LA VIE PRIVÉE DES ANCIENS

TOME II — LA FAMILLE DANS L’ANTIQUITÉ

LE VÊTEMENT. — II. - LA DRAPERIE

 

 

LES VÊTEMENTS SANS COUTURES. - LA CHLAMYDE. - LE PALLIUM. - LE PÉPLOS. - LE VOILE.

 

LES VÊTEMENTS SANS COUTURES. — On entend par draperie un tissu sans couture, et qui se porte tel qu’il sort de la fabrique, sans être découpé par un tailleur, ou modifié dans son plan suivant la mode d’un pays ou d’un temps. Un voile ou une couverture peuvent être portés comme vêtement, mais ils peuvent aussi servir à d’autres usages. Si au contraire nous prenons un pantalon, une jaquette ou une robe, nous voyons que le tissu qui les compose a été coupé et cousu en vue d’un usage déterminé. Ce sont donc des vêtements et non des draperies ; ces vêtements se transforment sans casse en subissant tous les caprices de la mode. L’étude de ces variations constitue l’histoire du vêtement dont la draperie peut faire partie, comme elle en peut aussi être absente. Or la grande différence qui existe entre le vêtement des peuples anciens et celui des peuples modernes, c’est que chez les premiers la draperie constitue la partie principale des vêtements de dessus, tandis que chez nous elle n’entre pour presque rien dans le costume. A l’exception du manteau arabe et du plaid écossais, les derniers héritiers du vêtement antique, la draperie ne se montre nulle part chez les peuples modernes.

Il en résulte une impression assez singulière qu’on éprouve lorsqu’on parcourt un musée. Si c’est un musée de statues ou d’ouvrages antiques, on est frappé tout d’abord par l’allure presque uniforme des vêtements. Pendant les mille ans qui se sont écoulés de Pisistrate à Constantin, il semble que la mode n’ait pas exercé son empire ordinaire, et qu’on se soit vêtu par tradition sans laisser aucune place à la fantaisie. C’est le contraire qui arrive si l’on examine des tableaux ayant trait à l’histoire moderne ; la diversité est telle, qu’il semble que chaque génération ait pris à tâche de se vêtir autrement que la précédente.

Cette impression de monotonie qui saisit presque toujours quand on entre dans une galerie de statues disparaît pourtant quand on examine en détail l’agencement des draperies antiques. Sans parler du vêtement de dessous qui présente un véritable costume et varie d’un peuple à l’autre, quelquefois même d’une ville à l’autre, on s’aperçoit bientôt que la draperie qui recouvre à peu près uniformément toutes les figures vêtues présente des différences assez notables qui proviennent ; il est vrai, non de la coupe, mais de l’ajustement. Il nous semble donc utile pour étudier le vêtement antique d’établir au début des grandes divisions, l’une consacrée à la draperie, qui est commune à toute l’antiquité, l’autre au costume proprement dit, qui varie d’un peuple à l’autre.

La draperie, telle qu’elle sortait de chez le fabricant, était de forme carrée ou plutôt rectangulaire. Elle présentait un aspect particulier et portait un nom différent selon la manière dont elle était ajustée. Les auteurs anciens sont très prodigues de noms appliqués au costume et ces noms se rapportent tantôt à une partie du vêtement, tantôt à une manière de le porter, ce qui jette une grande confusion sur un sujet qui au fond est assez simple. Le personnage représenté figure 322 tient en main une draperie à laquelle on ne saurait donner aucun nom particulier, puisqu’il n’est pas vêtu ; c’est donc simplement une draperie. Ce personnage est un fils de Niobé qui a saisi sa draperie pour échapper aux flèches d’Apollon : il la ramène donc au-dessus de sa tête pour s’en servir comme d’un bouclier. On ne doit donc en aucune façon chercher ici l’attitude d’un homme qui se disposerait à s’envelopper de son manteau dans l’intention de s’en vêtir.

Cette même draperie, si on voulait s’en servir comme vêtement, pourrait s’ajuster au corps de différentes manières qui ont toutes un nom particulier dans les auteurs. Si on la jette autour de son corps pour s’en envelopper, mais sans la fixer dans un point déterminé, ce sera un pallium ; si, pour s’en couvrir, on en lie les deux coins sur son cou à l’aide d’une agrafe, ou par tout autre moyen, ce sera une chlamyde. Enfin si une femme la prend et veut en faire une robe au moyen de plusieurs agrafes sur les épaules et d’une ceinture qui la rattache au corps, ce sera un péplos. Il y a encore bien d’autres manières de la porter, mais elles se rapportent toutes aux trois types essentiels que nous venons de nommer et que nous allons maintenant étudier séparément.

 

LA CHLAMYDE. — C’est par le pallium qu’il faudrait logiquement commencer l’étude des draperies, puisqu’il se suffit à lui-même et ne demande pas l’emploi de broches ou d’agrafes. Mais, comme la chlamyde est le vêtement le plus simple, et celui qui comporte le moins de variété dans la manière de le porter, nous en parlerons en premier. La chlamyde consistait en une étoffe carrée ou rectangulaire, que l’on posait sur les épaules en la fixant autour du cou à l’aide d’une broche ou d’une agrafe et qui retombait ensuite librement sur le corps.

La figure 323, d’après une peinture de vase, représente un jeune homme qui va partir pour la guerre et auquel on offre un breuvage. Ce jeune homme porte la chlamyde ; elle est fixée à son cou par une broche placée en haut de la poitrine et pend sur les deux côtés du corps en enfermant le dos et en laissant la poitrine découverte. Cette manière de porter la chlamyde implique dans la draperie une forme rectangulaire : la partie longue du rectangle étant placée horizontalement, et non de haut en bas, la broche placée sur le cou ne réunit pas les coins de la draperie, qui pendent tous les quatre en pointes, dont deux descendent à mi-corps et deux tombent jusqu’en bas. Cette manière d’ajuster la draperie est extrêmement gracieuse et on la voit assez fréquemment représentée sur les peintures des vases.

Dans les statues, la chlamyde présente un aspect assez différent qui tient à la forme même de la draperie, et à la manière dont elle est agrafée pour se maintenir sur le corps. En effet, si, au lieu d’être fixée sur le bord de la draperie, la broche en réunissait les deux coins, comme on le voit sur la figure 324, il n’y aurait plus que deux angles pendants, les deux autres se trouvant fixés sur l’épaule, autre manière de porter la chlamyde. Seulement cette seconde manière d’employer la chlamyde ne peut être employée que si la draperie est de forme carrée au lieu d’être rectangulaire, et elle doit également être de dimension plus restreinte.

Il y avait naturellement des draperies de toutes les grandeurs, et la chlamyde changeait d’apparence suivant l’endroit où la broche était placée sur l’étoffe. Cette broche apparaît indifféremment sur le cou ou sur l’épaule droite, de sorte que c’est tantôt le devant, tantôt le côté droit du corps qui se trouve à découvert, mais ce n’est jamais le côté gauche.

Il faut encore observer que la broche qui fixe la chlamyde n’est jamais placée par derrière, car la draperie retombant alors par devant aurait gêné la marche.

On rencontre dans nos musées des figures dont l’unique vêtement est une petite draperie fixée sur l’épaule et qui est ensuite rejetée en arrière, en laissant le corps absolument nu.

La figure 325, qui représente Ganymède ou Pâris, nous en offre un exemple. Le jeune berger s’appuie contre un arbre, et pour jouir davantage de la fraîcheur, il s’est débarrassé de sa chlamyde et l’a rejetée en arrière, sans pourtant déranger l’agrafe qui la fixait à l’épaule.

Nous avons vu que la chlamyde pouvait être une simple pièce d’étoffe carrée ou rectangulaire fixée sur l’épaule à l’aide d’une agrafe. Elle pouvait aussi être formée d’un rectangle de chaque tété duquel on ajoutait une banale d’étoffe de forme triangulaire, comme on le voit sur les figures 326 et 327. Suivant quelques antiquaires, celte addition était même nécessaire pour motiver les plis tombant en pointe que nous voyons si fréquemment sur les figures de vases. Il est même très probable qu’on en portait indifféremment de l’une ou l’autre façon, mais, avec ou sans coutures, la chlamyde se plaçait toujours de la façon que nous avons indiquée.

La chlamyde est un vêtement originaire de Thessalie, le pays de la Grèce où il y avait le plus de cavaliers. Il fut promptement adopté par plusieurs peuples grecs, et nous aurons occasion d’en reparler à propos de la cavalerie. Mais la véritable chlamyde thessalienne est extrêmement petite, et lorsque les cavaliers la portaient, elle flottait au vent comme nous le voyons dans la grande cavalcade du Parthénon. Le nom de chlamyde s’est étendu par extension à toutes les draperies qui se fixaient par une agrafe, mais les vêtements du même genre portent différents noms chez les auteurs anciens ; la chloené, l’amiculum, etc., sont des manteaux qui, s’ils ne sont pas identiques à la chlamyde, partent pourtant du même principe, et se fixent à l’épaule de la même manière. Ainsi le paludamentum que portaient les empereurs romains est un vêtement de ce genre.

 

LE PALLIUM. — Nous avons dit que le pallium était une draperie rectangulaire dont on s’enveloppait le corps sans avoir besoin de Io fixer par aucune agrafe. La figure 328, tirée d’un des bas-reliefs de la cella du Parthénon, nous en offre un exemple. Voici maintenant comment ce personnage s’y est pris pour ajuster en vêtement la draperie que nous lui voyons. Comme elle est aussi haute que lui, elle traînerait par terre, s’il ne commençait par plier le haut du rectangle, afin d’en diminuer la longueur. C’est pour cela que sur la figure nous voyons que la draperie est double jusqu’à la hanche, tandis qu’elle est simple de la hanche aux pieds. Il prend ensuite un coin de la draperie qu’il pose sur l’épaule gauche, ramène le tout par devant, fait passer l’étoffe par derrière et la ramène par-dessus l’épaule gauche, de façon que le pan retombe en avant tout le long du corps. Tout le poids de la draperie se trouve ainsi du côté gauche, tandis que l’épaule droite reste nue et absolument libre.

Si au lieu de poser d’abord la draperie sur l’épaule, il la plaçait simplement sur l’avant-bras gauche, en faisant pour tout le reste le même mouvement, il obtiendrait la figure 329, qui présente d’ailleurs de grands rapports avec la précédente. On peut même supposer que cette draperie a été posée tout à fait de la même manière que l’autre, mais que le coin, primitivement posé sur l’épaule, aura glissé sur l’avant-bras.

Dans la figure 323, que nous avons vue plus haut, il y a un vieillard qui est probablement le père du jeune homme portant la chlamyde. Il est vêtu exactement comme les deux personnages de la frise du Parthénon que nous venons d’examiner et porte le pallium de la même manière ; mais, en s’appuyant sur sa longue canne, son manteau a glissé, en sorte que l’on voit plus de parties nues que dans les figures précédentes. Au reste il y a, dans la frise du Parthénon, un personnage vieux égaiement, et dont le pallium ne paraît soutenu que par la poignée de la canne qui vient s’appliquer sous l’aisselle.

Si quelques monuments montrent des hommes portant le pallium directement sur la peau, il y en a beaucoup d’autres dans lesquels ce vêtement de dessus est chargé de recouvrir le chiton ou vêtement de dessous : c’était même la manière la plus ordinaire de le porter.

La figure 330, d’après la statue du musée de Naples qu’on désigne sous le nom d’Aristide, nous montre une manière particulière de porter le pallium. Quand on le portait ainsi, on ne se servait pas davantage de broche, mais, au lieu de placer sur son dos le milieu de la couverture, on lui donnait à droite une plus grande longueur, afin qu’il fût possible de la rejeter jusque par-dessus l’épaule opposée ; le bras droit était plié à peu près à angle droit, et n’avait de dégagé que la main, qu’on devait maintenir à la hauteur de la poitrine. L’ajustement du pallium dans cette manière présentait une assez grande difficulté, et lorsqu’il produisait de grands et beaux plis on considérait cela comme une marque de distinction, tandis que, s’il était mal posé, cela était un signe de gaucherie et de vulgarité. Pour le bien porter, il fallait prendre la partie supérieure du vêtement et la rejeter par-dessus l’épaule gauche, nais on n’obtenait pas toujours du premier coup la dignité d’allure que nous voyons ici. L’attitude de la figure 330 est celle d’un orateur parlant à l’agora : elle est pleine de dignité, mais un peu froide. C’est sans doute ce qu’a pensé Démosthène, qui, voulant donner plus de chaleur à son discours, préférait laisser le bras droit nu, ce qui nous ramenait à peu de chose près aux figures que nous avons vues précédemment.

Les femmes portaient des vêtements de dessus qui ne diffèrent pas essentiellement de ceux que nous venons de voir aux hommes, bien que les archéologues leur donnent souvent des noms différents.

Les figures 331 et 332 nous montrent des manteaux de femmes enveloppant tout le corps sans le secours d’aucune agrafe et ne différant pas beaucoup du pallium. Toutes deux sont prises dans des peintures de vases et elles portent le même ajustement, seulement l’une est en repos, tandis que l’autre accuse un mouvement de marche assez accentué. Le vêtement de dessous apparaît sur le bras droit qui est demeuré libre et sur le bas du corps où il redescend jusqu’aux pieds. Le bras gauche est complètement enveloppé sous la draperie qui retombe en larges plis.

Quelquefois aussi les deux bras sont complètement cachés sous la draperie, qui est ramenée sur la tête comme un voile. La figure 333 nous offre un exemple de cette manière de porter la draperie, dont tous les plis sont motivés, comme on peut le voir, par le mouvement des bras. Le personnage représente Alceste qu’Hercule ramène à son époux après avoir vaincu la !mort qui l’avait emportée. Elle a la tête enveloppée dans son manteau dont elle ramène les deux côtés qui retombent en plis par devant.

Dans d’autres monuments on voit les plis retomber sur les côtés ou bien par derrière. Voici, par exemple (fig. 334), une petite terre cuite de Tanagra, où la femme porte également le manteau sur la tête, mais le pan de la draperie a été rejeté par derrière comme le montrent les plis dessinés sur le cou. Cette femme a la main gauche complètement dégagée, et porte en arrière sa main droite, qui est probablement enveloppée par la draperie. Un autre monument du même genre (fig. 335) montre une femme dont les deux mains sont complètement cachées sous l’ample manteau dont elle est enveloppée, bien que leur place soit très nettement déterminée par le mouvement qu’elles impriment à la draperie qui les recouvre. Notons, en passant, que cette draperie retombe jusqu’au bas du corps, tandis que la précédente ne descendait pas plus bas que le genou, ce qui prouve que les vêtements de dessus pouvaient être d’une grandeur très différente. Le vêtement de dessus, bien que sa forme soit des plus simples, puisqu’il consiste en une pièce d’étoffe carrée ou rectangulaire, présente une très grande variété, suivant la manière dont on veut le porter.

Que ferait maintenant cette femme si elle voulait prendre en main un fardeau, comme le montre la figure 336. Après avoir dégagé son bras droit, elle ferait passer le pan de la draperie par-dessous ce bras devenu libre, et, pour l’empêcher de traîner, le rejetterait sur l’avant-bras gauche. La figure que nous reproduisons est tirée d’un bas-relief antique représentant Rhéa, qui présente à Saturne une pierre emmaillotée, que le dieu avale aussitôt croyant avaler Jupiter.

Une terre cuite de Tanagra nous montre une femme assise et complètement enveloppée dans son manteau. L’ample draperie qui la recouvre n’est retenue par aucune agrafe. En effet, les draperies grecques ne diffèrent pas par la forme ; mais simplement par la manière dont elles sont portées. C’est ce que nous allons voir en parlant du péplos, qui n’est qu’une draperie comme celle que nous venons de voir, mais qui, au lieu d’être jetée autour du corps comme nos châles, s’attache avec des agrafes.

 

LE PÉPLOS. — Le péplos est une draperie sans couture qui s’ajuste au moyen d’agrafes ou de broches et qui peut être serrée autour du corps à l’aide d’une ou deux ceintures. Quelquefois aussi il n’y a pas de ceinture du tout, comme dans la figure 337, où, le péplos étant livré à lui-même et tombant sans interruption du haut en bas, présente une disposition très aisée à comprendre. C’est une grande pièce de étoffe qui enveloppe entièrement le corps du côté gauche et dont les deux parties, en se rejoignant sur le côté droit, forment les grands plis qui de l’épaule redescendent jusqu’aux pieds. Des agrafes les relient en différents points. Cette manière de porter le péplos se voit assez souvent sur les peintures de vases, mais un la trouve beaucoup plus rarement sur les statues et les bas-reliefs, dans lesquels on voit généralement une ou deux ceintures rattachant le vêtement autour du corps. L’usage de la double ceinture est extrêmement ancien, car on la voit représentée sur les monuments de la période archaïque. Quand les deux ceintures sont employées, la première a pour mission de fixer le vêtement autour de la taille, et la seconde remédie à la trop grande longueur de l’étoffe, qui sans ce secours traînerait souvent à terre. Le redoublement de cette étoffe produit à l’aide de ces cordons ces sortes de secondes jupes que l’on voit fréquemment sur les statues antiques.

La figure 338 va nous faire comprendre le vêtement de dessus des femmes grecques. Le plan nous montre que sa forme générale est carrée ou plutôt rectangulaire ; mais il n’est pas toujours aisé de comprendre comment cette pièce d’étoffe produisait les plis que nous voyons dans les statues. Avant de s’en servir, il fallait la plier d’une manière particulière. — D’abord on pliait par le haut la pièce entière A B C à en ligne E F, ce qui la réduit au parallélogramme E F C D, la ligne A B coïncidant par derrière avec la ligne G H sur le devant. Ensuite on la pliait en deux par le milieu, suivant la ligne I K L, et l’on amenait le côté F C à coïncider avec le côté opposé E D, la portion de l’étoffe dont on avait fait un repli restant en dehors, de sorte que le tout se trouvait enfin réduit à la figure E D L I, qui est double et entièrement fermée d’un côté I à L, tandis qu’elle est ouverte de l’autre E G D. Alors voici comment on mettait la palla : la personne qui voulait s’en revêtir séparait les deux côtés, qui avaient été ramenés l’un contre l’autre en E G D, de manière à être exactement au milieu du carré E D L I dans la figure 1, e d L N dans la figure 2. Elle attachait alors l’un à l’autre le devant et le derrière de la palla par une broché, au-dessus de l’épaule gauche en N, passant le bras à travers l’ouverture marquée N I dans la figure 1 et N i dans la ligure 2 (drapée). Une autre broche était ensuite attachée de la même manière sur l’épaule droite, en M comme est en train de le faire la figure 339 et 340, de sorte que la partie comprise entre M et N fournit une ouverture par le cou et celle entre M E de la figure 1 (M e de la figure 2) un passage pour le bras droit, analogue à celui qui laissait de l’autre côté passer le bras gauche. Les coins E G et I K de la figure 1, e i de la figure 2, retomberont dans le sens qu’indiquent les lignes ponctuées, et occuperont les points E G I K de la figure 2 (drapée). La palla est donc une draperie flottante, que l’on ajuste sur soi en s’en enveloppant.

Les figures 341 et 342 montrent un vêtement analogue au précédent, mais la femme porte une ceinture qui se trouve marquée par la partie draperie rabattue en avant, et qu’on devine seulement par les plis qu’elle forme en dessous.

Les figures que nous venons de voir reproduisent des statuettes en bronze, découvertes à Portici au milieu du XVIIIe siècle. On les avait d’abord appelées canéphores, et depuis on leur a donné le nom de danseuses : quelle que soit l’appellation sous laquelle on les désigne, elles sont extrêmement intéressantes, au point de vue du vêtement, qu’elles montrent plus clairement que la plupart des autres statues antiques.

 

LE VOILE. — Les femmes en Grèce ne portaient pas de chapeaux, mais elles avaient souvent un voile nommé calyptra, qu’elles ramenaient sur leur visage quand elles ne voulaient pas être vues. Ce mouvement, qui est presque toujours dirigé par un sentiment de pudeur, est très visible sur la figure 343 qui représente Pénélope. Ce voile était généralement d’un tissu transparent et extrêmement léger, lorsqu’il devait, comme dans le cas présent, recouvrir entièrement le visage.

Mais le plus souvent les femmes, lorsqu’elles sortaient, mettaient simplement leur voile au-dessus de la tête pour se garantir du vent ou du soleil. Nous avons vu déjà que les femmes ramenaient quelquefois leur manteau sur leur tête. Le voile s’employait aussi pour cet usage.