commun qu’elles datent de l’époque où Pline était præfectus ærarii Saturni, mais elles ne sont pas dans un ordre rigoureusement chronologique.

La douzième lettre ne peut pas se dater. La treizième contient la demande du septemvirat ou de l’augurat : Pline obtint ce dernier, comme nous l’avons vu, en 103 ou 104. La quatorzième félicite l’empereur à l’occasion d’une grande victoire. On pourrait la rapporter avec quelque vraisemblance à la victoire décisive remportée sur Décebale en 106 ou 107.

Depuis la quinzième jusqu’à la fin de la collection, toutes les lettres qui contiennent quelque indice sur le lien où elles ont été écrites et sur la position de l’auteur, nous transportent en Bithynie et à la légation ale Pline dans ce paya. Et leur réunion semble n’être point l’effet d’un pur hasard, car le nombre de celles qui, ne renfermant aucune indication de ce genre, pourraient aussi avoir été écrites ailleurs, est extraordinairement restreint.

On sait que nette correspondance politique ne nous fournit que très peu de données positives pour la chronologie et qu’elle a donné lieu aux appréciations les plus diverses quant à la date de la légation de Pline en Bithynie[84]. Et pourtant elle nous donne une date, une seule date précise, qu’on n’a, il est vrai, pas encore remarquée. Il y est plusieurs fois question d’un autre gouverneur, dont le gouvernement est contemporain de celui de Pline, de Calpurnius Macer, qui commandait dans la groins la plus rapprochée[85] et avait sous ses ordres des légions dont il détacha un centurion à Byzance pour surveiller les soldats de passage[86]. Byzance était dans la province de Pline et celle que gouvernait Calpurnius ne peut avoir été que la Mésie Inférieure. Or, parmi les inscriptions de cette province il s’en trouve une dédiée à Trajan en 112, sous le gouvernement de P. Calpurnius Macer Caulius Rufus[87]. Ainsi l’époque de la légation de Pline se trouve approximativement déterminée, puisque les légations impériales duraient en moyenne deux ou trois ans. Les autres données concordent avec ce témoignage positif. Lorsque Pline vint prendre le gouvernement de la Bithynie plus de deux années s’étaient écoulées depuis que Bassus l’avait quittée[88] ; il ne peut donc y être venu avant l’an 106.

Pour quiconque connaît la manière de Pline et se rappelle combien de fois, dans le recueil principal, il fait allusion à son tribunat militaire en Syrie et aux affaires de Bithynie, -le silence qu’il y observe à l’égard de sa légation de Bithynie prouve que le recueil était déjà entièrement publié lorsque Pline fut investi de cette fonction. On en a une autre preuve dans le fait suivant : le grand père de la femme de Pline, Calpurnius Fabatus, le même qui fut poursuivi en 65, sous Néron, pour avoir caché certaine liaison incestueuse dont il avait connaissance[89], est mentionné dans le recueil principal comme un homme fort âgé il est vrai[90], mais jusqu’au VIIIe livre comme vivant encore[91] ; or, dans la dernière lettre de la correspondance avec Trajan, Pline s’excuse d’avoir permis à sa femme de faire usage des postes impériales pour retourner en Italie auprès de sa tante ; ce voyage était motivé par la mort subite du grand père de sa femme. — Le recueil principal, tel que nous le possédons maintenant, n’ayant pu être terminé avant l’an 108, la légation de Bithynie doit être postérieure à cette date.

D’autre part Pline, dans la grande inscription qui le concerne, est désigné comme envoyé en Bithynie ab. imp. Cæsare Nerva Trajano Aug. German [ico Dacico]. Or, depuis sa dix-huitième puissance tribunicienne, c’est-à-dire depuis 114, Trajan porte immédiatement après le nom principal, le surnom d’Optimus. L’absence de cet agnomen prouve donc que la légation remonte à une date antérieure à 114[92]. Enfin, pendant toute la durée du gouvernement de Pline en Bithynie, Trajan reste dans la capitale[93], ce qui indique le milieu de son règne, c’est-à-dire le temps qui s’écoule entre la fin de la seconde guerre de Dacie (107) et le commencement de celle contre les Parthes (113), temps pendant lequel l’empereur s’occupait sans doute des constructions importantes qu’il a fait exécuter à Rome et dans les environs[94].

L’époque de la correspondance de Bithynie est ainsi déterminée d’une manière approximative (109-113).

Le tableau ci-contre fera voir que les lettres sont rangées suivant l’ordre chronologique. Rappelons d’ailleurs que chaque lettre de Pline est suivie de la réponse de l’empereur, ce qui double le nombre des lettres dont la date relative se peut déterminer.

Il résulte de ce tableau que la correspondance forme une suite régulière, et s’étend du mois de septembre de l’an 111 (probablement) jusqu’au delà de janvier 113. L’anniversaire de la naissance de l’empereur, les nota du commencement de l’année et l’anniversaire de l’avènement de Trajan y figurent deux fois, chacun à leur place naturelle. Cette observation est corroborée par l’étude des localités : il ne faut pas oublier d’ailleurs que chaque lettre n’a pas nécessairement été écrite dans la ville même qu’elle concerne[95]. Venant d’Éphèse et de Pergame, Pline arrive d’abord le 17 septembre 111 à Prusa, ville frontière prés de l’4lympus, entre la province de Bithynie et celle d’Asie. De là il va, comme le dit la lettre St, à Nicée, puis à Nicomédie, capitale de la Bithynie ; c’est dans ces deux villes, qui étaient importantes et voisines l’une de l’autre, qu’il réside pendant l’hiver 111-112, tout en faisant des excursions à Byzance et probablement à Apamée, peut-être aussi à Claudiopolis[96], c’est-à-dire dans les villes situées dans l’ouest de son gouvernement.

Au printemps ou en été 112 il entreprend une tournée dans les villes de l’est ; cette tournée est annoncée dans la lettre 67 et commencée lorsque fut écrite la lettre 74. Pline prit évidemment la grande route conduisant de Nicopolis à An" et à Antioche, visita Juliopolis (Gordieum), à la frontière de la Bithynie et de la Galatie, et toucha à la Paphlagonie, comme le prouve sa rencontre avec Maximus. Puis il entra dans sa seconde province, celle du Pont, se mit en relation personnelle avec le commandant de cette province et en visita les villes les plus importantes, les ports de Sinope et d’Amisus[97]. De là il semble être revenu, probablement par mer, en touchant Amastris, à Nicomédie et à Nicée, d’où sont écrites les lettres du second hiver.

 

 

 



[1] Cela résulte, comme l’a très bien fait observer Masson (art ann. 97, § 2), de ce que Pline rencontra Regulus in prætoris officio, c’est-à-dire avec la suite qui accompagnait les préteurs lors de leur entrée en fonctions. Sur cette signification du mot officium voyez la note de Valois, ad Ammian, XXVI, 1, 1, et Masson, l. c.

[2] Cf. § 8 : ut isti latroni, vel uno die supersim, et § 11, decessit... florente republica.

[3] IX, 13, 6 : Les femmes exilées étaient déjà de retour, et Pline dit lui-même qu’après la chute de Domitien il attendit quelque temps avant d’attaquer Publicius Certus. La série des præfecti ærarii se met aussi plus facilement en ordre si, comme on doit l’admettre d’après cela, Certus et Proculus ne cédèrent leurs fonctions à Pline et à Cornutus qu’au commencement de 98. Nous en reparlerons plus loin. Domitius Apollinaris qui, pendant ces délibérations, était cos. des. est donc l’un des consuls désignés en 97 et, comme cela avait toujours lieu, l’un des suffecti de cette même année ; nous n’avons pas d’autres données sur son consulat.

[4] Orelli, n° 801 — Kellermann, Vigil. Rom., 7 : Cn. Octavius Titinius Capito præf(ectus) cohortis, trib(unus) millit(um), donat(us) hasta pura, corona vailari, proc(urator) (de Domitien) ab epistulis et a patrimonio, iterum ab epistulis diva Nervæ, eodem auctore ex s. c. prætoriis ornamentis, ab epistul(is) tertio imp(eratoris) Nervæ Cæsar(is) Trajani Aug(usti) Ger(manici), præf(ectus) vigilum, Volcano d(edit) d(edicaravit) ; voyez Borghesi, Annali, 1846, p. 326 (Œuvres, V, p. 17) ; 1849, p. 39 (Œuvres, V, p. 198), et ce que j’en ai dit, Res gestæ divi Augusti, p. 127. Dans le second mémoire cité Borghesi a montré que l’inscription de Gudius 331, 16 : L. Silano Torquato (sans le nom de celui qui dédie) est probablement celle de la statue élevée par Capito. Chez Pline, ce dernier figure souvent comme protecteur des savants ; mais il fait aussi lui-même des poèmes, et il les déclame (voyez V, 8 et VIII, 12).

[5] Les lettres concernant la mort de Verginius Rufus, II, 1 et VI, 10, ne peuvent être liées qu’aux années 97 et 106 ; si donc la lettre I, 10 avait été écrite après janvier 98, les deux premiers livres, au moins, auraient dû être publiés ensemble, ce qui, en soi-même, pourrait être admis, comme nous l’avons vu ; mais les autres indices chronologiques s’y opposent.

[6] §§ 4 et 5 : Aditus mortis durior, langiorque... ; coxam fregit quæ parum apte collocata reluctante ætate male coiit.

[7] § 9 : in hac novissima valitudine veritus ne forte inter quinqueviros crearetur, qui minuendis publicis sumptibus judicio senatus constituebantur.

[8] Borghesi (Bullett., 1842, 32 ; Œuvres, IV, 402) donne comme consuls du dernier nundinum de 97 Vettius Proculus et P. Julius Lupus, s’appuyant sur ce que d’après Grut., 1071, 4, ils étaient en fonctions au mois de décembre, et sur ce que Vettius Proculus (Pline, ep. IX, 13, 13 et 23) reçut le consulat peu après l’attaque de Pline contre Publicius Certus. Mais il ne résulte point des paroles de Pline que Proculus ait été consul justement en décembre 97, et l’on fera mieux de placer son consulat dans le dernier nundinum de 98.

[9] § 8 : (Voconio Romano) nuper ab optimo principe jus trium liberorum impetravi, quod, quamquam parce et cum delectu daret, mihi tamen, tanquam eligeret, indulsit. Dans ce passage Pline parle évidemment d’un empereur mort ; s’il eut voulu parler d’un empereur vivant il eût dû écrire dei. Ajoutez à cela qu’il demanda ensuite à Trajan pour Romanus le titre de sénateur (ad Trajan, 4) sans rappeler cette première faveur obtenue auparavant pour lui. — On a des inscriptions espagnoles mentionnant un Voconius Romanus, dans Gruter, 748, 3 ; 818, 6 — C. I. L., II, n° 3865a, 3866.

[10] Voyez Henzen, n. 5446 et l’explication de Borghesi, qui y est citée.

[11] 11, 10 : princeps ; præsidebat erat enim consul : ad hoc Januarim mensis, cum cetera tum præcipue senatorum frequentia celeberrimus. La lettre 19 mentionne la publication du discours prononcé alors par Pline, comme devant avoir lieu plus tard.

[12] Pline, ep. I, 5, 8 et 9.

[13] Comp. Henzen, Annali, 1862, p. 146 ; il arrive sur la chronologie à des résultats analogues ; quant à la guerre des Suèves sous Nerva, qu’on a voulu à tort rapporter à cette date, voyez Append. B. Il n’est pas impossible de placer sous Domitien la légation de Spurinna, mais ce n’est pas probable ; de même Trajan n’a pas été nommé légat de Germanie Supérieure comme on l’admet souvent, par Domitien, mais bien par Nerva (Paneg. 9 ; 94). — Du reste aucun homme de cette époque n’a plus de titres que Spurinna à être reconnu pour le second collègue de Trajan en l’an 100 ; en effet, de même que le premier collègue de celui-ci (Sex. Julius Frontinus), il reçut de Nerva son second consulat et devint en l’an 100 consul pour la troisième fois (Paneg. 61). Il va de soi que Spurinna dut être consul avant d’obtenir la légation de Germanie Inférieure, c’est-à-dire sous Domitien et il est à peu près certain que, suivant l’usage adopté généralement, surtout à cette époque, il dut, après de pareils succès, recevoir de nouveau le consulat à son retour ; il est également certain qu’il ne mourut qu’après l’an 100 (voyez plus haut). Si le second collègue de Trajan, qui n’est pas nommé, est compté (Paneg. 61) parmi les in topa merlu, cela convient à Spurinna que nous connaissons par Pline comme poète, au moins aussi bien qu’à Frontinus ; sa promenade militaire sur le Rhin et la statue triomphale qui lui fut élevée n’empêchent pas que l’expression de Pline citée plus haut ne lui soit applicable. Nous connaissons les personnages importants de cette époque, beaucoup mieux que l’enchaînement des faits, et parmi ces personnages, en pourrait à peine en trouver un autre contre lequel ne s’élèvent pas des arguments décisifs, taudis que tout parle en faveur de Spurinna. Ainsi sa désignation pour un second consulat tomberait sur l’année 98, dans le courant de laquelle il serait revenu de la Germanie Inférieure à Rome.

[14] Parmi les additions faites alors il faut compter sans doute la prédiction, conçue en termes si colorés, d’un triomphe prochain (cf. § 16 et suiv.) : accipiet aliquando Capitolium non mimicos curus nec falsæ simulacra victiriæ... videor jam cernere... triumphum... videor intueri... ipsum te sublimem instantemque currus. En septembre 100, lorsque Trajan revint des bords du Rhin et du Danube, sans avoir fait la guerre, cette digression oratoire n’était guère à sa place ; mais elle était très naturelle l’année suivante, où commença la guerre de Dacie, et où Trajan retourna sur les bords du Danube, cette fois pour se battre.

[15] Masson (ad ann. 99 17-9) place, par erreur, le procès de Classicus en 99, avant celui de Priscus.

[16] Tacite, Agricola, 45 : et Massa Bæbius jam tum reus erat ; ce fait est mentionné parmi les choses qui consolaient alors le patriote et faisaient apparaître cette époque comme heureuse en comparaison des dernières années de Domitien. Massa était un accusateur de profession, un instrument souvent employé par Domitien (Tacite, Hist. 4, 50 ; Juvénal, I, 34), aussi comprend-on que sa condamnation passa pour un grand succès aux yeux de l’opposition. Tacite, dans son Agricola, indique que le procès avait duré longtemps et c’est ce que prouve aussi la sentence intermédiaire sur l’inquisitio, dont Pline fait mention (ep. VI, 29, 8). Du reste, il en parle aussi III, 4 et VII, 23.

[17] C’est ce que prouvent, pour le procès de Priscus, la lettre ad Trajan. 3, et pour celui de Classicus, la lettre III, 4.

[18] III, 9, 4 : Marium una civitas multique privati reum peregerunt, in Classicum tota provincia incubuit. Si les procès de Massa et de Classicus sont cités avant celui de Priscus (VI, 29), cela ne prouve rien pour la chronologie, car il était naturel de rapprocher les deux procès concernant la Bétique. Comp. aussi Paneg. 95, où l’auteur a en vue les procès de Massa et de Priscus.

[19] III, 4, 8 : Computabam, ad mumere hoc jam tertio fungerer, faciliorem mihi excusationem fore.

[20] Cela résulte de la demande de congé ad Trajan. 8.

[21] III, 6 : Destino enim, si tamen officii ratio permiserit, excurrere isto... ad paucos die : neque enim diutius abesse me eadem haec quae nondum exire patiuntur. La lettre est écrite à un de ses amis de Côme.

[22] Henzen 5442. Sur la date de ce diplôme (qu’on fixe généralement à l’an 104), voyez append. B.

[23] III, 8, 14 : Neque enim adhuc nomen in numeros relatum est, ideoque liberum est nobis Siluanum in locum tuum subdere.

[24] Hübner, Rhein. Mus. n. f. XII, 57.

[25] Cela ne repose, il est vrai, que sur un calcul approximatif (voyez Marquardt, Rœmische Alterth., III, 2, p. 363) ; car je ne connais aucune donnée sur l’âge ordinaire des tribuns militaires qui étaient pris dans l’ordre équestre. L’âge exigé des tribuni militum honores petituri, comme Pline les nomme (Ep. VI, 31), ne peut servir de base pour déterminer celui des tribuns de rang équestre.

[26] Ep. I, 18. Cette lettre a en effet tout l’air d’être adressée à un débutant au barreau.

[27] Ep. V, 10.

[28] Ad Trajan, 94, 95. Roth, dans son édition de Suétone, præf. p. VII, a conclu, à tort certainement, de ces lettres que Suétone était allé avec Pline en Bithynie ; contubernalis signifie chez Pline et en général une personne avec laquelle on partage sa maison ou sa villégiature (II, 13, 5 : in secessu contubernalis ; cf. II, 17, 29), et en ce sens un ami de la maison ; tandis que le compagnon des fonctionnaires de province s’appelle plutôt, en style officiel, comes (voyez Hermès, IV, p. 120-131).

[29] Il ne faut pas le confondre avec le Nepos qui est mentionné, IV, 26, comme maximæ provinciæ præfuturus ; car, à cette époque, les sénateurs n’obtenaient une province que plusieurs années après avoir quitté la préture. Je ne sais qui Pline a ici en vue ; A. Platorius Nepos (Orelli 822), qui administra successivement la Thrace, la Germanie Inférieure et la Bretagne, ne peut pas être ce personnage, si l’on a raison d’admettre que la province de Thrace n’a été organisée que par Hadrien : il gouverna la Bretagne en 124. Cf. Hübner, Rhein. Museum, n. f. XII, p. 58. [La question est maintenant résolue en partie ; dans la lettre IV, 26, il s’agit de P. Metilius Nepos ; le meilleur ms. donne comme adresse : Mæcilio Nepoli, cf. Henzen, Scavi nel Bosco dei Frat. Arv., p. 63, et la grande édition de Pline le Jeune de Keil, Leipzig, Teubner, 1874.]

[30] Ep. V, 4, 2 ; 9 ; 13, 1 et 4. Par contre VI, 5 il n’est appelé que sénateur.

[31] Henzen 8857. Ce diplôme concerne les troupes de Mésie Inférieure. Du même nundinum consulaire, et peut-être du même jour, est daté un autre diplôme, très fragmentaire, qui concerne les troupes de Bretagne et qui a été publié en fac-simile par Lysons (Reliquiæ Brit Rom., vol. I part. IV. tab. 1). Les vestiges de la date, donnent le commencement du chiffre II... pour le jour, et les initiales des cognomina des consuls sont L (reste de B) et D.

[32] IV, 12.

[33] IV, 8 ; 17, 3. De même V, 14, VI, 6, 2 ; 27.

[34] IV, 8 ; ad Trajan, 13.

[35] Tacite, Agricola, 9 : post consulatum... statim Britanniæ præpositus ed adiecto pontificatus sacerdotio (cf. Hist., I, 77), L. Funisulanus Vettoniasus fut septemvir epulonum sous Domitien, peu après son consulat (Henzen, n. 5431) ; mais Tacite (Ann. XI, 11) et Stella (Statius, Silv., I 174 et suiv.) obtinrent le quindecimvirat avant le consulat.

[36] Tacite, Hist., IV, 39. Il était donc né en 41 ou avant.

[37] Frontin écrivit son ouvrage De Agrorum qualitate sous Domitien, qu’il appelle, p. 54, 11, præstantissimus (Lachmann, Gromatici, II, p. 101) ; ses Stratagèmes furent rédigés sous le même empereur, et probablement, comme le remarque Polenus (vita, c. 12) avant le commencement des guerres de Dacie, car il n’y est parlé que de celles de Germanie ; son livre De Aquæductibus fut écrit lorsqu’il devint curator aquarum, c’est-à-dire sous Nerva, en 97. Sur un passage d’un autre auteur gromatique, mentionnant les guerres de Dacie, et attribué autrefois à Frontin, voyez mes observations dans les Gromatici veteres, éd. Lachmann, II, p. 147.

[38] IV, 22, 1. Cf. IV, 9, 9 ; 12, 3.

[39] Les acta de Bassus furent cassés par le Sénat (ad Trajan, 9, 57) ; mais la sentence fut prononcée salva dignitate (ep. IV, 9, 16 ; cf. 18, 22 ; VI, 29, 10).

[40] Bæbius Macer est appelé formellement cos. des. (IV, ep. 9, 16 ; cf. 12, 14) ; de même C. Cæcilius Strabo, IV, 17, 1, qui est aussi cité IV, 12, 4, avant Macer. La même chose est au moins très probable pour Cæpio Hispo (M. Appuletus Proculus C. F. Tiberium Cæpio Hispo d’après l’inscription Orelli, 3670, cf. Rœm. Forsch., I, 51) ; car, dans la lettre IV, 9, 16, ils figurent parmi les premiers votants. Valerius Paulinus est aussi placé d’ordinaire parmi les consuls de ces années-là, parce que Pline (IV, 9, 20) le cite comme ayant présenté un amendement ; mais il peut très bien avoir fait cette proposition comme consulaire.

[41] Digeste, XL, 5, 26, 7 : temporibus divi Trajani sub Rubrio Gallo et Cælio (plutôt Cæpione) Hispone consulibus. On place ordinairement ce sénatus-consulte Rubrien avant 101, parce qu’il est plus ancien que le sénatus-consulte Articuléien (Digeste, IXL, 5, 51, 7). Mais ce dernier peut dater aussi bien de l’an 123 que de l’an 101, car en 123 Q. Articuleius Pætinus était consul ordinaire ; et comme le sénatus-consulte Rubrien, d’après ce qui résulte du texte de Pline, est postérieur à l’an 101, cette dernière date est seule admissible. Le sénatus-consulte Dasumien remonte par conséquent aux années 104 à 123, et comme le suppose Rudorff (Zeitschr. für gesch. Rechiswiss., XII, p. 308) il ne serait pas impossible qu’il fût dû à l’auteur même du fameux testament conservé par une inscription et qui porte le nom de Dasumius.

[42] Tacite, Hist., I, 77, mentionne son premier consulat. On a l’habitude de placer le second en 97 ou 98, parce que les fastes de Prosper intercalent entre 97 et 98 un consulat Sabino et Antonio ; mais ces faux consulats de Prosper ne proviennent pas de consuls non éponymes de la même année, ils sont de pure invention ; voyez Borghesi, Bullet., 1853, p. 188.

[43] Le gentilicium doit être restitué d’après I, 9.

[44] IV, 15, 1 : optamus tibi ominamurque in proximum annum consulatum: ita nos virtutes tuae, ita judicia principis augurari volunt ; concurrit autem ut (Bassus) sit eodem anno quaestor.

[45] Ce consulat est mentionné dans deux inscriptions (Orelli, n. 1588 et n. 2471), la première ne fournit pas de données pour en fixer la date ; la seconde, en revanche, est un fragment d’un catalogue des féries latines mentionnant les couples consulaires qui y ont figuré, pour quatre années de suite. C. Minicius Fundanus et C. Vettennius Severus y occupent la seconde place. Aucun de ces quatre couples, dont Marini (Arval., p. 142) a traité le plus longuement, n’est, que je sache, indubitablement fixé. Toutefois le premier consulat d’Hadrien avec Trebatius Priscus, qui vient en troisième et se retrouve dans le testament de Dasumius ([Ael]io [Hadri]ano et Trebatio Pr[isco cos.], suivant ma copie ; dans le texte imprimé et manque) ; ce premier consulat, d’après les indications, concordantes pour l’essentiel, fournies par le biographe d’Hadrien et par l’inscription trouvée récemment à Athènes, ne peut convenablement être placé avant 108 ou 109. Car, d’après son biographe, Hadrien fut tribun du peuple en 105 ; il fut préteur pendant la seconde guerre de Dacie, probablement en 107 ; et comme il était cousin de l’empereur et qu’il s’était d’ailleurs distingué en Dacie, il doit être devenu consul peu après. Dans ce cas particulier, je crois très possible qu’Hadrien ait reçu dès le commencement de 108 la légation de Pannonie-Inférieure et, le premier juin 108, le consulat. Mais en aucun cas son consulat ne peut être reculé assez loin pour que celui de Fundanus tombe sur 105. [Un diplôme militaire découvert récemment à Weissenburg en Bavière est venu confirmer les estimations de M. Mommsen et fixer définitivement la date des quatre couples consulaires mentionnés ici aux années 106, 107, 108 et 109. Voir la table des consuls, Appendice F.]

[46] V, 14. Secesseram in municipium, cum mihi nuntiatum est Cornutum Tertullum accepisse Aemiliae viae curam... aliquanto magis me delectat mandatum mihi officium, postquam par Cornuto datum video... includor angustiis commeatus, eoque ipso, quod delegatum Cornuto audio officium, mei admoneor. [On sait que l’avancement de Pline eut lieu presque parallèlement avec celui de Cornutus. Appendice A, à la fin.]

[47] Voyez p. ex. Henzen n. 5480.

[48] L’inscription de Cornutus et ce que Pline rapporte de ce personnage mettent hors de doute qu’il obtint la cura de la voie Émilienne après la préfecture de l’ærarium Saturni et après le consulat. C’est cependant à ma connaissance le seul cas où la curatelle des routes est administrée par un consulaire. Dans la règle, c’était une fonction essentiellement prétorienne, comme le dit Dion, LIV, 8, et comme le confirment les inscriptions ; et cette fonction était inférieure aux autres charges prétoriennes. En ce qui concerne les préfectures des deux æraria en particulier, je ne trouve, à part Cornutus, qu’un seul exemple d’un ancien préfet devenu curator d’une voie, c’est celui de L. Funisulanus Vetionianus, sous Domitien (Henzen, n. 5431. 5432). Dans la règle c’était, au contraire, l’ancien curateur des routes qui avançait au poste de préfet de l’Ærarium (Orelli-Henzen, n. 2274, 3049, 6019, 6484, 6501, 6504, 7420). Je ne sais quelle peut être la cause de cette particularité dans la carrière de Cornutus ; tout ce qu’on peut affirmer, c’est que l’indication de Pline suivant laquelle la cura alvei et la cura viæ Emiliæ seraient paria officia, est exacte dans ce cas particulier, mais dans ce cas seulement.

[49] Borghesi, sull’ età di Giovenale, p. 17 — Œuvres, V, 62, croit que Pline fut revêtu de ces fonctions à la fin de 101 ou au commencement de 102. Mais tout ce qui est établi par les sources, c’est que Ti. Julius Ferax, consul 99, les remplit en 101 (C. I. L., I, p. 181), et rien n’empêche de fixer la curatelle de Pline à la date que nous avons indiquée.

[50] Voyez surtout V, 13, 7. 8. Dans le livre suivant il est formellement mentionné comme absent.

[51] Le discours 48 de Dion Chrysostome fut prononcé pendant ce proconsulat de Varenus et en son honneur, à Prusa ; mais il ne fournit pas non plus de données précises pour le dater.

[52] V, 20, 6 ; cf. VI, 13, 5.

[53] Une inscription de Sicile (Grader, 341, 8) que me signale M. Hübner paraît le concerner, mais elle ne pas avancer la question.

[54] VI, 4, 1.

[55] Il était encore absent quand on discuta de la décision du Sénat dans le procès de Varenus (VI, 12, 2). Le procès relatif au testament de Julius Tiro, dans lequel les parties avaient prié l’empereur de décider, fut jugé par lui personnellement en même temps que d’autres litiges, dans sa villa de Centum Cellas (VI, 31) de même que l’accusation contre Bruttianus (VI, 22). La lettre VI, 27, 5, parle de recentia opera maximi principis.

[56] J’ai déjà traité cette question à propos de l’inscription d’Hadrien (C. I. L., III, 88). D’après ce qu’on sait maintenant, il est impossible que Trajan ait été déjà de retour en 105.

[57] VI, 31, 16 et suiv. [Le reste de la note est illisible].

[58] [note illisible].

[59] [note illisible].

[60] [note illisible].

[61] On peut encore ajouter que, dans ce livre, il est question des fiançailles de Cn. Pedanius Fuscus Salinator avec la fille de L. Julius Ursus Servianus. Un fils né de ce mariage fut mis à mort vers l’an 136, à l’âge de dix-huit ans, en même tempe que son grand-père, âgé de quatre-vingt-dix ans (Dion Cassius, LXIX, 17).

[62] En outre, on remarque que dans les adresses des lettres, depuis V, 6, où s’arrête une classe de manuscrits, le gentile a presque partout disparu des manuscrits qui nous restent, et cela par suite d’une révision analogue à celle qu’a subie le code de Justinien (voyez Krüger, Kritik des Justinian. codex, p. 37 et 240). Il devient ainsi très difficile de déterminer d’une manière certaine le rapport qu’ont entre elles les lettres de Pline.

[63] Distringor officio (VII, 15, 1 ; cf. 3, 3). Si Pline écrit à Cornutus (VII, 21, 1) en l’appelant Collega carissime, cela ne prouve pas que cette lettre date du temps où Pline et Cornutus étaient præfecti ærarii ; on pourrait aussi penser à la cura alvei ou à la cura viæ Emiliæ. De même, ainsi que nous la verrons plus loin, les præfecti ærarii Saturni et ærarii militaris se désignent comme collègues, et le duovir iure dicundo traite de collègues les duovori ædiliciæ potestatis (Orelli 2490).

[64] VII, 5, 10.

[65] VII, 16, 23, 32.

[66] Henzen, n. 5451 ; Borghesi, Œuvres, IV, 125, et Bullett., 1853, p. 185 ; Waddington et Lebas, Inscr., III, 147 ; Hübner, Rhein. Mus., N. F., XII, p. 57.

[67] Cf. sur ce testament Ambrosch et Borghesi, Annali, 1831 p. 387 et suiv. (Borghesi, Œuvres, VI, p. 421-437) et Rudorff, Zeitschrift für gesch. Rechiswiss., III, p. 201 et suiv. Outre Ursus Servianus qui figure, ou dont la femme ou la fille figure parmi les héritiers, on trouve, au nombre des légataires, en fait de personnes connues, Pline et Tacite, pour la même somme et l’un à côté de l’autre (ligne 16 : [Plinio] Secundo, Cornelio [Tacito], ce qui correspond tout à fait aux termes de la lettre adressée par le premier au second, VII, 20 : in testamentis... nisi quis forte alterviri nostrum amicissimus, eadem legata et quidem pariter accipimus) ; puis Minicius Justus beau-frère de Corellius (Pline, VII, 11) ; Fabius Rusticus, l’historien souvent cité par Tacite ; Tullius Varro (Henzen, n. 6497, 6622 : Gruter, p. 476, 5), pour ne pas parler d’autres identifications moins certaines.

[68] VIII, 4.

[69] VIII, 14, 12 : referebatur de libertis Afrani Dextri consulis incertum sua an suorum manu, scelere an obsequio perempti.

[70] Si le texte cité est exact et si consulis n’est pas une faute peut-être pour consularis, ce passage ne peut s’expliquer qu’ainsi.

[71] Paulus, Digeste, XXIX, 5, 10, 1 : Sub divo Trajano constitutum est de his libertis, quos vivus manumiserat, quæationem haberi.

[72] Ep. VIII, 14, 12 : post quæstionem supplicio liberandos cette opinion eut la majorité.

[73] VIII, 24. Cf. Henzen, n. 6483 et Borghesi, Annali, 1853, 219.

[74] VIII, 18.

[75] IX, 28, 1.

[76] Mamilianus (IX, 25) peut avoir été un simple officier.

[77] IX, 2. 3, IX, 37, Pline s’excuse auprès de lui de ce qu’il ne peut venir à Rome le premier du mois suivant pour assister à son entrée en fonctions.

[78] IX, 34.

[79] IX, 5.

[80] Au moment où fut écrite la lettre 37 du livre IX, Pline s’occupait à mettre en ordre, pour le lustrum suivant, les baux expirés, et il est question d’une location analogue l. VII, Ép. 30. Mais il n’est pas certain que ces deux lettres aient trait aux mêmes propriétés ; Pline en avait à Côme et à Tifernum, abstraction faite de sa villa de luxe à Laurentum (IV, 6). In Tusculano (IV, 13, 1) est une faute pour in Tuscano ; à son retour de Côme à Rome, Pline s’arrête in Tuscis et non à Tusculum où il n’avait pas de villa (V, 6, 45).

[81] Sidoine Apollinaire, Ep. II, 1.

[82] [Voir les préfaces de sa petite édition de Pline le Jeune (Leipzig, Teubner, 1858), p. XIII, et de sa grande édition (ibid., id., 1870), p. XXXVIII.] Il est possible que las premiers éditeurs se soient permis de petites transpositions, mais en toue cas, il n’y en a pas au de considérables, car l’ordre, tel qu’il est, se justifie pleinement ; il n’est dû ni au hasard ni à une reconstruction opérée par les savants.

[83] Lettres 7 et 10. Labos (Épigr. lat. dei Belzoni, p. 98) ou plutôt Borghesi, pense que c’est le Pompeius Planta qui, selon le scholiaste de Juvénal, II, 99, décrivit les guerres civiles qui suivirent la mort de Néron ; le même Planta est cité par Pline (II, 1) comme mort récemment.

[84] Comp. Marquardt, Handb., III, 1, 149 et Zur Statistik der Rœm. Provinzen, p. 3 et suiv. — Borghesi qui a traité le dernier cette question (Œuvres, II, 213 ; IV, 118 ; Bullett., 1846, 173 ; et dans Marquardt, Zur Stat., l. c.) a fini par se décider pour l’an 110.

[85] Ad Trajan, 41, 61, 62, cf. ep. V, 18.

[86] Ad Trajan, 77 [81] : praecepisti Calpurnio Macro clarissimo uiro, ut legionarium centurionem Byzantium mitteret. Cf. 43 : 44.

[87] C. I. L., III, n. 77 (d’après Timon, Image ant. et novæ Hung. Add. p. 20 et Kantemir, Beschr. der Moldau, p. 58) : imp. Cæs. div[i] fil. Nervæ Trajano Au[g] Ger. Dacico pont. max. [tr]ib. pot XVI imp. VI co[s.] V[I] p. p. P. Calpurnia Macro Caulio Rufo leg. Aug pro p[r]. La lecture est certaine dans toutes les parties essentielles.

[88] Ad Trajan, 56, 57.

[89] Tacite, Ann., XVI, 8.

[90] VII, 16, 23, 33.

[91] Les dernières mentions se trouvent VIII, 10 ; II, 3 ; 20, 3.

[92] Borghesi surtout a insisté sur ce point, dans ses Œuvres, t. IV, p. 120 et t. V, p. 22.

[93] Ep. 18 ; 48 ; 42 ; 63 ; 85 ; 66 ; 78. A ces indications s’ajoute le silence de Pline sur l’endroit où séjournait l’empereur ; si ce dernier eût été sur le Danube ou sur l’Euphrate, Pline n’eût pas manqué d’en parler.

[94] Lui-même écrit à Pline (ad Trajan. 13) : Mensores vix etiam iis operibus, quæ aut Romæ aut in proximo fiunt, sufficientes habeo. Cf. 56 : inter maximas occupationes.

[95] Ainsi la lettre 70 a probablement été écrite à Nicomédie, quoiqu’elle concerne Prusa, la lettre 83 pendant le voyage dans le Pont, mais motivée par un message que lui avait adressé la commune de Nicée (rogatus a Nicæensibus publice).

[96] Le fait que Pline mentionne déjà Claudiopolis à la lettre 39 peut paraître étonnant ; toutefois la ville était plus facile à atteindre de Nicomédie, par le chemin direct, que par la route de Nicée à Ancyre, dont elle était séparée par les montagnes de l’Olympe.

[97] On trouve dans cette série les fameuses lettres concernant les chrétiens, elles ont donc probablement trait à Amisus ou à des localités voisines, quoique la demande de Pline et la réponse de Trajan aient une portée plus générale.