LA VIE CHÈRE ET LE MOUVEMENT SOCIAL SOUS LA TERREUR

DEUXIÈME PARTIE. — LES ENRAGÉS ET LA VIE CHÈRE

 

CHAPITRE VI. — LES ENRAGÉS ET LES TROUBLES DU SAVON

(Juin 1793).

 

 

JACQUES ROUX ORGANISE LA RÉSISTANCE

Jacques Roux avait été blâmé par la Convention et désavoué à la barre par une partie des signataires de sa pétition. Il savait qu’il ne pouvait compter ni sur les Jacobins, qui avaient refusé de le suivre, ni sur la Commune, où Pache et Chaumette, à défaut du vacillant Hébert, marchaient à fond contre lui. Mais il était tenace et il avait la foi. Les tribunes l’avaient soutenu pendant qu’il lisait sa pétition. Il résolut de continuer la lutte.

La séance de la Convention n’était pas encore terminée que ses fidèles se rendaient aux Cordeliers pour les émouvoir. Les Cordeliers manifestèrent leur indignation qu’un des compagnons de Jacques Roux eût désavoué sou adresse.

« L’assemblée générale, dit leur procès-verbal[1], veut se transporter en masse à la Convention pour demander que le citoyen Jacques Roux lui soit rendu, mais, sur la proposition d’un membre, elle arrête que son comité de salut public sera autorisé à prendre connoissance des motifs qui ont donné lieu à l’arrestation du citoyen Jacques Roux pour lui en faire un rapport séance tenante et prendre ensuite les mesures que sa sagesse lui dictera. »

Jacques Roux, que la Convention n’avait pas osé arrêter, arriva sur ces entrefaites. Il reçut « les témoignages les plus flatteurs de l’amitié et de l’estime de ses concitoyens ». Il fit part des injures par lesquelles il avait été accueilli à la barre fie l’Assemblée. Puis il donna une nouvelle lecture de sa pétition, afin de bien faire constater qu’il n’avait rien changé a son texte, tel qu’il avait été approuvé par les deux sections des Gravilliers et de Bonne Nouvelle et par les Cordeliers. Le club, très nombreux, couvrit sa lecture d’applaudissements et « arrêta à l’unanimité que cette adresse était la même que celle que le citoyen Jacques Roux avait lue précédemment ». Il envoya quatre commissaires pour certifier la chose à la Convention. Il renouvela son adhésion aux principes de Jacques Roux et il déclara qu’il poursuivrait comme calomniateur l’individu qui avait menti à la barre.

Le lendemain, 26 juin, la campagne des Enragés s’élargit. Le comité de salut public du département de Paris, formé des meneurs du 3t mai, parut devant la Convention. Après avoir réclamé la mise hors la loi des députés girondins qui s’étaient soustraits par la fuite au décret d’accusation, il parla des subsistances dans les mêmes termes que Jacques Roux. Il fallait des lois contre les accapareurs ! Il fallait taxer tous les comestibles ! Les tribunes applaudirent à tout rompre.

Le même jour, la présidente de la Société des républicaines révolutionnaires, Claire Lacombe, appuyait indirectement la campagne des Enragés en dénonçant aux Jacobins les députés montagnards qui voulaient faire accorder à la Montansier, célèbre directrice de spectacle, une indemnité de 200.000 francs pour les dommages qu’elle avait éprouvés en Belgique, où elle avait transporté sa troupe quelque temps avant la trahison de Dumouriez. Claire Lacombe ne nommait pas les députés qu’elle visait, ou du moins les comptes rendus de son discours ne les nomment pas, mais chacun les connaissait. Il s’agissait de Danton et de Delacroix.

La séance de la Commune du 26 juin témoigna aussi de la force que gardait le parti de Jacques Roux. Chaumette, qui marchait alors avec Robespierre, après avoir lu l’article du Journal du soir sur la séance de la veille à la Convention, s’indigna que Jacques Roux ait osé critiquer la nouvelle  Constitution et qu’il ait accusé les législateurs « d’avoir favorisé dans cette Constitution les accapareurs ». Plusieurs membres, dit le Moniteur, appuyèrent Chaumette et « inculpèrent vivement les principes de l’abbé Jacques Roux ». Mais il faut croire que d’autres membres défendirent ce dernier, car la conclusion du débat ne fut pas celle qu’avait désirée Chaumette. Le conseil refusa de blâmer le chef des Enragés. « Il hésitait, dit Jaurès, a entrer en lutte violente contre un homme qui avait au centre même de Paris une place forte [la section des Gravilliers] et contre un système que le peuple applaudissait[2] ». Rien mieux, le conseil de la Commune nomma deux commissaires, sur la proposition de Chaumette, il est vrai, « pour presser auprès du comité d’agriculture de la Convention le rapport sur les moyens d’opérer la diminution des denrées ».

 

LES DÉSORDRES À PARIS.

Ii est visible que la Commune était préoccupée par les troubles économiques qui avaient éclaté, le jour même sur les ports de la Seine, à la Grenouillière, notamment, et au port Saint-Nicolas. Des blanchisseuses, aidées d’hommes du peuple, avaient déchargé' des caisses de savon et s’étaient partagé la marchandise à un prix fixe par elles[3].

A la première nouvelle des désordres, la Commune avait adressé un appel à la population pour lui dénoncer les agitateurs qui s’entendaient, disait-elle, avec les brigands de la Vendée « pour empêcher l’approvisionnement de Paris, y faire naître la disette et par suite exciter la guerre civile ». L’appel menaçait de poursuites les commissaires de police qui mettraient de la mollesse à réprimer les délits. Les bons citoyens étaient invités à se rendre en armes à leurs corps de garde dès que le rappel serait battu, et à arrêter sans pitié tous ceux qui conseilleraient le pillage.

La proclamation de la Commune n’empêcha rien. Les désordres continuèrent le lendemain. La garde nationale mit une grande mollesse à intervenir. Beaucoup de gardes nationaux restèrent, chez eux. Les six chefs de légion et le commandant général eurent entre eux des explications assez vives en présence de la Commune assemblée. Hanriot se plaignit que ses ordres n’avaient pas été transmis. Les chefs de légion s’excusèrent sous le prétexte que l’ordre qui leur avait été donné de tenir trois réserves prêtes à agir ne portait pas d’heure fixe. Un membre de la Commune, qui n’est pas nommé, décrivit le pillage qui venait de recommencer à la Grenouillière : « Les commissaires ont fait tous leurs efforts pour l’empêcher, le maire a parlé pendant deux heures, il s’est décoré de son écharpe, il n’a pas été écouté davantage, il a même marché dans l’eau pour se porter partout et rétablir l’ordre, on a été obligé d'amadouer... » Cette expression d’amadouer souleva des protestations. « J’entends par ce mot qu’on a employé les voies de la douceur et de la persuasion. »

Alors Lubin[4], qui lui aussi avait assisté au pillage du savon, déclara qu’il n’était pas possible de douter que ses instigateurs voulaient « diffamer Paris pour insinuer que le rapport du décret sur la loi martiale[5] était impolitique ». « Pour commettre ces désordres, dit-il, ils ont eu l’infamie d’envoyer des femmes, sous prétexte qu’elles n’ont pas prêté serment[6]... Oui, ce n’est qu’en amadouant ces femmes que je suis-venu à bout de leur faire entendre raison, car il n’y avait pas alors une force armée suffisante ». Lubin ajoutait, d’ailleurs, que le pillage n’avait eu qu’une minime importance. On n’avait emporté, au port Saint-Nicolas, que vingt pains de savon, et c’étaient des hommes qui s’en étaient emparés.

Il ne fut pas question de Jacques Roux. Celui-ci fut-il pour quelque chose dans les désordres ? Lors des troubles du 25 février précédent, il avait pris hautement ses responsabilités. Il avait excité au pillage des épiciers et s’en était vanté en pleine séance de la Commune. Le 26 juin, on ne le voit nulle part. Bien mieux, les républicaines révolutionnaires qui le suivaient s’efforcent, à cette heure, d’empêcher le pillage du savon et de calmer les blanchisseuses[7]. Jacques Roux s’était-il rendu compte que les troubles ne pouvaient que compromettre sa cause ? La Convention avait promis une loi sur la taxation générale des comestibles. Il était maladroit de risquer de compromettre l’effet de cette promesse par une émeute prématurée.

D’ailleurs, les sections s’ébranlaient pour faire pression sur la Commune et sur la Convention. Ainsi celle de la Réunion discuta, le 24 juin, le problème des subsistances. Un membre ayant proposé de demander à la Convention d’envoyer dans les départements des commissaires « afin d’engager nos frères à ne point nous regarder comme des anthropophages, mais bien comme des citoyens qui veulent fraterniser avec eux », un autre sectionnaire combattit cette proposition et demanda, au contraire, des visites domiciliaires « et une fouille générale dans toute l’étendue de la République, et que ce soit fait partout le même jour et h, la même heure ». La discussion reprit le lendemain et l’idée d’une perquisition générale fut adoptée[8]. Le mouvement était profond. 33 sections s’étaient concertées au moyen de délégués pour élaborer un projet sur la taxation et sur les visites domiciliaires. Le 30 juin, les commissaires de ces 33 sections se réunirent à l’Evêché avec les autorités parisiennes. L’assemblée, après avoir entendu l’administrateur des subsistances de la ville, Garin, prit des résolutions qu’elle communiqua au ministre de l’intérieur Garat et au Comité de Salut Public. Malheureusement, ces délibérations ne nous sont connues que d’une façon indirecte, et il est difficile de dire jusqu’à quel point elles furent inspirées par les Enragés.

 

LA DISCUSSION DU MAXIMUM GÉNÉRAL À LA CONVENTION.

Les troubles eurent leur écho à la tribune de la Convention le 27 juin. Taillefer, Couthon, Levasseur (de la Sarthe), Guyomar, Genissieu, Thuriot, etc., tous les orateurs qui prirent la parole furent unanimes à attribuer les désordres a des contre-révolutionnaires déguisés qui voulaient empêcher la Constitution et exciter les départements contre Paris. La Convention invita le ministre de l’intérieur à prendre les mesures les plus promptes pour faire cesser le désordre et demanda un rapport au Comité de Sûreté générale. Certains membres comprirent cependant que la répression ne suffisait pas. Thuriot proposa de donner aux administrateurs le droit de fixer le maximum des denrées. Il fut applaudi et sa proposition renvoyée sur-le-champ au Comité de Salut public.

Dentzel se plaignit que le décret du Il avril, par lequel la vente du numéraire avait été interdite, restait sans exécution. « Hier soir, dit-il, à la rue Vivienne, j’ai vu des particuliers pousser un louis d’or jusqu’à 100 livres en assignats. Je demande que le ministre de l’intérieur rende compte de l’exécution du décret ». Là-dessus un membre non désigné demanda la fermeture de la Bourse : « C’est la Bourse qui est la cause de cet agiotage. Tous les jours il s’y rassemble des hommes sans domicile qui calculent sur les malheurs publics. Depuis que nous n’avons plus de relations de commerce avec l’étranger, la Bourse est inutile ». Séance tenante, la Convention ordonna la fermeture provisoire de la Bourse. Sur la motion de Delacroix le comité du commerce fut en outre chargé d’un rapport « sur les moyens d’empêcher ou de punir les rassemblements d’agioteurs dans quelque local qu’ils puissent choisir autre que celui de la Bourse ».

Ainsi la même Assemblée qui avait conspué Jacques Roux l’avant-veille réalisait peu à peu son programme.

Une députation de blanchisseuses vint se plaindre « de l’excessive cherté des denrées de première nécessité, particulièrement du savon, de la chandelle, de la soude... ». Les blanchisseuses furent admises aux honneurs de la séance et leur pétition renvoyée au comité du commerce. Sur ce, Mallarmé, qui, depuis un mois, menait une campagne parallèle à celle de Jacques Houx, profita de l’occasion pour reprendre son projet de maximum général : « Je prouverai, malgré les écrits de beaucoup d’économistes, que les denrées peuvent et doivent être fixées. » Après des observations de Billaud-Varenne et de Legendre, qui prétendirent que les désordres avaient été prémédités, la Convention fil une nouvelle concession aux Enragés. Elle décréta que son Comité de Salut public lui ferait, séance tenante, « un rapport sur la question de savoir s’il convient, dans les circonstances, d’autoriser provisoirement les administrations de département ou de district à fixer le maximum des comestibles et autres denrées de première nécessité. » Elle adjoignit Mallarmé au Comité de Salut public pour lui communiquer son projet de maximum général.

Garat vint ensuite faire le rapport qui lui avait été demandé. Il cita une lettre de Pache d’où il résultait que c’était depuis l’achèvement de la Constitution que les agitateurs s’étaient remis en campagne pour troubler la capitale.

Saint-André appuya les observations du ministre., mais Bentabole prétendit qu’on avait essayé de faire sortir de Paris les subsistances nécessaires à la population. Il réclama des mesures sévères contre les coupables et qu’on les traduisît au tribunal révolutionnaire comme conspirateurs. Il fut vivement applaudi.

Garat dut remonter è la tribune pour démentir les allégations de Bentabole. A l’en croire, on n’avait voulu faire sortir de Paris que du savon, et « le savon, dit-il, n’est pas une denrée de première nécessité ». Cette phrase malheureuse provoqua les murmures des tribunes. Garat passa ensuite au problème des subsistances. Il n’avait pas voulu se fier à ses propres lumières. Il avait convoqué en conférence le maire de Paris, plusieurs membres du département de Paris et du département de Seine-et-Oise. La conférence avait été presque unanime à penser que « le moyen le plus puissant, le plus sùr, de pourvoir aux subsistances d’une vaste république, c’était la liberté illimitée de la circulation du commerce des grains. Cette hostilité de principe a toute réglementation ne l’avait pas empêchée de convenir d’une autre vérité, « c’est que le rapport de la loi du 4 mai aurait des inconvénients plus grands encore. Ces inconvénients, c’était « la crainte d’une commotion plus funeste que toutes les autres ». La conférence s’était donc prononcée pour le maintien de la loi, à condition qu’elle fût améliorée sur trois points qu’avait désignés Lullier, procureur général syndic du département :

1° Le maximum des grains cesserait d’être variable de département à département, il deviendrait uniforme dans toute la France et serait calculé d’après le plus haut prix de revient ;

2° Le maximum s’étendrait aux farines comme aux grains ;

3° Les recensements prévus par la loi du 4 mai seraient rigoureusement exécutés.

Garat se défendit, en terminant, contre les attaques dont il avait été l’objet de la part des administrateurs des subsistances de la ville de Paris, qui l’avaient accusé de négligence. Il couvrait enfin ses chefs de bureau Guillaume et Champagneux[9].

Saint-André fit renvoyer au comité du commerce les trois amendements que Garat proposait à la loi du 4 mai. Il résultait clairement des débats que les troubles avaient sérieusement alarmé la Convention. Mallarmé et Bentabole, après Thuriot, l’avaient invitée à renforcer et h, généraliser le maximum. Chose remarquable, aucun orateur, même de ceux qui avaient dénoncé les manœuvres contre-révolutionnaires, n’avait nommé Jacques Roux.

 

JACQUES ROUX AUX CORDELIERS.

Si les Enragés avaient été assez maîtres de leurs troupes et d’eux-mêmes pour arrêter les désordres, peut-être auraient- ils obtenu de l’Assemblée de nouvelles concessions. Mais si Jacques Roux n’encourageait pas les troubles, il ne les désavouait pas non plus. Son âme vaniteuse était toute à ses rancunes. Le 27 juin au soir, il commit la faute de rouvrir la campagne contre la Convention, au moment où celle-ci faiblissait et s’apprêtait à capituler.

Il se rendit à la séance des Cordeliers où il fut reçu par des cris répétés de Vive Jacques Roux ! Vivent les Sans-Culottes ! Il prit la parole et il se déchaîna contre les députés montagnards : « Vos représentans, dit-il, m’ont fait boire à longs traits le calice d’amertume. Léonard Bourdon[10] lui-même m’a reproché que j’étois un prêtre mercenaire qui flattoit le peuple en l’égarant. Legendre a dit qu’il falloit me chasser. Collot d’IIerbois m’a assommé de ses réponses injurieuses. Tout étoit conjuré contre moi ou plutôt contre la liberté. Ceux qui m’avoient, accompagné à la barre de la Convention m’ont laissé seul et ont démenti l’adresse, quand j’ai dit que j’exprimois les vœux de la société des Cordeliers. Legendre m’a démenti en votre nom. Je connois, a-t-il dit, les principes de cette société ; l’orateur vous en impose. Il a mendié l’adhésion de plusieurs sections qu’il a égarées. Voilà la conduite de Legendre. Les papiers publics ont fait trop de récits de cette adresse pour qu’elle ne mérite pas toute l’attention de la société. Je crois avoir d’autant mieux parlé le langage du peuple que toutes les tribunes de la Convention retentissoient d’applaudissemens, tandis que la Montagne en feu grondoit et mugissoit de loin ».

« Ce discours, dit le Courrier français[11], fut comme l’étincelle électrique. Il a porté le feu de l’enthousiasme dans tous les cœurs. La société a adopté les principes de Jacques Roux, elle a arrêté l’affiche et l’envoi de son adresse a la Convention, aux sections et aux corps administratifs. Ce triomphe a de nouveau ranimé l’énergie de l’orateur, au sort duquel on paroissoit mettre tant d’intérêt : « Me reprochera-t- on d’être prêtre ? Avec cette assurance que donne la victoire, ceux qui me font un crime aujourd’hui de cette profession me regardoient naguère comme un Joad quand je me suis mis à la tête de la Révolution et que j’ai conquis le peuple à la liberté et la liberté au peuple ? »

Le cordelier Duret, le même qui, dans la séance du club du 22 juin, s’était indigné qu’on « n’eût fait que de l’eau claire dans les journées du 31 mai », proposa de porter une seconde fois l’adresse de Jacques Roux à la Convention et de blâmer la conduite de Legendre, qui était membre de la société. Sa proposition fut appuyée et applaudie. « Et moi, dit Leclerc [d’Oze], je demande que, sans un plus ample informé, Legendre soit rayé du tableau des Cordeliers. La dernière fois qu’il a paru à cette tribune, il ne nous a débité que des mots. Qu’avons-nous besoin d’autres preuves ? N’a-t- il pas dit ici qu’il n’adoptoit pas les principes de sang qu’on professoit dans celle société ? N’a-t-il pas déclaré qu’il ne pouvoit pas toujours adopter ouvertement nos principes ? N’a-t-il pas fait échouer les sages mesures que nous avons prises tant de fois pour exterminer nos ennemis ! C’est lui, avec Danton, qui, par leur coupable résistance, nous ont réduits au modérantisme dans les journées du 31 mai ! C’est Legendre et Danton qui se sont opposés aux moyens révolutionnaires que nous avions pris dans ces grands jours pour écraser tous les aristocrates de Paris ! C’est Legendre qui a paralysé nos bras, c’est Legendre aujourd’hui qui dément nos principes ! Je demande que, sans discussion, la société le chasse de son sein ! » Nouveaux et vifs applaudissements. On crie de toutes parts au président de mettre aux voix l’exclusion de Legendre. Mais le président est le jacobin Roussillon, qui craint que l’exclusion ne soit la rupture avec la Montagne. Il refuse de mettre la motion aux voix, avant que Momoro ait pu répliquer à Leclerc. Momoro, qui était membre du département de Paris, avait certainement des idées sociales très avancées. II avait répandu après le 10 août, dans les campagnes de l’Eure, une Déclaration des droits à caractère communiste et il avait même été inquiété à ce sujet. Mais Momoro avait des obligations a Danton, qui lui avait confié une mission après le 10 août. Il rappela aux Cordeliers « les bienfaits de la Montagne », il les mit en garde contre des délibérations précipitées, il les exhorta à rester « attachés au parti des bons patriotes ». Peut- être insista-t-il sur le danger d’une scission parmi ceux qui avaient fait le 31 mai. Le péril fédéraliste n’était pas conjuré. Un assistant s’écria : « Mes amis, ouvrez donc les yeux, nous n’avons point de ralliement que la Montagne ; nous sommes écrasés si elle nous manque ». Belle considération ! s’écrient les assistants.

Les exhortations de Momoro trouvaient peu d’écho, car il dut, en terminant, appuyer la pétition de Jacques Roux. « H dit qu’elle était rédigée dans les meilleurs principes, mais que quelques phrases avaient été mal interprétées par la Montagne. Il demanda enfin que Legendre fût entendu avant d’être jugé ».

Momoro avait longtemps présidé la section de Marseille où se recrutaient la plupart des Cordeliers. Il donnait du travail dans son imprimerie à un certain nombre d’entre eux. Il avait été arrêté à ^occasion de l’agitation républicaine qui se termina par le massacre du Champ-de-Mars. C’était un vétéran de la Révolution. Il finit par obtenir (pie l’exclusion de Legendre serait ajournée, malgré l’insistance de Leclerc, de Duret et de quelques autres. Le club décida que Legendre serait invité à venir rendre compte de sa conduite. Momoro et Roussillon avaient gagné le temps nécessaire pour faire agir les Jacobins.

La rentrée en scène de Jacques Roux, son offensive contre Legendre et contre Danton, l’attitude menaçante des Cordeliers, changeaient la face des choses. Jusque-là les troubles du savon avaient pu paraître des désordres locaux et isolés. Il fallait craindre maintenant que les Enragés n’en prissent la direction et ne les fissent dégénérer eu une vaste émeute contre la Convention elle-même. La question économique prenait un aspect politique.

 

LA COMMUNE ET LES TROUBLES.

Comme il fallait s’y attendre les troubles reprirent de plus belle, le 28 juin. Dans la journée, Pache annonça à la Commune, qui siégeait en permanence, qu’à la barrière Saint-Lazare un rassemblement s’était formé autour d’une voiture de savon. Le Conseil envoya sur les lieux quatre de ses membres.

Peu après la section Poissonnière fit part que la foule voulait décharger une voiture de savon qui, d’Orléans, se rendait à Rouen en passant par Paris. Les citoyennes se présentèrent aussitôt pour demander avec insistance que ce savon leur fût délivré à raison de 20 sous la livre. La Commune, d’une seule voix, leur répondit « Non ! » Hébert tança les citoyennes : « On veut perdre Paris. Si on pille, rien n’arrivera plus dans cette ville. Lorsque, pendant l’hiver, on a pillé les sucres, on vous a dit que cette denrée augmenterait, on n’a pas voulu le croire. Si on se livre à des excès, c’en est fait, la Contre-Révolution est faite et vous aurez un roi ». Les citoyennes protestent qu’elles ne veulent pas de roi. « J’étais sur, reprend Hébert, de la bonté de vos sentiments, nous voudrions, comme vous, la diminution des denrées. Nous savons que la misère est grande ; mais ce n’est pas dans un instant que l’on remédie à tant de maux, dans un moment surtout où l’or des tyrans est répandu pour tout désorganiser. Le bonheur ne peut arriver que par de bonnes lois ; attendez l’établissement de la nouvelle Constitution. Ne cueillez pas le fruit avant qu’il soit mûr. Défiez-vous des intrigants. On vous rendra justice. Votre misère sera soulagée. Tous les bons citoyens le désirent et travaillent à votre bonheur. Mais, si on pille, nous ferons tous un rempart de nos corps pour empêcher la violation des propriétés ».

Après que l’administrateur des subsistances de la ville Carin eût fait décider qu’une fois par semaine on procéderait au recensement des farines chez les boulangers, et que le propriétaire d’un bateau de savon pillé sur le quai d’Orsay, un sieur Asselin, fût venu réclamer des indemnités, Jacques Roux fit son entrée à la Commune.

Encore tout transporté par les applaudissements que les Cordeliers lui avaient prodigués la veille, il déclara qu’il venait confondre les malveillants qui l’avaient calomnié à propos de sa pétition. II exhiba les pouvoirs des sections dont il était l’organe, et affirma qu’il n’avait rien changé au texte qu’avaient approuvé les Cordeliers. Au mot de Cordeliers, de violents murmures éclatèrent, Jacques Roux fut interrompu et Chaumette lui répondit que sa pétition avait été « le tocsin du pillage et de la violation des propriétés ». Puis Guyot persista a l’accuser d’avoir ajouté à sa pétition « les phrases les plus dangereuses et les plus inciviques ». D’autres membres demandèrent qu’il fût exclu du conseil « comme la cause de tous les désordres qui ont fait craindre les citoyens pour leurs propriétés ». La discussion sur le cas de Jacques Roux fut renvoyée au lendemain.

 

ROBESPIERRE DÉNONCE JACQUES ROUX AUX JACOBINS.

La Commune sortait de ses indécisions. Elle paraissait disposée à engager la lutte contre I03 Enragés. Le même jour, les Jacobins se prononçaient à leur tour. Robespierre commença l’attaque. Il fit l’éloge de Paris, « citadelle de la liberté ». Introduire la division dans Paris, c’était faire le jeu de l’ennemi intérieur et extérieur, c’était préparer la défaite, delà Révolution. Vint ensuite l’éloge de la Constitution nouvelle, « la plus populaire qui ait jamais existé ». Puis, par une transition naturelle, Robespierre s’en prit à ceux qui attaquaient celle Constitution et à leur chef Jacques Roux : « On calomnie les Jacobins, les Montagnards, les Cordeliers, les vieux athlètes de la liberté. Un homme couvert du manteau du patriotisme, mais dont il est permis de suspecter au moins les intentions, insulte à la majesté de la Convention nationale, sous prétexte que si la Constitution ne contient pas de lois contre les accapareurs, il on faut conclure qu’elle n’est point propre au peuple pour qui elle est faite. Les hommes qui aiment le peuple, sans le dire, et qui travaillent sans relâche à son bien-être, sans s’en targuer, seront bien étonnés d’entendre dire que leur ouvrage est antipopulaire et que c’est une aristocratie déguisée. Cet homme s’-est présenté le lendemain aux Cordeliers, ce lieu sacré que les patriotes de fraîche date n’envisagent jamais qu’avec une vénération mêlée d’effroi. Cet homme a osé répéter les injures prétendues patriotiques qu’il avait vomies précédemment contre la Constitution. Il n’est pas un de vous qui siégez dans cette enceinte qui n’ait été dénoncé comme l’ennemi le plus acharné du peuple auquel il sacrifie son existence entière. Enfin il a fait arrêter que cette adresse serait représentée à la Convention ; bien plus, qu’elle serait répétée à l’Evêché[12], autre lieu célèbre par les grands principes qui y furent toujours professés et soutenus. » A ce passage, plusieurs voix s’écrient : « Il a été chassé ! » Encouragé par l’interruption, Robespierre poursuivit avec véhémence : « Je dis donc que ceux qui vont prêchant contre la Montagne et la Convention sont les seuls ennemis du peuple. Quand nous deviendrons Brissotins, nous voulons bien être les victimes de notre apostasie ; mais, jusque-là défiez-vous bien de ces intrigants qui, sous le masque du patriotisme, ne cherchent autre chose qu’à vous plonger dans l'abîme dont vous ne faites que commencer à sortir. Croyez-vous que tel prêtre qui, de concert avec les Autrichiens, dénonce les meilleurs patriotes, puisse avoir des vues bien pures, des intentions bien légitimes ? Si, depuis quatre ans, placé à la Montagne, il lui en avait fallu soutenir tous les assauts, pensez-vous qu’il eut été plus ferme ? Gardez-vous de le croire, et mettez-le du moins à une si longue épreuve. Croyez-vous qu’on puisse d’un coup surmonter l’Autriche, l’Espagne, Pitt, les Brissotins et Jacques Roux ! Non, citoyens ! Laissez-nous le soin de les combattre et n’ajoutez pas vos efforts à ceux déjà trop multipliés des aristocrates et de Roland. Au surplus, les bons patriotes verront qu’un intrigant qui veut s’élever sur les débris des puissances que nous avons abattues, sur les Dumouriez, n’acquiert pas l’aptitude avec l’audace, et que ce n’est pas moins un homme ignare qu’un mauvais sujet et un faux patriote... » Robespierre termina cette violente exécution par un éloge du Comité de Salut public, qui était alors très vivement attaqué. Collot d’Herbois accusa Jacques Roux d’avoir provoqué le désordre, puis Legendre regretta que Roussillon, qui présidait les Cordeliers le jour du triomphe du prêtre rouge, n’eût pas « soutenu le grand caractère qui lui convenait » et eût consenti à lui donner le baiser de la fraternité : « Si l’on m’eût dit de baiser J. Roux, c’est comme si on eût dit a Brutus d’aller couronner César ou à Britannicus d’embrasser Néron ! » Legendre présenta son apologie. « On m’accuse d’être modéré quand on écrit de Bordeaux que j’ai assommé Guadet ! On m’accuse d’être modéré, quand on met dans tous les journaux que j’ai saisi Lanjuinais au collet et que je l’ai traîné sur le pavé ! » Il conclut en proposant d’envoyer une députation aux Cordeliers et d’afficher une réplique à l’adresse de Jacques Roux.

Roussillon s’excusa sur les difficultés qu’il avait eu à surmonter. On l’accusait aux Cordeliers de partialité, parce qu’il ne voulut pas mettre aux voix la radiation de Legendre. On traitait Momoro d’aristocrate. « J’ai été forcé d’embrasser Jacques Roux, mais jamais baiser ne me parut si amer ! »

Les Jacobins ne prirent pas de décision. Mais l’élan qu’ils avaient donné à la résistance s’amplifia les jours suivants. Le lendemain, 29 juin, la Commune reprit l’examen de l’affaire Jacques Roux. Celui-ci n’était pas venu à la séance. La Commune décida que provisoirement « Jacques Roux ne serait plus rédacteur des Affiches de la Commune, en attendant qu’il se disculpât[13] ».

 

JACQUES HOUX RENIÉ PAR LES CORDELIERS.

Le coup était rude. Mais Jacques Roux nallait pas tarder à être renié par les Cordeliers eux-mêmes. A leur séance du 30 juin, les Jacobins nommèrent une délégation de douze membres pour se rendre au club des Cordeliers, afin de l’éclairer sur les menées perfides du diffamateur de la Montagne. La discussion fut orageuse aux Cordeliers, mais finalement les Jacobins l’emportèrent.

Hébert « promena le flambeau de la vérité sur la tête du prêtre hypocrite et fit fondre son masque comme un limon impur qui couvrait sa tête ». Collot d’Herbois résuma ainsi son discours[14] : « Vous vous plaignez, Parisiens, dit Hébert. Vous déplorez votre situation. Vous murmurez contre vos représentants. Mais songez donc a vos frères des départements qui, tous les jours, sont réveillés par le bruit du canon, qui tous les jours reçoivent des boulets et qui n’ont pas deux onces de pain par jour. »

Toujours au dire de Collot d’Herbois, les partisans de Jacques Roux « étaient anéantis comme des lâches qui ont manqué leur coup ». Tous pourtant ne gardèrent pas cette attitude piteuse, car Leclerc d’Oze prit la défense de Jacques Roux « en se livrant à des insinuations perfides ». Mal lui en prit. On lui reprocha ses violences maladroites à Lyon qui avaient donné aux contre-révolutionnaires de cette ville le prétexte de leur soulèvement. Puis on donna lecture d’une lettre de Marat qui le dénonçait d’avance.

Les Jacobins tirèrent grand parti de l’élection qui venait d’avoir lieu pour la désignation d’un nouveau commandant de la garde nationale parisienne. Il y avait eu ballottage, mais le modéré Raffet, commandant du bataillon de la Butte des. Moulins, arrivait en tête avec 4.958 voix contre 4.573 obtenues par Hanriot, candidat des Montagnards. On prétendit que les frayeurs que la propagande des Enragés avait causées aux propriétaires avaient enlevé des voix â Hanriot.

Robespierre, Moenne, Legendre prirent tour â tour la parole après Collot d’Herbois et Hébert. Ce qui dut être amer pour Jacques Roux, c’est qu’il fut désavoué â cette heure critique par les républicaines révolutionnaires. L’une d’elles, qui n’est pas nommée, peignit le prêtre « comme un de ces hommes qui se glissent dans les sections et qui, pour se servir de son expression, changent de marotte suivant les circonstances ». Elle prédit que dans trois semaines sa carrière serait finie.

Jacques Roux voulut se défendre. Moins heureux que Leclerc, il ne put se faire entendre. On lui refusa la parole au milieu d’un grand tumulte.

Momoro, comme l’avant-veille, s’efforça de concilier les esprits, mais sans grand succès. Finalement le club vota l’exclusion de Jacques Roux et de Leclerc, le désaveu de la pétition du premier et un satisfecit à la Montagne, qui avait bien servi la patrie.

Varlet faillit être exclu, lui aussi, mais en raison de sa jeunesse et en souvenir des services qu’il avait rendus autrefois en prêchant le peuple sur les places publiques, on se borna a lui infliger un blâme et une suspension. Il devait passer devant une commission d’enquête et s’abstenir, en attendant, de paraître aux séances du club.

Le triomphe de Robespierre et des Jacobins s’accentua les jours suivants.

Le 1er juillet, le Conseil général de la Commune, « considérant que le citoyen Jacques Roux prêtre et l’un de ses membres a calomnié la Convention dans l’adresse perfide qu’il lui a présentée ces jours derniers, considérant en outre que le citoyen Jacques Roux a été chassé des sociétés populaires et du corps électoral pour ses opinions anticiviques, arrête à l’unanimité qu’il improuve sa conduite »[15]. Marat, qui s’était tu jusque-là sans doute parce qu’il traversait une crise de sa maladie, consacra tout un numéro de son journal, celui du 4- juillet, à dresser un violent réquisitoire contre les trois chefs des Enragés. « Varlet, disait-il, peut n’être qu’un intrigant sans cervelle, mais le petit Leclerc paroît un fripon très adroit... » Quant à Jacques Roux, il le représentait comme un ambitieux cupide qui n’avait pas hésité, pour faire du bruit, à usurper le nom du curé d’Issy, assassiné, et publié à son profit l’histoire de l’attentat contre ce bon curé. Il rappelait certaines confidences qu’il avait recueillies de sa bouche pour le dépeindre comme un hypocrite qui ne croyait pas à la religion qu’il enseignait, comme « un patriote de circonstance » qui visait l’épiscopat ou la députation. Il l’inculpait encore de mauvaises mœurs sur la foi d’un citoyen d’Angoulême nommé Tessier.

Ce terrible article de Marat accrut laudace des ennemis de Jacques Roux. La section des Gravilliers, passée sous linfluence de Léonard Bourdon et dun repris de justice nommé Truchon, désavoua h. son tour la pétition du 25 juin. Elle parut à la barre de la Convention précédée d’un corps de musique et elle félicita l’Assemblée du vote de la Constitution. Un élève de l’institution que dirigeait Léonard Bourdon, sorte de pensionnat à l’usage des fils des victimes de la guerre, prononçait un petit discours contre les agitateurs et les factieux. Les Cordeliers firent amende honorable à la séance du Il juillet.

Abandonné de tous ceux qui l’avaient mis à leur tête, le prêtre rouge se vit bientôt inquiété par le comité révolutionnaire des Gravilliers, qui interrogea sur son compte son amie la veuve Petit, le 7 juillet[16]. Ses ennemis cherchaient déjà contre lui les éléments d’une poursuite judiciaire.

 

C’est chose significative que la défaite de Jacques Roux fut immédiatement suivie d’un recul de la réglementation. Au début des troubles du savon, l’Assemblée avait paru s’engager dans la voie du maximum général. Maintenant que Jacques Roux est désavoué et vaincu, elle ne se soucie pas de tenir ses promesses. Bien au contraire ! La loi du 4 mai sur le maximum des grains faillit être rapportée. Elle subsista en droit, mais elle fut abrogée en fait.

 

 

 



[1] Publié dans les Annales révolutionnaires, 1914, t. VII, p. 558. Le procès-verbal a été daté du 23 juin par une faute d’impression.

[2] Histoire socialiste, Convention, p. 1610.

[3] D'après Couthon, les femmes se seraient fait distribuer quatre caisses de savon à la Grenouillière et huit au port Saint-Nicolas. Mlles auraient taxé le savon 3 livres 10 sous la brique pesant 1 ou 5 livres (Archives parlementaires, t. LXVII. p. 543).

[4] Lubin devint substitut du procureur de la Commune après l'exécution des Hébertistes. Il périra avec Robespierre le 10 thermidor.

[5] La loi martiale avait été abrogée le 23 juin, sur la motion de Billaud-Varenne.

[6] Les hommes avaient prêté serment à la Constitution, qui prescrivait le respect des propriétés,

[7] Elles recevront, pour cette sage conduite, les félicitations de « l’assemblée générale des commissaires des autorités constituées du département et des sections de Paris, tenue en la salle de l’Evêché, le dimanche 30 juin 1793 ». Cette délibération figure dans les papiers de Claire Lacombe (Archives nationales, T 1001 ¹ ³).

[8] Archives nationales, F⁷ 2491. Registre du comité révolutionnaire de la section de la Réunion.

[9] Le texte du discours de Garat est à l’Erratum du t. LXVII dos Archives parlementaires, p. 787.

[10] Léonard Bourdon avait des lions étroits avec la section des Gravilliers, d’où l’indignation de Jacques Roux.

[11] Courrier français du 1er juillet 1793. Le compte rendu de la Correspondance politique du 30 juin est presque Identique.

[12] C'est-à-dire devant les délégués des 33 sections qui délibéraient dans cette salle sur les subsistances.

[13] Extrait du registre des délibérations de la Commune dans le dossier Jacques Roux au tribunal révolutionnaire {Arch. nat., W 20. Voir aussi le Moniteur, t. XVII, p. 10).

[14] A la séance des Jacobins du lendemain.

[15] Arch. nat,, W 20, Ce texte est un peu différent de celui du Moniteur, t. XVII, p, 27.

[16] Arch. nat.. W 20 et F⁷ 2486.