LES CONSEILLERS DU GRAND ROI

LOUVOIS

 

CHAPITRE II. — LOUVOIS MINISTRE DE LA GUERRE.

 

 

Pour comprendre toute l’importance de l’œuvre de Louvois, il convient d’étudier rapidement ce qu’était l’armée avant ses réformes.

Vers 1660, l’armée permanente était peu nombreuse. Les gardes du roi, les escadrons de gendarmerie, descendants des anciennes compagnies d’ordonnance de Charles VII, cinq régiments d’infanterie qu’on nommait les vieux[1], tel était le faible effectif qui figurait au budget sous le nom d'ordinaire des guerres. Au commencement de chaque guerre, on levait à la bâte des corps d’infanterie et de cavalerie. Leur entretien était imputé à l’extraordinaire des guerres, d’où ce nom singulier resté attaché jusqu’en 1789 au budget de la guerre.

Les corps ainsi formés avaient une mission spéciale. On prenait du service pour les Flandres ; on se fut considéré comme lésé s’il avait fallu ensuite partir pour l’Allemagne. C’est ce que Condé obtint pourtant de son armée, en 1644, après l’échec de Turenne devant Fribourg, et on lui en sut presque autant de gré que pour le gain de la bataille de Rocroy.

Ces troupes manquaient de cohésion, méconnaissaient souvent la voix de chefs d’ailleurs peu dignes, donnaient l’exemple de la plus déplorable indiscipline. Elles étaient parfois un fléau plus grand pour la France que pour l’ennemi. Voici ce que Corneille écrivait, précisément en 1000, dans le prologue de la Toison d'or : la France s’adresse à la Victoire en ces termes :

Ah ! Victoire, pour fils n’ai-je que des soldats ?

La gloire qui les couvre, à moi-même funeste,

Sous mes plus beaux succès fait trembler tout le reste ;

Ils ne vont au combat que pour me protéger

Et ne sortent vainqueurs que pour me ravager.

S'ils renversent des murs, s'ils gagnent des batailles,

Ils prennent droit par-là de ronger mes entrailles :

Leur retour me punit de mon trop de bonheur,

Et mes bras triomphants me déchirent le cœur.

A vaincre tant de fois, mes forces s’affaiblissent,

L’État est florissant, mais les peuples gémissent.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je me lasse de voir mes villes désolées,

Mes habitants pillés, mes campagnes brûlées.

Tous ces régiments étaient donnés pour ainsi dite à l’entreprise. On achetait une charge de colonel, comme aujourd’hui on achète une étude de notaire. Le colonel, pour rentrer dans ses fonds, vendait à son tour les différentes compagnies dont se composait son régiment. S’il était riche, il lui arrivait d’en donner gratuitement une à quelque jeune homme qu’il souhaitait d’attacher ainsi à sa fortune. Une pareille libéralité était moins rare qu’on ne pourrait le croire. L’espoir d’en être l’objet déterminait nombre de gentilshommes pauvres à prendre le mousquet et à servir, en qualité non pas de simples soldats, mais de cadets.

Les capitaines vendaient les lieutenances de leur compagnie, il s’établissait ainsi une sorte de marché aux grades, avec des cours variables selon que l’on supposait une campagne plus ou moins productive. D’ailleurs nulle garantie de savoir ni de capacité.

Mais la vénalité des grades avait encore d’autres inconvénients.

Les officiers, considérant leurs troupes comme une marchandise achetée, ne cherchaient qu’à en tirer tout le profit possible : ils spéculaient sur tout ; ils rognaient le misérable ordinaire de la troupe, ils laissaient aller le soldat couvert de haillons, car d’uniforme il n’en était pas question ; ils fournissaient à leurs hommes un armement défectueux. Môme en 1668, le marquis de Rochefort écrivait encore à Louvois : La maladie cesse fort dans notre infanterie, mais la pourriture de leur habillement et de leurs chemises empêche les convalescents de se remettre.

Comme le roi payait à chaque capitaine une somme fixe destinée à l’entretien de chaque homme inscrit sur les rôles, la plupart présentaient des rôles démesurément enflés. A la première action de guerre, on portait comme morts tous les absents, et le roi d’indemniser le pauvre officier si cruellement éprouvé. De temps à autre, il fallait pourtant subir la revue du commissaire ; mais plusieurs capitaines s’entendaient pour entretenir un certain nombre d’hommes qui, une fois la revue d’une compagnie terminée, s’esquivaient pour aller grossir l’effectif de la voisine. On les appelait des passe-volants, et il était d’autant plus facile de tromper un inspecteur que le soldat n’avait point d’état civil et portait des noms de guerre, comme Lafleur, Laverdure, etc.

Avec un pareil système, il n’y avait aucune règle pour l’avancement ; les attributions de chaque grade étaient mal définies ; la hiérarchie à peine ébauchée. On voyait des capitaines le prendre de très haut avec leur colonel, parce qu’il était d’une naissance inférieure à la leur. Les généraux se pliaient malaisément à l’autorité d’un chef supérieur. Ici encore la naissance faisait presque tout. Le duc d’Enghien, âgé de vingt ans, prenait le commandement en chef parce qu’il était prince du sang, tandis que Turenne, malgré son expérience consommée et ses talents reconnus, était relégué au second plan...

Si l’organisation de l’infanterie et de la cavalerie était aussi défectueuse, celle des armes spéciales l’était encore plus.

L’arme du génie n’existait pas.

On eût fort scandalisé un officier d’artillerie en le prenant pour un militaire : sa condition se rapprochait beaucoup plus de celle d’un magistrat civil. Il tenait à honneur, en quelque sorte, dit M. Camille Rousset, de n’être pas confondu avec les officiers de l'armée, dont il avait cependant besoin de demander le concours et d'emprunter les soldats pour le service de ses pièces, car il n’y avait pas de troupes d’artillerie[2]. Le service de l’artillerie se faisait à forfait, et les officiers étaient de véritables entrepreneurs. Une pièce mise en batterie se payait couramment cent écus, en batterie de brèche 400 livres. Les soldats embauchés pour le service de la batterie touchaient 40 sous par jour prélevés sur cette somme. Tant mieux si le siège était court : la somme à partager entre les officiers ou revenant bon était d’autant plus considérable. Dans le cas contraire, le profit pouvait être remplacé par une perte sèche ; il est vrai que le roi avait coutume d’allouer une gratification variant de dix à vingt livres par jour pour chaque pièce mise en batterie pendant le siège : cela aidait à franchir les épreuves.

Le grand-maître trouvait à la guerre des bénéfices considérables. Dans toute ville qui s’était laissé tirer le canon avant de capituler, tous les objets de cuivre et de fer, depuis les cloches des églises jusqu’aux plus vulgaires ustensiles de ménage, appartenaient de droit au grand-maître, qui les faisait enlever et vendre, si les magistrats ou les habitants ne se hâtaient de composer avec lui[3].

Louvois sut bientôt changer tout cela.

Au lieu de la petite armée permanente dont le roi avait disposé jusque-là, en 1666, en pleine paix, on pouvait mettre en ligne, du jour au lendemain, 72.000 hommes. En 1658, Turenne avait livré et gagné la fameuse bataille des Dunes avec 6.000 hommes ! En 1672, toujours sur le pied de paix, l’armée comptait 128.000 hommes ; au moment où fut signée la paix de Nimègue (1678), elle s’élevait à 280.000 hommes, chiffre formidable pour l’époque. Les succès de Louis XIV étaient assurés à l’avance avec les finances de Colbert et l’armée de Louvois.

La garde du souverain devint la maison du roi. Du chiffre de 800 hommes elle passa à 5.000 ; mais ce n’était plus une troupe réduite à de simples devoirs d’escorte et d’antichambre. Sa cavalerie devint une élite, pépinière d’officiers, sorte d’institution destinée à remplacer les derniers débris de l’organisation féodale. Elle était en effet recrutée de gens bien faits, ayant de la barbe, âgés de plus de vingt-huit ans, tous catholiques et gentilshommes[4]. L’appel de l’arrière-ban, à la fin de la guerre de Hollande, avait donné des résultats déplorables. Louvois remplaça l’obligation du service pour les nobles par une sorte d’exonération. A ceux qui préféraient payer de leur sang, la maison du roi fut ouverte. C’est cette cavalerie qui décida du gain de la bataille de Steinkerque.

L’infanterie, pour être plus roturière, n’était pas moins brave. Le régiment des gardes françaises est resté populaire pendant toute la durée de l’ancien régime. Dans la guerre de Hollande, on le trouve à la prise de Maëstricht (1673). Il est avec Condé à Senef (1674), avec Turenne dans sa belle campagne d’Alsace (1675), avec Luxembourg à Cassel (1677), et toujours au premier rang. Si la maison du roi donnait à la cavalerie de ligne une réserve efficace, il manquait une cavalerie légère nationale. Louvois l’inventa en créant les dragons. C’était des soldats munis du fusil et destinés à combattre indifféremment à pied ou à cheval. Leurs montures, de petite taille, ne pouvaient fournir qu’une courte carrière, mais d’allure rapide. Ils partaient en éclaireurs, en tirailleurs, harcelaient l’ennemi, pour se dérober ensuite à sa poursuite. Ils étaient propres aux coups de main audacieux, témoin cette marche hardie sur les lignes de Landrecies couvertes par l’armée du prince Eugène. Ils n’avaient derrière eux aucune troupe de soutien, mais ils surent se replier fort à propos sur Guise, après avoir détourné l’attention d’Eugène et permis à Villars d’écraser Albemarle à Denain, pour le salut de la France. On a également attribué à Louvois la création des hussards, c’est par erreur. Ils apparaissent pour la première fois en 1692, et Louvois était mort depuis un an.

Si l’infanterie ne fut que tardivement armée du fusil et pourvue de la baïonnette[5], la faute n’en est pas à Louvois, qui encouragea les novateurs, et parmi eux Vauban ; elle remonte surtout à Louis XIV, qui garda toujours une préférence injustifiée pour le mousquet, et qui s’obstinait à immobiliser une partie de son infanterie en l’armant de piques aussi inutiles pour le combat à longue distance que le mousquet dépourvu de baïonnette l’était pour le combat de près. Du moins, Louvois créa les compagnies d'élite, dont le nom a disparu seulement de nos jours : c’étaient les grenadiers, hommes agiles, qui s’élançaient sur les retranchements avec des grenades ou bombes à main, semant l'effroi chez l’ennemi autant par leurs clameurs que par leurs projectiles. Il créa encore un régiment de fusiliers qui furent les ancêtres de nos alertes chasseurs de Vincennes.

Mais ce qu’il fit de plus curieux au sujet de l’infanterie, ce fut son essai d'infanterie nationale, recrutée par une sorte do conscription. Pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688), une ordonnance décréta la levée de 30 régiments de miliciens, tirés au sort parmi les célibataires de vingt à quarante ans. Habillés, équipés, armés, soldés aux frais des paroisses, commandés par des gentilshommes du pays, la plupart anciens officiers, ils devaient servir 2 ans et constituaient une landwehr qui donna de si excellents résultats que le roi les garda quatre années, au lieu des deux qui avaient été décidées tout d’abord. Cet essai ne devait pas survivre à Louvois. C’était l’application d’un principe nouveau, incompatible avec l’organisation monarchique. Seule la Révolution pouvait décréter l’égalité de tous devant l’impôt, fût-ce du sang.

Jusqu’alors une troupe d’infanterie en marche s’avançait sans ordre, et son aspect rappelait celui d’un troupeau de moutons. Louvois introduisit la marche au pas, et les troupes prirent une allure plus martiale. L’uniforme fut également imposé. Cela avait un double avantage : jusqu’alors le soldat portait en quelque sorte la livrée de son colonel, voire même de son capitaine. Désormais il n’y a plus qu’une livrée, et c’est la livrée royale. On est soldat du roi, et non plus de tel ou tel colonel : de plus, le déserteur sera aisément reconnu et signalé. C’est sans doute cette considération qui aura surtout décidé Louvois.

Le soldat voyait en même temps sa condition singulièrement améliorée. Une solde fixe lui était assurée et garantie : 5 sous pour un fantassin, 11 pour un dragon, 15 pour un cavalier. On songeait à le nourrir, et c’était chose nouvelle. Sans doute l’ordonnance ne parle que pour le cas de siège, mais c’est une simple précaution, ainsi qu’il appert de cette lettre du ministre : Il est vrai que la nouvelle ordonnance touchant la manière de faire subsister les troupes en campagne ne porte point que l’on donnera de la viande aux troupes ailleurs que dans les sièges, mais c'est qu'on ne leur veut jamais promettre que ce à quoi Von ne veut pas manquer ; et comme il est absolument nécessaire et très facile de leur en fournir lorsque l’on est attaché à un siège, l’on a pris la précaution de ne leur en promettre que dans ce temps-là ; Sa Majesté ayant néanmoins intention que l’on leur en donne tout le plus souvent que l’on pourra, à la réserve des vendredis : c'est-à-dire qu'elles en aient, s'il est possible, six jours par semaine, du moins l’infanterie[6].

Le logement d’une si grande quantité de troupes aurait pu devenir onéreux à la masse de la nation. Le principe de l’obligation pour l’habitant de loger les gens de guerre subsista toujours, et Louvois sut en faire de singulières applications ; mais en pratique les troupes furent distribuées dans de vastes casernes. Le taillon ajouté à la taille dès Henri II et l’impôt de l’ustensile, que payaient les communautés astreintes au logement, fournirent les sommes nécessaires à toutes ces constructions nouvelles.

Le soldat malade se vit l'objet de soins éclairés. Il y avait bien, avant Louvois, un service d’hôpitaux, mais donné à l’entreprise ; les adjudicataires ne songeaient qu’à ne pas accomplir les charges acceptées par eux. Aussi le service était-il déplorable. On voyait jusqu’à quatre malades couchés dans le même lit, et quel lit ! On cite à Lille cet exemple de malheureux fiévreux qui, en 1660, préféraient rester au corps de garde roulés dans leur manteau plutôt que de se laisser transporter à l’hôpital. Ne pouvant couper le mal dans sa racine, Louvois, du moins, tint la main à ce que les obligations des directeurs d’hôpitaux fussent strictement remplies. Il créa les ambulances et le corps des médecins militaires, qu’il assimila aux officiers de l'armée, afin de les soustraire à l’injure du soldat.

Pour les estropiés et les infirmes, il imagina le grand hôtel des Invalides. Colbert partage avec lui la gloire d'avoir exécuté •cette grande idée. Jusqu’alors les soldats estropiés avaient été répartis dans les couvents d’hommes sous le nom de religieux lais ; mais de pareils religieux étaient souvent un objet de scandale pour la communauté, ils la déconsidéraient dans le pays, et les moines payaient la désertion de leur hôte gênant. La somme bue et dissipée, l’ancien soldat reprenait une vie vagabonde, vivant d’aumônes et d’expédients. Louvois résolut de réunir tous ces vieux serviteurs du pays, de leur donner jusqu'à la fin l’illusion d’une vie militaire dont ils ne pouvaient plus se passer. Pour cela, il obtint du roi la construction de ce vaste hôtel dont Mansard éleva le dôme doré. Les travaux furent poussés avec une activité extraordinaire. Commencé en 1670, l’hôtel des Invalides fut inauguré dès le mois d’octobre 1675 par le roi en personne.

En retour de tant d’avantages faits au soldat, Louvois prétendait l’astreindre à une rigoureuse discipline. Dès 1670, au début d’une courte campagne en Lorraine, il écrit au maréchal de Créqui : Il faut bien établir dès le commencement une manière de vivre qui paraîtra nouvelle à tout le monde ; faire connaître aux officiers que leur fortune particulière répondra de leur négligence à faire observer la volonté du roi[7]. Pour arriver à ce résultat, tous les moyens seront bons. C’est ainsi qu’au début de la guerre de Hollande, le maréchal de Luxembourg écrit au ministre, en parlant des maraudeurs : Nous avons fait passer des gens par les armes, demain nous en ferons pendre d’autres. Et Louvois approuve fort ce général, si peu scrupuleux pourtant quand il s’agit de lui-même.

Louvois aurait bien voulu détruire la vénalité des grades ; malheureusement c’était impossible. Il fallait d’abord rembourser à tous les officiers le prix de leur charge : où aurait-on trouvé l’argent nécessaire pour cela ? II y avait encore d’autres empêchements d’ordre plus élevé. Réduits à leurs devoirs purement militaires, les officiers cessaient d’être des marchands d’hommes, des entrepreneurs de soldats ; à l’industrie privée, il fallait bien que l’État substituât la sienne ; le recrutement et l’entretien des troupes retombaient à sa charge, le budget de la guerre se trouvait doublé. Mais alors il fallait changer les bases de l’impôt, supprimer les privilèges[8]. C’était la révolution, ajoute judicieusement M. Camille Rousset. Nos pères ont fait cela ; Louvois ne pouvait pas le faire.

En présence de ce mal nécessaire, il prend bravement son parti : il cherchera à l’employer au profit même de son œuvre. Les colonels des régiments seront riches et contribueront de leur fortune personnelle au bon entretien du corps qui leur est confié. S’agit-il, par exemple, de choisir pour colonel au régiment de Rambures entre le chevalier de Girouville, excellent officier, et le marquis de Nangis, qui n'a pas encore beaucoup d’expérience, mais qui a 20.000 écus de rente ! Louvois n’hésite pas un moment, et il écrit au roi que ce serait la perte de ce régiment-là, si Sa Majesté ne mettait à la tête un homme de qualité capable d'y faire de la dépense. Aussi le marquis de Nangis remporte-t-il sur son concurrent, beaucoup plus capable, mais moins bien renté.

Un pareil système eût été la ruine de l’armée, si Louvois n’y avait apporté un correctif. A côté du colonel, il créa le lieutenant-colonel, chargé de suppléer au besoin à l’insuffisance du premier. Qui sait si de Girouville n’est pas devenu le lieutenant de Nangis ? A côté du capitaine qui peut acheter sa compagnie, Louvois place le lieutenant et l’enseigne, qui, de même que le lieutenant-colonel, sont nommés uniquement et directement par le roi, sans bourse délier.

Le haut état-major reçut aussi une réorganisation complète. En 1668, au-dessus du colonel, Louvois établit le brigadier, qui correspond à notre général de brigade ; puis vient le maréchal de camp, c’est notre général de division ; enfin le lieutenant général, qu'on pourrait comparer de nos jours au général commandant un corps d’armée. Le commandement en chef appartient aux maréchaux de France, par ordre d'ancienneté. Tous ces grades supérieurs ne pouvaient, d’ailleurs, s’acquérir à prix d’argent et étaient conférés par le roi seul, c’est-à-dire par le ministre.

Tout en laissant subsister la vénalité pour les grades de capitaine ou de colonel, Louvois exigea que les candidats eussent fait un sérieux apprentissage du métier militaire, en servant pendant au moins deux ans, soit dans la maison du roi, soit dans un régiment spécial dit régiment du roi. Il songea même à créer une sorte d'école militaire, destinée à fournir l’armée d’enseignes et de lieutenants capables : ce fut dans ce but qu’il créa des compagnies dites de cadets, dont il rendit l’accès facile, trop facile même, [puisque des cadets de quarante ans y coudoyaient d’autres cadets de quinze ans : c’est que Louvois aurait voulu ouvrir la porte des honneurs à la bourgeoisie aisée, tout en la fermant aux nobles trop ignorants. Dans ces compagnies de cadets, on apprenait les détails du métier, les armes, les mathématiques. Cette institution, qui n’avait pas été mûrie et qui fut appliquée d’une façon trop hâtive, ne donna pas les résultats espérés ; on licencia les compagnies de cadets, du vivant même de Louvois.

Avec cette organisation nouvelle, il fallait créer des règles fixes pour l’avancement. C’est ce que fit Louvois. Tous les officiers se trouvèrent placés sous la surveillance directe du ministre : ils eurent leurs notes, leur dossier. L’avancement fut généralement donné à l’ancienneté et d'après Y ordre du tableau ; le simple soldat lui-même pouvait espérer un avancement mérité et prétendre au titre d’officier. C’est ainsi qu’en 1674 un sergent la Fleur, qui avait fait merveille dans une sortie de la garnison de Grave, est signalé dans le rapport du gouverneur, et Louvois de répondre aussitôt que Sa Majesté désire qu’il soit fait lieutenant[9]. Il ajoute une gratification de 500 livres. C’est seulement en 1781 qu’une ordonnance de Louis XVI, bien mal conseillé, ferma aux roturiers l’accès des grades. Pour les officiers pauvres et vieillis au service, Louvois institua une honorable retraite en faisant revivre deux anciens Ordres militaires oubliés, ceux de Saint-Lazare et du Mont- Carmel : compulsant les archives, il reprit à ceux qui les détenaient indûment les domaines qui leur avaient appartenu, et, transformés en prieurés ou commanderies, ces domaines donnèrent un revenu assuré aux anciens officiers qui en devinrent titulaires.

Il n’est tel pour juger le bienfait de toutes ces mesures que celui qui les a prises : aussi convient-il de laisser ici la parole à Louvois lui-même. La fortune d’un officier de mérite n’est, dit-il, jamais bornée parmi nous. Il devient d’enseigne lieutenant, de lieutenant capitaine, de capitaine lieutenant-colonel ou major-colonel, de lieutenant-colonel, colonel, de colonel brigadier, de brigadier maréchal de camp, de maréchal de camp lieutenant-général, de lieutenant-général maréchal de France... On ne voit point parmi nous qu’un homme demeure dix années entières dans un même poste, à moins que ce ne soit un homme de qui l’on ne fasse point de cas, et de qui naturellement l’on n’en doive point faire. Un honnête homme a le plaisir de voir croître de jour en jour sa fortune, et à moins qu’une mort imprévue ne vienne faucher ses espérances, il peut prétendre aux plus grandes charges et aux plus grands emplois[10]. Ne sent-on pas sous ce langage percer une satisfaction fort légitime en présence de l’œuvre accomplie ?

Si Louvois donne ainsi à l’officier des droits, il lui impose aussi des devoirs. D’abord une rigoureuse honnêteté dans la gestion de son régiment ou de sa compagnie. Plus d’états fictifs ni de passe- volants. Une ordonnance de 1666 décide qu’on coupera le nez aux malheureux qui exercent cette industrie ; en 1667, le châtiment devient la peine de mort : d’ailleurs les commissaires de revue sont retors et ne sont plus gens faciles à tromper. Il faut aussi que l’instruction des hommes soit à la hauteur des nouveaux règlements ; on ne saurait transiger sur ce point avec des inspecteurs comme le marquis de Fourille pour la cavalerie, comme Martinet pour l’infanterie.

Plus de gains, plus de profits illicites. Malheur à l’officier qui spéculerait sur l’ordinaire du soldat ou qui ferait des retenues de solde. Des capitaines de Fribourg se sont permis des retenues de ce genre. Les soldats se sont mutinés, et le gouverneur, soucieux seulement du maintien de la discipline, a fait fusiller un des mutins. Louvois prescrit une enquête, constate le bien fondé des réclamations de la troupe et adresse au gouverneur cette sévère réprimande : Sa Majesté a regardé comme un assassinat ce qui a été fait à l’égard du soldat qui a été passé par les armes. Il y joint des ordres pour faire mettre en prison les commandants des corps qui ont souffert que l’on retînt aux soldats l’argent qui devait leur être délivré selon les ordres du roi. Pour les soldats, on prélèvera sur la solde desdits officiers de quoi les rembourser de tout ce qui a été retenu depuis le 1er juillet, (on était en novembre) ; enfin, pour apprendre au commissaire Saint-Germain de souffrir de pareils désordres, Sa Majesté ordonne qu’il soit envoyé prisonnier au château de Lanscroon[11].

Voilà une bonne et prompte justice. Aussi s’y exposait-on rarement. La surveillance était si étroite que les bénéfices n’étaient plus possibles : pour les négligents, même pour les pauvres, la ruine était à peu près certaine. Dès 1675, Vauban écrit à Louvois pour lui recommander un pauvre diable de cousin qui ne serait point si misérable s’il avait eu le secret de métamorphoser de méchantes compagnies en de fort bonnes sans se ruiner[12]. Aussi Louvois n’est pas aimé ; on lui reproche d’être dur au pauvre monde, de causer la ruine de l’officier. Mais écoutons-le répondre :

Il n’est pas vrai qu’il n’y ait qu’à se ruiner dans le service de la France. S'il s’y en trouve à qui cela arrive, c’est qu’on peut dire qu’ils ne sont pas sages, dépensant à de folles dépenses ce qui n’est destiné que pour le service du roi. En effet, y va-t-il du service qu’un capitaine de chevau-légers ait trente chevaux, qu’il ait vingt ou vingt-cinq valets, qu’il porte des justaucorps de quatre ou cinq cents écus, qu’il joue cent pistoles en un quart d’heure et qu’il fasse enfin mille autres folies ? C’est à cela qu’ils se ruinent, et non pas à servir le roi.

Exact et infatigable, Louvois voudrait tous les officiers faits à son image. Il exige la plus grande ponctualité dans le service, le zèle, l’amour du métier. Il tient en mince estime les officiers de salon. Qui ne connaît, grâce à madame de Sévigné, sa brutale sortie contre le pauvre Nogaret. C’était à Versailles, en plein bal de la cour : M. de Louvois dit l’autre jour tout haut à M. de Nogaret : Monsieur, votre compagnie est en fort mauvais état. — Monsieur, dit-il, je ne savais pas. — Il faut le savoir, dit M. de Louvois ; l’avez-vous vue ?Non, Monsieur, dit Nogaret. — Il faudrait l’avoir vue, Monsieur. — Monsieur, j’y donnerai ordre. — Il faudrait l’avoir donné. Il faut prendre un parti, Monsieur, ou se déclarer courtisan, ou s’acquitter de son devoir quand on est officier.

Les plus hauts grades eux-mêmes n’échappèrent point aux règles d’une rigoureuse hiérarchie. Si plusieurs maréchaux étaient présents dans une même armée, ils étaient obligés d’obéir à celui que le roi avait désigné. D'éclatantes disgrâces servaient d’exemple aux récalcitrants. C’est ainsi qu’au début de la guerre de Hollande Louis XIV avait nommé Turenne maréchal général de l’armée. Bellefonds, Créqui, d’Lumières refusèrent nettement de reconnaître la suprématie de leur collègue. Le maréchal de Bellefonds avait pour lui un passé sans tache, une honorabilité à toute épreuve, enfin l’amitié personnelle du roi. Rien n’y fit : il lui fut enjoint de se soumettre ou de s’en aller à Tours et d’y demeurer jusqu’à nouvel ordre, avec défense d’y faire aucune fonction de maréchal de France[13]. Ses deux collègues se soumirent avant d’en venir à d’aussi dures extrémités.

Louvois ne se montrait pas moins exigeant sous ce rapport avec les officiers ordinaires : il réprimait avec énergie la moindre marque d’insubordination, fût-elle détournée. C’est ainsi que monsieur de Pradel conduisant en 1665 un petit corps de troupes au secours de la Hollande, alors notre alliée, un colonel négligea de lui adresser son rapport sur une expédition faite par ordre. Louvois écrit aussitôt au délinquant : Votre conduite ne sera approuvée de personne quand on saura que vous avez manqué à un homme qui a l'honneur de représenter votre maître[14]. Cette lettre est d’autant plus méritoire qu’elle s’adresse au marquis de La Vallière, le frère de la maîtresse du roi. Louvois, qui n’était pas encore titulaire de sa charge, jouait gros jeu en l’écrivant ; en d’autres circonstances, il ménageait fort le fier marquis dont il voulait se faire un ami ; mais il faisait taire toute autre considération quand il s’agissait du bien du service. Il eût été dangereux pour l’officier dépité de faire un coup de tête et d’adresser sa démission au ministre. On le voit par une lettre qu’écrit Louvois à Vauban et où il lui parle d’un jeune homme qui l’intéressait : Je crois Montil trop sage pour me demander à se retirer, parce que ce sera le chemin d’aller se reposer à la Bastille, où le roi met d'ordinaire les gens qui font de pareilles propositions[15].

Nous n’avons pas à suivre Louvois dans ses efforts pour la création de l’arme du génie ; car ici toute l’initiative appartient à Vauban : nous jetterons du moins un coup d’œil sur sa réorganisation de l’artillerie, bien qu’ici encore Vauban soit son principal collaborateur.

Il s’agissait d’abord de mettre à la tête de ce service un homme brave, intelligent, qui fût également maniable et de bonne composition. Le neveu de Mazarin, qui occupait ce poste, était à la fois incapable et ridicule ; mais il portait un grand nom. Louvois eut l’adresse de le décider à résigner ses fonctions. Ainsi avait fait Henri IV avec d’Estrées, quand il avait projeté de mettre Sully en sa place. Cette fois, on pensa voir le contraire de Sully : un cerveau brûlé, le comte de Lauzun, le même qui par son mariage avec mademoiselle de Montpensier s’attira une éclatante disgrâce, sembla un instant devoir être agréé par le roi. Il fallut toute l’énergie et l’autorité que le ministre avait déjà prise sur le roi pour empêcher cette maladresse. Enfin le comte de Lude fut nommé : c’était le grand maître idéal rêvé par Louvois.

Désormais il peut agir. Il crée, en 1671, une compagnie de canonniers, exclusivement composée de soldats, avec des officiers empruntés à l’armée ; il organise, en 1672, deux bataillons de fusiliers, dressés en même temps au service du canon et qui, sans rang déterminé, doivent partout escorter les batteries, ou pour employer le langage du temps, les brigades d’artillerie. En 1676, deux compagnies de bombardiers sont instituées pour le service des mortiers. Tous ces corps sont absolument militaires. Une carrière nettement délimitée s’ouvre pour leurs officiers, qui peuvent prétendre aux grades supérieurs, lorsque l’un d’eux, Dumetz, devient maréchal de camp, avec défense d’abandonner ses fonctions de lieutenant d’artillerie, qui sont incompatibles avec celles de maréchal de camp[16]. Voilà, du coup, un véritable major général de l’artillerie et l'arme spéciale est fondée. De Lude, qui, en perdant la direction effective de l’artillerie, conservait pourtant tous ses privilèges honorifiques et utiles, n’avait garde de protester.

Le maréchal d’Humières qui, en 1685, remplaça le comte de Lude, se montra tout aussi accommodant. En 1689, le nombre des compagnies de canonniers est porté à 12 ; les bombardiers forment un régiment ; une véritable école d’artillerie pour le recrutement des officiers de l’arme est fondée à Douai ; Vauban admire l’adresse des jeunes cadets qui y sont admis. Je n’ai jamais vu si bien tirer[17], écrit-il à Louvois.

Lorsque ce même Vauban eut achevé d’organiser l’arme spéciale du génie, la France ne pouvait avoir d’égale dans la guerre de sièges. Un régiment d’artillerie de près de cinq mille hommes, composé de soldats qui sont pour la plupart des artistes habiles, enfin le corps des ingénieurs, étaient des avantages que ne peuvent avoir des nations réunies à la hâte pour faire ensemble la guerre quelques années. De pareils établissements ne peuvent être que le fruit du temps et d’une attention suivie dans une monarchie puissante[18].

Cette centralisation que Louvois introduisait dans l’artillerie, il rappliqua à tout le reste de l’armée. Dès 1661, à la mort du dernier duc d’Epernon, la charge de colonel général de l'infanterie fut supprimée.

C’était la plus grande charge militaire depuis la disparition de celle de connétable.

Dans chaque régiment, la première compagnie lui appartenait : il agréait les officiers proposés par les chefs de corps. Le roi fut désormais substitué à lui, tous les brevets furent signés par le ministre, qui sut bientôt s’attribuer les mêmes droits dans la cavalerie. Sans doute il n’osa point toucher à son colonel général, parce que c’était Turenne ; mais, à sa mort, il négligea de le remplacer, et ne lui laissa de son vivant que les honneurs et les bénéfices de sa charge.

Cet esprit envahissant de Louvois se retrouve partout. Les marchés pour le logement, les étapes, les vivres et les hôpitaux étaient dans le département du contrôleur général, il les lui enleva. Il concentra dans ses mains tout le service des fortifications, réparti d’une façon plus bizarre que rationnelle entre les divers secrétaires d’État. C’est ainsi qu’au début du règne de Louis XIV on voyait Colbert chargé des fortifications de l’Alsace. Il cessa d’en être ainsi désormais, pour le plus grand bien du service. Toutes les pièces, états, rapports et correspondances, furent réunies sous le nom de dépôt de la guerre, et c’est à cela que nous devons le beau livre de M. Camille Rousset.

De bonne heure nous voyons Louvois empiéter sur les attributions des généraux en chef. Jusqu’alors c’était le général conquérant qui administrait jusqu’à la paix le pays conquis. Il faut reconnaître que le plus souvent il l’administrait fort mal, laissant commettre maint abus autour de lui, quand lui-même ne donnait pas l’exemple. Louvois voulut y mettre bon ordre, moins dans l'intérêt du pays conquis que dans celui du trésor royal ; on le vit bien lors de la guerre de Hollande : mais enfin, s’il y a spoliation du vaincu, elle sera régulière et profitera à l’Etat. Pour cela il créa des intendants spécialement chargés de l’autorité administrative, tandis que les pouvoirs militaires étaient seuls conservés au général. C’était à la guerre la première application du principe de la division du travail. Cela ne se fit point sans résistance de la part des généraux. En 1670, du fond de la Lorraine militairement occupée, Créqui écrit au roi pour conserver la direction de ces choses, sans quoi l’on n'aurait guère de croyance dans un général[19] ; c’est peine perdue et il s’attire de Louvois cette réponse : dans le quartier d’hiver, le général, ne devenant plus qu'un gouverneur de province, cesse de se mêler de ces sortes d’affaires[20]. Le procès est définitivement jugé, le précédent établi, et le général réduit à des attributions purement militaires.

Partout, à proximité des frontières, Louvois avait construit des magasins largement approvisionnés, qui lui valurent le surnom de grand vivrier et qui assuraient la subsistance de l’armée dès son entrée en campagne. Pour cette guerre de sièges qu’affectionnait particulièrement Louis XIV, il savait combiner les mouvements des divers corps d’armée, de telle façon qu’ils se trouvaient tous réunis sous les murs d’une place, alors que l’ennemi ne se croyait même pas menacé. Il était habile dans cet art au point d’avoir mis en défaut la perspicacité de Vau- ban lui-même. Il méritait cet éloge d’un contemporain qui nous le représente formant des entreprises qui tenaient du prodige par leur exécution subite et dont le succès n’était jamais incertain, malgré la foule des combinaisons nécessaires qui devaient y concourir[21]. De là à se croire un grand homme de guerre il n’y avait qu’un pas, et ce pas, Louvois le franchit.

Déjà, pendant la guerre de Hollande, nous le voyons avoir de fâcheux débats avec Turenne, auquel, du fond de son cabinet, il prétend dicter des manœuvres. Turenne sut sauvegarder avec fermeté les droits du général en chef. Vous me permettrez de vous dire, écrivait-il à Louvois[22], que je ne crois pas qu’il fût du service de Sa Majesté de donner des ordres précis de si loin au plus incapable homme de France. Et de fait, il n’en fit qu’à sa tête, empêchant avec 22.000 hommes la jonction des 20.000 soldats de l’électeur de Brandebourg et des 40.000 impériaux de Beurnonville, et quand la trahison des Strasbourgeois, qui livrèrent leur pont aux Allemands, eut déjoué ses combinaisons, se jetant derrière les Vosges pour cette incomparable campagne d’hiver que l’on sait.

Aussi Louvois n’aimait pas les grands généraux et leur préférait des médiocrités dociles. On peut dire que le boulet de Salzbach le délivra de Turenne, tandis que la goutte le débarrassait de Condé. Un procès scandaleux envoya Luxembourg dans les cachots de la Bastille, au moment où mourait le maréchal de Créqui. Louvois ne s’en émut point outre mesure, il pensait suffire à tout. L’expérience des deux premières années de la guerre de la Ligue d’Augsbourg lui prouva le contraire. Tout alla mal, et il dut s'estimer trop heureux de rendre un commandement à Luxembourg et de trouver sous sa main Catinat. Sans doute les instructions parties de Versailles furent moins scrupuleusement exécutées que par les maréchaux d’Humières, de Lorges et de Duras ; mais Eleurus et Staffarde rétablirent notre prestige militaire sérieusement compromis par des généraux trop dociles.

Cette tache dans l’œuvre de Louvois n’est, après tout, que secondaire ; ce qui est beaucoup plus grave, c’est la façon dont il prétendit faire intervenir l’autorité militaire dans le domaine de la conscience, transformant ainsi le ministre de la guerre en une sorte d’auxiliaire de la religion d’Etat. Pour comprendre cette étrange conception de Louvois, quelques mots d’explication sont nécessaires.

 

 

 



[1] Gardes françaises, Picardie, Piémont, Navarre.

[2] Camille Rousset, Louvois, t. I, p. 235.

[3] Camille Rousset, Louvois, t. I, p. 237.

[4] Circulaire de Louvois du 1 er septembre 1676. D. G. 484.

[5] La douille de la baïonnette ne fut inventée qu’en 1703.

[6] Citée par Camille Rousset, Louvois, t. I, p. 300, note.

[7] 16 septembre 1670. D. G. 252.

[8] Camille Rousset, Louvois, I, p. 180.

[9] Louvois à Chamilly, 27 juin 1674. D. G. 380.

[10] Louvois, Réponse au livre intitulé : La conduite de la France, 1683.

[11] Louvois à Dufay, gouverneur de Fribourg, 7 novembre 1683. D. G. 700.

[12] Vauban à Louvois, 19 septembre 1675. D. G. 452.

[13] Louvois à Créqui, 22 avril 1672, D. G. 275.

[14] Citée par Camille Rousset, Louvois, t. I, p. 90.

[15] Citée par Camille Rousset, Louvois, t. I, p. 212.

[16] Louvois à Schonberg, 1er septembre 1676. D. G. 484.

[17] Citée par Camille Rousset, Louvois, t. III, p. 335, note.

[18] Voltaire, Siècle de Louis XIV, chap. 11.

[19] Créqui au roi, 12 octobre 1670. D. G. 250.

[20] Louvois à Créqui, 22 octobre 1670. D. G. 252.

[21] Abrégé chronologique du président Hénault.

[22] Turenne à Louvois, 15 septembre 1673. D. G. 348.