LA VIE PRIVÉE DES ANCIENS

TOME II — LA FAMILLE DANS L’ANTIQUITÉ

L’HABITATION. — V. - LES PARTIES DE L’HABITATION

 

 

LE VESTIBULE. - L’ATRIUM. - LE PÉRISTYLE. - LES CHAMBRES DE SERVICE. - LA DISPOSITION DES PIÈCES.

 

LE VESTIBULE. — L’entrée des maisons de Pompéi était quelquefois assez élevée, mais généralement étroite. Presque partout elle est décorée de deux pilastres avec des chapiteaux dont l’ornementation est assez variée. En revanche, l’aspect général des entrées de maison est assez uniforme : celle de la maison de Pansa (fig. 647) en donnera assez nettement l’idée, parce que, malgré son état de délabrement, c’est encore une des mieux conservées.

La porte d’entrée, placée entre les deux pilastres, était généralement posée sur une ou deux marches, et les battants sont presque toujours surmontés d’une imposte destinée à éclairer le couloir intérieur ; c’est ce qui explique pourquoi l’entrée de la maison paraît trop haute pour sa largeur, effet qui disparaîtrait naturellement, si elle était encore pourvue des marches d’entrée et des battants de la porte.

La figure 648 montre l’entrée extérieure d’une maison, telle qu’elle devait être avant la destruction. Elle est ouverte sur un corridor (prothyrum), qui conduit à une porte ouvrant sur la cour intérieure (atrium) : cette disposition se reproduit sur la plupart des maisons de Pompéi.

On voit que pour entrer dans l’intérieur de la maison, il faut gravir deux marches, et on lit le mot salve à l’endroit même où s’ouvre la porte : c’est une manière de souhaiter la bienvenue à ceux qui arrivent.

La figure 649 montre une inscription de ce genre, prise dans la maison des Vestales, à Pompéi.

Dans les maisons grecques, les portes extérieures ne s’ouvraient pas comme les nôtres en dedans de la maison, mais du dedans au dehors. Dans les comédies de Plaute et de Térence, où la scène se passe habituellement en Grèce, on voit souvent les personnages qui veulent sertir de leur maison donner un coup en dedans de la porte. Ce signal était destiné à avertir ceux qui passaient dans la rue en longeant les maisons qu’ils eussent à se garer, pour éviter d’être heurtés par la porte qu’on allait ouvrir.

Il n’en était pas de même pour les maisons romaines, dont la porte s’ouvrait au contraire en dedans. Ce fut par une distinction honorifique que Valerius Publicola, dans les premiers temps de la république, obtint d’avoir l’entrée de sa maison qui s’ouvrait en dehors, à la manière des Grecs, mais il parait que sa porte était alors la seule à Rome qui s’ouvrit de cette façon.

Les portes sont en bois de chêne et toujours à deux battants composés de montants verticaux, que partagent des pièces de bois transversales : elles sont ornées de clous en métal, souvent dorés et toujours reluisants. Les battants tournaient sur un pivot, faisant l’office de nos charnières ; mais, au lieu d’être appliqué sur les côtés, le pivot était adapté dans des trous que l’on établissait sur le seuil et sur le linteau. On a retrouvé cependant à Pompéi plusieurs charnières dont la figure 650 reproduit le principal type.

Extérieurement le chambranle du châssis de la porte était pourvu d’une moulure qui faisait saillie au devant du montant et cachait ainsi le pivot sur lequel la porte tournait. La figure 651 montre une porte romaine, mais la moulure a été enlevée côté droit, ce qui permet de voir le pivot et la cavité dans laquelle il s’emboîte, tandis que le battant du côté gauche est tel qu’il apparaissait extérieurement, c’est-à-dire que le pivot est caché derrière les moulures. Ces moulures avaient aussi l’avantage d’empêcher l’air extérieur de pénétrer par les fentes de la porte.

Les portes intérieures, celles qui donnaient sur l’atrium, par exemple, étaient souvent munies d’un rideau fixé à une tringle par des anneaux, et pouvant ainsi s’ouvrir et se fermer à volonté. La porte représentée sur la figure 652 est tirée d’une miniature du Virgile du Vatican. Ces rideaux faisaient à peu prés l’office de nos portières ; ils étaient quelquefois d’une seule pièce ; mais le plus souvent ils étaient formés de deux pièces séparées analogues aux rideaux de nos fenêtres.

Les portes se fermaient soit avec des targettes de fer assujetties sur les battants au moyen d’une espèce de cadenas, soit avec des verrous. Il y en avait presque toujours deux, un pour chaque montant, et quelquefois quatre. C’est pour cela que lorsqu’il est question de fermer une porte, on-dit les verrous au pluriel. Les clefs de porte étaient en général fort grandes. On en a retrouvé plusieurs dans les fouilles de Pompéi ; nous les reproduisons dans les figures 653 à 657.

Les jours de fêtes ou de réjouissances de famille, on décorait les portes avec des guirlandes de fleurs et de feuillages. Dans les mœurs antiques, l’entrée d’une maison était considérée comme sacrée. L’ensemble de la porte, janua, était dédié à Janus, mais les parties qui la composent étaient placées chacune sous la protection d’une divinité particulière. Ainsi Forculus présidait aux battants, fores, Limentinus veillait sur le linteau et sur le seuil, limen, enfin pour la conservation des gonds, cardines, on invoquait la déesse Cardea.

Pour avertir le portier, quand on arrivait du dehors, on avait des sonnettes d’airain, mais plus souvent encore on frappait avec un petit marteau ou un anneau fixé après la porte. Ces anneaux, souvent richement ornés ou reliés à un masque humain ou à une tête d’animal, formait presque toujours un joli sujet de décoration pour la porte ; la figure 658 nous montre un de ces anneaux, qui est retenu au montant de la porte par une jolie tête ailée.

Le couloir qui suit immédiatement la porte extérieure de la maison aboutit, comme nous l’avons vu figure 648, à une seconde porte qui donne accès à la pièce principale de la maison, l’atrium. Ce couloir (prothyrium) est souvent décoré de peintures ; dans la maison dite des colonnes de mosaïque, à Pompéi, il a des panneaux rouges et jaunes séparés par des architectures, des petits cartels contenant des masques tragiques, des paysages, des oiseaux et des poissons. Presque toutes les maisons romaines étaient pourvues de ce corridor ; cependant on cite quelques exceptions, par exemple dans la maison de Polybe à Pompéi, où il y a deux portes donnant sur la même rue et ouvrant directement sur les salles. Mais c’est là un fait absolument exceptionnel, car dans une maison un peu considérable, il fallait un portier, et le logement du portier donnait presque toujours sur le couloir d’entrée (voir fig. 648).

Quand un visiteur se présentait, le portier lui demandait son nom, et selon l’importance de l’arrivant, ce portier, suivant les ordres qu’il avait reçus, le laissait passer tout de suite, le faisait attendre ou l’éconduisait tout simplement. Dans les grandes maisons, le portier était un personnage auquel les petits clients faisaient leur cour pour avoir accès plus facilement auprès du patron. Il parait aussi que les portiers avaient quelquefois le goût des oiseaux, car nous lisons dans Pétrone : Sous le vestibule se tenait le portier, habillé de vert, avec une ceinture couleur cerise ; il écossait des pois dans un plat d’argent. Au-dessus du seuil était suspendue une cage d’or renfermant une pie au plumage bigarré, qui saluait de ses cris ceux qui entraient.

Quand on avait sonné ou frappé avec l’anneau, le portier sortait de sa loge, et se présentant devant le visiteur avec la baguette dont il était armé et qui était l’insigne de sa profession, il disait : Qui es-tu ? Aussitôt un chien toujours posté à côté du portier se mettait à aboyer, jusqu’à ce que ce portier lui eût imposé silence. Le chien était considéré comme un gardien de toute nécessité dans les maisons antiques et les chiens molosses étaient surtout estimés pour la garde des maisons. Quelquefois cependant ce chien était simplement peint et quelquefois, paraît-il, avec une grande vérité. Nous lisons en effet dans Pétrone : A la gauche de l’entrée, prés de la loge du portier, j’aperçus un énorme dogue enchaîné au-dessus duquel était écrit en lettres capitales : Gare, gare le chien ! Ce n’était qu’un dogue en peinture, mais sa vue me causa un tel effroi que je faillis tomber à la renverse et me casser les jambes.

On a trouvé en effet dans une maison de Pompéi une mosaïque représentant un chien, comme celui que décrit Pétrone, avec l’inscription : CAVE CANEM. (fig. 659.)

 

L’ATRIUM. — L’atrium est en quelque sorte le principe des habitations romaines : c’est la pièce centrale de la maison, celle dans laquelle donnent toutes les autres ; on y place les images des ancêtres, l’autel domestique, le lit nuptial ; c’est le lieu de réunion de la famille.

Dans les premiers temps, l’atrium était la pièce oit la maîtresse de la maison travaillait avec ses esclaves. Les portraits de famille étaient là, rangés chacun dans une petite niche au bas de laquelle une inscription rappelait les honneurs ou les belles actions de chacun d’eux. En réalité, l’atrium est une cour carrée, habituellement entourée de portiques, et formant le centre de l’habitation, puisqu’il donne accès à toutes les chambres de la maison. Mais les riches Romains qui recevaient de nombreux clients et ne voulaient pas les voir se mêler à leur famille avaient un second corps de bâtiment (le peristylium) destiné uniquement à la vie intime, et l’atrium devint alors pour eux la salle de réception où ils traitaient les affaires. Il y a donc dans la maison d’un Romain opulent deux grandes salles ouvertes par le haut, ou plutôt deux cours autour desquelles sont disposées toutes les chambres de l’appartement. La première est l’atrium, où le maître de la maison reçoit ses amis et ses clients ; la seconde est le peristylium, où il vit avec sa famille. C’est ainsi que de nos jours nous voyons les notaires, les banquiers, etc., avoir deux appartements dont l’un est consacré au travail et l’autre à la vie intime. La disposition des appartements est toute différente, mais le principe est le même.

L’atrium est une pièce rectangulaire recevant la lumière par une ouverture placée au centre et sous laquelle est un bassin où tombent les eaux pluviales. En réalité l’atrium est une cour, et c’est pour cette raison qu’on le confond souvent avec le cavœdium, qui est la cour proprement dite. Mais l’atrium, sauf l’ouverture placée au milieu, est entièrement abritée par les toits qui reposent sur des colonnades faisant portique.

La maison de Cornelius Rufus, dans laquelle on a retrouvé le buste du propriétaire (fig. 660), montre bien la disposition du bassin, prés duquel on plaçait assez souvent ‘une table en marbre. Cette table est habituellement accompagnée d’une fontaine dont les eaux se déversent dans le bassin, placé au milieu de l’atrium. Dans la maison de Cornelius Rufus, la fontaine n’est plus apparente, mais on peut voir sa place (fig. 661) dans le bassin de la maison clés Néréides, où elle est également accompagnée d’une table de forme assez riche et portée par dés griffons.

Ces fontaines avaient pour objet de répandre la fraîcheur dans les pièces de l’appartement, dont l’entrée avait presque toujours accès dans l’atrium. Elles étaient d’une forme très variée. Celle qui est représentée figure 662 a été trouvée dans l’atrium toscan de la maison du Faune à Pompéi ; elle devait être placée dans l’impluvium de cette maison, car les morceaux séparés qui la composaient et qui ont été ensuite réunis ont été trouvés là. Elle se compose d’une petite colonne cannelée et surmontée d’une vasque avec une espèce de couvercle décoré de cinq petits animaux, canard, grenouille, etc. Cas animaux étaient en communication avec des tuyaux internes et fournissaient des petits filets d’eau jaillissant par-dessus les bords de la coupe. Le bord de la vasque offre des saillies pareilles à celles d’une lampe à dix becs et le dessous était orné de feuillages et de masques de satyres.

Les galeries qui entourent l’atrium sont classées par Vitruve en cinq catégories différentes auxquelles il donne les noms suivants :

1° L’atrium toscan, le plus ancien et le plus fréquemment employé ; il se compose de quatre poutres se croisant à angles droits en fixant leurs extrémités dans les murs de l’édifice. Il n’a pas de cour et les toits retombent juste au-dessus du bassin dans lequel ils versent leurs eaux. L’atrium toscan n’ayant pas de colonnes est nécessairement de petite dimension, mais il n’en est pas moins richement décoré. 2° L’atrium tétrastyle diffère de l’atrium toscan par les quatre colonnes placées à l’intersection des poutres ; il est d’ailleurs un peu plus grand, mais il présente la même disposition. 3° L’atrium corinthien est encore plus grand et se distingue surtout par le nombre des colonnes qui supportent ses portiques, 4° L’atrium displuviatum diffère complètement des précédents : les eaux, au lieu de tomber directement dans le bassin du milieu, se déversent dans une espèce de cheneau, d’où elles suintent quelquefois sur les murs. Cet inconvénient est racheté par la clarté des chambres, qui est beaucoup plus grande dans ce système que dans les autres. 5° Le testudinum est couvert entièrement par un toit qui, vu d’en haut, ressemble assez à la carapace d’une tortue.

Les portiques de l’atrium étaient souvent ornés de colonnes d’un seul bloc et d’un marbre précieux, qui revêtait également les murs jusqu’à hauteur d’appui ;’le reste était enrichi de peintures. Le plafond était couvert d’incrustations. On tendait sur la partie découverte une courtine, ou grand voile, qui garantissait des rayons du soleil. Des statues, souvent très remarquables, décoraient les atriums romains, même dans les petites villes. Mais ce qui donne à cette salle une physionomie tout à fait spéciale, c’est le bassin qui en occupe le milieu.

Un autel consacré aux aïeux était souvent placé dans l’atrium à côté du bassin central : c’est là que primitivement brûlait le feu sacré. C’est là que, dans la cérémonie du mariage, on rompait le gâteau que les époux devaient partager. La fontaine jaillissante dont les eaux s’écoulaient par le bassin servait aux purifications. Toutefois, ces parties accessoires ne se trouvaient que dans les maisons les plus riches, et il y a beaucoup d’atriums qui en sont dépourvus.

La figure 663 représente l’atrium de la maison de Salluste. Cet atrium, dont la gravure montre une restauration, était dans le genre de celui qu’on appelle atrium toscan, c’est-à-dire qu’il n’avait pas de colonnes pour supporter le toit qui reposait sur des poutres placées d’un mur à l’autre. Cet atrium était surtout employé dans des maisons de petite dimension.

Aussitôt après leur lever, les riches Romains allaient dans l’atrium recevoir les salutations de leurs clients. Ces visites avaient toujours lieu le matin, avant l’heure où on allait parler d’affaires au Forum. On n’était pas considéré comme un grand personnage si, dès Je point du jour, on n’avait pas sa porte encombrée de solliciteurs ou d’amis intéressés, qui venaient vous faire leurs souhaits pour une heureuse journée et réclamer l’assistance qu’on peut attendre d’un homme dans une position élevée. Aussi les clients sont toujours éveillés de bonne heure et vont, dès le petit jour, stationner à la porte des maisons riches et piétiner sur la voie publique, sans s’inquiéter du temps qu’il fait, en attendant que la porte s’ouvre pour les recevoir, car la salutation est pour eux une affaire de la plus haute importance.

Ces clients si assidus à faire leur cour aux riches étaient naturellement de conditions différentes. Il y avait des amis qui recherchaient la société des grands personnages dans le but de se pousser eux-mêmes dans les fonctions publiques ; des commerçants qui, redoutant les procès, avaient besoin d’un protecteur devant les tribunaux ; des entrepreneurs ou des ouvriers qui venaient dans l’espoir de se faire commander un travail ; des tenanciers qui avaient des comptes à rendre, enfin de pauvres diables qui attendaient un secours ou espéraient emporter les restes du souper de la veille. Tous ces clients, qui formaient comme le luxe et le mobilier d’une grande maison, étaient traités d’une façon différente, selon le rang ou la considération que le patron leur accordait.

Avant la réception en masse, il y avait les premières et les deuxièmes admissions, absolument comme pour le petit lever d’un roi au XVIIe siècle. Tandis que la foule attendait, le portier, qui ne faisait qu’entrebâiller sa porte, laissait passer un à un les clients de la première admission. Ceux-ci, qui étaient les intimes et les privilégiés, allaient droit à la chambre du patron et se trouvaient admis l’un après l’autre à l’entretenir en particulier.

Les secondes admissions comprenaient une réception collective, mais par petits groupes peu nombreux ; ils étaient également reçus dans l’appartement privé, mais ils n’avaient pas l’honneur d’être admis isolément et individuellement.

Dès que les secondes admissions avaient pénétré dans la maison, le portier ouvrait la porte à deux battants et le flot de petits clients qui n’avait droit qu’aux entrées publiques se précipitait aussitôt dans l’atrium. Il était de bon ton de faire attendre un peu cette foule qui stationnait debout sous les portiques de l’atrium. Enfin, le patron a quitté son vêtement de maison et endossé la toge, il sort de l’appartement privé et fait son entrée dans l’atrium après s’être fait annoncer.

Il apparaît, accompagné d’un esclave nomenclateur qui dit le nom de ceux qui viennent lui faire la cour, c’est-à-dire qui circulent dans les portiques dont la cour est entourée jusqu’à ce qu’ils aient pu le saluer. Quelques-uns parmi ces petits clients auront encore les honneurs d’une poignée de main, mais la plupart devront se contenter d’un sourire ou d’un simple signe de tête constatant qu’ils ont été vus.

Une fois la salutation terminée, les intimes ou les clients les plus directement intéressés se préparent à escorter la litière du patron qui se rend au Forum et les autres quittent la maison pour aller vaquer à leurs occupations.

Plusieurs pièces de l’appartement donnaient sur l’atrium ; dans l’axe du prothyrum on trouve le tablinum, pièce où l’on resserre les papiers de famille, les tessères d’hospitalité et les portraits des aïeux. De chaque côté sont placés les alœ, pièces entourées de sièges où le maître de la maison donnait des audiences.

Mais parmi les pièces qui entourent l’atrium, les plus importantes sont les salles de festin. Il y en a plusieurs placées dans des expositions différentes, car on change de salle à manger suivant la saison. La salle à manger, triclinium, dont le nom veut dire salle à trois lits, doit avoir, suivant Vitruve, une longueur double de sa largeur. Elle est comme partagée en deux parties : la partie supérieure est occupée par la table et les lits, tandis que l’autre partie est laissée libre pour les besoins du service et pour les mimes ou danseuses qui viennent divertir les convives. La décoration du triclinium est appropriée à la destination de cette pièce et est toujours très riche. Souvent des colonnes entourées de lierre et de pampres en divisent les parois. Des figures demi-nues, des faunes, des bacchantes, portant des thyrses ou des coupes, occupent en général le centre des panneaux. Des coquillages, des oiseaux, des poissons de mer, des pièces de gibier sont figurées sur les frises.

Dans les maisons opulentes, il y a quelquefois deux triclinium, l’un pour l’hiver, qui est clans l’appartement, et l’autre pour l’été, qui donne sur le jardin. On peut voir cette particularité dans la maison de Salluste, dont le triclinium d’été a été conservé (fig. 664). Il était recouvert de treilles dont on retrouve encore la trace ; les trois lits en maçonnerie disposés autour de la table existent encore, mais les peintures de la muraille ont presque entièrement disparu.

 

LE PÉRISTYLE. — Nous avons vu jusqu’ici la partie réputée publique dans une maison romaine, c’est-à-dire la partie oit le maître de la maison reçoit ses clients et ses amis. Entrons maintenant dans la partie intime, celle qui est exclusivement réservée à la famille. On y communique par deux corridors appelés fautes et placés de chaque côté du tablinum.

Les conversations de l’atrium n’arrivent pas jusqu’au péristyle, a dit Térence. Le péristyle est, en effet, le centre de l’appartement intime, comme l’atrium est le centre de l’appartement de réception. Le péristyle, qui forme la seconde division de la maison romaine, répond à peu près au gynécée des Grecs. C’est un grand espace découvert, entouré de colonnades comme l’atrium, mais beaucoup plus vaste et contenant un jardin avec une fontaine au centre. Les chambres occupées par la famille étaient distribuées sur les côtés du péristyle et s’ouvraient sous la colonnade. Le péristyle est presque toujours décoré avec le plus grand luxe : des statues s’élèvent devant les colonnes. Souvent aussi l’entrecolonnement est rempli par un petit mur à hauteur d’appui sur lequel on posait des vases de fleurs, ou qui était lui-même en marbre évidé, de manière à recevoir de la terre et des arbustes. La paroi est en marbre de plusieurs couleurs et le plafond en menuiserie presque toujours divisée en compartiments.

Les chambres destinées au logement des femmes ont des fenêtrés garnies de grands voiles ou rideaux destinés à garantir du froid en hiver et à intercepter le soleil en été. La bibliothèque est exposée au levant, parce que c’est habituellement le matin qu’on travaille. Elle est généralement accompagnée d’un exèdre, chambre de conversation destinée à recevoir des savants et dont la forme est souvent celle d’une abside circulaire, avec rangée de sièges disposés pour la compagnie. II y a aussi une pinacothèque ou galerie de tableaux, une salle de bain, une salle pour les jeux et divertissements. Enfin, il ne faut pas omettre, dans la maison d’un riche Romain, un sacrarium ou sanctuaire religieux de la famille et la basilique, pièce indispensable dans une maison somptueuse.

Dans les étages supérieurs sont les cœnacula et la terrasse ou solarium, où l’on vient, en automne, se chauffer aux rayons bienfaisants du soleil.

 

LES CHAMBRES DE SERVICE. — La cuisine, l’office, la pièce où on fait le pain et les chambres des serviteurs, font généralement partie du corps de bâtiment dont l’atrium est le centre.

Les celliers destinés à recevoir les provisions étaient généralement éclairés par le côté du nord, afin que le soleil ne pût faire éclore les insectes. Ils étaient placés, dans les maisons riches, sous la garde d’un intendant ou garde-magasin qui avait sous sa direction toutes les provisions et les délivrait aux domestiques, selon les besoins du service. Il y avait un endroit spécialement consacré à certaines provisions, comme le miel, les raisins secs, les viandes salées, les fruits ; un autre pour l’huile, qui se gardait dans de grands vases de terre cuite ; un autre pour les vins, qu’on gardait dans les amphores. La boulangerie était une dépendance essentielle de la cuisine, car il n’y avait que les petites gens qui prenaient leur pain chez le boulanger.

Personne, dit Vitruve, n’a jamais fait les fenêtres des celliers du côté du midi, mais bien vers le septentrion, parce que ce côté-là du ciel n’est pas sujet au changement ; c’est pourquoi les greniers dans lesquels le soleil donne tout le long du jour ne conservent rien dans sa bonté naturelle, et la viande et les fruits ne s’y gardent pas longtemps. Il n’en est pas de même si on les serre dans un local qui ne recevra point les rayons du soleil, car la chaleur, qui altère incessamment toutes choses, leur ôte leurs forces par les vapeurs chaudes qui viennent à dissoudre et à épuiser leurs vertus naturelles.

L’usage de placer les provisions de vin dans les lieux souterrains doit être fort ancien, puisqu’il en est question dans l’Odyssée : Télémaque descend dans les vastes celliers de son père où reposaient, sous des voûtes élevées, l’or et l’airain, des coffres remplis de riches étoffes et des huiles, parfumées en abondance. Là se trouvaient aussi rangés en ordre, le long de la muraille, des tonneaux d’un vin vieux et délectable, contenant un breuvage pur et divin ; ils étaient destinés à Ulysse si jamais il revenait dans son palais après avoir éprouvé de nombreux malheurs. Ce cellier était fermé par de grandes portes à deux battants étroitement unis. Une femme, revêtue du titre d’intendante, y passait le jour et la nuit et elle gardait tous ces trésors avec un esprit rempli de prudence ; elle s’appelait Euryclée et descendait d’Ops, issu de Pisénor.

Dans une fouille exécutée à Rome au dernier siècle, on a découvert, près de la porte Flaminia, une cave avec ses amphores et tous les ustensiles qu’elle renfermait. Nous en donnons la coupe et le plan sur les figures 665 et 666. On y voit très bien les positions des vases dans lesquels on avait l’habitude de placer le vin et l’huile. Outre les amphores, les Romains faisaient usage des futailles et des barriques faites de douves et de cerceaux, à peu près comme les nôtres. Nous. en voyons souvent sur les colonnes Trajane et Antonine. Un bas-relief découvert à Augsbourg (fig. 667) nous montre des esclaves roulant des tonneaux dans l’intérieur d’une cave. Il parait même que les esclaves préposés au service des caves s’y comportaient à peu près de la même manière que nos domestiques d’aujourd’hui. C’est du moins ce qu’on peut supposer d’après les comédies de Plaute. Voici un passage du Soldat fanfaron qui va nous éclairer sur les mystères d’une cave romaine :

Palestrion. — Ah, ah ! nos pauvres tonneaux ont fait plus d’une culbute.

Lacrion. — Par Hercule, on ne les bousculait pas tant que cela. Il y a dans la cave des endroits en pente douce ; près des tonneaux on avait mis une cruche d’eau de deux pintes. Souvent on l’emplissait jusqu’à deux fois en un jour ; je l’ai vue pleine, je l’ai vue vide, avec son gros ventre.

Strabon, parlant des contrées qui avoisinent le Pô et des riches vignobles qu’on y trouve, dit qu’on fait en ce pays des tonneaux de bois qui sont presque aussi grands que des habitations. Les anciens n’ont donc rien à envier à la fameuse tonne de Heidelberg ! Néanmoins, l’usage des tonneaux était beaucoup moins fréquent dans les maisons à Rome que celui des amphores ; on s’en servait principalement pour transporter plus facilement le vin dans les convois de vivres qui accompagnaient les armées.

 

LA DISPOSITION DES PIÈCES. — C’est à Pompéi qu’il faut étudier le plan et la disposition des appartements. Les maisons de Pompéi présentent une telle uniformité de style qu’on serait tenté de croire qu’elles ont été élevées et décorées sous la direction d’un artiste unique.

Les principales divisions consacrées par l’usage se retrouvent partout, et la différence de fortune se traduit par le luxe ou la beauté de la décoration, sans influer d’une manière notable sur la distribution du logis.

En parcourant la maison de Pansa (fig. 668), nous avons une idée très nette de l’habitation d’un riche Romain, en tenant compte, bien entendu, de la variété qu’apporte toujours le goût particulier de chaque individu. L’architecture de cette maison, ses peintures, ses ornements, tout indique que celui qui l’habitait était un des premiers de la, ville, condition indispensable pour étudier l’architecture privée sous un point de vue artistique.

La maison de Pansa occupe une île entière, insula, qui forme un rectangle circonscrit par quatre rues. La façade où se trouve la porte d’entrée qui donne sur la rue des Thermes présente six boutiques ; deux autres côtés de la maison en sont également garnis. Dans un grand nombre de maisons de Pompéi, le rez-de-chaussée, à l’extérieur, est occupé par des boutiques, mais elles n’ont, la plupart du temps, aucune communication avec le logis du maître et servaient seulement aux locataires qui y faisaient leur commerce. Il a y a également des appartements qui se louaient et ne communiquaient pas avec l’intérieur. L’île était donc à la fois une maison de rapport et une maison d’habitation.

Il y a pourtant, dans la maison de Pansa, une boutique qui communique avec le logis du maître. Cela tient sans doute à un usage très commun dans l’antiquité : le propriétaire gardait un endroit pour faire débiter l’huile et le vin qu’il avait récoltés dans ses domaines.

L’entrée principale de la maison était haute et assez étroite ; elle était décorée de deux pilastres avec des chapiteaux de fantaisie. Chez les anciens Romains, les portes étaient généralement en bois de chêne, à deux battants et ornées de gros clous à tête dorée ; elles avaient ordinairement un marteau, s’ouvraient en dedans et se fermaient au moyen de verrous perpendiculaires qui entraient dans des œillets creusés dans le seuil. L’entrée donne sur un corridor qui nous conduit à l’atrium. C’est là qu’on recevait les clients et les étrangers et qu’on plaçait les images des ancêtres. Le portique de cet atrium appartient au genre qu’on appelle atrium toscan, c’est-à-dire qu’il n’est point soutenu par des colonnes, mais par des poutres scellées à leurs extrémités dans le mur de la maison et portant les toits en appentis ; les eaux pluviales s’écoulaient dans un bassin ou impluvium, placé au centre de la partie découverte et marqué 4 sur le plan.

Au fond de l’atrium est le tablinum (2 du plan), qui, dans la maison de Pansa, est pavé en mosaïque blanche avec filets noirs. Le tablinum, où l’on conservait les archives de la famille, séparait l’atrium de l’appartement intime réservé exclusivement à la famille. ‘Le péristyle de la maison de Pansa est une cour entourée d’un portique soutenu par seize colonnes, au milieu de laquelle est un bassin. On voit sur la figure 668 l’emplacement de ce péristyle, qui est marqué 5 sur le plan.

Les pièces de l’appartement sont disposées autour du péristyle, auquel on arrivait par deux marches placées au fond du tablinum. Les pièces principales étaient l’œcus et l’exèdre, placées au fond du péristyle ; elles répondaient à notre salon. C’est là que la maîtresse de la maison recevait ses visites. A droite était le triclinium ou salle à manger, près de laquelle se trouvaient la cuisine et l’office, avec une petite porte dérobée destinée au service. Les pièces à gauche étaient les chambres à coucher ; il y avait aussi, au rez-de-chaussée, un cabinet de travail et derrière la maison un jardin.

La maison de Salluste (autrefois désignée sous le nom de maison d’Actéon) est une des plus élégantes maisons de Pompéi. Elle donne sur trois rues et est entourée de boutiques et de tavernes ; l’une de ces boutiques communiquait avec l’appartement du maître de la maison qui y faisait probablement la vente des denrées de ses terres. Au fond, il y a un jardin avec un triclinium d’été et une fontaine. Ce jardin est très étroit, et il se contourne dans l’angle indiqué en haut et à gauche du plan (fig. 669).

Le triclinium d’été est le petit bâtiment qui occupe juste l’angle.

L’atrium, qui occupe le milieu de la maison, comme l’indique le plan, est un des mieux conservés de Pompéi. Le bassin placé au centre était décoré d’un groupe célèbre, maintenant au musée de Palerme et représentant Hercule atteignant à la course la biche aux pieds à airain. Ce groupe de bronze était une fontaine, et l’eau partant des naseaux de la biche tombait dans une conque de marbra grec. On trouvera à droite du plan la partie la plus curieuse de l’habitation, un petit appartement complètement séparé qu’on désigne sous le nom de venereum ; c’est un réduit voluptueux comprenant deux chambres à coucher, un triclinium et une petite cuisine. Il prend son jour sur un portique à colonnes octogones peintes en rouge et est décoré de peintures représentant l’enlèvement d’Europe, Phryxus et Hellé, Mars, Vénus et Cupidon, Diane et Actéon. Le corps d’une femme couverte de bijoux, qui était probablement la dame du lieu, a été trouvé près de là ; elle avait avec elle de l’argent monnayé et un miroir en argent.

La maison de Diomède. — Cette maison, quelquefois qualifiée de villa, parce qu’elle est située dans le faubourg, était la plus rapprochée du Vésuve et pourrait bien avoir été détruite la première (fig. 670.)

La villa de Diomède, dit le Guide en Italie, est une des plus vastes habitations de Pompéi ; elle offre un rare exemple d’une maison à trois étages non superposés, mais à différents niveaux, sur la déclivité de la colline. C’est un spécimen unique de villa suburbaine. On arrive à la porte d’entrée par 7 marches flanquées de 2 colonnes, et on entre dans un péristyle, sorte de cloître soutenu par 14 colonnes revêtues de stuc -et ayant un impluvium qui alimentait une citerne. A gauche, une antichambre, avec une sorte de cabinet pour l’esclave de service, mène à une chambre à coucher elliptique à alcôve. On y a trouvé des anneaux qui probablement soutenaient les rideaux. Les fenêtres du mur circulaire donnaient sur un jardin et étaient éclairées par le soleil depuis son lever jusqu’à son coucher. Dans l’angle formé entre le portique et la façade sont diverses salles destinées aux bains froids et aux bains de vapeur, introduits par le luxe dans les demeures des riches. Ces pièces et toutes les autres distribuées autour du péristyle sont remarquables par leur petitesse et un certain nombre par leurs élégantes décorations. A l’extrémité est un jardin entouré de portiques et ayant une piscine avec un jet d’eau et une treille. Sous les portiques s’étendaient des celliers dans lesquels on peut voir encore des amphoreson y a trouvé les restes du vin desséché par le tempsrangées et à moitié ensevelies sous les cendres. On suppose que l’on rentrait la vendange lors de l’éruption. C’est dans ces celliers que l’on trouva, près de la porte, les squelettes de 18 personnes qui y cherchèrent un refuge et y furent probablement suffoquées.

La maison du poète tragique est une de celles dont la découverte (1824-1826) a causé le plus de sensation dans le monde savant. Le nom qu’elle porte vient d’une des peintures qui la décorent et qui représente un homme occupé à lire un rouleau ; mais, d’après la quantité de bagues et de bracelets qu’on y a trouvés, on croit que le propriétaire devait plutôt être un bijoutier. En tout cas, c’était un homme de goût ; les peintures qui décoraient la maison, et qui ont été portées pour la plupart au musée du Naples, en sont la preuve. A l’entrée du vestibule était la fameuse mosaïque représentant un chien enchaîné avec l’inscription : cave canem. L’intérieur contenait une mosaïque curieuse représentant un chorège instruisant ses acteurs et plusieurs peintures sur des sujets historiques et mythologiques : Achille livrant Briséis, le sacrifice d’Iphigénie, Léda et Tyndare, Junon et Thétis devant Jupiter, etc.

La figure 671 montre la maison du poète après les fouilles qui y ont été exécutées. Cette maison était, au point de vue de la décoration, une des plus jolies de Pompéi. Dans la pièce qui paraît avoir servi de chambre à coucher, nous voyons la muraille disposée en trois panneaux que séparent d’élégantes scénographies (fig. 672). Le panneau central renferme un sujet, tandis qu’un enfant ailé, tenant des attributs, voltige au mi-lieu des panneaux latéraux. Le combat des Grecs et des Amazones se déroule dans la frise placée au-dessus et la décoration se termine en haut par de petits panneaux d’une teinte uniforme que réveille une délicate ornementation.

La maison du questeur était appelée autrefois la maison des Dioscures, à cause d’une peinture représentant Castor et Pollux. Elle était habitée par un homme opulent qu’on suppose avoir été un fonctionnaire public, d’où est venu le surnom qu’elle porte actuellement. Cette supposition repose sur la découverte de deux grands coffres-forts doublés en bronze où l’on pense qu’il déposait l’argent venant de l’impôt. Ces coffres avaient été déjà fouillés par le propriétaire, qui venu probablement après l’éruption et ayant la connaissance exacte de l’endroit où était le trésor, avait percé la muraille tout près de ses coffres.

Cette maison présente une disposition toute particulière ; elle est composée de deux corps d’habitation complètement séparés par un péristyle unique. Le plan (fig. 673) montre en effet deux entrées, et celle qui est en bas, à droite, conduit à un logis plus modeste que celui dans lequel on entre par la porte de gauche. Ces deux entrées conduisent chacune à un atrium particulier, mais le grand péristyle qui les sépare paraît avoir été commun aux deux logis. L’atrium du côté gauche est beaucoup plus vaste que l’autre, et son tablinum était ouvert sur un jardin ou xyste qui manque à la maison placée à droite. En revanche, celle-ci est pourvue d’écuries et de remises, ce qui n’est pas très commun à Pompéi ; elles sont placées à l’angle supérieur du plan à droite (fig. 673).

Les deux corps de bâtiment sont remarquables par les peintures qui les décoraient. Dans le bâtiment de droite était une Vénus céleste vêtue d’une longue robe bleue étoilée, un Méléagre partant pour la chasse, un poète lisant des vers à une jeune femme, le héros près d’un cheval, qu’on a reconnu pour un des Dioscures et qui a fait donner à la maison le premier nom sous lequel elle a été désignée. On y voyait aussi de petites scènes d’un caractère tout à fait intime, par exemple, le pigeon tirant un épi d’une corbeille, des corbeilles de fruits, etc.

Parmi les peintures qui décoraient l’autre bâtiment, il y avait aussi plusieurs sujets mythologiques, des Muses, un Ganymède, Thétis plongeant Achille dans les eaux du Styx, Médée s’apprêtant à tuer ses enfants, etc.

La maison du Faune est une des plus grandes de Pompéi ; son nom vient d’une charmante statue en bronze représentant un faune dansant, qui est maintenant une des perles du musée de Naples. La quantité d’amphores qu’on y a trouvées et les emblèmes bachiques qui la décorent ont fait penser que cette maison devait avoir appartenu à un marchand de vin, mais ce marchand de vin était un homme opulent et un grand amateur de beaux-arts, car c’est chez lui qu’on a trouvé les plus belles mosaïques de Pompéi.

La figure 674 donne le plan de la maison du Faune, qui formait une île entière comprise dans un rectangle. Il y avait deux entrées, A et B, sur la rue de la Fortune. L’entrée A conduit à l’atrium toscan C, et l’entrée B à l’atrium D, qui est plus petit que l’autre. Ces deux atriums communiquaient ensemble. Un corridor partant de l’atrium à conduit au jardin à sans passer par le péristyle E, qui se trouve ainsi isolé des pièces de service situées à droite du corridor. L’exèdre F se trouve ainsi placé entre le péristyle (fig. 675) et le jardin.

La maison des Néréides était en voie de réparations lorsque l’éruption a éclaté. Le vestibule, qui se trouve en haut et à droite du plan, conduit à un atrium toscan, au fond duquel est le tablinum. Trois petites pièces donnent sur l’atrium, qui est en communication directe avec le péristyle placé en dessous sur le plan. Ce péristyle, un des plus beaux et des plus vastes qu’on ait découverts à Pompéi, était décoré de 24 colonnes et accompagné d’un accus également décoré de 12 colonnes. Deux tricliniums ayant accès, l’un sur l’angle de l’atrium (en haut du plan), l’autre sur l’angle du péristyle (en bas du plan), étaient séparés l’un de l’autre par plusieurs chambres de service, reliées entre elles par un long corridor (fig. 676).

La maison des Néréides présente une particularité architecturale que le Guide en Italie signale en ces termes : Les colonnes à chapiteaux dans le style corinthien étaient surmontées d’une galerie à laquelle on arrivait par un escalier. Au lieu de porter directement l’architrave, elles donnent naissance à des commencements d’arcade. C’est une sorte de transition à l’emploi de l’arcade pleine, à laquelle les architectes avaient été conduits par le besoin d’élargir les entrecolonnements.

Suivant un procédé assez barbare qu’on a longtemps employé, quand on avait découvert une maison nouvelle à Pompéi, on la remplissait de terre, pour avoir le plaisir de la découvrir de nouveau en présence d’un auguste personnage voyageant en Italie, et on donnait alors à la maison le nom de ce personnage. C’est ce qui est arrivé pour la maison dite de l’empereur Joseph II (fig. 677).

Cette maison a été recouverte par les remblais aussitôt après la visite de l’auguste personnage en 1767. On a eu pourtant le temps d’en dessiner un plan qui n’a pas été suffisamment étudié et qui présente à cause de cela quelques obscurités. Nous le reproduisons néanmoins, parce que cette maison offre d’assez notables différences avec celles que nous avons vues jusqu’à présent. L’entrée (au bas du plan) nous mène à l’atrium dont la disposition n’offre rien de particulier. Mais au lieu de rencontrer ensuite le péristyle, on s’est trouvé en face de deux terrasses en retraite l’une sur l’autre et contenant toutes deux de vastes appartements à demi souterrains. On suppose que le plus élevé contenait un appartement d’été, pour lequel on avait ainsi ménagé la fraîcheur, tandis que l’autre était consacré à des bains. On a en effet reconnu l’hypocauste au bas d’un escalier, ainsi que des baignoires dans des salles éclairées par des soupiraux.